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La secrétaire générale du syndicat Unité magistrats Béatrice Brugère était l’invitée de La Grande Interview ce mardi 21 octobre sur CNEWS. Elle s’est exprimée au sujet de la condamnation de Nicolas Sarkozy : «L'intérêt général doit guider la dépolitisation des sujets de justice»

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Transcription
00:00Je rappelle simplement que ça a existé en France.
00:03On a élu les magistrats.
00:05Et on a élu les magistrats pendant une courte période
00:08qui était la période révolutionnaire entre 1790 et 1799.
00:12Pourquoi ?
00:14Pour les mêmes raisons qu'on entend aujourd'hui.
00:16Moi, j'invite vos auditeurs qui s'intéressent à cette période
00:21de relire ce qu'écrivait ou de lire ce qu'écrivait Mirabeau.
00:24Mirabeau, qui a été le grand orateur de la révolution française,
00:30y compris au jeu de pommes,
00:32qui a été d'ailleurs le premier panthéonisé
00:34et le premier sorti du panthéon aussi,
00:36il a fait ce coup double de rentrer le premier et de sortir le premier,
00:40disait, attention, avec une charge contre les magistrats
00:43qu'on appelait les parlements à l'époque,
00:45deux choses.
00:46Premièrement, vous vous mêlez de la politique
00:48et c'est insupportable pour la politique.
00:52Deuxièmement...
00:53Qu'est-ce que ça résonne aujourd'hui, pour certains ?
00:54C'est pour ça que je dis, l'histoire se répète.
00:56Deuxièmement, deuxième charge,
00:58vous n'écoutez pas, en fait, ce que le peuple veut.
01:02Du coup, quand la révolution est arrivée,
01:05il faut quand même se rappeler que les parlements,
01:09c'est-à-dire la magistrature,
01:10s'est retrouvée dans une situation un peu violente,
01:13puisqu'on a dit aux magistrats,
01:16premièrement, vous allez être élus,
01:18deuxièmement, vous n'allez être que la bouche de la loi,
01:20on ne vous donnera plus la possibilité de faire l'interprétation,
01:23troisièmement, la justice sera gratuite
01:25et vos charges ne seront plus héréditaires,
01:28mais justement,
01:29vous ne pourrez plus vous transmettre comme ça,
01:32comme une haute hiérarchie des privilèges,
01:35et le retour du bâton a été violent.
01:37Moi, je dis ça pourquoi ?
01:38Parce que l'histoire se répète toujours
01:40sur les mêmes fondements.
01:42Il faut donc être très vigilant,
01:44je ne dis pas que c'est toujours exactement la même chose,
01:46sur les critiques qui sont faites à la justice.
01:49Vous avez entendu ces critiques ?
01:50Elles sont parfois injustes,
01:51elles sont parfois justifiées.
01:52Le gouvernement des juges,
01:53les juges rouges,
01:54la justice politique.
01:56Attendez, est-ce que vous dites non,
01:58ou vous dites si,
01:58il y a une partie de la justice,
02:00et cette justice-là fait beaucoup de mal
02:01à l'autre partie de la justice,
02:03qui est en grande partie,
02:05alors on ne va pas dire neutre,
02:06tout le monde a ses convictions,
02:07et c'est tout à fait normal,
02:08mais qui essaye de faire et d'appliquer le droit
02:10comme il se doit.
02:11Vous connaissez mon franc-parler,
02:13et aussi ma capacité à faire de la nuance.
02:16D'abord, on ne peut pas dire
02:17que c'est un gouvernement des juges
02:19sur les instances qui sont les nôtres,
02:20on ne dirige pas l'action du gouvernement,
02:23mais aujourd'hui,
02:24les juridictions européennes
02:25et les cours suprêmes
02:27ont en effet un pouvoir
02:28qui peuvent mettre en difficulté
02:30le pouvoir politique.
02:32Donc un pouvoir plus important
02:33que celui du pouvoir politique
02:35et des autres pouvoirs.
02:36Ça a existé pendant la lutte
02:36entre les parlements et la monarchie,
02:38c'était exactement la même chose,
02:40et ça se réglait par un lit de justice,
02:42c'est-à-dire de façon assez violente,
02:44et ça s'est terminé
02:44avec la Révolution française.
02:45Évidemment, ce qu'on vient d'exprimer.
02:47Pour ne pas revivre l'histoire.
02:48Est-ce que, si je vous pose différemment
02:50la question, Béatrice Brugère,
02:52beaucoup de responsables politiques,
02:54d'élus, estiment qu'il ne vaut mieux pas
02:56être un homme ou une femme de droite
02:58pris dans la mâchoire de la justice.
03:00Ils ont tort ?
03:01Alors, je ne sais pas s'ils ont tort.
03:04Ce qui est sûr, c'est que les affaires,
03:06on peut avoir deux visions des choses.
03:07Dire que les affaires tombent plus souvent
03:09sur la droite, ça veut dire que la droite
03:10est plus, j'allais dire, propice
03:13à faire des délits ou des crimes
03:15sur la corruption.
03:17Ou alors, on peut avoir, en effet,
03:18cette version, ça tombe plus souvent
03:20peut-être sur les hommes de droite
03:21parce que c'est eux qui sont davantage
03:23dans le viseur.
03:24Je ne suis pas en capacité de vous le dire.
03:26Ce qui est sûr, c'est que,
03:27en tout cas, si c'est le cas,
03:28alors ce n'est pas bien.
03:30Il faudrait faire une étude approfondie
03:31de tous les dossiers.
03:33Je n'en suis pas ni capable.
03:34Et elle est regardée dans les syndicats
03:36et le syndicat de la magistrature
03:38en particulier.
03:39Mais en tout cas, ce qui est sûr,
03:40c'est que le procès de la politisation,
03:43on ne peut pas le balayer d'un revers
03:45de manche.
03:46Moi-même, en tant que syndicat de magistrats,
03:51j'essaye et je lutte pour dépolitiser
03:54les sujets de justice.
03:56Je m'affronte également...
03:57Comment on fait pour dépolitiser
03:59des sujets de justice
03:59quand ils sont incarnés physiquement,
04:01charnalement, par des hommes et des femmes ?
04:03C'est-à-dire que ces hommes et ces femmes
04:04qui ont ces convictions contraires,
04:06parfois, et qui les utilisent
04:08face à un responsable politique,
04:09est-ce qu'ils ont encore leur place
04:10dans ce système judiciaire ?
04:11Je crois que ce qui doit guider
04:12la dépolitisation des sujets de justice,
04:14c'est l'intérêt général.
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