00:00La première rencontre entre le président syrien par intérim, Ahmed Al-Shahra et Vladimir Poutine.
00:11Bonjour Anissa El-Jabri.
00:14Bonjour.
00:15Correspondante permanente de RFI à Moscou.
00:18C'est aux deux régions actuels de la Syrie de dire exactement ce qu'ils veulent et comment ils veulent coopérer avec la Russie
00:25et singulièrement à la lumière de cette question.
00:28Alors sur ce cas, Bachar el-Assad, il a bien été dit la semaine dernière sous couvert de l'anonymat à l'agence France Presse
00:35avant l'arrivée de la délégation syrienne dans la capitale russe, que son extradition serait demandée.
00:42Et vous l'avez sans doute compris, cette demande, en tout cas, elle n'a jamais été faite publiquement.
00:48Comment expliquer ces contacts ?
00:50Alors ces liens Russie-Syrie, ils perdurent, ils sont facilités, je dirais même presque cimentés en fait par des habitudes qui sont très anciennes.
01:00Il y a eu des liens réels entre l'Union soviétique, puis la Russie et la Syrie.
01:06Ils viennent de dizaines d'années, notamment de fréquentations qui sont personnelles.
01:10Il y a une diaspora syrienne en Russie, il y a des mariages russos-syriens, il y a le symbole surtout de ces liens.
01:16C'est Maher Al-Shara, il est le frère du nouveau dirigeant syrien.
01:20Il est l'actuel secrétaire général de l'administration présidentielle syrienne.
01:24Mais aussi, il a fait ses études de médecine et exercé comme gynécologue pendant 25 ans à Voronezh.
01:31Voronezh est une ville de garnison à la frontière de l'Ukraine.
01:34Maher Al-Shara parle donc très bien russe, sa femme aussi est russe.
01:37Concrètement, Anissa El-Jabri, qu'est-ce que les deux pays peuvent échanger ?
01:41Sur quoi leurs relations peuvent-elles se construire ?
01:45A grand trait, ce qu'on peut dire, c'est que si chacune des deux parties,
01:48et s'incluièrement les chefs d'État, passent publiquement sous silence 13 ans de guerre civile syrienne,
01:54que si Amar Al-Shara ne dit rien quand Vladimir Poutine dépend le rôle de la Russie
01:58sous un jour plus que positif depuis des dizaines d'années en Syrie,
02:02et bien c'est que chacun s'en tient à un pragmatisme froid, à ses intérêts.
02:08Alors la Russie, son intérêt essentiel, on le connaît, ce sont ses deux bases militaires,
02:12une aérienne, une navale, on le sait, elles sont essentielles pour sa projection en Afrique.
02:17Alors là-dessus, on n'a eu non plus aucun mot public.
02:21On a eu cette phrase du dirigeant syrien, mais il n'a jamais dit à quoi il faisait référence,
02:26mais tout le monde a pensé à ses bases militaires.
02:27Il a dit, la Syrie respecte les accords du passé,
02:31et puis Moscou, on le sait, a besoin de garder d'une manière plus générale,
02:35une présence, une influence au Moyen-Orient,
02:37et puis la Russie a aussi des intérêts pragmatiques économiques, énergétiques en Syrie,
02:43notamment des hydrocarbures, les phosphates et puis les télécommunications.
02:46Oui, et la Russie le sait, si son rôle ne peut plus être aussi important que sous la période Bachar el-Assad,
02:52Al-Sara, lui, fait face à une transition pour le moins difficile.
02:55Voilà, entre l'impératif économique et la fragmentation du pays,
03:00le nouveau dirigeant syrien n'a pas franchement besoin que Moscou,
03:04qui est encore sur place, que Moscou ajoute de la déstabilisation.
03:09En plus, Moscou peut lui offrir un appui économique.
03:12D'ailleurs, c'est la seule communication publique qui a été faite à l'issue de la rencontre.
03:16On sait qu'au printemps dernier, la Russie avait déjà expédié du pétrole, du diesel et du blé en Syrie.
03:21Maintenant, il est question de formaliser tout ça et peut-être probablement d'élargir.
03:27En tout cas, on comprend qu'on parle de livraison d'aide humanitaire à Damas,
03:30de projets dans les domaines de l'énergie, des transports, du tourisme, de la santé, de la culture.
03:35Puis la Russie, elle siège au Conseil de sécurité.
03:38Alors, son appui à l'ONU, son appui ou sa neutralité, ça peut toujours être utile.
03:42Et puis enfin, et ça, c'est assez peu souligné, Al-Shara, il a besoin de reconstruire son armée.
03:49Et là, il y a la solution la plus simple, ça pourrait être Moscou.
03:52Parce qu'encore une fois, c'est l'histoire qui pèse.
03:54Celle d'un soutien de l'Union soviétique et de la Russie qui explique qu'aujourd'hui,
03:59l'infrastructure, l'équipement militaire de la Syrie,
04:03et bien tout ça, c'est en grande majorité made in Moscow.
04:06Et c'est évidemment bien plus facile de rénover et de prolonger.
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