00:02Il est 7h18, l'édito d'RTL Matin, Etienne Jernel, directeur du Point.
00:07Il n'y a plus d'otages français en Iran, mais en Algérie, il reste entre autres un homme âgé qui est en mauvaise santé
00:13et qui est détenu là-bas depuis novembre 2024.
00:16Un an donc, détenu par la justice algérienne.
00:18Ce matin, vous avez eu envie de nous rappeler qu'il ne fallait surtout pas oublier l'écrivain Boilem Sansal.
00:23Oui, ça fait exactement 354 jours que Boilem Sansal est en prison, en prison coupable d'avoir dit et écrit ce qu'il pensait,
00:33c'est-à-dire d'avoir été libre, condamné et on ose y penser si rien ne se passe à mourir en prison par un régime, celui d'Alger,
00:41qui persécute les écrivains, qui s'attaque systématiquement à ce qui reste de liberté dans le pays.
00:46Un régime, rappelons-le, allié intimement aux islamistes qui détestent au moins autant la liberté que le pouvoir.
00:54Boilem Sansal est la victime de ces deux bourreaux.
00:56Alors, l'a-t-on oublié ? Pas complètement.
00:59Hier, lors de la remise du prix Goncourt, les jurés lui ont rendu hommage en arborant à un badge « Je suis Sansal ».
01:05Et puis les jurés du Renaudot lui ont décerné un prix pour la sortie en format poche chez Folio de l'un de ses romans au titre prophétique « Vivre le compte à rebours ».
01:15Le monde littéraire n'oublie pas, et pour le reste, dans les médias et dans la politique, c'est très variable.
01:20Ça veut dire quoi ? Vous trouvez qu'on ne le soutient pas assez, Boilem Sansal ?
01:23Oui, évidemment. On cherche en vain les grandes manifestations, les campus étudiants en général aiment se mobiliser.
01:29Où sont-ils ?
01:30Alors, j'ai toujours des scrupules avant de critiquer le pouvoir politique dans cette affaire, car la diplomatie demande parfois de la discrétion.
01:37Mais en entendant hier Emmanuel Macron parler de réseaux sociaux, de liberté et de démocratie,
01:41« Je me disais aussi que la première chose que l'on aimerait entendre dans sa bouche lorsqu'il évoque la liberté,
01:47c'est précisément le nom de Boilem Sansal.
01:50Les dictatures, vous savez, c'est vrai pour Moscou comme pour celles d'Alger, ne sont pas provoquées par nos paroles.
01:56Elles sont provoquées par nos silences et par nos faiblesses.
01:59Et puis, il y a pire, n'oublions pas, le 6 mai dernier, 28 députés, tous du LFI, ont voté contre une résolution de l'Assemblée nationale
02:09appelant à la libération de Boilem Sansal. C'est écœurant.
02:13Et peu de temps après son arrestation, souvenez-vous aussi que Sandrine Rousseau avait cru bon de déclarer que, je la cite,
02:20« Boilem Sansal n'est pas un ange, il fallait oser ».
02:23Mais tout ça, ça passe crème, et ça en dit finalement assez long sur nous.
02:27Qu'est-ce que ça dit de nous, justement ?
02:28Ça dit qu'on a un peu perdu le goût de la liberté.
02:31Défendre Boilem Sansal, c'est nous défendre nous-mêmes, c'est défendre tout ce qui nous constitue.
02:36Un autre écrivain franco-algérien, Kamel Daoud, lui aussi détesté par le régime d'Alger et les islamistes,
02:43a eu ce mot que l'on ferait bien de se répéter, je le cite,
02:47« Un jour, la prison de Sansal sera la nôtre ».
02:49Merci beaucoup Etienne Jarnel.
02:51On en parlera évidemment avec le ministre des Affaires étrangères,
02:53qui sera l'invité d'RTL matin tout à l'heure à 7h40.
02:56Boilem Sansal détenu dans les jôles algériennes.
02:58C'est aussi le cas du journaliste français Christophe Blaise, lui aussi emprisonné.
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