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  • il y a 3 jours
Le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, premier ministre israélien, est assassiné par Yigal Amir, un ultranationaliste religieux. Avec cette figure majeure de l'histoire de l'Etat d'Israël disparaît l'espoir d'une paix durable au Proche-Orient et enterre déjà les accords d'Oslo, signés deux ans auparavant avec Yasser Arafat.

Quelles ont été les conséquences de cet assassinat sur la société israélienne et sur la possibilité d'une paix au Proche-Orient ? L'héritage d'Yitzhak Rabin a-t-il été totalement balayé par Benyamin Netanyahou et la coalition au pouvoir ?

Pour en parler, Jean-Pierre Gratien reçoit Ofer Bronchtein, ancien conseiller d'Yitzhak Rabin, Frédéric Encel, géopolitologue, et Alexandra Schwartzbrod, journaliste et ancienne correspondante à Jérusalem pour Libération.

LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.

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Transcription
00:00:00Générique
00:00:00Bienvenue à tous à l'affiche de ce débat doc aujourd'hui, les derniers jours de Isaac Rabin, un documentaire réalisé par Nicolas Glimois.
00:00:24Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après sur ce plateau en compagnie de l'ancien conseiller d'Isaac Rabin, Offer-Branstein, du géopolitologue Frédéric Ancel et de la journaliste Alexandra Schwarzwald.
00:00:37Avec eux, nous reviendrons sur les conséquences de l'assassinat du premier ministre israélien par un orthodoxe religieux juif. Voilà tout juste 30 ans. Bon doc.
00:00:546 novembre 1995. La sirène mugit et le silence tombent sur Israël. Un chagrin mêlé de stupeur.
00:01:12Pour la première fois dans l'histoire du pays, un assassinat politique a été commis.
00:01:16Yitzhak Rabin a été tué. Le premier ministre devenu prix Nobel. L'ancien général devenu soldat de la paix.
00:01:26Une destinée au service d'Israël. Une figure légendaire qui incarne presque à lui tout seul tous les combats de l'État hébreu.
00:01:34Israël pleure Yitzhak Rabin. Yitzhak Rabin est mort. Et c'est un juif qu'il a assassiné.
00:01:55Le premier ministre de l'Assemblée.
00:02:25L'aspectisme a été d'abord et avant tout parce qu'on a tué pour la première fois dans l'histoire du sionisme et du judaïsme un premier ministre en Israël, le leader des juifs.
00:02:34Un juif ne tue pas un juif pour des raisons idéologiques. Un juif ne tue pas un juif pour des raisons politiques.
00:02:40C'est-à-dire l'assassinat politique, ce n'est pas nous.
00:02:44Alors comment l'inimaginable a-t-il pu se produire ?
00:02:47Parce qu'avant l'inimaginable, il y a eu l'impardonnable.
00:02:57Oui, ce 13 septembre 1993, le premier ministre israélien commet un acte impardonnable pour de nombreux juifs, qu'ils vivent en Israël ou dans d'autres pays.
00:03:18De fait, c'est ici, sur la pelouse de la Maison-Blanche, que débutent les derniers jours d'Itsak Rabin.
00:03:26Rabin ne s'est pas contenté d'amorcer des négociations de paix avec l'ennemi palestinien.
00:03:54Il va faire pire, lors de sa rencontre avec l'ennemi de toujours, Yasser Arafat.
00:04:05Dans mes conversations avec Washington, dans les deux jours qui ont précédé la cérémonie pour la signature des accords d'Oslo,
00:04:12presque toutes les conversations, beaucoup de conversations, ont été consacrées à cette question.
00:04:19Comment éviter de l'enlacer, de l'embrasser, de lui serrer la main, de lui parler ?
00:04:24Aussi peu possible.
00:04:31Rabin, 24 heures avant, dit j'y vais pas.
00:04:35Je veux pas y aller, je veux pas serrer la main d'Arafat.
00:04:37Il avait des déclarations précédentes, je ne serre pas la main des assassins,
00:04:42les mains pleines de sang d'enfants juifs, etc.
00:04:44Et puis, dans la nuit, Clinton l'a appelé en lui disant, tu veux pas me faire ça ?
00:04:51Il y a 3000 personnes qui viennent à Washington, tu peux pas.
00:04:57Et on voit bien dans l'attitude de Clinton qu'il les prend par les épaules, il les force.
00:05:03Clinton lui dit, tu me fais pas un coup, tu vas lui serrer la main.
00:05:07Il dit, je suis pas sûr, je suis pas sûr que je pourrais.
00:05:10Il le peut.
00:05:15Mais cette poignée de main qui le rebutait tant, scelle le destin d'Izhak Rabin.
00:05:20Parce que pour de nombreux juifs, il sert la main du diable.
00:05:23Ce geste de paix n'est plus que trahison.
00:05:25Un geste criminel d'autant plus inimaginable, impardonnable,
00:05:29que Rabin est une légende d'Israël.
00:05:32Rabin est Israël, tant son histoire se confond avec celle de son pays.
00:05:35Lui, dont les parents ont fui la révolution bolchévique.
00:05:40Lui qui naît à Jérusalem le 1er mars 1922.
00:05:44C'est un Sabra, un juif né sur une terre qui s'appelait encore Palestine.
00:05:50Il incarne le juif nouveau, fier, fort.
00:05:54Celui qui, dans l'esprit des pères fondateurs du sionisme,
00:05:57doit effacer à jamais l'image du juif errant, éternel victime de l'histoire.
00:06:05Notre rêve, celui d'Izhak, le mien, le rêve de nos parents,
00:06:20c'était de fonder un état juif, socialiste, juste.
00:06:28S'occuper d'agriculture, fonder des implantations, des kibbutz, etc.
00:06:33Les personnalités qui nous ont le plus influencées étaient nos parents.
00:06:43Notre foyer était très militant, tourné vers la chose publique, très politisé.
00:06:53Rabin est plus que militant, c'est un combattant.
00:06:56Et sa vie est celle de toutes les guerres d'Israël.
00:06:58Adolescent, il s'engage dans la Haganah, l'armée juive clandestine.
00:07:04Au sein d'un commando d'élite, il combat pour l'indépendance,
00:07:08finalement acquise en 1948.
00:07:11La liesse, c'est les vivas,
00:07:14mais dans son berceau, la nation hébreu trouve immédiatement la guerre.
00:07:18Pour le jeune officier Rabin,
00:07:20ne compteront plus que la survie et la sécurité d'Israël.
00:07:23Et son armée.
00:07:31De l'âge de 16 ans jusqu'à ce qu'il quitte l'armée en 1968,
00:07:35toute sa vie a été consacrée à l'armée.
00:07:37D'abord et avant tout, il se considérait comme un soldat,
00:07:40avant tout autre chose.
00:07:43Avant d'être un homme politique, avant d'être un politicien,
00:07:46avant tout autre chose.
00:07:47Un soldat. Et quel soldat ?
00:07:55En 1967, il est le véritable artisan d'un chef-d'oeuvre stratégique.
00:07:59Une guerre qu'Israël gagne en six jours contre ses voisins arabes.
00:08:05Vingt ans après sa création,
00:08:07Israël multiplie son territoire par cinq,
00:08:09annexe le plateau syrien du Golan,
00:08:11la Cisjordanie, la péninsule du Sinaï,
00:08:15la bande de Gaza.
00:08:17La déroute des Arabes est totale.
00:08:20Tandis que le chef de Tsaël peut s'enorgueillir
00:08:22de n'avoir perdu que quelques centaines d'hommes.
00:08:25C'est beaucoup, mais peu,
00:08:27au regard des forces engagées.
00:08:29Itzhak Rabin était un leader hésitant.
00:08:34Et moi, en ce qui me concerne,
00:08:36je préfère des leaders qui hésitent
00:08:38avant d'envoyer nos garçons sur les champs de bataille
00:08:40où, accessoirement, l'on peut perdre la vie.
00:08:43La chose la plus importante que j'ai décelée chez Itzhak Rabin
00:08:48de nombreuses années avant que je ne commence à travailler avec lui,
00:08:53c'est ce qu'on appelle la sanctification de la vie humaine.
00:08:56La vie humaine avant tout.
00:08:58Israël a conquis la Judée et la Samarie.
00:09:06Surtout, son drapeau flotte à nouveau
00:09:08sur la vieille ville de Jérusalem et ses lieux saints.
00:09:12Avec le ministre de la Défense,
00:09:13Moshe Dayan,
00:09:14c'est en héros
00:09:15qu'Itzhak Rabin retrouve le mur des lamentations.
00:09:17C'est vraiment la date pivot.
00:09:20C'est l'événement autour duquel tout tourne,
00:09:24pour le meilleur et pour le pire.
00:09:26Pour le pire, parce qu'il y a eu cette espèce d'ivresse
00:09:31de l'Israël biblique retrouvée.
00:09:35Tous ces noms qui chantent la Bible,
00:09:37Hébron, Bethléem, Silo, l'ancienne ville de Jérusalem.
00:09:42Et s'il y avait des groupes de rêveurs
00:09:45qui rêvaient du grand Israël, c'était théorique.
00:09:47Du coup, ça devient physique, n'est-ce pas ?
00:09:49On peut y aller, on les domine, ils sont à nous.
00:09:56Pour certains, la guerre des six jours
00:09:58ouvre la porte d'Eretz Israël, le grand Israël.
00:10:02Sans tenir compte des populations arabes qui y vivent.
00:10:05La question des territoires occupés est née.
00:10:11En 1968, Rabin délaisse l'uniforme de Tzal
00:10:14pour celui d'ambassadeur.
00:10:15Cinq ans à Washington avant d'entrer en politique
00:10:18sous les couleurs travaillistes.
00:10:20Il succède à Goldamer au poste de premier ministre
00:10:23et conforte son image de faux con.
00:10:26Pas question de négociation avec l'ennemi palestinien
00:10:28incarné par l'OLP de Yasser Arafat.
00:10:31Prise d'otages, avions détournés, attentats,
00:10:42première intifada en 1987.
00:10:45Rabin, premier ministre ou ministre de la Défense
00:10:47dans les années 80, ne cède jamais.
00:10:50Nous allons faire clair, par tous les moyens,
00:11:02que c'est dans notre possession,
00:11:04dans les limites de nos laws,
00:11:07pour s'assurer que la population
00:11:12dans les territoires, dans la région Gaza,
00:11:14will realize the true violence and terror,
00:11:21they'll achieve nothing but more suffering to themselves.
00:11:25C'est l'homme qui s'est rendu célèbre en disant
00:11:29« Il faut casser les eaux des Palestiniens ».
00:11:31Peu importe si c'est exact ou inexact,
00:11:34ce qu'il a dit, c'est ce qui s'est passé.
00:11:35On a cassé les eaux des Palestiniens
00:11:37lors de la première intifada.
00:11:38On a cassé les eaux des Palestiniens
00:11:40avec vous, nous sommes en confrondation.
00:11:52Nous allons mettre la confrondation
00:11:54pour la négociation.
00:11:57Nous allons résoudre ça,
00:11:58pas en train d'utiliser des bouteilles,
00:12:01des bottes de pêcheaux, des knives,
00:12:04mais autour de la table de négociation.
00:12:08En 1992, c'est son image de faucon impitoyable
00:12:13que Rabin casse.
00:12:15Il redevient Premier ministre à 70 ans,
00:12:18avec une promesse électorale,
00:12:20sortir le processus de paix de l'ornière.
00:12:24Il s'est mis naturellement à la tête du camp,
00:12:28du camp de la paix,
00:12:29c'est-à-dire que ça veut dire le camp de la paix,
00:12:31ça ne veut pas dire le camp de ceux qui veulent la paix,
00:12:33en principe tout le monde la veut,
00:12:34mais ça veut dire du camp de ceux qui sont prêts
00:12:36à payer le prix de la paix,
00:12:37c'est-à-dire lâcher les territoires,
00:12:38démantèler les colonies,
00:12:40accepter, voire favoriser la création de l'État palestinien.
00:12:4313 septembre 1993.
00:12:48Voilà donc pourquoi, pour de nombreux juifs,
00:12:51ce geste n'est que trahison.
00:12:5326 ans après avoir conquis les terres sacrées du judaïsme,
00:12:57Rabin s'apprête à les restituer aux Palestiniens.
00:13:00Le vieux soldat de Tsaal transformé en soldat de la paix.
00:13:03Un soldat qui n'a plus que deux ans à vivre.
00:13:05Un mécanisme infernal est déclenché par de nouveaux ennemis,
00:13:11gavés de haine,
00:13:13les milieux juifs extrémistes.
00:13:15Pour eux, Rabin n'est plus un des pères fondateurs d'Israël,
00:13:18mais un homme à abattre.
00:13:20Dans un premier temps, par le biais de manifestations.
00:13:21En 1994, mois après mois,
00:13:26les manifestations se durcissent,
00:13:28notamment celles organisées par l'extrême droite religieuse
00:13:30et les habitants des colonies juives.
00:13:33Rabin est intransigeant
00:13:35autour de ceux qui s'opposent par la violence
00:13:37au processus de paix
00:13:39de se faire casser les eaux.
00:13:45Il a toujours eu des rapports extrêmement difficiles
00:13:48avec le mouvement nationaliste religieux,
00:13:50avec le mouvement des implantations.
00:13:55Il nous disait que l'un de nos problèmes les plus compliqués,
00:13:58c'était les fondamentalistes.
00:14:00Des deux côtés,
00:14:01chez les Palestiniens et chez les Juifs.
00:14:04On les trouve dans les mêmes endroits.
00:14:07À Hébron, à Naplouz,
00:14:10dans ces endroits-là.
00:14:14Et il y a entre eux une confrontation très forte.
00:14:18Et cela l'effrayait,
00:14:19car les fondamentalistes de chez nous
00:14:21ne sont pas meilleurs
00:14:22que les fondamentalistes de chez eux.
00:14:32D'autant plus que l'effroi survient une première fois,
00:14:35le 25 février 1994,
00:14:38quelques jours avant que Rabin fête ses 72 ans.
00:14:40A Hébron, au caveau des Patriarches,
00:14:43lieu de prière commun aux Juifs et aux Musulmans.
00:14:47À l'aube,
00:14:48un colon juif,
00:14:49Baruch Goldstein,
00:14:51armé d'un pistolet mitrailleur,
00:14:53vide chargeur sur chargeur
00:14:55sur les fidèles musulmans en prière,
00:14:57avant d'être lynché
00:14:58par ceux qui n'ont pas réussi à abattre.
00:15:0029 morts,
00:15:02115 blessés.
00:15:04Rabin et toute une partie du pays
00:15:05sont sous le choc.
00:15:06Il ne faut plus parler uniquement
00:15:08de fanatisme juif,
00:15:10mais sortir d'un bain de sang
00:15:11les mots qui font mal.
00:15:13Judaïsme peut parfois rimer
00:15:14avec terrorisme.
00:15:15C'est un jour difficile
00:15:20pour tous ces Juifs et les Arabes
00:15:24qui cherchent la paix.
00:15:27Par contre,
00:15:28cette action de l'individu
00:15:31de l'unité
00:15:34ne va pas éviter
00:15:37la réconciliation
00:15:39entre les citoyens
00:15:42du Stade d'Israël
00:15:43et des palestiniennes.
00:15:47Le tueur,
00:15:48Baruch Goldstein,
00:15:50est un disciple du Kahr,
00:15:51le mouvement du rabbin
00:15:52Meir Khan,
00:15:54qui,
00:15:55des années 70
00:15:55jusqu'à sa mort
00:15:56en 1990,
00:15:58incarne le fondamentalisme
00:16:00et le racisme juif.
00:16:02Une organisation
00:16:03qui n'a jamais réuni
00:16:04plus d'une centaine de membres,
00:16:06mais dont le pouvoir de nuisance
00:16:08a été sous-estimé.
00:16:12Le mouvement kahaniste
00:16:13a été dissous.
00:16:15Mais il a toujours ses fidèles
00:16:16dans les colonies juives
00:16:17de Cisjordanie.
00:16:19À Kiryat Arba,
00:16:20par exemple,
00:16:21une implantation
00:16:22de Juifs orthodoxes
00:16:23près d'Ebron.
00:16:24L'idéologie du rabbin
00:16:32Kahan,
00:16:32c'est qu'un État juif
00:16:33authentique
00:16:34doit être fondé
00:16:35dans le grand Israël.
00:16:36Vous devez comprendre
00:16:37que mes voisins arabes
00:16:38ici,
00:16:38qui habitent à Ebron,
00:16:39sont éduqués
00:16:39avec l'idée
00:16:40qu'il faut nous exterminer,
00:16:41nous tuer
00:16:42et ne pas laisser de nous
00:16:43le moindre souvenir
00:16:44parce que nous sommes juifs.
00:16:46On nous est
00:16:47parce que nous sommes juifs.
00:16:48C'est une situation folle.
00:16:49Et le rabbin Kahan
00:16:50pensait qu'il fallait
00:16:51s'occuper de cette situation.
00:16:52Pour ça,
00:16:53il faut un retrait,
00:16:54une séparation,
00:16:55envoyer les arabes
00:16:56là où ils doivent être
00:16:57et fonder ici
00:16:58un vrai État juif.
00:17:01Ce discours extrémiste
00:17:03séduit un jeune étudiant
00:17:04en informatique
00:17:05et en droit
00:17:05inscrit dans une université religieuse.
00:17:08Son nom,
00:17:10Yigal Amir.
00:17:12Né en 1970
00:17:13à Tel Aviv,
00:17:14il fait partie
00:17:15de cette génération
00:17:15qui sait tout
00:17:16ce qu'Israël doit
00:17:17à son premier ministre.
00:17:19Le cerveau de la guerre
00:17:19des six jours,
00:17:21l'initiateur du mythique
00:17:22traite sur Antébé
00:17:23en 1976,
00:17:25celui qui rend
00:17:25coup pour coup
00:17:26aux arabes.
00:17:28Mais en 1994,
00:17:30Amir a une nouvelle idole.
00:17:32Et en bonne idolâtre,
00:17:33il est de ceux
00:17:33qui honorent
00:17:34la tombe d'un homme,
00:17:35un docteur,
00:17:36devenu un véritable martyr
00:17:37pour les fanatiques juifs.
00:17:40Baruch Goldstein,
00:17:41le boucher des broncs.
00:17:44Et à l'instar
00:17:44de milliers
00:17:45d'autres extrémistes,
00:17:46il n'a plus que de la haine
00:17:48pour cet homme
00:17:48qui reçoit
00:17:49en décembre 1994
00:17:50avec Shimon Peres
00:17:52et Yasser Arafat
00:17:53le prix Nobel
00:17:54de la paix.
00:17:57Amir n'a plus
00:17:58qu'une obsession,
00:18:00faire dérailler
00:18:00le train
00:18:01des accords
00:18:01de paix.
00:18:06Un traître,
00:18:07c'est celui
00:18:07qui aide
00:18:08et collabore
00:18:08avec l'ennemi.
00:18:09Je pense aussi
00:18:10que celui
00:18:10qui met une arme
00:18:11dans les mains
00:18:11d'un policier palestinien
00:18:12est un traître,
00:18:13il n'y a pas
00:18:13d'autre mot.
00:18:14Nous sommes en 1995
00:18:17et l'engrenage
00:18:19de la violence
00:18:19s'emballe.
00:18:21Rabin
00:18:22est assis
00:18:22sur une bombe
00:18:23à retardement.
00:18:25Les palestiniens
00:18:26du Hamas
00:18:26multiplient
00:18:27les actes terroristes
00:18:28et Israël
00:18:30commence
00:18:30à libérer
00:18:31des territoires.
00:18:32Après 27 ans
00:18:33d'exil,
00:18:34Arafat
00:18:34peut embrasser
00:18:35la terre de Gaza.
00:18:36Après la poignée
00:18:37de main
00:18:37de 1993,
00:18:39maintenant le baiser
00:18:40est prodigué
00:18:40à leur terre sainte.
00:18:42La droite parlementaire
00:18:43emboîte le pas
00:18:43des extrémistes juifs
00:18:44et harcèl
00:18:45Izzak Rabin
00:18:46à la Knesset.
00:18:48Les manifestations
00:18:49hostiles au gouvernement
00:18:50se multiplient
00:18:51jusque devant
00:18:52le domicile
00:18:52du premier ministre.
00:18:54On y entend
00:18:54des slogans
00:18:54vengeurs
00:18:55et même meurtriers.
00:18:56A mort Rabin,
00:18:58mort aux traîtres.
00:19:04Le sentiment
00:19:04le plus fort
00:19:05était la peur.
00:19:07J'avais très peur
00:19:08qu'il se passe
00:19:08quelque chose
00:19:09de terrible
00:19:10car je voyais
00:19:13les gens,
00:19:14je voyais
00:19:15la haine.
00:19:19Une fois,
00:19:19j'ai dit
00:19:20à mon mari,
00:19:21nous étions
00:19:21dans une manifestation
00:19:22quelconque,
00:19:24je voyais
00:19:24les gens
00:19:24qui criaient,
00:19:25lancer des pierres
00:19:26et je lui ai dit
00:19:27c'est comme
00:19:27le Ku Klux Klan.
00:19:28Voir ces manifestations
00:19:34violentes
00:19:35et toutes ces centaines
00:19:36de gens
00:19:37avec la haine
00:19:38dans les yeux
00:19:38et le voir désigner
00:19:40comme la cible
00:19:41privilégiée
00:19:41de cette haine
00:19:42fut extrêmement éprouvant.
00:19:47Au bureau,
00:19:49par exemple,
00:19:50on recevait
00:19:51des centaines
00:19:51de lettres,
00:19:52des lettres
00:19:52de haine
00:19:53avec des symboles
00:19:55nazis.
00:19:57On recevait
00:19:58des cadavres
00:19:58de chats,
00:20:00des chats morts
00:20:01dans des boîtes.
00:20:04On recevait
00:20:05des coups
00:20:06de téléphone
00:20:06très violents.
00:20:11Rabin
00:20:12ne flanche pas.
00:20:14Le 28 septembre
00:20:151995,
00:20:16quelques semaines
00:20:17avant sa mort,
00:20:18il est de nouveau
00:20:19à Washington
00:20:19pour signer
00:20:20la deuxième étape
00:20:21des accords de paix.
00:20:23Le président égyptien
00:20:24Hosni Moubarak
00:20:25et le roi Hussein
00:20:25de Jordanie
00:20:26sont également là.
00:20:28et il y a
00:20:28une nouvelle
00:20:29poignée de main
00:20:30avec Arafat.
00:20:35Rabin
00:20:35savait parler
00:20:37à Arafat.
00:20:38Lorsque Arafat
00:20:39mentait
00:20:40ou
00:20:41n'appliquait pas
00:20:43un accord signé,
00:20:44c'était un coup de fil.
00:20:46Arafat
00:20:47rentrait dans le rang.
00:20:48Il y avait
00:20:48une espèce
00:20:49de respect
00:20:50d'Arafat
00:20:52envers Rabin
00:20:53qui était
00:20:54un des éléments
00:20:55essentiels
00:20:56du processus
00:20:57à l'époque.
00:20:59Rabin Arafat,
00:21:00le mariage
00:21:01de deux destins,
00:21:02mais un couple maudit.
00:21:04A l'automne 95,
00:21:05la situation
00:21:05est explosive
00:21:06en Israël.
00:21:07Des manifestations,
00:21:09toujours des manifestations,
00:21:10jusqu'aux appels
00:21:11au meurtre.
00:21:12Lorsque j'ai appris
00:21:15qu'il allait y avoir
00:21:16une prière cabalistique
00:21:17pour la mort
00:21:18du premier ministre,
00:21:19il est évident
00:21:19qu'on est allé voir,
00:21:20on est allé filmer.
00:21:22Et je suis tout seul.
00:21:25La presse israélienne
00:21:26n'a pas compris
00:21:28ce qui se passait
00:21:28sur le terrain.
00:21:31Le 2 octobre,
00:21:32devant la résidence
00:21:32de Rabin,
00:21:33une poignée d'hommes
00:21:34psalmodit
00:21:34une ancestrale prière
00:21:36de malédiction mortelle,
00:21:37la Poulsa des Noura.
00:21:39Pour tous les illuminés
00:21:40du judaïsme,
00:21:41un juif
00:21:42qui fait du mal
00:21:42aux juifs
00:21:43peut être tué.
00:21:49Pour que l'atmosphère
00:21:50de haine
00:21:50et d'opposition
00:21:51féroce
00:21:52se transforme
00:21:53en assassinat politique,
00:21:54il faut qu'il y ait
00:21:55un justificatif,
00:21:57un justificatif
00:21:58idéologique très fort,
00:21:59si possible religieux.
00:22:00Et ça,
00:22:01ce sont des rabbins
00:22:01extrémistes
00:22:02qui l'ont apporté.
00:22:03Est-ce que vous ne comprenez pas
00:22:04que les gens sont prêts
00:22:05à donner leur âme
00:22:06pour ce pays ?
00:22:07C'est le seul pays
00:22:07qui appartient aux juifs,
00:22:08aux peuples juifs.
00:22:10Et même d'ici,
00:22:10nous voulons,
00:22:11vous voulez nous faire sortir ?
00:22:12Il y a eu Auschwitz,
00:22:13il n'y aura pas un deuxième Auschwitz.
00:22:14Début octobre,
00:22:18une manifestation.
00:22:19Une de plus
00:22:20dans une colonie juive.
00:22:22Plusieurs personnes
00:22:23sont interpellées.
00:22:25Parmi elles,
00:22:26un certain Yigal Amir,
00:22:28désormais enrôlé
00:22:28dans le mouvement Eyal,
00:22:30un groupuscule
00:22:31de l'extrême droite religieuse.
00:22:33Des activistes
00:22:34qui s'étaient donnés
00:22:35en spectacle à la télévision
00:22:36durant l'été 95.
00:22:37le grand cirque.
00:22:40Cagoule,
00:22:41armes à feu
00:22:42et un serment.
00:22:44Prêté devant la tombe
00:22:45d'un des fondateurs
00:22:46du groupe Stern,
00:22:48une des plus importantes
00:22:49organisations terroristes juives
00:22:50en Palestine
00:22:51avant la création d'Israël.
00:22:54Que se promettent-ils
00:22:55cette nuit-là ?
00:22:56Tuer les juifs
00:22:56considérés comme traîtres
00:22:58à leur patrie.
00:22:59Dans leur viseur,
00:23:00Yitzhak Rabin.
00:23:05Je ne l'ai jamais vu,
00:23:07pas même une seule fois,
00:23:09trembler ou avoir peur
00:23:10ou quelque chose comme ça.
00:23:12Et il est possible
00:23:13qu'à la fin,
00:23:14cela ait rapproché sa mort.
00:23:17Il méprisait les manifestants,
00:23:18il les moquait
00:23:19et tout simplement,
00:23:20il n'avait aucune considération
00:23:22pour eux.
00:23:25Je pense que s'il s'était
00:23:26comporté un peu autrement,
00:23:28il n'aurait pas porté
00:23:29la haine contre lui
00:23:30à des niveaux jamais atteints,
00:23:32jamais atteints
00:23:32dans l'histoire
00:23:33de l'État d'Israël.
00:23:34Ils ne l'ont pas mort.
00:23:35Ils ne l'ont pas été
00:23:36dans le but de l'Israël.
00:23:37C'est parti !
00:24:07Il y avait peut-être un peu de fatalisme dans cette attitude, mais Rabin se fichait effectivement de sa propre sécurité.
00:24:18Et Rabin lui-même refusait de croire, il refusait de protéger les barbares, il disait moi je ne protégerai pas parmi mon peuple.
00:24:27C'était ça la conception si vous voulez.
00:24:31Le 6 octobre, un meeting politique place de Sion à Jérusalem tourne à l'émeute.
00:24:38L'atmosphère est au lynchage.
00:24:40Et tous les dirigeants de la droite sont là.
00:24:43Dariel Sharon au chef Udikoud, Benyamin Netanyahou.
00:24:46Et ce n'était pas des groupuscules qui manifestaient, les groupuscules étaient là.
00:24:52Mais il y avait la droite, la droite classique, la droite nationaliste.
00:24:54Le jeu de la droite parlementaire est clair.
00:25:21Il doit servir de ces piétails pour arriver au pouvoir.
00:25:25C'est aussi simple que ça.
00:25:27C'est-à-dire, là, ça c'est l'expression populaire, donc de la volonté populaire.
00:25:32Et grâce à cette expression populaire, nous allons renverser, nous allons arrêter le processus d'Oslo.
00:25:37C'était aussi politicien et misérable que cela.
00:25:40Il n'y en a pas eu un qui a eu le courage de dire, nous ne mangeons pas de ce pain-là.
00:25:44Ça, c'est défendu.
00:25:45Ce soir-là, une image marque les esprits.
00:25:50Des manifestants brandissent un photomontage d'Izzac Rabin revêtu d'un uniforme SS.
00:25:59Cette fois-ci, c'est un coup bas de trop pour un partisan de la paix.
00:26:03Un homme qui a survécu à la déportation.
00:26:05L'homme d'affaires franco-israélien, Jean Friedman.
00:26:08Moi, je savais ce que ça voulait dire.
00:26:16C'était dire, il faut le tuer.
00:26:20Un SS, c'est le symbole du meurtre des gens qu'il faut faire disparaître.
00:26:29Friedman décide de réagir.
00:26:31Plus question de laisser la rue aux opposants et aux fanatiques.
00:26:34J'ai l'idée de faire un grand rassemblement, beaucoup plus important que les rassemblements qui ont eu lieu contre Rabin, etc.
00:26:47Je m'en ouvre d'abord à Peres.
00:26:49Et Peres dit, oui, t'as raison.
00:26:52Il faut faire ça, mais il faut parler avec Rabin.
00:26:56A propos de cette manifestation, il était sceptique.
00:27:01Non par peur de quelque chose qui pourrait lui arriver,
00:27:04mais par peur que la mobilisation pour cette manifestation de paix ne soit pas suffisante.
00:27:08Et que le résultat en soit, que le processus de paix ne soit pas assez soutenu par la société israélienne.
00:27:13Il dit, qu'est-ce qui prouve que ça va marcher ?
00:27:22Et si ça ne marche pas, c'est la fin du gouvernement, et c'est la fin du processus de paix.
00:27:27Et là, je me mets en colère devant cette réaction.
00:27:33Et je lui dis, écoute, tu as été élu pour faire la paix.
00:27:36Oui, mais si les gens ne veulent pas, si les gens ne viennent pas,
00:27:44et bien je lui dis, si le peuple israélien ne te soutient pas pour la paix, démissionne.
00:27:51A contre-coeur, Rabin accepte le principe de ce rallye pour la paix.
00:27:56Reste à trouver une date.
00:27:58Je lui dis, écoute, le seul jour possible, c'est le 4 novembre.
00:28:03Il faut que ce soit un samedi.
00:28:04Il faut que ce soit avant la saison des pluies, c'est-à-dire avant le 15 novembre.
00:28:10Il faut que Pérez et toi, vous soyez là, dans le pays.
00:28:13Le seul samedi, avant le 15 novembre, où vous êtes là tous les deux, c'est le 4 novembre.
00:28:19Et il prend le carnet qui est devant lui, et un peu rageusement, il barre, il marque rallye.
00:28:26Et quand le drame s'est produit, je me suis dit, si elle, je lui donnais le jour, l'heure et le lieu de sa mort.
00:28:38Samedi 4 novembre 1995.
00:28:56En ce jour de Shabbat, le calme règne sur la place des rois d'Israël, à Tel Aviv,
00:29:00avant d'accueillir dans la soirée le grand show de Jean Friedman.
00:29:02Vers 18h, Rabin a un dernier rendez-vous avec un jeune et populaire responsable syndical, Rahim Ramon.
00:29:14Il était très calme et c'était une réunion très agréable.
00:29:21On a parlé de tout et de rien, comment ça allait, les derniers potins, les potins politiques et personnels.
00:29:28Et puis on a aussi discuté de la manifestation pour la paix.
00:29:33Comme toujours, il était très pessimiste.
00:29:35Combien de personnes vont venir, ils ne savent pas comment organiser ça, etc.
00:29:40Et je lui ai répondu,
00:29:42Itzhak, ne t'inquiète pas, cette fois, ça va être quelque chose de grand.
00:29:46Mais tu vas voir, tu vas être surpris.
00:29:47Alors il a fait un geste typique avec sa main, on verra, on verra.
00:29:54Et c'est la dernière fois que je l'ai vu vivant.
00:30:01La journée s'achève à Tel Aviv.
00:30:06Vers 19h, un jeune homme quitte la résidence familiale et monte dans le bus 247.
00:30:11Direction la place des rois d'Israël.
00:30:14Il va assister à la grande manifestation de soutien à Rabin.
00:30:17Dans sa poche, Yigal Amir a un pistolet Beretta, un 9mm.
00:30:24Une boule en acier a été rajoutée aux trois premières balles du chargeur,
00:30:27leur donnant ainsi un pouvoir de destruction maximum.
00:30:32Qui a trafiqué ces balles ?
00:30:34Le propre frère d'Amir, Agaï.
00:30:37Un spécialiste en armes et munitions.
00:30:40La seule personne qui l'aurait mise dans le secret.
00:30:42Arrivée sur place, Amir prend soin d'enlever sa kippa pour ne pas se faire remarquer.
00:30:47Il est 19h45, quand Yitzhak Rabin convoque son chauffeur pour qu'il le conduit, sa femme et lui, à la manifestation.
00:31:03Mais Nachem Damthi vient aller chercher à bord de la cadillac blindée,
00:31:07imposée à Rabin par les services de sécurité intérieure.
00:31:10Le chine-bête.
00:31:17C'est en tremblant que je retrouve ce véhicule.
00:31:21Je suis traversé de frissons, car cela me rappelle toutes les journées et tous les instants si difficiles que j'ai connus dans ce véhicule.
00:31:27Cette voiture, justement, je me souviens que Rabin ne voulait absolument pas voyager avec.
00:31:36Il ne voulait pas entendre parler de monter dans cette voiture.
00:31:40Et puis, j'ai cru comprendre qu'on l'a persuadé, pour des raisons de sécurité, d'accepter ce véhicule.
00:31:47Il n'était toujours pas d'accord.
00:31:48Il disait, comment ?
00:31:50Les gens voyagent dans les autobus sans protection ?
00:31:52Et moi, je voyagerais dans un véhicule protégé ?
00:31:54Non, je refuse.
00:31:56Bon, et puis, vous savez, après quelques insistances et quelques pressions, il a enfin accepté.
00:32:07Avant d'arriver à la cérémonie, il s'est demandé, inquiet, s'il y aurait du monde.
00:32:15Et on l'a informé qu'il y avait en effet beaucoup de gens, vraiment en grande quantité.
00:32:21Alors, il était heureux, vraiment de très bonne humeur, quand il est arrivé à la cérémonie.
00:32:26S'est-à-dire, je suis arrivé à la cérémonie.
00:32:28Vers 6 heures, on voit qu'il y a déjà beaucoup de monde, et ça continue.
00:32:33Le fleuve humain commence à se manifester d'une façon très impressionnante.
00:32:42Il y avait trois hélicoptères, il y avait 200 tireurs d'élite sur les toits, il y avait quelques centaines de soldats d'élite.
00:32:51Bon, problème de sécurité, il ne se pose pas.
00:32:59Il est presque 20 heures quand Yitzhak et Léa Rabin arrivent sur la place des rois d'Israël, prise d'assaut par une foule en liesse.
00:33:05Deux à 300 000 personnes sont venues soutenir leur premier ministre.
00:33:10C'est moi qui l'accueille.
00:33:14On est sur un podium qui domine la place devant la mairie, et il fait...
00:33:23Et ce soulagement, ce soupir était formidablement révélateur de la tension et de la surprise qu'il y avait.
00:33:38Un soulagement et un choc pour Rabin, si violemment attaqué et haï depuis deux années.
00:33:45Une révélation aussi pour cet homme à la timidité proverbiale.
00:33:50À partir de ce moment-là, il y a un autre Rabin qui est né.
00:33:57Il voit les jeunes qui se jettent dans l'eau et qui crient Rabin, Rabin.
00:34:03Lui qui est le contraire d'un leader populaire, d'un tribun, il est brusquement transporté.
00:34:13Et il se rend compte qu'il a été très soutenu par le peuple pendant cette période.
00:34:17Et que c'est pas les autres qui avaient raison, c'est lui et le peuple le soutient.
00:34:23Et le peuple l'aime.
00:34:26Sauf ce soir-là, une personne.
00:34:28Un homme déterminé à tuer.
00:34:29Amir se tient à l'écart de cette foule, qu'il doit tout autant haïr que l'homme qu'il est venu assassiner.
00:34:36Il attend son heure, tapis derrière la tribune.
00:34:39Là où doivent partir à la fin du meeting, les héros de la soirée.
00:34:43Rabin, bien sûr, mais aussi Shimon Peres, le ministre des Affaires étrangères.
00:34:48L'homme qui a convaincu Rabin de négocier avec les Palestiniens.
00:34:52Peres, son rival de toujours pour la domination du parti travailliste,
00:34:56et désormais son compagnon pour l'histoire.
00:34:59En fait, c'était... Il s'est détesté. Il faut dire les choses comme elles sont.
00:35:04C'était des adversaires...
00:35:06...vraiment profonds, avec une espèce d'incompatibilité d'humeur,
00:35:14d'inimitié profonde. C'est un fait.
00:35:17Ils étaient compagnons parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement.
00:35:19Et je dirais, enfin, c'est l'une des dimensions de la tragédie du 4 novembre.
00:35:26Peut-être la première fois, peut-être, où il y a eu une véritable complicité amicale.
00:35:35Et où il y a eu, dans le geste de l'approchement,
00:35:38dans la manière de se serrer les épaules, quelque chose de vrai, d'authentique,
00:35:42c'était l'année du 4.
00:35:43...
00:35:53...
00:35:54Je suis un homme de la Ligue de la Trabasse,
00:35:55de la Trabasse,
00:35:58j'ai eu l'enquemps,
00:36:00et tout ça n'a pas eu de la paix.
00:36:05Je crois que il y a de la paix.
00:36:10C'est un grand point.
00:36:11Donc il fait son discours, il est tout heureux, il a l'impression d'en avoir terminé,
00:36:24et puis il descend, il me dit alors j'ai fait mon boulot, et je dis non il reste quelque chose à faire,
00:36:31tout le monde va chanter une chanson.
00:36:35Il me regarde du coin de l'œil, et je lui dis qu'est-ce que c'est cette chanson ?
00:36:40Oui, c'est une chanson pour la paix, je ne peux pas te dire les paroles exactement, mais enfin c'est...
00:36:55C'était un véritable retournement de la part de cet homme, Rabin, en train de chanter la chanson de la paix,
00:37:02qu'il avait interdite à l'époque où il était chef d'état-major, parce qu'on trouvait que c'était un peu trop gauchiste.
00:37:08Maintenant, lui la chantait sur l'estrade.
00:37:12On a eu le sentiment d'un apaisement, et on a senti que Yitzhak Rabin était un homme heureux ce soir-là.
00:37:18Il chante le chant de la paix, on voit qu'il sourit, qu'il est épanoui, car c'était vraiment un signe de soutien au processus,
00:37:25ce qu'il n'avait jusque-là encore jamais vu.
00:37:27Il est 21h42, Shimon Peres vient de quitter les lieux.
00:37:47Yitzhak Rabin et sa femme partent dîner chez les amis, mais avant de quitter la cérémonie,
00:37:52il veut poser une dernière fois pour la postérité avec les organisateurs de la manifestation.
00:37:57Je descends avec Rabin, il marche, et je lui dis un peu, cherchant le compliment,
00:38:14j'ai dit alors t'es content ?
00:38:17Il me dit que ça veut dire content, je te dois les deux meilleures heures de ma vie.
00:38:21Je vois le premier ministre qui descend, il arrive dans ma direction, regarde à gauche, à droite,
00:38:43il y a un homme de la sécurité, il devait arriver du côté droit, mais en fait il arrive de mon côté.
00:38:51Il serre des mains, il regarde de tous les côtés, et finalement il arrive à une autre porte, celle de derrière.
00:39:00Et soudain, surgit ce meurtrier maudit, qui commence à tirer.
00:39:05Il tire, et il tire, et moi je crie, qu'est-ce que c'est que ça, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:39:11Il est 21h47, Yig Alamir déjoue la surveillance des cinq gardes du corps de Rabin,
00:39:17s'approche dans le dos du premier ministre, et là-bas à bout portant.
00:39:21Trois coups de feu retentissent.
00:39:26Rabin s'écroule, touché à l'abdomen et à la colonne vertébrale.
00:39:30La troisième balle blesse un de ses gardes du corps, qui arrive malgré tout à pousser Rabin dans sa voiture.
00:39:34J'ai mis la première et j'ai démarré en trombe.
00:39:41J'ai mis la sirène à fond.
00:39:45Dans les premiers regards, je vois qu'il ne réagit pas, il fait « Ah ! »
00:39:49Vous savez, il bégaye comme ça à quelques mots, incompréhensible.
00:39:51Alors le garde du corps me dit « Fonce à l'hôpital ! Fonce à l'hôpital ! »
00:40:00La Cadillac blindée arrive à l'hôpital le plus proche, quelques minutes après l'attentat.
00:40:07Le garde du corps est blessé à l'épaule.
00:40:09Ilzag Rabin est inconscient et dans un état critique.
00:40:14Sur les lieux de l'attentat, la foule, prise de panique, se disperse dans tous les sens.
00:40:18Garde du corps et policiers ont immédiatement maîtrisé Yigal Amir et le plaquent maintenant contre un mur.
00:40:25Je rejoins mon caméramen et puis on voit effectivement un type qui est collé contre le mur.
00:40:32Et je lui demande « T'as filmé ? »
00:40:34Il me dit « Oui, j'ai filmé. »
00:40:36Et c'est qui ? C'est un type là-bas.
00:40:39Il est palestinien, juif, je crois que c'est un juif.
00:40:44Impression confirmée par les papiers de l'assassin, qui s'exclame « Je ne suis pas un arabe, je suis un étudiant juif. »
00:40:52Yigal Amir est transporté au quartier général de la police, puis transféré au centre d'interrogatoire du Chinbet.
00:41:00Des informations contradictoires circulent sur l'état de santé du Premier ministre.
00:41:03Les Arabines arrivent à l'hôpital tandis que la population de Tel Aviv commence à affluer,
00:41:08sans savoir que le cœur d'Itsak Rabin a cessé de battre à 22h30.
00:41:14Les dernières tentatives des médecins pour le réanimer restent vaines.
00:41:17Ce que j'ai ressenti, il est inutile de le décrire.
00:41:44Le traumatisme a été terrible, un cauchemar imprévisible.
00:41:50Ce soir-là, ça nous est tombé dessus comme une profonde catastrophe.
00:41:56Je ne pense pas qu'il soit besoin de préciser davantage.
00:41:59C'est suffisamment clair la puissance de cette catastrophe pour notre famille.
00:42:02C'est très difficile.
00:42:23Très difficile pour moi.
00:42:25Pendant trois jours, je ne m'en suis pas remis.
00:42:26Très difficile.
00:42:28Un homme avec lequel vous travaillez toute votre vie, comme un père pour moi.
00:42:32Il s'inquiète des enfants, tout ça, tous les matins.
00:42:35Comment allez-vous ? Comment va la famille ?
00:42:37J'ai perdu un père, sans exagérer.
00:42:39Je me suis senti très mal, vraiment très mal.
00:42:41Les banderoles de la fête sont déjà en berne, quand le président des Etats-Unis livre son chagrin au monde.
00:42:53Puis, c'est au tour de Yasser Arafat, en état de choc.
00:43:1748 heures après l'attentat, Yitzhak Rabin est inhumé sur le mont Ertzel à Jérusalem,
00:43:43aux côtés des pères fondateurs du sionisme et d'Israël.
00:43:46Pour des raisons de sécurité, Yasser Arafat est resté chez lui.
00:43:53C'est à la télévision que le chef de l'OLP assiste aux funérailles.
00:43:57Une cérémonie où se sont donnés rendez-vous 87 chefs d'Etat.
00:44:03Les horizons funèbres se succèdent.
00:44:06Bill Clinton, Shimon Peres, mais aussi des proches comme Eitan Haber,
00:44:11qui brandit le texte de la chanson de la paix retrouvée gorgée de sang dans la poche du costume de son patron et ami.
00:44:19Et puis surtout, il y a Noah, la petite fille du défunt, dont les mots et les pleurs bouleversent le monde.
00:44:25Je ne veux pas parler de la chanson, je veux parler de son père.
00:44:31Je ne veux pas parler de son père.
00:45:01Là, il y a eu un problème en fait journalistique.
00:45:09On a tous parlé de la petite fille, le discours émouvant.
00:45:13Alors qu'à ces funérailles s'est déroulé un événement incroyable, impossible à imaginer quelques semaines plus tôt.
00:45:22On avait le tiers de la ligue arabe qui était sur le mont Herzl, à 50 mètres de la tombe du fondateur du sionisme.
00:45:32Imaginez, Hosni Moubarak, le roi de Jordanie.
00:45:36Le roi de Jordanie, à qui Rabin, chef d'état-major de la guerre de six jours, a pris Jérusalem-Est, a pris les saintes mosquées.
00:45:46Et le roi de Jordanie est là.
00:45:48Je n'ai jamais pensé qu'un moment viendrait venir.
00:45:56Quand j'aurai souffert l'attention d'un frère, un collègue et un ami.
00:46:08Rabin a été le premier mort qu'on pleurait les deux communautés.
00:46:23Et là encore, au lieu de bâtir là-dessus, on a laissé un peu se perdre tout ça dans le sable.
00:46:29Quatre jours après les obsèques, un homme, escorté de quelques gardes du corps, vêtu d'un chapeau, d'un imperméable et de lunettes noires, frappe à la porte de les Arabines.
00:46:43C'est Yasser Arafat, venu en personne présenter ses condoléances à la famille du défunt.
00:46:50Fait exceptionnel, c'est la première fois de sa vie qu'il pénètre dans l'état d'Israël.
00:46:54Une visite clandestine et déguisée qui le dépouille peut-être aussi pour la première fois de son éternel kéfier.
00:47:03Ce soir-là, Yasser Arafat pressent-il qu'avec la mort d'Itsak Rabin, c'est la quête de la paix qui va en prendre aussi un sacré coup.
00:47:17Chagrin, incompréhension et désarroi.
00:47:20Le peuple d'Israël porte le deuil de son premier ministre.
00:47:23Un état pleure son innocence perdue.
00:47:27Les Israéliens veulent comprendre.
00:47:29Une commission d'enquête est mise en place.
00:47:31Pourquoi et comment Yigal Amir, un juif, a-t-il pu tuer leur premier ministre ?
00:47:37Et je pense que là, le chibet, la sécurité en général, a erré non pas par manque d'organisation, c'était pas une faute technique, c'était une faute conceptuelle.
00:47:55La faute était dans la tête.
00:47:58C'est-à-dire le terrorisme, un coup, ne peut venir que des Arabes.
00:48:03Un juif ne peut pas faire ça.
00:48:04Le chibet est sur la sellette.
00:48:09Comment Amir, filmé ici lors d'une reconstitution, a-t-il pu échapper à la liste noire des services secrets ?
00:48:15Pourtant alerté par un informateur d'un projet d'assassinat sur Rabin.
00:48:19Aucune enquête et aucune trace d'Amir dans les fichiers.
00:48:26Puis le scandale, quand l'enquête révèle que le mouvement Eyal, auquel appartenait l'assassin, était en fait infiltré et manipulé par le chibet.
00:48:34De quoi nourrir la théorie d'un complot organisé pour tuer Rabin.
00:48:42Pour moi, l'assassin n'est pas venu comme ça.
00:48:46Ce n'est pas un martien débarqué qui tout à coup a mis une kippa et est allé tuer le premier ministre.
00:48:51Il procède d'un mouvement.
00:48:54Il y a eu diverses théories qui n'ont jamais été creusées, selon laquelle il aurait été effectivement envoyé par des rabins.
00:49:01On n'a jamais eu de preuves.
00:49:03Mais je pense qu'il était moralement au moins le représentant de tout un mouvement qui voulait tout faire pour que cesse,
00:49:12pour que s'interrompe le processus de négociation avec les Palestiniens.
00:49:16Finalement, la commission d'enquête conclut à la thèse de l'acte isolé.
00:49:21Amir n'est qu'un fanatique qui aurait agi de son propre chef.
00:49:25L'assassin, déclaré parfaitement sain d'esprit, ne cesse de revendiquer son crime au nom d'une meurtrière trinité,
00:49:31le peuple, la Torah et la terre d'Israël.
00:49:34Le 28 mars 1996, Amir est condamné à la prison à vie à l'issue d'un procès expédié en une quinzaine d'audiences.
00:49:46Comme si la société israélienne voulait exorciser au plus vite le traumatisme,
00:49:51sans vraiment faire son examen de conscience.
00:49:53« L'ombre du meurtre d'Itsak Rabin plane toujours sur nous et influence toujours beaucoup ce que nous faisons,
00:50:02la manière dont nous agissons.
00:50:07Nous prenons toujours en considération ce qui est arrivé il y a dix ans. »
00:50:16Yig Alamir, soumis à un strict isolement, n'a aucun espoir de grâce à ce jour.
00:50:21Il s'est marié par correspondance et dix ans après son jugement,
00:50:25la Cour suprême lui a même octroyé le droit d'avoir un enfant par insémination artificielle.
00:50:30Cet enfant, s'il voit jamais le jour,
00:50:33apprendra-t-il les conséquences désastreuses de l'acte commis par son géniteur ?
00:50:37« À l'époque où c'est arrivé, je me faisais l'illusion,
00:50:46et là c'était vraiment, je m'étais complètement planté,
00:50:48je m'écris ces choses-là,
00:50:51que le processus est trop avancé pour que l'homme seul,
00:50:54la disparition de l'homme seul puisse la remettre en cause.
00:50:58Et j'ai eu tort.
00:50:59Non pas que je pense que ce processus tout entier soit remis en cause,
00:51:02je ne le pense pas,
00:51:03mais il a été durement retardé
00:51:08et la mort de la bine aura eu finalement un effet beaucoup plus dévastateur
00:51:12sur le processus que je ne pensais.
00:51:23Le temps pour la paix a venu.
00:51:29Nous vous disons aujourd'hui,
00:51:31dans une voix douce et claire.
00:51:35C'est suffisant de sang et de peau.
00:51:39C'est suffisant !
00:51:40Hélas, ces mots qui résonnent dans toutes les mémoires
00:51:43n'ont pas encore trouvé d'écho.
00:51:45Les espoirs des accords de Washington se sont vite évanouis.
00:51:49La multiplication des attentats suicides du Hamas
00:51:51a précipité la défaite électorale de Shimon Peres.
00:51:55Ses successeurs, de gauche ou de droite,
00:51:57ont dû se résoudre à mettre leur pas dans ceux de Rabin.
00:51:59Même ceux qui surfaient sur la vague de la haine.
00:52:03Benyamin Netanyahou, devenu premier ministre,
00:52:06a lui aussi serré la main de Yasser Arafat.
00:52:08Moins d'un an après la mort de son adversaire.
00:52:12Autre ironie de l'histoire,
00:52:14Ariel Sharon,
00:52:15pour avoir démantelé de force
00:52:16les colonies juives de la bande de Gaza,
00:52:19est devenu à son tour
00:52:20l'homme le plus détesté du pays.
00:52:22Mais dix ans après la mort d'Isa Krabine,
00:52:26tous,
00:52:27Israéliens et Palestiniens,
00:52:29ont échoué à faire la paix.
00:52:30C'était, il y a 30 ans,
00:52:46l'assassinat du premier ministre israélien,
00:52:49Issa Krabine,
00:52:49par un orthodoxe religieux juif.
00:52:52L'ancien général était devenu un soldat de la paix,
00:52:55mais le père a de sa vie tué par l'un des siens.
00:52:58Quelles conséquences aura eu ce meurtre politique en Israël
00:53:02sur l'espoir de paix qui planait encore,
00:53:04à l'époque, au Proche-Orient ?
00:53:06Eh bien, nous allons en débattre
00:53:07avec nos trois invités présents maintenant
00:53:09sur ce plateau de débat d'hoc.
00:53:11Offer Brunstein est tout d'abord avec nous.
00:53:13Bienvenue à vous.
00:53:14Vous avez été conseiller d'Isa Krabine
00:53:16et vous avez fait partie de la délégation israélienne
00:53:18à Washington pour ces fameux accords d'Oslo de 1993.
00:53:23Je précise tout de suite qu'un certain nombre de photos
00:53:25vont illustrer cette émission
00:53:27et une partie de ces photos,
00:53:29eh bien, c'est vous-même qui nous les avez transmises.
00:53:32Merci pour ça.
00:53:33Vous êtes aussi président et cofondateur
00:53:35du Forum international pour la paix.
00:53:37Et je citerai aussi la paix autrement.
00:53:39C'est un rapport que vous avez écrit
00:53:42et destiné à l'actuel chef de l'État,
00:53:44Emmanuel Macron,
00:53:45avec une première version que vous aviez écrite en 2021
00:53:47pour un rapprochement israélo-palestinien
00:53:51avec une remise à jour après, évidemment,
00:53:54les terribles attentats du 7 octobre 2023.
00:53:58Frédéric Ancel est également avec nous.
00:54:00Bienvenue.
00:54:01Vous êtes géopolitologue, essayiste, spécialiste du Proche
00:54:03et du Moyen-Orient, professeur à Paris School Business
00:54:06et maître de conférence à Sciences Po Paris.
00:54:09Votre dernier livre s'intitule
00:54:10« La guerre mondiale n'aura pas lieu ».
00:54:12J'espère que vous avez raison, Frédéric Ancel.
00:54:15À présent, ça tient.
00:54:17C'est un ouvrage disponible et publié chez Odile Jacob.
00:54:21Et puis enfin avec nous, Alexandra Schwarzbrot.
00:54:24Bienvenue à vous.
00:54:25Vous êtes journaliste, romancière,
00:54:27directrice adjointe de la rédaction du quotidien Libération.
00:54:30Vous étiez correspondante notamment à Jérusalem
00:54:33entre 2000 et 2003, justement,
00:54:35pour le quotidien Libération.
00:54:37Le documentaire que nous avons vu ensemble
00:54:39date de maintenant 20 ans.
00:54:42Il avait été réalisé à l'occasion
00:54:43de la célébration des 10 ans de cet assassinat d'Issac Rabin.
00:54:48Nous sommes maintenant 30 ans après cet assassinat.
00:54:53Ça a été parfaitement dit au tout début du film.
00:54:56C'est un juif qui assassine un juif.
00:54:58C'est un extrémiste juiste religieux
00:55:00qui assassine le premier ministre de son pays.
00:55:03Qu'est-ce que ça signifiait en 1995
00:55:06dans la société israélienne, cet assassinat, fondamentalement ?
00:55:10Pour moi, ça signifie deux choses.
00:55:11Tout d'abord, qu'un assassinat politique
00:55:13peut changer le cours de l'histoire.
00:55:17Je regrette, mais l'assassinat d'Arabin a gagné pour l'instant.
00:55:21Il a voulu qu'il n'y ait pas de paix.
00:55:23Il n'y a pas de paix.
00:55:24Il a voulu détourner tout ce processus.
00:55:26Il n'y a pas.
00:55:27Il a voulu que les pays arabes se désengagent d'Israël.
00:55:30C'est ce qui est passé.
00:55:31Ça, c'est la première chose.
00:55:32Et la deuxième chose, ça a démontré
00:55:34des fractures profondes dans la société israélienne.
00:55:37Je me permets de vous corriger,
00:55:38ce n'est pas un juif religieux orthodoxe
00:55:41qui a tué Arabin.
00:55:43Au contraire, à l'époque, et c'est grâce à eux d'ailleurs,
00:55:45que les juifs orthodoxes, séparades,
00:55:48faisaient partie de la coalition de Arabin.
00:55:50Ce qui était déjà inédit dans la politique israélienne,
00:55:53puisqu'il y avait l'extrême-gauche de Meretz,
00:55:55il y avait les religieux, qui en général ne sont pas
00:55:56dans les mêmes coalitions.
00:55:58Et c'est grâce à Chasse, au rabbin, on va dire,
00:56:00que la Knesset et le gouvernement avaient voté
00:56:04les accords de ce lot.
00:56:05Celui qui a été assassiné de Rabin,
00:56:07c'est un juif religieux nationaliste.
00:56:11Les juifs religieux orthodoxes ne sont pas nationalistes.
00:56:15Et ce qui, moi, me chagrine,
00:56:17plus que me chagrine,
00:56:19m'inquiète énormément,
00:56:20c'est que ceux qui ont appelé à son assassinat,
00:56:23ceux qui ont encouragé son assassinat,
00:56:25sont aujourd'hui au pouvoir en Israël.
00:56:28Et pas dans des ministères qui sont anodins.
00:56:33L'un qui était le plus vérifiant,
00:56:35Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale,
00:56:40en charge de la police,
00:56:41pour quelqu'un qui a été jugé 26 fois,
00:56:43et condamné 26 fois aussi pour des actes terroristes.
00:56:46Et le deuxième ?
00:56:46Et le deuxième, c'est le ministre des Finances,
00:56:50Smotvitch, Metsanel Smotvitch,
00:56:52qui, on est en train de voter le budget en Israël comme en France,
00:56:56et on s'aperçoit que Metsanel Smotvitch est en train de dépenser
00:56:59un État qui est déjà dépourvu.
00:57:01Cette guerre du 7 octobre a coûté plus de 100 millions de dollars par jour
00:57:05aux contribuables israéliens, et c'est pas tout.
00:57:07Il est en train de dépenser des sommes énormes
00:57:09pour encourager, encore une fois,
00:57:11la colonisation et les colonies,
00:57:13ce qui va, encore une fois,
00:57:15prouver que ceux qui ont voulu tuer Rabin
00:57:18sont au pouvoir et sont arrivés à détourner le cours de l'histoire.
00:57:23– Celui qui a tué Isaac Rabin il y a 30 ans,
00:57:25il y a Galamir, il avait 25 ans à l'époque,
00:57:27et vous venez de nous dire, d'une certaine manière, il a gagné.
00:57:30Parce que ce sont ses descendants politiques,
00:57:32si j'ai bien compris ce que vous avez dit,
00:57:33qui sont en partie au pouvoir aujourd'hui
00:57:35dans ce gouvernement Netanyahou.
00:57:37C'est votre avis aussi ?
00:57:38– Alors, sur le fond, je suis tout à fait d'accord
00:57:41avec Offer-Brunstein.
00:57:42Alors, peut-être avec une nuance, pour la beauté du débat.
00:57:45D'abord, lorsque Rabin est assassiné,
00:57:48Oslo 2, donc la deuxième phase du processus Oslo,
00:57:51vient de commencer et ça ne se passe pas bien.
00:57:53Et pendant de longues semaines,
00:57:55on se demande si, véritablement,
00:57:57on va pouvoir continuer à avancer.
00:57:58Pourquoi ? Parce que là, on entre dans le dur.
00:58:00Oslo 1 a correspondu, je ne dis pas que c'est facile,
00:58:03mais ça a correspondu tout de même
00:58:04à des éléments qui étaient, on va dire,
00:58:06les moins difficiles.
00:58:07Et là, on abordait les questions les plus fondamentales.
00:58:09Offer vient d'évoquer les implantations,
00:58:10il y avait les frontières, la sécurité,
00:58:12les réfugiés, Jérusalem, etc.
00:58:14Rien ne dit, on ne refait pas l'histoire,
00:58:16mais rien ne dit que sans l'assassinat de Rabin,
00:58:18le processus d'Oslo serait arrivé à son terme.
00:58:20La vérité, c'est qu'on n'en sait rien.
00:58:22Et le deuxième point, c'est que Shimon Peres,
00:58:24qui arrive au pouvoir, donc par intérim,
00:58:26en quelque sorte, qui était le vice-premier ministre,
00:58:28fait l'erreur absolument hallucinante,
00:58:32sur le plan politique,
00:58:33de ne pas convoquer immédiatement
00:58:35des élections législatives.
00:58:36Et là, toutes les enquêtes d'opinion
00:58:37disaient, à l'époque, que le Parti travailliste
00:58:39l'emporterait.
00:58:40Par conséquent, Peres, de ce point de vue-là,
00:58:42il ne s'agit pas de lui jeter la pierre,
00:58:44mais de ce point de vue-là,
00:58:45a fait une erreur très grave,
00:58:46qui, du coup, a vraiment plombé
00:58:49le processus de paix.
00:58:50Et il a attendu le mois de mai,
00:58:52et de nombreux attentats,
00:58:54notamment du Hamas,
00:58:55déjà à l'époque,
00:58:56qui a tué des attentats,
00:58:58qui ont fait des centaines de victimes,
00:58:59déjà chez des civils israéliens,
00:59:01pour que l'opinion israélienne,
00:59:02du coup, se retourne,
00:59:03en quelque sorte,
00:59:04oublie, entre guillemets,
00:59:06en tout cas,
00:59:06efface dans une certaine mesure
00:59:08le trauma de l'assassinat de Rabin,
00:59:09et se dise,
00:59:10mais décidément,
00:59:11avec Peres,
00:59:11la sécurité ne sera pas assurée,
00:59:13et donc nous allons voter
00:59:13plutôt le Likoud.
00:59:14Et je rappelle que,
00:59:15fin mai 1996,
00:59:16donc quelques mois seulement,
00:59:17après l'assassinat de Rabin,
00:59:18Benjamin Netanyahou,
00:59:20jeune à l'époque,
00:59:21le 28 mai,
00:59:21l'emporte à quelques milliers
00:59:23de voix près,
00:59:24face à Shimon Peres.
00:59:25Pour un premier mandat,
00:59:26en tant que premier ministre israélien,
00:59:28est-ce que vous voulez rajouter
00:59:29quelque chose,
00:59:30d'une part,
00:59:31à ce qui vient d'être dit,
00:59:31peut-être au documentaire
00:59:32que nous avons vu à l'instant,
00:59:34sur ce qu'était le contexte,
00:59:35à l'époque,
00:59:37et notamment,
00:59:38ce fameux novembre 1995 ?
00:59:40Revoir ce documentaire,
00:59:42aujourd'hui,
00:59:43après tout ce qui s'est passé,
00:59:44ces deux dernières années,
00:59:45est totalement poignant.
00:59:46Et poignant,
00:59:47parce qu'on se rend compte
00:59:49que tout était écrit,
00:59:51en fait.
00:59:52Tout ce qu'on vient de vivre
00:59:53ces dernières années,
00:59:55tout ce cauchemar,
00:59:56ces horreurs,
00:59:56était écrit.
00:59:58Parce que ce documentaire
01:00:00reparle de ces deux hommes
01:00:02qui ont fait dérailler l'histoire.
01:00:04D'abord,
01:00:04Baruch Goldstein,
01:00:06qui a commis ce massacre...
01:00:08Un 22 février,
01:00:08je crois,
01:00:09jour de Pourim.
01:00:10...au caveau des patriarches
01:00:11à Hébron.
01:00:1129 mois.
01:00:12Et Yigal Amir.
01:00:1429 palestiniens assassinés.
01:00:1529 palestiniens assassinés.
01:00:16Et Yigal Amir,
01:00:17qui a tué Hitchak Rabin.
01:00:19Et à l'époque,
01:00:21ces deux hommes,
01:00:22et ça,
01:00:22on le voit bien dans le doc,
01:00:23ces deux hommes ont été présentés
01:00:26comme des illuminés isolés.
01:00:28On le voit bien.
01:00:29À l'époque,
01:00:29c'est ce qu'on dit.
01:00:30Ce sont des illuminés isolés.
01:00:33On écarte très vite
01:00:34la thèse d'un éventuel complot,
01:00:36par exemple,
01:00:36pour illustrer
01:00:37ce que vous venez de dire.
01:00:38Mais même au-delà du complot,
01:00:40en fait,
01:00:40ils n'étaient pas isolés.
01:00:41Ils représentaient une partie
01:00:43de la population israélienne
01:00:44qui, à l'époque,
01:00:46était minoritaire,
01:00:47qui n'était pas très...
01:00:48Dont on parlait assez peu,
01:00:49finalement,
01:00:50et qui n'a cessé de grossir.
01:00:52Et qu'on n'a pas essayé,
01:00:53en tout cas,
01:00:54ceux qui auraient pu,
01:00:56les laïcs,
01:00:57les progressistes,
01:00:59auraient pu essayer
01:01:00de contenir,
01:01:01à l'époque,
01:01:01en voyant arriver
01:01:02le danger qui montait.
01:01:03Et notamment,
01:01:04je pense aussi
01:01:05au danger de la colonisation
01:01:06qui a gangréné
01:01:09la société israélienne.
01:01:10Et on voit bien
01:01:11où on en est aujourd'hui.
01:01:13C'est ça qui a conduit
01:01:14à la situation d'aujourd'hui.
01:01:16Et en fait,
01:01:16tout était écrit
01:01:17à cette époque-là.
01:01:18Et on ne l'a pas vu.
01:01:19Ni les Israéliens,
01:01:21ni les Occidentaux,
01:01:22ni tous ceux
01:01:23qui essayaient
01:01:24de participer à la paix
01:01:25entre Israéliens
01:01:26et Palestiniens.
01:01:27On a peut-être offert,
01:01:29ça serait intéressant
01:01:29de voir comment,
01:01:31à l'époque,
01:01:32on n'a pas perçu
01:01:33le danger
01:01:34que représentaient
01:01:35tous les amis
01:01:36de Yigal Amir,
01:01:37de Baruch Goldstein.
01:01:38Et en fait,
01:01:39ils étaient nombreux.
01:01:39Ils n'ont cessé
01:01:40de grossir depuis.
01:01:42J'ai trouvé ça
01:01:43très intéressant.
01:01:44Moi, je crois
01:01:44qu'on l'a perçu.
01:01:45On a vu le danger.
01:01:46D'ailleurs,
01:01:47la soirée du 4 novembre,
01:01:49elle vient parce que,
01:01:50vous savez,
01:01:51Kennedy a dit une fois
01:01:52ce qu'on lui a demandé
01:01:53quelle est la qualité
01:01:54la plus importante
01:01:54d'un homme d'État.
01:01:55Et il a dit
01:01:56c'est le courage.
01:01:57Rabin est à la fin
01:01:58de ses jours,
01:01:59enfin,
01:01:59à la fin de sa carrière politique.
01:02:00Il a déjà plus de 70 ans.
01:02:02Et il comprend très bien
01:02:03que le pas qu'il va faire
01:02:05vers les Palestiniens,
01:02:06vers le monde arabe,
01:02:07ça va être un pas
01:02:08qui va être contesté.
01:02:09Il était tout à fait au courant
01:02:10qu'une partie du public
01:02:11n'allait pas avec lui.
01:02:12Et d'ailleurs,
01:02:13quand on lui a proposé
01:02:15de faire cette grande manifestation
01:02:16du 4 novembre,
01:02:18Zvili était le secrétaire général
01:02:19du Parti travailliste.
01:02:20Moi, je dirigeais
01:02:21une organisation pour la paix.
01:02:22On était parmi les organisateurs.
01:02:24Il avait très peur.
01:02:25Il ne le voulait pas.
01:02:26Il était persuadé
01:02:26que personne ne viendra.
01:02:29Qu'il sera désavoué.
01:02:31Et c'est pour ça
01:02:32que c'était une des plus belles...
01:02:33C'est le paradoxe.
01:02:34C'était une des plus belles
01:02:34soirées de sa vie.
01:02:36Une des seules fois
01:02:36où il a chanté en public
01:02:37parce que c'était un homme
01:02:38très réservé, très timide.
01:02:40Et elle se termine
01:02:41par cette tragédie.
01:02:43Et on s'est aperçu
01:02:44qu'il y avait quand même
01:02:44200 000 personnes
01:02:45qui sont venues
01:02:46pour dire que le slogan
01:02:47de cette soirée
01:02:49était oui à la paix,
01:02:50non à la violence.
01:02:51Donc on était déjà conscients
01:02:53du fait qu'il y avait
01:02:53un problème dans la société israélienne.
01:02:55Quelle est la part
01:02:55de responsabilité ?
01:02:56Parce qu'on l'a vu aussi
01:02:57dans ce documentaire
01:02:58de Benjamin Netanyahou
01:03:00à l'époque.
01:03:01Ariel Sharon
01:03:01qui allait devenir maire
01:03:02lui aussi,
01:03:03devenir Premier ministre israélien
01:03:05un peu plus tard.
01:03:06Ils ont une part
01:03:07de responsabilité
01:03:07dans ces événements
01:03:08en novembre de 1995.
01:03:11Écrasante.
01:03:12Benjamin Netanyahou,
01:03:13certainement,
01:03:13je ne l'oublierai pas
01:03:14la manifestation
01:03:15à Kikar Sion
01:03:17où Benjamin Netanyahou
01:03:18est sur l'estrade
01:03:19avec des photos
01:03:21de Trakrabine
01:03:23en uniforme SS,
01:03:25avec des gens
01:03:26qui portent son cercueil,
01:03:29avec des appels à la mort
01:03:31en face de lui.
01:03:32Et lui reste sur la scène
01:03:34et il continue à dire
01:03:36que Rabin a tort,
01:03:37que c'est une trahison,
01:03:38etc.
01:03:39Donc il y a,
01:03:40il a,
01:03:40une responsabilité indirecte
01:03:42exceptionnellement importante.
01:03:45Et ce n'est pas par hasard
01:03:46qu'aujourd'hui
01:03:46il dirige un gouvernement
01:03:47où il a accepté,
01:03:49alors qu'il a dit
01:03:49qu'il ne le ferait jamais,
01:03:50que les gens
01:03:51qui ont appelé
01:03:51à l'assassinat de Rabin
01:03:52y soient.
01:03:55Alexandra parle
01:03:56de Goldstein.
01:03:59Le ministre
01:03:59de la Sécurité Intérieure
01:04:01aujourd'hui,
01:04:01avant qu'il soit
01:04:02élu ministre,
01:04:03avait le poster
01:04:04de Bau Goldstein
01:04:05chez lui à la maison.
01:04:06Les attentats,
01:04:07donc Frédéric parle,
01:04:09terrible,
01:04:09du Hamas déjà à l'époque,
01:04:11viennent après l'assassinat,
01:04:12l'attentat
01:04:13de Baro Goldstein.
01:04:16C'est comme ça
01:04:16que le cercle a fait là.
01:04:18Mais moi je vais vous dire,
01:04:19nous on a failli,
01:04:20le camp de la paix a failli.
01:04:23Moi je respecte
01:04:24les colons
01:04:24parce qu'ils se sont battus
01:04:25pour ceux qui croient.
01:04:26alors que nous on a fait
01:04:27des manifestations,
01:04:28on était nombreux
01:04:29avec des bougies
01:04:30et des champs de paix.
01:04:31On n'a pas été assez sérieux
01:04:34dans notre combat pour la paix.
01:04:36J'espère qu'on va le devenir
01:04:37mais moi j'ai peur
01:04:37qu'il y ait une guerre civile
01:04:39en Israël prochainement.
01:04:40Quand on regarde
01:04:40ce qu'ont pu être
01:04:41les conséquences
01:04:41de cet assassinat,
01:04:43évidemment on considère
01:04:44que ça a freiné
01:04:44le processus de paix,
01:04:46vous l'avez dit tout à l'heure,
01:04:47mais aussi que ça élargit
01:04:49considérablement
01:04:49la fracture sociale en Israël
01:04:51entre les laïcs
01:04:52et les religieux
01:04:53d'une part
01:04:54et puis aussi
01:04:55un constat froid.
01:04:56La gauche israélienne
01:04:57si on met de côté
01:04:58la période Ehud Barak
01:05:00ne reviendra plus jamais
01:05:01au pouvoir
01:05:02en Israël.
01:05:05Alors fracture sociale
01:05:06ou fracture sociopolitique,
01:05:08oui c'est vrai.
01:05:09Elle existait déjà auparavant.
01:05:10D'ailleurs je rappelle
01:05:11qu'en 1983
01:05:12dans une manifestation
01:05:13Emile Grunschweig
01:05:14d'un manifestant pacifiste
01:05:16est déjà abattu
01:05:17par une grenade
01:05:17lancée par un militant nationaliste.
01:05:19Donc Rabin
01:05:20n'est pas le premier
01:05:20en quelque sorte.
01:05:21Mais enfin
01:05:21c'est une société
01:05:22très mosaïque
01:05:23c'est le moins qu'on puisse dire
01:05:24confrontée à un contexte
01:05:27de guerre
01:05:28en tout cas
01:05:28un contexte géopolitique
01:05:29très dur
01:05:29depuis sa création.
01:05:31Donc par définition
01:05:31oui les tensions
01:05:32sont permanentes.
01:05:33Elles se sont effectivement
01:05:33malheureusement accrues
01:05:35et je pense que
01:05:36l'assassinat de Rabin
01:05:36d'ailleurs a été à la fois
01:05:37cause et conséquence
01:05:38de l'accroissement
01:05:39de ces tensions
01:05:40extrêmement graves
01:05:41notamment effectivement
01:05:42d'une grande partie
01:05:43du camp
01:05:44ou d'un camp nationaliste.
01:05:45Alors laïcs religieux
01:05:46oui dans une certaine mesure
01:05:48parce qu'attention
01:05:49vous avez deux types
01:05:50de religieux
01:05:50je le fais très court
01:05:51mais au faire la bien rappeler
01:05:52tout à l'heure vous avez
01:05:53les Haredim
01:05:53les ultra-orthodoxes
01:05:54les Ormans Noirs
01:05:55ils ne sont pas nationalistes
01:05:56ce sont des gens
01:05:56qui ont manifesté
01:05:57là encore très très récemment
01:05:58contre le service militaire
01:06:00auquel maintenant
01:06:00ils sont enfin soumis.
01:06:02Donc ce sont des gens
01:06:03qui participent
01:06:04de manière opportuniste
01:06:05à des gouvernements
01:06:06nationalistes
01:06:06mais ils ne sont pas
01:06:08réellement nationalistes
01:06:09et quand ils vivent
01:06:09dans des implantations
01:06:10c'est parce que c'est moins cher
01:06:11et qu'il y a de la place.
01:06:11En revanche
01:06:12vous avez effectivement
01:06:13un noyau
01:06:14de plus en plus important
01:06:15au sein de la société
01:06:16israélienne
01:06:17deux nationalistes religieux
01:06:18Mizrahim
01:06:19si vous préférez
01:06:20en hébreu
01:06:20et là oui
01:06:21en leur sein
01:06:22il y a eu effectivement
01:06:23une évolution
01:06:24vers un ultra-nationalisme
01:06:26absolument évidente.
01:06:28Je dis évolution
01:06:29simplement parce que
01:06:29je rappelle que
01:06:30dans les années 50-70
01:06:31ces gens-là
01:06:32font partie des coalitions
01:06:34travaillistes de gauche
01:06:35pourtant ce sont déjà
01:06:36des sionistes nationalistes
01:06:37et à partir
01:06:38des années 70-80
01:06:40ils ne feront plus jamais
01:06:41partie de coalition de gauche
01:06:43et seront systématiquement
01:06:44à droite
01:06:44et là effectivement
01:06:45en leur sein
01:06:45il y a une forme
01:06:47de radicalisation
01:06:48tout à l'heure
01:06:48Alexandra a offert
01:06:49parler de Bengvir
01:06:51qui est actuellement
01:06:52ministre
01:06:53c'est à l'origine
01:06:54non seulement un nationaliste
01:06:55mais c'est un voyou
01:06:57c'est quelqu'un
01:06:58qui est extraordinairement
01:06:59violent
01:07:00c'est quelqu'un
01:07:01qui a suivi
01:07:02un rabbin
01:07:03qui était qualifié
01:07:03à juste titre d'ailleurs
01:07:04de raciste
01:07:05le fameux rabbin
01:07:05qui a été abattu
01:07:06en 90 à New York
01:07:07et qui prônait
01:07:09littéralement
01:07:09l'expulsion
01:07:10voire la mort
01:07:11des palestiniens
01:07:11et bien aujourd'hui
01:07:12il est ministre
01:07:13et de ce point de vue là
01:07:14on peut effectivement
01:07:15stigmatiser l'actuel
01:07:16premier ministre
01:07:17pour avoir accepté
01:07:18de bâtir
01:07:19une coalition
01:07:20avec cette extrême droite là
01:07:21alors que mathématiquement
01:07:23après la victoire
01:07:24liée
01:07:25au scrutin
01:07:26du 1er novembre
01:07:272022
01:07:28il avait la possibilité
01:07:29de faire une coalition
01:07:30au centre
01:07:30sur la disparition
01:07:32ou presque
01:07:32de la gauche
01:07:34israélienne
01:07:35du parti travailliste
01:07:36après
01:07:37et Oud Barak
01:07:38donc on va dire
01:07:39après 2001
01:07:40ça aussi
01:07:42ça a été une conséquence
01:07:43de cet assassinat
01:07:44d'Issac Rabin
01:07:45en 95
01:07:46la quasi disparition
01:07:49oui la gauche
01:07:49a pris
01:07:50à ce moment là
01:07:51un coup
01:07:51sur la tête
01:07:53terrible
01:07:53terrible
01:07:54parce que
01:07:55ces espoirs
01:07:56tout à coup
01:07:58se sont effondrés
01:07:59je pense que
01:08:00les personnalités
01:08:02aussi
01:08:03d'Eoud Barak
01:08:03de Shimon Peres
01:08:04ils sont aussi
01:08:05pour quelque chose
01:08:06ce ne sont pas des
01:08:07je ne sais plus
01:08:09qui a parlé
01:08:10des erreurs
01:08:10de Shimon Peres
01:08:11il en a fait
01:08:12je crois que c'est Frédéric
01:08:13il en a fait beaucoup
01:08:14il en a fait énormément
01:08:15il faut se souvenir
01:08:16que Shimon Peres
01:08:17c'est celui
01:08:18qui a commencé
01:08:18la colonisation
01:08:19c'est lui
01:08:20le premier
01:08:20c'est le premier
01:08:21qui a entamé
01:08:22la colonisation
01:08:23des territoires palestiniens
01:08:24colonisation
01:08:25encore une fois
01:08:26qui est le nœud
01:08:28du problème
01:08:28qui est le début
01:08:29de
01:08:29enfin c'est
01:08:30c'est ça
01:08:32qui a gangréné
01:08:32la société israélienne
01:08:33c'est la colonisation
01:08:34c'est de là
01:08:35que tout part
01:08:36et si vous voulez
01:08:38je pense que
01:08:38Shimon Peres
01:08:39qui a accepté
01:08:41aussi de gouverner
01:08:43avec Ariel Sharon
01:08:44enfin
01:08:44il a fait beaucoup
01:08:45beaucoup de compromis
01:08:47qui étaient beaucoup
01:08:47de compromissions aussi
01:08:48et si vous voulez
01:08:49je pense que la gauche israélienne
01:08:50à un moment
01:08:51ne s'y est plus retrouvée
01:08:52était perdue
01:08:53entre l'assassinat
01:08:54de celui
01:08:55qui devait
01:08:56essayer
01:08:57c'est vrai
01:08:57qu'on ne saura jamais
01:08:58si la paix
01:08:59aurait pu
01:09:00en effet
01:09:00être
01:09:01effective
01:09:02mais quand même
01:09:03Icha Rabin
01:09:05représentait un espoir
01:09:06et Shimon Peres
01:09:07n'a pas su
01:09:08reprendre ce flambeau
01:09:10il a même accumulé
01:09:11les erreurs
01:09:11et il n'y a pas eu
01:09:13d'hommes
01:09:14ou de femmes
01:09:15de gauche
01:09:17qui aient réussi
01:09:18à reprendre le flambeau
01:09:19et encore une fois
01:09:20encore une fois
01:09:21personne
01:09:22n'a essayé
01:09:23de mettre fin
01:09:24à la colonisation
01:09:25et ça
01:09:26c'est
01:09:26et ça c'est une erreur
01:09:28magistrale
01:09:29donc je pense quand même
01:09:29aussi que la qualité
01:09:30du personnel politique
01:09:32en Israël
01:09:33on a bien vu
01:09:34que malheureusement
01:09:35maintenant ça s'est étendu
01:09:36à l'ensemble du monde
01:09:38Israël n'est pas seul en cause
01:09:39mais la qualité
01:09:40du personnel politique
01:09:41n'a cessé
01:09:43de se dégrader
01:09:43depuis cette époque
01:09:45et là on ne voit pas bien
01:09:46et ce qui a permis
01:09:47à un homme
01:09:47comme Benyamin Netanyahou
01:09:48qui porte en effet
01:09:49une responsabilité écrasante
01:09:52dans la mort
01:09:52d'Itshak Rabin
01:09:53ça c'est le petit défaut
01:09:54de ce doc
01:09:54c'est qu'il ne le montre pas
01:09:56assez à mon avis
01:09:56c'est ce qui a permis
01:09:58à Benyamin Netanyahou
01:09:59qui est vraiment un homme
01:10:00terrible
01:10:01mais extrêmement malin
01:10:03de s'engouffrer
01:10:05dans ce vide
01:10:06politique
01:10:07laissé par la gauche
01:10:08d'Israël
01:10:08sur trois périodes différentes
01:10:10Benjamin Netanyahou
01:10:11on va le rappeler
01:10:11a exercé le pouvoir
01:10:12en tant que premier ministre
01:10:13pendant 18 ans
01:10:14sur trois périodes différentes
01:10:15oui vous voulez rajouter
01:10:16quelque chose
01:10:17absolument
01:10:17une nuance aussi
01:10:19mais chronologique
01:10:20et très très factuelle
01:10:21d'ailleurs
01:10:21qui fait écho finalement
01:10:24à la date
01:10:25à laquelle a été
01:10:25confectionné
01:10:27le film qu'on vient de voir
01:10:29c'est à dire
01:10:30dix ans après 95
01:10:31d'hier 2005
01:10:32fin 2005
01:10:32qu'est-ce qui se passe
01:10:33fin 2005
01:10:33c'est le retrait intégral
01:10:35de la bande de Gaza
01:10:37civile et militaire
01:10:3820 implantations
01:10:40plus d'ailleurs
01:10:40quatre autres
01:10:41en Cisjordanie
01:10:42on les ouvre toujours
01:10:42bien sûr
01:10:44alors attention
01:10:44nuance à ma nuance
01:10:46il ne s'agissait pas
01:10:46d'un processus de paix
01:10:47simplement
01:10:48on ne peut pas considérer
01:10:49qu'il ne s'est rien passé
01:10:49et celui qui l'a fait
01:10:51et Ariel Sharon
01:10:52c'est pas considéré
01:10:54comme une colombe
01:10:55c'est le moins qu'on puisse dire
01:10:56c'est un chocon
01:10:57et ben oui
01:10:57c'est un vrai faucon
01:10:58et j'ajoute d'un mot
01:10:59même si ça paraît
01:11:00à posteriori plus facile
01:11:01mais toujours
01:11:02tout est toujours plus facile
01:11:03à posteriori
01:11:04mais ça fait aussi écho
01:11:06à un premier retrait
01:11:07de huit colonies de peuplement
01:11:09par un autre premier ministre
01:11:11nationaliste
01:11:12je ne parle pas
01:11:13de premier ministre de gauche
01:11:13à savoir
01:11:14Menachem Begin
01:11:15en 1982
01:11:16dans le Sinaï
01:11:17pour prier de la paix
01:11:18avec l'Egypte
01:11:18donc ça veut dire que
01:11:19je rejoins ce qui a été dit
01:11:20avec quand même une nuance
01:11:21il y a un retrait
01:11:23total
01:11:23de la bande de Gaza
01:11:25même si ça se fait
01:11:25hors processus de paix
01:11:26malheureusement
01:11:27moi je pense qu'Ariel Charon
01:11:29ne le faisait pas
01:11:30dans l'optique
01:11:31de la paix
01:11:32moi je ne sais pas
01:11:33si vous êtes capable
01:11:34de sonder les cœurs et les reins
01:11:35moi je considère
01:11:37que le retrait intégral
01:11:39par un premier ministre
01:11:40notamment
01:11:40et en l'occurrence
01:11:41nationaliste israélienne
01:11:42de la bande de Gaza
01:11:43pardon
01:11:43c'était plutôt positif
01:11:45maintenant on peut me dire
01:11:46oui mais il avait des arrières pensées
01:11:47je constate que les palestiniens
01:11:48à ce moment là
01:11:49auraient pu
01:11:50l'autorité palestinienne
01:11:51auraient pu
01:11:52commencer à prendre son destin
01:11:53et malheureusement
01:11:54je l'ajoute d'un mot
01:11:55deux ans plus tard
01:11:57deux ans plus tard
01:11:57qui prend le pouvoir
01:11:59par un putsch
01:11:59extrêmement violent
01:12:00dans la bande de Gaza
01:12:01c'est le Hamas
01:12:02moi je vais rebondir
01:12:04au détriment du FATA
01:12:05parce qu'effectivement
01:12:07il y a eu cette rivalité
01:12:08intra-palestinienne
01:12:10et le Hamas
01:12:11a pris le dessus
01:12:12sur le FATA
01:12:12les laïcs du FATA
01:12:13dans la bande de Gaza
01:12:15oui
01:12:15après je voudrais parler
01:12:16de la fracture
01:12:17dans la société israélienne
01:12:18rebondir sur
01:12:19parce qu'on dit
01:12:20il y en a 7 minutes
01:12:21on dit Sharon
01:12:21Sharon n'est plus dans l'Ikoud
01:12:23à l'époque
01:12:23d'ailleurs il crée Kadima
01:12:25avec Shimon Peres
01:12:26et avec Sipi Livni
01:12:27donc il est censé être
01:12:28beaucoup plus modéré
01:12:29la grande erreur
01:12:31voulue par Sharon
01:12:32à mon avis
01:12:32parce que tu parlais
01:12:34du rôle de l'autorité palestinienne
01:12:35c'est qu'il ne voulait pas
01:12:36qu'il y ait un rôle
01:12:36il le fait d'une façon
01:12:37illatérale
01:12:38au lieu de faire venir
01:12:39Mark Moudabas
01:12:40à la frontière
01:12:41entre Israël et Gaza
01:12:41se serrer la main
01:12:42et lui donner les clés
01:12:43de Gaza
01:12:44et lui aider
01:12:45à prendre le contrôle
01:12:46il ne le fait pas
01:12:47parce que la volonté
01:12:48de la droite israélienne
01:12:49à ce jour
01:12:50est de montrer
01:12:51qu'il n'y a pas
01:12:51de partenaires palestiniens
01:12:52qui a le Hamas
01:12:53qui a l'autorité palestinienne
01:12:54ils ne sont pas mis d'accord
01:12:55et donc on ne peut pas
01:12:57leur parler
01:12:57ça nous a explosé
01:12:59dans le visage
01:13:00le 7 octobre
01:13:01mais sur la fracture
01:13:02de la société israélienne
01:13:03Yitzhak Rabin
01:13:04avait compris
01:13:04et c'est le premier
01:13:05premier ministre israélien
01:13:07qui a fait venir
01:13:08l'extrême gauche
01:13:08ce qu'on appelle
01:13:09l'extrême gauche
01:13:09mérette les partis travaillistes
01:13:11et chasse
01:13:13les orthodoxes religieux
01:13:14la seule fois
01:13:16dans l'histoire d'Israël
01:13:18où pendant deux ans
01:13:19le budget
01:13:20de l'éducation nationale
01:13:21était plus important
01:13:22que le budget
01:13:22de la défense
01:13:23a été ces années-là
01:13:24et je veux encore
01:13:25la dernière chose
01:13:27on parle des accords
01:13:28d'Abraham
01:13:28bien avant
01:13:29les accords d'Abraham
01:13:30Yitzhak Rabin
01:13:31avait planté déjà
01:13:32les plantes
01:13:35de la réconciliation
01:13:36avec le monde arabe
01:13:37après les accords
01:13:38d'Oslo
01:13:38il y a des accords
01:13:39de paix avec la Jordanie
01:13:40qui sont très importants
01:13:41le 13 septembre
01:13:42j'étais avec lui
01:13:43le 14 septembre 1993
01:13:45quand on quitte Washington
01:13:46on ne rentre pas en Israël
01:13:47on a téré à Rabat
01:13:48on est reçu par le roi
01:13:50Hassan II du Maroc
01:13:51ensuite il y a des relations
01:13:52diplomatiques
01:13:53avec la Mauritanie
01:13:54il y a des bureaux
01:13:54d'intérêt en Tunisie
01:13:55il y a des bureaux
01:13:56d'intérêt au Qatar
01:13:57il y a des bureaux
01:13:57d'intérêt dans les Émirats
01:13:58donc les accords
01:13:59d'Abraham
01:14:00c'est une copie
01:14:00pas aussi bonne
01:14:02que ceux que déjà
01:14:03Rabin avait planté
01:14:04il y a 30 ans
01:14:04et c'est dommage
01:14:05qu'on ne l'a pas suivi
01:14:06et c'est tout à fait juste
01:14:07et ça rebondit
01:14:08sur ce moment
01:14:09du doc très fort
01:14:11où on voit
01:14:12à l'enterrement
01:14:12d'Itchak Rabin
01:14:13tous ces leaders arabes
01:14:14qui étaient là
01:14:15et je crois que c'est
01:14:16Elie Barnavi
01:14:16dans le film
01:14:17qui dit
01:14:18en fait
01:14:19c'est la première fois
01:14:20où il y avait
01:14:21des leaders arabes
01:14:24en Israël
01:14:25et on n'a pas su
01:14:26on n'a pas su
01:14:28saisir ce moment-là
01:14:29et ça aussi
01:14:30c'est encore
01:14:30un moment poignant
01:14:31parce qu'on se dit
01:14:32mais il y a eu
01:14:33là une opportunité
01:14:34et on ne l'a pas saisie
01:14:36alors
01:14:36c'est vrai qu'il m'accompagne
01:14:37au fédéral de Rabin
01:14:39moi j'étais accompagné
01:14:40parce que
01:14:40je ne pouvais pas venir
01:14:41par le ministre
01:14:42des Affaires étrangères
01:14:43palestinien
01:14:44par Nabil Shah
01:14:45donc c'est pas
01:14:46voilà
01:14:47il n'y a pas si longtemps
01:14:48dans le magazine Marianne
01:14:49vous avez déclaré
01:14:50s'il y a vu
01:14:51un état palestinien
01:14:52le 7 octobre
01:14:52n'aurait pas eu lieu
01:14:54et bien évidemment
01:14:55référence au 7 octobre
01:14:572023
01:14:57ce massacre
01:14:59orchestré par le Hamas
01:15:00moi j'ai envie
01:15:02de vous demander
01:15:02s'il n'y avait pas eu
01:15:03l'assassinat d'Israq Rabin
01:15:05il y aurait-il eu
01:15:06un état palestinien ?
01:15:07Je réponds oui
01:15:08au deux
01:15:08si Rabin n'avait pas
01:15:10été assassiné
01:15:11bon Frédéric il dit
01:15:12je ne sais pas exactement
01:15:13où ça allait
01:15:14mais théoriquement
01:15:15selon la voie
01:15:16qu'il a voulu prendre
01:15:17on peut critiquer
01:15:18les accords d'Oslo
01:15:19mais en 5 ans
01:15:20après les accords d'Oslo
01:15:21en 1998
01:15:22il devait avoir
01:15:23un état palestinien
01:15:24on savait tous
01:15:24que c'était la route
01:15:25à prendre
01:15:25moi je suis persuadé
01:15:27que s'il y avait
01:15:28une autorité palestinienne
01:15:29une autorité
01:15:31avec les moyens
01:15:32d'une autorité
01:15:32à Gaza
01:15:34et en Cisjordanie
01:15:35avant le 7 octobre
01:15:36il n'y aurait pas eu
01:15:37le 7 octobre
01:15:38parce qu'ils se sont
01:15:39ils auraient été responsables
01:15:41regardez ce qui se passe
01:15:42en Cisjordanie
01:15:42avec le vieux
01:15:43Mahmoud Abbas
01:15:44corrompu
01:15:45ce qu'on veut de lui
01:15:46mais il n'y a moins
01:15:47de manifestations à Ramallah
01:15:48qu'il y en a à Paris
01:15:49à Londres ou à Berlin
01:15:50pas parce qu'il aime
01:15:51les Israéliens
01:15:52mais parce qu'il sait
01:15:53que ce n'est pas
01:15:53dans son intérêt
01:15:54d'être violent
01:15:56avec Israël
01:15:56il faut que l'état
01:15:58palestinien naisse
01:15:59pour qu'Israël
01:16:00se sente en sécurité
01:16:01il faut que le monde arabe
01:16:03et ça a été le cas
01:16:03avec Rabin
01:16:04reconnaisse l'état d'Israël
01:16:05pour garantir
01:16:06la sécurité d'Israël
01:16:07est-ce qu'on ne les a pas
01:16:07un peu idéalisés
01:16:08ces accords d'Oslo
01:16:09il n'a jamais été question
01:16:10de créer un état
01:16:11palestinien
01:16:12dans ces accords
01:16:13bravo à vous
01:16:15parce qu'à la lettre
01:16:15vous avez parfaitement raison
01:16:17le terme d'état
01:16:18n'existe pas
01:16:19mais là où je rejoins
01:16:19Offer
01:16:20c'est que c'était dans l'esprit
01:16:20ni en hébreu
01:16:21ni en arabe
01:16:22ni en Swahili
01:16:23ni en français
01:16:24ni en arabe
01:16:24donc c'est vrai
01:16:26mais l'esprit
01:16:26c'était ça
01:16:27et là où je rejoins
01:16:28Offer
01:16:29c'est qu'à terme
01:16:30à mon sens
01:16:30la seule perspective
01:16:32crédible
01:16:32effectivement
01:16:33c'est celle
01:16:34encore aujourd'hui
01:16:35des deux états
01:16:36dont un état palestinien
01:16:37démilitarisé
01:16:38je n'invente rien
01:16:39Emmanuel Macron
01:16:40l'a dit encore récemment
01:16:41à l'ONU
01:16:41lorsqu'il a reconnu
01:16:42l'état de Palestine
01:16:42c'est dans le plan
01:16:43de France
01:16:43mais en fait
01:16:45en réalité
01:16:46l'essentiel des états arabes
01:16:47a commencé bien sûr
01:16:48par les états voisins
01:16:49je pense à la Jordanie
01:16:50et à l'Egypte
01:16:50ne veulent pas
01:16:51d'une armée palestinienne
01:16:52mais une véritable autorité
01:16:53là j'en suis tout à fait convaincu
01:16:55et à l'époque
01:16:55moi qui faisais ma thèse de doctorat
01:16:56consacrée à Jérusalem
01:16:57donc j'étais très souvent
01:16:58sur place
01:16:59c'était quelque chose
01:17:00et vous étiez sur place
01:17:01en novembre 1995
01:17:02absolument
01:17:03et c'était quelque chose
01:17:04dont je me disais
01:17:05qu'on ne pouvait pas
01:17:08y échapper
01:17:08parce que nous avons affaire
01:17:09à deux consciences nationales
01:17:11et j'apprenais à l'époque
01:17:12les deux langues
01:17:12deux consciences nationales
01:17:13c'est-à-dire deux états
01:17:15et j'ajoute qu'en droit international
01:17:16l'état d'Israël
01:17:17est évidemment reconnu
01:17:19depuis
01:17:19j'allais dire 47-48
01:17:21mais au fond
01:17:22l'autorité palestinienne
01:17:24aussi
01:17:24et de cette autorité palestinienne-là
01:17:26doit un jour
01:17:27déboucher un véritable état
01:17:28démilitarisé
01:17:29de plus
01:17:29alors il nous reste une minute
01:17:31je vais vous la laisser
01:17:32autorité palestinienne
01:17:34cette solution
01:17:35à deux états
01:17:35on en est toujours là
01:17:36aujourd'hui
01:17:37en réalité
01:17:38même si physiquement
01:17:39on se dit
01:17:40mais comment peut-on faire
01:17:41comment peut-on y arriver
01:17:43tout a été fait
01:17:44par les dirigeants israéliens
01:17:46et notamment par
01:17:47Benjamin Netanyahou
01:17:47pour affaiblir
01:17:48l'autorité palestinienne
01:17:49c'est ce qui a été dit
01:17:50par Ofer
01:17:51et pour faire monter
01:17:52le Hamas
01:17:52pour justement
01:17:53affaiblir
01:17:54l'autorité palestinienne
01:17:55et ça encore
01:17:56c'est un des grands drames
01:17:57de ces dernières années
01:17:58donc en effet
01:17:59renforcer
01:18:00l'autorité palestinienne
01:18:01faire partir
01:18:02le vieux Mahmoud Abbas
01:18:03qui maintenant
01:18:04est arrivé
01:18:06au bout
01:18:06qui est décrédibilisé
01:18:08au sein de sa population
01:18:09c'est impératif
01:18:10il faut qu'un homme
01:18:12ou une femme
01:18:13arrive à reprendre
01:18:14les rênes
01:18:15de cette autorité palestinienne
01:18:16qui soit crédible
01:18:17qui soit aidé
01:18:19par les
01:18:20à la fois
01:18:21les
01:18:21ça c'est en ça
01:18:22où je critique beaucoup
01:18:23Emmanuel Macron
01:18:24sur la scène intérieure
01:18:25mais pour le coup
01:18:26sur la reconnaissance
01:18:27de l'état palestinien
01:18:28je pense que ça a été
01:18:29un super
01:18:30un super
01:18:31une super initiative
01:18:33il faut impérativement
01:18:35que les états arabes
01:18:36de la région
01:18:37les européens
01:18:38je ne parle pas
01:18:40des états unis
01:18:40puisque maintenant
01:18:41on peut pas
01:18:41ça arrive
01:18:42oui enfin
01:18:43arrivent à revitaliser
01:18:45cette autorité palestinienne
01:18:47mais voilà
01:18:48pour l'instant
01:18:49on en est encore loin
01:18:51tant que Benyamin
01:18:52Netanyahou
01:18:53et ses amis
01:18:54les fous furieux
01:18:55Benvir
01:18:55et Smotrich
01:18:56seront là
01:18:57il ne se passera
01:18:58il ne pourra rien
01:18:59se passer de bon
01:19:00dans la région
01:19:02et pour les palestiniens
01:19:04au premier chef
01:19:04ça sera malheureusement
01:19:05le moment de la fin
01:19:06parce qu'on aurait vraiment
01:19:07souhaité parler
01:19:07du courage politique
01:19:08et de la détermination
01:19:10et c'est ce qu'avait
01:19:10Itzhak Rabin
01:19:11il manque que les américains
01:19:12maintenant pour reconnaître
01:19:13l'état de Palestine
01:19:14ensuite il y aura les israéliens
01:19:15du courage
01:19:16et de la détermination
01:19:17et lui il en avait
01:19:18merci encore
01:19:19vraiment à tous les trois
01:19:20d'avoir participé
01:19:21à cet échange
01:19:22après ce documentaire
01:19:2330 ans après
01:19:25l'assassinat
01:19:26d'Issak Rabin
01:19:28vos réactions
01:19:28ça sera sur
01:19:29hashtag des badogs
01:19:30bien entendu
01:19:30merci à Félicité Gabalda
01:19:32Thibaut Brosset et Kael
01:19:33qui comme à l'accoutumée
01:19:34m'ont aidé à préparer
01:19:36cette émission
01:19:37je vous donne rendez-vous
01:19:38pour un prochain débat
01:19:38de la détermination
01:19:39tout simplement
01:19:39à la même place
01:19:40à la même heure
01:19:41et toujours
01:19:41avec son documentaire
01:19:42et son débat
01:19:43à très bientôt
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