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  • il y a 11 minutes
Emmanuel Macron s'était dit jeudi soir "plutôt positif", quoique toujours "vigilant", quant à la possibilité d'accepter l'accord commercial entre l'Europe et le Mercosur. La ministre Annie Genevard estime de son côté qu'en l'état actuel, les demandes de la France ne sont pas pleinement satisfaites. Regardez le sentiment de Pascal Canfin, eurodéputé Renew.
Regardez RTL Soir avec Vincent Parizot du 07 novembre 2025.

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Transcription
00:00Et l'invité d'RTL Soir est donc Pascal Canfin, bonsoir.
00:08Bonsoir.
00:09Député européen, du groupe Renew, c'est-à-dire en version française, disons ensemble,
00:14le parti lié à Emmanuel Macron, même si vous faites figure d'électron libre.
00:18Et c'est très intéressant de vous entendre, justement,
00:20pour réagir à ce changement de câble du président sur le Mercosur,
00:25Emmanuel Macron, on l'a entendu, désormais plutôt positif
00:28sur la possibilité d'accepter cet accord commercial
00:32qui pourrait donc être approuvé sans doute le 19 décembre
00:36par le représentant des États membres de l'Union européenne à Bruxelles.
00:39Comment vous réagissez à ce changement de pied d'Emmanuel Macron ?
00:44Écoutez, moi, je n'ai pas changé d'avis.
00:46Je n'ai pas changé d'avis pour une raison assez simple,
00:48c'est que cet accord, c'est plus d'une agriculture dont on ne veut pas
00:54et plus de concurrence déloyale pour nos agriculteurs.
00:58On ne peut pas demander, par exemple, à nos agriculteurs
01:01de ne pas utiliser des hormones de croissance,
01:04ce qu'il faut évidemment continuer à leur demander,
01:08et en même temps, importer de la viande rouge
01:11en quantité plus importante, avec moins de droits de douane,
01:16qui vient du Brésil et qui, elle, a été élevée avec des hormones de croissance.
01:20Ça, c'est le discours que tenait le Président jusqu'à présent, Pascal Canfin.
01:26Et comment vous expliquez qu'il fasse volte-face ?
01:30La France a vraiment obtenu des garanties avec les clauses de sauvegarde ?
01:35Parce que c'est l'argument qu'il donne.
01:37Alors, c'est un sujet un tout petit peu compliqué,
01:39vous me permettrez d'être un peu technique.
01:41Les clauses de sauvegarde, effectivement,
01:44elles sont potentiellement là,
01:46mais encore faut-il qu'elles soient approuvées par les pays du Mercosur.
01:49Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
01:51Et par ailleurs, et c'est ce qui nous mobilise, nous, au Parlement européen,
01:54puisque, vous le savez, nous aurons à ratifier cet accord Mercosur.
01:58Et donc, si jamais le Parlement européen, à la majorité,
02:00ne ratifie pas cet accord, eh bien cet accord tombera.
02:03Mais, avant de pouvoir le ratifier, nous souhaitons qu'on contrôle sa compatibilité avec les traités européens.
02:16Parce que, dans l'accord Mercosur, il y a un mécanisme qui s'appelle, en termes techniques,
02:23le mécanisme de rééquilibrage.
02:25Qu'est-ce que ça veut dire ?
02:26Ça veut dire qu'imaginons que demain, on interdise les importations de viande brésilienne
02:32qui soient faites avec des antibiotiques qui sont interdits en Europe, mais autorisés au Brésil.
02:39Eh bien, alors, le Brésil aura le droit, c'est écrit noir sur blanc dans l'accord Mercosur,
02:44aura le droit d'exiger des compensations financières.
02:48Ça veut dire qu'avec cet accord, et c'est la première fois,
02:51c'est la première fois dans toute notre histoire que l'Union européenne signe un accord commercial
02:56qui contient cette clause dite mécanisme de rééquilibrage,
03:00qui fait qu'en quelque sorte, on donne, en l'occurrence aux Brésiliens,
03:05une sorte de droit de regard et de compensation financière sur notre souveraineté
03:11à prendre telle ou telle règle, par exemple, en matière sanitaire, en matière environnementale.
03:16On a bien compris le raisonnement, mais ça veut dire que vous êtes prêts à aller contester
03:22cet accord s'il est conclu, sur le terrain, j'allais dire, judiciaire, devant la Cour de justice ?
03:30Alors, judiciaire, non, mais juridique, oui.
03:32Juridique, pardon.
03:33Nous allons faire ce qui se fait en France de manière très régulière,
03:36mais qui ne se fait pas si souvent au niveau européen, à savoir faire une sorte de contrôle de constitutionnalité.
03:43Vous savez que quasiment toutes les lois qui sont votées en France atterrissent sur la table du Conseil constitutionnel
03:50pour qu'ils vérifient si les dispositions qui sont prises sont conformes à la constitution française.
03:55Eh bien, nous, nous voulons faire la même chose avec l'accord Mercosur,
03:59notamment parce qu'il contient pour la première fois, et j'insiste sur ce fait que c'est la première fois,
04:04donc ça légitime de demander le contrôle juridique, pour savoir s'il est compatible avec le traité européen,
04:11parce qu'un certain nombre de députés, nous sommes près de 150 à être à l'origine de cette future saisine de la Cour de justice,
04:20nous pensons que ce mécanisme va trop loin dans le fait de donner à des pays tiers,
04:26en l'occurrence ceux du Mercosur aujourd'hui, mais demain d'autres,
04:29puisque vous savez que l'Union européenne négocie d'autres accords commerciaux que ceux avec le Mercosur,
04:34par exemple en ce moment avec l'Inde, et la première demande de l'Inde, dans la négociation actuelle,
04:40c'est d'avoir exactement le même mécanisme que l'on a donné au pays du Mercosur.
04:43Donc une contestation sur le plan juridique, on a bien compris, pour empêcher que cet accord ne se fasse.
04:50Mais vous n'avez toujours pas répondu à ma première question.
04:52Comment vous expliquez que le président ait changé d'avis ?
04:55Ça, il faut lui demander.
04:57Ceux qui soutiennent l'accord Mercosur ont un argument que j'entends.
05:01Cet argument, c'est quoi ?
05:02C'est-à-dire, à partir du moment où Trump ferme les frontières,
05:07on a besoin de montrer qu'on a des alliés,
05:10on a besoin de passer des accords géopolitiques avec certaines zones du monde,
05:14par exemple les pays du Mercosur, demain l'Inde, plus tard d'autres.
05:18Je comprends cet argument.
05:20Mais est-ce que cet argument suffit à sacrifier une partie de notre modèle agricole
05:27au nom d'importations brésiliennes qui ne respecteront aucune de nos normes environnementales ou sanitaires ?
05:34À ce point-là, vous en êtes certain ?
05:36Parce qu'on importe déjà des produits agricoles venus des pays du Mercosur,
05:39et il y en a déjà qui arrivent.
05:41Évidemment, on en importe beaucoup, et c'est justement le problème.
05:43Je vais vous donner un exemple que j'évoquais en introduction.
05:46La viande rouge aux hormones de croissance, sur le papier, c'est interdit.
05:51Sur le papier, le Brésil n'a pas le droit de nous exporter de la viande rouge avec des hormones de croissance.
05:58Il se trouve que l'année dernière, pour la première fois,
06:00la Commission européenne est allée sur le terrain pour de vrai,
06:03vérifier si les autorités brésiliennes étaient capables de garantir qu'ils respectaient bien cet interdit.
06:10Résultat ?
06:11Résultat, rien.
06:13C'est-à-dire qu'il n'y a aucun système de traçabilité, aucun système de contrôle.
06:18Et donc, en urgence, les Brésiliens ont d'eux-mêmes arrêté de nous envoyer de la viande rouge femelle,
06:26c'est-à-dire de vache, pas de bœuf, qui est élevée avec ses hormones,
06:30parce que ça devenait tellement évident qu'ils ont arrêté d'eux-mêmes.
06:34En tout cas, merci de cette démonstration, Pascal Canfin.
06:38Nous ne pouvons avoir aucune confiance dans ce que nous disent les Brésiliens.
06:41On a bien compris et c'est la raison pour laquelle vous allez contester éventuellement cet accord si dessiné sur le terrain juridique.
06:49Un dernier mot, mais une réponse très courte, c'est peut-être oui ou non.
06:52Vous êtes toujours macroniste, du coup ?
06:55Oui, je ne change pas d'avis.
06:59Moi, je crois que l'énergie du président de la République de 2017 valait quelque chose.
07:05Aujourd'hui, effectivement, je me pose des questions.
07:07Eh bien, c'est dit. Merci beaucoup.
07:09Une courte pause et puis dans un instant, tout autre chose.
07:13Quelques tentations de week-end.
07:14Alors, côté sport, ambiance revanche.
07:16Et côté culture, ambiance bretonne.
07:18A tout de suite.
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