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Télématin reçoit Corentin Sellin, professeur agrégé d'Histoire et spécialiste des États-Unis.

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Transcription
00:00Il y a un an, jour pour jour, le 5 novembre 2024, Donald Trump remportait une deuxième fois l'élection présidentielle américaine.
00:06Bonjour Corentin Célin.
00:07Bonjour.
00:08Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes professeur agrégé d'histoire, spécialiste des États-Unis.
00:12On voulait faire avec vous le bilan de cette année assez mouvementée.
00:16On vous a demandé de choisir trois images qui vous ont marquées.
00:19Et il y en a deux qui concernent la politique internationale.
00:21La première se déroule à la Maison-Blanche.
00:23Donald Trump y rencontre Volodymyr Zelensky, président ukrainien.
00:27Qu'est-ce qu'elle vous a inspiré ? Que vous a inspiré ce souvenir ?
00:31Alors, effectivement, c'est vraiment le premier souvenir marquant.
00:35C'est Zelensky qui vient à la Maison-Blanche et qui se fait, devant le monde entier, houspiller, humilier.
00:43Et cela marque un renversement dans l'alliance des États-Unis qui avait soutenu depuis le début de la guerre en 2022 l'Ukraine.
00:52Et là, tout à coup, on voit les États-Unis qui, en direct, semblent lâcher l'Ukraine et son dirigeant et semblent vouloir commencer à négocier avec Vladimir Poutine.
01:02Et ce qui est très intéressant dans cette image, c'est qu'il y a deux choses.
01:06Sur la forme, à la fin de l'entretien, Donald Trump dit « ça va faire de la très bonne télé ».
01:10C'est-à-dire cette obsession de l'image, de fabriquer de l'événement en direct.
01:16Du buzz, on peut presque dire ça.
01:17Du buzz en permanence.
01:18Et sur le fond, quand même, il est à la Maison-Blanche, c'est un mois après son investiture, un mois et demi après son investiture.
01:25Et il semble rompre l'alliance avec l'Ukraine.
01:28Alors depuis, on le sait, il a fait des allers-retours, mais c'était quand même quelque chose incroyable à vivre de voir une telle humiliation.
01:37Et aussi des États-Unis qui ne masquent plus leur toute puissance.
01:41Autrefois, avant, on avait des alliés.
01:43Et désormais, on voit, il le traite vraiment comme un obligé, comme quelqu'un qui lui doit quelque chose.
01:50Il lui a dit « vous devez payer pour l'aide qu'on vous apporte ».
01:52Et vous devriez dire « merci » au président Trump, c'est ce qu'avait dit Judy Vance.
01:55Exactement. Et donc, ça, c'était vraiment une rupture majeure.
01:58Autre image, c'est Donald Trump avec Vladimir Poutine à Anchorage.
02:03Là encore. Pourquoi ce choix ?
02:05Oui, alors pourquoi ce choix ? Parce que cette image, elle est absolument dingue si on rapporte autant.
02:10Là, ça fait six mois qu'il est président.
02:12Et il faut se rappeler, il y a un an, Poutine, c'était un paria sur la scène internationale, c'était un paria par rapport aux États-Unis.
02:19Il était sous sanction, interdit de séjour.
02:22Et six mois après, Trump l'accueille aux États-Unis, à Anchorage, lui serre la main, lui sort le grand jeu, le grand décor.
02:29On va dire tapis rouge.
02:30Voilà, tapis rouge, exactement.
02:32Et donc, là aussi, on voit une nouvelle conception du monde.
02:36Pour Trump, peu importe que Poutine soit un dictateur, peu importe que ce soit un autocrate,
02:40l'important, c'est de passer des deals entre grandes puissances, entre grands, j'allais dire, entre grands empires,
02:48et peu importe, de ce point de vue, l'Ukraine, la démocratie, la défense des valeurs libérales.
02:53Alors, malheureusement, c'est là qu'il y a eu un os, c'est qu'on sait que cette rencontre, concrètement, pour l'instant, elle n'a rien donné.
03:00On a beaucoup vu Donald Trump, et on en a beaucoup parlé à l'international, au Proche-Orient,
03:05maintenant, il dit qu'il veut réconcilier les deux Corées après sa tournée en Asie.
03:09Sur le plan de la politique intérieure, notamment économique, comment se porte l'Amérique, aujourd'hui, après cette première année ?
03:15Alors, c'est justement là, peut-être, sa principale difficulté, ça explique sans doute sa baisse de popularité très nette lors du dernier mois.
03:21C'est-à-dire que Trump, l'année dernière, il a d'abord été élu sur une promesse, avec moi, plus d'inflation, plus de hausse des prix,
03:28en particulier, j'allais dire, sur le panier de la ménagère, sur les produits alimentaires de première nécessité.
03:33Sauf que ?
03:34Sauf que l'inflation repart un petit peu à l'échelle macroéconomique.
03:39Alors, ensuite, ça dépend des produits.
03:41Il y en a certains qui ont baissé, comme les fameux œufs, puisqu'on sait qu'il y a eu des campagnes sur le prix des œufs.
03:45Alors, ça, effectivement, les œufs, le prix baisse, mais il y a d'autres produits, l'énergie en particulier, l'énergie pour se chauffer,
03:51où on a une inflation qui repart très fort.
03:53Et beaucoup d'Américains commencent à dire, on t'a élu pour l'inflation, on t'a élu pour avoir la vie moins chère.
03:58On t'a pas élu, forcément, pour aller faire des rencontres avec Poutine, pour s'occuper de politiques étrangères.
04:03Donc, attention pour Trump, c'est peut-être un facteur, le fait qu'il a beaucoup déçu sur l'économie.
04:10Beaucoup d'Américains se disent, on l'avait élu pour l'économie, et sur l'économie, il fait pas l'affaire.
04:15On ajoute à ça le blocage fédéral, le blocage du budget fédéral, on est en plein shutdown, qui atteint des records, 36 jours de blocage aujourd'hui.
04:22Les fonctionnaires sont pas payés, pas de pension militaire. Est-ce que ça commence un peu à chauffer dans l'opinion ?
04:26Absolument. C'est vraiment la question, parce qu'un des problèmes, par exemple, avec le shutdown, on a 42 millions d'Américains environ,
04:33qui ont besoin des bons alimentaires pour se nourrir, des bons alimentaires fédéraux.
04:3742 millions d'Américains. Et ces bons alimentaires, ils sont plus payés, ils sont plus versés.
04:41Et donc, ces personnes-là, elles peuvent avoir des difficultés pour se nourrir.
04:45Et le problème, c'est que Trump, ces derniers jours, il est apparu complètement insensible à ce problème,
04:50en semblant dire, non, non, on les paiera pas, tant que les démocrates ne reviendront pas à la table des négociations,
04:56ne cesseront pas le shutdown. Et là, encore une fois, beaucoup de gens se sont dit,
05:01c'est bien l'idéologie, c'est bien la bataille partisane,
05:03mais les gens, ils ont besoin de se nourrir. Donc, là aussi, pour lui, il y a vraiment un problème.
05:10Il a été élu sur les soucis quotidiens. S'il commence à dire, non, l'État ne paiera pas les bons alimentaires,
05:18c'est quand même problématique par rapport à ceux qui l'ont élu.
05:21D'un mot, Quentin Célin, troisième image que vous avez choisie, c'est Trump, la danse de Trump.
05:26Est-ce qu'on peut dire que son attitude change au cours de ce deuxième mandat par rapport à son premier mandat ?
05:31Oui, alors, ce n'est pas qu'elle change, il y a une amplification, c'est-à-dire qu'il est complètement désinhibé.
05:38Moi, je pense que c'est ça, le mot. Et en fait, cette image, moi, elle m'a frappé pour deux choses.
05:42On peut trouver ça totalement dérisoire et pas du tout à la hauteur de la fonction,
05:47c'est-à-dire qu'il désacralise complètement la fonction présidentielle.
05:50Mais en même temps, il faut toujours faire l'effort, surtout nous, vus d'Europe,
05:53de se dire pourquoi il a une base, alors certes minoritaire aujourd'hui,
05:57mais qui le suit de manière indéfectible.
05:59Eh bien, il y a aussi ça, c'est-à-dire cette façon qu'il a de rendre la politique accessible au plus grand nombre,
06:06même si on peut trouver aussi qu'il la tourne en dérision.
06:08Oui, mais pour ses partisans, voilà un homme qui ne fait pas de chichi.
06:12C'est presque fun.
06:13Ben oui, c'est exactement ça.
06:15Son meeting, ses meetings, alors il en fait beaucoup, même encore quand il est président,
06:19ça c'est très nouveau aussi, il fait beaucoup de meetings, il va beaucoup à la rencontre du public.
06:22Et il dit d'ailleurs que lui, il trouve dommage de ne pas pouvoir se représenter en 2028.
06:25Exactement.
06:26Et il en fait une obsession.
06:27Mais dans ses meetings, il dit, c'est une fête.
06:29Pour ses partisans, c'est souvent une fête.
06:31Oui, mais en même temps, on peut trouver que, est-ce qu'un président devrait faire ça ?
06:35Voilà, par rapport à la fonction.
06:37Et on entend beaucoup Donald Trump réagir à l'élection du nouveau maire de New York.
06:43Il a essayé jusqu'au dernier moment de le décrédibiliser.
06:46Il l'a remporté, cette élection.
06:48Il parle d'une nouvelle voie pour vaincre Donald Trump.
06:52Prochaine échéance, ce sera 2026 et les élections de mi-mandat.
06:54Oui, alors, très rapidement, cette nuit quand même, un vote massif contre Trump avec deux aspects.
07:01Il est très impopulaire parce qu'il n'a pas délivré du point de vue économique.
07:04Et puis la menace pour la démocratie qu'il semble représenter pour quand même beaucoup d'électeurs.
07:09Merci Corentin Célin.
07:10Merci à vous.
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