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  • il y a 1 semaine
Télématin reçoit Yves Duteil, auteur, compositeur et interprète, à l'occasion de la sortie de son coffret de 17 CD et de son retour sur scène en France et en Belgique. 

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Transcription
00:00Il est l'heure désormais de recevoir l'auteur, compositeur et interprète d'une chanson élue, plus belle chanson du XXe siècle.
00:07C'est quand même pas rien, mais aussi à l'origine de centaines d'autres qui ont pour point commun la poésie des musiques et la musicalité du poète.
00:15Il en est un qui nous rejoint. Je vous demande d'accueillir M. Yves Duteil.
00:22Bonjour Yves Duteil. Merci d'être avec nous. Installez-vous tranquillement.
00:27Vous avez reconnu Julien cette chanson de Paul Nareff absolument.
00:30Ça s'appelle Le bal d'Elaz, Michel Paul Nareff et Pierre Delanoé.
00:33Pourquoi vous avez choisi cette chanson pour arriver ce matin ?
00:37Parce qu'on fait un métier d'émulation.
00:38Si les auteurs qui nous ont précédés n'avaient pas écrit, on n'écrirait pas du tout la même chose.
00:44En fait, Paul Nareff, ça a été les premières chansons.
00:49La poupée qui fait le nom, La maison vide, etc.
00:52J'ai chanté pratiquement tout Paul Nareff sans savoir qu'il y avait Pierre Delanoé.
00:57Aussi derrière.
00:58Et c'était aussi Nathalie de Bécaud, c'était Je n'aurais pas le temps, de Fugin.
01:03Moi, je chantais tout ça.
01:05Et quand j'ai découvert Pierre, j'ai découvert un auteur très, très prolixe.
01:10Pour vous donner un ordre d'idée, moi, j'ai écrit à peu près 200 chansons.
01:15Un peu plus.
01:16Et lui ?
01:175 000.
01:17Oh, wow !
01:19Ah oui, ça fait plus !
01:20Chronique, c'est le peu de le dire.
01:21C'est tout le sait.
01:23C'est quelqu'un qui compte énormément pour nous tous, les auteurs et compositeurs.
01:27C'est un patriarche qui a vraiment régné sur la chanson française.
01:31Et qui a même mis les mains dans le cambouis, puisqu'il a été président de la SACEM aussi.
01:36Donc voilà, c'était un acteur.
01:37C'était chouette d'en parler ce matin.
01:38C'était chouette.
01:39Un bel hommage.
01:40C'était merveilleux de parler avec lui.
01:42Et d'essayer de comprendre ce que lui essayait de nous transmettre à travers son savoir-faire.
01:49Alors, justement, vous parlez d'un auteur prolixe.
01:51Vous en êtes un aussi, bien sûr.
01:53Et il suffit pour cela de regarder ce coffret, cette anthologie que vous venez nous présenter ce matin,
01:59dans laquelle il n'y a pas un disque, ni deux, ni même dix.
02:02Mais regardez.
02:03Il y en a, en tout et pour tout, 17.
02:0717 disques d'Yves Duteil lors de vos concerts.
02:11On va évidemment en parler dans un instant.
02:13Mais d'abord, il y a une tradition qui est immuable dans Télé Matin tous les week-ends.
02:17Elle nous est inspirée par Jean-Jacques Godman.
02:23C'est l'interview « Encore un matin », des questions courtes et des réponses courtes.
02:27D'accord.
02:28Vous êtes prêts ?
02:28On va jouer.
02:29Allez, c'est parti.
02:30D'habitude, Yves Duteil, à quelle heure vous vous levez le matin ?
02:33Vers 9h, 9h30.
02:35L'humeur du jour ce matin ?
02:37Heureux.
02:38Heureux parce que je connais votre émission
02:40et je sais qu'on est accueillis avec bienveillance.
02:42Oh, on est ravis.
02:43L'heure de coucher ?
02:45Là, c'est beaucoup plus tôt, en fait, qu'avant.
02:48Pour une raison particulière,
02:50c'est que j'ai découvert que pour écrire, pour composer,
02:53j'étais beaucoup plus frais le matin.
02:54Donc il m'arrive de me lever, je vous disais 9h,
02:57mais ça peut être 5h du matin.
02:59Et donc, pour se lever à 5h du matin,
03:01il ne faut pas se coucher trop tard.
03:01Vous mangez quoi, petit-déj ?
03:04Du pain, du beurre, tout ce qu'il ne faut pas.
03:09Vous nous le disiez à petits mots, là, il y a un instant,
03:12le matin, c'est assez propice pour l'écriture, finalement ?
03:15Oui, j'ai découvert ça grâce à Brassens,
03:17qui se levait tous les matins à 5h pour retravailler ses textes,
03:20toutes ses musiques.
03:21Et j'ai découvert ça grâce à une exposition
03:23qui avait été organisée par la petite fille de Robert Douaneau,
03:26Clémentine de Roudille,
03:29qui a reconstitué son atelier.
03:32Et en fait, j'ai découvert qu'il travaillait très tôt le matin.
03:34Je me suis dit, j'ai essayé.
03:35Et j'ai vraiment découvert quelque chose de merveilleux,
03:39parce que le soir, quand vous travaillez très tard,
03:42et que vous êtes avec votre petit carnet et votre stylo,
03:44vous avez des grandes lignes, comme ça,
03:48d'un coup, qui s'inscrivent sur le carnet,
03:50ou quand vous êtes à l'ordinateur, vous avez des aides, comme ça.
03:54Heureusement que j'ai précisé que les réponses devaient être courtes.
03:56Oui.
03:56Ne comptez pas trop sur moi.
03:59Il vous taquille, bien sûr.
04:00Il est ma franco, Adrien.
04:01Maintenant, on va parler de vos albums qui viennent de sortir,
04:05donc de cette anthologie.
04:06Et quand on parle de vous, Yves Duteil,
04:08on n'a pas trop envie de silence,
04:09on a envie de musique, évidemment,
04:11et notamment d'écouter ceci.
04:12Prendre un enfant par la main pour l'emmener vers demain
04:22Pour lui donner la confiance en son père
04:29Prendre un enfant pour un roi
04:33Prendre un enfant dans ses bras
04:38Je l'ai dit en introduction,
04:41Je l'ai dit en introduction, a été récompensé, classé comme étant la plus belle chanson du XXe siècle
04:46et plusieurs classements sont arrivés à cette conclusion.
04:49Vous l'avez sorti en 1978.
04:52Est-ce qu'à l'époque, quand vous l'écrivez, quand vous la chantez,
04:56vous avez conscience de sa beauté ?
04:58Non, pas du tout.
04:59D'abord, j'ai écrit la musique et je me suis dit, tiens, c'est joli, ça.
05:02Ça pourrait faire une musique de film.
05:05Et puis, j'ai eu l'inspiration de ses premiers mots
05:08Prendre un enfant par la main
05:09et le fil a été tiré comme ça jusqu'au bout.
05:12Je n'ai pas mis très longtemps à l'écrire.
05:14En même temps ?
05:14Mais j'ai peut-être mis deux heures à écrire la chanson.
05:18Mais c'était comme un puzzle, en fait.
05:20Donc la plus belle chanson du XXe siècle a été écrite en deux heures ?
05:23Plus ou moins, parce qu'après, il a fait lui mettre de l'ordre.
05:25Et ça, ça a été la partie la plus délicate.
05:29Mais surtout, c'était la chanson en plus, en fait.
05:31Vous savez, quand vous écrivez une chanson,
05:33vous mettez vraiment tout ce que vous avez dans le cœur.
05:36Mais quand vous écrivez un album, c'est beaucoup plus important.
05:39C'est-à-dire, vous ouvrez des portes successives.
05:41Là, toutes les portes étaient ouvertes.
05:43Et c'était une chanson en plus, parce qu'on avait tout ce qu'il fallait déjà.
05:46Donc, je ne me suis pas fait trop de films dans ma tête.
05:51Et puis, voilà, j'ai écrit cette chanson.
05:53Et peu à peu, ça s'est imposé, mais pas tout de suite.
05:57Parce qu'il a fallu que Monique Lemarcy remarque cette chanson.
06:01Elle a été directrice de la programmation d'RTL.
06:03Elle vient à un de ces concerts-là.
06:05On vous donne un petit micro pour mieux vous entendre.
06:07Merci.
06:07Elle était dans le public quand j'ai chanté au Théâtre des Champs-Elysées.
06:12Elle entend « Prendre un enfant ».
06:14Le concert est dans ce coffret.
06:17Et elle se dit « Je crois qu'on est passé à côté de quelque chose ».
06:20Et le lendemain, elle a programmé un an et demi après la sortie de l'album,
06:23cette chanson comme une nouveauté.
06:25Voilà comment c'est arrivé.
06:26C'est là que ça part.
06:27Donc, en fait, aucune conscience.
06:29Cette chanson, elle avait tout contre elle.
06:31C'est incroyable.
06:31Vous connaissez une chanson qui a une intro de plus de 40 secondes ?
06:35C'est vrai ?
06:36Moi, non.
06:37Un truc qui ne se danse pas.
06:38Ça ne se danse pas, c'est un diffusable en radio.
06:40Elle avait toutes les qualités.
06:41Ça a été un tube.
06:42Et vous nous avez expliqué la jeunesse de ce tube, finalement,
06:45qui a pris un peu son temps.
06:46Il y en a eu d'autres, des tubes.
06:47Vous avez fait je ne sais combien d'albums sur toutes vos années de carrière.
06:50Là, vous sortez.
06:51Adrien nous le disait, c'est 17 CD.
06:53Il y a des moments que l'on aime partager.
06:55Voilà comment s'appelle cette anthologie.
06:56Il y a des extraits uniquement de vos concerts.
07:00Est-ce que c'est un résumé, finalement, de votre carrière, cette anthologie ?
07:04Oui, c'est un résumé d'une très grosse partie importante.
07:09La scène, c'est une rencontre.
07:11Vous arrivez devant des gens que vous ne connaissez pas.
07:14C'est un peu comme aujourd'hui.
07:16On ne se connaît pas, mais il y a cette forme de bienveillance
07:18qui fait que je n'ai pas peur.
07:20Je ne me sens pas en danger.
07:21Donc, je peux ouvrir mon cœur, comme on l'a dit.
07:23On peut rire de tout, mais pas devant n'importe qui.
07:25On peut aussi pleurer de tout, mais pas devant n'importe qui.
07:29Et là, je me sens en confiance.
07:31Donc, effectivement, c'est ça, le concert.
07:33Vous arrivez devant des gens qui sont tous différents,
07:36qui sont d'univers, d'horizons différents.
07:39Et puis, tout d'un coup, c'est une seule personne.
07:41Et là, vous vous trouvez comme dans une conversation.
07:43Avant de donner la parole à Benoît et à Julia,
07:45qui se sont plongés dans votre carrière,
07:46j'aimerais qu'on regarde une photo que je trouve sublime.
07:49C'est une photo de vous.
07:51Et vous tenez dans votre main l'affiche d'un de vos premiers concerts.
07:56Vous parliez de bienveillance.
08:00Est-ce que vous regardez votre moi plus jeune avec bienveillance sur cette photo-là ?
08:06Qu'est-ce que vous auriez envie de lui dire ?
08:08Ouïve Dutail de l'époque ?
08:08C'est incroyable, cette question que vous me posez,
08:10parce que c'est une question que je me suis posée dans l'autre sens,
08:12à cette époque, mais beaucoup plus tôt encore.
08:14J'écrivais un journal qui s'adressait à moi, plus tard.
08:17À toi, autre moi-même, si présent pour toi, si futur pour moi.
08:22Et j'écrivais parce que j'avais déjà cette soif de communiquer ou de transmettre.
08:28Et je me parlais à cet inconnu qui était moi, plus tard.
08:32Je crois qu'un adulte heureux, c'est un adulte qui n'a pas déserté ses rêves d'enfant.
08:37Moi, je n'ai pas déserté les miens.
08:39Cette photo, elle est très symbolique.
08:41Vous écrivez comme un poète, vous parlez comme un poète, même en live, comme ça.
08:44Moi, ça m'impressionne.
08:45Yves Dutail, la télévision, on va en parler maintenant avec vous aussi,
08:48parce qu'elle vous suit depuis vos débuts.
08:49Et ça n'a pas échappé à notre expert des séries et de la télé,
08:53du petit écran, Benoît Laganne.
08:55Oui, bonjour Yves.
08:56D'ailleurs, moi, je suis très touché de vous voir en face de moi,
08:59puisque j'ai une histoire avec vous.
09:00J'ai ramené d'ailleurs mes vinyles que j'ai écoutés.
09:03Un pionnier, hein ?
09:04Voilà, dans les années, fin des années 70.
09:07Et j'ai retrouvé, alors, cet album, il date de 1979.
09:11J'ai retrouvé, j'ai retrouvé votre première télé.
09:14C'était 10 ans avant ça.
09:16Là, vous aviez les cheveux longs.
09:18Eh bien, en 1969, c'était dans le petit conservatoire de Mireille.
09:20Vous aviez les cheveux plus courts.
09:22Regardez.
09:23Un garçon qui a passé une audition, Yves.
09:25Benévit, s'il vous plaît.
09:27Mettez-vous là devant le micro.
09:28Je dis Yves, qu'est-ce que c'est après ?
09:31Yves Dutail.
09:32Dutail.
09:32Je sais que vous avez 19 ans.
09:34J'y trouvais très bien et rare de faire des rythmes de bossa nova.
09:41Il n'y a pas tellement de jeunes garçons qui s'intéressent à ça.
09:44Vous jouez la bossa nova comme à la classe, comme à l'audition.
09:47J'ai longtemps aimé la terre, mais je n'en ai plus que faire.
10:00Tout en elle me désespère.
10:03Elle n'est que lutte et que guerre.
10:06Vous chantez et votre voix n'a pas changé depuis 1969.
10:10Quel souvenir vous gardez de cette première télé où Mireille ne sait même pas que vous appelez Dutail ?
10:15Après, elle m'appelait Petit Dutail.
10:19En fait, à la fois débordant de reconnaissance, de gratitude parce qu'elle m'avait sélectionné.
10:25Et j'étais frappé par la sévérité de Mireille.
10:31En fait, elle vous mettait mal à l'aise exprès.
10:34Parce que sur scène, il y a des moments où on tourne à la catastrophe.
10:40La sonneau tombe en panne, vous avez mal à la gorge.
10:42Elle vous disait en fait, quand vous avez mal à la gorge, je n'avais pas un petit écriteau autour du cou avec marqué.
10:46Aujourd'hui, j'ai mal à la gorge.
10:48Vous êtes bon.
10:49Puis c'est tout.
10:50Parce que les gens sont venus aujourd'hui pour vous voir.
10:52Et donc, c'est une leçon de modestie, d'humilité et de se sortir de tout.
11:00Alors, après ce premier passage télé, évidemment, il y en a eu plein d'autres dans des émissions de variété, Benoît, mais pas seulement.
11:05Oui, parce qu'on a suivi aussi, la télévision a suivi Yves Dutail, l'artiste engagé.
11:09Et notamment en 1990, en se rendant pour le JT, à Précis-sur-Marne, votre village, dont vous êtes depuis 1989, le maire.
11:18Regardez.
11:19Un maire est aussi un créateur.
11:21Il a ce côté pragmatique proche des réalités et du terrain, alors que l'artiste, par essence, c'est quelqu'un d'un petit peu plus rêveur, d'un tout petit peu plus éthéré, un peu plus nuageux.
11:31Et le mélange des deux est très intéressant parce que l'artiste apporte un peu de poésie à la fonction et la fonction, un peu de réalisme à la poésie.
11:37Avec les gens de mon village, j'ai appris qu'on pouvait construire, nos rêves ensemble à notre image et dessiner notre avenir.
11:46Vous avez été maire de 1989 à 2014.
11:49C'est plus facile d'être maire quand on est Yves Dutail, justement, que quand on est juste Benoît Laganne, par exemple.
11:56Pas sûr.
11:56Non, c'est pas sûr parce que ça joue dans les deux sens.
11:59Parce que, bon, effectivement, il y a des portes qui souffrent plus facilement, je ne vais pas vous mentir.
12:04Mais en réalité, quand vous débarquez dans un bureau avec votre dossier, il y en a toujours un qui se dit, non, mais qu'est-ce qu'il se croit celui-là ?
12:11C'est pas parce qu'il s'appelle Yves Dutail qu'on va lui donner sa subvention.
12:14Donc, il faut défendre son truc, mais presque plus que tout autre.
12:18Parce qu'on part avec un handicap, c'est la prétention.
12:24On fait des métiers de prétention quand on monte sur scène et qu'on se dit, bah oui, ça va intéresser des centaines, peut-être des milliers de personnes.
12:31C'est très présomptueux.
12:33Mais là, c'est pareil.
12:34Vous arrivez avec votre dossier et il ne faut pas vous imaginer que ça va vous rendre la route plus facile.
12:39Merci beaucoup, Benoît, pour ces jolies découvertes.
12:42Vous savez que dans cette émission, Yves, on adore les surprises.
12:45Et il y a un ami, à vous, bien sûr, qui avait un message à vous adresser ce matin.
12:49Mais pour une fois, on peut dire que c'est aussi un ami de Télématin.
12:53Regarde.
12:54La vie vous fait parfois des cadeaux.
12:56Et pour moi, la rencontre avec Yves Dutail est un véritable cadeau.
13:01Le lycéen que j'étais, qui révisait son oral du bac français en écoutant tes chansons, Yves.
13:07Tes premières chansons, ne se doutait pas qu'un jour, il aurait le bonheur, non seulement, de te compter parmi ses amis.
13:15Et en plus, de temps en temps, d'avoir le bonheur d'écrire des chansons et de les chanter avec toi.
13:19Yves, une toute petite question.
13:20Au bout de quelques 50 ans de carrière, 53 ans, si je ne m'abuse.
13:24Qu'est-ce que tu as envie de donner à ton public que tu n'aies pas encore eu l'occasion de leur donner ?
13:29Et puis surtout, surtout, une petite chose, ne change pas, je t'embrasse.
13:33Fred Zetoun, qui a été chroniqueur pendant des années à Télématin et qui vous adresse une question aujourd'hui.
13:38La question est difficile parce que j'ai été tellement gâté et j'ai tellement eu ces échanges avec le public.
13:45Savoir ce que j'ai envie aujourd'hui d'offrir au public, c'est quelque chose de très profond.
13:50C'est une transmission, mais quelque chose qui va bien au-delà de la transmission des chansons ou des écrits.
13:55Oui, c'est une... J'ai toujours mélangé un peu la spiritualité dans ce métier, dans tout ce que j'ai essayé de faire.
14:05Et je crois qu'aujourd'hui, on a besoin d'une vision du monde qui soit autre que celle qu'on nous transmet.
14:12Parce qu'aujourd'hui, on assiste à... J'ai pensé en venant, en écoutant les informations de ce jour,
14:18que les deux plus grandes puissances du monde aujourd'hui sont celles qui ont appelé leur réseau social vérité.
14:25Ou leur journal vérité.
14:29Et il y a un décalage, il y a quelque chose qui ne colle pas.
14:33Et donc, la poésie, elle parle au cœur, directement.
14:37Je crois que c'est ça que j'ai envie de transmettre aux gens, parce que j'ai remarqué une chose qui m'a marqué,
14:42c'est que dans les grottes les plus profondes de la préhistoire,
14:45on nous a transmis des dessins qui sont une merveille de beauté,
14:51qui sont le meilleur de ce que ces hommes qui n'avaient pas de langage pouvaient transmettre à nos contemporains.
14:58Je crois que la chanson, c'est ce qui nous accompagne depuis le berceau jusqu'au tombeau.
15:02Et à travers le temps, je crois que je me rends compte, en parcourant ces concerts et ces échanges avec le public,
15:12que l'essentiel de ce qu'on donne aux gens est immatériel.
15:15C'est quelque chose d'impalpable.
15:17C'est ça que j'ai envie de transmettre.
15:18Parlez au cœur des gens, vous nous dites, et c'est absolument beau.
15:23On va essayer, nous, de parler à votre cœur, à vous, Yves Duteil.
15:25Et c'est Julia Livage qui va s'en charger.
15:28Ma chère Julia, vous nous faites voyager dans la mémoire d'Yves Duteil en chanson,
15:32avec des histoires, des rencontres aussi qui ont façonné son parcours.
15:36Exactement, Yves Duteil, vous, l'artiste dont la plume a su célébrer la langue, la tendresse, les mots, l'humanité.
15:43Vous, pour qui la chanson est un pont, un pont de bois, bien sûr, entre les cœurs, entre les gens, entre les générations.
15:50Vous qui cachez une belle histoire derrière chacune de vos chansons,
15:53et c'est ça qu'on va découvrir, ces belles histoires.
15:56Vous êtes prêts ?
15:57Allez, on y va.
15:58Alors, la première chanson, on le regarde.
16:00Cette chanson, c'est la langue de chez nous, elle a provoqué beaucoup de choses.
16:25Vous avez reçu à l'époque un appel d'une personne, ce monsieur qu'on va voir, et c'est une très belle anecdote.
16:33Vous voyez évidemment où je veux en venir.
16:35Raymond De Vos, racontez-nous.
16:38C'est très rare dans ce métier quand quelqu'un pour qui vous avez de l'estime vous appelle en vous disant,
16:44voilà, je vous appelle parce que simplement je voulais vous remercier d'avoir écrit cette chanson.
16:48C'est ce que m'a dit Raymond De Vos.
16:50C'est ce que m'avait dit aussi par un petit mot Jean Dormesson.
16:53Quand on reçoit des témoignages comme ça, c'est pour la vie.
16:58Et Raymond De Vos, vous savez, ce débat en ce moment de l'intelligence artificielle.
17:04Je pensais à Raymond De Vos.
17:06L'intelligence artificielle qu'on devrait plutôt appeler additionnelle,
17:11à beau être extraordinaire, elle n'arrivera jamais au niveau de Raymond De Vos.
17:17Parce que Raymond De Vos, quand il arrive et qu'il vous dit,
17:22ah, monsieur, il va chez le percepteur.
17:25Il était content, il était tout redressé comme ça parce qu'il pensait qu'il avait un abattement.
17:29Il est ressorti complètement abattu parce que c'était un redressement.
17:31Et qu'une intelligence artificielle ne pourra supplanter cette intelligence-là.
17:36Une autre chanson.
17:37Alors, j'ai une autre chanson plus personnelle, celle-ci.
17:39On écoute, regarde.
17:40Alors, cette chanson, elle est très intime.
18:01On a le sentiment que pour vous, chaque mot compte, chaque note résonne.
18:06Est-ce que vous pouvez nous expliquer le lien qu'il y a entre vous et le Capitaine Dreyfus ?
18:09Je suis son petit-neveu.
18:12Et ça m'a accompagné pendant toute ma vie.
18:15Sans qu'on le dise, sans que j'en parle.
18:17Et puis un jour, j'ai éprouvé le besoin d'en parler parce que j'avais envie de faire de cette part d'ombre une part de lumière.
18:23Parce que Dreyfus, l'injustice qu'on a faite à cet homme, l'a poursuivie en tant qu'humain.
18:28Il a été absent de toute son affaire.
18:30Il était au secret, en prison, en exil.
18:33Aujourd'hui, on en est à imaginer qu'il puisse être élevé au grade de général à titre posthume.
18:41Et ce serait justice.
18:43Parce que l'injustice ne s'éteint jamais.
18:46Moi, j'ai ramassé ce flambeau qui traînait presque par terre.
18:49Et j'en ai fait une chanson parce que j'ai eu le sentiment que la notoriété dont le public m'a fait le cadeau m'obligeait, d'une certaine manière.
18:58Et que j'étais en position de pouvoir parler de lui.
19:01Mais l'homme, pas l'affaire.
19:03Mais il fallait que je dise des choses vraies.
19:04Et uniquement des choses vraies.
19:06J'ai mis un an et demi à écrire cette chanson.
19:07C'était très long.
19:08Mais j'étais très heureux de le faire.
19:10Et je pense que ma tante, qui était donc la sœur de mon père, m'a dit un jour, tu vois, toutes ces célébrations, en fait, elles parlent de ta chanson.
19:21Je ne l'ai pas cru parce que j'ai cette humilité de penser qu'une chanson, ce n'est quand même pas grand-chose.
19:26Je pense qu'une chanson, elle ne va pas convaincre, mais elle va rassembler.
19:29Et aujourd'hui, la mémoire de cet homme, qui a été loyal, on le disait un peu sévère, mais on disait aussi de lui qu'il n'était pas paré de toutes les qualités, mais qu'il en avait une essentielle, c'est qu'il était innocent.
19:46Rassembler, c'est aussi ce que vous, vous réussissez à faire.
19:48Merci Yves Duteil infiniment d'avoir été avec nous.
19:50On espère qu'on vous a touché au cœur.
19:52On a tenté, en tout cas.
19:53Et c'était l'occasion, bien sûr, de parler de vos 17 CD qu'Adrien a toujours dans les mains.
19:57Cadeau de Noël formidable, mais pas que.
19:59Oui, il y a aussi des concerts.
19:59Oui, 28 novembre au Canet en Roussillon, 19 décembre à Metz, 23 janvier à Belfort, 26 février, 26, non, 26 février, oui, à Bruxelles pour nos amis belges.
20:08Bref, vous courez les routes de France et les concerts continuent après les 17 qu'on retrouve dans ce coffret.
20:15Merci d'avoir été avec nous, Yves Duteil.
20:16C'était un plaisir de vous recevoir.
20:18Merci à vous.
20:18Merci.
20:19Merci.
20:20Merci.
20:21Merci.
20:22Merci.
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