- il y a 7 semaines
La réalisatrice, Coralie Sberro, et la comédienne, Valentine Daruty, du court-métrage Les points aveugles, vous présente le projet et vous partage son expérience interviewé par Doha Rachid.
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Court métrageTranscription
00:00Salut Cinefac !
00:01Moi c'est Coralise Béraud, je suis réalisatrice du court-métrage Les Points aveugles.
00:04Et moi c'est Valentine Daruti et je suis la comédienne du film.
00:13C'est un film à huis clos qui se passe dans une pharmacie
00:20et qui raconte l'histoire de Constance qui est stagiaire
00:23et qui essaye tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau
00:28parce qu'elle est dans une charge de travail qui est démesurée
00:31par rapport aux moyens qu'elle a, avec une supérieure en plus
00:34qui est franchement pas très sympathique
00:36et qui essaye comme elle peut de donner aux patients le soin dont ils auraient besoin.
00:42Et c'est un film qui interroge un peu les capacités ou incapacités qu'on a à agir
00:47dans ce rythme un peu néolibéral, toujours plus productif,
00:51toujours plus rapide, avec toujours moins de moyens, etc.
00:53C'est un film qui essaye de détricoter les mécanismes
00:56qui nous plongent dans des situations desquelles on ne sait pas comment sortir
01:00et qui nous mettent dans l'impossibilité de répondre aux vrais besoins des gens.
01:06Avant de réaliser le film, c'était quoi ?
01:08T'as fait quoi comme étude ? T'as fait quoi comme background ?
01:10J'ai fait une licence en théâtre à la Sorbonne Nouvelle
01:13et c'est dans ce cadre-là que j'ai pu avoir ciné-fac et faire le film.
01:17Avant j'ai fait un petit diplôme en gestion de projet culturel,
01:20plutôt du côté organisationnel,
01:21parce que comme je suis première assistante réalisation aussi un petit peu,
01:25ça me permet d'avoir les moyens plus organisationnels, logistiques
01:29pour gérer un peu des tournages.
01:30Mais sinon, en termes artistiques liés au cinéma, je n'ai pas d'étude.
01:35Comment est née l'idée de ce film ?
01:37C'est le lieu de la pharmacie qui m'a intéressée.
01:39Je trouve que la pharmacie, c'est un lieu un peu unique.
01:41C'est un lieu qui est à la croisée un peu de problématiques
01:44que je trouve un peu inconciliables,
01:45à savoir d'une part des trucs qui sont liés à quelque chose de très commercial,
01:49des problématiques de stock, des problématiques de chiffre d'affaires, etc.
01:53Enfin, vraiment une gestion d'un commerce,
01:55et en même temps, avec des problématiques de santé,
01:58et donc des problématiques qui demandent de prendre du temps,
02:01de faire attention les uns des autres,
02:04de se regarder, de se parler, de s'écouter tranquillement.
02:06Et je trouvais que la pharmacie,
02:07pour moi, je trouvais que c'était le lieu unique
02:09où il y avait exactement ces deux problématiques qui se croisaient.
02:13Et je trouvais que c'était intéressant de mettre en tension
02:16ces deux socles-là de la société
02:17pour voir comment est-ce que les personnages après peuvent évoluer,
02:21et surtout comment on peut faire jaillir ou non de l'humanité
02:24à l'intérieur de ce cadre.
02:27Le personnage de Constance vit quand même une forme de solitude,
02:30mais dans un lieu quand même très exposé.
02:32Est-ce que c'était volontaire de votre part ou non ?
02:34Oui, carrément.
02:35En fait, l'idée, c'était carrément de montrer
02:37qu'elle, elle est à fond dans son truc,
02:39mais qu'autour d'elle, il y a une agitation vraiment foisonnante,
02:43et que c'est aussi cette angoisse-là du fait que les choses vont très vite,
02:47que sa supérieure est un peu insupportable,
02:49et que les clients s'enchaînent et s'enchaînent et s'enchaînent
02:51toujours plus, toujours plus,
02:52et qu'elle, elle a de son côté plein de tâches à accomplir.
02:55En même temps, elle doit répondre aux besoins des clients, etc.
02:57Et c'est pour ça que je trouvais ça cool qu'elle soit toujours isolée au cadre,
03:01parce qu'elle, elle gère ses problématiques,
03:03et elle doit être à la fois derrière, dans l'arrière-salle,
03:05avec les médocs, etc.,
03:06et à la fois présente au comptoir,
03:08tout en continuant à rester sympa
03:09et à prendre en charge les patients le mieux possible.
03:13Donc oui, c'était un peu l'idée de montrer une pharmacie
03:15où il y a du monde,
03:16et où tout le monde parle beaucoup trop,
03:18fait beaucoup trop de bruit,
03:19et elle, qui au final ne parle quasiment pas dans le film,
03:21est presque isolée,
03:23mais au milieu de plein de monde,
03:25ce qui, je trouve, accentue encore plus la solitude.
03:27Le film, je commets sur un paradoxe,
03:29parce que tout se passe sur le regard,
03:31alors que le titre évoque l'aveuglement.
03:33J'ai mis longtemps, longtemps, longtemps à trouver le titre,
03:35parce que je ne voulais pas dévoiler trop
03:38ni accentuer sur un point extrêmement précis de l'histoire.
03:41Les points aveugles, c'est une expression à la base
03:43qui veut dire, en gros,
03:45tout ce qui est un peu caché,
03:47un peu comme les angles morts, en fait,
03:48sauf que les angles morts,
03:49je trouvais que le fait qu'il y ait mort dans le titre,
03:51je trouve ça un peu abrupt.
03:53Les points aveugles, du coup, c'était intéressant,
03:54je trouvais, parce que c'est dans cette marche
03:56toujours plus productive, toujours plus rapide,
03:58toujours accentuée, etc.,
04:00il y a des choses qu'on ne prend pas le temps de regarder,
04:02et notamment, on ne prend pas le temps
04:04de prendre soin les uns des autres
04:06et d'adresser les vraies problématiques,
04:08les vrais sujets de santé,
04:10notamment dans un lieu comme une pharmacie.
04:12La thématique du regard, c'est un truc qui m'intéresse beaucoup
04:14parce que je trouve qu'il y a plein de dynamiques
04:15qui peuvent s'y jouer
04:16et je trouve qu'en dessous des mots, en creux
04:19et juste dans un regard,
04:20il peut se passer plein de trucs
04:22et on peut raconter plein de choses.
04:23Comment tu as choisi l'actrice qui a joué Constante ?
04:26En quoi elle a été convaincante ?
04:29En fait, on avait déjà travaillé ensemble
04:30et je trouve que Valentine est une excellente comédienne.
04:32Moi, je sais que j'aime beaucoup, beaucoup
04:33le travail collectif,
04:35j'aime beaucoup, je sais à peu près où je vais,
04:37mais après, j'adore travailler ensemble,
04:39qu'on propose des choses, qu'on cherche
04:40et qu'on aille le plus loin possible
04:42dans l'émotion et dans ce qui est faisable.
04:45Et je trouve que Valentine, elle a ce truc-là
04:46de...
04:47Elle prend hyper bien les directions, je trouve,
04:50et elle propose plein de choses, plein de choses,
04:51tout en étant hyper juste.
04:52Je voulais absolument éviter
04:54tout ce qui serait un peu trop dramatisant,
04:57un peu pathos, un peu drama et tout.
04:59Ça me faisait hyper peur
05:00et je pense que Valentine et moi,
05:01on était assez alignés là-dessus
05:02et je pense qu'elle pourra vous en parler bien mieux.
05:06Alors, est-ce que tu as beaucoup laissé
05:07de la place à l'improvisation pendant le tournage
05:09ou tout s'était clair depuis le début ?
05:11Un peu des deux.
05:13On a énormément travaillé en amont,
05:15justement pour que tout le monde sache
05:16où on va, en fait.
05:18Ça ne m'intéresse pas trop de dire à tout le monde,
05:20on fait ce qu'on veut
05:21et puis on voit comment ça se passe.
05:22Moi, j'ai vraiment du mal à travailler comme ça.
05:24Je trouve que c'est beaucoup plus clair
05:26si tout le monde sait à peu près où on va,
05:27en disant voilà, on veut ci, on veut ça,
05:29voilà les moyens qu'on a pour y arriver,
05:30le temps qu'on a.
05:32Comme ça, sur le tournage,
05:33si tout le monde sait ce qu'on doit faire,
05:35tout le monde sait où on veut aller,
05:36tout le monde a la même vision.
05:37Là, on peut chercher
05:38et on peut laisser de la place
05:40à l'improvisation typiquement.
05:41Là, comme on était beaucoup,
05:42en fait, tout du long,
05:43on était en cam' à l'épaule,
05:46c'est coupé au montage,
05:47mais il y a beaucoup de choses
05:48qu'on a tournées en plan séquence,
05:49notamment tous les plans sur Constance,
05:51sur Valentine.
05:51Et donc, il y avait Hugo,
05:54le chef-hub,
05:54qui était tout le temps
05:55la cam' à l'épaule
05:56en train de courir
05:56et on suivait Valentine
05:57en fonction des mouvements
05:58qu'elle faisait, etc.
05:59Donc oui, il y a quand même eu
06:00un petit peu d'improvisation
06:01à cet endroit-là,
06:02c'est-à-dire qu'on était clair
06:04avec Valentine sur le fait
06:05qu'elle pouvait proposer des choses
06:07et que Hugo pouvait la suivre
06:09et qu'il sentait que là-bas,
06:10il se passait un truc intéressant,
06:11il pouvait aller suivre là-bas
06:12ou rester là,
06:13même si ce n'était pas exactement
06:14ce qu'on s'était dit.
06:15Mais je pense que ça,
06:16ça peut marcher,
06:17pour moi en tout cas,
06:18je pense que ça,
06:19ça peut marcher que parce que
06:20on savait en fait,
06:22grâce à toute la prépa,
06:22on savait ce qu'on voulait raconter,
06:24on savait où on voulait aller
06:24et du coup, au final,
06:26il n'y a pas eu de changements radicaux
06:28sur le tournage par rapport à la prépa,
06:32mais je pense qu'il y a quand même
06:33des petites choses qui se sont passées
06:34qui n'étaient pas prévues.
06:36Donc voilà.
06:36OK.
06:37Et je voudrais savoir
06:38comment tu as travaillé
06:39la scène de la crise d'angoisse
06:41de Constance
06:42sans tomber dans l'excès ?
06:44Ah !
06:45Alors,
06:46on a travaillé pendant des heures
06:47dans mon salon,
06:48approximativement.
06:50Mais oui,
06:51en fait,
06:51à savoir que les prises
06:52sont beaucoup plus longues
06:53et qu'en fait,
06:54on a coupé beaucoup plus tôt
06:55au montage.
06:55En fait,
06:55Valentine a fait des performances
06:57de ouf
06:57qui durent beaucoup plus longtemps
06:58au tournage.
07:01Mais en fait,
07:01pour le rythme,
07:02on a coupé quand même
07:03beaucoup plus tôt au montage
07:04parce que tout va tellement vite
07:06tout le temps,
07:06tout le temps,
07:06tout le temps,
07:07que si on laissait la crise
07:08trop longtemps,
07:09je ne sais pas,
07:10ça retombait un peu
07:10en termes de rythme.
07:11Et du coup,
07:11pour le travailler,
07:12on a cherché énormément de trucs.
07:13Il faut savoir que Valentine
07:14est danseuse aussi
07:15et en plus,
07:15elle fait de la danse classique.
07:16Donc,
07:16Valentine,
07:16ça tient très droite et tout.
07:18Donc,
07:18on a beaucoup travaillé
07:19un truc beaucoup plus sauvage,
07:21beaucoup plus interne
07:21qui vient vraiment de l'intérieur.
07:24Moi,
07:24je voulais vraiment
07:24que la crise d'angoisse
07:25vienne d'un truc physique
07:27parce que je trouve
07:28qu'on a beaucoup l'imaginaire
07:29de l'anxiété
07:30comme un truc psychologique.
07:32Alors qu'en fait,
07:33moi,
07:33je trouve que c'est très physique.
07:34En fait,
07:34ça fait mal au ventre,
07:35ça fait mal l'estomac,
07:37ça coupe le souffle et tout.
07:38Donc,
07:38on a vraiment cherché
07:39un truc hyper viscéral
07:40qui venait vraiment du ventre
07:41et pas un truc genre
07:42je me sens pas bien machin.
07:44Donc,
07:44je sais pas,
07:45ça m'intéressait
07:45que ça vienne du corps en fait
07:46parce qu'elle est tellement pressée
07:48et elle peut tellement
07:49pas se permettre
07:50de s'arrêter
07:51et de faire une pause
07:52que c'est son corps
07:53qui lui dit
07:54non mais en fait,
07:54pas du tout,
07:55tu vas t'arrêter tout de suite
07:56parce que sinon,
07:56on va pas tenir longtemps quoi.
07:58Le film évoque discrètement
08:00mais puissamment
08:00la détresse psychologique
08:02et l'isolement.
08:02Quel message
08:03souhaites-tu te faire passer
08:04à travers cela ?
08:05Je crois pas
08:06que j'ai envie de faire passer
08:06un message au sens de
08:08voilà,
08:08je veux vous dire si ou ça
08:09mais plutôt soulever
08:11des questionnements en fait
08:12et peut-être sensibiliser
08:14des gens et un public.
08:16Je trouve que par des films
08:18et en racontant
08:19ces expériences-là
08:19au plus près des corps,
08:21au plus près des vécus et tout,
08:22ça peut permettre peut-être
08:23de faire sentir des choses
08:25plutôt que de les expliquer.
08:27Moi,
08:27en tout cas,
08:27en tant que spectatrice,
08:29il y a toute une partie
08:30du cinéma qui m'intéresse.
08:31C'est vraiment
08:31ces problématiques
08:33qui sont très psychologiques,
08:36physiques,
08:37de détresse,
08:38mais qui sont traitées
08:39sous un prisme hyper sensible
08:40et qui permettent du coup
08:41de parler aux chairs
08:42et aux nerfs
08:43et au corps des spectateurs
08:44et pas juste
08:45de leur dire intellectuellement
08:46alors voilà,
08:47il y a des gens
08:47qui vont mal
08:48et on n'a pas le temps
08:48de les aider.
08:49Et qu'après,
08:50ça déclenche une réflexion
08:51sur comment est-ce qu'on peut
08:52mieux ouvrir les yeux,
08:54mieux accompagner
08:54et peut-être être
08:56un peu moins con
08:58sur les questions
08:59de santé mentale.
09:00En gros,
09:00voilà.
09:01Est-ce que tu penses
09:03continuer à explorer
09:04ce type de récits silencieux
09:05dans tes prochains projets ?
09:07Oui,
09:08je pense.
09:08Alors,
09:08le film est très court,
09:09c'est vraiment un huis clos
09:10de cinq minutes
09:10donc ça ne dure pas très longtemps.
09:12Après,
09:12j'aimerais bien faire
09:13des films plus longs
09:14et qui aient quand même
09:15du dialogue.
09:16Mais en tout cas,
09:17je pense que la question
09:18du silence,
09:18elle est essentielle
09:19en tout cas dans ce qui m'intéresse
09:20parce que même s'il y a
09:22beaucoup de bruit autour,
09:23je crois vraiment profondément
09:25que tout ce qui est
09:26le plus important
09:27et tout ce qui nous définit
09:28et tout ce qui nous trahit
09:29vraiment,
09:29etc.
09:29et tout ce qui est le plus touchant
09:30n'est pas forcément
09:32ce qui est dit
09:33mais plutôt ce qui est tu.
09:34Même quand il y a
09:35beaucoup de bruit,
09:36même quand il y a
09:36beaucoup d'agitation,
09:37même quand tout le monde
09:37parle beaucoup,
09:38est-ce qu'on cherche à taire
09:39et ce qu'on ne peut pas dire ?
09:42On peut le comprendre
09:43et le sentir en fait
09:44dans les silences
09:44et dans les creux.
09:45Donc ça m'intéresse
09:46d'explorer ça en fait.
09:47Est-ce que ce projet
09:48a évolu ta manière
09:49d'aborder l'écriture
09:51et la réalisation ?
09:52En tout cas,
09:53oui,
09:53en tout cas,
09:54ça me donne envie
09:54de continuer dans ce sens-là
09:55d'écrire des trucs
09:56hyper nerveux.
09:59Je ne fais que quelques
10:00petits courts-métrages
10:01qui ont toujours été
10:02autoproduits.
10:03Là, j'ai un peu de sous
10:04grâce à Cinefac et tout
10:05mais voilà.
10:06Je pense que je suis encore
10:06en train aussi
10:07de chercher moi
10:09ce qui me plaît.
10:11Je pense qu'effectivement
10:12ce truc-là
10:13de collectif
10:14où chaque personne
10:15dans une ligne commune
10:16propose
10:17et on crée quelque chose
10:18ensemble
10:19qui parle un peu
10:19à tout le monde,
10:20je pense que ça va rester
10:21chèque.
10:22Je te remercie.
10:23Est-ce qu'il y a autre chose
10:24que tu veux ajouter ?
10:25J'ai passé toute la prépa
10:27de ce film
10:27avec un film
10:29qui s'appelle
10:29Rosetta des frères d'Ardenne
10:31et qui était la ref
10:32absolue esthétique
10:34de ce film
10:34parce que c'est un film
10:35très nerveux,
10:37très urgent,
10:38toujours qu'à mal épaule,
10:39qu'à mal au point,
10:39qui est collé au corps
10:40des personnages
10:41et personnages en question
10:42qui essayent de
10:43tant bien que mal
10:44de s'en sortir,
10:46toujours de la merde
10:46et de rester humain
10:47et vivant
10:48dans un quotidien compliqué.
10:51Et Rosetta,
10:51le rôle titre
10:52est donc tenu
10:52par Émilie De Ken
10:53qui, du coup,
10:54ne me connaissait pas
10:55mais que moi,
10:56je connais bien.
10:56Donc, gros big up
10:57à Émilie De Ken,
10:58on pense à toi.
10:59Voilà.
11:01Merci.
11:01Merci beaucoup.
11:03Bonjour.
11:04Bonjour.
11:05Alors, pour commencer,
11:06j'aimerais bien savoir
11:07c'était quoi ton parcours
11:08avant de rejoindre
11:10les points en veugule ?
11:11C'est marrant
11:11parce qu'en fait,
11:13Coralie,
11:13on se connaît
11:14parce qu'on était
11:14toutes les deux
11:15à Dauphine.
11:16Donc, moi aussi,
11:16j'ai un parcours
11:17pas tout à fait artistique
11:18à l'origine.
11:20J'ai fait une licence
11:21et un master là-bas
11:23et après,
11:26j'ai fait trois années
11:27de cours de théâtre
11:27au cours Cochet de la Veine
11:29et voilà.
11:31Après, j'ai commencé
11:31le théâtre
11:32quand j'avais 10 ans.
11:33Est-ce que tu as dû
11:34te mettre
11:34dans un certain
11:35état d'esprit
11:36pour jouer le rôle
11:36de Constance
11:37ou c'était naturel ?
11:38Je ne sais pas
11:39si j'utiliserais
11:40cette tournure-là.
11:41Je pense que
11:42ce que disait Coralie
11:43sur le travail
11:43qu'on a beaucoup fait
11:44en amont
11:45m'a permis
11:45de comprendre
11:46ce qu'elle voulait
11:48avoir à l'écran,
11:49les repères
11:49que je pouvais avoir
11:50en tant que comédienne
11:51et ce que je pouvais
11:52activer dans mon corps.
11:54Mais ce n'est pas forcément
11:55quelque chose
11:55de très psychologique.
11:57Après, ma tête,
11:57c'est la même
11:58que dans la vraie vie.
12:01Donc, ce n'est pas différent
12:02de moi dans ce sens-là.
12:04Je pense que j'utilise
12:05qui je suis
12:05avec les points de repère
12:08donnés par Coralie
12:09pour créer quelque chose
12:11qui après fera ressortir
12:14ce qu'elle veut
12:15à l'écran.
12:16Par rapport à la scène
12:17de la crise d'angoisse,
12:17est-ce que c'était simple
12:19à jouer ?
12:21Alors, en l'occurrence,
12:23j'étais un peu fatiguée
12:24parce que j'avais fait
12:26pas mal de voitures
12:27dans la journée,
12:28si tu veux tout savoir.
12:29Et donc, j'avais très mal
12:30à la tête.
12:31Et en fait,
12:33ça avait été un peu compliqué
12:34le travail avant
12:34parce qu'il fallait
12:35faire plusieurs prises
12:36sans les dialogues
12:38de la pharmacie.
12:39Et donc, moi,
12:40je devais tout me refaire
12:41tout le trajet,
12:42la chorégraphie
12:43de ce qui se passait
12:44sans savoir ce qui se passait
12:47autour de moi,
12:47juste avec ma mémoire
12:48d'éléphant, évidemment.
12:49Et donc,
12:52c'était vraiment
12:54intense comme travail.
12:56Et après,
12:57c'était à la toute fin,
12:58donc vers minuit
12:59le samedi soir,
13:01qu'on a fait
13:02la crise d'angoisse.
13:05Et donc,
13:05ça m'a probablement nourri
13:07d'avoir très mal à la tête.
13:08Mais
13:08c'était pas plus difficile
13:11que ça
13:11parce qu'à partir du moment
13:12où il y a le action,
13:14en plus,
13:14dans des circonstances
13:15comme ça,
13:16on veut que ce soit efficace,
13:17on veut pas se perdre
13:19dans des trucs
13:19qui marchent pas.
13:20Donc,
13:20on est ultra concentré.
13:22Donc,
13:22il y a quelque chose
13:23où le cerveau
13:24se met dans un mood
13:25à partir du moment
13:27où ça part.
13:29Donc,
13:29c'est pas difficile
13:31dans ce sens-là,
13:31mais c'est vrai que physiquement,
13:33c'était assez prenant.
13:34Et depuis que t'as joué
13:36de ce rôle-là,
13:37qu'est-ce que t'en poses
13:37de Constance ?
13:38Bah,
13:39la pauvre,
13:39déjà.
13:40C'est chaud,
13:40son métier.
13:41J'ai découvert un peu
13:42ce sujet de la pharmacie.
13:44Coralie m'a partagé
13:46des documentaires,
13:48des petits extraits
13:49de reportages
13:50sur des pharmaciennes
13:51qui sont pas...
13:54qui sont débordées,
13:55qui sont pas vues
13:57à leur juste valeur.
13:58Ça m'a apporté
13:59en tant que comédienne
14:00vraiment quelque chose
14:01du travail sur le corps
14:03et sur les expressions faciales
14:05parce que Coralie aime bien
14:07me diriger très précisément
14:08et surtout,
14:10j'ai tendance,
14:11dans la vie,
14:12et parce que je fais pas mal
14:13de théâtre aussi,
14:13à être très expressive
14:14et donc,
14:16parfois,
14:16ça fout un peu le bordel
14:17quand on est sur
14:17des gros plans.
14:20Un micro-mouvement
14:20va impliquer tellement
14:22de choses
14:23pour un spectateur
14:24et donc,
14:25moi,
14:25de maîtriser aussi
14:26ce que mon corps veut dire
14:28et donc,
14:29je pense que ça m'a pas mal
14:29appris ça,
14:30ce travail-là,
14:31sur Constance,
14:32avec Coralie.
14:33Est-ce que ce projet,
14:34ITAF,
14:35évolue dans ta manière
14:36de jouer ?
14:38Est-ce que ça te donne
14:39envie encore plus
14:40de faire d'autres rôles
14:41et jouer encore plus ?
14:42Ben oui,
14:43je pense que ce serait
14:44dommage que ça me donne
14:45pas trop envie.
14:47Pour l'instant,
14:48j'ai fait,
14:49je pense,
14:49une petite dizaine
14:50de courts-métrages
14:50donc,
14:51je commence à avoir fait
14:52pas mal de rôles différents
14:53et je crois que c'est ça
14:54qui me motive,
14:57c'est vraiment
14:57jouer plein de choses
14:59différentes
14:59parce qu'en plus,
15:01j'aime beaucoup
15:01passer du tout au tout,
15:03de la comédie
15:04au drame
15:05et comme je fais aussi
15:08beaucoup de théâtre,
15:09tout me nourrit
15:09et donc plus en fait,
15:12plus ça me plaît.
15:13Ok.
15:14Je te repose la même question.
15:16Comment tu peux décrire
15:17Les points aveugles
15:19ont une phrase ?
15:20C'est un court-métrage
15:21de cinq minutes
15:22qui parle
15:23de la difficulté
15:25de réagir
15:27dans des environnements
15:28toujours plus
15:30bruyants
15:31et où
15:33le capitalisme
15:34règne sur l'efficacité
15:35des échanges
15:38et où Constance,
15:40le personnage principal
15:41que j'interprète,
15:41est perdu
15:47et apprend
15:50à
15:51comprendre
15:53comment va
15:53fonctionner son métier
15:54et apprend
15:55à gérer
15:56ses émotions
15:58en
15:59se cassant la gueule.
16:01Ok.
16:02Est-ce que tu as autre chose
16:02que tu veux rajouter ?
16:03Ce que j'avais déjà dit
16:04pendant la diffusion
16:05du court-métrage
16:06à l'université,
16:08je ne sais plus
16:09ce que c'était,
16:11je ne sais plus,
16:11c'est Panthéon ?
16:12Sorbonne.
16:14Sorbonne Nouvelle.
16:15Sorbonne Nouvelle,
16:16t'as entendu ?
16:17Et
16:17j'avais dit
16:19que c'était un travail
16:19très intéressant
16:20le travail avec Coralie
16:21parce qu'elle est aussi
16:23professeure de théâtre,
16:25elle a vraiment
16:25une approche
16:26du jeu
16:28et donc un rapport
16:30avec ses comédiens
16:31très intéressant
16:32pour des comédiens
16:34et c'est
16:36assez agréable
16:37parce qu'elle prend
16:38le temps
16:38dans un moment
16:40de rush total
16:41où tout le monde
16:41a faim
16:42ou a envie
16:42de se coucher
16:43ou n'est pas bien.
16:44Elle y attendait
16:44juste les gars,
16:45là on va parler
16:45avec les comédiennes,
16:47chute !
16:48Elle ne dit pas ça
16:48comme ça.
16:49Mais elle prend le temps
16:50de nous isoler,
16:52de vraiment faire en sorte
16:53qu'on sache exactement
16:55ce qu'on doit faire,
16:56qu'on ne soit pas
16:57soumis au stress ambiant
17:00et c'est des directions
17:02très précises
17:03et donc c'est aussi
17:04très agréable
17:04de savoir où on va
17:06et oui,
17:06le travail en amont
17:07permet vraiment
17:08d'arriver sur le plateau
17:11et de se dire
17:11qu'on fait un truc ensemble
17:13et qu'on sait
17:14quel est l'objectif
17:15et donc c'est assez agréable
17:17en tant que comédien
17:17et surtout que
17:18comme je fais beaucoup
17:18de théâtre,
17:20j'aime bien ce format-là
17:22de préparation
17:22et de prise au sérieux
17:23du métier de comédien.
17:25Ok, bon ben merci beaucoup.
17:27Eh ben je t'en prie.
17:27Merci.
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