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  • il y a 2 jours
Invité sur le plateau de Punchline, le professeur de criminologie Alain Bauer estime qu' «il y a une violence généralisée qui s'est abattue comme mode de règlement de l'ensemble des conflits dans la société».

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Transcription
00:00Il y a un espèce de continuum d'insécurité dans ce pays, Alain ?
00:03Non, il y a un climat de violence.
00:05Parce que le sentiment d'insécurité, c'est la bonne excuse pour expliquer que ce n'est pas grave.
00:09Le climat de violence, c'est la réalité du vécu des gens qui souffrent d'une agression.
00:14Et en fait, le mélange général autour d'un concept vide, qui est l'insécurité,
00:19devenu sentiment, donc en fait, c'est un peu entre amoureux et...
00:25Là, le climat de violence, c'est une réalité physique.
00:28Et c'est celle qui change tout.
00:30Alors, il y a toujours un indicateur très fiable, on en parle régulièrement, qui sont les homicides.
00:34L'indicateur le plus fiable, parce que personne ne peut truquer les comptes.
00:38L'existence du mort ou de la morte est un sujet.
00:41Or, on était au plus bas, sous Nicolas Sarkozy, d'ailleurs, dont vous parliez tout à l'heure, en 2011-2012, moins de 700.
00:47On est à plus de 1 000 homicides directs.
00:50Et avec les tentatives d'homicide qui ne sont que des homicides ratés,
00:53par l'incompétence des auteurs, que je remercie,
00:55ou l'efficacité des services de secours, qu'on remercie doublement,
00:58on est à 5 000.
01:00La pire année de l'histoire de la statistique française,
01:03sur ce sujet intruquable,
01:05c'est 2024.
01:07Les six premiers mois de 2025,
01:08dont on vient d'avoir les résultats il y a quelques jours,
01:11sont pires que les six premiers mois de 2024.
01:13Ce qui veut dire que l'année 2025...
01:14S'annonce catastrophique du point de vue du pire du pire.
01:19Vous rajoutez les violences physiques, les agressions et les violences sexuelles,
01:23où là, la question est plus de la révélation que de l'inflation,
01:26c'est-à-dire la prise en compte des féminicides, etc.,
01:28en tant que sujet propre à ça.
01:31Eh bien, il y a une violence généralisée qui s'est abattue comme mode de régulation
01:35et de règlement de l'ensemble des conflits dans la société.
01:39Vous rajoutez à ça, narcotrafic, refus d'obtempérer ayant des effets violents.
01:44Vous voyez, les refus d'obtempérer sont plutôt stables,
01:46mais les refus d'obtempérer aggravés sont en forte augmentation.
01:50Donc, il y a une sorte de niveau d'ambiance.
01:53C'est comme le djihadisme d'atmosphère.
01:54Il y a une violence d'atmosphère, mais une aggravation,
01:57pardon, une aggravation, je vais faire en français,
01:59de la violence physique visant à ce que j'appelle,
02:02ce que Messrine appelait, ou Mérine plutôt,
02:05comment on se faisait agresser,
02:07Mérine appelait l'instinct de mort.
02:08L'instinct de mort est aujourd'hui un élément ordinaire de la vie.
02:12Le fait divers exceptionnel est devenu ordinaire,
02:15et dans cet ordinaire, la volonté de tuer s'est développée,
02:20y compris chez les jeunes, les très jeunes,
02:22et désormais chez une partie de la population jeune et féminine.
02:26Alain Bauer, vous nous expliquez la réalité des faits.
02:29Vous décorrélez ça complètement de la situation politique,
02:31de la perte d'autorité qui est sévite dans notre pays,
02:35de la situation politique, sociale, religieuse,
02:40de la perte d'influence et de l'Église catholique et du Parti communiste.
02:43Il y a un moment particulier où ce qui est institutionnel,
02:46donc élément de régulation,
02:48quelle que soit la nature de l'élément de régulation,
02:50au moment où ils se sont dissous dans le système social,
02:53c'est-à-dire à partir de la fin des années 70,
02:55et ce n'est pas une affaire de gauche ou de droite,
02:57puisque c'est un gouvernement giscardien,
02:59qui est l'élément de la globalisation heureuse
03:02et de la fin de la nature particulière de l'État en France,
03:05puisqu'il a créé la nation dans ce pays.
03:07Partout ailleurs, des nations ont créé des États,
03:08nous c'est l'inverse.
03:09Et donc le moment où on désosse l'État,
03:12on commence à le faire disparaître,
03:13c'est mon grand débat avec Michel Onfray,
03:14vous pourrez lui en parler prochainement.
03:16Lui, il pense qu'il y a un État profond qui fait tout mal.
03:19Moi, je lui ai dit que ce serait une bonne nouvelle s'il existait encore.
03:21En fait, il est comateux, voire mourant.
03:23Il n'existe plus, et c'est le problème de cette fin
03:25de la structure de l'État et des idées
03:28qui étaient autour de l'État d'avoir des contre-pouvoirs puissants.
03:32Ils se sont tous délités, plus une perte de confiance naturelle,
03:36de la noblesse d'État qui, par arrogance, suffisance et mépris
03:39vis-à-vis de la population, ne lui parle plus.
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