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  • il y a 2 jours
L'acteur et réalisateur québécois est à l'affiche de "L'inconnu de La Grande Arche", de Stéphane Demoustier, en salles le 5 novembre 2025.
Transcription
00:00Pour qui que ce soit qui ait un rêve, qui ait un projet, qui se soit heurté comme ça à la réalité,
00:04on peut trouver dans l'inconnu de la Grande Arche un parallèle émouvant avec soi, avec sa vie.
00:14Alors, qu'en pensez-vous?
00:15C'est très beau.
00:16Qui en est l'architecte, monsieur le président?
00:18Vous demandez à celui-là pour le savoir.
00:20Monsieur, vous avez remporté le concours de la défense!
00:22Boum!
00:24Qu'avez-vous construit dans votre carrière?
00:26Ma maison est quatre églises.
00:30Le président veut que nous inaugurions maintenant le bicentenaire, ce qui nous force à aller vite.
00:35Alors allons vite et faisons bien.
00:38C'est tout à fait concluant.
00:39Boum!
00:40A vous déroulé de 1,3 milliard.
00:43Subillon est l'homme des maisons.
00:44C'est son valet.
00:46J'aime beaucoup le personnage de Subillon.
00:47C'est quelqu'un qui essaie de ménager la chèvre et le chou, qui essaie de donner au créateur ce qu'il veut,
00:53et qui essaie en même temps de livrer un bâtiment monumental, dont l'ambition à l'origine, et qui est l'ambition du président de la République, qui est irréconciliable avec la réalité.
01:03Il doit donc réconcilier deux visions irréalistes avec sa réalité budgétaire, et on lui donne moins d'argent, on lui donne moins de temps que prévu, ce qui est le grand classé.
01:12On n'a jamais assez de temps, on n'a jamais assez d'argent, et là il faut faire rentrer le rêve dans tout ça, et c'est comme faire rentrer un carré dans un triangle.
01:21C'est l'occasion pour moi de me projeter à la place de l'autre, de cet autre qui est notre interlocuteur, donc bureaucrate,
01:29et qui, lui, est habitué de pencher son regard sur nos écrits, ou sur mes écrits, disons, si je le prends d'un point de vue personnel.
01:38Et là, de me mettre à la place de cette personne, ça me permet de varier, justement, mon regard sur la situation et sur la dynamique de financement.
01:50Je veux des nuages qui flottent. Je vous avais indiqué que c'était impossible. On va toujours le choix.
01:56Si vous gardez la configuration et la configuration, vous allez être fermé dans un balance de pouvoir qui sera toujours infaméable à vous.
02:02Ma présence ici n'est plus nécessaire.
02:05Si vous êtes urgent, je prends votre temps.
02:07Il y a tout le temps des gouvernements et des cabinets qui sont, disons, de passage dans l'histoire et dans les époques,
02:15qui viennent imposer leur propre vision plus ou moins généreuse envers les arts ou envers toutes sortes d'idées, d'ailleurs,
02:28et qui laissent ou non leur marque dans la société.
02:32Mais après, les créateurs qui sont des humains, qui sont des monsieur, madame, tout le monde,
02:40ou nés en tout cas, monsieur et madame, tout le monde,
02:42sont des humains qui s'inscrivent dans une société et qui ont le pouvoir, eux, de changer les choses,
02:49même s'ils sont en porte-à-faux avec ces dits gouvernements en place et qui finissent, eux, par être évidemment affectés par les décisions de ces gouvernements-là,
03:03de ces modes-là, mais qui les renversent aussi, qui les réécrivent.
03:07Donc, oui, on a tout le temps, on a toujours moins de temps, moins d'argent, il faut que les choses aient une fonction qu'on veut démocratiser,
03:15qu'on veut rendre plus commerciale.
03:17Pourtant, si j'applique cette mentalité-là, par exemple, disons, à l'industrie du cinéma,
03:23c'est de plus en plus difficile de financer un film, d'être soi, d'avoir un message qui soit porteur,
03:30d'avoir des idées bien à soi, et puis que ça puisse rentrer dans un cadre financier.
03:34Après, si on peut faire un film pour 200 000 balles, mais on ne peut pas faire un film pour 200 000 balles.
03:38C'est pas ça que ça coûte. C'est plus possible de le faire.
03:43On ne veut pas forcément tout le temps aussi revenir en arrière dans ses propres standards,
03:46dans les paramètres qu'on a découverts de projet en projet,
03:49et puis faire des sacrifices qui vont nuire, finalement, aux films qu'on fait, aux histoires qu'on veut raconter.
03:54Mais les gens le font quand même. Ils arrivent quand même à le faire.
03:57On envoie des films qui se tiennent debout, des histoires qui se tiennent et qui existent envers et contre tous et toutes,
04:05et qui nous confirment, qui nous prouvent qu'on peut résister au mode, au conformisme, qu'on peut survivre.
04:18Et ces films-là, d'ailleurs, survivront à ces modes-là.
04:21Vous vous trouvez ma queue.
04:23Je vais essayer de sauver votre queue.
04:25Je dois parler avec monsieur le président.
04:28Je suis un homme, un idiot, un gangster, un swindler.
04:31En 2024, vous disiez, vous évoquiez une incompatibilité entre votre désir de cinéma et le cadre proposé aujourd'hui par l'industrie.
04:39Finalement, ce film, c'est un peu une thérapie.
04:44Oui.
04:44Quand même un peu dur à recevoir, puisqu'on connaît quand même, ou on la connaîtra,
04:57mais la fin tragique du créateur et de son œuvre.
05:02Donc, j'établis pas non plus de parallèles indésirables avec ma vie et ma carrière.
05:07Mais oui, c'est très certainement, non seulement très actuel comme sujet,
05:13mais personnellement, ça se répercute avec fracas dans mon intimité et dans ma propre vie, évidemment.
05:23Et je disais aussi que la dernière fois qu'on vous avait vu en tant qu'acteur,
05:27l'une des dernières fois, c'était dans un film qui s'appelait Les Illusions perdues, décidément.
05:31Effectivement. Eh oui, je choisis mes projets.
05:36Non, mais c'est un hasard, évidemment, mais dont l'ironie est intéressante aujourd'hui,
05:44mais sans calcul de ma part, évidemment.
05:48Et puis en plus, à chaque fois que vous vous déplacez,
05:50vous êtes un personnage qui s'accommode plutôt de la réalité.
05:56Je le fais en tant qu'acteur parce que je le fais pendant qu'humain.
05:59Je ne m'accommode pas de la réalité.
06:04Parfois, on abandonne momentanément, mais on revient.
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