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  • il y a 2 jours

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00:00Monsieur est décédé dans sa maison, lui était victime du syndrome de Diogène et le monsieur était décédé sur des tas de déchets.
00:10Donc Vincent, vous avez un métier un peu commun, on peut le dire, vous êtes nettoyeur de salles de crime.
00:15C'est ça.
00:16Comment est-ce qu'on en arrive à travailler là-dedans, à ouvrir sa société de nettoyage de salles de crime ?
00:22Écoutez, je travaille à la Défense, donc à la Défense on a la chance d'être pensionné relativement tôt
00:27et donc ça faisait déjà quelques années avec mon épouse qu'on se demandait quel genre de société on aimerait bien ouvrir.
00:32On a cherché deux, trois idées mais qui avaient besoin d'investissements financiers qui étaient très, très, très importants, donc ça, j'étais pas très, très chaud.
00:38Et donc un jour, elle était devant la télévision, elle regardait une émission et elle voyait une émission concernant les syndromes de Diogène
00:45et une société qui est basée en France qui faisait ce genre de nettoyage.
00:50Et cette société faisait également tout ce qui est nettoyage de scènes de crime de décès.
00:54Et donc, elle me regarde, elle me dit, tiens, t'as pas peur de ça, t'as ?
00:57Je dis, bah non, c'est pas un gros souci.
00:59Elle me dit, bah on essaierait bien, on verra bien.
01:01Et donc, comme là, en effet, l'investissement de base est fort réduit, on a commencé comme ça.
01:07On a commencé gentiment, deux, trois ans avant la date de ma pension.
01:11Et la société a grandi gentiment jusqu'au moment où j'ai pris définitivement ma pension,
01:16où là, la société a commencé à grandir de manière exponentielle.
01:20Et maintenant, on vit vraiment de ça.
01:21Vous travaillez dans quoi avant ?
01:23J'étais à la police militaire, donc j'étais à la défense.
01:25Le fait que vous n'ayez pas peur d'arriver sur une scène de crime et de l'aide nettoyée,
01:31c'est aussi lié par votre passé, c'est lié par votre passé finalement de militaire ?
01:35Oui, tout à fait. En Belgique, la police militaire n'intervient pas, ou en tout cas très peu, sur ce genre de décès, etc.
01:42Par contre, quand on était à l'étranger, ça nous arrivait quand même assez régulièrement d'intervenir sur des scènes de décès,
01:48ou d'accident, ou de meurtre, peu importe.
01:50Et donc, j'ai été confronté à plusieurs reprises à ce genre d'événement.
01:55Et donc, j'ai remarqué que ça ne me faisait pas grand-chose, au niveau émotionnel en tout cas.
01:59Donc, je me suis dit, pourquoi pas ?
02:01Expliquez-nous un petit peu, quand vous arrivez sur une scène de crime, comment ça se passe ?
02:07Écoutez, en règle générale, on m'appelle quand c'est déjà fait.
02:10Donc, la police m'appelle, je me rends sur les lieux.
02:12En règle générale, c'est au moment même, c'est rarement plus tard.
02:16Et alors, d'abord, je dois un petit peu analyser la situation, voir ce qu'il y a à faire.
02:20Et en fonction de ça, j'utilise différents produits, différents matériaux,
02:23de manière à essayer d'éradiquer complètement tout ce qui est trace du méfait ou du décès.
02:31Et là, quand on arrive sur place, on essaye de se détacher émotionnellement de ce qu'on sait,
02:35puisque ça circule dans la presse.
02:37Quand il y a un meurtre, un crime, forcément, les médias en parlent.
02:41Donc, on doit se détacher de ça.
02:42Oui, c'est ça. Il faut complètement se détacher de ça.
02:44Mais dans une maison privée, c'est plus compliqué,
02:46parce que là, il y a des photos un petit peu partout,
02:48et on sait quelles sont les personnes qui ont été assassinées à cet endroit-là.
02:52C'est toujours un petit peu plus touché au niveau émotionnel,
02:54mais pas spécialement au niveau image.
02:56Est-ce que vous avez des contacts avec les familles directement ?
03:00Oui, il m'arrive régulièrement d'avoir des contacts avec les familles régulièrement.
03:04C'est notamment quand il s'agit d'un décès de mort naturelle,
03:07mais qu'on trouve après quelques temps.
03:09Donc, dans ces cas-là, c'est les familles qui m'appellent.
03:11Dans ces cas-là, j'ai contact avec les familles.
03:14Les gens sont souvent très marqués.
03:16Ils ne sont pas capables de nettoyer eux-mêmes,
03:17parce que c'est évidemment émotionnellement insupportable.
03:20Et donc, je parle avec les gens,
03:23et je vois un petit peu dans quels états ils sont,
03:25et ce n'est pas toujours très agréable pour eux.
03:27Puisque quand vous intervenez,
03:28c'est souvent que le corps est là déjà depuis pas mal de temps ?
03:31Tout à fait.
03:32En fait, quand c'est une mort naturelle,
03:34si j'interviens, ça veut dire que le corps a été découvert
03:36quelques jours, voire quelques semaines après le décès.
03:39Et donc là, il faut enlever toutes les traces
03:41de tout ce qui est sécrétion corporelle.
03:43Police qui rentre pour une raison X ou Y,
03:45peu importe, un voisin qui se plaint de bruit, d'odeur,
03:47ou je ne sais de quoi, et la police arrive dans le logement,
03:51ils voient ça, ils disent, voilà, maintenant,
03:52vous avez 15 jours, 3 semaines maximum
03:55pour remettre tout ça en état,
03:57de manière à ce que les voisins ne soient plus incommodés.
04:01On a eu le cas il n'y a pas un mois,
04:03à Sérin, les voisins ont porté plainte
04:06parce qu'ils disent, il y a une odeur de fou,
04:07et là, en effet, c'est un truc de fou.
04:09Moi, j'ai de la chance et de la malchance.
04:12Lors du Covid, je me suis payé un Covid long,
04:14donc je n'ai pas été malade,
04:16mais par contre, j'ai perdu l'odorat
04:17et je ne l'ai toujours pas récupéré,
04:19ou en tout cas, très peu.
04:21Donc moi, quand je rentre dans un logement comme ça,
04:22ça ne me fait absolument rien.
04:23Par contre, mes hommes, quelquefois, ils trinquent.
04:26Alors, vous n'intervenez pas uniquement
04:28sur des scènes de crime,
04:29vous intervenez aussi pour des nettoyages
04:31qui sont liés au syndrome de Diogène.
04:33Est-ce que vous pouvez nous expliquer
04:34ce qu'est ce syndrome de Diogène ?
04:36Le syndrome de Diogène, c'est maintenant
04:38une maladie psychique qui est reconnue.
04:40Donc ce sont des gens qui ont tendance
04:42à accumuler les choses,
04:43mais malheureusement, dans le mauvais sens du terme,
04:46à savoir, ils accumulent des sacs poubelles,
04:49des déchets, des détritus, des animaux morts,
04:52des excréments d'animaux dans toute la maison.
04:54Donc ça rend la maison complètement insalubre et invivable.
04:58Vous avez un exemple en tête de nettoyage
05:01que vous avez dû aller faire
05:02pour une personne qui a atteint ce syndrome ?
05:04Oui, oui, tout à fait.
05:05En fait, là, ça a combiné vraiment
05:06les deux missions de notre société.
05:09Donc c'était une maison dans le Hainaut
05:11où le monsieur est décédé dans sa maison,
05:14mais il est décédé dans sa maison
05:16qui était elle-même une maison,
05:17enfin une maison, lui était victime
05:19du syndrome de Diogène.
05:20Et donc c'était des vieilles maisons de rangée
05:22avec des plafonds à 4 mètres.
05:24Donc ce sont des maisons très, très hautes.
05:26Et en fait, on avait des déchets
05:27qui étaient jusqu'au plafond carrément.
05:28Donc là, on a éliminé quand même
05:29240 mètres cubes de déchets
05:32et le monsieur était décédé
05:34sur des tas de déchets.
05:36Quand c'est du Diogène,
05:37on essaie que les gens ne restent pas
05:38parce que sinon, c'est de travail impossible.
05:41Le principe du syndrome de Diogène,
05:42ce sont des gens qui collectionnent tout
05:44et ils y tiennent.
05:45Même une petite bêtise
05:46que vous n'allez même pas regarder du coin de l'œil,
05:48eux, ils disent,
05:48« Non, non, j'en ai besoin, j'en ai besoin,
05:50il faut absolument que je le garde. »
05:51Et donc, pour un syndrome de Diogène,
05:53si la victime, si la personne est présente,
05:56on ne saura pas travailler.
05:57C'est impossible.
05:58« Ah non, ça je vais garder.
05:59Ah non, ça aussi.
06:00Ah non, ça ne le jetez pas. »
06:01Alors nous, on perd un temps fou
06:02et on ne sait pas travailler.
06:04Donc, quand c'est Diogène,
06:06on essaie de s'arranger
06:07pour que la personne ne soit pas présente.
06:08Il y a une ou deux fois
06:09où c'était un peu plus chaud
06:10parce qu'on est appelé régulièrement
06:11par des...
06:12Ça, c'est par des sociétés de construction,
06:14souvent, des grands groupes immobiliers
06:18d'un immeuble et que ça a été squatté
06:20pendant des mois, des semaines, voire des années.
06:22Et donc, ils nous demandent de vider.
06:23Là, quelquefois, c'est chaud
06:24parce qu'en fait, les SDF qui sont dedans,
06:26ils sont mis dehors.
06:28Ils ne sont jamais vraiment, vraiment agressifs.
06:30Généralement, c'est plutôt des gens gentils.
06:32Mais il arrive qu'il y en a qui disent
06:33« Oui, mais c'est mon seul bien.
06:34Moi, tu ne vas pas me foutre dehors.
06:35Je ne vais pas me battre avec eux. »
06:37Donc, quand je vois que c'est trop chaud,
06:39je demande toujours à la police d'être en back-up
06:40parce que je n'ai pas envie de faire de bêtises non plus.
06:43Donc, ça n'arrive pratiquement jamais.
06:45C'est excessivement rare, ça.
06:49Nettoyage de salles de crime,
06:51nettoyage de maisons avec des syndromes,
06:53des personnes qui habitent et qui ont ce syndrome-là,
06:56ce n'est pas courant
06:58puisque vous n'êtes pas beaucoup de sociétés
06:59aujourd'hui en Belgique ?
07:00On n'est pas beaucoup de sociétés,
07:01mais on a beaucoup de travail.
07:02Donc, en ce qui concerne le syndrome de Diogène,
07:05c'est beaucoup plus courant qu'on ne le croit.
07:07On pense que ça arrive occasionnellement,
07:09qu'il n'y en a pas beaucoup.
07:10Mais en fait, il y en a vraiment beaucoup.
07:12En fait, j'ai commencé à dévier légèrement
07:14sur ce genre de travail
07:17suite à un ami qui est pompier
07:19qui m'a dit
07:19« Quand j'interviens en tant qu'ambulancier
07:21dans les logements,
07:23dans la ville où je travaille,
07:25régulièrement, je suis confronté
07:26à des appartements qui sont dans cet état-là. »
07:28Je lui ai dit
07:28« Tu devrais peut-être essayer
07:29de faire quelque chose comme ça. »
07:30Je lui ai dit
07:30« Tiens, ce n'est pas une mauvaise idée,
07:31ça, on va un petit peu voir. »
07:33Et comme de fait,
07:34maintenant, c'est environ 70 à 75 % de mon travail.
07:37Est-ce que vous pouvez nous parler
07:38de votre cadence de travail ?
07:39Il y a des semaines,
07:40vous pouvez être rappelé beaucoup de fois
07:43ou voilà, ça dépend un petit peu ?
07:45Oui, en fait, c'est du travail one-shot en réalité.
07:50Donc, ça veut dire qu'il y a en effet
07:51des semaines où on est débordé,
07:53où on a un chantier l'un après l'autre,
07:55on n'a pas le temps de souffler,
07:57on commence directement les suivants.
07:59Il y a des semaines
08:00où c'est beaucoup plus calme.
08:01Par exemple, à partir du mois de mars,
08:03grosso modo,
08:04ça, c'est une période qui est assez chaude
08:05parce que c'est la période
08:06où les gens commencent à expulser
08:08les locataires qui ne payent pas
08:09ou qui n'entretiennent pas.
08:11Et donc, la période des expulsions,
08:13c'est une période pour nous
08:13qui est très chaude.
08:15On est en plein dedans pour l'instant.
08:17Et donc là, on a beaucoup,
08:18beaucoup de travail
08:18au niveau des maisons,
08:20d'Iogène, etc.
08:22Merci beaucoup, Vincent.
08:23Je vous en prie, avec plaisir.
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