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  • il y a 5 jours
Le ministre de la Justice était en déplacement dans l’Aube une grande partie de ce lundi 3 novembre. Il a entamé sa visite par la découverte de l’ancienne maison de Clairvaux. Puis, il est allé au centre pénitentiaire de Troyes-Lavau, où il a répondu aux questions des journalistes. Retrouvez sa prise de parole en intégralité. Images : Mattéo Clochard

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Transcription
00:00Je suis heureux d'être aujourd'hui dans l'aube. J'ai commencé ce matin par la prison de Clairvaux.
00:05Et toute la journée, à l'invitation de mon ami François Baroin, je viens présenter mes respects aux agents pénitentiaires
00:13dans ce département qui aime les agents pénitentiaires, pour lequel ils ont payé un lourd tribut.
00:19Il y a eu plusieurs morts, vous le savez, à Clairvaux. J'ai voulu me recueillir avec les agents.
00:24Ils font un métier extrêmement difficile, très dangereux, comme on l'a vu encore une fois à Carville.
00:28Et le travail du ministre de la Justice, c'est de les soutenir, de les écouter, de les respecter et de leur donner des bonnes conditions de travail.
00:36Quand on est un agent pénitentiaire, on a deux grandes activités.
00:40On a d'abord de la fermeté pour la sécurité des Français.
00:43Ce qui se joue dans nos prisons françaises, c'est la sécurité du quotidien pour l'ensemble de nos concitoyens.
00:49Trop de gens, vous le savez, organisent leur trafic, utilisent des téléphones, commanditent des assassinats de leur prison.
00:55Et donc les agents pénitentiaires, le travail du ministère de la Justice est essentiel pour garantir la sécurité de nos concitoyens.
01:02Et par ailleurs, deuxième activité, de respecter et d'accompagner les détenus.
01:08Et les agents pénitentiaires, ils ne sont pas là pour rejuger une seconde fois ce que des juges indépendants ont jugé,
01:14mais pour accompagner la dignité des détenus, notamment leur réinsertion, lorsque cela est possible.
01:20Et c'est pour cela qu'à mon arrivée au ministère de la Justice, j'ai choisi de changer profondément notre politique carcérale,
01:27partant du principe que la distinction entre des maisons d'arrêt, aujourd'hui surpeuplées,
01:32où on y met des personnes qui sont en détention provisoire,
01:36et qui sont là pour des courtes peines, moins de deux ans,
01:39et de l'autre côté, des centres pénitentiaires, des centres de détention, des maisons centrales,
01:44où on y met des gens qui ont purgé des peines plus longues, n'avaient pas de sens,
01:48parce que ce qui compte, ce n'est pas leur statut devant la justice, ça s'est détenu,
01:51ce qui compte, c'est leur dangerosité.
01:53Et donc, comme nos amis anglais, comme nos amis allemands, nous allons changer notre politique carcérale
01:58en classifiant les établissements pénitentiaires selon la dangerosité des personnes qu'on y mettra dedans.
02:04Donc j'ai commencé par les prisons de haute sécurité, en six mois, nous avons fait Vandin le Vieil,
02:08je pense que c'est une démonstration éclatante de l'autorité de l'État et de l'efficacité du gouvernement,
02:13et grâce au travail des agents pénitentiaires, nous ouvrons, vous l'avez vu, la deuxième prison en ce moment à Condé-sur-Sarthe,
02:19et puis nous avons besoin, tout en bas de cette échelle, puisque le haut de l'échelle, c'est les prisons de haute sécurité,
02:24pour les gens les plus dangereux, deux prisons qui n'ont pas besoin d'avoir la même sécurité,
02:30pas de mirador forcément, pas de filet anti-hélicoptère,
02:33et surtout des prisons qui permettent la réinsertion pour des gens qui peuvent se réinsérer.
02:39Par exemple, en France, il y a, sur les 85 000 détenus, 16 000 auteurs de délits routiers.
02:44Des gens qui sont auteurs de délits routiers, dont le juge a considéré dans sa grande indépendance
02:48qu'il fallait les mettre en prison, ils n'ont pas besoin de la même sécurité,
02:53et ni même des besoins de réinsertion identique à quelqu'un qui est condamné à 20 ans de prison,
02:58parce qu'il a été l'auteur de plusieurs assassinats, bien évidemment.
03:02Et donc, ce que nous changeons, et ce que je viens illustrer aujourd'hui, ici dans l'Aube, et à Troyes en particulier,
03:09c'est le fait que nous allons faire à la fois des prisons de haute sécurité, pendant le Vieil,
03:13et des prisons qu'on appelle modulaires, qu'on se construira beaucoup plus vite,
03:16parce qu'elles coûteront beaucoup moins cher, et notamment ici, la première que nous ferons à Troyes-Laveau.
03:22D'abord, je voudrais remercier François Baroin et les élus du territoire,
03:24parce qu'ils ont été les premiers à me dire qu'ils souhaitaient pouvoir accueillir ces prisons.
03:29Ce n'est pas si évident d'avoir des élus extrêmement courageux,
03:32qui, à quelques mois d'échéance électorale, disent « oui, on en a besoin pour nos concitoyens,
03:35pour la sécurité de nos concitoyens ».
03:37On ne peut pas être à la fois celui qui veut de l'hyper-sécurité partout,
03:40et en même temps ne pas construire de prison chez soi,
03:42parce que j'en rencontre beaucoup de ces élus qui disent beaucoup de choses à l'Assemblée nationale,
03:46mais qui refusent qu'on construise une prison chez eux.
03:49Donc d'abord, je suis venu remercier les élus, et François Baroin en particulier.
03:52Il fait montre d'un grand courage.
03:55Je suis venu aussi vous dire, puisque l'appel d'offres a été lancé,
03:57et les plis ont été reçus vendredi,
04:00que nous construirons désormais des prisons en France en un an et demi,
04:02alors que jusqu'à présent, c'est entre 5 et 7 ans en moyenne,
04:05d'où la difficulté que nous avons jusqu'à présent à tenir,
04:08les engagements qui ont été édits, notamment par le président de la République,
04:11est deux à trois fois moins cher, 200 000 euros la place.
04:14Alors ces prisons modulaires ne sont pas des prisons cheap ou low-cost,
04:17comme vous le dites, ce sont des prisons qui sont en béton,
04:20simplement au lieu d'être construises sur place,
04:22avec les difficultés et l'aléa.
04:25J'ai été maire, et les élus le savent tous,
04:27ben voilà, du mauvais temps.
04:29Je ne dis pas qu'il fait mauvais temps à Troyes,
04:30il fait légèrement moins beau qu'à Tourcoing,
04:32mais c'est normal.
04:34La difficulté, c'est que nous devons aujourd'hui changer notre mode de construction.
04:38Et donc nous avons travaillé avec les industriels
04:39pour construire les prisons en site d'usine.
04:43On construira les élus en site d'usine,
04:45et on viendra les assembler ici.
04:46Et comme il s'agit de prisons qui ont moins besoin de sécurité que les autres,
04:51puisqu'il n'y a pas besoin de Mirador, encore une fois,
04:53ou de Douve, comme ça peut exister dans les prisons de haute sécurité,
04:56nous les construirons moins chères, 200 000 euros la place,
04:59et beaucoup plus vite, en un an et demi.
05:01Et donc, en octobre-novembre 2026,
05:03si je suis encore à mon poste ministre de la Justice,
05:05je viendrai inaugurer cette prison.
05:06Est-ce que vous allez mettre les moyens humains ?
05:08Les agents pénitentiaires craignent ce manque de moyens pour tenir ce QSL ?
05:14Alors d'abord, ils ont raison de rappeler les conditions de travail très difficiles
05:18dans lesquelles ils exercent leur métier.
05:21Dans une grande partie des prisons françaises, pas toutes.
05:23Il y a une surpopulation carcérale,
05:25et ça veut dire qu'il y a beaucoup plus de prisonniers
05:26qu'il y a évidemment de cellules.
05:29Il y a 6 000 matelas au sol, par exemple,
05:31ce qui est une indignité pour la France, pour les détenus, bien sûr,
05:33mais surtout pour les agents pénitentiaires,
05:35qui vivent dans des situations où 25% des détenus par ailleurs qu'ils côtoient
05:39ont des problèmes psychiatriques lourds.
05:42Et l'indignité en France, c'est d'abord d'enfermer des personnes
05:44qui devraient être dans un hôpital psychiatrique,
05:46être suivies par des médecins, et pas dans des prisons.
05:49Et en effet, il n'y a pas assez d'agents aujourd'hui pénitentiaires
05:52parce que nous n'en avons pas assez recrutés.
05:54Donc nous avons changé cela.
05:56Je remercie évidemment les arbitrages budgétaires
05:57qui ont été très favorables au ministère de la Justice.
06:00Je rappelle qu'avec les armées, c'est les deux seuls ministères
06:02qui connaissent une progression très importante de leur crédit.
06:05Donc nous devons des comptes au Parlement et à la Nation,
06:08et aux Français qui payent des impôts.
06:10Et donc nous recrutons cette année 1 000 agents pénitentiaires supplémentaires.
06:14Ça ne rattrapera pas toutes les difficultés des temps passés,
06:17mais ça va les rattraper en partie.
06:19Et donc vous l'aurez constaté,
06:20aujourd'hui, cet après-midi même,
06:22je vais aller à Villeneux,
06:23une prison qui était faite,
06:26qui n'attendait plus que c'est détenu,
06:27et qui n'était pas ouverte depuis de très longs mois,
06:30ou de très longues années,
06:30parce que nous n'avons pas su y mettre un certain nombre d'agents pénitentiaires
06:34pour pouvoir garder ces détenus.
06:37C'était un peu absurde d'avoir des prisons vides
06:39alors que nous avions besoin de prison pour y mettre des détenus.
06:42Et donc j'ai pris des décisions,
06:43et j'en remercie les syndicats de la pénitentiaire
06:45qui m'ont accompagné,
06:47pour réarmer, si j'ose dire, un nombre d'agents,
06:50et d'ouvrir cette prison
06:51qui, aujourd'hui, connaît ces premiers détenus
06:53que j'irai visiter dans quelques instants.
06:55Et nous avons par ailleurs à travailler, bien évidemment,
06:57pour améliorer les conditions de vie des agents pénitentiaires.
07:00C'est pour cela que nous avons de bons arbitrages également
07:03pour augmenter leur rémunération.
07:05Un décret est sorti il y a moins d'un mois.
07:07Donc oui, il faut recruter plus d'agents,
07:09c'est ce que nous faisons.
07:10Il faut mieux les rémunérer,
07:11c'est ce que nous faisons.
07:12Et maintenant, il faut que nous travaillions tous
07:14à garantir la sécurité des Français.
07:15Vous avez évoqué votre visite ce matin
07:17à l'enseignement central de Clarevaux.
07:19Qu'est-ce que vous en avez pensé ?
07:20Et qu'est-ce que vous répondez aux élus locaux
07:22qui plaident pour que cette ancienne centrale
07:24retrouve une dimension carcérale,
07:26notamment de haute sécurité ?
07:28D'abord, on m'a tellement parlé de Clarevaux,
07:32François Baroin,
07:34les parlementaires présents,
07:35que je ne me sentais pas donner mon avis
07:38sans venir voir sur place.
07:40Et ce que j'ai vu est assez différent
07:41de ce qu'on m'en a dit ou de ce qu'on m'a écrit.
07:44Donc je vais essayer de comprendre
07:45ce qui a poussé un de mes prédécesseurs
07:47à fermer un site,
07:48alors que nous avons besoin de prison en France.
07:50J'avoue que ça peut être a priori paradoxal.
07:54Deuxièmement, s'agissant de projets d'un territoire
07:56où parfois il y a peut-être ici ou là
07:58quelques divisions au sein même de ce territoire
08:00qui n'appartient plus au ministère de la Justice
08:03puisque ça appartient au ministère de la Culture
08:04et pour lequel quelques millions d'euros ont été dépensés,
08:07je ne vais pas donner comme ça, brut pour point,
08:09un avis qui pourrait ne pas être suivi.
08:10Je fais attention à l'argent public.
08:12Mais partant du principe que les élus d'un territoire,
08:14qui sont les premiers à connaître ce territoire,
08:16souhaitent garder une prison.
08:18Partant du principe que nous avons besoin de prison.
08:21Partant du principe que pour l'administration pénitentiaire,
08:23c'est quasiment identitaire la prison de Clairvaux.
08:26Et que par ailleurs, j'ai compris que jusqu'à présent,
08:28il n'y avait pas de projet alternatif.
08:30En tout cas, sur une partie,
08:31puisque Clairvaux, c'est plus de 30 hectares.
08:33Et sans doute, faut-il distinguer l'abbaye
08:36avec le reste et notamment le site carcéral que j'ai pu visiter.
08:40Qui est un site carcéral en mauvais état,
08:42mais qui est un site carcéral quand même.
08:44Et devant les enjeux très importants que nous avons
08:45contre l'islamisme radical,
08:48contre la criminalité organisée,
08:50on ne peut pas balayer d'un revers de la main
08:51un site comme celui-ci.
08:54Donc ce que je vais faire, c'est que je vais retourner à Paris.
08:56Je vais réfléchir un petit peu.
08:57Je vais rencontrer mon homologue de la culture
08:59puisque le site lui appartient.
09:01Et je proposerai très rapidement aux élus du territoire
09:03de venir à Paris pour tenir une première réunion,
09:05pour savoir qu'est-ce qu'ils sont capables de faire,
09:07eux également, pour nous aider éventuellement
09:09à donner un projet de la pénitentiaire à Clairvaux
09:12si c'était possible.
09:12Et je reviendrai, si c'était le cas, très rapidement,
09:15peut-être en début de l'année prochaine,
09:17pour tenir en préfecture ou à la mairie de Troyes,
09:19si M. le maire nous invite,
09:20pour voir ce que nous pourrions faire.
09:22Donc moi, j'ai été touché par cette visite
09:25parce que d'abord, je sais qu'elle touche
09:27beaucoup les agents de mon ministère.
09:30J'ai reçu énormément de messages
09:31d'agents du ministère
09:32depuis qu'ils savent que je suis venu à Clairvaux.
09:35Je ne peux pas ne pas entendre
09:36la demande des élus, la demande des agents.
09:39Et après, il faut qu'on fasse attention
09:40à l'argent public
09:40et on va réfléchir tous ensemble à quelque chose.
09:42Sur les poupées sexuelles vendues par Chéline,
09:44est-ce que le parquet de Paris
09:45va ouvrir une enquête ?
09:46Et s'il y a des acheteurs français,
09:47est-ce que la liste va être communiquée ?
09:49La procureure de la République de Paris
09:51est maître de son enquête
09:52et selon l'article 11 du Code de procédure pénale,
09:54seule elle peut communiquer.
09:55Et comme vous savez,
09:56j'encourage tous les procureurs de la République
09:57à communiquer.
09:58Et la liste des acheteurs français,
09:59s'il y en a ?
10:00C'est donc une enquête qui est ouverte
10:01et le ministre de la Justice
10:02ne parle pas d'instruction en cours.
10:03Votre visite à M. Nicolas Sarkozy,
10:05elle était comment ?
10:06Comment va-t-il ?
10:07Écoutez, je réserverai ses propos
10:09à d'autres personnes qu'aux médias
10:11puisque j'y suis allé sans médias
10:12et j'y suis allé pour regarder
10:14les conditions de détention
10:15d'un ancien président de la République,
10:17particulièrement protégé par la République
10:19puisque M. le ministre de l'Intérieur lui-même
10:21a considéré qu'il fallait laisser
10:22les offices de sécurité auprès de lui.
10:23Donc je n'en ai pas à faire de commentaire devant vous.
10:26Mais à quel titre y êtes-vous allé ?
10:26Cette demande de remise en liberté
10:27va être étudiée lundi.
10:29Est-ce qu'il doit être remis en liberté ?
10:30Il y a un juge indépendant qui va statuer.
10:32Je respecte profondément
10:32l'indépendance de la justice.
10:34À quel titre y êtes-vous allé, simplement ?
10:36L'article L111 du Code pénitentiaire
10:39voté par les parlementaires,
10:40validé par le Conseil constitutionnel,
10:42prévoit expressis verbis
10:43que le service public pénitentiaire
10:45est assuré par le garde des Sceaux
10:47et donc je fais mon travail de ministre.
10:49J'imagine que si je ne faisais pas
10:51mon travail de ministre
10:52ou qu'il arrivait quelque chose
10:53au président Sarkozy en prison,
10:54que le Parlement,
10:55et peut-être d'autres instances,
10:57c'est tout à fait naturel,
10:57demanderait des comptes au ministre.
10:59Voilà.
10:59Donc j'ai fait mon travail.
11:01J'espère que vous serez aussi nombreux
11:02à vous intéresser aux trois visites hebdomadaires
11:04que je fais dans toutes les prisons françaises
11:05depuis que je suis nommé.
11:06Merci.
11:07Merci beaucoup.
11:07Merci.
11:08Merci.
11:09Merci.
11:10Merci.
11:11Merci.
11:12Merci.
11:13Merci.
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