- il y a 23 heures
À LA UNE / Budget de la santé : les patients oubliés ?
Depuis mardi 4 novembre 2025, les députés se penchent sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Pour limiter la dette française, le gouvernement envisage des coupes budgétaires à hauteur de 7 milliards d'euros dans le budget de la santé. Ainsi, l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam), serait plafonné à une augmentation de 1,6 %, contre une augmentation moyenne de 4 % depuis 2021. Le gouvernement prévoit également un doublement des franchises médicales, une réduction de la durée maximale des arrêts maladie, comme une suppression des exonérations d'impôt pour les affections longue durée (ALD). Alors que 87 % du territoire national était classé en désert médical en 2024 par le gouvernement, que le nombre de médecins généralistes a diminué de 1,7 % depuis 2017, et que le nombre de lits d'hospitalisation a baissé de 10,5 % en 12 ans, les différents syndicats du secteur de la santé se mobilisent contre ce projet de budget. Plus de 1 500 médecins libéraux appellent notamment à la grève. Pour les patients, le reste à charge a augmenté de 6,6 % depuis 2023. Face aux inquiétudes des Français et à la part croissante de citoyens ayant du mal à se soigner (45% en 2023 selon le baromètre Ipsos pour le Secours populaire), comment les députés comptent-ils se saisir de la question ?
Invités :
- Yannick Monnet, député « Gauche Démocrate et Républicaine » de l'Allier,
- Philippe Vigier, député « Les démocrates » d'Eure-et-Loir,
- Christophe Bentz, député « Rassemblement National » de Haute-Marne,
- Nathalie Coutinet, économiste de la santé en poste à l'université Sorbonne Paris Nord.
C'est le nouveau grand rendez-vous d'actualité quotidien et citoyen de LCP
Parce que chaque voix compte, LCP donne toute sa place à la parole du citoyen. Les téléspectateurs interviennent chaque jour dans l'émission, tournée au coeur du Palais Bourbon.
Parce que chaque voix compte, l'émission incarnée par Adeline François, s'ancre dans les préoccupations quotidiennes des Français, tout en gardant l'exigence nécessaire pour décrypter et informer.
Experts, témoins et députés de toutes les sensibilités se succèdent sur le plateau en direct, faisant la part belle au débat contradictoire.
Depuis mardi 4 novembre 2025, les députés se penchent sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Pour limiter la dette française, le gouvernement envisage des coupes budgétaires à hauteur de 7 milliards d'euros dans le budget de la santé. Ainsi, l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam), serait plafonné à une augmentation de 1,6 %, contre une augmentation moyenne de 4 % depuis 2021. Le gouvernement prévoit également un doublement des franchises médicales, une réduction de la durée maximale des arrêts maladie, comme une suppression des exonérations d'impôt pour les affections longue durée (ALD). Alors que 87 % du territoire national était classé en désert médical en 2024 par le gouvernement, que le nombre de médecins généralistes a diminué de 1,7 % depuis 2017, et que le nombre de lits d'hospitalisation a baissé de 10,5 % en 12 ans, les différents syndicats du secteur de la santé se mobilisent contre ce projet de budget. Plus de 1 500 médecins libéraux appellent notamment à la grève. Pour les patients, le reste à charge a augmenté de 6,6 % depuis 2023. Face aux inquiétudes des Français et à la part croissante de citoyens ayant du mal à se soigner (45% en 2023 selon le baromètre Ipsos pour le Secours populaire), comment les députés comptent-ils se saisir de la question ?
Invités :
- Yannick Monnet, député « Gauche Démocrate et Républicaine » de l'Allier,
- Philippe Vigier, député « Les démocrates » d'Eure-et-Loir,
- Christophe Bentz, député « Rassemblement National » de Haute-Marne,
- Nathalie Coutinet, économiste de la santé en poste à l'université Sorbonne Paris Nord.
C'est le nouveau grand rendez-vous d'actualité quotidien et citoyen de LCP
Parce que chaque voix compte, LCP donne toute sa place à la parole du citoyen. Les téléspectateurs interviennent chaque jour dans l'émission, tournée au coeur du Palais Bourbon.
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00:00:04Bonsoir à tous et bienvenue dans Chaque Voix Compte sur LCP.
00:00:27C'est vendredi et comme chaque vendredi, puisque chaque voix compte, c'est à vous que nous donnons la parole pour une émission consacrée ce soir à notre santé.
00:00:36Au moment où, juste au-dessus de nous, dans l'hémicycle, les députés sont en train d'élaborer le budget de la Sécu pour 2026 et peut-être, qui sait, de le voter la semaine prochaine.
00:00:45Trois d'entre eux ont accepté de venir en parler avec vous ce soir et vous allez pouvoir leur poser toutes vos questions.
00:00:51Bonsoir Yannick Monnet.
00:00:53Bonsoir.
00:00:53Merci d'être là. Vous êtes député gauche démocrate et républicaine de l'Allier. Bonsoir Philippe Vigier.
00:00:58Bonsoir.
00:00:59Merci d'être là. Vous êtes député modem de Réloir. Et bonsoir Christophe Benz.
00:01:03Bonsoir.
00:01:03Merci d'être là. Vous êtes député Rassemblement national de Haute-Marne. Je précise que vous êtes tous les trois membres de la Commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale.
00:01:11C'est-à-dire que le budget, c'est eux qui ont tenté de l'amender, qui ont voté ou pas certains amendements avant que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale arrive dans l'hémicycle.
00:01:21Merci en tout cas d'avoir accepté de vous prêter ce soir au jeu des questions-réponses avec notre public. Je salue également Nathalie Coutinet.
00:01:30Bonsoir.
00:01:30Économiste de la santé, maître de conférence à la Sorbonne-Paris-Nord. Nathalie, vous intervenez à tout moment pour nous apporter des précisions ou pour rectifier certains propos.
00:01:41Vous n'hésitez pas, je compte sur vous Nathalie. On va parler des franchises médicales, des honoraires des médecins, des déserts médicaux, des arrêts de travail et de tout ce qui vous préoccupe et qui touche à votre santé.
00:01:53Cette émission, c'est vous qui allez la faire, donc je compte sur vous. Et chez vous, installez-vous confortablement. Chaque voix compte, c'est parti.
00:02:00Oh tiens, un peu de sagesse pour commencer. Existe-t-il pour l'homme un bien plus précieux que la santé ? C'est Socrate qui posait la question.
00:02:15Notre santé n'a pas de prix, mais elle a un coût et c'est de ça dont il est question.
00:02:20Quand on élabore et quand on vote le budget de la Sécurité sociale, ce débat a commencé lundi à l'Assemblée nationale dans l'hémicycle et il va se poursuivre jusqu'à dimanche soir.
00:02:30Avec des mesures d'économie qui suscitent beaucoup d'inquiétudes. On parle de mesures crispantes, voire irritantes.
00:02:37Deux minutes pour comprendre. D'abord avec Stéphanie Despierre.
00:02:39C'est un anniversaire au goût amer. La Sécurité sociale fête ses 80 ans, mais le trou se creuse.
00:02:52Alors le gouvernement prévoit un vaste plan d'économie pour 2026 et pour ramener le déficit à 17,5 milliards.
00:03:00Et ils cherchent des nouvelles recettes. Sauf que la pilule ne passe pas auprès des députés.
00:03:07Cette semaine, ils ont dit non à la taxe sur les mutuelles. Selon le gouvernement, elle servirait à financer la suspension de la réforme des retraites.
00:03:15En réalité, c'est rien d'autre qu'un impôt déguisé. Vous voulez récupérer un milliard d'euros sur le dos des assurés parce qu'à la fin, c'est les cotisants qui vont payer.
00:03:25Les députés n'ont pas encore discuté des coupes dans les dépenses de santé. Mais ils sont déjà vent debout contre certaines mesures du gouvernement.
00:03:34Par exemple, l'augmentation des franchises médicales. Le projet de budget prévoit de les élargir, entre autres, aux frais dentaires.
00:03:424 euros à charge du patient à chaque passage chez le dentiste. Il s'agit aussi de doubler les franchises déjà existantes.
00:03:512 euros par boîte de médicaments contre 1 euro aujourd'hui. 4 euros au lieu de 2 sur les consultations.
00:03:59Autre piste d'économie du gouvernement, les arrêts maladie.
00:04:03Pour le premier arrêt, le généraliste ne pourra délivrer qu'un arrêt de travail de 15 jours maximum et non plus d'un mois.
00:04:11Il faudra retourner consulter pour être prolongé.
00:04:15Dans le viseur également, les dépassements d'honoraires des spécialistes.
00:04:19L'exécutif veut augmenter la taxe sur ces dépassements.
00:04:23Les médecins libéraux sont furieux.
00:04:26Sur l'enveloppe globale destinée à la santé, avant même que l'Assemblée ne se prononce,
00:04:31le gouvernement a pris les devants.
00:04:33Sous pression des socialistes, le Premier ministre vient d'accepter de desserrer un peu les cordons de la bourse.
00:04:40Le gouvernement a prévu, par exemple, de mettre un milliard de plus à répartir entre l'hôpital médico-social et France Santé.
00:04:47Pour l'instant, rien n'est définitif.
00:04:50Les débats sur le budget de la Sécurité sociale au Parlement doivent durer jusqu'en décembre.
00:04:56Voilà.
00:04:56Et sur le PLFSS, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
00:05:00les débats, c'est jusqu'à dimanche soir avec éventuellement un vote le 12 novembre.
00:05:05Moi, je voulais vous interroger sur ce qu'on vient de voir parmi les mesures qui ont beaucoup fait réagir ces dernières semaines.
00:05:11Il y a le doublement des franchises médicales.
00:05:13Est-ce que vous trouvez, vous, normal, d'avoir ce reste à charge qui va doubler, par exemple, on l'a vu, 4 euros pour une consultation chez le médecin ?
00:05:23C'était 2 euros auparavant.
00:05:25Je ne sais pas qui veut se lancer en premier.
00:05:28Je vais vous demander de vous présenter au fur et à mesure que vous prenez la parole.
00:05:31Je crois que vous êtes Anne-Hélène.
00:05:33Et vous êtes vous-même pharmacienne de formation.
00:05:38Je suis pharmacienne de formation et je travaille maintenant pour la presse pharmaceutique, le quotidien du pharmacien.
00:05:42En l'occurrence, je suis les actualités des pharmaciens de ville.
00:05:45Et les remises, le doublement des remises, au-delà du fait que j'en pense, ce que j'en pense pour les patients,
00:05:51il y a aussi la collecte de la franchise au comptoir, en l'occurrence aussi chez les médecins.
00:05:58Vous, vous êtes pharmacienne, vous êtes au bout de la chaîne de soins.
00:06:01Donc le reste à charge, il arrive chez vous ?
00:06:03Alors, et voilà, on va faire finalement le comptable de l'assurance maladie en récoltant des franchises,
00:06:08sans savoir, parce qu'il y a un plafond qui va être aussi doublé, mais il y a quand même un plafond.
00:06:12On ne va pas savoir où en sont les patients.
00:06:13Techniquement, ce n'est pas possible, en tout cas aujourd'hui.
00:06:16Et surtout, c'est un temps administratif qui va être encore, qui va s'accumuler avec tout ce qu'on a déjà à faire,
00:06:25juste administrativement.
00:06:27Et nous, on a besoin d'un temps patient.
00:06:29En plus de ça, si on double les franchises, il est quand même dommage que dans un même moment de débat sur des budgets,
00:06:37on propose de doubler, que les patients doivent mettre au pot,
00:06:44alors qu'en même temps, on ne surtaxe pas des personnes dont les revenus sont très, très hauts, par exemple.
00:06:54C'est assez inconcevable.
00:06:55Et nous, au comptoir, comme vous le dites, on est au bout de la chaîne de soins.
00:07:01On va devoir expliquer aux gens que ça va coûter deux fois plus cher, dans un contexte économique.
00:07:07C'était déjà le cas auparavant, parce qu'il a une franchise médicale, les patients la payent déjà au comptoir.
00:07:12Non, pas du tout.
00:07:13Ils ne la payent pas au comptoir.
00:07:14C'est retenu sur les remboursements de la sécurité sociale.
00:07:17Nous, on n'est au courant de rien à l'officine.
00:07:20On ne sait pas s'il a atteint le plafond ou pas.
00:07:21Donc, jusqu'à présent, vous n'avez pas au comptoir des patients qui vous disent
00:07:25« Mais pourquoi j'ai été moins bien remboursé sur cette boîte de médicaments ? »
00:07:28Alors, si, ça arrive.
00:07:29On doit leur expliquer qu'il y a une franchise sur les boîtes de médicaments.
00:07:34Mais ça fait longtemps maintenant, donc c'est un peu rentré dans les habitudes.
00:07:39Mais là, un doublement plus une collecte au comptoir, ça fait beaucoup pour nous, dans un contexte, encore une fois, économiquement tendu.
00:07:51Et où il y a beaucoup d'agressions aussi et de tensions.
00:07:56Tous les professeurs de santé le vivent aussi.
00:07:58Ça ne va pas nous aider dans des relations apaisées, d'échanges.
00:08:02Parce que nous, ce qu'on veut simplement, c'est traiter les patients.
00:08:05Être là pour leur santé.
00:08:07Alors, vous avez trois personnes devant vous qui font les lois.
00:08:10Qui sont en train de voter le budget de la sécu.
00:08:12Quelle question voulez-vous leur poser ?
00:08:15Eh bien, quand est-ce que vous allez prendre soin de tous nos soignants ?
00:08:19Alors là, la question, elle est vaste.
00:08:22Qui se lance ?
00:08:25Mais tout le monde.
00:08:26Bon, regardez, je veux bien.
00:08:27Allez, Yannick Mouenet.
00:08:29Non, non, quand est-ce que vous allez prendre soin de nos patients ?
00:08:31Ah, mais nos soignants, nos patients.
00:08:35On n'en prend pas soin, je suis d'accord avec vous.
00:08:38Je suis d'accord avec vous.
00:08:38Mais le problème, c'est qu'on sous-dote la sécurité sociale aujourd'hui.
00:08:42Et c'est le débat que nous avons dans l'hémicycle.
00:08:44Moi, je considère qu'il ne devrait pas y avoir de reste à charge.
00:08:47Et que les professionnels de santé devraient avoir les moyens de travailler.
00:08:49Et que tout devrait être pris en charge.
00:08:51Je suis pour la prise en charge intégrale par la sécurité sociale.
00:08:54Mais pour ça, il faut la doter de moyens.
00:08:56Et vous savez, dans un budget, il y a la colonne dépense et la colonne recette.
00:08:59Et il faut absolument qu'on agisse sur la colonne recette.
00:09:02Et tel qu'était conçu la sécurité sociale à son origine...
00:09:06Il y a 80 ans ?
00:09:07Il y a 80 ans.
00:09:10En tout cas, c'est ce qu'on devrait faire maintenant.
00:09:12Partir des besoins et mobiliser les moyens pour répondre à ces besoins.
00:09:15Aujourd'hui, ce n'est pas comme ça que ça se passe.
00:09:17Il y a une enveloppe qui est définie, un objectif de dépense.
00:09:19Et on essaye de faire rentrer les besoins dans cet objectif de dépense.
00:09:22Et donc, forcément, ça ne rentre pas.
00:09:25Et donc, forcément, qu'est-ce qui se passe ?
00:09:27Ça crée du déficit.
00:09:28Non, ce n'est pas le déficit qui m'inquiéterait le plus aujourd'hui.
00:09:30Ce serait plutôt la dette, qui s'accumule et qui devient problématique.
00:09:33Mais c'est ça le problème.
00:09:33C'est qu'on ne part pas des besoins.
00:09:35Et on ne mobilise pas les moyens correspondant à ces besoins.
00:09:37On fait plutôt l'inverse.
00:09:38Et c'est ça qui pose problème.
00:09:38Madame, la question que vous posez, finalement, ce n'est pas une question budgétaire.
00:09:47Alors, je vais vous répondre de manière plus globale.
00:09:49C'est presque une question d'esprit des lois.
00:09:50Exactement.
00:09:51Tout à fait.
00:09:54Ce que vous vivez, vous, en tant que pharmacienne, est le symptôme d'une situation.
00:09:58La problématique de la désertification médicale, qui touche tout le territoire français,
00:10:03avec des particularités locales, mais tout le territoire français, il est multifactoriel.
00:10:07Si on veut y répondre, en matière d'amélioration concrète de l'accès aux soins pour les Français,
00:10:13c'est également multifactoriel.
00:10:15Au moins sur trois piliers.
00:10:16La question du service, du service de soins, du service de santé en tant que tel.
00:10:21La question du coût, évidemment.
00:10:23Là, ça concerne naturellement le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
00:10:27Et aussi, j'ajoute très souvent, parce qu'on l'oublie, la question territoriale.
00:10:30La question de la proximité, la question de l'organisation des services de santé sur le territoire.
00:10:34Mais on viendra au sujet des déserts médicaux.
00:10:36Mais là, sur le sujet des franchises médicales.
00:10:38Ce que nous dit cette pharmacienne, c'est qu'à l'arrivée, on va doubler la franchise médicale pour ceux qui la payent.
00:10:43Parce que, Nathalie, il faut préciser que tous les Français ne payent pas les franchises médicales.
00:10:47Alors non, effectivement, il y a un certain nombre de Français qui sont exclus.
00:10:50D'abord, les mineurs.
00:10:51Les personnes qui relèvent de la complémentaire santé solidaire, notamment.
00:10:56C'est des personnes...
00:10:57Et puis, les femmes enceintes à partir du sixième mois.
00:10:59Ça fait 18 millions de personnes qui en sont exonérées.
00:11:0216 millions d'assurés.
00:11:04Mais il faut rappeler aussi ce qui vient d'être dit.
00:11:07C'est-à-dire qu'à l'origine, vous êtes remontés à l'origine de la sécurité sociale.
00:11:10La sécurité sociale, elle n'était pas gérée par une loi de finances votée par les députés.
00:11:15Mais elle était gérée par les partenaires sociaux.
00:11:17C'est-à-dire les assurés et les employeurs qui, ensemble, ce qu'on appelait la démocratie sociale,
00:11:23qui, ensemble, décidaient des recettes et des dépenses.
00:11:25Or, progressivement, c'est l'État et le Parlement qui ont repris en charge, finalement, les recettes et les dépenses.
00:11:34Et depuis un certain nombre d'années, il y a, effectivement, des recettes qui ne suivent pas les dépenses.
00:11:39Et notamment parce qu'il y a eu beaucoup d'exonération de charges pour les patrons, pour la politique de l'emploi.
00:11:45Et on se retrouve aujourd'hui, effectivement, avec des dépenses qui sont en hausse,
00:11:48pour un ensemble de facteurs sur lesquels on pourra revenir, et des recettes qui ne suivent pas.
00:11:52Et sur les franchises, le problème aussi, parce que vous avez soulevé deux problèmes, en fait.
00:11:56Il y a le problème de qui collecte les franchises.
00:11:58Donc, effectivement, ce qui est prévu, c'est que ce soit les médecins ou les pharmaciens,
00:12:01ce qui n'était pas le cas précédemment.
00:12:03Et puis, il y a le fait que ces franchises représenteront un coût supplémentaire pour les patients
00:12:07et généreront, évidemment, des inégalités d'accès aux soins.
00:12:11Philippe Vigier.
00:12:13Ce qu'il faut d'abord dire, moi qui ai été professionnel de santé pendant 37 ans...
00:12:18Biologiste.
00:12:18Biologiste. Il y a eu une explosion des dépenses de santé.
00:12:21On passait de 170 milliards à 260 milliards, plus la part mutuelle, 40 milliards d'euros.
00:12:26Sur les franchises, moi, je fais partie de ceux qui ne sont pas favorables au doublement.
00:12:30J'ai proposé une franchise proportionnelle aux revenus.
00:12:33Parce que j'estime que plus on a, plus on peut m'être dans le panier.
00:12:36Bien sûr, l'universalité de la Sécurité sociale, j'y crois.
00:12:38Mais au bout d'un moment, d'ailleurs, ça se passe comme ça dans la vraie vie.
00:12:41Les gens qui vont en secteur 2, les gens qui vont en secteur 3, ce ne sont pas des gens qui ont des revenus très faibles.
00:12:47Pour les franchises, cette augmentation des 50 à 100 euros, en fait, la franchise actuellement reçue par la Sécu au sens large du terme,
00:12:54c'est 42 euros par personne.
00:12:55C'est vrai que ça va augmenter.
00:12:57C'est une vraie difficulté.
00:12:58On peut trouver une solution différente.
00:13:00Là où j'ai un point d'accord avec Yannick Monnet, c'est qu'il faut aller chercher plus de retraite.
00:13:04Mais vous êtes aussi des hommes et des femmes engagées dans la société.
00:13:11Oh le lapsus !
00:13:13Mais ce que je veux dire, c'est que les exonérations de charges sociales qu'on a prises, qui ne sont pas compensées,
00:13:17qui sont de l'ordre des 80 milliards d'euros, on a fait ça pour protéger la compétitivité française.
00:13:22Et puis, un dernier mot.
00:13:23Nous sommes quand même dans un pays où, regardez, 57% de la richesse du produit intérieur brut passe pour tout le domaine de la sphère sociale.
00:13:30Il y a une question qui n'a jamais été posée ici.
00:13:32Et quand est-ce qu'on réorganise complètement notre système de santé ?
00:13:36Qui, parmi le public ou parmi nous, peut dire exactement ce qui est du ressort de l'assurance maladie, ce qui est du ressort des mutuelles ?
00:13:42Il y a des chevauchements, des frais administratifs, des complexités qui sont venues insupportables.
00:13:47Et ça, on doit y mettre bon ordre.
00:13:49Avoir une loi de programmation péranuelle.
00:13:50On sait que les dépenses de santé, elles augmenteront naturellement chaque année un peu plus.
00:13:55Pourquoi ? Parce que la technicité évolue.
00:13:56Parce qu'on vieillit plus.
00:13:57Parce qu'il y a plus de diagnostic que l'on peut faire qu'on ne faisait pas auparavant.
00:14:00Mais pardon, Philippe Vigier, la question, elle est simple également.
00:14:04C'est en cas de vote de cette mesure du doublement de la franchise médicale.
00:14:09Est-ce qu'il est normal que ce soit aux pharmaciens de collecter ce reste à charge ?
00:14:14Non, on peut trouver mieux pour le faire.
00:14:16Mais je voudrais dire que...
00:14:17Mais il n'est pas encore passé, l'article sur les franchises médicales ?
00:14:20Ce n'est pas quelque chose de nouveau pour les professionnels de santé.
00:14:22Moi, biologiste, lorsqu'il y avait un acte qui était hors nomenclature au laboratoire,
00:14:25c'est moi qui ai recassé la somme.
00:14:27Donc, ce n'est pas un truc nouveau.
00:14:29Simplement, la solution de facilité qui a été mise en place
00:14:31est une solution qui, à mon avis, n'est pas bonne pour les professionnels de santé
00:14:34qui n'ont pas à faire le banquier de l'assurance maladie.
00:14:37Et puis, comme vous l'avez dit, prendre soin des soignants.
00:14:38Avec le Ségur, il y a eu un début de réponse.
00:14:40Mais pour autant, on n'est pas au bout du chemin.
00:14:42Tant s'en faut.
00:14:42Pour continuer sur les franchises, mais du côté des patients,
00:14:47est-ce que vous n'avez pas peur des effets indésirables, on va dire ?
00:14:50Parce que les patients vont peut-être consommer moins de...
00:14:55On ne va pas prendre toutes les boîtes dont ils ont besoin.
00:14:57Est-ce que ça vous est arrivé d'avoir des patients qui disaient
00:14:59« En fait, non, je ne prends pas cette boîte parce qu'il y a un reste à charge dessus ».
00:15:03Alors, pas forcément pour le reste à charge des franchises,
00:15:06mais avec un reste à charge, parce que ce n'est pas remboursé.
00:15:08Oui, tout à fait, régulièrement.
00:15:09Aujourd'hui, il y a un renoncement aux soins qui est très important.
00:15:14Beaucoup d'études, il y a beaucoup de chiffres,
00:15:15que ce soit pour des raisons économiques ou pour d'autres raisons.
00:15:17C'est 6 Français.
00:15:18Enfin, la dernière étude que j'ai regardée,
00:15:196 Français sur 10 renoncent à des soins pour tout un tas de raisons.
00:15:23Donc oui, la conséquence directe, elle est là.
00:15:24Avec une précarisation de la société,
00:15:26puisqu'on est à plus de 10 millions de pauvres aujourd'hui dans notre pays.
00:15:29Donc forcément, on ne dote pas la santé.
00:15:32Je vais faire une petite boutade,
00:15:34mais vous savez, depuis deux jours, on débat des recettes.
00:15:37Parmi les trois députés que vous avez là,
00:15:39je suis le seul à défendre des nouvelles recettes.
00:15:41Et c'est un peu frustrant de ne pas se battre
00:15:43pour qu'on dote la sécurité sociale.
00:15:45La simplicité dont parlait mon collègue Vigier, je partage.
00:15:49Mais la Sécu prend tout en charge.
00:15:52C'est simple.
00:15:53Et les complémentaires interviennent sur d'autres sujets,
00:15:55comme la prévention.
00:15:56On peut imaginer d'autres interventions des complémentaires.
00:15:58Mais il ne faut jamais perdre de vue
00:15:59que tout ce qu'on fait supporter aux complémentaires,
00:16:01c'est le patient qui va le supporter.
00:16:03Donc moi, je suis pour une sécurité sociale dotée de moyens
00:16:05qui prennent tout en charge.
00:16:06– Avec quand même, moi je vous dis les choses claires,
00:16:10on ne peut pas accepter que les complémentaires
00:16:12aient augmenté de 20% leurs tarifs
00:16:13lorsque l'inflation a augmenté de 11%.
00:16:16Et qu'est-ce qu'ils payent ?
00:16:17C'est l'usager.
00:16:18Les personnes depuis 80 ans,
00:16:19ça leur coûte un mois de retraite.
00:16:22– Sur l'année.
00:16:22– Avec 20% de frais de gestion.
00:16:23Il faut qu'on se pose les bonnes questions quand même.
00:16:25Parce que j'entends, il y a le sujet des recettes.
00:16:27Et puis il y a un sujet, moi je le mets sur la table.
00:16:29Est-ce que vous savez exactement les uns et les autres
00:16:32combien vous avez coûté à la sécu dans l'année 2024 ?
00:16:35Personne ne le sait.
00:16:36Nous n'arrivons pas à faire passer ça.
00:16:38Et la deuxième chose, vous savez, on a tous des smartphones.
00:16:40– Vous dites qu'on n'arrive pas à faire passer ça.
00:16:42Je voudrais m'arrêter un instant là-dessus.
00:16:43C'est-à-dire qu'à un moment, aucun des 577 députés dans l'Assemblée
00:16:47n'a proposé un amendement pour dire, voilà, même s'ils ne payent pas,
00:16:50on va leur présenter la facture.
00:16:52– Mais ce n'est pas présenter la facture,
00:16:53c'est simplement les responsabiliser pour qu'ils sachent.
00:16:56Qu'ils sachent exactement combien, voilà, l'assurance-médiaire a pris en charge,
00:17:00vous avez mis du tout, on a pris en charge.
00:17:01Dans l'année, ça me paraît la moindre des choses.
00:17:02– On ne cotise pas pour soi, la sécurité sociale.
00:17:04– Pour tout le monde.
00:17:05– On cotise en fonction de ses moyens et on reçoit en fonction de ses besoins.
00:17:08C'est un système de solidarité.
00:17:10Donc on ne peut pas ramener le coût de la sécu à l'unité.
00:17:13– Très bien.
00:17:13– Sinon, ce n'est plus la sécurité sociale.
00:17:14– Donc là, madame, votre deuxième question,
00:17:18vous nous demandez, qu'allons-nous faire
00:17:20en nous plaçant du point de vue du patient.
00:17:25On est dans une situation, et je réponds bien à la question,
00:17:27une situation de crise du pouvoir d'achat.
00:17:29Je ne parle pas plus, parce que tout le monde connaît la situation.
00:17:32L'intérêt du patient, de le protéger,
00:17:35c'est d'éviter d'arriver à ce qui, à mon sens, est le plus grave
00:17:37dans un parcours de soins, c'est le renoncement aux soins.
00:17:40À un moment donné de ce parcours de soins.
00:17:43Et donc, ce qu'on va faire concrètement,
00:17:44ce que l'on fait déjà dans le PLFSS,
00:17:46c'est s'opposer à tout ce qui va contribuer à accroître,
00:17:49tout simplement le renoncement aux soins.
00:17:51La franchise médicale, puisque c'est ça le sujet
00:17:53que vous, vous évoquez, madame,
00:17:55la franchise médicale, il contribue, oui ou non.
00:17:58Si on répond oui, moi, en l'occurrence, je réponds oui,
00:18:01alors il faut s'y opposer.
00:18:02Et après, on trouve les solutions financières
00:18:04pour permettre d'éviter d'en arriver au pire,
00:18:07en l'occurrence, le renoncement aux soins,
00:18:09un soin, par exemple, qui serait dispensé par une pharmacie.
00:18:11Mais à cause du reste à charge, beaucoup trop élevé,
00:18:14dans cette situation où il y a une crise du pouvoir d'achat.
00:18:17Et je boucle la boucle.
00:18:18Il y a aussi des renoncements aux soins
00:18:19qui ne sont pas seulement liés à des raisons financières,
00:18:22mais aussi à des raisons territoriales et géographiques.
00:18:24Exactement.
00:18:24C'est-à-dire, vous avez des gens qui ne vont plus chez l'ophtalmo,
00:18:26parce qu'en fait, le rendez-vous, il est dans 8 mois,
00:18:28et il est à 200 kilomètres.
00:18:29Le premier renoncement, c'est la désertification médicale.
00:18:31On va passer à côté de l'histoire.
00:18:33Ça fait 10 ans qu'on essaye de renverser la table.
00:18:35Et on a même fait un groupe transpartisan là-dessus,
00:18:37parce qu'on a des sujets de régulation d'installation des médecins.
00:18:40On n'est jamais arrivés.
00:18:42Les dentistes, ça y est, c'est fait.
00:18:43Les pharmaciens, ça y est.
00:18:44Comme vous le savez, si, ça a toujours été comme ça.
00:18:46Ça fait très longtemps qu'on a eu...
00:18:48Absolument, et heureusement qu'ils sont là.
00:18:50On a un maillage qui devient de plus en plus concentré,
00:18:54justement, à cause de problèmes de désertification médicale.
00:18:56On a un maillage qui...
00:18:57Parmi les solutions...
00:18:59Non, mais simplement, pour qu'on mette les choses en parallèle,
00:19:01ou en perspective,
00:19:02le premier renoncement, c'est quand vous attendez 6 mois, 8 mois, 10 mois,
00:19:05parce qu'il y a une question qui se pose pour moi, soignant.
00:19:08Je veux qu'à tout moment,
00:19:09qu'on fasse la meilleure prise en charge de la chaîne de soins.
00:19:12C'est ça, le sujet.
00:19:13Sur un accident vasculaire cérébral,
00:19:14quand vous arrivez une heure après l'accident vasculaire,
00:19:16vous avez 40% de chance de vous en sortir convenablement.
00:19:19C'est là où il y a une inégalité très forte.
00:19:21Ce n'est pas l'affaire des 50 euros.
00:19:22Évidemment, c'est une affaire.
00:19:23Le plus important, c'est le meilleur accès aux soins possible sur tout le territoire.
00:19:27Ce qui est fou, c'est que quand on se penche sur ce sujet des déserts médicaux,
00:19:32on découvre une multitude d'initiatives locales.
00:19:35Je voudrais donner la parole à Florence.
00:19:38Florence, vous êtes ophtalmologue au Mans, en Sarthe.
00:19:41Vous voulez bien nous dire comment fonctionne le groupement pour lequel vous travaillez ?
00:19:45Voilà.
00:19:46Alors, en fait, moi je représente le groupement Ophtamen.
00:19:50Ophtamen est un groupe qui a été créé en 2019 par des ophtalmologistes,
00:19:55précurseurs dans l'organisation des soins visuels.
00:19:58Donc en fait, on a pour objectif de permettre un accès rapide et fluide à la consultation,
00:20:04de donner des rendez-vous pour toute la population d'un territoire,
00:20:08y compris dans les territoires ruraux.
00:20:10Où il n'y a pas d'ophtalmo, si on se dit les choses.
00:20:12Pardon ?
00:20:13Où on manque cruellement d'ophtalmo.
00:20:15On manque d'ophtalmo, voilà.
00:20:16Et du coup, on a pour objectif, on a trouvé une organisation
00:20:21pour permettre de donner, d'accorder aux patients un service médical de proximité.
00:20:27Alors, comment ça fonctionne ?
00:20:28En fait, l'organisation, elle est basée sur deux choses.
00:20:30Premièrement, le binôme, le travail en binôme entre orthoptiste et ophtalmologiste.
00:20:36Et deuxièmement, on a mis en place des postes avancés en ophtalmologie,
00:20:40qui sont des petites unités de consultation.
00:20:42Pardon, c'est des camions ?
00:20:43Non, c'est des cabinets d'ophtalmologie, des petites unités de consultation
00:20:47tout à fait équipées, comme des centres d'ophtalmologie classiques,
00:20:50qui sont implantés autour du Mans,
00:20:54avec une unité principale de coordination qui reste au Mans,
00:20:56et qui pilote le système.
00:20:58Donc concrètement, ça se passe comment ?
00:21:00Dans les postes avancés en ophtalmologie,
00:21:02on en a un, nos gens le retrouvent d'ailleurs,
00:21:04on en a sept,
00:21:06eh bien, dans ces PAO, postes avancés en ophtalmologie,
00:21:10en fait, c'est un orthoptiste et une secrétaire
00:21:12qui va accueillir le patient.
00:21:13Le patient va être examiné en présentiel par la secrétaire,
00:21:20puis examiné par l'orthoptiste.
00:21:22L'orthoptiste va faire recueillir les données de l'examen,
00:21:26donc l'interrogatoire, les mesures chiffrées,
00:21:29la tension oculaire,
00:21:30prendre des photos du fond d'œil,
00:21:32et remplir un dossier selon un protocole
00:21:34qu'on a organisé en coopération avec les ophtalmos.
00:21:37Et donc, cet examen, il est fait donc en présentiel avec l'orthoptiste,
00:21:42mais l'ophtalmologiste n'est pas présent à ce moment-là.
00:21:45Et secondairement,
00:21:46le dossier va être analysé,
00:21:49donc en télé-expertise,
00:21:50en différé de façon asynchrone,
00:21:51par l'ophtalmologiste,
00:21:53qui va donc analyser tous les dossiers.
00:21:55Tous les dossiers sont analysés par l'ophtalmologiste.
00:21:57Parce qu'on précise que l'orthoptiste,
00:21:58il est moins qualifié que l'ophtalmo.
00:22:00Voilà, l'orthoptiste, c'est une profession paramédicale,
00:22:02c'est une formation en trois ans.
00:22:04Alors, ces orthoptistes, ce sont nos orthoptistes,
00:22:07ce n'est pas un orthoptiste lambda,
00:22:08c'est-à-dire qu'on a vraiment un bilan...
00:22:09Et donc, une fois qu'il vous envoie son compte-rendu,
00:22:11vous, vous allez regarder s'il y a un problème sur le dossier du patient,
00:22:14vous allez repérer s'il y a un gros problème ?
00:22:18Alors, en fait, on accède au dossier médical,
00:22:21un dossier médical sécurisé,
00:22:23on va regarder ce qu'a écrit l'orthoptiste,
00:22:25qui aura passé 15 minutes avec le patient.
00:22:28Donc, il prend son temps, il est ouvert, il est disponible.
00:22:33Et nous, ophtalmologistes, on va analyser le dossier.
00:22:36Et sur ces dossiers, on va essayer...
00:22:38Il y a deux solutions.
00:22:39Soit c'est finalement un problème simple,
00:22:42c'est des lunettes,
00:22:42et à ce moment-là, l'ordonnance sera transmise directement au patient.
00:22:47Soit on va dépister une pathologie,
00:22:49puisque nous, notre but, c'est de faire du dépistage des pathologies visuelles.
00:22:53Et c'est 17 à 20% des cas.
00:22:54Donc, dans ces cas-là, le patient va être reconvoqué en présentiel avec l'ophtalmologiste.
00:23:00Est-ce qu'avec ce système, vous avez réduit les délais d'attente
00:23:03pour consulter un ophtalmo dans votre département de la Sarthe ?
00:23:06Tout à fait. Pourquoi ?
00:23:07Parce qu'en fait, ça multiplie les files actives.
00:23:09C'est-à-dire que pendant que les patients sont vus dans les différents centres,
00:23:13l'ophtalmologiste, lui, en plus, ça fait une économie de temps médical,
00:23:16parce qu'il va se concentrer sur les pathologies.
00:23:18Lui ne verra pas les cas simples, on ne voit que les cas complexes.
00:23:22Donc, grâce à ça, dans 17 à 20% des cas, on va dépister des pathologies,
00:23:26même des pathologies silencieuses, ça nous arrive tous les jours,
00:23:29des glaucomes, des tumeurs, des mélanomes choroïdiens, des DMLA, etc.
00:23:32Et grâce à ça, on arrive à, nous, à...
00:23:36Alors, le patient, soit c'est un...
00:23:38On arrive à reconvoquer le patient, de toute façon,
00:23:41soit dans les postes avancés en ophtalmologie,
00:23:43soit, si c'est plus complexe, dans l'unité centrale de coordination au Mans,
00:23:46on a des examens plus qualifiés, enfin, plus spécifiques avec du matériel.
00:23:50Alors, ça, c'est un exemple intéressant.
00:23:52Je voudrais aussi donner la parole à Jonathan Oufsi.
00:23:54Vous êtes le maire d'une commune de Seine-et-Marne
00:23:56qui s'appelle Chevry-Cocigny.
00:23:58La Seine-et-Marne, c'est un des départements les plus touchés
00:24:00par la désertification médicale, bien que ce soit pas loin de Paris,
00:24:03mais vous êtes en plein désert médical.
00:24:06Comment vous avez fait, vous, dans votre commune ?
00:24:08Alors, bonsoir à toutes et à tous,
00:24:10et merci de me laisser l'occasion de parler d'une initiative locale
00:24:14au nom de ma fonction de maire,
00:24:17parce que je crois qu'aujourd'hui, on ne peut pas parler de la santé
00:24:18sans associer les élus locaux.
00:24:20Je pense qu'il n'y a pas un des 36 000 maires de France
00:24:23qui n'a pas été sollicité à un moment par un de ses habitants
00:24:25pour dire, j'ai pas de médecin, monsieur le maire,
00:24:27qu'est-ce que vous faites pour moi ?
00:24:29Chevry-Cocigny, c'est une ville de 4000 habitants
00:24:30où il y a un pôle santé avec 4 médecins généralistes,
00:24:35enfin 5 médecins généralistes et 17 praticiens de santé
00:24:37qui sont installés...
00:24:39Alors, comment vous avez fait pour les faire venir ?
00:24:40Alors, c'est la première question que tous mes collègues
00:24:42qui viennent de Chevry-Cocigny me posent comme question.
00:24:44En réalité, je n'ai rien fait tout seul.
00:24:47Et c'est là où je pense que la question de la santé,
00:24:49et on parlait tout à l'heure de désertification médicale,
00:24:52de fractures liées à certains sujets financiers,
00:24:55mais aujourd'hui, la désertification médicale,
00:24:57elle fracture la population et les habitants sur deux sujets.
00:25:01L'accès aux soins, trouver un médecin,
00:25:03et le fait de financer la question de la santé.
00:25:06À Chevry-Cocigny, on avait un bâtiment qui était disponible,
00:25:09dans lequel on a accueilli un premier médecin généraliste,
00:25:11qui s'est installé un peu avant que je sois maire,
00:25:13dans les années 2016-2017.
00:25:16Il s'est installé, puis il y a une orthophoniste qui s'est installée,
00:25:19puis un dentiste qui était déjà dans le village,
00:25:20qui voulait quitter son domicile,
00:25:21parce que c'est aussi des modes de fonctionnement
00:25:23qu'on changeait totalement.
00:25:26Avant, il y avait beaucoup de médecins
00:25:27qui pratiquaient au rez-de-chaussée de leur habitation,
00:25:30dans laquelle ils vivaient,
00:25:31et aujourd'hui, ils ont envie de faire du soin coordonné.
00:25:34Donc l'objectif, c'était d'arriver à trouver
00:25:35plusieurs praticiens de santé
00:25:36qui vont faire de l'exercice coordonné.
00:25:38Et c'est ce qu'on a fait petit à petit,
00:25:39et c'est comme ça qu'est arrivé à naître ce projet de pôle santé.
00:25:42On a récemment accueilli le préfet de Seine-et-Marne
00:25:45et le président du département de Seine-et-Marne
00:25:47pour la pose de la première pierre
00:25:49de l'agrandissement du pôle santé.
00:25:50Et on va grandir de 300 mètres carrés
00:25:51pour accueillir de nouveaux praticiens de santé.
00:25:54Mais c'est financé sur les deniers de votre commune ?
00:25:57C'est co-financé,
00:25:58principalement par la ville,
00:26:00et c'est pour ça que c'est important, je pense,
00:26:01de laisser la parole aux élus locaux.
00:26:02C'est un projet, grosso modo, 1,7 million.
00:26:04On a 500 000 euros de subvention.
00:26:06Tout le reste, c'est financé par la ville.
00:26:08La ville de Chevry, c'est 4 000 habitants.
00:26:09Je peux vous assurer qu'il y a 1,2 million de financement.
00:26:11Vous les avez trouvés où ?
00:26:13Sous les sabots d'un cheval ?
00:26:14Vous les avez trouvés grâce aux praticiens.
00:26:16Et c'est là aussi où, moi, je veux le dire,
00:26:17et vous parliez tout à l'heure de ce qu'on fait pour nos praticiens.
00:26:20À Chevry-Cossigny, dans le pôle santé,
00:26:21qui est donc un bâtiment public qui appartient à la ville,
00:26:23les médecins payent un loyer.
00:26:25Et ils payeront demain le loyer
00:26:26qui correspond à l'emprunt que nous, on a fait
00:26:28pour faire les travaux.
00:26:30On l'a monté ensemble.
00:26:31Les médecins, ils ont choisi la couleur de leur bureau.
00:26:33Ils ont choisi la couleur du sol.
00:26:34On a travaillé ensemble, main dans la main,
00:26:36médecins, ARS, pour créer un projet de santé.
00:26:39Parce qu'il y a aussi la question de l'accès aux soins,
00:26:40du financement,
00:26:41mais il y a la question de la prévention.
00:26:42Plus on fera de prévention,
00:26:44plus on sera en amont de l'accès aux soins.
00:26:46Oui, il n'y aura pas de boîte de médicaments après.
00:26:49Exactement.
00:26:49Vous adoptez l'amendement Chevry-Cossigny ?
00:26:52C'est l'amendement de la ville de tous les jours.
00:26:53Moi, j'ai été maire de 17 ans.
00:26:55Donc, j'ai reçu une maison de santé puridisciplinaire.
00:26:57D'abord, c'est un projet médical.
00:26:58Ce n'est pas aux élus à l'écrire.
00:26:59C'est aux professionnels de santé.
00:27:01C'est ce que vous avez fait.
00:27:02Créer les meilleures conditions pour les accueillir.
00:27:04Il y a des financements qui sont là.
00:27:05Et une chose importante qui a été dite,
00:27:07parce que Madame,
00:27:08j'étais référence tout à l'heure aussi du hyalophtalmologie,
00:27:10il y a un élément nouveau qui est arrivé depuis quelques années.
00:27:13C'est ce qu'on appelle la délégation de tâches.
00:27:14C'est tout à fait l'illustration.
00:27:16Avant, le médecin faisait tout à lui tout seul.
00:27:17Ça, ce n'est plus possible.
00:27:19Donc, on délègue à des infirmières de pratiques avancées.
00:27:21On délègue à des orthopsistes.
00:27:22On délègue à des pharmaciens.
00:27:23Bref, il y a de nombreuses actes de la santé.
00:27:25On délègue aussi aux opticiens
00:27:26qui, aujourd'hui, peuvent contrôler votre vue.
00:27:28Et ça, c'est nouveau.
00:27:29Par exemple, signer des certificats de décès,
00:27:31les infirmières peuvent le faire.
00:27:32Et ça a été une bagarre de longues années
00:27:34avec l'ordre des médecins.
00:27:36Et c'est indispensable,
00:27:37parce qu'on a un sujet en 2025 en France.
00:27:40C'est que, malgré le fait qu'on ait augmenté,
00:27:42comme vous savez sensiblement,
00:27:43le numerus clausus,
00:27:44le nombre d'heures médicales disponibles
00:27:46est celui que nous avions en 1975 dans le pays.
00:27:49Voilà.
00:27:49Parce que la population a augmenté
00:27:50et que les médecins travaillent entre guillemets
00:27:52moins qu'ils ne travaillaient auparavant.
00:27:54Nathalie Coutinet, qui est l'arbitre de ce débat,
00:27:56veut apporter une précision.
00:27:57Non, effectivement.
00:27:58Le problème majeur des déserts médicaux,
00:28:00c'est le manque de médecins.
00:28:01Et ce manque de médecins,
00:28:02il résulte évidemment de politiques
00:28:04qui ont été menées pendant des années
00:28:06de numerus clausus,
00:28:07qui étaient beaucoup trop importants,
00:28:08menées avec les médecins d'ailleurs,
00:28:10les politiques de numerus clausus,
00:28:11donc de restreindre le nombre d'étudiants en médecine.
00:28:14Et il y a des études,
00:28:15notamment l'étude du ministère de la Santé,
00:28:17qui montrent que jusqu'en 2035,
00:28:19il y aura un problème de nombre de médecins,
00:28:21une densité médicale,
00:28:23et donc que cette situation va même s'aggraver
00:28:24jusqu'en 2035,
00:28:26puisque même si le numerus clausus
00:28:27est un petit peu au fait ouvert.
00:28:29Il a été triplé.
00:28:29Il y a toujours 10 ans d'études.
00:28:31On est à 10 000 par an maintenant,
00:28:32on est à 3 500 en 2001.
00:28:34Oui, mais on en verra les effets.
00:28:36que les étudiants se forment,
00:28:38parce qu'on ne devient pas médecin du jour au lendemain,
00:28:40et donc c'est estimé à 2035,
00:28:42parce qu'on a aussi,
00:28:43effectivement, il y a des médecins qui vont arriver,
00:28:44mais il y a aussi l'âge des médecins faits
00:28:48que de plus en plus vont partir à la retraite.
00:28:49Et donc ceux qui arrivent ne vont pas compenser
00:28:51ceux qui arrivent à la retraite.
00:28:53Donc évidemment, les initiatives,
00:28:55elles sont excellentes,
00:28:56mais ça ne résout pas le problème
00:28:58du nombre de médecins
00:28:59qui manquent sur le territoire.
00:29:01Il y a un deuxième problème.
00:29:03C'est-à-dire que, oui,
00:29:04il y a un problème de nombre de praticiens,
00:29:06il y a aussi un problème de répartition sur le territoire,
00:29:08et il y a aussi un problème,
00:29:10ce n'est pas un problème en soi d'ailleurs,
00:29:11il y a d'autres modes de vie.
00:29:13C'est-à-dire que moi, j'ai connu des médecins
00:29:14qui passaient leur vie à faire de la médecine,
00:29:17même médecin de campagne.
00:29:18C'est fini maintenant.
00:29:19Les gens, ils veulent vivre normalement,
00:29:20et les médecins aussi aspirent à vivre normalement,
00:29:22à peu près normalement,
00:29:23parce que je crois que quand on est médecin,
00:29:25on ne vit pas vraiment normalement tout le temps.
00:29:27Et donc ça réduit le temps médical.
00:29:28Pour revenir à l'initiative,
00:29:30pour moi, il y a énormément d'initiatives
00:29:32qui sont valables au niveau local.
00:29:34Il y a ce que vous venez de décrire.
00:29:35Moi, avant d'être député,
00:29:36j'ai travaillé sur la mise en place
00:29:37d'un centre municipal de santé
00:29:39avec des professionnels salariés,
00:29:40parce que ça peut correspondre
00:29:41à une nouvelle aspiration des professionnels.
00:29:43Il y a des maisons de santé qui fonctionnent très bien.
00:29:45Et en fait, il y a quelques mois de là,
00:29:48j'ai fait un rapport pour évaluer
00:29:50l'aide à l'installation des médecins.
00:29:52Et qu'est-ce qu'ils nous disent,
00:29:54les professionnels, unanimement ?
00:29:55D'ailleurs, l'enveloppe n'est pas toute dépensée.
00:29:57Ils nous disent,
00:29:57mais nous, ce qu'on veut, ce n'est pas de l'argent.
00:29:59Ce qu'on veut, c'est être sur un territoire
00:30:00où on peut vivre normalement,
00:30:02où on peut emmener nos enfants à l'école,
00:30:03où notre conjoint va pouvoir trouver du travail,
00:30:05où on pourra se déplacer, où on pourra habiter.
00:30:07Et donc, on s'aperçoit que les initiatives locales,
00:30:10elles prennent d'autant plus d'importance
00:30:11que c'est leur capacité à s'organiser
00:30:13et puis à aménager de cadres de vie
00:30:15qui s'installeront, en fait.
00:30:18Christophe Bentz.
00:30:19Oui, pour essayer de résoudre la situation,
00:30:22il y a beaucoup d'initiatives qui émergent
00:30:24dans le monde médical, vous, madame,
00:30:26ou dans le monde des collectivités,
00:30:27sur les territoires, vous, monsieur.
00:30:29Et généralement, elles fonctionnent bien.
00:30:30Vous, madame, en fait, vous posez la question
00:30:32de la mutualisation des compétences entre professionnels,
00:30:35des transferts ou des délégations de tâches.
00:30:38Et c'est des sujets qu'on a régulièrement,
00:30:39vous savez, à l'Assemblée,
00:30:40sur lesquels on légifère et on avance.
00:30:42Après, il y a aussi, je pense en tout cas,
00:30:43sur ce sujet-là précisément,
00:30:45des écueils à bien réfléchir, à bien anticiper.
00:30:48Parce qu'aujourd'hui, par exemple,
00:30:49si je prends les lois qui ont été votées
00:30:51de délégation de tâches des médecins généralistes
00:30:53vers d'autres professionnels,
00:30:54notamment les infirmiers,
00:30:55ça poserait, si on va trop loin,
00:30:57aussi la question de la place du médecin généraliste
00:30:59dans le parcours de soins,
00:31:01singulièrement dans l'entrée du parcours de soins.
00:31:03Quant aux collectivités,
00:31:04effectivement, il y a beaucoup de bonnes initiatives
00:31:06qui sont menées et financées par la collectivité,
00:31:09avec beaucoup d'acteurs.
00:31:10D'ailleurs, au passage,
00:31:11il n'y a pas plus tard qu'il y a 48 heures,
00:31:13je présentais un rapport précisément
00:31:14sur le rôle des collectivités territoriales
00:31:17dans le monde de la santé.
00:31:18Simplement, il y a peut-être un peu trop d'acteurs
00:31:22et parfois, moi, je vois, pardon,
00:31:24dans ma circonscription,
00:31:25des maisons pluriprofessionnelles,
00:31:27j'en ai inauguré plein,
00:31:27même des extensions,
00:31:29avec beaucoup de bureaux médicaux qui sont vides.
00:31:31Donc, en fait, la question principale,
00:31:32elle est la question de la carence
00:31:35du nombre de soignants.
00:31:35Je finis juste là-dessus,
00:31:36madame, si vous me permettez.
00:31:37La question du nombre de soignants
00:31:38et donc la question capitale centrale,
00:31:40c'est la formation des soignants.
00:31:41Voilà.
00:31:42Je voulais illustrer votre propos
00:31:44avec un reportage ce soir à Sémur-en-Aux-Soy,
00:31:46c'est en Côte d'Or,
00:31:48où il y a une des maisons France Santé.
00:31:51Vous savez que Sébastien Lecornu a promis
00:31:52qu'il y en aurait 5000 en France d'ici 2027.
00:31:56Aujourd'hui, il y en a 2500.
00:31:57Et on est allé visiter donc celle de Sémur-en-Aux-Soy.
00:32:00C'est un reportage sur le terrain
00:32:01de Baptiste Gargui-Chartier et Pierre Beretta.
00:32:06C'est une commune nichée au cœur de la Côte d'Or.
00:32:09Sémur-en-Aux-Soy, 4200 habitants.
00:32:13Il y a cinq ans à peine décroché
00:32:14un rendez-vous médical relevé du défi.
00:32:16Mais depuis, cette maison de santé
00:32:19semble avoir tout révolutionné.
00:32:21Bienvenue dans la maison de santé de Sémur.
00:32:24Audrey Hagelstein coordonne les lieux.
00:32:26Ici, 25 professionnels exercent au sein des murs.
00:32:28Médecins, podologues, psychologues, rhumatologues.
00:32:32Deux infirmières aussi.
00:32:33Coucou, les filles.
00:32:35C'est un 18h.
00:32:36D'accord.
00:32:36Comment ça va ?
00:32:37Ça va, merci.
00:32:38Ouais.
00:32:39Lorsque le projet prend forme sans détour,
00:32:41elle s'engage avec conviction.
00:32:43Là, franchement, c'est la révolution.
00:32:44On peut recevoir n'importe quelle personne.
00:32:47Et lui faire bénéficier, je dirais, d'un panel de professionnels qui est bien.
00:32:54Ça a marqué d'une pierre blanche toute l'offre de santé sur la ville.
00:33:00Chaque jour, 200 patients franchissent le seuil de l'établissement.
00:33:04Quatre fois plus qu'à l'ouverture.
00:33:06Et derrière ces chiffres, une raison qui fait toute la différence.
00:33:09Les patients mettent moins de 30 minutes pour venir avoir leur soin de n'importe quel type.
00:33:15Donc ça, c'est vraiment, vraiment indispensable.
00:33:19Indispensable.
00:33:20Et ça, Elisabeth Charles en est convaincue.
00:33:23Cette patiente de 75 ans est suivie dans cette maison depuis l'ouverture.
00:33:27Un soulagement.
00:33:28C'était une bénédiction.
00:33:30On n'est pas obligé, même pour les spécialités, d'aller à Dijon.
00:33:35Le médecin, en fait, il est parti en retraite.
00:33:36Et du coup, la maison de santé a repris notre dossier.
00:33:38Donc c'était plus facile pour nous, en sachant qu'on habitait à 5 minutes d'ici, d'avoir quelque chose de concret ici.
00:33:45Mais la maison a quand même ses limites.
00:33:47Il y a peu, cette jeune médecin a rejoint la structure.
00:33:50Et son agenda est déjà bien rempli.
00:33:53Les prochains créneaux normaux, qui ne sont pas réservés aux urgences, on en a le 4 décembre.
00:34:01Pas avant.
00:34:02Non, pas avant.
00:34:03Car l'établissement recherche un généraliste depuis le début de l'été pour compléter l'équipe médicale.
00:34:08Les créneaux se font donc plus rares.
00:34:11Maintenant qu'il y a un des médecins qui est parti, c'est un petit peu plus compliqué.
00:34:15La maison de santé, pour moi, c'est bien d'en construire plein.
00:34:18Mais on peut construire les murs, mais il faut pouvoir les remplir.
00:34:21A deux kilomètres de là, la mère est aux avant-postes.
00:34:25Tu sais où on en est actuellement du recrutement d'un médecin ?
00:34:29Trouver un médecin le plus rapidement possible, la tâche n'est pas facile.
00:34:33C'est compliqué parce que les jeunes professionnels de santé, d'abord, ils vont plutôt en ville et plutôt dans le sud que dans des territoires comme les nôtres.
00:34:42Donc il y a tout un travail à faire qui est d'expliquer que venir dans une petite ville comme la nôtre, en territoire rural, c'est des conditions de vie qui peuvent être agréables.
00:34:52Contre les déserts médicaux, Sébastien Lecornu mise sur la multiplication des maisons de santé.
00:34:58Un moyen qui, pour l'heure, ne semble pas être la solution miracle.
00:35:03Qui parmi vous a eu recours à une maison de santé ?
00:35:05Qui s'est déjà rendu à une consultation dans une maison de santé ?
00:35:09Personne.
00:35:11Moi, forcément.
00:35:11Ah oui.
00:35:13Le maire peut tomber malade aussi.
00:35:15Philippe Bugier, vous vouliez intervenir.
00:35:16Il n'y a quand même un avant-après.
00:35:17Aucune solution n'est parfaite.
00:35:20Les élus locaux sont face à un mur.
00:35:21Les premières demandes, c'est de trouver des rendez-vous.
00:35:24Donc ce maillage de maisons de santé et de centres de santé, et puis la coordination avec l'hôpital, c'est la base de tout.
00:35:30Écoutez, nous, nous sommes le département français le plus désertifié de France.
00:35:3478 praticiens pour 3 000 habitants.
00:35:36L'heure est loire.
00:35:37À 70 km de Paris.
00:35:39Eh bien, on a monté des soins non programmés du lundi au vendredi, de 17h à 19h.
00:35:43Vous n'avez pas de médecin, on s'occupe de vous.
00:35:45On arrive à le faire.
00:35:46C'est vrai que sur la formation, vous avez raison, madame.
00:35:49On est enfin à 10 000 médecins, mais je l'ai dit tout à l'heure dans mon propos.
00:35:52Les médecins s'installent de plus en plus tard.
00:35:54C'est comme cela.
00:35:55Il faut respecter leur mode de vie parce qu'ils ne veulent plus travailler 80 heures, 100 heures, comme on le faisait auparavant.
00:36:00C'est encore 54 heures par semaine, un médecin libéral.
00:36:03Oui, oui, donc quand tous ceux qui nous parlent des 35 heures ou de la retraite à 60 ans, il y a ce que je veux dire.
00:36:06Parce qu'on est bien content quand même d'avoir des médecins de 70 ans qui continuent de faire la régulation ou de faire encore des remplacements.
00:36:12On en est là.
00:36:12La vraie vie, c'est celle-là qui nous confronte à des difficultés absolument terribles.
00:36:16Donc, c'est une somme de solutions.
00:36:17Il n'y a pas une seule solution qui existe.
00:36:19Et puis, il y a une très belle initiative qu'il faut souligner.
00:36:21C'est ce qu'on appelle les médecins solidaires.
00:36:23Des gens qui acceptent d'aller passer deux mois, par exemple en Creuse.
00:36:26Moi, j'en connais qui sont à la retraite, qui commencent à le faire.
00:36:28Mais là encore, ça ne donne pas une image de rafistolage.
00:36:32Les médecins solidaires, c'est...
00:36:34Vous avez raison, mais par exemple, sur la régulation, personne, les médecins eux-mêmes ne veulent pas réguler.
00:36:38En France, vous avez 87% du territoire qui est un désert.
00:36:41Nous avons proposé modestement une chose, je ne sais pas quel est votre sentiment, avec le panel qui est devant nous.
00:36:45C'est que dans les zones surdenses, parce qu'il y a des zones surdenses,
00:36:49eh bien, on puisse mettre une nouvelle plaque lorsqu'il y a une plaque qui s'enlève.
00:36:52C'est simplement pour laisser la même densité, ce n'est pas pour la descendre.
00:36:56Eh bien, on a des difficultés.
00:36:57Alors, il y a un bien espoir qui arrive, c'est les fameux docteurs junior.
00:37:00Vous savez, c'est la quatrième interna de médecine.
00:37:01Ce qu'on appelle pour les médecines de médecine générale.
00:37:06Ils vont rentrer en place à partir du mois de septembre 2026.
00:37:08Il y en a 3 800 qui vont être projetés dans tous les territoires.
00:37:11Donc, c'est des médecins qui ont fait 4 ans d'études.
00:37:134 ans, c'est donc la dixième année d'études.
00:37:16Dixième année d'études.
00:37:17C'est une étude très, très longue.
00:37:18Avant, on était généraliste au bout de 7 ans.
00:37:20Maintenant, c'est 10 ans.
00:37:24Allez-y, monsieur le maire.
00:37:25Je voulais juste rajouter une toute petite chose.
00:37:28J'ai entendu parler de la formation.
00:37:30Et je crois qu'il y a un vrai sujet aussi pour accueillir les internes dans les territoires.
00:37:34Pas forcément pour qu'ils s'y installent.
00:37:36Typiquement, sur l'agrandissement qu'on fait à Chevry-Cossigny,
00:37:38chaque médecin généraliste aura à côté de son bureau, un bureau pour accueillir un interne.
00:37:43Cet interne n'aura pas forcément vocation à s'installer dans cette structure,
00:37:46mais à s'installer autour, dans un périmètre qu'il aura connu.
00:37:49Parce qu'il sera venu pendant plusieurs mois, voire années,
00:37:52faire ici, accueillir de la patientèle qu'il aura créée.
00:37:55Et moi, je crois aussi que nous, élus, il faut qu'on arrête avec nos frontières administratives
00:37:59qui, des fois, limitent beaucoup les choses.
00:38:00Je ne crois pas que toutes les villes de France auront une maison de santé
00:38:03avec assez et suffisamment de médecins.
00:38:06Par contre, il faut qu'on arrive à être solidaires ensemble
00:38:08sur des territoires qui ne sont pas forcément les mêmes
00:38:10que ceux sur lesquels on travaille d'habitude.
00:38:12Et je pense notamment aux intercommunalités.
00:38:13L'habitant qui habite à 15 kilomètres de Chevry-Cossigny,
00:38:16qu'il soit dans l'intercommunalité de Chevry ou pas,
00:38:19ce dont il a besoin, c'est un médecin et de pouvoir être accueilli et soigné.
00:38:22Oui, et malheureusement, vous n'allez pas pouvoir prendre les ophtalmos
00:38:24qui sont dans la Sarthe, ça fait trop loin.
00:38:28Mais dans notre organisation, ce qui est intéressant,
00:38:30c'est qu'il y a deux choses pour répondre.
00:38:32C'est que, premièrement, on n'oblige pas l'ophtalmologiste,
00:38:36je parle de ce que je connais, à se déplacer, à déménager,
00:38:39en fait, dans une région où il n'a pas forcément envie d'aller.
00:38:41Il n'y a pas une contrainte pour lui de déménager.
00:38:44Mais les patients du territoire rural sont examinés
00:38:49et le dossier est analysé.
00:38:51Et le médecin se rend deux fois par semaine.
00:38:54Il y a un médecin, en tout cas, qui se rend deux fois par semaine
00:38:58sur le territoire quand il y a besoin d'examens plus spécialisés.
00:39:01Donc, en fait, c'est l'expertise médicale.
00:39:05Tous les patients sont examinés, sont reçus.
00:39:08On ne refuse personne.
00:39:09Tous les patients bénéficient d'un examen.
00:39:11Tous les dossiers sont analysés par l'ophtalmologiste.
00:39:13Donc, c'est une délégation de tâches, oui,
00:39:17mais supervisée par l'ophtalmologiste,
00:39:18qui reste le seul à prendre des décisions,
00:39:20à décider, à prendre en charge le patient.
00:39:23Donc, on assure l'expertise.
00:39:24On assure la proximité du patient.
00:39:27Et ensuite, on assure aussi la qualité des soins,
00:39:29puisque quand il y a un problème,
00:39:32le patient va être géré de A à Z par l'ophtalmo sur le même territoire.
00:39:39Ils assurent aussi la communication.
00:39:40Vous avez vu, elle en parle très, très bien.
00:39:42Non, mais vraiment, on se faisait la réflexion.
00:39:45On porte quasiment tous des lunettes.
00:39:47On est aussi à une époque où on a besoin de beaucoup plus d'ophtalmo qu'avant
00:39:50parce qu'on abîme nos yeux sur des écrans.
00:39:53Et c'est ce qui fait aussi qu'on a un maillage des ophtalmo
00:39:56qui ne correspond plus du tout aux besoins actuels de la population, non ?
00:40:00Nous, on pense que ce n'est pas une question de nombre d'ophtalmologistes,
00:40:03mais c'est une question de répartition.
00:40:05C'est comme les médecins, en fait.
00:40:06C'est ce qu'on a dit, mais aussi d'organisation.
00:40:08Tout est dans l'organisation.
00:40:09Parce qu'en fait, si on compare à ce qu'il y a...
00:40:11Moi, ça fait 20 ans que je suis installée.
00:40:12Si je compare par rapport à la situation il y a 20 ans,
00:40:14lors de mon installation, c'est plus du tout la même chose.
00:40:18Les moyens techniques ont beaucoup évolué.
00:40:20Les machines ont beaucoup évolué.
00:40:21Mais justement, ça devrait aller plus vite.
00:40:23Est-ce qu'il y a 20 ans, vous mettiez 8 mois pour avoir un rendez-vous chez vous, par exemple ?
00:40:28Alors, oui, dans la...
00:40:30Oui ?
00:40:31Parce que moi, j'ai toujours été...
00:40:32C'est un vieux problème.
00:40:34Vous savez comment ils font, les gens, pour avoir des lunettes, maintenant ?
00:40:38Ils ne vont plus chez l'ophtalmo, d'abord.
00:40:39Ils achètent des lunettes à la pharmacie ?
00:40:41Ou alors, parfois, ça coûte un peu cher d'aller chez l'ophtalmo,
00:40:43quand il y a des dépassements.
00:40:44Non, non, ils vont chez l'opticien, ils se font mesurer les yeux,
00:40:47et ils font faire une ordonnance par leur médecin généraliste.
00:40:48Il y a des règles.
00:40:49Et ça veut dire que c'est une forme de renoncement aux soins,
00:40:51parce que s'il y a des pathologies plus importantes,
00:40:54eh bien, le professionnel ne le voit pas,
00:40:56mais pour un certain...
00:40:57Moi, chez moi, dans ma circonscription, c'est comme ça que ça se passe,
00:40:59les gens n'ont pas le choix.
00:41:00Le seul moyen d'avoir des lunettes,
00:41:02c'est de se faire prescrire par son médecin généraliste.
00:41:03Mais ça a l'air de vous scandaliser, mais pardon !
00:41:05Oui, ça me scandalise.
00:41:07C'est-à-dire que si, à un moment donné, vous avez un problème de cœur
00:41:09et que vous allez voir un pneumologue, ça va poser problème.
00:41:11Oui.
00:41:11Il faut mieux aller voir le bon professionnel
00:41:14pour les bonnes pathologies ou supposées pathologies.
00:41:16Pour les bonnes pratiques aussi.
00:41:17Monsieur, je suis tout à fait d'accord avec vous,
00:41:19parce que tous les patients viennent consulter
00:41:21ou veulent avoir un examen chez l'ophtalmologiste
00:41:23parce qu'ils disent tous, je viens pour des lunettes.
00:41:26Mais en fait, les lunettes, c'est juste un examen
00:41:28qu'on appelle ça de la réfraction.
00:41:30Ça sert, c'est le premier temps de l'examen visuel.
00:41:32Et en fait, nous, notre objectif,
00:41:34c'est de faire du dépistage et de la prise en charge
00:41:36de pathologies, notamment silencieuses,
00:41:38qui peuvent arriver à des catastrophes
00:41:40si on ne les a pas dépistées à temps.
00:41:41Et je rebondis sur cette histoire de coût.
00:41:44En fait, si on dépiste les pathologies à un stade tardif,
00:41:46ça coûte beaucoup.
00:41:47Bien sûr !
00:41:48Ah, mais bien sûr !
00:41:49Je voulais passer également,
00:41:50je voulais donner la parole à Sophie également.
00:41:53Vous vouliez prendre la parole.
00:41:54Je voulais parler des territoires
00:41:55parce qu'on a beaucoup de clichés.
00:41:57Et moi, j'habite Paris-Centre.
00:41:59On est 100 000 sur le papier.
00:42:01Donc Paris-Centre, c'est le premier,
00:42:02deuxième, troisième, quatrième arrondissement en Paris.
00:42:05Hyper privilégié et hyper fréquenté également.
00:42:08Donc il y a beaucoup de gens qui apprécient
00:42:09de pouvoir se consulter ou se faire suivre
00:42:12pour des soins à côté de leur travail.
00:42:15Et donc ça fait exploser la chalandise.
00:42:18Or, pour trouver un médecin en secteur 1,
00:42:22c'est une mission impossible.
00:42:24La mairie est alertée et...
00:42:26Secteur 1, on rappelle que c'est des médecins
00:42:28qui pratiquent un tarif sans dépassement d'honoraires.
00:42:30Je précise pour le...
00:42:31La grande justification donnée par tous les soignants,
00:42:34parce qu'il n'y a pas que les médecins,
00:42:35il y a aussi les kinés,
00:42:37tous ces gens-là qui sont essentiels
00:42:39au maintien à domicile des personnes vieillissantes.
00:42:42Donc les parisiennes et les parisiens aussi vieillissent,
00:42:44sont handicapés, ont besoin d'avoir des kinés
00:42:47ou d'avoir des soins réguliers.
00:42:49Or, un kiné s'est remboursé 16 euros à peu près,
00:42:52en secteur 1.
00:42:55Donc un kiné, s'il n'est pas propriétaire de son cabinet,
00:43:01c'est impossible qu'il s'y retrouve.
00:43:02Donc il faut les comprendre à cause des conditions d'exercice.
00:43:07Paris Saint se désertifie en secteur 1.
00:43:09Et c'est un truc qui passe complètement sous les radars.
00:43:13Alors je n'ose même pas imaginer comment ça se passe en province.
00:43:15et on doit également sortir de Paris Saint,
00:43:18aller en banlieue des fois pour avoir accès aux soins en secteur 1.
00:43:22Voilà où on en est.
00:43:23Alors on ne sait pas comment ça se passe.
00:43:24Vous-même, ça vous est arrivé de renoncer à des soins ?
00:43:27Ça vous est arrivé de renoncer à des soins ?
00:43:30Ou les personnes en situation de handicap
00:43:31qui ont des problèmes de mobilité,
00:43:33parce qu'à Paris Saint, on ne peut pas rouler en voiture,
00:43:34donc forcément c'est compliqué de venir chercher une personne en fauteuil.
00:43:38C'est toute une accumulation de contextes
00:43:40qui fait que même des territoires hyper privilégiés sur le papier,
00:43:43en fait l'ARS, je ne sais pas qui décide,
00:43:45nous, on est obligés de partir de notre territoire
00:43:49quand on est handicapé ou invalide.
00:43:53Et ce n'est pas normal, quoi.
00:43:54C'est l'accès aux soins qui est impossible,
00:43:57c'est mal géré, on voudrait que ça change.
00:44:01En fait, c'est le professionnel qui...
00:44:02Juste sur le secteur 1, secteur 2,
00:44:04je suis un des co-auteurs de la mission d'évaluation sur les...
00:44:06Sur les dépassements de horaires.
00:44:07Sur les dépassements de horaires.
00:44:09Vous avez raison, c'est un vrai problème, l'accès au secteur 2.
00:44:11Renforcé, facilité par le docteur junior.
00:44:15Avant, c'était deux ans chef ou chef-adjoint de clinique, je crois, c'est ça.
00:44:19Et maintenant, il n'y a plus qu'un an.
00:44:20Mais le problème, c'est que 75% des spécialistes,
00:44:22maintenant, s'inscrivent en secteur 2.
00:44:24Alors la moitié, c'est contrat avec l'ACNAM,
00:44:26donc sous Optam,
00:44:27et l'autre moitié, c'est secteur 2 hors Optam.
00:44:30Donc une certaine liberté tarifaire.
00:44:32Et on a vu dans les cartes, effectivement,
00:44:34qu'à Paris, c'est là où il y a le plus gros dépassement d'honoraires.
00:44:37Et on est à plus de 150%.
00:44:39Et donc ça, c'est un renoncement aux soins,
00:44:42ça produit un renoncement aux soins qui est terrible.
00:44:44Vous voulez réagir, Philippe Vigier et Christophe Benzou ?
00:44:46Non, mais si, je ne peux pas dire le contraire.
00:44:48Moi, j'ai fait les rapports sur la désertification médicale,
00:44:50je prenais souvent l'exemple du 18e, du 20e,
00:44:52ne serait-ce que pour aller voir des généralistes,
00:44:54mais si on a autant de dépassements d'honoraires,
00:44:56on va dire les choses clairement.
00:44:5730 euros de la consultation médicale.
00:45:03Regardez, vous avez des actes paramédicaux
00:45:04qui vous coûtent 50, 60 euros.
00:45:06Est-ce qu'ils sont payés ?
00:45:07Parce que, je suis désolé, ça peut durer 5 minutes ou 10 minutes,
00:45:10mais ça peut durer 3 quarts d'heure.
00:45:11Excusez-moi, mais quand on regarde les revenus des médecins,
00:45:14quand on regarde les revenus des médecins,
00:45:16et en particulier des spécialistes
00:45:19qui font les plus gros dépassements d'honoraires,
00:45:21je pense que les revenus, comparés à la moyenne...
00:45:23Je viens de parler des généralistes.
00:45:24Les spécialistes, ils n'est pas à 30 euros, madame.
00:45:26Ils sont en secteur 1, ils sont en secteur 1.
00:45:26Mais ceux qui sont en secteur 2, il y a bien leur vie.
00:45:28Attendez, je vous ai parlé des généralistes.
00:45:30Les généralistes, ils sont à 80%, comme vous le savez, en secteur 1.
00:45:34Donc ceux-là, ils sont à 30 euros la consultation.
00:45:36Lorsque vous avez passé 30 ou 30 patients dans la journée,
00:45:39je vous assure que le soir, franchement, pour bien les connaître,
00:45:41pour avoir travaillé avec eux pendant de longues années,
00:45:43c'est difficile.
00:45:44Mais ils ont aussi d'autres rémunérations en plus.
00:45:46Comment ?
00:45:46Ils ont d'autres rémunérations.
00:45:48Oui, enfin, pour autant, on ne va pas dire
00:45:50que c'est absolument extraordinaire...
00:45:52Mais le revenu...
00:45:52Il faut voir le...
00:45:53Bien qu'on compare avec d'autres spécialités
00:45:56sur lesquelles il y a des placements d'honoraires,
00:45:57comme le dit Yannick Maudet,
00:45:58qui ont d'ailleurs beaucoup explosé ces dernières années.
00:46:01C'est ça, le sujet.
00:46:02Et puis, c'est très bien, on se dirige de plus en plus
00:46:04vers la télémédecine, la téléradiologie.
00:46:06Il va falloir qu'on l'encadre à un moment,
00:46:07parce qu'il y a un sujet dont on ne parle pas.
00:46:08C'est la financiarisation de la médecine
00:46:10avec les grands groupes qui sont derrière
00:46:11et qui sont en train de tout tenir.
00:46:14Moi, je ne suis pas persuadé qu'un professionnel
00:46:15doit être derrière un écran toute la journée.
00:46:17Je pense qu'il faut voir du patient,
00:46:18parce qu'il y a un échange direct avec son patient.
00:46:21Donc, il va falloir faire des régulations là-dessus.
00:46:22Vous savez d'où vient le secteur 2, en fait.
00:46:24Et ça reboucle avec ce que j'ai dit au départ.
00:46:26En fait, le secteur 2, c'est Raymond Barre en 1980.
00:46:29Oui.
00:46:29Puisqu'il y a un problème de tarification, effectivement,
00:46:32de la médecine, puisqu'on est sur une nomenclature tarifaire
00:46:35qui est relativement faible et un peu particulière.
00:46:37Et donc, plutôt que de doter de la sécurité sociale
00:46:39de moyens suffisants pour payer correctement
00:46:41les professionnels de santé,
00:46:42on a dit, écoute, on va créer un secteur 2
00:46:43où vous aurez le droit de faire des dépassements d'endroits
00:46:45pour vous rémunérer.
00:46:47Et ça vient de ça, le secteur 2.
00:46:48Donc, la solution, une des solutions pour moi,
00:46:51c'est de doter la sécu et de rémunérer correctement
00:46:54les professionnels.
00:46:55Je crois que vous, vous êtes favorable
00:46:56au salariat des médecins.
00:46:57Je suis favorable, bien sûr,
00:46:59mais je ne suis pas contre le reste.
00:47:01Ça répond à une demande aussi
00:47:02des professionnels de santé et le salariat.
00:47:04Ça vous met en colère ?
00:47:05Non, moi, je suis favorable à la liberté.
00:47:07Ceux qui veulent être libéraux sont libéraux.
00:47:10Ceux qui veulent être salariés sont salariés.
00:47:11D'ailleurs, de plus en plus,
00:47:12même dans les centres de santé,
00:47:14il y a souvent des médecins qui sont salariés
00:47:15jusqu'à 17h, et à partir de 17h30,
00:47:17ils demandent d'avoir une activité libérale.
00:47:19Et d'ailleurs, de plus en plus,
00:47:21il faut que le secteur public et le secteur privé
00:47:22se parlent, se croisent, se voient
00:47:24et travaillent ensemble, plus encore qu'ils ne le font.
00:47:26Je suis contre la liberté du renard dans le poulailler.
00:47:29Christophe Benz, vous vouliez intervenir sur ce point ?
00:47:31Oui.
00:47:32Madame, vous posez la question territoriale.
00:47:34D'abord, sur la question des conventionnements,
00:47:37il n'y a pas qu'à Paris,
00:47:38dans les zones rurales comme chez moi,
00:47:41aussi, il y a des médecins,
00:47:43des praticiens secteur 1
00:47:44qui vont se déconventionner,
00:47:46secteur 2 ou 3.
00:47:47Il n'y a pas qu'à Paris,
00:47:47et on est tous touchés,
00:47:49pas de la même manière,
00:47:50mais on est tous touchés au final.
00:47:52Vous posez aussi,
00:47:53en deuxième point,
00:47:55la question de l'accès aux soins.
00:47:56Je rappelle toujours que dans l'accès aux soins,
00:47:57il y a accès aux soins d'accessibilité
00:47:59et qu'il y a des particularismes de personnes
00:48:02parce que certaines personnes,
00:48:04notamment les personnes âgées,
00:48:05mais pas que,
00:48:05peuvent avoir des problèmes de mobilité,
00:48:07de capacité de déplacement.
00:48:09Elles peuvent avoir des problèmes d'isolement aussi.
00:48:11Alors, je sais qu'en zone rurale,
00:48:12c'est très fort comme problématique d'isolement
00:48:15parce qu'on n'a plus les enfants,
00:48:16la famille n'est plus...
00:48:17On n'a plus de proches,
00:48:17on est totalement isolés,
00:48:18donc on a du mal à accéder aux soins.
00:48:20Et les visites à domicile ?
00:48:22Les avis de soins à domicile,
00:48:23tout est défaillant.
00:48:25Pourquoi ?
00:48:27Et c'est là où je pense qu'on a une vraie réponse à apporter.
00:48:29Pourquoi aujourd'hui est-ce que ça ne fonctionne pas ?
00:48:32Précisément parce que les décideurs,
00:48:33une partie des décideurs,
00:48:34pour être précis,
00:48:35les décideurs en matière de santé
00:48:36sont des gens qui sont déconnectés
00:48:38des réalités,
00:48:39des particularités très locales.
00:48:42Est-ce qu'on est en territoire urbain,
00:48:43rural, montagneux, littoral ?
00:48:44On a 577 députés à l'Assemblée nationale
00:48:46qui viennent de toute la France.
00:48:48Donc chacun connaît justement le maillage
00:48:50et les particularités locales.
00:48:51Donc vous dites,
00:48:52on a des décideurs qui ne sont pas au courant.
00:48:53Mais vous, vous êtes les décideurs.
00:48:55Non, non, non.
00:48:56Les acteurs de la santé,
00:48:56non, non, on fait les lois.
00:48:58Les décideurs,
00:48:59je pensais naturellement aux agences régionales de santé,
00:49:00n'ont pas ou peu connaissance
00:49:02des réalités locales ou locales,
00:49:04si vous me permettez,
00:49:04territoriales.
00:49:05C'est précisément ce que je disais.
00:49:09Alors, s'il y a Marie qui veut intervenir,
00:49:10Marie, vous êtes sage-femme.
00:49:12Voilà, alors justement,
00:49:13moi je vis de plein fouet
00:49:15les décisions locales de l'ARS,
00:49:17puisque je suis sage-femme
00:49:18et jusqu'au 31 octobre,
00:49:19j'étais salariée de la maternité des Lilas,
00:49:22qui, je pense, vous le savez,
00:49:23vient de fermer.
00:49:24Qui vient de fermer.
00:49:25Voilà, alors moi,
00:49:26je ne peux pas m'enlever de la tête
00:49:28que cette fermeture,
00:49:29c'est de la responsabilité des politiques françaises.
00:49:32Vous l'avez dit, je crois, monsieur,
00:49:34la tarification à l'activité
00:49:35qui a été mise en place en 2004-2005,
00:49:37je crois,
00:49:38je te plaisine.
00:49:38Voilà.
00:49:38A décider, aujourd'hui,
00:49:42on privilégie l'acte plutôt que le soin.
00:49:44C'est-à-dire que je passe 12 heures de ma nuit
00:49:46à m'occuper d'une patiente qui va accoucher.
00:49:49Ça rapporte autant que 5 minutes.
00:49:52On est dans une dynamique de rentabilité.
00:49:54Vous le savez,
00:49:55il faut qu'on fasse du chiffre,
00:49:56il faut qu'on rentabilise les lits,
00:49:59il faut qu'on rentabilise les séjours.
00:50:01Et donc, dans tout ça,
00:50:02c'est les patients qui pâtissent
00:50:03et les soignants aussi.
00:50:05On ferme des maternités à taille humaine,
00:50:06on ferme des maternités
00:50:07qui sont...
00:50:08Alors, pour ma part,
00:50:09des maternités de proximité aussi.
00:50:11Le 93, c'est quand même
00:50:13le département de France métropolitaine
00:50:14qui a le plus de nombre de naissances.
00:50:16Bon, malgré la baisse qui existe,
00:50:18OK, mais ça ne suffit pas à expliquer ça.
00:50:20Le maire de la ville était très impliqué
00:50:22dans notre survie.
00:50:23Ça n'a pas suffi.
00:50:24Et donc, on fait ça au profit
00:50:26de grosses structures hospitalières
00:50:28qui doivent absorber
00:50:30toutes ces maternités qui ferment.
00:50:34Et quand on pense aujourd'hui
00:50:36que la première cause de mortalité maternelle,
00:50:38c'est le suicide,
00:50:39je pense qu'il y a clairement...
00:50:40Dans l'année qui suit la naissance.
00:50:41Voilà, dans l'année qui suit la naissance,
00:50:43clairement, une relation de cause à effet.
00:50:45Quelle est votre question ?
00:50:46Quelle question vous vouliez poser aux députés ?
00:50:48Moi, je suis en colère.
00:50:50Comment ne pas brader la santé des femmes aujourd'hui ?
00:50:52Comment leur donner un moyen d'accès aux soins ?
00:50:54Quand on pense que le rapport sénatorial de 2024
00:50:56dit qu'il faut plus de soignants,
00:50:59plus de réorganiser l'offre...
00:51:01Enfin, le parcours de soins autour de la maternité
00:51:04en fonction des besoins
00:51:06et non en fonction de l'activité,
00:51:08comment aujourd'hui,
00:51:10alors que l'Académie de médecine le dit également,
00:51:12il faut revoir les décrets de périnatalité
00:51:13qui date de 1998,
00:51:14qu'est-ce qu'on fait concrètement aujourd'hui
00:51:16pour la santé des femmes ?
00:51:17Parce que pour moi, aujourd'hui,
00:51:18la politique française est en train de brader
00:51:20cette santé-là.
00:51:21Merci.
00:51:21Christophe Benz, vous avez levé la main.
00:51:25Parce que ce que vous dites me fait penser
00:51:27à une autre, je crois que c'était madame,
00:51:29problématique que vous souleviez,
00:51:30vous disiez finalement,
00:51:31on ne manque pas tant de praticiens,
00:51:32c'est plutôt une question de répartition, etc.
00:51:34Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous.
00:51:35On a quand même un manque de praticiens en nombre.
00:51:37On a une carence du nombre de soignants
00:51:39proportionnellement aux besoins en santé.
00:51:42L'offre n'est pas adaptée aux besoins.
00:51:44Et pour plusieurs raisons,
00:51:46mais pour une raison principale,
00:51:47le vieillissement, naturellement,
00:51:49qui accroît les besoins en soins.
00:51:53Et parce que,
00:51:56pour des raisons générationnelles,
00:51:57on va le dire publiquement,
00:51:58pour des raisons générationnelles,
00:51:59les praticiens d'hier n'ont pas les mêmes pratiques
00:52:01que les praticiens de demain,
00:52:03d'aujourd'hui et de demain.
00:52:04Je m'explique.
00:52:05Aujourd'hui, pour remplacer un médecin
00:52:07qui va partir à la retraite,
00:52:08ce n'est pas 1 ou 1,2 ou 1,5 médecin
00:52:10qu'il faut pour le remplacer,
00:52:12mais 2, voire 2,3.
00:52:13C'est-à-dire qu'en fait,
00:52:15puisque le temps de travail réduit
00:52:17pour ces praticiens,
00:52:17eh bien, on a en fait besoin du double
00:52:20en termes de renouvellement et de formation.
00:52:23À ceci près,
00:52:24ce que je disais tout à l'heure,
00:52:25on a de la technologie...
00:52:26Il faut un micro.
00:52:27Pardon ?
00:52:27Oui, je ne voyais pas votre micro,
00:52:28pardonnez-moi.
00:52:29À ceci près que,
00:52:30comme on disait tout à l'heure,
00:52:31les moyens technologiques se sont améliorés
00:52:33et aussi qu'on arrive justement
00:52:35à créer des coopérations
00:52:37avec différents professionnels
00:52:38basés sur la délégation de tâches.
00:52:42Mais moi, je suis tout à fait d'accord
00:52:44qu'il faut absolument garder le contrôle,
00:52:46on est d'accord, de cette organisation.
00:52:49Stéphanie, vous voulez prendre également la parole.
00:52:50Stéphanie, vous êtes infirmière.
00:52:52Alors oui, moi, je suis infirmière
00:52:53et je vais intervenir en tant qu'un peu ovni.
00:52:58Personne n'est un ovni, Stéphanie.
00:53:00Je suis infirmière,
00:53:01je suis mariée avec un médecin de campagne.
00:53:03Mon père était médecin de campagne.
00:53:04Donc effectivement,
00:53:05la manière dont mon père exerçait,
00:53:07dont mon mari exerce
00:53:08et dont je vois les nouveaux praticiens,
00:53:10les internes,
00:53:11qu'encadre mon mari,
00:53:12je vois bien que ce n'est plus du tout
00:53:16la même mentalité.
00:53:17Qu'est-ce qui est différent ?
00:53:18Je l'entends, je ne critique pas,
00:53:21mais c'est vrai que les nouveaux médecins,
00:53:22c'est vrai qu'ils ont droit à une vie.
00:53:24Moi, je veux dire que mon père...
00:53:25À laquelle votre père n'a pas eu droit, peut-être ?
00:53:27Oui, je pense qu'il...
00:53:28C'est un peu un ovni aussi,
00:53:30mais je pense que c'est...
00:53:33Nous avons la famille docteur extraterrestre.
00:53:35Exactement.
00:53:37Je vais vous parler en clinguant.
00:53:38Non, mais ce que je veux dire,
00:53:39c'est...
00:53:40Je trouve ça hallucinant.
00:53:45Quand on est médecin,
00:53:46c'est comme si vous me disiez
00:53:47je vais être couvreur
00:53:48et puis arrivé au pied du mur,
00:53:50vous vous dites
00:53:51ah ouais, mais non, j'ai le vertige.
00:53:53Au-delà d'un certain seuil,
00:53:54j'ai le vertige.
00:53:55Ben non.
00:53:56Quand on fait infirmière,
00:53:57on le sait qu'on va avoir
00:53:58des week-ends qui seront pris,
00:54:00des fêtes de famille qui seront prises,
00:54:01des jours fériés.
00:54:03Je ne dis pas que c'est un...
00:54:04Vous voulez dire que la...
00:54:05C'est exactement la question
00:54:06que j'allais vous poser.
00:54:07Est-ce que vous voulez dire
00:54:07que la jeune génération
00:54:08a moins cette idée de sacerdoce ?
00:54:12C'est peut-être une histoire de...
00:54:13Je ne sais pas,
00:54:14mais c'est vrai que c'est une...
00:54:15Moi, j'ai toujours eu dans l'esprit
00:54:17que c'était une profession
00:54:19qu'on embrassait
00:54:20avec les désagréments
00:54:22que ça comportait.
00:54:23Je ne dis pas mourir au travail, non.
00:54:26Mais voilà.
00:54:27Ensuite, je trouve que les médecins
00:54:28sont parfois arc-boutés
00:54:30sur leur position,
00:54:32sur leur...
00:54:34Pourquoi ne pas déléguer
00:54:34à des infirmières
00:54:35en pratique avancée ?
00:54:37Ah, vous touchez
00:54:38au corporatisme des médecins ?
00:54:40Ben oui,
00:54:40et pourtant,
00:54:41je suis marie avec un, mais...
00:54:42Et vous êtes la fille d'un ?
00:54:43Aussi, oui.
00:54:45Mais à un moment,
00:54:47il faut travailler
00:54:47en bonne intelligence.
00:54:48Je ne dis pas
00:54:49qu'une infirmière
00:54:49en pratique avancée
00:54:50va remplacer le médecin.
00:54:53Ce que j'ai entendu
00:54:54il n'y a pas si longtemps
00:54:55et qui...
00:54:57Notamment avec les piqûres.
00:54:58Pardon ?
00:54:59Il en a été question récemment
00:55:01quand on a délégué
00:55:02aux infirmières
00:55:03certaines pratiques
00:55:04qui étaient réservées
00:55:04encore jusqu'à récemment
00:55:05aux médecins.
00:55:06Ah oui, alors l'épée du cœur,
00:55:07oui, ça arrive.
00:55:09C'est quand même
00:55:09un peu coton
00:55:10parce que quand vous avez
00:55:11un patient diabétique,
00:55:12un pied diabétique,
00:55:12ce n'est pas le pied
00:55:13de tout le monde non plus.
00:55:14Donc, après avoir
00:55:15avec les assurances...
00:55:16Répondre peut-être.
00:55:17Moi, je voudrais juste répondre
00:55:18à la question
00:55:19par rapport aux médecins.
00:55:20Il y a quand même
00:55:21une augmentation
00:55:21du taux de suicide
00:55:22également chez les étudiants
00:55:24en médecine
00:55:24et je pense peut-être
00:55:25que si on veut
00:55:28il faut qu'on nous en donne
00:55:28les moyens.
00:55:29Également, ne pas travailler
00:55:30dans des usines hospitalières.
00:55:32Enfin, je veux dire,
00:55:33je pense que le médecin
00:55:35aujourd'hui
00:55:35ou le soignant aujourd'hui,
00:55:36s'il a envie d'avoir
00:55:37une vie à côté,
00:55:38c'est justement
00:55:39pour préserver sa santé.
00:55:40Après, on peut débattre
00:55:42là-dessus,
00:55:42mais de façon à ce que
00:55:44tout le monde puisse avoir
00:55:45une bonne prise en charge,
00:55:47il faut soigner les soignants,
00:55:48comme le disait
00:55:49Madame au début,
00:55:50il faut soigner les soignants
00:55:51pour qu'on puisse
00:55:52soigner les patients derrière.
00:55:56Stéphanie n'avait pas
00:55:56terminé sa question.
00:55:57Non, non,
00:55:58je suis tout à fait
00:55:59d'accord avec toi.
00:56:00Oui, c'est vrai
00:56:00qu'il faut que les soignants
00:56:03puissent avoir une vie.
00:56:05Je ne leur dénie pas
00:56:05le droit.
00:56:06C'est juste
00:56:08qu'il y a un moment,
00:56:08il faut aussi...
00:56:09Et si, effectivement,
00:56:10il y a autant
00:56:10d'étudiants en soins
00:56:13qui se suicident
00:56:13ou qui abandonnent,
00:56:15c'est parce qu'on arrive
00:56:16aussi dans des lieux
00:56:18de stage.
00:56:18Pardon, mais moi,
00:56:19j'ai fait mes études
00:56:20il n'y a pas longtemps
00:56:20et dans des lieux
00:56:21de stage qui ne sont
00:56:22pas bienveillants.
00:56:24On est considéré
00:56:25comme des infirmières
00:56:26tout en n'en ayant pas
00:56:27les responsabilités
00:56:28ni le statut.
00:56:29C'est un peu comme
00:56:30ça m'arrange.
00:56:30Quand ça t'arrange,
00:56:31non.
00:56:33Et moi, je me permets
00:56:34de rebondir sur le bien-être
00:56:36du soignant.
00:56:37Moi, pour avoir rejoint,
00:56:39il n'y a pas longtemps,
00:56:39j'ai exercé un peu seule.
00:56:43Auparavant,
00:56:43j'ai rejoint un groupe
00:56:44de jeunes...
00:56:45Est-ce que vous êtes mieux
00:56:46en groupe ?
00:56:47Beaucoup mieux
00:56:48parce que je pense
00:56:48que ce qui est très important,
00:56:50c'est effectivement
00:56:50de lutter contre
00:56:52l'isolement du soignant
00:56:53et de ne pas avoir
00:56:54tout sur ses propres...
00:56:55Alors, l'émission
00:56:56va toucher à sa fin.
00:56:57Je vous donne maintenant
00:56:58la parole à chacun.
00:56:59Philippe Vigier.
00:57:01Il y a une chose
00:57:02qui s'est lancée
00:57:04depuis 10 ans
00:57:05qui est formidable,
00:57:06c'est les fameuses
00:57:06communautés professionnelles
00:57:08territoriales de santé
00:57:08qui permettent de regrouper
00:57:09tous les professionnels
00:57:10et qui sont en lien.
00:57:12À l'hôpital,
00:57:13moi, j'étais interne
00:57:13pendant 5 ans,
00:57:15on était avec le staff
00:57:15du lundi matin,
00:57:16on voyait les dossiers
00:57:16avec tous les praticiens.
00:57:18Là, les médecins
00:57:19ne sont plus seuls,
00:57:20les infirmières ne sont plus seuls.
00:57:21C'est une chaîne
00:57:22qui s'organise.
00:57:23J'entendais, madame,
00:57:23ce que vous disiez
00:57:24pour la maternité,
00:57:24mais on a aussi des sujets.
00:57:26Moi, j'ai le même problème
00:57:27chez moi.
00:57:28Vous trouvez, vous,
00:57:285 gynécos
00:57:29qui veulent faire
00:57:29les 24-24 ?
00:57:31Comment je fais ?
00:57:32Est-ce que je trouve
00:57:32des anesthésistes réanimateurs ?
00:57:34Il y a des spécialités médicales,
00:57:35il faut oser le dire,
00:57:36où on manque cruellement
00:57:37des professionnels.
00:57:38Cruellement.
00:57:39Regardez,
00:57:39au cassement de l'internat,
00:57:40ce qu'on appelle
00:57:41l'examen national classant,
00:57:42les premiers qui prenaient
00:57:44anesthésie, réanimation,
00:57:45c'est terminé,
00:57:46ils ne les prennent plus.
00:57:47Parce qu'aussi,
00:57:47il y a eu une évolution sociétale,
00:57:49ils veulent aussi
00:57:49avoir une vie plus agréable
00:57:51que ceux qui sont passés par là
00:57:53n'ont pas de vie,
00:57:53il faut le reconnaître
00:57:54humblement.
00:57:54Et ils ont le droit
00:57:55d'avoir des familles,
00:57:56ils ont le droit
00:57:57de faire autre chose.
00:57:58J'allais rebondir aussi
00:57:59sur ce sujet, madame,
00:58:01que vous connaissez bien
00:58:01avec un père
00:58:02et un mari médecin.
00:58:04Mais oui,
00:58:06les jeunes générations
00:58:07de médecins
00:58:07ne veulent plus faire
00:58:08de leur profession
00:58:10un sacerdoce,
00:58:11selon le point de terme,
00:58:11pour leur vie.
00:58:12Oui, mais il n'y a pas
00:58:13de tabou.
00:58:14J'ai auditionné
00:58:15à plusieurs reprises
00:58:15les jeunes étudiants
00:58:16en médecine,
00:58:17les jeunes internes,
00:58:18les jeunes médecins,
00:58:19ils le disent
00:58:20et l'assument aujourd'hui
00:58:21en disant
00:58:21on veut avoir une vie.
00:58:23C'est souvent la formule
00:58:23qu'ils emploient.
00:58:24Ce qu'il faut faire,
00:58:26c'est ne pas apporter
00:58:26de jugement moral.
00:58:27Surtout pas.
00:58:28Il faut faire avec.
00:58:29Non, parce qu'on ne va pas
00:58:30créer un nouveau fossé générationnel.
00:58:32Non, bien sûr que non.
00:58:33Il faut faire,
00:58:33il faut prendre acte,
00:58:35il faut prendre cela
00:58:36comme une donnée
00:58:36et faire évoluer
00:58:38le système pour l'adapter.
00:58:39Et c'est un peu
00:58:40le rôle du politique
00:58:40de faire évoluer
00:58:41les lois en la matière.
00:58:42Yannick Monnet.
00:58:43Oui, et pour faire évoluer
00:58:43les lois,
00:58:44il faut avoir une orientation.
00:58:45Il y a une chose
00:58:46dont on n'a pas parlé,
00:58:46je veux finir là-dessus,
00:58:47parce qu'on a parlé
00:58:48beaucoup de médecine de ville,
00:58:49mais la question de l'hôpital
00:58:50public a été posée.
00:58:52C'est le cœur
00:58:52de notre santé,
00:58:53l'hôpital.
00:58:53Aujourd'hui,
00:58:54il manque 2,8 milliards
00:58:55à l'hôpital.
00:58:57Donc, si on ne règle pas
00:58:58cette question
00:58:59des moyens dédiés
00:59:00à l'hôpital
00:59:00qui a été mis à genoux
00:59:02par la tarification,
00:59:02parce que vous avez
00:59:03totalement raison.
00:59:04Et on l'a vu
00:59:05dans les hôpitaux de proximité.
00:59:06Les hôpitaux de proximité,
00:59:07pourquoi ça fonctionne aujourd'hui ?
00:59:08C'est parce qu'on finance
00:59:10au forfait
00:59:10sur plusieurs années.
00:59:11Financement pluriannuel,
00:59:12ce qui laisse le temps
00:59:13et les salariés
00:59:14s'en trouvent mieux.
00:59:16Donc, je pense qu'on a besoin
00:59:17de sauver l'hôpital public
00:59:18dans notre pays.
00:59:19Ne croyons pas
00:59:19que c'est quelque chose
00:59:20de totalement équipé.
00:59:21On a entendu ce soir
00:59:22quand même
00:59:22beaucoup d'idées,
00:59:24beaucoup de bonnes idées aussi,
00:59:26beaucoup de belles initiatives locales.
00:59:28Je voudrais donner
00:59:28le mot de la fin
00:59:29à Nathalie Coutinet.
00:59:29Vous me laissez
00:59:30une note de responsabilité ?
00:59:31Non, mais effectivement,
00:59:33ce qui a été dit
00:59:33sur la tarification
00:59:35à l'activité,
00:59:36c'est effectivement
00:59:37extrêmement dommageable.
00:59:39On le sait maintenant,
00:59:39ça a été bien documenté.
00:59:41Messieurs les députés,
00:59:42il y a quand même
00:59:42beaucoup d'éléments
00:59:43qui ont été cités aujourd'hui
00:59:45qui sont de votre responsabilité,
00:59:47puisque de votre décision,
00:59:49dont nous dépendons
00:59:50en tant que citoyens.
00:59:51Et je pense qu'il y a
00:59:52effectivement
00:59:53un vrai travail à faire
00:59:55sur l'organisation
00:59:56du système de soins
00:59:57dont on n'a pas parlé.
00:59:57La France vous regarde.
00:59:59Vous savez qu'une heure
01:00:00pour une consultation,
01:00:01c'est long.
01:00:02Pour une émission,
01:00:03c'est court.
01:00:03Et c'est déjà terminé
01:00:04Chaque Voix Compte ce soir.
01:00:06Je vous remercie sincèrement
01:00:08d'être venu ce soir
01:00:09sur le plateau
01:00:09de Chaque Voix Compte.
01:00:10Merci également à vous.
01:00:11Vous avez jusqu'à dimanche minuit
01:00:12pour étudier ce budget
01:00:15de la Sécu.
01:00:17Cette émission est rediffusée
01:00:18tout à l'heure
01:00:19à 23h30.
01:00:20Et demain,
01:00:21vous pouvez aussi la retrouver
01:00:21sur lcp.fr.
01:00:23Vous pouvez également
01:00:24assister à l'émission.
01:00:24Si vous voulez venir nous voir,
01:00:25vous pouvez flasher le QR code
01:00:27qui apparaît ici
01:00:27sur votre écran.
01:00:28Lundi, vous avez rendez-vous
01:00:30avec Francis Letellier
01:00:30pour Lundi, c'est politique.
01:00:32Son invité sera
01:00:33Éric Coquerel.
01:00:34Dans un instant,
01:00:35c'est qu'est numéro 8
01:00:35sur lcp.
01:00:36Didier Varro reçoit
01:00:37Bernard Lavillier.
01:00:38Voilà une bonne fin de semaine
01:00:40sur lcp.
01:00:40Sous-titrage Société Radio-Canada
01:00:50Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01:00Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01:00Sous-titrage Société Radio-Canada
01:01:01Sous-titrage Société Radio-Canada
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