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  • il y a 1 semaine

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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Bonjour Vincent.
00:06Vincent Nicolas Sarkozy a recouvré sa liberté sous condition, il a dit sa détermination et il a rapprouvé son innocence.
00:13Il aura passé trois semaines sous les verrous, quel regard portez-vous sur cet événement ?
00:17Franchement depuis trois semaines il y a quelque chose d'irréel, quand on imagine cet homme dans sa cellule,
00:21sous pertant les bruits, les cris, comme s'il était un narcotrafiquant ou un délaquant dangereux dont la société devrait se protéger.
00:29Alors il y a la privation de liberté bien entendu, mais il y a surtout une volonté d'humiliation publique
00:34qui ne frappe pas uniquement un homme qui proclame son innocence, mais qui atteint aussi la fonction prestigieuse qu'il a exercée.
00:42Dans ce tableau carcéral, nous avons vu un ancien président de la République,
00:45mais celui qui attendait qu'on ouvre la porte a d'abord vécu cette épreuve comme un homme ordinaire,
00:50un père de famille frappé par une injustice.
00:53Pourtant, il est impossible de débarrasser Sarkozy de sa renommée, de sa trajectoire,
00:57de sa dimension presque romanesque.
01:00Un homme politique, surtout quand il est depuis des décennies au premier rang de la vie publique,
01:03ne s'appartient plus.
01:05Et quand c'est Sarkozy, il faut ajouter l'électricité que ce nom immédiatement provoque,
01:10le soutien populaire aussi spectaculaire que spontané pour l'ancien chef de l'État en témoigne,
01:15tout comme l'agressivité indigne de François Ruffin,
01:18qui voulait que l'ancien président reste en prison,
01:20ou le narcissisme lunaire de Ségolène Royal,
01:22qui aurait voulu être élu a posteriori après la condamnation de son rival de 2007.
01:28Dans la vie est un songe d'un pièce de Calderon,
01:31le roi Sigismond voit son destin osciller entre la gloire du pouvoir et la nuit de la prison.
01:36Pour Nicolas Sarkozy, il ne s'agit pas de littérature ni d'un songe,
01:39mais d'une réalité éprouvée,
01:40un cauchemar selon ses termes dont il s'est réveillé hier.
01:43Pour l'ancien chef de l'État, il s'agit donc d'un soulagement.
01:45C'est un soulagement, mais qui ne viendra pas effacer le sentiment d'injustice qui continue de le hanter,
01:50et que cette décision d'incarcération a forcément décuplé.
01:54Une décision d'emprisonnement qui reposait sur du sable,
01:56puisque la Cour a considéré, je la cite, que la détention provisoire n'était pas justifiée.
02:01Alors pourquoi alors l'était-elle il y a trois semaines ?
02:04Comment ne pas voir dans cette réclusion à la charge symbolique gigantesque
02:07un nouvel épisode de l'affrontement multiséculaire entre l'autorité judiciaire et le pouvoir politique ?
02:13Et la suite, c'est l'interdiction faite à Nicolas Sarkozy et à Gérald Darmanin de se rencontrer,
02:19comme si la politique devait vivre désormais en liberté surveillée.
02:22Vous voulez dire que Nicolas Sarkozy a connu un traitement de faveur, ou plutôt de défaveur, Vincent ?
02:26Ce qu'on peut remarquer, c'est que le principe de la sanction,
02:29à laquelle trop de magistrats ne semblent plus croire,
02:31s'est exercé sur l'ancien président avec la force de la rancune
02:34et la dureté des intimidations préventives.
02:37Si l'on reprend une à une les stations successives du chemin de croix judiciaire de Nicolas Sarkozy,
02:42on voit quand même une concentration de moyens, une constance intraitable,
02:46une plasticité argumentaire, une pratique des filets dérivants de l'accusation
02:50qui ne peuvent que nourrir le doute sur l'équité de la balance judiciaire
02:53et entretenir le soupçon d'un règlement de compte à la fois personnel, politique et idéologique.
02:59Cette histoire désormais dépasse le cas de Nicolas Sarkozy
03:02pour renforcer un scepticisme de plus en plus répandu devant des décisions de justice
03:06qui déroutent ou qui découragent.
03:09Vous savez Dimitri, dans Autorité judiciaire, il y a autorité.
03:13Celle-ci repose comme dans toutes les structures humaines
03:15sur un mélange de crainte devant le pouvoir dont elle dispose
03:18et de respect et d'assentiment devant l'usage qu'elle en fait.
03:22Et aujourd'hui, les Français n'ont plus confiance dans la justice
03:24et ce qu'ils craignent, c'est l'arbitraire.
03:27Ouvertement défiant vis-à-vis de la souveraineté populaire,
03:29la justice se contemple comme l'expression ultime de la démocratie.
03:34Cet hubris l'expose au pire retournement.
03:37L'autorité judiciaire devrait prendre garde.
03:40Le pouvoir n'est pas qu'un songe pour les princes,
03:42il l'est aussi pour les juges.
03:44L'édito politique sur Europe 1.
03:45Merci Vincent Trémolet de Villers.
03:46À la une du Figaro ce jour, Nicolas Sarkozy recouvre la liberté sous condition.
03:51Merci Vincent.
03:51Il est 7h50.
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