- il y a 2 mois
Benjamin Biolay traverse les époques et les styles avec élégance, un mélange de spleen et d’ironie, d’ombre et de lumière. Apres des disques comme Grand Prix, Palermo Hollywood, Saint-Clair ou l'inévitable La Superbe, il revient avec un nouvel album au titre simple mais énigmatique : “ Le disque bleu”.
Retrouvez "À la régulière" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/a-la-reguliere
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00:00Musique
00:00Bienvenue dans A La Régulière, l'émission de toutes les cultures.
00:14Aujourd'hui, on reçoit un artiste qu'on ne présente plus mais qu'on redécouvre à chaque disque.
00:18Auteur, compositeur, interprète, producteur, acteur, Benjamin Biolet traverse les époques avec les styles
00:24et avec élégance, un mélange de spin et d'ironie, d'ombre et de lumière.
00:28Après des disques comme Grand Prix, Palermo, Hollywood, Sinclair ou l'inévitable La Superbe,
00:32il revient avec un nouvel album au titre simple mais énigmatique, le disque Bleu.
00:36Un projet où il explore à nouveau les contours de la chanson française, de la bossa nova,
00:40entre orchestration somptueuse, mélancolie assumée et éclat de modernité.
00:44On parlera aujourd'hui de musique bien sûr, mais aussi de cinéma, de souvenirs, de son rapport à Paris
00:49et de cette pluie qui n'en finit plus de tomber dans cette ville.
00:52Bref, tout ce qui fait la matière vivante de son oeuvre, nous sommes avec Benjamin Biolet pendant une heure à la régulière.
00:57France Inter
00:58À la régulière
01:03Medimizing
01:07Bonsoir Benjamin Biolet.
01:08Bonsoir.
01:09Comment ça va ?
01:09Ça va très bien.
01:10Bon, je suis content que tu sois là pour ce nouvel album qui est un double album.
01:14Je tiens à le dire parce que le concept du double album, c'est presque un concept presque désuée aujourd'hui à l'ère du streaming
01:20où finalement on peut avoir des albums de 44 titres regroupés sur un seul CD, on aurait dit à l'époque.
01:25Toi, tu es attaché à cette idée de double album depuis la superbe, on a fait plusieurs, c'est encore le cas aujourd'hui.
01:30Qu'est-ce qui te plaît dans ce format du double album ?
01:33Parce que c'est la dernière émanation, le dernier appel de ce qu'étaient les vinyles en fait.
01:43Quand on en écoute aujourd'hui, on se rend bien compte qu'après une face, il faut se lever, changer de face et que souvent, de la face A à la face B, il y a un énorme contraste.
01:50On pouvait se le permettre, c'était vraiment deux salles, deux ambiances, vraiment de changer de face, c'est comme le célébrissime à Béraud, la face B, il y a un medley de ouf.
02:00Et j'avais envie de faire deux faces vraiment très distinctes.
02:03Mais c'est vrai que ça aurait presque pu tenir sur un CD ou ça aurait pu tenir, mais je ne voulais pas remplir un disque jusqu'à la gorge.
02:12Il faut qu'on puisse, on doit pouvoir en écouter seulement l'une ou l'autre aussi.
02:16Oui, pour toi ça veut dire quelque chose, ce n'est pas une question de remplissage, c'est vraiment deux parties différentes.
02:20Donc il y a la partie résident et la partie visiteur.
02:23Qu'est-ce que tu as voulu dire dans ces deux parties ? Qu'est-ce que ça signifie ?
02:27La partie résident, c'est déjà l'album, il est plus écrit et enregistré en France et en Europe, enfin en Belgique et en France.
02:33Et je trouve qu'il est assez raccord avec le reste de ma discographie, il ressemble à certains trucs que j'ai déjà fait.
02:41Le second, c'est un album plus étrange, mais je n'ai jamais fait de chanson où ma voix est aussi peu orchestrée derrière.
02:47Et même il y a un hommage à la chanson française et à la musique latino-américaine que je n'avais jamais fait.
02:53Et je n'aurais pas pu faire un album seulement comme ça.
02:56Je le sais, je me serais senti mal.
02:59C'est-à-dire que tu étais plus à l'aise avec l'idée de le coupler avec quelque chose aussi ?
03:02Oui, mais j'ai toujours aimé l'idée des contrastes.
03:04De pouvoir avoir un peu la chanson miroir qui répond à l'autre et qui permet de faire des montages comme dans un film.
03:11Il y a des grands albums qui sont des albums où l'ordre est hyper important.
03:15Complètement, complètement.
03:17C'est intéressant que tu parles de ça parce qu'hier, on nous a vu Oxmo dans l'émission que tu connais, je sais,
03:22qui nous disait que lui, il sortait son dernier album, comme toi aujourd'hui.
03:27Ah, mais pas son dernier dernier.
03:28Si, justement.
03:29Je t'assure que c'est...
03:30C'est une très mauvaise nouvelle.
03:32Je t'assure, mais ça ne veut pas dire qu'il arrête la musique.
03:33C'est là où lui, il pense, il est même convaincu que le format album va mourir.
03:39Et que c'est pour ça qu'il le fera autre chose.
03:40Et c'est vrai que finalement, le format album est aussi associé peut-être à une époque de l'industrie de la musique.
03:45À la base, c'est quand même un format qui est poussé par l'industrie.
03:47C'est des CD qu'on vendait, etc.
03:48Qu'est-ce que tu penses de ça ?
03:49Toi, qui pour le coup, a toujours fait des albums qui, là encore, c'est le cas,
03:52qui les construits comme tels, avec presque une histoire.
03:55Qu'est-ce que ça te...
03:56Comment tu te positionnes par rapport à ça, peut-être à ce changement de l'industrie ?
03:59Il se trouve que c'est quelqu'un pour qui j'ai une grande admiration et amitié qui a dit ça.
04:04Donc, ça me fait réfléchir, en fait, tellement.
04:06Mais moi, je considère qu'il faut avoir le cheminement d'un album pour, en fait, se trouver soi-même aussi, pour être inspiré aussi.
04:16Si on part sur une aventure de quelques titres à chaque fois, bon, OK, on peut tout mettre dans un titre.
04:21Mais parfois, en faisant des erreurs ou même en remontant le courant, en se disant,
04:25« Putain, mais en fait, ça, c'est vraiment bien. »
04:26En fin d'album, de se dire, « Peut-être que la chanson que j'avais fait au début, je devrais l'orchestrer comme ça. »
04:31Ça permet quand même de trouver des ressources dans le parcours qui est dans l'enregistrement d'un album.
04:38Mais si Oxmo a raison, moi, je ferais comme ça, je ferais plus d'album, mais bon, je ne sais pas.
04:42Tu as parlé justement de côté aussi, le côté sud-américain.
04:46En tout cas, on sait que tu as un lien, évidemment, avec l'Argentine.
04:48Et tu cites aussi le Brésil sur ton album.
04:50Il y avait évidemment l'album que tu avais composé pour Henri Salvador, un album de Bossa Nova.
04:55Et c'est vrai que j'ai le sentiment que c'est peut-être la première fois que c'est aussi présent dans ta musique, en tout cas.
05:00Qu'est-ce qui a changé ?
05:01Est-ce que justement, tu as été au Brésil, j'imagine ?
05:03Oui, justement, j'ai été visiteur et du Brésil et de l'Argentine, mais aussi de ma propre musique.
05:07Parce qu'en général, ce genre de chansons, je les donnais, ou on me les demandait, à des gens qui les interprétaient.
05:14Mais moi, je ne les chantais pas.
05:15Il y a même eu un album de ma petite sœur, Coralie Clément, qui était intégralement brésilien, si j'ose dire.
05:20Mais oui, je ne me sentais pas...
05:22Peut-être qu'il faut avoir...
05:24Vous savez, la voix, elle est tellement devant dans ce genre de disque, que peut-être que j'étais trop pudique vocalement aussi pour y aller un truc hostile.
05:31Quelque part, en mettant beaucoup d'orchestration, on se sent un peu dans un costume assez...
05:38Oui, oui. Cette histoire, justement, de la voix, parce que c'est vrai que depuis le début de la carrière, on cite beaucoup de qualités chez toi, l'écriture, le musicien.
05:46Et parfois, on a pu entendre le fait que, justement, tu n'étais pas forcément un chanteur avec une voix.
05:51Tu as prouvé avec le temps, effectivement, que c'était le cas.
05:54Mais est-ce qu'il t'a fallu du temps pour être à l'aise avec, justement, la voix et le côté « oui, je suis un chanteur et j'ai de la voix ».
05:59Est-ce que toi aussi, peut-être que tu entends des critiques, il t'a fallu un peu de temps pour l'assumer complètement, cette voix ?
06:05Oui, c'est compliqué. Moi, j'écrivais des chansons, donc il fallait les chanter.
06:07Mais je me disais, je ne suis pas un chanteur, je suis juste un mec qui écrit des chansons et je vous les montre dans leur forme la plus simple.
06:16Et puis, à un moment, j'ai essayé de faire un peu le chanteur et je me suis rendu compte que j'y arrivais, en fait.
06:19Donc, ce n'était pas la peine d'avoir un tel complexe par rapport à ça.
06:23Mais aussi, moi, dans ma jeunesse, j'étais entouré de vocalistes exceptionnels, des gens extrêmement doués et qui ont des voix singulières.
06:29Et donc, puis même les gens... Je ne connais pas beaucoup de personnes qui aiment leur propre voix.
06:34C'est quand même... C'est toujours une épreuve de surmonter ça.
06:40Mais maintenant, elle ne me dérange plus, en fait.
06:43Sur l'album, il y a plusieurs morceaux.
06:44Là, il y en a 14. Je ne dis pas de bêtises.
06:46C'est deux fois douze titres.
06:47Et notamment un morceau qui s'appelle « Juste avant de tomber ».
06:49J'écris ça juste avant de tomber
06:52J'ai même pas vu ma vie défiler
06:57Mais vu la fée sur mon berceau
07:04Qui de près s'est penché
07:07J'écris ça juste avant de tomber
07:09Alors, tomber, parce que c'est toujours intéressant avec les albums de Benjamin Belé,
07:13c'est que c'est très bien écrit.
07:14Parfois, c'est aussi assez abstrait.
07:16Moi, quand j'écoute un de tes albums, je me pose des questions.
07:18Parfois, je me demande qu'est-ce que tu veux dire ?
07:20Donc, là, quand tu parles de tomber, quand tu parles de chute, de quoi tu parles ?
07:23Là, en fait, je parle de l'enfer que je ressens avant de monter sur scène, par exemple.
07:26Je parle pas vraiment de la mort.
07:28Je parle d'une version de l'art, mais d'un format de la mort.
07:31On l'appelle « petite mort », on l'appelle « coma », on l'appelle « passage à vide », on dit ce qu'on veut.
07:36Mais c'est vrai que cette peur panique qui me prend chaque fois que je vais monter sur scène...
07:41C'est encore le cas aujourd'hui ? Systématiquement ?
07:43Non, pas systématiquement.
07:45Mais c'est ça le pire, c'est que je sais jamais quand ça va me tomber sur le coin de la gueule.
07:47Il y a des moments où je pense que tout va bien.
07:50Et d'un coup, je suis attaqué par une peur abyssale.
07:53C'est bouleversant et je voudrais me tirer, mais en même temps, si je me tire, je m'en voudrais trop.
07:59Donc c'est ce genre de moment un peu borderline que je décris dans cette chanson.
08:04Est-ce que ça veut dire aussi que tu tiens encore à ça ?
08:06En tout cas, que tu es encore concerné par ça ?
08:08Peut-être que le jour où tu n'as plus le track, peut-être que tu t'en moques un peu ?
08:11J'ai l'impression.
08:12Je connais des gens qui n'ont pas le track, qui sont complètement concentrés dès qu'ils rentrent.
08:16Mais d'autres qui prennent ça un petit peu par-dessus la jambe.
08:18Donc les deux cas sont possibles.
08:20C'est intéressant parce que je pense qu'il y a énormément de personnes qui peuvent t'imaginer
08:23comme quelqu'un justement de très nonchalant, voire même de très détendu par rapport à ça,
08:28ce qui n'est pas le cas en réalité.
08:29Non, non, ce n'est pas le cas du tout.
08:31Mais c'est vrai que c'est la façon que j'ai trouvé de lutter contre tout ça.
08:37C'est une forme d'armure en fait, de se dire je vous la coule et puis je fais croire qu'il ne peut rien t'arriver.
08:42Même monter une marche, j'ai peur de tomber quand je suis sur scène, avant quand j'imagine.
08:47Ça veut dire que tu n'es pas vraiment cool selon toi ? Parce que moi j'imagine que Benjamin
08:50est comme un mec cool.
08:51Non, je suis cool en studio, vraiment.
08:54Mais avant de monter sur scène, non, j'ai peur.
08:57C'est un message d'espoir pour les gens qui sont...
08:59Il y a un autre morceau qui s'appelle « Oh la guitare ».
09:05« Oh la guitare » c'est un texte de Louis Aragon.
09:31Qu'est-ce qui t'a donné envie de t'approprier ce texte ?
09:35Je vérifiais un truc par rapport à une chanson de Georges Brassens qui était sur un texte
09:39de Louis Aragon et en fait je suis tombé sur ce poème qui s'appelle « Oh la guitare »
09:43et qui était dédié à Pablo Neruda que j'adore.
09:47Et puis je l'ai lu et je me suis dit tiens c'est bizarre la rythmique de ce poème,
09:50la versification elle ne me paraît pas naturelle.
09:54Donc j'ai la conviction qu'il l'a écrite sur une musique qui existe déjà peut-être
09:58sur mon manège à moi ou une chanson.
10:01Et j'ai essayé d'en faire, je me suis dit ça c'est une chanson et j'ai essayé,
10:04j'ai trouvé ça pas mal et puis je ne fais jamais ça et peut-être je ne le referais plus
10:08mais c'était hyper agréable.
10:10Je propose qu'on écoute un morceau déjà sorti de l'album, c'est le morceau « Le Penseur ».
10:14Comment est-ce que tu présenterais ce morceau si tu devais le lancer à la radio ?
10:17C'est un morceau assez sincère, assez simple de facture mais que je trouve représentatif
10:31de ce qui est un peu ma façon d'écrire des chansons.
10:34Benjamin Biolet, « Le Penseur ».
11:06Il regarde le ciel immobile et se demande où sont les villes
11:27Et l'été n'a guère invincible qui n'est pas revenu de l'ouest
11:33Il regarde la mer impavide qui d'un coup d'un seul se débride
11:40Puis boit la gourde à moitié vide
11:43Le ciel et l'eau se font de tresses
11:46Il s'empare d'une lame invisible
11:50Puis solennement désigne le port où s'alignent les grues
11:56Là où jadis il a vécu une forme de bonheur indicible
12:03Avec sa femme, son chien, ses filles
12:06Il se dit « Je suis encore chaud »
12:09J'aime bien mourir, maintenant, notre repos
12:13Et puis aucun
12:16Je dis bien aucun
12:19Il n'y aurait rien là-haut
12:22Pourrais-je emmener mon bateau ?
12:28Et puis aucun
12:29Je dis bien aucun
12:32Il n'y aurait rien là-haut
12:36Pourrais-je emmener les poteaux ?
12:39Il regarde la route de l'exil
12:42Et se demande où vont les îles
12:46Et les grands oiseaux indociles
12:49En forme de signaux de détresse
12:52Ils rêvent des berges, du tibre, du nil
12:55Humant la fumée d'une, de nil
12:59Il reste loin quelques collines
13:02Allongés dans la brume épaisse
13:05Avant, ici, il y avait des chenilles
13:08Des grands bourgeois d'une grande ville
13:12Le confluent, le pauvre et nul
13:15Et le jardin montre son cul
13:18Le déclin était prévisible
13:21L'humanité si peu sensible
13:25Mais tant qu'il y aura des bistrots
13:28Je veux bien mourir, maintenant
13:30Trop con
13:32Et puis aucun
13:34Je dis bien aucun
13:38Il n'y aurait rien là-haut
13:42Pourrais-je emmener mon bateau
13:44Et puis au cas où
13:48Je dis bien au cas où
13:51Il n'y aurait rien là-haut
13:55Pourrais-je emmener les poteaux
13:57Et puis au cas où
14:14Je dis bien au cas où
14:17Il n'y aurait rien là-haut
14:20Pourrais-je emmener mon bateau
14:24Le penseur de Benjamin Biaulé
14:30Extrait de son nouvel album
14:31Le disque bleu
14:33France Inter
14:34Made in my easy
14:37A la régulière
14:39Benjamin Biaulé, avant de continuer à parler de ce nouvel album
14:42Quelques questions pour toi
14:43Un petit quiz express
14:45Le moment de la journée où tu écris le mieux
14:47Maintenant c'est le matin
14:49C'est quand je ne suis pas arrivé depuis très longtemps
14:52Que je n'ai pas regardé les informations
14:53Que je n'ai pas lu
14:54Que je n'ai même pas regardé mon téléphone
14:56Je ne sais pas quoi
14:56Il y a une espèce d'énergie que j'aime bien
15:01Mais c'est assez nouveau
15:02Ça doit faire 4-5 ans
15:02Avant c'était vraiment la nuit
15:04Marseille ou Paris ?
15:07Marseille, mais j'aime bien Paris
15:08Mais Marseille, ce n'est pas très loin de Sète
15:10Et puis j'adore la Méditerranée
15:12J'aime Naples, j'aime Marseille, j'aime Sète
15:14J'aime ce genre de ville
15:15C'est aussi parce que sur l'album
15:16Il est évidemment question de Paris
15:18Il y a un morceau qui s'appelle Adieu Paris
15:19Et tu racontes aussi
15:21On a l'impression que tu as un vrai besoin
15:23De soleil plus que jamais
15:25D'été
15:26Et que les larmes de Paris, sa pluie
15:29T'ont un peu épuisé
15:30Il y a un peu ce sentiment-là sur l'album quand même
15:32J'avoue
15:32Puis il y a aussi une allégorie sociale
15:34Il y a une violence sociale
15:35Une violence politique
15:36Il y a de la haine raciale
15:39De la discrimination partout
15:40Moi à Paris, dans les autres villes
15:42C'est quand même une ville
15:43Où tout le monde est les uns sur les autres
15:44Il y a une certaine tension quand même
15:47Et puis il y a aussi cet entre-soi
15:49Typique de Paris
15:51Tout le monde se connaît à peu près
15:53Qu'est-ce que c'est
15:53Qui est un peu quelque chose
15:55Que j'ai envie de fuir quand même
15:57Est-ce que tu as envie de fuir Paris
15:58Ou même la France globalement ?
15:59Non
16:00Même Paris, cette ville
16:02Là où on est
16:03Je la trouve magnifique
16:04Bon pas quand il fait ce temps-là
16:05Mais c'est une très belle ville
16:08Et fuir la France
16:09Si je la fuyais
16:11Ce serait pour y venir
16:11Ça reste quand même
16:12Le pays qui m'a éduqué
16:15Qui m'a nourri
16:15Et à qui je dois beaucoup
16:16En étant étudiant du conservatoire
16:19Moi je suis très conscient
16:20De ce que m'a amené la France
16:21Gainsbourg ou Bachung
16:23Ah c'est dur
16:25C'est vraiment dur
16:26Mais je veux dire Gainsbourg
16:27Parce que Bachung aurait dit
16:28Gainsbourg aussi
16:29D'ailleurs tu cites
16:31Mélodie Nelson
16:31Sur l'album
16:33C'est pour toi une oeuvre un peu
16:34Est-ce que c'est l'oeuvre définitive ?
16:36C'est l'oeuvre qui a changé ma vie
16:37Quand j'étais petit
16:38J'aimais que la musique anglo-saxonne
16:40Principalement la musique
16:42Qui venait de Manchester
16:43Tu vois le post-punk
16:44Les trucs comme ça
16:44Et il y avait les débuts aussi
16:48Des trucs de rap
16:50Qui étaient assez cool
16:51Et tout
16:51Donc j'écoutais absolument rien de français
16:53Et ce disque
16:54M'est tombé dessus
16:55Et il était à la croisée des chemins
16:56De tout ce que j'aimais
16:57Un peu rap
16:58Parce qu'il est parlé
16:58Et avec de la grande pop-musique
17:01Mais surtout des grands textes en français
17:03Donc je me suis rendu compte
17:04Que c'était possible
17:04A la condition de pas trop chanter
17:06C'est aussi pour ça
17:07Pendant des années
17:08Parce que dans cet album
17:09Il fait cette démonstration
17:10Que le français
17:12Elle peut être une langue exquise
17:13Quand elle est susurrée
17:14Ou quand on est juste narrateur
17:16Pas vocaliste
17:17Forcené
17:18Écoutons un extrait
17:20Ah oui
17:20Ça c'est l'histoire
17:28De
17:29Melody Nelson
17:32Qu'à part moi-même
17:36Personne
17:38N'a jamais pris
17:41Dans ses bras
17:42Ça bouge étonne
17:45Mais c'est comme ça
17:48Une chanson que tu aurais aimé écrire ?
17:53Elle avait de l'amour
17:54La mère de Charles Tréna
17:56J'aurais aimé écrire
17:56Ouais ?
17:57Pourquoi ?
17:58Parce que je serais blindé
17:59Et puis qu'elle est cool
18:00Réponse parfaite
18:03Un réalisateur ou une réalisatrice
18:05Avec qui tu rêves de tourner ?
18:08Arnaud Desplechin quand même
18:10J'aime beaucoup
18:11Une bande originale parfaite selon toi
18:14Quelle est la BO ?
18:15Quasiment tout ce qu'a fait Danny Elfman
18:17Pour les films de Tim Burton
18:19C'est de la folie
18:19C'est vraiment
18:20J'aime aussi évidemment
18:22Judd Williams
18:23Comme tous les cinéphiles
18:24De ma génération
18:25Mais j'avoue que le niveau
18:26De rapport entre
18:28Lynch et Badalamenti
18:29C'est difficile
18:30La chose
18:31Twin Peaks
18:32C'est peut-être la meilleure BO
18:34C'est quand même une BO de fou
18:35Et qui va tellement bien
18:36Avec ce que ça raconte
18:37Ou ce que ça raconte pas d'ailleurs
18:38C'est ça qui est formidable
18:39Exactement
18:40Benjamin Biolet
18:41Est avec nous ce soir
18:42Alors sur l'album
18:51Il y a un morceau aussi
18:52Qui s'appelle
18:53Mauvais garçon
18:54Et on a aussi ce sentiment là
18:56Quand même
18:56Que t'as toujours aimé
18:57Les mauvais garçons
18:58Les voyous
18:59T'as toujours une forme de défiance
19:01Vis-à-vis de la police
19:02T'aimes bien quand même
19:03Le désordre
19:04J'ai ce sentiment là
19:05J'aime pas l'ordre en tous les cas
19:07J'aime pas en recevoir
19:08J'aime pas en donner
19:09Et j'aime pas trop
19:10Après j'aime bien les voyous
19:12Dans la mesure où
19:12Ils ont pas fait
19:13Des choses répréhensibles
19:15Oui oui
19:16Selon ma morale à moi
19:18Mais oui évidemment
19:18Mais je suis comme
19:19Comme beaucoup de gens
19:20On a quand même eu
19:21On a grandi dans une culture
19:23De valorisation
19:24Du voyou en fait aussi
19:25Tu parles du cinéma notamment
19:26Par exemple
19:27Parce que le phénomène Scarface
19:29Il est fou
19:29Parce qu'on est tous
19:30Complètement cons
19:31De mes films
19:31À la fin
19:32Ça se passe pas bien du tout
19:33C'est clair
19:34Donc il y a un truc
19:35On a toujours été attirés
19:37Par ça
19:38Je pense que
19:39Même le phénomène du hip-hop
19:42On sait tous
19:43Le CV judiciaire de Snoop Dogg
19:45Et tout
19:45Elle a su dès le début
19:46Il y avait quand même
19:47Une fascination
19:48À une époque
19:49Où normalement
19:50On aurait dû dire
19:50Ce mec là
19:51C'est affreux
19:52C'est un criminel
19:52Il y a quand même
19:54Et même les romanciers
19:55De toute façon
19:56Le père des poètes
19:58Des chansonniers français
20:00C'est François Villon
20:00Justement
20:01Qui était quand même
20:01Un peu un voyou aussi
20:02Donc
20:03On a ce truc là
20:04Tu viens citer Scarface
20:05Qui est un film
20:06Évidemment classique
20:06De De Palma
20:07Dix ans après
20:08De Palma
20:09Réalisé avec Al Pacino
20:10L'impasse
20:10Carly Tozoé
20:11Qui pour moi
20:11Est un peu une forme
20:12De rédemption
20:12De Tony Montana
20:13Est-ce que
20:14Je voulais juste
20:15T'entendre dire ça
20:15Parce que moi
20:16Je préfère
20:17J'adore les deux
20:17Mais je crois
20:18Que je préfère
20:18L'impasse
20:19Moi je préfère
20:19Carly Tozoé
20:21On est d'accord
20:21Carly Tozoé
20:22C'est le titre originel
20:23Donc
20:23Scarface
20:25C'est trop samplé
20:26Il y a un moment aussi
20:26C'est insupportable
20:27Quand un film
20:28Entre le visuel
20:29Les propos
20:30Les samples
20:31Les trucs
20:31C'est cool
20:31Mais c'est top
20:32Est-ce que la fascination
20:34D'un film comme Scarface
20:35Elle vient justement
20:35De ton écoute du rap
20:36Parce que tu disais
20:37T'as écouté beaucoup de rap
20:38Est-ce que c'est via le rap
20:39Que tu le découvres
20:39Au début
20:40Je connaissais
20:41Mais je me rappelle
20:42Avec mon premier groupe
20:43On reprenait une chanson
20:45De live to crew
20:46To live crew
20:46Et je ne savais même pas
20:47Ce que ça disait
20:48To live crew
20:49C'est un groupe de Miami
20:50Et je chantais
20:50Fuck Martinez
20:51Fuck Martinez
20:52Je ne savais même pas
20:53Qu'il était Martinez
20:54Je ne savais même pas
20:55Ce que voulait dire fuck
20:55Donc il y a un truc
20:56J'aimais cette énergie
20:57Comme les premiers Beastie
20:58Quand c'est arrivé
20:59Et tout
21:00Et ouais
21:01C'était comme le rock
21:02Enfin
21:02On ne faisait pas du tout
21:03La différence
21:03Sur le morceau
21:05Mes souvenirs
21:06Que je citais un peu plus tôt
21:07Enfin
21:07Tu cites notamment
21:07Mélodie Nelson
21:08Tu cites plusieurs choses
21:09Mes souvenirs
21:10Tu cites Paul Valéry
21:11Tu cites la 4L GTL bleu
21:12Du paternel
21:13Et tu cites l'enthésite
21:15Ouais
21:15Alors je ne sais pas
21:16Si tout le monde sait
21:17Ce qu'est l'enthésite
21:17Moi ça m'a fait quelque chose
21:18Parce que ma mère
21:18Mettait ça dans ses verres d'eau
21:20Et ça me donnait
21:21Un goût de réglisse
21:22Moi aussi
21:22Et ça m'a fait quelque chose
21:24Parce que j'avais complètement
21:24Oublié l'existence
21:25Parce que dans tous les foyers
21:26Tous les foyers
21:26Où les parents
21:27Essiaient de
21:28S'en sortir
21:31Un peu difficilement
21:32Avec le budget alimentaire
21:33Les enfants
21:33Et tout
21:34Pour ne pas donner
21:35Cette impression aux enfants
21:36Donner l'impression
21:37Qu'il y avait du coca
21:37Par exemple
21:38On versait une goutte d'enthésite
21:40Qui était un petit colorant
21:43Et qui était aussi un sirop
21:45Qui donnait beaucoup beaucoup de goût
21:47Donc on pouvait passer
21:493 000 litres de coca
21:50Pour la somme de 23 francs
21:51Donc c'était un peu
21:52Un trésor de la débrouille
21:54L'enthésite
21:55Tout à fait
21:55Sur album
21:56On retrouve
21:57Jeanne Chéral
21:58Qui était présente
21:59Sur album
22:00La Superbe
22:00Sur le morceau
22:01Brand Rhapsody
22:02C'est un morceau
22:30Assez bouleversant
22:31Classique
22:32On peut le dire
22:32Il est vu aujourd'hui
22:33Comme un classique
22:34Est-ce que c'est pas trop compliqué
22:36De recollaborer avec Alain
22:38Quand on a fait
22:39Un morceau aussi parfait
22:40Que celui-ci
22:41Non
22:41Parce que je le reconnais super bien
22:43On est des très grands amis
22:44Depuis super longtemps
22:45Et on a fait plein d'autres trucs
22:47Mais c'est vrai que
22:47Ce morceau
22:49Il a fait beaucoup d'effets
22:51Et c'est vrai que
22:52C'est une des surprises
22:53De la vie
22:55Et pour moi
22:55Et pour elle
22:56Parce que quand on l'a fait
22:56Nous on trouvait ça bouleversant
22:59On se disait
23:00Bon qu'est-ce qu'ils vont dire
23:01Les gens chantent pas
23:02Enfin
23:02Ça paraissait bizarre
23:04Et puis voilà
23:05Il a quand même
23:06Une belle vie ce morceau
23:07Comme cet album
23:08D'ailleurs
23:09La Superbe
23:09Sorti en 2009
23:10Qui est vu comme
23:11Une de tes réussites
23:12Mais c'est vrai qu'il y a un album
23:13Qui est souvent cité
23:14Est-ce que t'en as marre ?
23:15Est-ce que c'est un poids
23:16Un album comme ça
23:16Ou pas du tout ?
23:17Non
23:17Non c'est quand même génial
23:18C'est quand même génial
23:18D'avoir un album comme ça
23:19Au pire
23:19On se dit
23:20Je ne sais pas
23:20Au moins il y a celui-ci
23:22Alors il y a aussi
23:25Ce morceau Testament
23:26Qui est écrit en alexandrin
23:28Oui j'aime bien
23:28Est-ce que c'est un exercice compliqué
23:30A réaliser ?
23:31Pas trop
23:32Quand on est musicien
23:33Parce qu'il y a quand même
23:34Beaucoup de mélodies
23:34Qui marchent en douce
23:35Et on écoute bien
23:36Et tout
23:36Et j'ai toujours bien aimé
23:39Faire ça et tout
23:40Des alexandrins
23:41Quand j'étais petit
23:41Je faisais des poèmes ridicules
23:42Pour dire
23:43Pour dire
23:44Ne me dérangez pas
23:45Je suis en train de faire ça
23:46Donc je
23:46Non je trouve
23:48C'est pas ce qu'il y a de plus dur
23:49La première
23:50Quand tu commences à écrire
23:51C'était ça
23:51C'était des poèmes
23:52Quand tu étais plus petit
23:52C'est des
23:53Non des poèmes
23:54Non parfois pour rigoler
23:55Non mais moi
23:56J'ai commencé à m'intéresser aux mots
23:58Vraiment pour les mettre dans la musique
23:59C'est vraiment
24:00La passion des chansons
24:03Et puis
24:03Très vite
24:04La conscience du ridicule
24:06De l'anglais
24:06En tout cas du mien
24:07C'est pas possible
24:09Parce qu'au départ
24:10Tu écrivais en anglais ?
24:11Bien sûr comme tout
24:11Avec le dictionnaire franco-anglais
24:13Je butais rien
24:13Je racontais des trucs en français
24:16Que je traduisais mal
24:16C'était gênant
24:18Oui il n'y avait pas
24:18Google Traduction
24:20Oui mais même s'il y avait eu
24:21Google Traduction
24:22T'as aucune dextérité
24:23Avec les mots
24:24T'as pas l'habitude
24:25C'est pas ta langue maternelle
24:26T'as pas entendu des jeux de mots
24:27Toute ta vie
24:28C'est pas ta culture
24:30Bah ouais tu vois
24:31Moi je déteste les gens
24:33Qui disent
24:33Élysée de Versailles
24:35Au lieu de vie c'est Versailles
24:35Mais au moins
24:36Je l'ai entendu toute ma vie
24:37Ça m'a donné
24:38Ça m'a fait comprendre
24:40Qu'on pouvait jouer
24:41Avec le sens des mots
24:42Avec les sonorités des mots
24:43En anglais
24:44Maintenant j'ai un anglais
24:45Plus pratiqué
24:46Donc peut-être j'y arriverai
24:48Mais j'ai pas envie
24:48Est-ce que tu parles espagnol aussi ?
24:50Ouais
24:50Tu parles bien espagnol
24:51Maintenant couramment ?
24:52Ouais l'espèce d'espagnol
24:53Porteño
24:54De c'est-à-dire de Buenos Aires
24:55Très bien
24:56Alors il y a un morceau aussi
24:57Qui est plutôt touchant
24:58C'est le morceau
24:59Kika
24:59Qui est un hommage
25:01A ton chien
25:01Ouais un peu
25:02Qui était surtout
25:03A ma grande-fille
25:04Ouais
25:04Et tu lui con
25:05C'est vrai qu'il y a des morceaux
25:07Parfois qui sont sur des sujets
25:08Enfin c'est important
25:09Un chien ça fait partie de la famille
25:10Mais comme il y a un morceau
25:10Qui finalement parle du voyage en avion
25:12Enfin il y a parfois des choses simples
25:14Mais tu n'hésites pas à leur consacrer
25:16Une chanson entière
25:17Plusieurs couplés
25:18Parce que ça fait vraiment partie
25:19De ta vie
25:19De ton quotidien
25:20Et tu y vas en fait
25:21Ouais j'y vais
25:22Parce que ça a toujours été le cas
25:24La vraie question c'est de savoir
25:26Si je les garde après les chansons
25:28Ou si je les publique
25:28Ouais mais tu les fais
25:29Mais je l'ai fait
25:30J'ai toujours fait
25:30Il y a plein de chansons de moi
25:31Qui ne sortiront jamais
25:33Où je raconte des trucs très précis
25:35Comme ça
25:35Et puis je me suis dit
25:36Non mais ça c'était
25:37C'est circonstanciel
25:39Et c'est pas la peine de le sortir
25:40Mais ça fait partie
25:41De ces petites chansons
25:42Qui sont à usage intime
25:44Qui finalement finissent sur les deux
25:45Bon je suis content en tout cas
25:46Que tu n'aies rien
25:47Contre la superbe
25:49Car je propose qu'on remonte
25:50En 2009 pardon
25:51Et qu'on écoute
25:52Le morceau éponyme
25:53La superbe
26:07On reste du merci
26:20La merci d'un conifère
26:21D'un silence inédit
26:23D'une seule partie de gens dans l'air
26:25Le soleil est assis
26:26De mauvais côté de la mer
26:28Quelle aventure
26:29Quelle aventure
26:30On reste du merci
26:32La merci d'un abrébus
26:34Ne reste pas ici
26:36On entend sonner l'angélus
26:37Le soleil est jauni
26:39Plus triste que le cirque brusse
26:41Quelle aventure
26:42Quelle aventure
26:43On reste du merci
26:45La merci d'un engrenage
26:47D'un verre de comparé
26:48Du bon vouloir
26:49De l'équipage
26:50Paris est si petit
26:52Quand on le regagne à la neige
26:53Quelle aventure
26:55Quelle aventure
26:56Qu'on fleur
26:58Qu'on fleur
27:01Qu'on fleur
27:04La flamme
27:06Singulière
27:07Qu'on gagne
27:10Qu'on perd
27:13Qu'on perd
27:17La guerre
27:18La superbe
27:20On reste du merci
27:33La merci
27:34De l'amour crasse
27:35D'un simple démenti
27:36D'une mauvaise vie
27:37D'une mauvaise passe
27:38Le silence est aussi pesant
27:40Qu'un porte-avions qui passe
27:41Quelle aventure
27:42Quelle aventure
27:44On reste du merci
27:46La merci
27:47D'un sacrifice
27:48D'une mort à crédit
27:49D'un préjugé
27:50Et d'un préjudice
27:51Le soleil s'enfuit
27:52Comme un savon
27:53Soudain qui glisse
27:54Quelle aventure
27:55Quelle aventure
27:57On fleur
27:58On fleur
28:02Qu'on fleur
28:05La flamme
28:07Singulière
28:08On gagne
28:11On perd
28:14Qu'on perd
28:18La gagne
28:19La superbe
28:21On reste du merci
28:34La merci
28:35D'un imputal
28:36Du plafond
28:37Des crépits
28:37Qu'on observe
28:38De l'horizontale
28:39Le soleil est parti
28:40La neige tombe
28:41Sur les dalles
28:42Quelle aventure
28:43Quelle aventure
28:45On reste du merci
28:47A la merci
28:47D'un lampadaire
28:48D'une douleur endormie
28:50De chasse
28:50Historie
28:51D'un soir d'hiver
28:52La vieillesse
28:53Ennemie
28:53Reste la seule
28:54Pire angulaire
28:55Quelle aventure
28:56Quelle aventure
28:58On fleur
28:59On fleur
28:59On fleur
29:02On fleur
29:06On fleur
29:06On fleur
29:07On fleur
29:07Familière
29:09On gagne
29:12On perd, on perd la gare, la superbe
29:33On reste, Dieu merci, la merci d'une étincelle
29:36Quelque part à Paris, au feu fond du bar d'un hôtel
29:40Dès la prochaine vie, je rêve de se rester fidèle
29:43Quelle aventure, quelle aventure
29:47La superbe, la superbe, la superbe
30:10La superbe, Benjamin Biolet, extrait du morceau éponyme sorti en 2009, un double album
30:26Alors Benjamin, tu es, on l'a dit, un chanteur, un auteur, mais aussi un comédien
30:40Tu fais partie finalement de ces gens qui ont réussi, je crois, avec succès à passer de la musique au grand écran
30:46Et même au petit écran, parce qu'il y avait la série de la fièvre
30:48Et ça m'a donné envie de parler de quelques musiciens qui ont fait cette transition-là aussi
30:54Avec succès, tu réagis si tu le veux, bien sûr
30:57Alors j'en ai pris trois, c'est évidemment pas exhaustif, mais c'est pour en parler
31:00Et je commence avec, on a parlé un peu de rap, avec Will Smith
31:04Qui avant d'être une super star d'Hollywood, peut-être que les gens ont oublié
31:07Will Smith est avant tout un gamin de Philadelphie, rappeur précoce
31:10Il forme dans les années 80 le duo DJ, Jazzy Jeff and the Fresh Prince
31:14Du rap joyeux, radiophonique, récompense d'ailleurs d'un Grammy Award
31:18Pour le morceau Parents Just Don't Understand
31:20Mais le vrai tournant, bien sûr, c'est la télé
31:21Le prince de Bel-Air, sitcom culte où il joue une version un peu fantasmée de lui-même
31:25C'est là que Will Smith apprend tout
31:27Le timing comique, le regard caméra, la gestion du public
31:30Et de cette légèreté télévisuelle, il glisse vers le grand écran avec une aisance déconcertante
31:35C'est toute une époque
31:49C'est ça l'après-midi
31:51Et après il y a eu bien sûr plein de films
31:53Indépendance Day, Men in Black, Ali, La poursuite du bonheur
31:56Will Smith est devenu une figure du cinéma américain
31:58Capable de passer du blockbuster au film plus émotif
32:01Il ne joue plus le rappeur cool, il devient une star universelle
32:03Symbole d'un entertainer total
32:05L'un des rares à avoir réussi la transition sans jamais vraiment renier son ADN musical
32:09Même dans ses films, il garde le sens du rythme, du flow, de la punchline
32:12Il est souvent chargé de la BO des films sur Men in Black
32:15Ou sur le très médiocre Wild Wild West
32:33Une reprise de Steve Wonder à peine déguisé
32:41Qui est présent sur le même son d'une Key of Life je crois
32:43Le classique peut-être ultime
32:45Le classique
32:46Exactement
32:47Alors en France, un autre raconteur d'histoire a lui aussi franchi le pas
32:50Aurel San
32:50Rappeur, réalisateur, scénariste
32:52Il a toujours eu cette envie de fabriquer des univers
32:54D'abord avec le film Comment c'est loin
32:56Son premier long métrage co-écrit et co-réalisé
32:58Un film à la fois générationnel et intime
33:00Sur la galère créative, sur l'attente, sur l'amitié
33:02Un long clip étiré dans le temps
33:04Mais aussi une oeuvre sincère
33:05Bourrée d'humour et d'humanité
33:07Ça c'est un morceau extrait de la très bonne BO du film
33:36Depuis Aurel San a peaufiné sa grammaire visuelle
33:38Ses équipes, sa série bloquée
33:39Ses documentaires
33:40Comme montre jamais ça à personne évidemment
33:42Tout est construit comme un récit
33:43Avec des héros ordinaires
33:44Des décors familiers
33:45Et cette année, ils reviennent au cinéma
33:47Dans un nouveau projet très attendu
33:48Un long métrage de fiction intitulé Yoroi
33:50Dans lequel il sera question de phénomènes surnaturels
33:53D'armure ancestrale et de culture japonaise
33:55Et puis, il y a Bjork par exemple
33:58J'aurais pu en citer plein d'autres
33:59Mais j'ai envie de parler de Bjork
34:00Autre galaxie, autre intensité en 2000
34:02Lars Von Trier lui propose le rôle principal
34:04De Dancer in the Dark
34:05Elle y incarne Selma
34:06Une ouvrière immigrée en train de perdre la vue
34:08Un rôle extrême et viscéral
34:10Le film décroche la palme d'or
34:11Bjork remporte le prix d'interprétation féminine
34:13Mais l'expérience la brise
34:15Le tournage est un enfer
34:16Tension permanente avec le réalisateur
34:17Épuisement émotionnel total
34:19Depuis, elle s'est faite très très rare au cinéma
34:21Mais paradoxalement, peut-être que Dancer in the Dark
34:23Reste l'un des plus beaux exemples de fusion
34:25Entre musique et cinéma
34:26Parce que Bjork ne joue pas
34:27Elle ressent le rôle
34:29Et quand elle chante I've seen it all
34:30On comprend que la frontière entre performance et vérité
34:33Vient de s'effondrer
34:34Est-ce que toi Benjamin, il y a des chanteurs ou des chanteuses
34:57Qui t'ont inspiré
34:59En tout cas, peut-être donné envie de faire ce pas-là
35:02Ou qui t'ont regardé
35:03En tout cas, on était plus jeune
35:04Il y en a deux
35:05Où je me disais peut-être
35:06C'est incroyable
35:06Comme il joue bien
35:07C'était Alain Souchon et Jacques Dutronc
35:08Et même Edie Michel
35:10Chaque fois que je le voyais au cinéma
35:11Je le trouvais impeccable
35:13Mais c'est un truc d'interprète aussi
35:15Et puis en fait, c'est une tradition française
35:17Tous nos grands acteurs
35:18Ils étaient
35:18C'est vrai
35:18Fernandelle, Jean Gabin, Bourville
35:21Ils ont tous été chansonniers aussi
35:22C'était un truc qui se faisait beaucoup
35:24Et qui se maintient plus ou moins naturellement
35:27Philippe Catherine, c'est devenu une référence dans les deux mondes
35:30J'ai failli parler lui aussi
35:31Tout à fait
35:31Même Charles de Gainsbourg
35:33Par exemple
35:34J'entends que c'est une référence dans les deux mondes
35:35Exactement
35:35Tout à fait
35:35C'est vrai que c'est quelque chose
35:36T'as raison
35:37Qui a fait une tradition en fait
35:38Une tradition en le music hall
35:39De gens qui chantent
35:41Et qui jouent la comédie aussi
35:42Ça date pas d'hier
35:44Il n'y a pas de pont entre ces deux mondes
35:48Mais à un moment
35:49On s'y retrouve
35:50Et puis on vient nous chercher
35:51On est venu te chercher
35:52Tout le monde
35:53Tous les gens qu'on a cités
35:54Je pense qu'on est venu les chercher
35:55Parce qu'ils étaient chanteurs
35:56Ou qu'ils avaient une personnalité
35:59Plus ou moins intéressante
36:00Quand ils faisaient de la promo
36:02J'en sais rien
36:03Mais oui on est venu me chercher
36:04En tout cas ce soir
36:06Nous sommes avec Benjamin Biaulé
36:07Pour la sortie du disque bleu
36:09Et puisque nous parlons de disque
36:20Le disque bleu
36:21Je vous propose de me donner
36:22Quelques disques importants de ta vie
36:23Benjamin Biaulé
36:24Quel est le disque de ton enfance ?
36:27C'est une cassette que j'avais volée
36:30C'était aux armes etc. de Serge Gainsbourg
36:32Qui a dû sortir en 79
36:34Donc moi je suis né en 73
36:36Et franchement
36:38Comme on dit aujourd'hui
36:39Je l'ai vraiment saigné
36:40Saigné
36:41Saigné
36:41En cachette
36:42Parce que ma mère
36:43Avait horreur de divulgarité
36:45Et visiblement à son goût
36:48Il y en avait quelques-unes
36:49Mais vraiment
36:50Ce disque a changé aussi
36:52Et c'était le premier truc
36:53Où j'ai aimé des poésies
36:54Par exemple
36:55Parce qu'il y a
36:55Il y a Lola Rastakouer
36:57Des titres comme ça
36:58Et tout
36:58Qui sont de merveilleux poèmes
37:00Et puis ça tournait trop bien
37:01C'était quand même
37:01Enregistré en Jamaïque
37:03Etc
37:03Avec des très bons musiciens
37:04Il devait y avoir
37:05Sly Roby
37:06Ou peut-être celui d'après
37:07Mais
37:07Donc c'était une cassette
37:09Et j'étais rentré dedans
37:11A cause d'une chanson
37:12Qui s'appelle
37:13Eau et gaz à tous les étages
37:14Où il dit juste
37:15Je pisser je pète
37:17En montant chez Kate
37:18Moralité
37:19Eau et gaz à tous les étages
37:20Et je me suis dit
37:21Il est vraiment con
37:21Et ça m'avait beaucoup plu
37:23Et puis
37:23Du coup je me suis intéressé
37:25A sa poésie
37:25Donc on revient toujours
37:26A Gainsbourg en fait
37:27C'est vraiment un point de départ
37:28En tout cas
37:28En français
37:29Si je te dis
37:31Le disque
37:32Qui t'a donné envie
37:32De faire de la musique
37:33Ce serait sûrement aussi
37:33Un album de Gainsbourg
37:34C'est peut-être
37:34Mélodie Nelson
37:35Non c'est l'album blanc
37:36Celui qui m'a donné envie
37:38Donc The White Album des Beatles
37:39Ouais
37:39D'apprendre tous les instruments possibles
37:42C'est ça
37:43C'est le disque blanc
37:45Qui a changé ma vie
37:45Plutôt Beatles que Stones
37:47Dans l'éternel débat
37:48John Lennon
37:48Donc je rentre même pas
37:50Dans le débat
37:50Moi j'aime particulièrement
37:52John Lennon
37:53Ok
37:53Mais t'aimes les Stones
37:53On peut aimer les deux
37:54J'adore les Stones
37:55J'adore les Stones
37:55Mais on va dire
37:56Qu'il y a
37:5740 chansons des Stones
37:59Que j'adore
37:59Il y en a peut-être le double
38:01Des Beatles
38:01Ou de John Lennon
38:02On raconte souvent
38:04Que les Beatles
38:04Enfin on raconte
38:05C'est un fait d'ailleurs
38:06Que les Beatles finalement
38:06Leur période de règne
38:07Dure pas si longtemps que ça
38:08Comme et c'est le cas d'ailleurs
38:10Souvent dans la plupart
38:11Des pop stars
38:12Est-ce que ça peut faire peur
38:13Quand on a un artiste
38:14Qui mène une carrière
38:15Depuis longtemps comme toi
38:16Finalement de se dire
38:17Qu'être là depuis 15-20 ans
38:20C'est assez rare en réalité
38:21Parce qu'il y a plein d'artistes
38:23Qui ont été très hauts
38:25Et qu'on ne connait plus
38:26Auprès 5-6 ans
38:27Bien sûr
38:28Finalement c'est une bénédiction
38:29Et même c'est très rare
38:30De rester 10 ans
38:3115 ans
38:3220 ans
38:32Et d'être encore invité
38:34D'être encore attendu
38:35C'est une chance incroyable
38:36Après les Beatles
38:38C'est leur choix
38:38Je pense qu'ils auraient
38:39Non mais bien sûr
38:40J'ai cité Beatles
38:41Parce que c'est un peu
38:41L'exemple
38:42Mais c'est vrai
38:42Parce qu'en quelques années
38:43Ils ont révolutionné la musique
38:45Et puis on a l'impression
38:46Que derrière
38:47Ils n'ont rien fait
38:48Alors qu'ils ont fait
38:48Des carrières extraordinaires
38:50Mais les Beatles
38:51C'est tellement fort
38:52C'est un truc tellement bouleversant
38:53Pour la planète
38:54C'est ça
38:54Que même si John a fait Imagine
38:56Et que tout le monde trouve
38:57Que cette chanson
38:58Elle est au niveau des Beatles
38:59Pour les gens
39:00Les Beatles
39:00Ça reste un truc hors du commun
39:02Mais moi je suis conscient
39:03De la chance que j'ai
39:04De faire ça
39:04Depuis 25 ans
39:05C'est fou
39:06Bon écoutons en tout cas
39:07Un morceau
39:07Du White Album
39:08Avec plaisir
39:09Donc ça c'est un disque
39:37Écrit
39:38Et chanté
39:39Par John Lennon
39:40Le disque idéal
39:43Pour un date
39:44Alors ça dépend
39:49Si c'est un date
39:49On n'a pas la touche
39:50Sans le parler
39:50Au début on parle
39:52Au début on parle
39:53Ouais
39:53Faut mettre un truc chill
39:55Quand même
39:56Genre je sais pas
39:57Michael Kiwanuka
39:59Là le premier album
40:00C'est trop bien
40:00C'est super ça
40:01Ouais c'est bien
40:02Et puis c'est moins cliché
40:03Que Barry White
40:03Ouais quand même
40:04Même si respect éternel
40:05À Barry évidemment
40:06Mais c'est un peu plus
40:07Voilà
40:07Le disque
40:09Qui te redonne foi
40:10En l'amour
40:11C'est tant est
40:13Que tu perds la foi
40:14Mais en tout cas
40:14Un disque de l'envie d'aimer
40:16Le Love Supreme
40:16De Coltrane
40:18Moi j'aime bien
40:19Moi j'aime bien
40:19C'est mystique
40:20Et tout
40:20J'aime bien ce genre
40:21De recherche
40:22Je trouve que c'est un disque
40:23Quand on est dans une bonne énergie
40:25Pour l'écouter
40:26Il redonne foi
40:26En l'amour
40:28Au sens très très large
40:29Comme l'entend Coltrane
40:30Dans l'un
40:32Je pense que c'est un disque de l'un
40:34Je pense que c'est un disque de l'un
40:36Je pense que c'est un disque de l'un
40:37Je pense que c'est un disque de l'un
40:39C'est partout Resolution
41:08Qu'on a envie de continuer à écouter
41:09Mais c'est magnifique
41:10Evidemment
41:11Le disque
41:12Un disque que tu as associé à Paris
41:13Qui est quand même un sujet de l'album
41:16A Paris ?
41:18Ouais
41:18Beaucoup de disques de Georges Brassens
41:23Parce qu'ils ont été faits dans le 14ème
41:24Écrits dans le 14ème
41:26Ou dans le 15ème arrondissement
41:28Et je trouve qu'il en parle
41:29Pour un c'est toi
41:30Il en parle trop bien
41:31Genre le Petit Bistrot
41:33Je sais pas quoi
41:33Les chansons comme ça
41:34D'ailleurs tu reprends Les Passantes
41:37Les Passantes
41:37Mais je trouve que Brassens
41:39Étonnamment
41:40Même si
41:41Il y a beaucoup de gens qui laissaient toi
41:44Il me fait vraiment
41:45Pour moi il décrit très très bien Paris
41:47Et alors
41:48Dernière question
41:49Avant qu'on écoute un morceau
41:50Parce qu'il est aussi question
41:52Je l'ai dit
41:52De soleil
41:53Peut-être d'envie
41:53De mer d'été
41:55Le disque parfait à écouter
41:57Face à la mer
41:57Je parle pas de Caléo Géraud et Passy
42:00Je viens de penser à cette vanne
42:02Et je m'excuse
42:03Non non c'est pas une vanne
42:04Ça aurait pu être le cas
42:05Oui mais non
42:05Alors un disque parfait
42:09Ah franchement le Damien Marley
42:11Qui s'appelait
42:12Welcome to Jamrock
42:13Je l'ai vraiment
42:15Et la deuxième chanson
42:16Elle s'appelle
42:17There for you
42:17Un truc comme ça
42:18Je pense que Face à la mer
42:19C'est parfait
42:20Très bien
42:21Je propose qu'on écoute
42:22Un morceau qui n'a rien à voir
42:23Avec Damien Marley
42:25Mais qui est de qualité aussi
42:26Un morceau de Olivia Dean
42:27C'est parti de cette nouvelle génération britannique
42:29Qui redonne à la sole
42:30Ses couleurs d'origine
42:31Celle du cœur et de la sincérité
42:33Révélée avec son album
42:33Mais si Olivia Dean
42:34Mêle élégance et vulnérabilité
42:36C'est encore le cas
42:37Sur son dernier album
42:38The Heart of Loving
42:39Dont est extrait le titre
42:40Qu'on va écouter
42:40Man I Need
42:42Talk to me
42:43Talk to me
42:44Talk to me
42:47Talk to me
42:48Looks like we're making up for lost time
42:54Need you to spell it out for me
42:58Bossing over on all night
43:02It's like a type of alchemy
43:06Introduce me to your best friend
43:10I can come and stop right in
43:15The satellite ain't even that far
43:18I kinda wonder where you are
43:23Already know I can't leave it alone
43:26When you're on my mind
43:28Already gave you the time and the place
43:34So don't be shy
43:36Just come be the man I need
43:39Tell me you got something to give
43:41I want it
43:43I kinda like it when you call me wonderful
43:47Whatever the type of talking is
43:49Come on there
43:51I gotta know you're meant to be the man I need
43:55Talk to me
43:56Talk to me
43:58Talk to me
44:00Talk to me
44:01Be the man that I need baby
44:03Talk to me
44:04Talk to me
44:05Be the man that I need baby
44:07Talk to me
44:08Talk to me
44:09Be the man that I need baby
44:11Talk to me
44:12Talk to me
44:12Be the man man man man man man
44:15I'd like to think you feel the same way
44:19But I can't tell with you
44:21But I can't tell with you sometimes
44:23So baby let's get on the same page
44:27Stop making me read between the lines
44:31Already know I can't leave it alone
44:34You're on my mind
44:36Already gave you the time and the place
44:43So don't be shy
44:44Just come be the man I need
44:47Tell me you got something to give
44:50I want it
44:51I kinda like it when you call me wonderful
44:55Whatever the type of talking is
44:58Come on there
44:59I gotta know you're meant to be the man I need
45:04Talk to me
45:05Talk to me
45:07Talk to me
45:09Talk to me
45:11Talk to me
45:12Talk to me
45:13Be the man that I need baby
45:15Talk to me
45:16Talk to me
45:17Be the man that I need
45:19Talk to me
45:21Talk to me
45:21Be the man that I need baby
45:23Talk to me
45:25Talk to me
45:25Be the man man man man man
45:27C'était « Man I Need » de Olivia Dine, un morceau présent sur son dernier album,
45:48The Art of Loving.
45:49Nous sommes avec Benjamin Biolet ce soir, qui sort l'album Le Disque Bleu, enfin l'album
45:57est sorti d'ailleurs, l'émission est disponible, et j'avais demandé des recommandations,
46:01et tu m'en as donné plusieurs, notamment un album d'artiste que je ne connaissais
46:06pas, je dois le reconnaître, alors comment on pense Quatriel et Paco Amoroso, l'album
46:11s'appelle « Papota » et le morceau qu'on va écouter s'appelle « El Dia Del Amigo ».
46:27C'est super bien ça ! Ah ouais, c'est vraiment le plus gros phénomène argentin du moment.
46:54C'est deux artistes qui avaient déjà une existence séparément, ils sont de la bande
46:59de bizarre rap, donc ils avaient fait des sons avec lui, qui avaient eu de l'écho quand même,
47:05et ils se sont mis ensemble, et là ça s'est mis à tout péter, ils ont fait en fait l'émission
47:09Tiny Desk, et ils ont fait 40 millions de vues en très très peu de temps, ce qui est
47:12énorme pour l'émission.
47:13Et là ils sont en première partie mondiale de Kendrick Lamar, et en fait il faut vraiment
47:19voir ça, c'est d'une créativité folle, c'est super drôle, et c'est deux grands…
47:24Paco c'est plus un trappeur, ils viennent de la trappe quoi, et Quatriel et c'est un
47:30grand rappeur, mais il joue de la guitare comme un dieu, on est sur du très très haut niveau.
47:34On ne vit pas un moment aussi assez fou, on n'est pas exactement de la même génération,
47:38mais en tout cas on a connu un moment où la pop-musique c'était globalement une pop
47:42très américaine, c'était ça la pop-musique en fait pour nous quand on vivait dans l'Occident,
47:47j'ai le sentiment qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas, aujourd'hui peut-être la pop-star
47:50numéro 1 ou une des pop-stars numéro 1 c'est Bad Bunny, avec Porto Rico, et on est vraiment
47:55dans ce moment-là où Bornaboy qui vient du Nigeria qui est énorme, la pop est complètement
48:00recomposée et ce n'est plus uniquement une question nord-américaine en fait.
48:03Alors déjà, c'est moins nord-américain, mais surtout les anglais ont perdu la bataille,
48:07quand on était jeunes, c'est les anglais qui nous y donnaient d'une pop souvent de
48:11très bonne qualité et au 21ème siècle ils ont perdu l'affaire, et évidemment Shakira
48:16l'a mis sa petite graine etc, et puis la musique latino-américaine est arrivée à dominer
48:23le monde, ce qu'elle est en train de faire d'une manière assez impressionnante.
48:27Toi, à quel moment tu t'es rapproché en tout cas de cette partie du monde de la
48:32? Alors moi j'ai toujours à l'Argentine, ça fait 20 ans, et j'ai toujours aimé la
48:36musique latino-américaine, mais j'ai toujours aimé le reggaeton original en fait, moi j'adorais
48:44Daddy Yankee et Kijam quand ils étaient ensemble et tout, et je suis un fan et un ami de Residente
48:49qui est le chanteur de la Cayetrice et qui est peut-être l'artiste latin le plus important,
48:54chez lui il y a genre 47 Grammy Awards.
48:57Et Residente aussi il y est pour beaucoup, il a vraiment popularisé cette musique et c'est
49:04vrai que ça fait quand même une vingtaine d'années que j'écoute vraiment les nouveautés
49:10urbaines de là-bas et je me doutais qu'un jour ça allait tout péter.
49:15Ça a été lent par exemple en Argentine, il y a encore 4 ans il y avait à peine de
49:19la trappe et tout, il y avait un petit début, parce qu'il n'y a pas de culture hip-hop,
49:24parce qu'il n'y a plus de descendants afro-américains en Argentine, il y a eu plusieurs génocides
49:29qui font que la culture est venue un peu d'un groupe qui s'appelait Iliacuriaki de Valderramas
49:34qui eux mais étaient fans de Funkadélique, de trucs comme ça, et puis ça s'est mis à
49:38rapper il n'y a pas si longtemps sous l'influence des autres pays, plutôt la Colombie et plutôt
49:42Pertorico qui est très loin mais qui est un peu le phare de toute cette musique en
49:46fait.
49:47J'ai demandé une série, tu m'en donnais une, là encore que je ne connaissais pas, Division
49:53Palermo, qu'est-ce que c'est que ça ?
49:55C'est une espèce de connerie argentine super drôle sur une espèce de brigade de civils
50:00pour un peu pallier à la médiocrité de la police là-bas et il se passe des choses toutes
50:05plus hallucinantes les unes que les autres, c'est typiquement argentin mais c'est deux très
50:10très bons acteurs, c'est sur Netflix, je le conseille.
50:13Qu'est-ce que tu as aimé toi dans le fait de jouer dans une série ? Parce que c'est
50:16à jouer dans la fièvre sur Canal+, j'imagine peut-être pas la même chose, pas le même
50:19exercice que jouer dans un film, est-ce que c'était plus simple, plus compliqué, plus
50:24artisanal, est-ce que tu as vu une différence ?
50:25Non, c'était chaud, c'était très très carré leur truc, les producteurs de
50:30Baron Noir tout ça, plus Canal donc déjà il y avait du matos, il y avait toujours des
50:34grues, des trucs partout et j'ai trouvé que c'était un très grand directeur d'acteur, j'ai adoré
50:40donc je n'ai pas vu une grande différence.
50:42C'est juste au niveau de l'intensité, c'est comme tourner cinq films, c'est vraiment
50:47bon.
50:48Et j'avoue que le moment où on ne sait plus où on en est, on dit non mais là c'est
50:53l'épisode 2.
50:54C'est compliqué de switcher comme ça parce que parfois on tourne par décor en fait,
51:03donc on ne tourne pas dans la chronologie mais c'était génial.
51:06Benjamin, c'est l'heure de la question qui tue.
51:13Car il y a plein de sujets que j'aurais aimé aborder avec toi mais malheureusement
51:18on manque de temps et on n'a pas parlé de foot aujourd'hui.
51:20Donc la question est très simple, Benjamin, Zinedine Zidane ou Diego Maradona ?
51:27Oh la vache, c'est horrible, c'est vraiment horrible.
51:32Ben oui, c'est la question, qui tue ?
51:37On parle de Zizou mais vraiment Diego.
51:39Tu dis Diego ?
51:40Ouais mais moi c'est… ça représente des… franchement Zizou n'est pas loin d'être
51:48aussi emblématique que Diego.
51:50Iconique.
51:51Ouais, franchement c'est… moi je trouve que c'est le français préféré des gens.
51:55J'ai vu aux Jeux Olympiques, c'était incroyable.
51:57Même les athlètes qui le regardaient en… quasiment en transe.
52:02Diego, il y a une dimension sociale, politique qui est un peu plus forte.
52:06Et puis il y a une folie malheureusement…
52:07On parait de mauvais garçons.
52:08Voilà, il y a une folie.
52:09Diego Maradona, s'il n'avait pas pris toutes ces cochonneries et tout,
52:12je pense qu'il aurait gagné trois Coupes du Monde, qu'il aurait gagné plusieurs Ligue des Champions,
52:17qu'il serait toujours de ce monde surtout.
52:19Et puis la base, c'est vraiment… il faut y aller pour voir l'amour qu'ont les argentins
52:24pour ce type qui vient d'un petit ghetto qui s'appelle Vicha Fiorito,
52:31qui même est très typé, très indio, alors que les argentins sont plutôt blancs.
52:35Et je vous dis qu'il y a eu des génocides.
52:37Bien sûr.
52:38Et Diego…
52:39Non, mais il est partout, c'est vraiment… c'est difficile à décrire.
52:43C'est-à-dire qu'ici, on aime énormément Zidane, mais là-bas, c'est sans commune mesure.
52:47Quand on parle de Diego Maradona, c'est autre chose dans le quotidien des Argentins…
52:52Je pense que tu dois pouvoir dire…
52:54Bon, je le prendrais mal si quelqu'un se mettait à tailler Zidane,
52:57mais je ne lui mettrais pas une dosse-tête là-bas, si tu fais l'erreur de dire qu'on est sur Diego.
53:01Mais courage, déverses-toi derrière, quoi.
53:04Mais si, par exemple, c'est Zidane en moins… c'est un peu comme Zizou en 98.
53:12Ok.
53:13Mais si, là-bas.
53:14Mais Diego, c'est…
53:15C'est autre chose.
53:16Ah ouais.
53:17Bon.
53:18Benjamin, c'était un plaisir de t'avoir aujourd'hui.
53:20Non, pas vraiment.
53:21Vraiment.
53:22On rappelle donc que l'album Le Disque Bleu est disponible.
53:24Allez l'écouter, c'est le 11e album de Benjamin Buellet.
53:26Et il y a encore des nouvelles choses, il y a encore de la réinvention sur cet album-là.
53:31Donc vraiment, j'encourage tout le monde à aller l'écouter.
53:33Merci beaucoup, en tout cas merci pour ton temps et ta générosité.
53:35Merci aux personnes qui ont préparé cette émission.
53:37Alexia Lacour et Redouane Tella, une émission réalisée par Gaëtan Colli.
53:40La programmation musicale est signée Jean-Baptiste Odibert et La Technique.
53:43Ce soir, c'était Tilaï Razu et Nicolas Delmas.
53:46Merci aux équipes web et vidéo.
53:47Nous, on se retrouve lundi.
53:48Je vous souhaite un excellent week-end.
53:50Pour découvrir ou redécouvrir nos émissions,
53:52abonnez-vous sur l'application Radio France.
53:54Merci.
53:55Merci.
53:56Merci.
53:57Merci.
53:58Merci.
53:59Merci.
54:29Merci.
54:59Merci.
55:00Merci.
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