00:00Sabrina, vous êtes avec nous parce que l'enquête sur la détention illicite d'une clé USB par Salab Deslam est en train de se dessiner et s'approfondir.
00:11Salab Deslam, c'est le dernier membre vivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015.
00:16Cette enquête a été élargie et trois personnes sont désormais en garde à vue, a indiqué le parquet national antiterroriste.
00:23Il est incarcéré à la prison de Vandanovieille. Il avait été placé en garde à vue mardi dans cette enquête ouverte en janvier 2025.
00:30Et pourtant sur une détention illicite d'un objet, justement en prison.
00:34Aujourd'hui, le parquet national antiterroriste a annoncé que l'enquête avait été étendue à l'infraction d'associations de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un crime contre les personnes.
00:43Expliquez-nous ce qui est en train de se passer.
00:45Tout à fait. L'enquête, en fait, elle se précise autour de Salab Deslam et de son utilisation de clé USB depuis sa cellule en prison.
00:53Clé USB qui contient des documents de propagande djihadiste.
00:57Le parquet national antiterroriste nous révèle ce matin que cette enquête préliminaire, d'abord ouverte pour recel d'objets illicites à détenus, s'est étendue.
01:06Désormais, c'est une enquête pour associations de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un crime contre les personnes.
01:13Cela veut dire quoi ?
01:14Et bien que, possiblement, Salab Deslam était en lien avec des individus dans le but de préparer un acte terroriste.
01:21Et tout cela depuis sa cellule.
01:22Lui, qui est détenu, je vous le rappelle, à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieille.
01:27Autre information en plus de Salab Deslam, qui a été déjà placée en garde à vue à deux reprises cette semaine depuis mardi.
01:34Et bien, sa compagne aussi est placée en garde à vue.
01:36Garde à vue toujours en cours, même si on est au-delà des 96 heures.
01:40Et bien, cette garde à vue peut aller jusqu'à 144 heures, donc six jours, puisque ce dossier relève du terrorisme.
01:47J'ajoute que deux autres personnes ont été placées en garde à vue du chef d'association de malfaiteurs terroristes.
01:52Garde à vue, là aussi, toujours en cours.
01:54On comprend avec ses dispositions prises par la justice l'importance et la gravité de cette enquête.
01:59Et le contenu de la clé USB contenait de la propagande djihadiste, visiblement, clé USB, qui était détenue par Salab Deslam.
02:11Sabrina Berlin-Bouillet, on va essayer de résumer, non pas grossièrement, mais essayer d'être le plus clair possible.
02:17On est en train de se demander si Salab Deslam était, depuis sa prison, en train de préparer, d'organiser, d'être de près ou de loin,
02:29dans un projet d'attentat terroriste dans les semaines, les années, les mois à venir ?
02:34Tout à fait, c'est ce qui se dessine.
02:36Il aurait potentiellement eu un lien, une influence sur un projet, un acte terroriste qui était en cours de préparation.
02:43Voilà où on en est pour le moment. Cette fameuse clé USB, ce qui est intéressant, c'est de savoir comment il l'a eue.
02:48Il est quand même détenu dans la prison la plus sécuritaire de France, et il s'avère que ce serait au parloir.
02:54Parce que, contrairement aux narcotrafiquants, qui n'ont pas un parloir avec une possibilité de physique, de rapprochement physique,
03:02puisqu'ils ont un hijéphone, cette vitre qui leur empêche tout contact,
03:05eh bien lui, son parloir, il a un contact physique.
03:08Et sa compagne était venue à de nombreuses reprises, plusieurs fois par semaine le voir.
03:11Alors, c'est peut-être à ce moment-là que la clé a été donnée.
03:13Parce qu'il a un ordinateur dans sa cellule ?
03:16Et il a un ordinateur dans sa cellule, et c'était tout à fait légal.
03:19Non mais, que ce soit tout à fait légal, pardonnez-moi, là, les auditeurs qui nous écoutent d'Europe 1,
03:24ils étaient, un, ils sont sidérés de voir que cet homme...
03:27Alors, on reste, c'est le temps de l'enquête, donc on va rester extrêmement prudent, bien évidemment.
03:32Mais là, ce qui est en train de se dessiner sidérant,
03:35et puis deux, c'est les conditions de détention.
03:37Mais pardonnez-moi, il a un téléphone, il a la capacité de...
03:40Non, pardon, un ordinateur, possibilité d'être en contact avec...
03:44Il s'est marié en détention, si je ne m'abuse.
03:46Il s'est marié, oui, il s'est marié en détention.
03:48Je voulais quand même vous ajouter une petite information que nous avons eue de notre côté.
03:52Aujourd'hui, Assela Abdeslam, il est très en colère.
03:54Parce que depuis ce week-end, la pénitentiaire a eu l'autorisation de lui imposer, enfin, un dortoir, un parloir, avec qui j'y affonne.
04:04Et donc, il est un peu menaçant envers les surveillants pénitentiaires, disant,
04:07« Ben voilà, vous me poussez à bout, il ne faut pas s'étonner si un jour j'ai un geste malheureux contre vous. »
04:13Le climat et le contexte, Georges Fenech, l'ancien magistrat...
04:16Je suis vraiment stupéfait, parce qu'il n'y a encore pas longtemps,
04:22on inaugurait ces prisons de haute sécurité, dont M. Darmanin est à l'origine,
04:27pour précisément empêcher les narcotrafiquants de continuer leur trafic depuis leur cellule.
04:33Et là, on apprend que le détenu le plus signalé de France,
04:38le seul, effectivement, qui est toujours vivant des attentats des trois commandos du 13 novembre,
04:43à huit jours des commémorations du 13 novembre, on apprend,
04:47mais c'est inimaginable, qu'il a un ordinateur dont on sait maintenant, apparemment,
04:51qu'il aurait été autorisé sous la chancellerie de M. Didier Migaud, ministre de la Justice.
04:56C'est à ce moment-là qu'on lui autorise à avoir un ordinateur.
04:59Très bien. On apprend qu'une clé USB lui a été transmise.
05:03par un parloir physique. C'est extraordinaire.
05:07Et on apprend que dans cette clé USB, il y aurait la préparation à huit jours
05:11des commémorations d'un attentat.
05:14Donc, comment voulez-vous avoir confiance aujourd'hui
05:17en notre système judiciaire et pénitentiaire ?
05:21Les gens qui nous écoutent, effectivement, doivent être absolument effondrés d'apprendre cela.
05:26Alors, restons prudents, vous avez raison,
05:28mais d'ores et déjà, l'enquête, Sabrina vient de nous le dire,
05:31est diligentée sur ce chef-là.
05:33C'est-à-dire, association terroriste en vue de commettre des crimes.
05:38Où va-t-on ? Où va-t-on ?
05:39Est-ce qu'on a encore confiance dans nos institutions après une nouvelle pareille ?
05:43Attendez, Alexandre Devicu, parce que ce qui est important,
05:45c'est de rester sur les faits, parce que moi, j'essaye,
05:47je me mets à la place de l'auditeur et je n'ai pas tout compris.
05:50L'enquête, elle commence en janvier 2025.
05:52Tout à fait, le 17 janvier 2025.
05:54On est en novembre 2025, donc ça fait 11 mois que l'enquête est en cours.
05:59Et c'est que maintenant qu'il est placé en garde à vue, Salah Abdeslam,
06:02qu'est-ce que ça veut dire, Sabrina Berlin-Bouillet ?
06:04Ça veut dire que c'est une enquête tellement sensible
06:06qu'il faut toutes les précautions nécessaires pour le PNAC,
06:09le parquet national antiterroriste, pour se saisir et pour communiquer dessus.
06:13Ça veut dire qu'ils sont suffisamment avancés pour communiquer dessus aujourd'hui ?
06:18Ils ont mis des mois, ils travaillent depuis des mois sur le dossier.
06:22Et s'il y a communication aujourd'hui, c'est qu'il y a des éléments, j'imagine, tangibles
06:26qui mèneraient à aujourd'hui envisager que potentiellement Salah Abdeslam
06:32aurait pu participer de près ou loin à l'organisation d'un attentat terroriste ?
06:37Tout à fait, c'est cela.
06:39Et puis cet ordinateur lui a été retiré au moment de cette enquête,
06:43en janvier 2025.
06:45Donc il savait très bien qu'une enquête était en cours.
06:48Lui, il devait savoir qu'il y avait des traces de peut-être plusieurs clés USB
06:52sur son ordinateur, qu'on n'a jamais retrouvées.
06:55En tout cas, à notre connaissance, ces clés n'ont pas été retrouvées.
06:58Si c'est des micros clés USB, elles ont pu tout à fait être détruites.
07:01Mais voilà, il y a eu, il semblerait, ce passage d'informations
07:05qui est très inquiétant.
07:07Et maintenant, on apprend que finalement, c'est cette semaine
07:09que l'étau s'est resserré et que les gardes à vue s'enchaînent.
07:13Et la dernière fameuse clé USB, elle a été récupérée quand ?
07:16On n'en a pas eu.
07:17Ah d'accord.
07:18A priori, nous, nous ne sommes pas en connaissance d'une clé USB retrouvée.
07:21D'accord.
07:21Ah ok, j'essaie de tout comprendre.
07:23Donc, possiblement, il est possible que le parquet en ait connaissance,
07:26mais ils n'en nous ont pas informés.
07:28Voilà.
07:28D'accord.
07:28Bon, c'est vrai que c'est une histoire quand même...
07:32Ils ont eu accès quand même à la clé USB.
07:34Une affaire à suivre.
07:35Il y a de la propagation, de la propagande djihadiste.
07:41Et ils n'ont pas été retrouvés en prison.
07:42Oui, mais le contenu a été identifié.
07:45Ce qui est hallucinant, c'est qu'on se dit que si le détenu le plus surveillé de France
07:51peut quasiment participer à l'élaboration d'un attentat depuis sa cellule,
07:57qu'est-ce que ça doit être les autres ?
07:59C'est surtout ça qui est inquiétant, vous imaginez,
08:02pour ceux qui sont moins surveillés, qui sont moins emblématiques.
08:06Ça, plus une vision de la justice.
08:08Je sais bien que la justice ne doit pas être la vengeance,
08:10mais quand même, il a commis l'un des crimes les plus graves qu'on puisse commettre
08:15et il a le droit à un ordinateur, à avoir sa femme.
08:20Ça ressemble un peu à l'hôtel, quoi.
08:22C'est un peu caricatural, mais vu la gravité des crimes,
08:26je pense que ça doit indigner les auditeurs.
08:28Salah Abdeslam a le droit à un ordinateur,
08:30Nicolas Sarkozy n'a pas le droit à un ordinateur.
08:33C'est quand même incroyable.
08:36Aussi, ça peut évidemment surprendre à minima.
08:41Merci à Sabrina Berlin-Bouillet qui est venue nous apporter toutes les informations.
08:45C'est encore un peu flou, un peu trouble,
08:46mais c'était important d'apporter tous ces éléments.
08:50On va remercier Franck Tapirot d'être venu dans les studios d'Europe 1 pour Elliot de Valais-Vous.
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