2035, c'est la date de fin de la vente des voitures thermiques en Europe. Un délai qui semble s'éloigner sous la pression des constructeurs, qui doivent résister à la puissante industrie chinoise.
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00:01Donc, on en parlait d'ailleurs avec notre invité dans le grand entretien hier.
00:05A-t-on encore un plan, Emmanuel, pour sauver notre industrie automobile ?
00:09Eh bien, la question se pose, parce que est-ce qu'on verra encore demain des Renault, des Citroën, des Peugeot dans nos rues ?
00:16Ou est-ce que l'on roulera tous dans des voitures chinoises ?
00:18Ce n'est plus une provocation, Carlos Tavares, qui était votre invité hier matin,
00:22c'est l'ancien patron de Stellantis qui a répondu à peu près aux questions qu'on lui posait en posant lui-même des questions.
00:27Mais il disait quand même hier matin, les marques chinoises pourraient très vite capter 10% du marché européen.
00:33Il faut dire qu'elles ont un argument massue.
00:36Elles ne sont pas trop moches et surtout, elles sont 20 à 30% moins chères que leurs concurrentes européennes.
00:41Et elles arrivent à grande vitesse.
00:43Vous en avez vu, j'en suis certain, que ce soit des BYD, des MG ou des Link & Co.
00:48Rien d'étonnant à ce que la Chine soit désormais, du coup, le premier producteur mondial de voitures.
00:55Pour limiter la sortie de route, l'Allemagne plaide donc ouvertement pour repousser cette fameuse date de 2035 pour la fin de la vente des voitures thermiques.
01:05La France, elle, tente une autre stratégie.
01:07Pourquoi pas intégrer à tout cela les voitures hybrides et surtout, imposer ce que l'on appelle un contenu européen pour les voitures électriques.
01:14Imposer un contenu européen, en bon français, qu'est-ce que ça veut dire ?
01:17Alors, ça veut dire que la France voudrait que 70% de la valeur du véhicule devrait venir de pièces produites sur le continent européen.
01:25Moyen d'obliger les constructeurs chinois à installer des usines ici, chez nous, en Europe.
01:30Et donc, à utiliser des batteries, notamment issues de nos gigafactories.
01:35Ces gigafactories, ce sont ces usines flambant neuve et elles en auraient bien besoin.
01:39Elles tournent encore à moitié à vide de raison.
01:41Pas assez de demandes de la part de nos propres constructeurs.
01:45Et puis, il faut bien le reconnaître, il y a encore des problèmes de production.
01:48On n'est pas encore totalement au point techniquement.
01:50Contrairement à qui, tiens ? Contrairement aux Chinois.
01:53Mais cette idée a-t-elle une chance d'aboutir ?
01:54Allez, le cocorico sur la ligne d'arrivée n'est quand même pas pour tout de suite.
01:58La Commission européenne redoute une forme de protectionnisme déguisé.
02:02Et pendant ce temps, le moteur automobile de l'Europe, l'Allemagne, tourne au ralenti.
02:06Les plans sociaux s'enchaînent là-bas.
02:08Les usines Stellantis de Poissy, Sochaux, Mulhouse ont été ou sont encore actuellement à l'arrêt temporairement.
02:16Et leurs salariés au chômage partiel.
02:18Les équipementiers eux aussi ferment les uns après les autres des usines, notamment en France.
02:23Les mois qui viennent sont donc décisifs, reconnaît-on au gouvernement.
02:27Lundi, lors d'une réunion plutôt à haut niveau entre les Français et les Allemands,
02:31Paris compte bien défendre son idée de ce contenu européen renforcé.
02:36Un pari industriel, mais aussi politique.
02:39Parce qu'à force de freiner, l'Europe risque bientôt de ne plus conduire,
02:43mais juste d'être passagère d'une voiture chinoise, bien entendu.
02:46Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction de l'Usine Nouvelle.
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