00:30Après avoir rendu visite aux Hispanos, aux Elvettes, aux Belges ou encore aux Pictes, Astérix et Obélix vont désormais avoir affaire au Lusitanie un 41e album de leurs aventures paru ce jeudi en France et dans 25 autres pays.
00:44Bonjour à tous et bienvenue dans A l'Affiche. Nous recevons aujourd'hui le duo à l'origine d'Astérix en Lusitanie.
00:51Didier Conrad, bonjour.
00:53Pape Caro, bonjour.
00:54Bonjour.
00:55On est ravis de l'avoir enfin entre les mains. Voici donc ce nouvel album.
00:59Et on va commencer tout de suite par sa couverture. Didier Conrad, c'est vous qui l'avez dessiné.
01:04Qu'est-ce qu'elle nous annonce des aventures à vivre d'Astérix et Obélix ?
01:09Elle nous annonce qu'en fait, enfin, on arrive au Portugal. C'est la première fois qu'on va dans ce pays depuis tout début.
01:19Et en fait, c'est grâce à Pape Caro qu'on a pu y arriver parce que ça fait des années qu'on voulait le faire.
01:23Les rues pavées d'Azoulé-Jos, la morue qui sèche au balcon, un personnage au regard pas commode.
01:29On le voit ici, c'est Pirespès. Ça y est, on le tient, le traître, le méchant de notre histoire cette fois-ci.
01:35Oui, voilà, c'est lui le méchant, c'est Pirespès. Alors, c'est un méchant un petit peu particulier.
01:38Lui, c'est plus un traître qu'un méchant à vrai dire. C'est un lusitanien qui est à la solde de Rome.
01:43Donc, oui, c'est un personnage un petit peu fourbe, un petit peu traître, comme ça.
01:49Vous nous réservez également une surprise dans cet album. C'est que, Didier Conrad, vous avez grimé nos héros en portugais.
01:58Vous avez pris du plaisir à leur enlever leur moustache blonde et rousse et passer au brun bien portugais ?
02:04Oui, c'est la première fois, en fait, où on fait un déguisement complet.
02:07Ça leur est arrivé de faire des déguisements partiels. Mais là, cette fois-ci, on les a vraiment grimés en portugais.
02:14Et c'était, en fait, c'est les séquences que j'ai préféré à faire dans l'histoire. C'est le moment le plus drôle de l'album pour moi.
02:21Le choix de faire Astérix et Obélix en Lusitanie, vous l'avez dit, ça vient de vous, Fab Caro.
02:27Vous êtes attendu au tournant par les Portugais. Est-ce que vous pensez que la façon dont vous les dépeignez dans cet album, ça va leur plaire ?
02:34Oh là là, j'espère. Oui, oui. Alors, j'espère que l'album va plaire à tout le monde.
02:37Mais c'est vrai que particulièrement la lecture portugaise m'angoisse un petit peu.
02:41J'espère que je n'ai pas raté mon coup, que ça va leur plaire.
02:44Et en tout cas, c'est toujours très délicat de faire des albums de voyage parce qu'il faut jouer avec les caractéristiques,
02:49sans jouer avec les gros clichés, la grosse caricature.
02:51Donc, j'ai essayé de trouver le bon dosage.
02:53Et j'espère que ça va leur plaire.
02:55Les premiers retours sont plutôt rassurants, plutôt bons.
02:58L'ambassadeur du Portugal a adoré.
03:00Donc, je souffle un petit peu.
03:01Comment vous êtes imprégné de l'ambiance portugaise ?
03:04Vous vous installez à un moment sur place ?
03:07Déjà, j'y étais allé, moi, en touriste, j'y étais allé trois, quatre fois.
03:10Moi, j'adore le Portugal.
03:12Et donc, j'ai commencé à scénariser de manière assez théorique,
03:14avec de la documentation sur l'Algitanie.
03:16Et à mi-chemin du scénario, on est allé passer trois jours avec l'éditeur au Portugal
03:21pour s'imprégner un petit peu de l'âme portugaise, des gens, des ambiances.
03:26Ça m'a permis d'affiner un petit peu, d'ajouter quelques petits trucs.
03:29Mais oui, il fallait aller là-bas, malgré tout.
03:31Vous décrivez notamment la fameuse sodade portugaise.
03:34Comment vous la définiriez ?
03:36Ce qui est drôle, c'est que votre album précédent que vous avez réalisé ensemble,
03:39Iris Blanc, vous moquiez gentiment de la pensée positive.
03:44Là, vous êtes sur un tout autre registre, la sodade.
03:47Oui, c'est presque l'inverse.
03:48C'est rigolo, je n'avais pas fait attention.
03:51Il fallait trouver une caractéristique pour le peuple lusitanien
03:54qui soit toujours, pareil, bienveillante.
03:56Alors, la sodade, c'est quelque chose de très portugais.
03:58Comment la définir ?
04:00C'est une espèce de mélancolie fataliste, comme ça.
04:03Moi, je dis une tristesse gay.
04:07Voilà, donc ça m'a...
04:08En plus, c'était un challenge scénariste
04:10de transformer quelque chose d'un petit peu mélancolique
04:13en gimmick comique.
04:15Donc ça, ça m'a beaucoup amusé.
04:16Mais c'est ça, c'est une mélancolie un petit peu fataliste,
04:18comme ça, que je trouve assez jolie.
04:19Mais ça fonctionne bien.
04:20J'ai pu lire l'album avant de venir sur ce plateau.
04:24Ça fonctionne bien.
04:26On en rigole, en tout cas, de cette sodade.
04:27Comment on la dessine, la sodade, Didier Conrad ?
04:30C'est doux amers.
04:32Donc on fait des regards un peu de coquaires pour les personnages
04:35et puis un tout petit sourire pour contraster.
04:39Je voudrais vous faire écouter comment René Goscinny
04:41parle de l'humour dans la bande dessinée.
04:44C'est une interview qui date de 1974.
04:47La bande dessinée, ça signifie surtout un moyen d'expression
04:51qui me convient parfaitement,
04:53qui a ses possibilités et ses limites,
04:57mais qui, en ce qui me concerne, moi,
04:59qui me spécialise dans l'humour,
05:00qui a une chose extraordinaire.
05:02Vous pouvez faire un tout petit gag
05:04et le lecteur peut s'y attarder aussi longtemps qu'il le veut.
05:07C'est-à-dire que le rythme est imposé par le lecteur lui-même,
05:11ce qui est un énorme avantage par rapport à tous les arts du spectacle,
05:14que ce soit le cinéma, la télévision ou le théâtre,
05:17où c'est l'auteur qui impose un rythme
05:19et qui ne peut pas parfois utiliser un gag
05:21parce qu'il est trop léger, il est trop petit,
05:24il passe trop vite.
05:25Chez nous, c'est le lecteur qui décide ça.
05:28Voilà, c'est sa définition de l'humour dans la bande dessinée.
05:31Alors, à l'occasion de la sortie d'Iris Blanc il y a deux ans,
05:35Fab Carreau, vous aviez expliqué être resté assez sage
05:37en gardant l'esprit Gossigny et Uderzo.
05:40Est-ce que vous vous êtes permis plus de liberté,
05:42plus d'excentricité, un humour différent dans ce nouvel album ?
05:45Je suis resté toujours un petit peu sage
05:48parce que moi, mon but, c'est d'atteindre...
05:50Alors, d'atteindre.
05:51J'allais dire d'atteindre Gossigny, c'est impossible.
05:54Clairement, Gossigny, c'est inatteignable,
05:56mais on essaie de s'approcher un petit peu de cet univers.
05:59Donc, je suis resté toujours assez respectueux,
06:01mais j'ajoute toujours un petit peu ma patte,
06:03ne serait-ce que grimer les Gaulois en portugais,
06:07en Lusitania.
06:08Au moment où j'ai eu l'idée, je me suis dit
06:09est-ce que j'ai le droit de faire ça ?
06:10Je me suis posé la question, est-ce que j'ai le droit de faire ça ?
06:12Puis, en fait, je me suis auto-validé l'idée.
06:15Des trucs comme ça où on avance un petit peu.
06:17Mais j'essaie de rester assez respectueux
06:19de l'univers de Gossigny parce que c'est quand même ça,
06:22l'essence et l'ADN d'Astérix.
06:23Dans cet album, vous égratignez les industriels
06:26du CAC 40, le cercle des as du commerce,
06:29toujours prêts à arnaquer les consommateurs.
06:32C'est ça aussi, les albums Astérix,
06:34c'est toujours les raccrocher avec l'actualité du moment ?
06:38Oui, je crois que c'est pour ça que ça ne vieillit pas,
06:39c'est que ça dit toujours de notre société.
06:40Il y a l'histoire, il y a l'aventure,
06:43mais il y a toujours une thématique transversale comme ça,
06:45une thématique sociétale.
06:47Et là, l'histoire, qui est une histoire
06:48d'échanges commerciaux, appelait une thématique
06:51sur la mondialisation, la globalisation,
06:54les petits artisans locaux.
06:56Donc voilà, c'est une histoire,
06:57c'était un prétexte à parler un petit peu de tout ça.
06:59Après, ce n'est pas une BDA thèse,
07:00ce n'est pas militant, mais c'est une photographie
07:03de l'époque actuelle.
07:04Il y a toujours un petit regard sociétal dans les Astérix.
07:06Pour le raccrocher à l'actu,
07:07vous avez toujours un personnage
07:09que vous caricaturez,
07:11inspiré de la réalité actuelle.
07:15Cette fois-ci, c'est l'humoriste britannique
07:17Ricky Gervais,
07:19qui est un nouvel opus, un centurion romain.
07:21Pourquoi ce choix ?
07:22Est-ce que vous pensez que tout le monde
07:24a la référence ?
07:27C'est un caprice d'éditeur.
07:29En fait, le problème, c'est que l'éditeur
07:32est un fan de Ricky Gervais,
07:34et nous aussi.
07:35Donc quand il nous a dit
07:36« ça serait bien qu'il y ait Ricky Gervais »,
07:37on a dit « mais il n'y a aucune raison ».
07:38Il a dit « oui, en fait, s'il y en a une,
07:39c'est que j'aime beaucoup Ricky Gervais ».
07:41On lui a dit « bah... »
07:41Mais c'est une explication.
07:43Mais ça nous invite à le découvrir,
07:45du coup, pour ceux qui ne le connaissent pas encore.
07:47Oui, parce que je ne suis pas sûr
07:47qu'il soit très, très populaire.
07:48Enfin, ce n'est pas un numériste
07:50forcément très populaire en France.
07:51Il est très, très populaire aux Etats-Unis aussi,
07:54mais ici, je ne sais pas.
07:56Je ne sais pas.
07:57Vous avez encore travaillé à distance
07:59pour réaliser cet album.
08:00Vous vivez aux Etats-Unis, Didier Conrad.
08:03Est-ce que vous avez travaillé
08:04de la même façon que pour l'Iris Blanc,
08:06puisque c'est votre deuxième album ensemble,
08:08ou est-ce qu'il y a des choses qui ont changé ?
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