- il y a 3 semaines
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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la Gendarmerie Nationale ?
00:19Je m'appelle Yann Kermadek, je suis commandant de Gendarmerie.
00:25Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:41L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls, les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:55Il fait un temps merveilleux et la radio de la voiture me corne un concert aux oreilles.
01:09J'ai baissé la capote et le soleil me chauffe la tête.
01:13Je conduis avec entrain sur la route familière du parc à leur recherche.
01:17Ils viennent toujours dans le même coin, sur la même colline,
01:21d'où l'on a une bonne vue de la plage, avec ses baigneuses en bikini.
01:26Juste assez loin pour ne pas tenter les maris en quête d'aventure
01:30et satisfaire leurs épouses qui ont des enfants à surveiller.
01:35Aujourd'hui, avec la petite brise qui souffle sur le lac,
01:39je parie ma chemise que tous ces adeptes du pique-nique sont par là quelque part.
01:45Tous.
01:48Et voici que j'aperçois la voiture de Fred Dutton, garée de travers comme il se doit.
01:53Chic et discrète comme son propriétaire.
01:55La capote et les glaces soigneusement fermés également à l'image de son propriétaire.
02:01Le temps que les petits nuages épars, ça et là, se regroupent pour se transformer en pluie,
02:09il a tout le temps de revenir.
02:11Mais Fred Dutton est comme ça.
02:14Ne pas prendre de risques, ne jouer qu'à coup sûr.
02:18Deux sécurités valent mieux qu'une.
02:20Ainsi fonctionne Fred Dutton.
02:23Je me garde derrière lui en heurtant son pare-choc un peu plus fort qu'il est nécessaire.
02:29Je me réjouis même, je l'avoue, à l'idée de l'avoir un tout petit peu abîmée.
02:35Je m'attends presque à le voir accourir au bruit.
02:38Mais personne ne paraît.
02:40Ils ont dû se mettre hors de vue en bas de la colline, cachée par les saules tout près du lac.
02:45C'est un endroit agréable qui éveille en moi des souvenirs à demi oublié de jours sans soucis
02:56et de nuits où seul le bonheur comptait.
03:01J'étais comme ça en ce temps-là.
03:05Je me demande comment je suis maintenant.
03:10Dora, la femme de Fred, est la première à me voir.
03:14Elle est en train de faire bouillir de l'eau sur le fourneau de camping, sans doute pour préparer du thé.
03:19Je perçois la théière.
03:22Dora a un geste si brusque qu'elle lâche la casserole qui tombe bruyamment à terre.
03:28Sam !
03:30Salut, Dora.
03:32Heureux de voir que tu te souviens de moi.
03:36Je sens tout à coup l'herbe trempée à travers mes souliers
03:38et je me rends vaguement compte que les enfants ont barboté là.
03:44Dora se détourne et s'écrit
03:45« Fred ! Fred ! Viens ici ! Fred ! C'est Sam ! Sam Wagle ! »
03:51Fred a couru et les autres, à l'exception des enfants, ne tardent pas à le suivre.
03:58Ils arrivent prudemment d'abord, comme s'ils avaient aperçu une bête fauve échappée du zoo.
04:03Puis ils se rassemblent autour de moi avec de stupides sourires contraints sur le visage pour m'accueillir.
04:13« Ce vieux Sam ! Alors comment vas-tu ? Que deviens-tu ? »
04:19Celui qui me questionne ainsi est un courtier immobilier nommé Charlie Thames.
04:28Il ne m'a jamais aimé, même dans mes meilleurs jours.
04:33Charlie est resté à peu près le même, sauf qu'il a pris quelques kilos.
04:37Mais moi aussi, et les autres aussi, non ?
04:39Sa femme, Laura, me stupéfie un peu avec ses cheveux grisonnants.
04:46Mais les autres n'ont guère changé.
04:50Fred Dutton passe son bras autour de mes épaules presque tout de suite,
04:54comme si je n'étais jamais parti,
04:55et me met de force une bouteille de bière tout en perlée de fraîcheur dans les mains.
05:00« Quand es-tu sorti, Sam ? Pourquoi tu nous as pas prévenu ? Comment vas-tu ? »
05:05« Très bien, je dis, répondant d'abord à la dernière question.
05:10Je suis sorti il y a deux jours.
05:12Je suis allé chez toi et chez Charlie, mais, personne n'ayant répondu,
05:16je pensais que vous étiez probablement parti en pique-nique à l'endroit habituel.
05:22Bonjour, Sam. »
05:25C'est Jen O'Brien.
05:27Jen Falconi, maintenant, bien sûr.
05:31Une fille qui, n'a guère, m'était très chère.
05:36Elle porte un short blanc qui met ses jambes en valeur.
05:39Elle a toujours les plus belles jambes des filles du groupe.
05:44Son mari, Joe, apparaît alors, lui aussi, portant dans ses bras le plus jeune des enfants.
05:51« Salut, Jen. »
05:52« Salut, Joe. »
05:54Les enfants ont vraiment grandi.
05:56« Une saucisse, Sam ? »
05:59« Me propose Charlie. »
06:00« Nous en avons tout un stock. »
06:03Laura, comme pour appuyer son offre, va en prendre une sur le grill.
06:08« Voici, Sam.
06:09Grillés à points, comme tu les aimais. »
06:13« Les aimais, Laura ? »
06:16« Mais je les aime encore. »
06:19« Je n'ai pas changé à ce point. »
06:22Elle rougit légèrement et se détourne.
06:25Mais Dora Dutton est là pour la remplacer.
06:27« Ça ne te fait rien d'en parler, Sam ? »
06:30« Parce qu'on ne voudrait pas... »
06:31« Non, non, bien sûr que non, Dora. »
06:33« Ça ne me fait rien d'en parler. »
06:36« Que voulez-vous savoir ? »
06:38« Tenez, si vous avez fini de manger,
06:41je peux vous donner de merveilleuses descriptions
06:43des traitements par électrochoc
06:45et des effets des drogues qu'on m'a fait ingurgiter. »
06:50« Va jouer ! »
06:51ordonne Charlie à l'un des enfants qui s'approchent.
06:53« Va jouer avec ta sœur ! »
06:55Son visage est dur et crispé.
06:58Il se rappelle déjà sa vieille haine
07:01de Sam, une haine qui existait déjà
07:03bien avant l'affaire.
07:06« Sam ! » dit Joe Falconi.
07:10« Qu'est-ce que devient l'inculpatient ?
07:12Est-ce que tu vas devoir passer en jugement
07:13maintenant que tu es sorti ? »
07:17Joe, lui, est un entrepreneur.
07:21C'est plutôt un gentil type
07:22comparé aux autres.
07:25J'allume tranquillement une cigarette
07:27et je prends tout mon temps pour répondre.
07:31« Il va falloir qu'ils comprennent tous les six
07:34que je suis libre pour de bon
07:36et que je vais le rester. »
07:40« Non ! »
07:42dis-je enfin.
07:43« Souvenez-vous,
07:45le tribunal a décidé que j'étais en état de démence
07:48au moment où j'ai fait ça.
07:50Mais je vais tout à fait bien maintenant.
07:53Entièrement guéri, entièrement ! »
07:56« Eh ben ! » s'exclame Fred Dodon.
08:00« Eh ben, à la bonne heure, entièrement guéri, hein ! »
08:02« Entièrement guéri ! »
08:06« Mais Jen n'est pas tout à fait aussi convaincue. »
08:10« Enfin, il n'y a que deux ans, Sam. »
08:13« En es-tu sûr ? »
08:14« Enfin, je veux dire... »
08:16« Je manque de lui rire au nez. »
08:18« Hé hé hé hé ! »
08:20Elle a l'air cocasse, debout, là, sous ce saule,
08:23à se dire que ce type avec qui elle a flirté à West Park
08:27est peut-être encore un fou capable de tuer.
08:31Et comment diable se fait-il qu'on l'ait relâché
08:33deux ans seulement après le drame ?
08:37On le laisse donc circuler librement ?
08:40Voilà qui donne à réfléchir.
08:44Charlie et Laura s'éclipsent sous prétexte
08:46d'aller à la recherche des gosses
08:47et Dora remet de l'eau à chauffer pour son thé.
08:52Après l'excitation causée par mon arrivée,
08:55ils agissent à présent comme si je n'étais jamais parti.
08:59À moins qu'ils ne considèrent que je ne suis toujours pas revenu.
09:06Joe Falcone m'apporte une bière pour accompagner la saucisse chaude.
09:10« Ça fait plaisir de te revoir, vieux.
09:12Bien, allons nous promener un peu au bord de l'eau. »
09:17Alors nous quittons les autres et nous marchons le long du rivage,
09:21poussant du pied des cailloux que nous regardons sauter,
09:24puis tomber avec force éclaboussure dans la mare étincelante,
09:29déclenchant par endroits un remous boueux dans les eaux tranquilles.
09:33« Tes enfants grandissent ? » dit Dora Anjo.
09:38« Jane et toi, vous n'avez que ces deux-là ? »
09:42« Non, » répond-il un peu gêné.
09:45« Nous avons eu un autre garçon l'année dernière.
09:49Je pense que tu ne l'as pas su. »
09:51« Les communications n'étaient pas fameuses là-bas. »
09:55D'autant qu'aucun de mes amis n'est jamais venu me voir.
10:01Je donne un grand coup de pied dans un caillou.
10:04Je ne sais pas si ça peut se lire sur mon visage,
10:06mais je commence à me sentir très en colère.
10:10Bien sûr, ce n'est pas la faute du pauvre Joe,
10:12mais je me sens victime d'une injustice.
10:16J'ai presque envie de me venger.
10:20Et soudain, une idée surgit dans mon cerveau.
10:25Une idée que je m'efforce d'écarter.
10:29Une idée que je n'aime pas du tout.
10:32Une de ces idées qui font mal parfois.
10:36À soi, d'abord, mais surtout aux autres.
10:41Quelle est donc cette idée qui effrêtant Sam tout en le séduisant ?
10:49La réponse d'ici quelques instants.
10:59Sam Wigel vient de rejoindre trois couples d'amis et leurs enfants au bord d'un lac.
11:03Il ne les a pas vus depuis deux ans, car il vient de séjourner dans un asile
11:08à la suite d'un drame dont chacun se souvient.
11:13L'accueil est plutôt frais.
11:16Sam part se promener au bord de l'eau en compagnie de Joe,
11:20mais nourrit en son cœur, à l'évidence,
11:24un projet de vengeance encore informulé.
11:27« Sam ! » répète Joe d'un air inquiet.
11:40« J'ai l'impression qu'il me regarde un peu par en dessous,
11:43comme s'il se méfiait de moi. »
11:46« Oui ? Quoi ? »
11:49« Sam, je ne te blâme pas d'être un peu amer,
11:53mais il faut que tu te mettes à notre place. »
11:57« À votre place ? »
11:59« Mais oui ! Tu sais, ce n'était pas si facile. »
12:04« Bien sûr, bien sûr ! »
12:08lui dis-je en souriant.
12:11« Vous vous êtes imaginé que j'étais enfermé dans l'asile
12:14pour le restant de mes jours ?
12:16Alors pourquoi, diable, vous seriez-vous soucié de moi ?
12:19Pourquoi ? C'était comme si j'étais mort, moi aussi,
12:23en même temps qu'elle !
12:25mort pour vous, pour le monde entier ! »
12:30« Sam, tu ne te rends pas compte du mal que tu me fais
12:32en me parlant comme ça. »
12:33« Enfin, bon Dieu ! »
12:34« On ne permettait à personne d'aller te voir au début. »
12:37« Rappelle-toi, toutes les visites étaient interdites. »
12:39« Que voulais-tu que nous fassions ? »
12:41« Nous ignorions dans quel état tu étais. »
12:43« Nous ne savions absolument rien, si ce n'est par les journaux. »
12:46« Mais tu connais la façon dont les journaux rapportent ce genre d'affaires. »
12:49« Oh, pour ça, oui, Joe. »
12:52« Je n'ai lu que des horreurs et des mensonges. »
12:56« À franchement parler, je peux t'avouer que j'ai même été surpris
12:58qu'il n'y ait pas une bande de reporters pour m'attendre à la sortie l'autre jour. »
13:03« Écoute ça. »
13:03« Non, non, non, non. »
13:07Joe, à présent, paraît gêné.
13:10« J'attends la suite. »
13:14« Sam, je sais que la construction, ce n'est pas ton métier,
13:19mais si tu as besoin d'un travail pour t'en sortir pendant quelque temps,
13:22je pourrais probablement t'aider. »
13:27« Merci, Joe. »
13:29« Ma seule occupation pendant ces deux dernières années a été de faire des paniers. »
13:33« On a une curieuse idée de la thérapie mentale dans ces endroits-là. »
13:40« Cela dit, il se pourrait bien que je te prenne au mot. »
13:42« À vrai dire, pour l'instant, tout ça, ma liberté, c'est si nouveau. »
13:48« Je ne sais pas encore très bien ce que je vais faire. »
13:52« Quelque part derrière nous, nous entendons Jane l'appeler. »
13:56« Bon, il faut que j'y retourne, Sam. »
13:58« Les gamins lui donnent du fil à retordre. »
14:00« Ah, ils ne sont pas de tourpeau. »
14:02« Elle a fort à faire avec eux. »
14:05« J'accompagne Joe une partie du chemin,
14:09mais m'arrête un instant auprès d'un des enfants en train de jouer. »
14:14« C'est une petite fille. »
14:16« Certainement un des enfants de Charlie et de Laura. »
14:20Je lui demande « Comment vas-tu ? »
14:23« Très bien. »
14:26me répond-elle avec un peu d'hésitation devant cette question posée par un étranger.
14:32Je continue à parler pour essayer de lutter contre l'idée obsédante qui, de nouveau, envahit ma tête et mon cerveau.
14:40« Non, tu ne te souviens pas de moi. »
14:44« Tu venais tout juste de naître quand je suis parti. »
14:48Il attrape quelques feuilles de saule et lui chatouille le nez avec.
14:52« Comment tu t'appelles ? Hein ? »
14:57Avant que l'enfant ne puisse répondre, Laura Thames survient.
15:01« Sam, je t'en prie, laisse Cathy tranquille. »
15:04« Comment ? Qu'est-ce qu'il y a ? »
15:06« À vrai dire, je ne comprends pas très bien. »
15:09« Oh, je suis désolé, Sam, vraiment désolé, mais je ne veux pas que tu ailles près des enfants. »
15:16« Très bien. Entendu. »
15:21Je me redresse et retourne à l'endroit où les autres se tiennent d'un air trop détaché autour du fourneau à charbon de bois.
15:30Dora boit son thé, tandis que Fred joue avec un paquet de cartes froissées.
15:37« Sam ! » dit Charlie Thames.
15:39« Quels sont tes projets, mon garçon ? Tu comptes rester longtemps en ville ? »
15:45« Pourquoi pas ? »
15:47« J'y suis chez moi ? »
15:51« J'ai conscience que l'après-midi s'avance. »
15:54« Le soleil est plus bas dans le ciel et les oiseaux ne chantent plus avec la même ardeur. »
16:00« Bien sûr, bien sûr. Non, je pensais seulement que tu voudrais peut-être aller quelque part où les gens ne sont pas au courant de l'affaire, tu comprends ? »
16:10Charlie sourit. Il y met des gants.
16:14« Euh, merci du conseil, Charlie. »
16:18« Charlie ? »
16:20« C'est Laura qui l'appelle. »
16:23« Quel ordre, un reproche. »
16:26Charlie comprend immédiatement.
16:29« Elle va inspecter les braises qui s'éteignent. »
16:33« Alors je lance à la cantonade. »
16:37« Je crois que je ferais bien de m'en aller. »
16:40« Je sais qu'ils pensent tous que c'est le mieux. »
16:43« Je puisse proposer un fou meurtrier. »
16:46« Même un fou meurtrier guéri. »
16:49« Hé, hé, hé, hé, hé, hé, hé, hé, hé, hé, oui, bon Dieu. »
16:55« On dirait qu'il va pleuvoir, » dit Jane.
16:59« Nous ferions bien de commencer à remballer. »
17:03Je suis son regard.
17:06Un unique petit nuage noir s'éloigne rapidement dans le ciel.
17:09« Oh, bon Dieu, si j'avais le moral, je crois bien que ça me ferait rire. »
17:14Ils ont tous diablement peur du vieux Sam.
17:20Je m'en retourne dans la direction des voitures,
17:22sachant, sentant que si père Dieu me fusille dans le dos.
17:28Et je me retourne un instant pour crier « Adieu ! »
17:33Il me laisse partir, sans un geste, sans un signe.
17:40Je redescends la colline et, au moment où je m'apprête à ouvrir la portière de ma voiture,
17:49j'aperçois de nouveau l'enfant.
17:52Cathy Thames, dans son short rouge et sa blouse à rayures, non loin.
17:59Elle doit avoir près de trois ans.
18:03Je me souviens du jour où elle est née, en fait,
18:05au temps où tout marchait mieux.
18:07Je l'appelle doucement.
18:11« Cathy, Cathy !
18:14Viens ici, ma poupée. »
18:18Elle s'approche de moi, un peu hésitante.
18:21« Viens, Cathy !
18:23Allez, courons jouer au bord de l'eau, hein !
18:25Froufilons-nous tout doucement pour que maman et papa ne nous entendent pas ! »
18:32C'est ça, mon idée.
18:35Et cette fois, je ne la repousse pas.
18:38Avant de sortir définitivement de leur vie,
18:41je vais leur laisser quelque chose pour qu'ils se souviennent de moi.
18:46Spécialement Charlie et Laura.
18:48Je fais signe à Cathy de monter sur un rocher
18:52et je la regarde courir avec toute la vigueur et l'entrain de l'enfant qu'elle est.
18:57Le rocher fait légèrement saillir au-dessus du lac,
19:00qui est calme comme un miroir.
19:03Ma respiration s'accélère quand je la saisis et la soulève
19:06avant qu'elle puisse émettre autre chose qu'un hoquet de surprises.
19:10Alors je lui redonne
19:11« Crie maintenant ! Crie de toutes tes forces, car je vais te lâcher ! »
19:18Et je la laisse redescendre tout d'un coup de quelques centimètres vers l'eau.
19:22Elle crie !
19:23Et je me demande s'ils entendent ce piaillement d'oiseau.
19:26Vais-je vraiment lâcher son petit corps dans l'eau ?
19:30Elle n'est pas comme les autres.
19:31Ah non, pas du tout.
19:33Elle est trop faible.
19:35Allez, crie ! Crie !
19:37Plus fort ! Plus fort !
19:39« Sale ! Espèce de cinglée ! »
19:41C'est Joe Falconi en tête qui traverse au beau milieu de la mare peu profonde.
19:45Joe Falconi avec de l'eau jusqu'à la poitrine.
19:48Laura hurle de terreur.
19:50Charlie qui s'élance dans ma direction en hurlant une bordée de churon.
19:53Et Fred, et Dora, et Jen, la belle Jen, tous horrifiés.
19:58Qu'elle tombe ! Qu'elle tombe maintenant !
20:01Faisons-leur peur !
20:04Mais déjà, Joe est au-dessous de moi,
20:06fendant la surface miroitante du lac,
20:08tendant les bras pour l'attraper.
20:10Déjà, Charlie et Fred me saisissent à bras-le-corps,
20:12me tirant en arrière.
20:13« Que quelqu'un appelle la police ! »
20:15Maintenant, à terre ! Tenez-le bien !
20:16Il a perdu la tête, il est fou allié !
20:18Et Laura qui crie « Mon Dieu, il l'aurait tué ! Il voulait la tuer ! »
20:23Moi, je ne me défends pas.
20:26Je regarde les yeux effrayés de Charlie Thames,
20:31assis sur ma poitrine, me maintenant à terre.
20:33« Ok, Charlie, ok ! »
20:39Mais je t'ai fait peur quand même, hein ?
20:41Non ?
20:43Et au-dessus de moi,
20:46les arbres chuchotent dans le vent,
20:49les nuages.
20:50Que font les nuages ?
20:54Vous venez d'écouter « Au cœur du crime »,
21:02un podcast issu des archives d'Europe 1.
21:05Réalisation, Julien Tarot.
21:07Production, Estelle Laffont.
21:10Patrimoine sonore, Sylvaine Denis,
21:12Laetitia Casanova et Antoine Reclus.
21:14Au cœur du crime est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
21:21Écoutez aussi l'épisode suivant
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21:26Sous-titrage Société Radio-Canada
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