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  • il y a 4 heures
Le 20 janvier 1981, dans un pays miné par la recession, Ronald Reagan devient le 40e président des États-Unis. Dès son arrivée à la Maison-Blanche, ses lacunes éclatent au grand jour. Mais convaincus que le nouveau Président saura redonner honneur et fierté au pays, les Américains sont prêts à défier toute logique et rien ni personne ne saurait les faire changer d’avis. Ses conseillers profitent alors d’un attentat raté pour moins exposer le Président et camoufler ses lacunes. Dès lors, ses rares apparitions savamment scénarisées le montrent sous son meilleur jour et le posent en orateur hors-pair.
Le cœur des Américains conquis, il lance une vaste réforme économique pour redresser le pays. Président de la rupture, Reagan fait table rase du passé. Baisse d’impôts, désengagement de l’état, creusement des inégalités et déficit abyssal, le contraignent à renflouer les caisses en procédant à la plus forte hausse d’impôts de toute l’histoire des États-Unis. Mais Reagan est un pragmatique qui n’en est pas à une contradiction près et il va habilement surfer sur la reprise économique qui n’est absolument pas de son fait, pour se faire réélire triomphalement pour un second mandat.
Fidèle à son image, le cow-boy a désormais le champ libre pour s’attaquer à son ennemi de toujours : le communisme. Après avoir envahit l’île de Grenade tombée entre les mains d’une junte castriste, Reagan lance une autre offensive cette fois-ci médiatique. Médusés les Américains découvrent son projet de guerre des étoiles. Face à cette militarisation de l’espace annoncée, l’URSS panique et s’engouffre dans l’escalade pour rattraper son retard technologique jusqu’à se ruiner. C’est alors que surgit l’affaire Iran-Contra, qui va le faire tomber de son piédestal.
Accusé d’avoir mené une guerre dans le dos du Congrès et discrédité par le scandale, sa destitution est même envisagée. Mais tel un phénix, Reagan va une fois de plus renaître de ces cendres. Et pour redorer son image quoi de mieux que de mettre fin à quarante ans de guerre froide. Gorbatchev alors à la tête d’une Union Soviétique exsangue, est alors prêt à toutes les concessions. En 1989, Reagan quitte ses fonctions en battant des records de popularité alors même que son bilan est plus que mitigé. Acteur de série B, Reagan le fut, assurément, mais à la tête de la Maison-Blanche, il a réussi à faire de sa présidence un blockbuster.

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Éducation
Transcription
00:00L'histoire n'est pas une science exacte, elle n'est jamais gravée dans le marbre.
00:16Au fil du temps, la connaissance du passé s'affine et évolue.
00:21Mais les idées reçues ont la peau dure, et les a priori restent tenaces.
00:33Pour saisir les vérités du monde, il faut parfois bousculer les certitudes et décrypter
00:55et les faits en proposant un autre regard.
00:59La postérité nous a légué de Ronald Reagan l'image d'un président incompétent.
01:24Et pourtant...
01:2913 novembre 1979.
01:45L'Amérique a du vague à la main.
01:48Son âge d'or s'en est allé.
01:51Ce jour-là, un vieil acteur sur le retour s'apprête à ranimer la flamme qui lui fait tant défaut.
01:59Dans un pays hanté par le déclin, sa détermination fait mouche.
02:23Ce n'est ni un grand idéologue, ni un intellectuel, mais il sait d'instinct où bat le cœur de l'Amérique.
02:31Pour notre pays de l'avenir, je vous remercie tous mes efforts.
02:37Je vous remercie de votre prière et votre soutien.
02:40Je crois que ensemble, nous pouvons garder ce rendez-vous avec destiny.
02:45Dès l'annonce de sa candidature, la presse affiche son mépris.
03:09Un saltimbanque dans la cour des grands, ce n'est pas sérieux.
03:14Merci beaucoup.
03:18Il est vieux, dépassé, et ses lacunes sont immenses.
03:23Ses huit années passées à gouverner la Californie ne comptent pas.
03:26Just fine, just fine.
03:27Sans expérience internationale, il n'a pas l'envergure d'un chef d'État.
03:33Mais en cette année électorale, le patriotisme est de mise et Reagan s'engouffre dans la brèche avec brio.
03:42Meeting après meeting, ses discours enflammés ont le don de galvaniser les foules.
03:47À chaque fois qu'il apparaît, se joue entre lui et le public une relation qui est la marque des politiciens les plus doués.
04:09Avec son slogan resté dans l'histoire, il convainc les Américains qu'un nouvel âge d'or est possible.
04:15Retrouver la croissance et restaurer la fierté, le champion de l'honneur américain y croit de toutes ses forces.
04:37De ses années de jeunesse, il a gardé une devise.
04:41La vie est une douce chanson.
04:43Alors, en avant la musique.
04:50Pour l'heure, la défaite du Vietnam pèse encore sur tous les esprits.
04:56Le scandale du Watergate a laissé un goût de cendre.
04:59Et l'ennemi soviétique semble plus solide et plus redoutable que jamais.
05:03Quelques mois plus tôt, l'armée rouge a envahi l'Afghanistan, sans que les Etats-Unis n'aient réussi à l'empêcher.
05:18En Iran, les islamistes ont détrôné le Shah, l'allié inconditionnel de Washington dans la région.
05:24Récemment, l'ambassade américaine de Téhéran a été prise d'assaut.
05:30Les membres de son personnel retenus en otage et leur tentative de libération s'est soldée par un fiasco.
05:35L'Amérique est en perte de vitesse, mais Reagan est bien décidée à rétablir sa suprématie.
05:43A tout prix.
05:44Pour ces détracteurs, politiques en tête, ces ambitions sont de la poudre aux yeux.
06:04Les uns dénoncent ces idées simplistes, les autres le taxent d'amateurs.
06:10Quant aux électeurs, ils ont besoin de concret.
06:14A l'époque, la première puissance économique du monde est un géant fragilisé.
06:32Rongé par l'inflation et le chômage, dévoré par la concurrence des Japonais et des Allemands,
06:38la morosité a laissé place à la désillusion.
06:40Dans cette Amérique engluée dans la crise, Reagan apparaît en sauveur.
06:50Gagné aux thèses de l'école de Chicago, un courant qui combat l'interventionnisme étatique dans l'économie,
06:56le candidat martèle son credo.
06:57Une déclaration doublée d'une promesse qui séduit les électeurs.
07:22Autrement dit, plutôt que d'annoncer des sacrifices, Reagan exclut de demander tout effort à la population.
07:47Une approche rejetée par la plupart des élites du pays, y compris dans son propre camp.
07:58George Bush, son plus sérieux concurrent aux primaires républicaines, le prend de haut.
08:04Il va même jusqu'à qualifier son programme de « magie vaut tout ».
08:09Mais Reagan l'écrase à plate couture.
08:13Le 17 juillet 1980, il remporte l'investiture de son parti.
08:19En bon stratège, il choisit le perdant du jour comme vice-président et rallie tous les courants derrière lui.
08:29Reagan a tourné la page.
08:31Les règlements de comptes façon shérif intraitable qui lui collent à la peau font partie du passé.
08:40Il faut dire qu'avant de se lancer en politique, Reagan a une longue carrière d'acteur derrière lui.
08:54Du tireur au prêcheur, en 60 films, il a tout joué.
09:05Il est capable de donner du naturel à un discours mille fois répété.
09:10Et quand il fait mine d'improviser, ce sont toutes les ficelles d'un métier qu'il connaît par cœur qui sont mobilisées.
09:16Je vous remercie que j'ai été un peu peur de suggérer ce que je vais suggérer.
09:26Je suis plus peur de ne pas.
09:30Nous pouvons commencer notre crusade,
09:33un moment de silence.
09:36Ainsi, par un mélange inimitable de messianisme, de communion patriotique et d'humilité,
09:56l'ancien acteur d'Hollywood s'élance à la conquête de la Maison-Blanche.
10:00Reste à discréditer son adversaire démocrate, le président Jimmy Carter,
10:11avec l'une de ses bonnes blagues qu'il distille en toute occasion.
10:14Jimmy Carter's administration tells us we are only in a recession, not a depression.
10:21If it's a definition he wants, I'll give him one.
10:25A recession is when your neighbor loses his job.
10:30A depression is when you lose yours.
10:37And recovery is when Jimmy Carter loses his.
10:44Mais pour gagner une présidentielle, faire rire ses supporters n'est pas suffisant.
10:49D'autant qu'à l'approche du dernier round, ses conseillers sont en plein doute.
10:58Le débat télévisé qui doit l'opposer au président sortant leur donne des sueurs froides.
11:04Leur poulain confond l'Afghanistan et le Pakistan.
11:06Il ignore jusqu'au nom des chefs d'États étrangers
11:08et ne maîtrise aucun des sujets qui vont être abordés.
11:11Mais Reagan s'est donné le change.
11:17Détendu et souriant, il crève l'écran.
11:20J'étais un démocrate.
11:22J'ai dit beaucoup de choses foules.
11:23J'avais dit beaucoup de choses en ces temps-là.
11:27En face, Jimmy Carter, crispé par l'enjeu,
11:31paraît bien terne et laborieux.
11:33Au moment de conclure, Reagan porte le coup de grâce.
11:57En quelques mots, il assassine le bilan de son rival.
12:03Il s'agit d'un lieu de faire une décision.
12:08Je pense que quand vous faites cette décision,
12:10il pourrait bien être si vous demandez-vous,
12:12est-ce que vous êtes mieux que vous étiez quatre ans ?
12:17Est-ce que vous êtes mieux pour aller et acheter des choses dans les stores
12:21que vous étiez quatre ans ?
12:22Est-ce que l'Amérique est plus respecté dans le monde que c'était ?
12:27Alors, je peux suggérer une autre choix que vous avez.
12:33Reagan, à qui l'on ne donnait aucune chance,
12:48remporte une victoire éclatante.
12:51C'est un raz-de-marée.
12:52Le 21 janvier 1981, c'est un homme à l'allure conquérante
12:58qui s'apprête à devenir le 40e président des Etats-Unis.
13:03Il a près de 70 ans et une foi inébranlable en l'avenir de son pays.
13:08Sa victoire est celle de l'espoir.
13:12Personne n'imagine alors que l'Amérique est à l'aube d'une révolution.
13:15Dès son discours d'investiture, le ton est donné.
13:30N'en déplaise aux démocrates,
13:46les heures de l'État-providence sont comptées.
13:49Place aux réformes visant à réduire le rôle de l'État.
13:52Place au libre-marché.
13:54Le capitalisme sans entrave
13:55fait une entrée fracassante aux États-Unis.
13:58Très vite pourtant,
14:10une ombre apparaît au tableau
14:11et non des moindres.
14:14À la Maison-Blanche,
14:16la perplexité s'installe.
14:19Le matin, les réunions commencent en retard
14:21car Regan a besoin de 8 à 9 heures de sommeil,
14:24jamais moins.
14:28Une fois les affaires courantes expédiées,
14:40il s'accorde une sieste de 2 à 4 heures.
14:44Le mercredi après-midi,
14:45relâche et n'est pas question d'emporter des dossiers
14:48quand il rejoint son épouse Nancy
14:49dans ses appartements privés.
14:51Pire.
14:55Si Regan se révèle paresseux,
14:58son équipe découvre avec stupeur
14:59qu'il n'a aucune conscience de ses responsabilités.
15:03Les briefings lui pèsent,
15:04les idées complexes l'ennuient.
15:08Dans son journal, il note.
15:10« Je crois qu'on me donne plus d'informations
15:12que j'en ai vraiment besoin.
15:14Mon cerveau est incapable d'en emmagasiner autant.
15:16J'en ai marre de bûcher comme un écolier. »
15:22Les communicants de la Maison-Blanche
15:23veillent à le montrer actif,
15:25courant entre deux réunions,
15:27dossiers en main,
15:28toujours dans l'échange,
15:29en vrai chef d'équipe.
15:30Mais ces défaillances ne tardent pas à s'imposer.
15:50David Stockman, son conseiller économique,
16:10confiera.
16:12Le nouveau président se contentait
16:14de hocher la tête et de sourire.
16:17Parfois, il disait
16:18« Une grande tâche nous attend. »
16:21Sans finir sa phrase.
16:22Il ne donnait aucune instruction
16:24et ne posait jamais de questions.
16:27« Dave, merci beaucoup. »
16:29Et je peux dire un merci à tous.
16:31Je pense que c'est juste génial.
16:33N'y a-t-il de plus d'adresse ?
16:35N'y a-t-il de plus de commentaires ?
16:36Pour lui, son rôle se limite
16:41à impulser une ligne,
16:42à donner une vision
16:44et à distribuer les bonbons.
16:45Confus, visiblement dépassé,
16:53quelques images d'un reportage
16:55laissent songeur sur sa crédibilité.
16:57Il est vrai que, livré à lui-même,
17:24le président ne cesse de multiplier les faux pas.
17:27Devant les journalistes,
17:29il assène des contre-vérités confondantes.
17:32Un jour, il prétend que la pollution
17:33provient surtout du gaz carbonique
17:35rejeté par les plantes.
17:37Un autre, qu'un missile en vol
17:39peut être rappelé.
17:41Ou encore, que l'Amérique
17:42a des réserves de pétrole
17:43supérieures à celles de l'Arabie saoudite.
17:46Les émissions satiriques
17:49s'en donnent à cœur joie.
17:50Mais les Américains, eux,
18:16ne lui en tiennent pas rigueur.
18:19Décidés à redevenir fiers de leur pays,
18:21ils sont prêts à défier toute logique.
18:24Et rien ni personne
18:25ne saurait les faire changer d'avis.
18:28Après tout,
18:29leur roni se mélange peut-être
18:30un peu les pinceaux,
18:32mais il semble être l'un des leurs.
18:34Quant à ceux qui doutent encore
18:35de ses capacités,
18:37la Providence va finir
18:38par les convaincre.
18:49Le 30 mars 1981,
18:52Reagan est victime d'un attentat.
18:59Un déséquilibré en mal de célébrité
19:02le prend pour cible.
19:02La balle s'est figée
19:09à proximité du cœur.
19:1217 ans après l'assassinat
19:13de Kennedy,
19:15l'Amérique retient son souffle.
19:17Contre toute attente,
19:37Reagan s'en sort miraculeusement
19:39et récupère vite.
19:43Tels un super-héros
19:45ayant échappé à une mort certaine,
19:47il apparaît désormais inaltérable.
19:51De plus,
19:51il n'a rien perdu de cet humour
19:53qui est sa marque de fabrique.
19:55Bonsoir.
19:56Quote,
19:56« J'ai entré ici
19:57et je vais sortir. »
19:59Avec ces mots,
20:00les portes de George Washington
20:01à l'hôpital de l'université
20:02et le Président Reagan
20:04a commencé son voyage
20:05à la maison de White House.
20:07Il est temps de retour
20:07à la maison.
20:08Oui, monsieur.
20:09Sa convalescence forcée
20:11est une aubaine.
20:12Histoire de canaliser
20:13ses gaffes à répétition,
20:15sa charge de travail
20:16est réduite au minimum.
20:21Fini les interviews
20:22impromptues
20:22et les bains de foule.
20:26Et puisque le Président
20:27ne s'est pas improvisé,
20:29toutes ses apparitions
20:30seront scénarisées.
20:31Place au chaud.
20:41Désormais,
20:42Reagan va se contenter
20:43de jouer son personnage
20:44de président
20:45tandis que son administration
20:47tiendra les reines du pays.
20:51Le 28 avril 1981,
20:54pour son grand retour au Congrès,
20:56premier essai grandeur nature.
20:57Reagan fait son numéro.
21:03D'abord, l'émotion.
21:04Puis la comédie.
21:19Nul doute,
21:39l'acteur est bien de retour.
21:41Mais le chef d'État,
21:43lui,
21:43n'a rien oublié
21:44de ses convictions.
21:45Ce même jour,
21:48entre deux boutades
21:48savamment orchestrées,
21:50il rappelle que son plan
21:51de relance de l'économie
21:52fait toujours partie
21:53du scénario.
21:55L'heure est venue
21:56de passer aux choses sérieuses.
21:57Sans attendre,
22:17Reagan met à exécution
22:19le programme annoncé.
22:21Le président de la rupture
22:22fait table rase du passé.
22:25Commence alors
22:25le démantèlement
22:26des dispositifs
22:27régulant l'activité économique.
22:29Pour stimuler la compétitivité,
22:32des dizaines de lois disparaissent.
22:34Ainsi,
22:35sont abolis
22:36les normes d'encadrement
22:37des nouveaux médicaments,
22:39l'obligation
22:39des inspections quotidiennes
22:40dans les abattoirs
22:41ou encore
22:42les seuils limites
22:43de contact des ouvriers
22:44avec les matières cancérigènes.
22:48Puis,
22:49viennent les mesures
22:50destinées à réduire
22:51le poids de l'État.
22:5220 000 postes
22:53de fonctionnaires
22:54sont supprimés
22:54et les réfractaires
22:56n'ont qu'à bien se tenir.
22:58A commencer
22:59par les syndicats.
23:01En août 1981,
23:03alors que les aiguilleurs
23:04du ciel
23:05se mettent en grève,
23:06le président
23:06intervient sèchement.
23:07Les aiguilleurs persistent.
23:2611 000 d'entre eux
23:27sont immédiatement renvoyés.
23:29Des militaires
23:29les remplacent
23:30au pied levé.
23:33La fermeté
23:34dont Reagan fait preuve
23:35lui confère
23:35une nouvelle stature.
23:38Le jeune premier d'hier
23:40se révèle
23:41un liquidateur acharné.
23:44Sa méthode,
23:45coupée dans les programmes sociaux.
23:47Pour lui,
23:48ils entretiennent la paresse.
23:50En réduisant
23:51l'intervention de l'État,
23:52on pousse forcément
23:53les citoyens
23:54à se responsabiliser.
23:56Du jour au lendemain,
23:57les plus démunis
23:58sont mis au régime sec.
23:59Aide alimentaire,
24:01allocation familiale,
24:03couverture sociale
24:04et pensions d'invalidité
24:05sont soumises
24:06à la portion congrue.
24:09Dans le pays
24:10le plus riche du monde,
24:11des familles entières
24:12se retrouvent
24:13sans le sou
24:13la seconde quinzaine du monde.
24:16Elles sont condamnées
24:16au soupe populaire
24:17ou à la charité.
24:21Dans le même temps,
24:22le président accomplit
24:23sa promesse de campagne
24:24et les impôts
24:26baissent de manière spectaculaire.
24:27Les premiers bénéficiaires
24:29sont les hauts salaires
24:30et les grandes entreprises.
24:40Outre les réformes économiques,
24:43l'autre obsession du Reagan,
24:44c'est l'anticommunisme
24:45qu'il cultive
24:47depuis des décennies.
24:48Ladies and gentlemen,
24:55I talk as Ronald Reagan,
24:56American citizen,
24:58to you,
24:58American citizen.
25:00Communism is designed
25:01to control human beings
25:03through coercion.
25:04Communism has been
25:05a singularly successful
25:06tyranny so far
25:07as it has engulfed
25:09more than a third
25:09of mankind.
25:11They constitute
25:12the true fallout,
25:13the moral fallout,
25:14against which free men
25:16must forever give battle
25:17if our freedom
25:18and its manifold blessings
25:19are to endure.
25:22Après 25 ans
25:23de détente relative,
25:25le président américain
25:26relance la guerre froide.
25:29Son programme
25:30vis-à-vis des soviétiques
25:31tient en une phrase.
25:33On gagne,
25:34ils perdent.
25:36Avec le temps,
25:37son arsenal verbal
25:38s'est chargé d'agressivité.
25:39En juillet 1981,
26:04pour sa première
26:05grande sortie internationale
26:06au G7 d'Ottawa,
26:08il s'en prend
26:08au président français
26:09coupable d'avoir
26:10nommé des ministres
26:11communistes
26:12dans son gouvernement.
26:15Malgré l'ingérence,
26:17Mitterrand encaisse
26:17avec le sourire.
26:19Mais Reagan
26:19ne compte pas
26:20s'en tenir là.
26:27Pour assouvir
26:28son anticommunisme,
26:30il engage
26:30une hausse faramineuse
26:31du budget de la défense.
26:33Le complexe
26:34militaro-industriel
26:35est choyé,
26:36protégé,
26:37encouragé.
26:39Des centaines
26:40de nouveaux navires
26:41dont deux porte-avions
26:42à propulsion nucléaire,
26:44des milliers de missiles
26:45sortent des usines.
26:47Tous les programmes
26:48que le Pentagone
26:49s'était vu refuser
26:49par ses prédécesseurs
26:51reçoivent le feu vert,
26:53y compris
26:53celui des bombardiers
26:54furtifs.
26:56Rien n'est trop beau
26:57pour montrer aux soviétiques
26:58que l'Amérique
26:59a retrouvé ses muscles
27:00et que le jour venu,
27:02elle saura s'en servir.
27:04Pour ceux qui disent
27:05qu'on ne peut pas
27:06couper les dépenses,
27:07les taxes baisses
27:08et, oui,
27:09rébuilder les défenses
27:10que nous avons besoin
27:11dans ce monde dangereux,
27:13j'ai une réponse six mots.
27:14Oui, on peut
27:15et oui, on doit.
27:17De son côté,
27:20la CIA obtient carte blanche
27:21pour financer
27:22les organisations
27:23anticommunistes
27:24de la planète.
27:26Des soldats sont armés
27:27et formés
27:28pour lutter
27:28contre les révolutionnaires
27:29du Nicaragua.
27:31Les Afghans, eux,
27:33reçoivent 600 millions de dollars
27:34pour contrer l'occupation russe.
27:36Merci beaucoup.
27:38Merci.
27:39La politique antisoviétique
27:41de Reagan
27:41se chiffre en milliards.
27:44Le déficit budgétaire
27:45se creuse
27:46de manière abyssale.
27:47En octobre 1981,
27:52moins d'un an
27:53après l'élection présidentielle,
27:55l'Amérique est frappée
27:56par une récession
27:56sans précédent.
27:58L'envolée du billet vert
27:59fait plonger
28:00les exportations.
28:01Plus que le président,
28:03c'est la politique
28:03d'un dollar fort
28:04imposé par la Banque fédérale
28:06qui en est la cause.
28:08Mais durant des mois,
28:09Reagan va nier
28:10l'ampleur des dégâts.
28:14Le chômage atteint
28:15un niveau jamais vu
28:16depuis la Grande Dépression.
28:17L'industrie automobile
28:19et la sidérurgie
28:21sont dévastées.
28:25Pragmatique,
28:26le président se résout
28:27à renflouer les caisses.
28:29Il n'en est pas
28:30à une contradiction près.
28:32Après avoir baissé
28:33les impôts,
28:34il instaure
28:34de nouvelles taxes.
28:36La hausse de la fiscalité
28:37la plus importante
28:38de l'histoire
28:39des États-Unis.
28:40Cette fois,
28:42la mesure frappe
28:43de plein fouet
28:43les classes moyennes,
28:45ceux que la Maison Blanche
28:46appelle les ploucas pick-ups
28:47et qui sont pourtant
28:48le cœur
28:49de l'électorat
28:50rigagnien.
28:52Pour eux,
28:54l'année suivante
28:54est dramatique.
28:57La paupérisation
28:58fait des ravages
28:59et les promesses
29:00de campagne
29:00semblent un fantasme
29:01sans lendemain.
29:02Quand un jour,
29:09miracle.
29:11La rigueur monétaire
29:12de la Banque fédérale
29:13finit par porter ses fruits.
29:16Ce n'est d'abord
29:16qu'un frémissement,
29:17mais très vite,
29:18tous les indicateurs
29:19de l'économie
29:20repassent au vert.
29:21La reprise que Reagan
29:23avait tant fait miroiter
29:24arrive enfin.
29:28Début 1983,
29:30l'activité repart
29:31a une allure folle.
29:33La consommation aussi.
29:35La croissance est si forte
29:36qu'en un rien de temps,
29:384 millions d'emplois
29:39sont créés.
29:41Les Américains
29:41se sentent pousser
29:42des ailes.
29:44On célèbre
29:45les entrepreneurs,
29:46les managers,
29:47les décideurs
29:47qui font pleuvoir
29:48cette manne
29:49qu'on n'attendait plus.
29:51Un nouveau venu
29:52fait son entrée
29:53dans le monde des affaires.
29:54Un certain
29:55Donald Trump,
29:56sacré manager
29:57de l'année.
30:01Bientôt,
30:04de Londres
30:05à Tokyo
30:05et d'Ottawa
30:06à Paris,
30:07les droites conservatrices
30:08de la planète
30:09vont s'inspirer
30:10de cette thérapie
30:11de choc
30:11pour réveiller
30:12leur économie.
30:14À leur tour,
30:16le Canadien
30:16Mulroney
30:17ou le Japonais
30:18Nakasone
30:18s'engouffrent
30:19dans la voie
30:20tracée par
30:20Ronald Reagan
30:21et Margaret Thatcher,
30:23les deux apôtres
30:23de cette nouvelle
30:24doctrine conquérante
30:25et agressive.
30:26Dès lors,
30:31le libéralisme
30:32s'exporte,
30:33marquant le début
30:34d'une profonde mutation
30:35du système économique mondial.
30:38L'heure
30:39est aux traders,
30:40au culte
30:40de la performance
30:41et à l'argent roi.
30:45La bourse
30:46et les marchés financiers
30:47profitent à plein régime
30:48de l'embellie.
30:50Les Américains
30:50se découvrent
30:51une passion
30:52pour les indices boursiers.
30:54L'Amérique
30:54devient un gigantesque
30:56de casinos
30:56où chacun spécule
30:58sur la santé
30:59des entreprises cotées.
31:01Si les classes moyennes
31:01prospèrent gentiment,
31:03les plus nantis,
31:04eux,
31:04bâtissent des fortunes
31:05colossales.
31:07Ils sont milliardaires,
31:09voyagent en jet privé
31:10et exaltent
31:11les vertus
31:11de la cupidité.
31:14À l'image
31:15du personnage
31:15de J.R. Ewing
31:16de la série Dallas,
31:18dont l'univers impitoyable
31:19hante les écrans
31:20du monde entier.
31:21Mais cette insolente
31:26réussite économique
31:27ne fait pas oublier
31:28à Reagan
31:29son hostilité
31:30envers son ennemi
31:30de toujours.
31:32Elle est si obsessionnelle
31:33qu'elle surgit
31:34sans crier gare.
31:35Un dérapage
31:51enregistré
31:51par mégarde
31:52est digne
31:53du meilleur bêtisier.
31:56Sauf qu'en matière
31:57d'anti-soviétisme,
31:58Reagan est
31:59on ne peut plus sérieux.
32:01Il redoute
32:02une attaque nucléaire
32:03lancée par l'Empire du Mal.
32:04Il décide donc
32:05de militariser l'espace,
32:08d'armer les satellites
32:09d'un rayon laser
32:10pour anéantir
32:11les missiles ennemis.
32:13Pour l'occasion,
32:15Reagan oublie
32:15sa paresse légendaire
32:17et monte au créneau.
32:19Il passe des heures
32:20à tenter de convaincre
32:21le Pentagone
32:22d'adhérer à son projet.
32:25Les militaires hésitent.
32:27Non seulement
32:27c'est un gouffre financier,
32:29mais sur le plan technique,
32:31il relève quasiment
32:32de la science-fiction.
32:32Reagan s'obstine
32:35et pour prendre
32:36tout le monde de court,
32:37il utilise son arme fatale,
32:39la télévision.
32:40Les Américains médusés
32:55découvrent son plan,
32:56transformer les Etats-Unis
32:57en forteresse imprenable.
32:59Je sais que c'est
33:00un travail formidable
33:01technique,
33:02un qui ne peut pas
33:03être accompli
33:04avant le fin de ce siècle.
33:05Longtemps accusé
33:13de voir le monde
33:14en noir et blanc,
33:15Reagan surfe
33:16sur l'air du temps.
33:20Détournant la réplique
33:21culte de Star Wars,
33:22dont le troisième volet
33:23est alors à l'affiche,
33:25il affirme à ses détracteurs
33:27« La force est avec nous ».
33:31Car derrière ce projet
33:34d'allure un peu folle
33:35se cache une formidable intuition.
33:38En défiant les Russes
33:39de se lancer
33:40dans une guerre
33:40des étoiles ruineuse,
33:42Reagan fait le pari
33:43que l'Union soviétique,
33:45dont les finances
33:45sont aux abois,
33:46ne pourra pas suivre.
33:49Mais le président
33:50n'attend pas
33:50que ce scénario
33:51devienne une réalité
33:52pour montrer
33:53sa détermination.
33:54Le 15 octobre 1983,
34:00il déclenche
34:00l'opération
34:01« Urgent Fury »,
34:02le plus grand déploiement
34:03militaire américain
34:04depuis la guerre du Vietnam.
34:12Objectif,
34:13la petite île de Grenade,
34:15située dans les Caraïbes,
34:16tombée entre les mains
34:17d'une junte procrastriste.
34:21L'opération est présentée
34:22comme la destruction
34:23du centre névralgique
34:24de la Révolution mondiale.
34:28En trois jours,
34:29quelques 6000 marines
34:30surentraînées
34:31terrassent les 1500 combattants
34:33des forces adverses.
34:39Regonflée à bloc
34:40par la victoire
34:41de ses troupes,
34:42l'Amérique exulte.
34:47Le vieux cow-boy
34:48ressort alors sa panoplie.
34:51Il a tenu ses engagements,
34:52il est en lice
34:53pour une nouvelle mandature.
34:59Le 21 mai 1984,
35:02un spot publicitaire
35:03déferle sur le petit écran.
35:04Tout est dit.
35:25On occulte habilement
35:26que derrière cette réussite apparente,
35:28l'Amérique est surendettée.
35:30après quatre années
35:33du reaganisme,
35:34elle vit à crédit.
35:36Son économie
35:37est sous perfusion.
35:39Mais Regan
35:40va traverser la campagne
35:41comme si cette réalité
35:42n'existait pas.
35:44Elle est trop dérangeante.
35:46Il préfère parler
35:46au cœur des Américains.
35:48Et à cet exercice,
35:50nul ne peut rivaliser avec lui.
35:51Alors, tel un acteur
36:01qui ne se lasse pas
36:02de ses meilleures tirades,
36:03il martèle à chaque apparition
36:05Et l'Amérique applaudit.
36:14Bluffé par ses performances,
36:25même le chef de l'opposition
36:26reconnaît.
36:28Son approche idéologique
36:29est superficielle
36:30et pourtant ce mec réussi.
36:32Je suis consterné
36:34par son manque de profondeur
36:35mais je reste bouche bée
36:36devant son talent.
36:37Je n'ai jamais rien vu de pareil.
36:42Cet été-là,
36:43les Jeux Olympiques
36:44offrent à Regan
36:45le point d'orgue
36:45de sa campagne.
36:46Boycottés par l'URSS
37:01et tous les pays de l'Est,
37:03les Américains
37:03qui jouent à domicile
37:04et sans concurrence sérieuse
37:06remportent une pluie de médailles.
37:10À l'instar de l'athlète
37:11Carl Lewis
37:11ou de Marie Louretton,
37:13la gymnaste.
37:13L'euphorie patriotique
37:16est à son apogée.
37:18Les Américains
37:19ont retrouvé
37:19leur morale de la guerre.
37:21Paris gagné.
37:27Toutefois,
37:28à quelques jours
37:29du scrutin,
37:30l'irruption du président
37:31dans un fast-food
37:32déclenche les railleries.
37:33Reagan ne maîtrise pas
37:40les rituels de la commande.
37:42Mais le peuple américain
37:43s'en moque.
37:45Malgré ses maladresses,
37:46il reste jovial
37:47et spontané
37:48et la magie opère.
37:49De plus,
37:55à 73 ans,
37:57son mordant
37:57ne s'est pas tari.
37:59Lors du traditionnel débat,
38:01Walter Mandel,
38:01son jeune challenger démocrate,
38:03est renvoyé dans les cordes.
38:04Géraldine Ferraro,
38:25la colistière
38:26de Walter Mandel,
38:27avoue,
38:27le public n'est pas d'accord
38:29avec Reagan
38:29sur le budget,
38:30pas d'accord
38:31sur sa politique,
38:32pas d'accord
38:32sur l'environnement,
38:33pas d'accord
38:34sur le nucléaire.
38:35Mais interrogez-les
38:36sur Reagan
38:37et tous vous diront
38:38il est formidable.
38:43Le 6 novembre 1984,
38:46il est réélu
38:46dans un fauteuil.
38:48Cette fois,
38:49il remporte
38:5049 États sur 50.
38:52Presque le grand chelaine.
38:54À part Roosevelt,
38:56aucun président
38:56n'a été réélu.
38:57avec un tel score.
39:25Toutefois,
39:26Reagan aborde son second mandat
39:28sans idée
39:29et sans programme.
39:31Aussi,
39:31ses tendances
39:32à la paresse
39:32reprennent le dessus.
39:35D'autant qu'il vieillit.
39:37Il est de plus en plus sourd,
39:40de plus en plus lent,
39:42de plus en plus absent.
39:46Pourtant,
39:47même diminué,
39:49le président américain
39:50ne se résout pas
39:50à jouer les figurants.
39:51bien au contraire.
39:52Bien au contraire.
39:53Il a quatre années devant lui
39:56pour parachever son œuvre,
39:58mais comment ?
40:01L'astrologue,
40:02que la première dame
40:02consulte régulièrement
40:04depuis l'attente à rater,
40:05n'a pas de réponse.
40:06quand soudain,
40:13Mikhail Gorbachev
40:14est propulsé
40:15à la tête du Kremlin.
40:18En 1985,
40:20l'Union soviétique
40:21est à bout de souffle,
40:22asphyxiée
40:23par les dépenses militaires.
40:25Seul le marché noir
40:26permet à la population
40:27de subsister.
40:31Gorbachev
40:31doit donc réformer son pays
40:33pour sauver
40:34ce qui peut encore naître.
40:35Il lui faut mettre
40:37un terme
40:37à la course aux armements
40:38pour en affecter
40:39le budget
40:40vers les secteurs
40:40de l'économie
40:41en souffrance.
40:45Deux semaines
40:46après son arrivée
40:46au pouvoir,
40:47il adresse une lettre
40:48au président américain
40:49pour le rencontrer.
40:52À la Maison-Blanche,
40:54les conseillers
40:54du président
40:55se méfient,
40:56mais Reagan
40:56s'empresse d'accepter.
40:59Dans son journal,
41:00il note
41:01« J'attendais ce moment
41:02depuis plus de cinq ans. »
41:05reste un détail essentiel,
41:07déterminer la date
41:08la plus propice.
41:10L'astrologue
41:10de son épouse
41:11est mise à contribution.
41:18Le 19 novembre 1985,
41:21avec un alignement
41:22de planètes favorables,
41:23la rencontre historique
41:24des deux géants a lieu.
41:25à Genève,
41:30il fait froid.
41:34Engoncé dans son manteau,
41:35Gorbatchev arrive
41:36et Reagan,
41:38fringant,
41:38en veston,
41:39se précipite
41:40pour l'accueillir
41:41et lance son offensive
41:42de charme.
41:44Le sommet
41:45entre les deux hommes
41:46les plus puissants
41:46de la planète
41:47est aussi une guerre
41:48de communication.
41:50Et personne n'est de taille
41:51à éclipser Reagan
41:52quand il s'agit
41:53d'attirer la lumière.
41:54L'image de l'américain
41:57bravant le froid
41:57face aux rues
41:58sans mitoufler
41:59fait le tour du monde.
42:02Un tête-à-tête
42:03hors caméra
42:04de quelques minutes
42:05est prévu
42:06entre les deux dirigeants
42:07pour faire connaissance.
42:13Il va durer
42:14plus d'une heure.
42:16Personne ne pensait
42:17Reagan capable
42:17d'une telle performance.
42:21La question des armements
42:23est tout de suite
42:23au centre
42:24des discussions.
42:26Gorby veut réduire.
42:28Reagan,
42:28rusé,
42:29ne dit pas non
42:30mais réserve sa réponse.
42:32Au final,
42:53le sommet se clôt
42:54sans grande avancée.
42:56Mais de retour
42:57à Washington,
42:58Reagan,
42:59solennel,
42:59annonce qu'une étoile
43:00s'est allumée
43:01dans la nuit
43:01de la guerre froide.
43:04Tel un pionnier
43:05posant le pied
43:06sur une terre inconnue,
43:07il affirme
43:07bien joué.
43:37A l'été 1986,
43:44sa cote de popularité
43:45atteint le zénith.
43:47Jusqu'à 82%
43:48chez les jeunes.
43:50Du jamais vu.
43:55La partie de poker
43:56avec Gorbatchev reprend.
43:59Reagan sait parfaitement
44:00que l'URSS est aux abois.
44:02Il a tous les atouts en main
44:03pour lui porter le coup de grâce.
44:04A Reykjavik,
44:15en Islande,
44:16le russe arrive
44:17avec une proposition inouïe.
44:20Réduire de moitié
44:21l'arsenal nucléaire
44:22des deux pays,
44:24supprimer les missiles
44:25de portée intermédiaire
44:26et interdire
44:27les essais atomiques.
44:28En un mot,
44:32mettre fin
44:33à 40 ans
44:33de guerre froide.
44:38Mais Gorbatchev
44:39exige aussi
44:40que l'Américain
44:41abandonne
44:41sa guerre des étoiles.
44:44Reagan refuse.
44:46Il n'est pas question
44:47de renoncer à une arme
44:48qui contraint déjà
44:49les Russes
44:49à mettre un genou à terre.
44:50Dans un sursaut
44:53de mauvaise humeur
44:53parfaitement théâtrale,
44:55il claque la porte
44:56et s'en va.
44:59Un coup de bluff magistral
45:01qui va accélérer
45:02l'agonie
45:02de l'Union soviétique.
45:06C'est alors
45:07que surgit l'affaire
45:08qui va le faire tomber
45:09de son piédestal.
45:10Le 6 octobre 1986,
45:21un avion cargo
45:22s'écrase au Nicaragua.
45:25À son bord,
45:26des dizaines de tonnes
45:26d'armes
45:27destinées aux adversaires
45:28du régime sandiniste
45:29et un ancien
45:31de la CIA.
45:31Après des semaines
45:43d'incertitude,
45:44une commission d'enquête
45:45confirme l'implication
45:46des États-Unis.
45:48Éclaboussé par le scandale,
45:49Reagan assure
45:50qu'il ne sait rien.
45:51Tout montre pourtant
45:52qu'il a menti.
45:56Non seulement
45:57il a bien mené
45:58une guérilla clandestine
45:59dans le dos du Congrès,
46:00mais l'opération
46:02a été financée
46:03par une vente d'armes
46:04au régime iranien,
46:05pourtant placée
46:06sous embargo international.
46:12Acculé par les preuves,
46:13Reagan est contraint
46:14de faire son mea culpa.
46:24Un aveu
46:25qui ne suffit pas
46:26à faire taire la presse.
46:30C'est-à-dire qu'il n'est-à-dire
46:32cette duplicité ?
46:33Je ne pense pas
46:33qu'il n'est-à-dire
46:34la duplicité.
46:35Comment vous assise
46:36la crédibilité
46:36de votre propre
46:37administration ?
46:39Monsieur le Président,
46:39vous avez dit
46:40que vous n'avez pas
46:41traduit
46:42des armes
46:42pour les hostages.
46:44La seule chose
46:44que je sais
46:45de major
46:45transports d'armes
46:46est que je l'ai dit,
46:47tout ce qu'on a vendredi
46:48peut être
46:50dans un plage
46:51et il y aurait
46:51beaucoup de room
46:52left.
46:53Sa chute
47:01dans les sondages
47:02est vertigineuse.
47:04Des membres
47:05du Congrès
47:05envisagent
47:06sa destitution,
47:08mais ils ne sont
47:08pas assez nombreux.
47:11D'autres jugent
47:12inutile
47:12de provoquer
47:13une crise.
47:15Vu son âge,
47:16il est politiquement
47:17fini.
47:17Mais en politique,
47:26comme au cinéma,
47:27les héros
47:27ne meurent jamais.
47:29Errigan,
47:30tel un phénix,
47:31va renaître
47:31de ses cendres.
47:34Le 12 juin 1987,
47:36il revient
47:36sur le devant
47:37de la scène
47:37avec un discours
47:39mémorable
47:39devant le mur
47:40de Berlin.
47:41General Secretary
47:42Gorbachev,
47:44if you seek peace,
47:46if you seek
47:47for the Soviet Union
47:49and Eastern Europe,
47:51if you seek
47:52liberalisation,
47:54come here
47:54to this gate.
47:56Mr. Gorbachev,
47:58open this gate.
48:04Mr. Gorbachev,
48:06tear down
48:07this wall.
48:17six mois plus tard,
48:23l'Union soviétique
48:24est exsangue
48:24et Gorbachev
48:26est prêt
48:26à toutes les concessions.
48:31Le 8 décembre 1987,
48:34Américains et soviétiques
48:35enterrinent
48:36la politique
48:36de désarmement.
48:40Malgré l'enjeu,
48:41Reagan,
48:42égal à lui-même,
48:43ne peut s'empêcher
48:43de plaisanter.
48:44il parvient même
48:46à infliger
48:47à son homologue
48:48une de ses blagues
48:49anticommunistes
48:49préférées.
48:51Il lui glisse,
48:52il y a quatre choses
48:53qui clochent
48:54dans l'agriculture russe,
48:56le printemps,
48:57l'été,
48:58l'automne
48:59et l'hiver.
49:01Pressé d'en finir,
49:02Gorbachev joue le jeu
49:03et affiche un rire gêné.
49:06Jusqu'à ce que l'Américain
49:07tente de le convaincre
49:08de l'existence de Dieu.
49:09Pour la première fois
49:25de l'histoire,
49:26les deux camps
49:27s'engagent
49:27non seulement
49:28à limiter
49:29leurs nouveaux armements,
49:30mais à détruire
49:31une partie
49:32de leurs arsenaux.
49:32Le duel entre
49:41les deux superpuissances
49:42s'achève
49:43sans un coup de feu
49:44et avec lui,
49:46quatre décennies
49:46de guerre froide.
49:55Encensé par la presse,
49:57Reagan devient
49:57l'artisan
49:58d'un succès diplomatique
49:59qui redore
50:00le blason de son pays.
50:02Une gloire
50:03qui laisse Gorbachev
50:05dans l'ombre
50:05et dont il ne récolte
50:06aucun laurier.
50:12Un an plus tard,
50:13le vieux président
50:14quitte la Maison-Blanche
50:15avec le sentiment
50:17du devoir accompli.
50:21Nous avons pensé
50:22de changer une nation
50:22et d'un coup,
50:25nous avons changé
50:25le monde.
50:26Tout en tout,
50:28pas mal.
50:29Pas mal à tout.
50:30Et pourtant,
50:46l'image de Reagan
50:48en président incapable
50:49résiste à l'usure du temps.
50:52Son bilan, bien sûr,
50:53présente de nombreuses failles.
50:55Le déficit abyssal
50:57des finances publiques,
50:58la concentration des richesses
51:00au profit d'un petit nombre,
51:02la financiarisation
51:03de l'économie
51:04sont les conséquences
51:05durables de ces années
51:06à la tête des États-Unis.
51:09Pour le meilleur
51:09comme pour le pire,
51:11il reste une source
51:12d'inspiration,
51:13un modèle
51:13dont l'héritage perdure.
51:17Acteur de série B,
51:18Reagan le fut assurément.
51:20Mais à la tête
51:21des États-Unis,
51:22il a su faire
51:23de sa présidence
51:24un blockbuster.
51:25Le déficit abyssal.
51:26Le déficit abyssal.
51:28Le déficit abyssal.
51:30Sous-titrage Société Radio-Canada
52:00Sous-titrage Société Radio-Canada
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