Présent sur le plateau de 180 Minutes Info, l’ancien colonel de gendarmerie Bruno Cayzac est revenu sur le déroulé de l'attaque de l'île d'Oléron et les interventions des forces de l'ordre.
00:00Alors l'individu était connu pour des faits de droit commun qui ne permettait pas d'imaginer effectivement qu'il se livrerait à cette folie meurtrière.
00:09L'intervention de la gendarmerie est assez exemplaire, même si je ne suis peut-être pas forcément neutre de le dire,
00:16mais imaginez simplement la façon dont se déroule ce type d'intervention.
00:20Vous avez un premier appel à la brigade qui signale un accident sur la voie publique,
00:25donc qui est le point de départ de la première patrouille de gendarmerie, qui est la patrouille de la brigade locale.
00:29Ce qu'on appelle les premiers à marcher dans le jargon de la gendarmerie.
00:33Et donc on est encore complètement déconnecté de la réalité de ce qui est en train de se passer.
00:38Vous avez un deuxième appel qui signale un autre fait, et là on commence à comprendre qu'on n'est pas confronté à des accidents de la voie publique,
00:44mais à quelqu'un qui s'attaque délibérément au moyen de son véhicule, à des personnes qui sont sur la voie publique, soit à pied, soit à vélo.
00:50Donc là immédiatement le commandant d'unité se dit qu'il se passe quelque chose,
00:54et il déclenche que la gendarmerie par son organisation militaire sait très bien faire,
00:59c'est qu'il bat le rappel des forces, il fait remonter à la hiérarchie au patron du département,
01:04et là vous avez une cinquantaine de gendarmes qui sont quasiment immédiatement déployés sur l'ensemble de l'île d'Oléron,
01:11appuyés par des hélicoptères, et qui permettent de localiser l'intéressé en 35 minutes.
01:15Ce qui est très honnêtement, dans une zone rurale dans laquelle il faut retrouver l'intéressé qui se déplace en voiture de façon assez aléatoire,
01:24on peut considérer deux choses.
01:25Un, c'est quand même un très beau résultat opérationnel.
01:27Deux, il est fort probable qu'avec l'ensemble des forces qui ont été déployées,
01:31on a empêché l'individu de commettre encore plus d'attaques sur des gens qui soit s'adonnaient à leur sport favori, soit se déplacer à vélo.
01:41Ça c'est la partie opérationnelle.
01:43Ça, ça a été immédiatement suivi par le déclenchement d'une enquête judiciaire,
01:48évidemment liée aux conditions de l'arrestation de l'intéressé,
01:51par la brigade de gendarmerie locale, faut-il le préciser,
01:54quatre jeunes gendarmes qui sont intervenus face à quelqu'un qui avait manifestement perdu le fil avec la réalité,
01:59prêt à faire sauter son véhicule en espérant atteindre les gendarmes,
02:04et qui donc l'a détruit par le feu comme le montre vos images.
02:06Donc là, au départ, on peut considérer qu'on est confronté à un forçonné,
02:11malheureusement dans l'histoire de la gendarmerie, j'en ai un petit peu,
02:14on a connu ce type de cas où des gens se sont livrés à des massacres en règle dans leur zone de vie
02:20pour être après définitivement neutralisés.
02:23Je pense à Baume-les-Dames, je pense à Hier.
02:25Là, on est immédiatement alerté par l'appel à odieux lancé par l'intéressé lors de son arrestation,
02:38et puis par le mode opératoire, parce que ça rappelle quelques faits quand même un peu sinistres.
02:43Mais ça ne fait pas tout.
02:45Ce n'est pas parce que vous avez une référence à des comportements passés
02:47qui ont fait penser à un mode d'action terroriste
02:49que vous avez forcément à faire à quelqu'un qui a fait allégeance à cette démarche terroriste.
02:54D'où le fait, le PNAT ?
02:56Et là, on en a un exemple qui montre à quel point il faut être prudent dans ce type d'affaires.
03:01Parce qu'on a manifestement quelqu'un qui est dans une situation personnelle un petit peu compliquée,
03:06qui s'adonne à des pratiques de vie assez instables,
03:11qui consomme beaucoup d'alcool, qui consomme des produits stupéfiants,
03:14dont le mélange est forcément déstabilisant.
03:16Et donc on a plus affaire à une personne qui est totalement déstructurée
03:20et qui a dérapé sous couvert de connotations religieuses
03:26plutôt qu'à quelqu'un qui a définitivement basculé dans l'islamisme radical.
03:31Donc vous n'êtes pas plus surpris que ça ?
03:32Que ce soit traité comme une tentative d'assassinat ?
03:35D'où la raison pour laquelle le PNAT ne se saisit pas.
03:38Je rappelle que la police a été saisie conjointement avec la gendarmerie
03:44dès le début de l'enquête pour s'assurer justement
03:46qu'il n'y avait pas de lien avec l'islamisme radical.
03:49Et donc il semble que cette option soit définitivement abandonnée à ce stade.
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