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  • il y a 1 semaine
🗣️ « Je n’aurais jamais pensé qu’elles pourraient faire ça. On a commencé avec des séances de trente minutes, aujourd’hui, ça dure une heure ! »

On vous présente Mara Kanté, le coach des mamans de Sarcelles 💪

Depuis l’été, il entraîne gratuitement et quotidiennement les mères de son quartier à Sarcelles. Innocenté après plusieurs mois de prison en 2011, ce militant aux 1000 vies a décidé de faire de la santé physique et mentale une priorité.

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00Et je coache ma mère, ses copines et toutes les mamans du quartier.
00:031, 2, 3, voilà, 4.
00:08Le combat continue.
00:0920 secondes, allez encore, encore, encore, encore.
00:12J'aurais jamais cru qu'ils allaient pouvoir faire ça.
00:14C'est un bon coup.
00:15Elle est dure, hein ?
00:17Elle m'égale pas, hein ?
00:19On a commencé à faire des entraînements, les trainings, c'était 25 minutes.
00:24Les premières séances.
00:25Et on est monté 30 minutes, 35 minutes, 40 minutes, 45 minutes, jusqu'à 50.
00:29Et là, on fait des séances d'une, hein ?
00:32Le chouchou des mamas.
00:46Moi, c'est Mara Kanté, militant, acteur associatif, coach, éducateur en prévention.
00:54Et surtout, un gars qui impacte la vie des gens.
00:59On est à Sarcènes, on vit dans une genre de cocotte minute, tu vois.
01:05Un rien peut faire en sorte que ça explose.
01:07Et pourquoi ces zones sensibles, elles sont comme ça ?
01:10C'est parce que la précarité, elle est présente.
01:12Le chômage, il est présent.
01:13Le rêve, il est présent comme partout.
01:15Et le plafond de verre, il est plus que présent et dominant.
01:18Quand je finis mon taf d'éducateur ou les coachings perso que j'ai à gauche, à droite,
01:22je viens ici à 21h et je coache ma mère, ses copines et toutes les mamans du quartier.
01:2913, 14, 15, 16.
01:3516 mamas.
01:36C'est pas mal, c'est intéressant.
01:41Ragiri, ragiri.
01:42Ora gollen, jopa.
01:44Non, en gros, j'ai dit, on a commencé le travail, levez-vous.
01:47Voilà.
01:49Alors, encore un passage.
01:50Là, pour l'instant, on s'échauffe, on fait de la marche, on fait des allers-retours
01:58à peu près 20 et ensuite, on attaque les exercices.
02:03Le combat continue.
02:04On lâche pas l'affaire.
02:07Au fur et à mesure que j'ai trouvé ma voie entre guillemets dans le sport,
02:12je me suis dit qu'il faut que j'impacte par ce levier-là toute ma famille.
02:16Donc mes petits frères, mes petites sœurs, mes grands frères, mes grandes sœurs.
02:18Et un jour, ma mère, elle me dit, moi aussi, je vais faire du sport.
02:21Je dis, quand tu veux, on s'organise et on se fait ça.
02:24Allez, c'est parti.
02:26C'est parti.
02:27Elle est descendue toute seule.
02:28Et au final, il y avait beaucoup de mamas en bas.
02:31Et ça s'est transformé.
02:32Allez, bon, moi, je peux vous rejoindre.
02:33Moi, je peux vous rejoindre.
02:33Venez, c'est gratuit.
02:34C'est du bénévolat.
02:36C'est tout bénéf.
02:36Venez, etc.
02:37Et au fur et à mesure, ça donne ce que ça donne.
02:41Ça crée surtout une dynamique dans le quartier.
02:43Et ça sensibilise énormément de personnes.
02:45Parce qu'on partage sur les réseaux sociaux.
02:46Et c'est au vu au sud de tout le monde.
02:49Donc, chacun, à un moment donné, prend un coup dans son égo.
02:51Et se dit, attends, si elles le font, moi, pourquoi, moi, je ne le ferai pas.
02:53Donc, c'est comme ça, ça fait un effet boule de neige.
02:56Motivation avec les mamas.
02:57Ah oui, ah oui.
02:57Maman, c'est comment ?
02:58Maman, c'est comment ?
03:00On a commencé, on était quatre ou cinq.
03:04Après, encha'Allah, il y a du monde.
03:07Tous les jours, il y a une qui vient.
03:10Voilà.
03:10Moi, j'ai actrose.
03:12J'ai deux genoux.
03:13Ça me faisait très mal.
03:14Comme je ne marchais pas beaucoup aussi.
03:16Il y a des faux, il faut marcher.
03:19Voilà.
03:19Donc, je lui ai demandé qu'il me fasse ça.
03:21Deux, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, sept.
03:31Des nouvelles sensations.
03:32Elles n'ont jamais fait de sport.
03:33Donc, là, c'est nouveau pour elles.
03:34Elles se réapproprient leur corps.
03:36Elles se réapproprient leur esprit de femme.
03:39Elles ont tout donné à leur famille.
03:40Elles se sont oubliées.
03:41Des grossesses à répétition, famille nombreuse.
03:44Moi, ma mère, voilà, dix enfants.
03:47Donc, il est difficile de faire autre chose.
03:50Allez.
03:51J'étais inscrit dans une salle de sport.
03:56Mais avec le temps, le travail, les enfants, j'ai abandonné.
04:01Là, ça permet d'en faire.
04:04Et surtout que ça motive, parce qu'on est plusieurs.
04:07Je suis venue parce que j'aime bien le sport.
04:10Et en plus, j'ai besoin de diminuer un peu mon ventre.
04:14Vu que là, j'avance.
04:16Et puis, on nous recommande de faire souvent des sports.
04:19Parce qu'après ça, je vois que je suis coachée par quelqu'un qui me dirige.
04:25Ça me fait du bien.
04:26Et dès que je fais ici et je rentre à la maison, je vois que j'ai quand même fait quelque chose.
04:30Et puis, je dors bien.
04:31L'arthrose, tu vois, ça, c'est quelque chose qui affecte beaucoup nos mères.
04:37Diabète.
04:38Tu as ces deux fléaux qui frappent nos parents de manière récurrente, tu vois.
04:44Elles sont dans une sédentarité incroyable.
04:47Ça cherche à gratter un peu.
04:48Il y a 15 allers-retours à faire.
04:51Elles veulent négocier.
04:51Non, on ne négocie pas.
04:52On fait les 15.
04:53C'est bien, c'est bien, c'est bien.
04:55Voilà.
04:56C'est un bon côté.
04:58Elle est dure, hein ?
04:59Elle ne rigole pas, hein ?
05:01C'est un devoir.
05:04Tu vois, c'est un devoir de s'occuper de...
05:07Tu vois, elles sont occupées de nous toute notre vie.
05:08Donc, nous, on a la capacité, à un moment donné, de prendre cette charge
05:11et mettre nos parents sur notre dos.
05:14Donc, on le fait avec plaisir.
05:16S'il y a quelqu'un qui doit me payer, c'est la ville.
05:18Ce n'est pas ma mère.
05:20Allez, allez, on y va.
05:22Voilà.
05:24Voilà, on redescend.
05:26Voilà, c'est bien.
05:28C'est de la petite torture.
05:29Ou de la bonne torture.
05:32N'importe quel athlète, n'importe quel sportif,
05:34n'importe quelle personne qui fait du sport
05:36va te dire que les escaliers, c'est terrible.
05:38C'est terrible.
05:40Ah non, les escaliers, tout sauf ça.
05:41Escaliers.
05:43Je ne supporte pas monter, escaliers.
05:46C'est dur.
05:4715 secondes !
05:49Enfin, il ne reste pas vraiment 15 secondes, mais bon, je connais.
05:57Attrape ici.
05:59Ouais, merci.
06:00Fais-moi ton seul, fais-moi ton seul.
06:01Fais-moi ton seul, fais-moi ton seul.
06:02Fais-moi ton seul.
06:03Voilà.
06:05Il ne va pas.
06:08Au fur et à mesure, toutes les différentes ethnies,
06:11une culture, même religion,
06:14dans le quartier,
06:15simplement au groupe
06:16et participe.
06:18Voilà, bonne à un taureau, bonne à un taureau.
06:20Allez, une fois.
06:22Là, je parle en solinqué,
06:23en français,
06:25mais après, le bambara, je ne connais pas,
06:27je connais juste quelques petits mots, tu vois.
06:29Donc, on va dire, je parle en solinqué en vrai.
06:31Moi, j'ai grandi à Villiers-le-Benn.
06:35Mac Taillère, il disait dans un son où il m'a fait un big up,
06:38quelque part en France, c'est l'apartheid comme à Villiers.
06:45Ces affrontements surviennent au lendemain de la mort de deux adolescents
06:48dans un choc entre leur mini-moto et une voiture de police.
06:51En 2007, moi, il y a un drame qui a marqué ma vie
06:54et qui a marqué la vie de beaucoup de gens de Villiers.
06:57Mouchin et Laram, ils sont percutés par une voiture de police.
07:00Ils perdent la vie.
07:01Les deux décèdent.
07:03Des policiers qui se font tirer dessus.
07:04Une ville qui est émise à feu et à sang.
07:06C'était un cocktail explosif.
07:08À l'époque, ça a fait la une dans tous les médias.
07:11Et il y a eu des arrestations.
07:12J'ai fait partie des gens qui ont été interpellés,
07:13placés en détention.
07:15J'ai fait 29 mois,
07:16dont 11 mois passés en isolement.
07:19Voilà, je prétendais une carte de footballeur professionnelle.
07:20En détention, je suis rentré jeune,
07:25puérine, immature.
07:27Et je suis ressorti homme.
07:29Cette peine de prison a complètement changé ma vie.
07:31Elle a complètement bouleversé ma vie.
07:33Parce que ça a créé des traumas chez ma famille.
07:37Ça a créé des traumas chez moi.
07:38Si tu es fort, tu arrives à surpasser cette douleur,
07:41à surpasser cette dépression qui peut t'envahir.
07:46Si tu es faible, tu te fais complètement avaler
07:48par le système carcéral,
07:49par le tractopelle de la justice,
07:51par la pression,
07:52tout ce qu'il y a autour.
07:54Suivre son processus,
07:55c'est faire les choses à fond.
07:57Donc je me suis mis dans le militantisme
07:59à 200%.
08:00Pour les personnes en situation d'handicap,
08:04pour les personnes en situation irrégulière,
08:05pour les personnes sans papier,
08:07pour les personnes qui sont victimes
08:08de violences policières,
08:10pour les personnes qui sont dans la précarité
08:12au niveau du mal logement.
08:14Et à un moment donné,
08:15c'est la politique qui a émergé.
08:17Donc on va se présenter en tant que maire
08:18sur la ville.
08:21En réalité, je n'attendais rien de la politique.
08:23J'attendais juste de suivre mon processus
08:25et d'avancer,
08:27et on va dire,
08:27de prendre en expérience dans la vie.
08:29Il y a mon petit frère, les gars.
08:30Solide, solide, solide, toujours.
08:31Soldat, soldat, il est là.
08:33Ça va ou quoi ?
08:35Ça va ou quoi ?
08:36Il nous a rejoint.
08:37Tout le monde est là.
08:40Tout le monde est là.
08:41Street runner, c'est important.
08:43Merci.
08:45Les gens, ils me connaissent aujourd'hui
08:46comme le mec qui court partout.
08:47Run impact.
08:48Tu vois ?
08:50Si tu vas sur mon Insta,
08:51tu vas voir un mec qui vit sa vie à 200%.
08:53Donc tantôt, tu pourras me voir en conférence,
08:56en costume, je ne sais pas moi,
08:57avec le maire ou un élu
08:59ou un député ou un ministre.
09:00Ou tu peux me voir torsue nue,
09:02en plein dans la street,
09:04dans le bitume,
09:05en train de faire des pompes,
09:06des tractions, des jips,
09:06des messieurs-lopes.
09:07Et tout ça, en réalité,
09:09c'est des palettes que j'ai ajoutées
09:10sur mon CV.
09:13Mais je l'ai ajoutées,
09:14ce n'est même pas que j'ai cherché ça.
09:15Ça m'est tombé dessus.
09:16Et quand ça m'est tombé dessus,
09:17je suis parti à 200%.
09:19Tu vois, je te dis, regarde,
09:22le run impact, c'est ça.
09:23Elles ont commencé par de la marche.
09:25Regarde, là, on est sur la fin,
09:26donc elles commencent à courir.
09:27Donc c'est ça, la mentalité.
09:29Et le dépassement de ça, c'est ça.
09:31Tu vois, elles ont fait de la marche
09:32sur les escaliers.
09:33Et là, regarde, ça court.
09:34C'est très bien.
09:35Très, très bien.
09:40Ok, voilà.
09:42Très bien.
09:43Merci.
09:44J'ai fait une course de 100 km
09:45que j'ai appelée la course de la résilience.
09:48Les gens, au début,
09:49quand j'ai annoncé sur mes réseaux sociaux
09:50que je prépare une course de 100 K,
09:53ils m'ont pris pour un fou.
09:54Mais c'est cette folie-là
09:55qui va nous emmener ailleurs.
09:56Donc là, pour l'annoncer,
09:57je prépare une course de 200 km.
10:01Et cette course-là,
10:02de 200 km,
10:04c'est une course que je vais dédier
10:06pour la santé mentale et physique.
10:08Et je vous le garantis
10:08que ma mère, elle sera à l'arrivée
10:09pour faire les derniers pas avec moi.
10:11Toutes les mamans seront à l'arrivée
10:12pour faire les derniers pas avec moi.
10:13Sous-titrage Société Radio-Canada
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