L'édito d'Etienne Gernelle du 01 septembre 2025

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00:00RTL Matin

00:02A 7h18, l'édito d'RTL Matin avec vous, Étienne Gernell, directeur du Point.

00:07Tiens, écoutez ça, Étienne.

00:08Je veux réveiller les aînés parce que je suis sûr qu'ils sont solidaires avec ce que je dis.

00:12Voilà comment François Bayrou a tenté hier soir de se rabibocher avec les retraités

00:17et avec les boomers, comme il avait dit il y a quelques jours, suspectés d'être des privilégiés.

00:22Étienne, montrer du doigt comme ça les boomers, est-ce que ça peut payer pour le Premier ministre ?

00:27Alors non, Thomas, mais alors aucune chance.

00:30Et pourtant, sur le fond, vous savez, le constat, il est assez imparable.

00:34Tout ces dernières décennies a favorisé la génération des baby boomers.

00:39Les taux de cotisation retraite, les prix de l'immobilier, et puis l'augmentation de la dette

00:43qui, oui, est un transfert entre générations.

00:45Alors, soyons clairs, il n'y a aucune mauvaise intention de la part des baby boomers.

00:50D'ailleurs, ils aident énormément leurs enfants.

00:53Mais c'est un fait.

00:55C'est la génération qui a le taux de pauvreté le plus faible,

00:57la génération qui a le patrimoine le plus important.

01:01Et de loin, tout ça est démontré parfaitement dans un excellent livre de François Langlais

01:06qui est paru en 2016 et qui a été intitulé

01:09« Tant pis, nos enfants paieront ».

01:11Alors, les politiques le savent depuis au moins 30 ans,

01:15mais ils sont rares, ils sont très rares, ceux qui ont osé le dire.

01:19Vous dites au moins 30 ans, mais rappelez-nous, qui a dit ça en premier, alors ?

01:23Michel Rocard, dans un rapport prophétique sur les retraites, c'était en 1991.

01:28Il expliquait, Michel Rocard, que le vieillissement allait poser un gros problème,

01:33je le cite, « d'équité entre générations ».

01:36Tout ça n'a eu, évidemment, aucune suite politique à l'époque.

01:39En 2008, ensuite, un jeune inspecteur des finances nommé Emmanuel Macron

01:43a réalisé un rapport sur le sujet et il décrivait, Emmanuel Macron, je le cite,

01:48« des transferts multiples qui, dans l'ensemble, s'exercent en faveur des classes d'âge de plus de 60 ans ».

01:54Fin de citation.

01:55Alors, à l'époque, Emmanuel Macron me disait, c'est une confidence qui date de 2008,

01:59que de toute façon, ça se rééquilibrerait un jour

02:02parce que ce n'est pas soutenable économiquement.

02:05Erreur d'analyse politique.

02:07D'ailleurs, Emmanuel Macron a fini par le comprendre tout seul

02:10puisqu'il n'en a presque plus parlé à partir de 2017.

02:13Mais pourquoi il n'en a presque plus parlé ?

02:14Pourquoi ce sujet est-il à ce point tabou, Étienne ?

02:17Mais, Thomas, parce que c'est un excellent sujet à évoquer

02:21si l'on veut perdre les élections.

02:23En 2022, lors de la dernière présidentielle,

02:25le taux de participation des 70-74 ans était de 78,7%.

02:32Regardez, le taux de participation des 18-24 ans,

02:36c'était 52,5%.

02:38Non seulement les jeunes sont moins nombreux,

02:41mais en plus, ils votent moins.

02:42Alors, le calcul, il est vite fait.

02:44Alors, pour François Bayrou, ça n'a aucune portée,

02:47puisque vous l'avez vu, il s'est déjà suicidé politiquement.

02:50Édouard Philippe, lui, il espère encore être président.

02:53Et il conteste donc ce raisonnement.

02:55Dans l'Europe, vous savez, il faut être l'idole des jeunes.

02:58En politique, c'est un peu moins vrai.

02:59Édouard Philippe qui a dit qu'après la lutte des classes,

03:01il n'y aurait pas la lutte des âges.

03:03En tout cas, pas pour lui.

03:04Merci Etienne Jernel, directeur du Point.

03:06On vous retrouve demain.

03:07Il est 7h21.

03:08Une levée.

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