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  • il y a 2 jours

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Transcription
00:00Quand je lui ai dit « Écoutez-moi, je vais faire le signalement pour vous
00:03parce que je pense que vous êtes en danger, vous et votre fille. »
00:06Et qu'elle m'a dit « Il m'a volé ma vie et vous me volez ma mort. »
00:09Parce que cette personne était tellement persuadée
00:11que personne ne pourrait l'aider, personne ne pourrait l'écouter.
00:14En quelque sorte, elle avait programmé,
00:16c'était la prochaine personne qui allait décéder sous les coups.
00:19Elle avait prévu pour son enfant où il allait aller.
00:21Et là, je lui volais la seule chose qui lui avait permis d'être construite.
00:25Mais maintenant, elle va bien cette personne.
00:26La médecine égale, c'est quelque chose qui reste pour moi,
00:30avant tout, quelque chose de très humain.
00:32On va parler pour celles qui ne peuvent plus parler,
00:34pour celles qui n'osent pas parler quand elles sont vivantes et qu'elles ont peur.
00:37J'ai été moi-même victime de violences beaucoup plus tard dans ma carrière,
00:41de harcèlement moral.
00:42Ces violences-là ont réveillé un *** que j'avais vécu quand j'étais enfant.
00:47Ça a été un tel traumatisme que je n'ai pas pu en parler.
00:50Ce *** avait été refoulé très très loin dans ma mémoire.
00:53Mais à la fois, quand je vois mon adolescent,
00:55j'ai fait souffrir en quelque sorte mon corps à travers des périodes où je mangeais beaucoup,
00:58puis après des grandes périodes d'anorexie notamment,
01:01le corps parle pour nous quand on n'a pas les mots pour le dire.
01:05Le médecin légiste s'occupe et du vivant et du mort.
01:08On a un rôle à la fois de prise en charge à l'instant T,
01:13mais aussi je pense qu'on a un rôle de prévention.
01:15Quand on prend en charge aussi bien une victime vivante que décédée,
01:19on se doit d'une rigueur écouter, regarder,
01:22laisser le temps aux victimes de nous parler quand elles sont vivantes.
01:25Et quand elles ne sont plus là, on se doit pour la personne qui est décédée de tout analyser.
01:29S'il y a 30 plaies, on va devoir examiner les 30 plaies.
01:33Quand on sait que par exemple, cette femme, elle a été déposée plainte quelques temps auparavant
01:37et que la plainte a été transformée en une main courante,
01:40qu'effectivement on ne l'a pas écoutée.
01:42On a de la révolte contre l'ensemble du système.
01:45Aux Antilles, j'ai eu la chance de pouvoir mettre en place une procédure
01:49de signalement des violences faites aux femmes.
01:52On a relevé neuf critères et quand on a trois critères sur neuf,
01:57on fait un signalement directement au procureur.
02:00Alors ça ne veut pas dire qu'on ne s'occupe pas des autres personnes
02:02qui sont victimes de violences conjugales.
02:04Ça veut dire que le jour même, on se dit que cette personne est vraiment en situation de danger.
02:09On s'assurait que la personne ne rentre pas chez elle
02:12tant que l'auteur des faits n'avait pas été appréhendé.
02:17On avait des nuits d'hôtel ou des logements chez l'habitant.
02:21Cette procédure, elle nous avait permis quand même de passer de 17% à très vite 0%
02:27d'homicide conjugaux sur une période de trois ans.
02:30Mais elle passait effectivement par des équipes qui étaient formées,
02:34par un parquet qui était hyper actif.
02:36A l'heure actuelle, les plans ministériels se succèdent.
02:39Depuis 2020-2021, on a à nouveau des procédures de signalement qui sont mises en place.
02:44Mais les chiffres d'homicide conjugaux ne font que croître.
02:47Donc on peut se poser la question pourquoi.
02:48Et moi, la question, ce n'est pas que les gens ne veulent pas,
02:50mais je pense que ça doit passer par une question de formation, de réactivité.
02:54Si on signale, on se doit donner les moyens que tout fonctionne derrière.
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