00:00Bonjour Jacques Marcon, merci de nous accueillir chez vous, vous supervisez, vous êtes chef de cuisine ici dans votre restaurant.
00:09Avant de se pencher sur votre engagement, un mot sur la fête des champignons.
00:13Vous venez de décharger des cartons de champignons, c'est bon que vous êtes prêt pour l'aspect très gastronomique de cette fête que vous supervisez ?
00:21Les champignons c'est pas moi qui les décharge parce que c'est tous les locaux qui viennent vendre les champignons secs.
00:26C'est une foire qui a 300 ans de distance où par habitude on sèche les champignons et on vient les acheter lors de ces foires qu'il y a aussi à la chaise d'yeux, à Saint-Échil-d'Apché ou autre.
00:35Mais moi mon rôle en tant que président de la foire c'est d'organiser les 1200 repas, les 2500 litres de soupe, les 1500 parts de tarte aux châtaignes qui vont financer entièrement cette foire.
00:45Et qu'on va pouvoir déguster tout au long du week-end.
00:48Vous êtes aussi, et c'est pour ça que vous êtes connu, le chef de ce restaurant 3 étoiles.
00:53Depuis cet été vous êtes plus vocal sur vos engagements, on vous a entendu notamment au sujet de la loi Duplomb où vous vous êtes exprimé avec des mots assez forts contre ce texte.
01:07C'est votre rôle en tant que chef étoilé de prendre des positions politiques ?
01:11Au début je ne pensais pas que c'était mon rôle, je ne pense toujours pas d'ailleurs, parce que le problème c'est que le monde agricole, les paysans, les vrais paysans, on ne les écoute pas.
01:20Voilà, et simplement un chef on les écoute peut-être un peu plus.
01:23Moi c'était un peu pris, je ne m'attendais pas à ça, je ne suis pas un chef de réseau, j'avais 4000 personnes qui me suivaient, ce n'est pas beaucoup.
01:30Mais c'est Hugo Clément qui a relayé tout ça, ça a fait boule de neige.
01:33Mais je me rends compte que oui, il y a des gens qui, dans le monde paysan, qui veulent bien faire leur travail, qui veulent nourrir les français, les européens, qui veulent nourrir simplement les locaux.
01:42Et en face il y avait des gens qui ont des idées complètement loufoques.
01:48Et j'aime bien Pierre Gérard qui est un monsieur qui banalise un petit peu tout ça, qui explique tout ça.
01:53Il appelle ça la chinalisation de l'agriculture.
01:55C'est-à-dire que pour gagner quelques centimes de moins ou de plus, plutôt de l'autre côté, on va aller chercher des produits qui ravagent la forêt amazonienne ou autre.
02:02De toute façon, ce que je reproche dans la loi du plan, c'est que de toute façon les betteraves d'Ukraine ou les céréales d'Amérique du Sud seront toujours moins chères que les nôtres.
02:09On peut faire ce qu'on veut, on n'y arrivera jamais.
02:10Donc soit on se protège sur des raisons de santé, sur des raisons aussi d'entretien du paysage, sauver la paysannerie, soit on va dans ce monde-là de la chinalisation de l'agriculture.
02:19Mais maintenant, il faut faire les vrais choix maintenant.
02:20Mais on pourrait vous répondre, et c'est ce qu'avait répondu Laurent Duplon à votre message, que c'est bien beau quand on est chef étoilé, quand on propose des repas à 250 euros,
02:32de juger les personnes qui veulent acheter des tomates à 99 centimes le kilo.
02:37Oui, mais moi je fais des sandwiches à 4,50. Je vais manger à la cantine de Saint-Bonnet.
02:41La JT la semaine dernière à Y-Saint-Jean, on a fait des repas pour 2500 collégiens et lycéens, avec du petit épote du Velé, fabriqué en Haute-Loire.
02:49Ce petit épote, c'est plein de sens, parce que c'est ce qui permet de faire des rotations de sol.
02:53Des rotations de sol, c'est ce qui permet de mettre moins d'engrais.
02:56C'est ce que M. Duplon ne fait pas, notamment chez lui. C'est ce que les autres retours font, par contre.
03:00Donc il ne faut pas nous faire croire qu'avec la bio ou avec des cultures beaucoup plus raisonnées, on ne peut pas nourrir la France.
03:06Il ne faut pas nous faire croire que la bio ou tout le reste coûte plus cher.
03:09C'est les intermédiaires qui ne coûtent parfois trop cher.
03:11C'est nous faire croire qu'on ne va pas y arriver.
03:13Et on peut y arriver, c'est seulement de la volonté politique.
03:16– Et cette volonté politique, vous l'affichez un peu plus.
03:19Vous aussi, vous avez rejoint France Nature Environnement depuis cet été.
03:26Vous servez de porte-voix, en fait, de cette vision de l'agriculture ?
03:31– Moi, si je rejoins FNE, c'est surtout pour rentrer un petit peu plus dans ce monde agricole.
03:35Moi, ce que je reproche dans ce monde, c'est qu'il y a les écologistes d'un côté, les agriculteurs de l'autre,
03:39et elles est strémis dans les deux camps, de toute façon.
03:42Voilà, moi, type d'exemple, pour la déviation de Saint-Ostien, je suis plutôt favorable.
03:46– La déviation de l'ARN-98.
03:47– Voilà, donc c'est vrai que souvent on me dit, oui, c'est ton nom qui a mis en place cette déviation.
03:51Moi, je suis d'accord avec ce qu'a voulu faire mon nom, de toute façon.
03:55Je donne l'exemple de la route touristique du Maisin, c'est ça qui a sauvé la zone nordique du Maisin.
03:59Et il faut faire parfois des choix, et on est toujours dans les extrêmes, dans les deux camps, de toute façon.
04:04Donc il faut peut-être un peu de bon sens, c'est un peu plus de conciliation dans nos propos.
04:09Et moi, je donne un exemple, on a invité Haute-Loire-Blo cette année à Fort-aux-Champignons,
04:13l'association qui gère le bureau Haute-Loire.
04:15Tout simplement pour les mettre en avant, parce que ça fait quelques années,
04:18ils n'ont même plus de bureau dans la chambre interconsidulaire au Puy.
04:20Ils ont été virés simplement de là-bas, sous prétexte que le bureau n'a plus d'intérêt en Haute-Loire.
04:24Donc voilà, c'est de l'extrémisme dans les deux camps.
04:28Donc il ne faut pas non plus chercher la guéguerre de partout.
04:32C'est ce qui permet de faire élire ces gens-là, il faut plutôt concilier les gens.
04:34Et j'entends ce propos tout dans la nuance.
04:39Certaines personnes choisissent aussi pour des raisons climatiques, écologiques, de ne plus manger de viande.
04:44Est-ce que proposer un jour des repas végétariens, notamment à votre carte ici, dans le restaurant Triplement Étoilé,
04:52c'est quelque chose qui pourrait être envisageable toujours dans cette volonté de promouvoir quelque chose de bon pour le climat ?
04:59De toute façon, la viande, il faut peut-être en manger moins. On en mange beaucoup trop, ça c'est sûr.
05:03La semaine d'ici à Saint-Jean, justement, on faisait un risotto de petit aux potes.
05:06C'était un repas sans viande, justement, et ça n'a vraiment plu aux lycéens et aux collégiens, donc on peut le faire.
05:11Après, pareil, il ne faut pas être dans l'extrémisme. On a besoin d'éleveurs, on a besoin d'élevage.
05:15Si vous enlevez l'élevage sur le plateau du Maisin, c'est le Nouman's Land.
05:18Et qu'est-ce qui va se mettre en place ? C'est du blé et des céréales pour faire du méthane.
05:21Donc ça ne fait vraiment pas rêver.
05:23Donc on a besoin d'éleveurs, on a besoin de manger peut-être moins de viande.
05:26Moi, je fais des menus végétariens, il n'y a aucun souci.
05:29Mais vous savez, les pires dans l'extrême du côté végétarien, c'est les véganes, en fait.
05:34Parce que les véganes, à un moment donné, ils ont une vision très extrémiste de l'alimentation.
05:40Et c'est limite dangereux.
05:41Et je pense qu'il faut concilier ces deux mondes-là.
05:44Et on ne peut pas non plus être totalement contre l'élevage.
05:47Il faut de l'élevage à taille humaine.
05:48Et si on lit, par exemple, le livre, un peu le sens du bétail, du Listevenon,
05:52quand on voit comment on a voulu casser les petits éleveurs d'œufs en France,
05:56tout simplement, il faut aller sur des élevages à taille humaine.
05:58C'est ça qui est important.