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  • il y a 3 jours
Comment François Hollande, élu président de la République en 2012, qui n'a jamais été ministre auparavant, et donc peu expérimenté en relations internationales, a-t-il affronté les grandes questions de politique étrangère en devenant chef d'État ? À la tête d'un pays comme la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et puissance nucléaire, a-t-il été à la hauteur des enjeux de ce qu'on appelle la diplomatie présidentielle ?
L'apprentissage se fera au pas de charge, initié par ses proches collaborateurs tels que Jacques Audibert, son sherpa, ou Laurent Stefanini, chef du protocole en général, compte tenu des crises majeures qui vont s'enchaîner durant son mandat.

Pour la première fois, un président de la République accepte de raconter les dessous des cartes, ses relations personnelles avec ses homologues : Barack Obama, Donald Trump, Vladimir Poutine, Angela Merkel ou encore Benjamin Netanyahou. Il confie ses doutes, ses difficultés en situation de tensions, les réflexions qui l'ont conduit à des décisions stratégiques pour l'avenir du pays, telles que la guerre au Mali, les frappes sur la Syrie, le bras de fer et les négociations avec Moscou après l'invasion de la Crimée et, bien-sûr, la grande mobilisation internationale au lendemain des attentats de janvier 2015.

Ce film est une plongée dans les coulisses des événements internationaux du quinquennat 2012- 2017 qui, pour beaucoup, sont à l'origine des crises qui secouent le monde aujourd'hui. Riche d'archives et de témoignages des hommes et femmes de l'ombre de l'Élysée, il montre ce qu'est réellement le métier de président de la République, celui de diplomate de haut vol.

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Transcription
00:00...
00:00Quand François Hollande accède à l'Elysée en mai 2012,
00:12c'est un débutant en diplomatie qui plonge dans le bain des grands de ce monde.
00:16Je n'avais pas été ministre avant de devenir président.
00:26...
00:26A peine élu, le novice a dû prendre la décision la plus difficile pour un président, déclencher une guerre.
00:33Être président, c'est côtoyer la mort, c'est décider de la vie ou de la mort.
00:37Pour la première fois, François Hollande révèle les coulisses des sommets planétaires,
00:41les têtes à tête et les négociations parfois musclées avec ses homologues.
00:45J'ai compris dès cet instant-là ce qu'avait à l'esprit Vladimir Poutine et qu'il a pu ensuite développer.
00:52Ce film raconte les coulisses d'un quinquennat diplomatique riche d'enseignements sur les crises actuelles.
01:03Le 6 mai 2012, François Hollande est élu président de la République.
01:07Avant même d'entrer en fonction, il n'a que quelques jours pour se préparer à un agenda international infernal.
01:13La première réunion que j'ai avec François Hollande, c'est dans son local de campagne, c'était avenue de Ségur.
01:19Et on passe l'après-midi ensemble.
01:21Donc je lui explique qu'on avait la semaine d'après juste une bilatérale avec Obama,
01:27un sommet de l'OTAN et une réunion fondamentale de négociation avec les Iraniens.
01:32Et il arrivait, lui.
01:33Donc je lui ai tout expliqué, y compris comment ça marche une réunion de l'OTAN.
01:37« Où est-ce que vous serez assis ? Pourquoi c'est Obama qui va parler en premier ? Et comment faire ? »
01:43Le 15 mai, le président élu s'installe à l'Élysée.
01:46Il est pris instantanément dans un tourbillon.
01:49Il est en fait aspiré tout de suite par les crises internationales et par les responsabilités de la France.
01:55Il doit aller à la G de l'ONU à New York.
01:58Il doit voter des résolutions au Conseil de sécurité de l'ONU.
02:02Il doit s'exprimer sur absolument toutes les grandes crises internationales.
02:08Il reçoit quotidiennement des coups de téléphone des grands pays.
02:13Le président découvre que 80% de son travail sera consacré à la diplomatie
02:18et qu'il devra parcourir en moyenne 150 000 kilomètres par an.
02:22Donc c'est vrai que l'emploi du temps international vient à un moment submerger le chef de l'État,
02:29alors même qu'il n'a pas de possibilité d'intervenir sur le champ de la politique intérieure.
02:34En réalité, le président aussitôt élu voyage, disparaît presque.
02:40Il disparaît de la scène politique intérieure.
02:44Au premier jour de son mandat, le président Hollande a choisi de célébrer le couple franco-allemand en se rendant à Berlin.
02:50La visite prend des allures de séance d'apprentissage.
02:52On sent qu'il n'est pas très à l'aise, il y a un passage en revue de la troupe avec la chancelière.
03:00Et effectivement, il se trompe un peu, il fait un pas de côté, il n'avance pas quand il doit avancer.
03:06C'est simplement Mme Merkel qui a voulu en quelque sorte, je dirais d'une certaine façon, en rajouter.
03:15François Hollande interprète à sa manière ses débuts balbutiants.
03:18En réalité, il ne se passe rien.
03:22Nous marchons sur un tapis rouge devant des militaires qui sont là, en bas de la chancellerie.
03:28Je suis dans ma première visite, elle me guide.
03:31Et heureusement qu'elle me guide.
03:33Elle ne me guide pas pour ma politique, elle me guide pour accéder à la chancellerie.
03:39Cette journée restera synonyme de couac, comme l'explique le chef du protocole de l'Élysée.
03:43Nous avons eu tort de trop charger la journée de son installation comme président de la République.
03:52Parce que nous avons eu à la fois de l'appui, de la grêle, ce qui a obligé le président de la République plusieurs fois à se changer.
03:59Nous nous sommes retrouvés à être très en retard.
04:02Donc, nous aurions dû, au fond, remettre ce premier déplacement au lendemain matin ou au lendemain après-midi.
04:10Dès ce premier voyage, le président subit le déchaînement des éléments.
04:14La foudre s'abat sur l'avion présidentiel.
04:21Falcon, ce n'est pas énorme, ce n'est pas un énorme appareil frappé par la foudre avec une espèce de boule de feu qui tourne autour.
04:27Et François Hollande, visiblement, reste assez impavide, impassible, assez tranquille.
04:33Donc, je dis aux pilotes de l'avion présidentiel, nous avons été touchés par la foudre, l'avion me paraît fonctionner, continuons notre route.
04:45Il me dit, vous savez, sur le sol, vous êtes le président, je vous obéirai toujours.
04:52Mais ici, dans l'avion, c'est moi qui décide si on continue ou si on revient.
04:57Et monsieur le président, nous allons revenir.
04:59Quand ce n'est pas la foudre, c'est la pluie qui s'en mêle.
05:02Ce sera le cas pendant toute la première moitié de son quinquennat.
05:05Il y avait eu une formule de Lyoté, je demanderai à la vérifier, selon laquelle gouverner, c'était pleuvoir.
05:16De ce point de vue-là, nous réussissons au-delà de toutes nos espérances.
05:19C'est vrai qu'aujourd'hui encore, quand on illustre la politique étrangère de François Hollande, il y a toujours une photo avec ses lunettes complètement embuées et pleines de pluie.
05:31François Hollande a toujours eu un petit défaut d'incarnation physique, je dirais, à cette histoire de cravate.
05:40Il y a souvent une coupe de cheveux qui part un peu dans le vent.
05:45Il y a ce fameux discours à l'île de Saint pour la France libre, où il est sous la pluie, complètement trempé.
05:52La posture de président normal qui a servi François Hollande durant sa campagne pose désormais un problème.
06:01Evelyne Richard est en charge de la presse dans les déplacements présidentiels depuis 1969.
06:08François Hollande, en arrivant à l'Élysée, a dit qu'il voulait être le président normal.
06:13Donc il était facile d'accès, très vite, il a été repris par les questions cérémoniales de sécurité, de protocole,
06:26qui empêchent de faire tout à fait ce qu'il souhaitait.
06:31Au début, il rentrait habiter chez lui le soir, il allait acheter son pain à la boulangerie.
06:37Ça n'a duré qu'un temps.
06:38Evelyne Richard ne déroge pas au Code élyséen, surtout lorsqu'il s'agit de protéger le président.
06:45Les journalistes qui suivaient la campagne présidentielle,
06:48qui avaient l'habitude d'être proches du candidat, de le tutoyer,
06:52et tout à coup, il est président de la République,
06:56et ils sont un peu tenus à distance, alors ils ont un peu de mal à comprendre ça.
07:01Dans l'avion qui le conduit à Camp David pour le G8, moins de deux jours après son investiture,
07:06un débat inattendu s'impose.
07:10Le président Obama voulait donner un côté de détente.
07:14Il voulait créer une atmosphère particulièrement, je dirais, familiale en quelque sorte,
07:21ou amicale à ce sommet.
07:23On avait dit que tu pouvais enlever la cravate.
07:25C'est pour ma presse ?
07:29Pour ta presse, il faut que tu présentes bien.
07:32Moi, je n'aime pas beaucoup les codes où on fait comme si on était des amis.
07:41Je suis le président de la République française.
07:44Je suis invité par Barack Obama.
07:46Il y a d'autres chefs d'État qui sont là, chefs de gouvernement.
07:49Mais on n'est pas des amis.
07:50Pas encore.
07:52Donc l'idée, on va passer un moment de détente pour discuter des grandes affaires du monde,
07:58m'a paru un peu étrange.
08:00Il considérait qu'il devait être habillé en président de la République.
08:04Un président de la République, par une chemise blanche, un costume sombre et une cravate sombre.
08:12On me demande d'enlever ma cravate.
08:14J'y consens.
08:15Mais pour moi, c'est important, la tenue vestimentaire.
08:20Parce que ça fait partie, non pas du protocole, mais du respect qu'on doit aux fonctions.
08:27Pour le nouveau président français, le temps de l'apprentissage est terminé.
08:31Il parle désormais d'égal à égal avec les grands de ce monde, des crises qui menacent la planète.
08:36Après avoir rencontré Barack Obama, il reçoit Vladimir Poutine le 1er juin 2012 à l'Élysée.
08:42Lors de ce face-à-face, le président russe affiche déjà la couleur sur l'Ukraine.
08:46Il veut apparaître comme le reprendant d'un pays qui a été humilié, qui est agressé, qui est mis en suspicion.
08:55Et il me demande, ce qui est assez étrange, une feuille de papier.
09:00L'huissier de la présidence de la République m'apporte du papier, un crayon, et il me met les missiles qui sont en Europe.
09:07Il me dit, vous voyez, ces missiles-là, finalement, leur portée, donc leur cible, c'est la Russie.
09:17Il voulait, à travers cet argument de communication, car tout est communication, c'est de dire, vous voyez, je suis de bonne foi.
09:26Ce n'est pas moi qui me menace, c'est vous qui me menace.
09:29C'est exactement l'argument qu'il utilise, contre toute raison objective, par rapport à l'Ukraine, en disant, ce n'est pas moi qui ai envahi l'Ukraine,
09:38c'est vous qui, en armant l'Ukraine, m'avez menacé, justifiant que je puisse intervenir.
09:44Voilà ce que j'ai compris de cet incident.
09:47La tension est-elle ce jour-là que le président français avoue aujourd'hui avoir pensé à une scène improbable ?
09:54C'était quelques moments où Poutine a créé un incident, un énervement, et est parti sur un monologue assez long,
10:04et des mensonges répétés, et une forme de pression.
10:08Mais je n'ai pas connu un événement qui aurait justifié que je me mette moi-même dans cette disposition d'esprit,
10:15et qu'on ait une forme d'affrontement physique.
10:18Je ne m'y serais pas d'ailleurs frotté, car Vladimir Poutine joue beaucoup sur son côté,
10:23ou jouait beaucoup sur son côté d'entraînement presque commando.
10:28Au-delà de l'anecdote, François Hollande comprend que Poutine n'éprouvera aucun scrupule à plonger l'Europe dans la tourmente.
10:35Traditionnellement, quand les présidents arrivent à l'Elysée, c'est d'ailleurs aussi vrai aux États-Unis,
10:41ils commencent par faire ce qu'on appelle un reset, c'est-à-dire un redémarrage des relations,
10:45et a essayé de s'entendre bien avec Vladimir Poutine,
10:49a essayé de le ménager pour essayer de résoudre les crises de manière diplomatique et pacifique.
10:56Régulièrement, sa foire, il se heurte à l'intransigeance du Kremlin et à ses objectifs maximalistes,
11:02et c'est à ce moment-là que, dans un deuxième temps, les présidents français durcissent le ton vis-à-vis du Kremlin.
11:10Les relations entre la France et la Russie sont chaleureuses aujourd'hui.
11:15Approchez, vous allez sentir la chaleur.
11:18Pour la chaleur, vous jugerez vous-même, vous prendrez la température régulièrement de nos relations.
11:24François Hollande a très vite compris, très vite cerné son interlocuteur.
11:27Et il le dit d'ailleurs, Vladimir Poutine est un menteur, il ne cesse de mentir,
11:32il ne faut faire aucune confiance à Vladimir Poutine, il ne comprend que le rapport de force.
11:37A posteriori, il critiquera d'ailleurs les tentatives vaines d'Emmanuel Macron de séduire et d'éblouir le président russe.
11:44Souvenez-vous, Macron l'a invité à Versailles, a sorti le tapis rouge, a mis des petits plats dans les grands pour essayer de l'impressionner,
11:51mais ça n'a pas du tout fonctionné alors que François Hollande, lui, est resté dans le rapport de force.
11:57À côté du costume du diplomate, le président a toujours à disposition le treillis du chef des armées.
12:03Neuf mois seulement après son accession au pouvoir, le voilà face au choix le plus difficile pour un chef d'État, entrer en guerre.
12:09La France, à la demande du président du Mali et dans le respect de la charte des Nations Unies, s'est engagée hier pour appuyer l'armée malienne face à l'agression terroriste qui menace toute l'Afrique de l'Ouest.
12:31Pourquoi et comment a-t-il engagé les forces françaises au Mali ?
12:37Face à nos caméras, François Hollande détaille sa prise de décision.
12:41Pour nous, il était important d'aider les autorités maliennes à éviter d'être submergées par le djihadisme.
12:50Mais nous étions plutôt dans une attitude de soutien et en aucune façon d'intervention.
12:56À un moment, nous apprenons, par des sources multiples, que des colonnes de terroristes vont vers la capitale malienne Bamako.
13:08Et que nous sommes alertés par le président, par intérim, mais le président malien, que si nous ne réagissons pas immédiatement,
13:16il ne pourra pas assurer la défense suffisante de sa capitale et du reste du Mali.
13:22Ça ne suffit pas pour déterminer ma décision.
13:26Les autres pays africains, voisins, disent « Mais si vous ne venez pas, nous ne pourrons pas nous-mêmes soutenir le Mali. »
13:34Il faut prendre à ce moment-là nos responsabilités dans un délai très court.
13:39Parce que 24h, 48h, c'est trop tard.
13:44Lui qui était, en tant qu'ancien secrétaire général du Parti Socialiste, plutôt axé sur la synthèse, passer des semaines et des mois pour essayer d'obtenir un consensus.
13:56Et donc le processus de décision chez lui était très long.
13:58D'un seul coup, quand il s'installe à l'Elysée et qu'il comprend en fait toutes les possibilités que donne la Vème République de par sa constitution à un président de la République,
14:10il s'empare de la chose internationale.
14:13Et là, il devient beaucoup plus rapide.
14:14C'est-à-dire qu'il démontre une capacité d'action et de décision qu'on ne lui connaissait pas.
14:20L'opération Serval est un succès total.
14:24En quelques semaines, des soldats français repoussent les assaillons.
14:27En visite à Tombouctou, François Hollande découvre un territoire dévasté par les djihadistes.
14:33Tout Tombouctou a été occupé, avant que ce ne soit libéré, par des terroristes qui avaient détruit même des mausolées,
14:39des lieux religieux qui avaient détruit des manuscrits,
14:42qui avaient imposé aux femmes des rigueurs abominables
14:46et qui avaient tué tous ceux qui résistaient.
14:52À Bamako, emporté par la joie des Maliens, il prononce la phrase la plus marquante de son quinquennat.
14:57Je veux ici vous dire que je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique.
15:09J'arrive dans ce lieu-là et je vois des milliers de personnes qui sont là rassemblées.
15:15Contre toute règle de sécurité, je vais vers ces personnes-là qui acclament la France.
15:23C'est très émouvant.
15:24Une femme s'était entourée du drapeau français, s'était vêtue du drapeau français et criait « Vive la France ! ».
15:32Et c'est la raison pour laquelle j'ai eu cette phrase sur le plus beau jour de ma vie politique,
15:37parce que c'était un hommage non pas à moi-même, mais à la France.
15:41C'est François Hollande avec la pluie sur ses lunettes en train de dire « je suis un président normal »
15:48qui d'un seul coup est le chef de guerre à Tombouctou en disant « c'est le plus beau jour de ma vie ».
15:53Il n'avait jamais vécu ça.
15:55En fait, il n'a jamais ressenti une émotion pareille dans les congrès du Parti Socialiste.
15:59C'est absolument évident.
16:01Le général de brigade Jean-Bernard Pinatel, expert en affaires africaines, diverge du récit présidentiel.
16:07D'abord, il faut savoir, c'est qu'il en était un peu responsable de ce qui s'est passé.
16:16Parce que, rappelez-vous, c'était en 2012, à ce moment-là, il y a le CFAO, qui est la communauté des États d'Afrique de l'Ouest,
16:25qui décide d'envoyer des forces pour essayer de reprendre le Nord-Mali.
16:30D'ailleurs, moi-même, j'écris à ce moment-là qu'ils n'y arriveront pas.
16:34Et Hollande va à l'ONU, et à l'ONU, il dit « la France n'interviendra pas au malice, sinon d'une façon logistique et d'instruction des forces mises en place par le CFAO ».
16:48Et ça, c'est le feu vert pour Akhmi et le Mujaho, qui sont les deux forces islamistes,
16:53qui disent « il y a un feu vert et on va se payer Bamako ».
16:59Le général Pinatel salue cependant la performance militaire.
17:02Ils ont repris toute cette partie-là en moins de trois mois, en menant des opérations de largage de parachutistes, etc.,
17:12à tel point que cette opération Serval est aujourd'hui enseignée à West Point, et sont reconnues par les Américains.
17:19Moi, j'ai regretté de ne pas être au premier CP, de ne pas sauter avec ma compagnie du premier CP à Toumouctou.
17:28Alors que l'opération Serval se termine au Mali, la situation devient dramatique en Syrie.
17:37La ligne rouge est franchie par Bachar el-Assad le 21 août 2013.
17:53Nous apprenons de sources sûres qu'il y a eu, de la part de Bachar el-Assad, l'utilisation d'armes chimiques en Syrie.
18:04Nous en avons les preuves et nous savons que la population civile a été frappée par ces armes de destruction massive.
18:12Je conviens donc avec le Premier ministre britannique, David Cameron, et Barack Obama,
18:20une opération qui pourrait marquer notre désaccord, sûrement, mais notre répression à l'égard de ce régime.
18:31Alors que l'opération est sur le point d'être déclenchée, coup de théâtre à Londres.
18:35Le gouvernement britannique est mis en minorité par le Parlement.
18:38David Cameron ne peut plus frapper la Syrie.
18:40J'ai donc un échange téléphonique avec le président américain,
18:46et qui me dit bien sûr que l'opération aura lieu,
18:49mais compte tenu de ce qui vient de se passer au Royaume-Uni,
18:52j'estime qu'il est préférable de la suspendre et de consulter le Congrès américain.
18:59Je lui réponds que je peux comprendre cette démarche,
19:03mais que ça veut dire que l'opération n'aura jamais lieu.
19:05Parce qu'on ne peut pas renvoyer à plusieurs semaines une action comme celle-là face à un régime qui peut s'y préparer.
19:15Ce qui doit être l'efficacité de cette manœuvre, c'est sa soudaineté, sa brutalité et son imprévisibilité.
19:24C'est une trahison, la première en fait, de la part d'un allié américain.
19:30Ça a été un traumatisme, c'est-à-dire que François Hollande est absolument persuadé
19:34que ce moment dans l'histoire a été très lourd de conséquences pour l'avenir.
19:42Une chose semble évidente depuis les crises maliennes et syriennes,
19:45François Hollande ne craint pas le fracas des armes.
19:48Pour autant, doit-il être considéré comme un passionné de la chose militaire à l'instar d'un Jacques Chirac ?
19:53Il est bien certain que François Hollande n'a jamais eu de mépris pour les militaires.
19:59Parce que c'était un homme quand même, si vous voulez, qui venait d'une région,
20:03qui était un homme de terrain, qui a été un élu local, etc.
20:07Donc qui connaissait les militaires.
20:09Il n'était pas comme Macron, par exemple,
20:11qui lui a toujours exprimé le mépris du banquier par rapport aux gens d'épée.
20:17Et être un chef de parti, je l'ai été longtemps.
20:21Ne vous conduis pas à être un chef de guerre, au sens où nous l'entendons.
20:24Ça ne veut pas dire qu'un chef de parti ne voyage pas, ne s'informe pas,
20:29ne rencontre pas des militaires.
20:31Moi-même, j'ai été très longtemps rapporteur à l'Assemblée nationale du budget de la défense.
20:35Donc j'étais, d'une certaine vue, général très informé.
20:38Mais ce n'est pas la même chose.
20:40Et c'est ça qu'il faut comprendre dans la démocratie.
20:42Pas passionné de la chose militaire, donc, mais conscient de la puissance de feu de la France.
20:48Un président de la République sait que la force de dissuasion,
20:55puisqu'il est chef des armées,
20:57fait partie de la prérogative exceptionnelle qui est la sienne.
21:04Donc il n'a pas besoin d'aller au bunker, au PC Jupiter, pour s'en convaincre.
21:11Il sait que ça sera, finalement, un élément,
21:16même si nous savons que les forces nucléaires ne sont pas faites pour être utilisées,
21:19mais un élément de son prestige international,
21:24de son statut international,
21:27de son rôle majeur en matière de protection de notre pays.
21:32Guerre en Syrie, conflit russo-ukrainien,
21:37les crises de ce début de XXIe siècle trouvent leurs origines dans ces événements.
21:42Le 28 février 2014, les troupes russes envahissent la Crimée.
21:47Le 5 juin, à la veille des commémorations du 70e anniversaire du débarquement en Normandie,
21:52François Hollande initie une médiation inspirée de ce qu'on appelle la diplomatie de la fourchette.
21:57Alors la définition, pour moi, de ce qu'on pourrait définir comme la diplomatie de la fourchette,
22:02la diplomatie culinaire, la gastrono-diplomatie,
22:05peu importe comment est-ce qu'on va l'appeler,
22:06c'est, en bon français, les services de soft power,
22:11l'influence que l'on peut avoir, diplomatie douce, par la table.
22:16C'est-à-dire que s'il y a une hégémonie dans le monde qu'on ne vient pas nous discuter,
22:20c'est la gastronomie.
22:21Et toutes celles et ceux qui viennent en France,
22:22que ce soit nos touristes, que ce soit les chefs d'État, les chefs de gouvernement,
22:25les hommes d'affaires qui viennent en France,
22:28savent qu'il va se passer quelque chose,
22:30il y aura un moment autour de la table.
22:33Le président français innove en organisant deux dîners dans la même soirée.
22:37Le premier avec Barack Obama dans un restaurant parisien,
22:40le second un peu plus tard à l'Élysée avec Vladimir Poutine.
22:45Le président de la République me demande où est-ce qu'on pourrait aller,
22:48qu'est-ce qu'on pourrait faire.
22:49Nous avions des demandes des Américains, les Champs-Élysées,
22:52parce que voilà, c'est pour les chefs d'État américains,
22:55lorsqu'ils disent, sûrement dans les médias américains,
22:58le président a mangé sur les Champs-Élysées, aux Champs-Élysées, ainsi de suite.
23:01Et donc je parle du restaurant de Guy Savoie, en effet le restaurant Chiberta,
23:04et il est décidé qu'il y aura un dîner très tôt, à 19h, au Chiberta,
23:08et un dîner à 21h, 21h30, un peu plus tardif, au Palais de l'Élysée.
23:12On a les amuse-bouches pour accueillir, une entrée, un plat, un dessert,
23:19j'ai fait sauter le fromage, puisqu'on a un deuxième dîner à suivre.
23:23Et Nouvela partie sur la séquence, très timée, très rythmée,
23:26puisqu'il n'est pas question bien sûr d'arriver en retard au deuxième dîner,
23:29et on envoie avec les équipes de Guy Savoie le dîner pour le président Obama,
23:33et au moment où on va pour servir le dessert,
23:37le président s'étonne auprès de l'intendant qu'il n'y a pas de fromage.
23:40L'intendant lui explique, monsieur le président, comme vous avez un deuxième dîner,
23:43on s'était dit peut-être, non, non, servez du fromage, la France c'est le fromage,
23:48donc on serve du fromage au Chiberta.
23:52François Hollande insiste pour une raison politique, le message est dans le fromage.
23:58Nous avions en plus des querelles commerciales,
24:00et donc j'avais fait en sorte qu'il soit servi du fromage,
24:02ce qui pour lui était presque un interdit,
24:05compte tenu de ce qui sont les règles aux Etats-Unis ou des protections.
24:10Lors du deuxième dîner avec son homologue russe,
24:13François Hollande voudra encore du fromage.
24:15De tous les présidents de la Vème République,
24:17il restera celui qui a le plus défendu la diplomatie de la fourchette.
24:22Gourmet, gourmand, gastronome, bon vivant,
24:24on m'a assez fait les reproches que François Hollande avait repris du poids pendant son mandat.
24:29Pas lui, lui ne m'en a jamais fait grief ni reproche.
24:32Parce qu'à un moment, on se parle quand même plus directement.
24:35C'est pour ça que c'est forme de discussion.
24:40J'en ai eu plusieurs avec Vladimir Poutine.
24:43Il aimait bien ce type de rencontre, apparemment plus décontracté,
24:47où on se dit des choses,
24:48où il peut se lâcher,
24:50montrer ce que je dis souvent,
24:53le chaud et le froid,
24:54ou le brûlant et le glacial.
24:56Il sait jouer de ça.
24:57Et nous aussi, il faut qu'on sache jouer de ces moments,
25:00non pas d'intimité,
25:01mais de relative proximité,
25:03pour dire ce que nous avons à dire,
25:05dans un cadre diplomatique moins engoncé, moins protocolaire.
25:11Derrière une façade conviviale,
25:13ce double dîner s'avère machiavélique.
25:15Il va accoucher d'un cadre de négociation
25:17dans les coulisses des cérémonies du débarquement
25:20baptisé Format de Normandie.
25:23Jacques Odiber en est l'un des artisans.
25:25L'idée, c'est que François Hollande
25:28et Mme Merkel, ensemble,
25:32proposent à Poutine et à Poroshenko
25:34de se réunir.
25:36C'est une idée qu'on a eue
25:37avec mon collègue allemand,
25:39Christophe Heusgen.
25:40On est allé tout de suite en parler
25:42au président et à la chancelière.
25:44Tout le monde était en train de s'ennuyer
25:45en marge d'un conseil européen,
25:46comme d'habitude.
25:47Et donc, on leur a dit,
25:48voilà, on vous propose d'essayer ça.
25:50À travers cet événement,
25:52il paraît clair que la diplomatie présidentielle
25:54s'apparente parfois à une mécanique de précision.
25:57Si on invite Poutine,
25:59il faut inviter le président ukrainien.
26:02Et c'est ce qui gêne Poutine,
26:04puisqu'il sait que s'il vient en Normandie,
26:09certes, il réintègre le camp,
26:11j'allais dire,
26:13de tous les vainqueurs
26:15de la Seconde Guerre mondiale,
26:17et il redevient un personnage
26:18parmi d'autres,
26:20mais un des personnages du monde.
26:23Mais s'il vient,
26:24il est obligé de serrer la main
26:27au président dont il refuse
26:28et dont il récuse la légitimité.
26:31Néanmoins, il vient.
26:33Alors là, après,
26:33on rentre dans ce que la diplomatie
26:35peut offrir de mieux,
26:36c'est-à-dire,
26:37comment faire pour qu'il y ait une rencontre,
26:40comment faire pour qu'il y ait une photo,
26:42comment faire pour que quelque chose s'engage.
26:47Moi, je suis allé accueillir Poutine,
26:48qui est arrivé,
26:49je lui ai demandé
26:50est-ce que vous voulez bien rencontrer
26:51le président Poroshenko ?
26:52Il a dit oui.
26:53Donc, on monte à l'étage,
26:54on organise cette rencontre
26:56et ça devient un succès.
26:57Et surtout, on crée ce format
26:59qui a duré pendant des années,
27:01puisqu'il a suscité l'accord de Minsk,
27:05où on a essayé de fixer
27:06des objectifs pour la paix
27:08et il a été même repris
27:10par le président Macron
27:11avant d'être interrompu
27:12par l'attitude des Russes.
27:14Nous confirmons
27:15que la France, l'Allemagne,
27:17la Russie et l'Ukraine
27:18restons déterminés
27:20à poursuivre notre action
27:22dans ce format,
27:23le format Normandie,
27:24et à tout faire
27:25pour que les engagements pris
27:26soient tenus
27:27et que la crise,
27:28enfin, puisse être réglée.
27:30Le format Normandie,
27:31c'était très difficile
27:32à faire accepter aux États-Unis,
27:35puisqu'ils étaient écartés
27:36de ce processus.
27:37Mais ils n'en étaient pas
27:39forcément fâchés,
27:40parce qu'ils pouvaient se dire
27:41que c'est une affaire d'Européens,
27:44c'est sur le continent européen.
27:46Pourquoi il fallait négocier ?
27:48Parce qu'il fallait donner à l'Ukraine
27:49le temps de s'organiser.
27:51Vous voyez, pendant ces cinq
27:52ou six années de négociations,
27:54moi, je pense que l'Ukraine
27:55a acquis la capacité
27:57à résister à l'armée russe,
27:59dont elle a fait la preuve
28:01lorsque les Russes
28:02ont finalement attaqué l'Ukraine.
28:03Quand François Hollande
28:05n'est pas en mission de médiation
28:07pour la paix en Europe,
28:08il vend les produits français
28:09à l'international.
28:11Comme au Kazakhstan,
28:11où il se rend en décembre 2014,
28:14il reçoit d'ailleurs
28:15un cadeau du président Nazarbayev
28:16qui fait couler beaucoup d'encre,
28:18un imposant manteau
28:19de fourrure et une chapka.
28:21La photo suscite des moqueries
28:22dans nombre de chancelleries.
28:24Le président du Kazakhstan
28:27me dit, voilà,
28:28ça me ferait très plaisir,
28:30on est dans son bureau,
28:31il montre les tenues traditionnelles,
28:33la chapka, le manteau.
28:35Il me dit, ça me ferait très plaisir
28:36que vous puissiez revêtir
28:38la chapka et le manteau.
28:42Je lui dis, monsieur le président,
28:44c'est difficile de dire,
28:45écoutez, non, je ferai ça plus tard,
28:48j'ai beaucoup d'amitié pour vous,
28:49mais je ne vais pas me déguiser.
28:50On ne peut pas dire ça.
28:51Donc, je lui dis, écoutez,
28:53il n'y a aucun souci,
28:54je vais vous faire plaisir
28:55puisque vous me l'offrez.
28:57Et il y a un photographe
28:58qui me dit, mais vous n'en faites pas,
29:00me dit le président du Kazakhstan.
29:02Vous n'en faites pas,
29:03la photo, c'est entre nous,
29:04c'est bon.
29:05Et puis, ils n'ont pas résisté,
29:07ils l'ont mise sur les réseaux sociaux
29:08et c'est vrai qu'on a une tenue
29:10qui fait sourire.
29:11Comme aurait dit le président Chirac,
29:14ça n'est pas convenable.
29:17Cette remise de chapka
29:18s'est faite au cours de l'échange
29:21de cadeaux entre chefs d'État
29:23qui se fait couramment
29:24dans les visites d'État.
29:26Et c'est une cérémonie
29:27qui se passe en dehors de la presse,
29:31uniquement en présence
29:32des photographes personnels,
29:34des photographes officiels
29:35qui travaillent pour les archives
29:37et dont les photos
29:38n'ont pas à être publiées.
29:40Cette tempête médiatique renvoie
29:44à l'arrière-plan
29:44l'importance réelle de ce déplacement.
29:47Le Kazakhstan est un pays producteur de gaz
29:49avec un fort potentiel de business
29:51et donc de contrats
29:52qui intéressent beaucoup
29:53les chefs d'entreprise
29:54présents dans ce voyage.
29:56Éric Ghebali,
29:57un ami du chef de l'État,
29:59est présent en qualité
30:00de dirigeant d'un grand groupe.
30:01Hollande a complètement joué le jeu,
30:05effectivement,
30:07à sa façon.
30:08Il réussit toujours les entreprises
30:09durant les visites
30:12pour savoir
30:13quelles étaient les attentes,
30:14comment ils pouvaient aider,
30:15comment ils pouvaient pousser
30:16et s'impliquer directement
30:19en faisant avancer les dossiers
30:22des grands contrats,
30:23en visitant des réalisations.
30:26Dans l'environnement,
30:27ce qu'ils adoraient,
30:27parce qu'on est très dans la mode
30:28dans l'environnement,
30:29dès que pouvaient,
30:31ils visitaient
30:31les stations d'épuration,
30:33évidemment,
30:33des centrales solaires.
30:35Tout ce qui est environnement
30:36est évidemment
30:37mis en avant automatiquement.
30:40Le rôle de VRP du président
30:41a pris une nouvelle dimension
30:43lors de ce quinquennat.
30:45François Hollande
30:46a amplifié
30:47ce qui se faisait déjà.
30:49Il y avait,
30:50du côté de Nicolas Sarkozy,
30:52peut-être,
30:53à un moment donné,
30:54une idée de favoriser plus
30:56le nucléaire
30:57ou des choses plus précises.
30:58François Hollande
30:58était tout terrain.
31:00Il faisait le job,
31:02vraiment très concrètement.
31:04Fait étonnant,
31:05le gouvernement socialiste
31:07se met à vendre
31:07beaucoup d'armes.
31:09On va vendre des Rafales
31:11comme jamais.
31:11On les vend de mémoire
31:12à l'Égypte,
31:14aux Émirats,
31:15à l'Inde,
31:16à l'Arabie Saoudite,
31:17je crois.
31:19Donc,
31:19très vite,
31:20les contrats s'enchaînent
31:21et un contrat
31:22appelant un autre.
31:23Le complexe
31:23mitaro-industriel
31:24est ravi,
31:25puisque jamais
31:26on n'avait vendu
31:26autant de produits français
31:28à l'export.
31:30Ce voyage au Kazakhstan
31:31a par ailleurs
31:32son histoire secrète.
31:34De façon inopinée,
31:35le président kazakhstanais
31:36rejoua François Hollande
31:37avant son retour à Paris
31:38et lui fait une proposition
31:40qui va changer la donne.
31:41Le président du Kazakhstan
31:43me dit,
31:43écoutez,
31:46Vladimir Poutine
31:46souhaite vous voir.
31:47Il faudrait que vous puissiez,
31:50après avoir quitté le pays,
31:53faire une halte à Moscou.
31:55Il a été convaincu
31:57de faire un stop à Moscou
31:58pour aller à l'aéroport,
32:01rencontrer le président Poutine
32:02et échanger.
32:03Il a été, je crois,
32:04le premier président
32:05après l'invasion de la Crimée
32:06par les Russes
32:07à reprendre le dialogue
32:09avec Vladimir Poutine.
32:10Et donc, nous, du coup,
32:12on a dû rentrer
32:13avec l'autre avion,
32:14avec la bétaillère,
32:14comme on dit,
32:15beaucoup moins confortable
32:17que l'avion présidentiel.
32:18Mais ça, c'est anecdotique,
32:19évidemment.
32:20Donc, je fixe mes conditions,
32:21c'est que si je dois
32:22m'arrêter à Moscou,
32:25c'est à l'aéroport
32:27comme si je faisais une halte
32:28et là, on peut avoir
32:30un échange
32:31d'une heure ou deux heures.
32:34Et donc, c'est ce dont
32:35on a convenu
32:36avec le président du Kazakhstan.
32:38Donc, sortant du Kazakhstan,
32:40je m'arrête à l'aéroport
32:42et là, on est
32:44au milieu de l'après-midi
32:46et je pense avoir
32:47un échange assez formel,
32:49même si on doit préparer
32:50précisément,
32:51quelques semaines plus tard,
32:52la fameuse rencontre de Minsk.
32:53C'est ça, le but.
32:55Est-ce qu'il est possible
32:56d'avoir une rencontre
32:57à Minsk qui arrête la guerre ?
32:59Et au bout d'une heure ou deux,
33:01Poutine dit,
33:01mais écoutez,
33:02on va passer à table.
33:03Je dis à table
33:04pour le goûter,
33:05parce que là,
33:06il est 5 heures,
33:075 heures de l'après-midi.
33:09Oui, oui.
33:09Donc, il dresse,
33:10il fait dresser
33:11une table pour le goûter
33:12et le goûter devenu
33:14le dîner.
33:15On est resté des heures.
33:17Mais donc,
33:18c'est ce qui nous a permis
33:19et je pense que c'était utile
33:20dans un rapport
33:22qui a été assez franc,
33:23assez direct,
33:24de préparer Minsk.
33:25Le contexte de cette rencontre
33:28est en réalité très tendu.
33:30François Hollande
33:30a annoncé que la France
33:32renonçait à vendre
33:32des bateaux de guerre
33:33à la Russie
33:34parce qu'elle vient
33:35d'agresser un pays européen,
33:36l'Ukraine.
33:37Une décision forte
33:38aux nombreuses implications
33:40économiques et politiques.
33:43Vendre,
33:43ça signifiait
33:44accepter
33:46de doter les Russes
33:47d'un équipement
33:47de projection de force.
33:50Donc,
33:50encore une fois,
33:51il y a eu un débat
33:52au sein du gouvernement.
33:53Moi, j'étais
33:54avec le président
33:55pour ne pas vendre.
33:57Je me rappelle
33:58dans un avion
33:58de retour du G20
33:59d'Australie,
34:00il a décidé
34:01de la décision finale
34:02qu'on ne vendait pas.
34:04Je vous laisse
34:05imaginer
34:06de quoi nous aurions
34:07eu l'air
34:07s'il avait utilisé
34:09ces deux bâtiments
34:10de projection de force
34:12pour envahir l'Ukraine.
34:13Ça aurait été formidable.
34:14Je pense que symboliquement,
34:16ça a été très important
34:17et en plus,
34:18la France s'en est
34:19très très bien tirée.
34:21C'est-à-dire que finalement,
34:22Vladimir Poutine
34:23n'a pas été
34:24plus énervé que ça.
34:26On a revendu
34:26les bateaux
34:27et c'est vraiment
34:28un véritable succès
34:30pour moi
34:30de la diplomatie
34:32française.
34:38Bonjour,
34:38une édition spéciale
34:39de ce journal de 13h,
34:41car il y a un peu plus
34:42d'une heure,
34:42il y a eu
34:42un épouvantable attentat
34:44dans le centre de Paris,
34:45dans le 11e arrondissement.
34:46des hommes lourdement armés
34:48ont attaqué
34:49le siège du journal
34:50Charlie Hebdo.
34:51À 8h15,
34:52une fusillade éclate,
34:53des rafales d'armes
34:54automatiques
34:55résonnent dans la rue,
34:56avenue Pierre Brossolette
34:57sur la commune
34:58de Châtillon,
34:59juste à l'entrée
34:59de Malakoff,
35:00dans les Hauts-de-Seine.
35:01L'assaut vient d'être donné,
35:06il est à peine
35:06plus de 17h.
35:07Les hommes du Raid
35:08font feu
35:09à l'entrée
35:09de l'hypermarché
35:10Kacher,
35:10port de Vincennes.
35:12Le 7 janvier 2015,
35:14la France bascule
35:14dans l'horreur.
35:15Un attentat
35:16dans les locaux
35:16du journal Charlie Hebdo
35:18fait 12 morts,
35:19parmi lesquels
35:19ses dessinateurs
35:20emblématiques.
35:21L'hebdomadaire
35:22est devenu la cible
35:23des djihadistes
35:24à cause de ses caricatures
35:25du prophète Mahomet.
35:27Le lendemain,
35:28une policière municipale
35:29est abattue
35:29à Montrouge.
35:30Deux jours plus tard,
35:31une prise d'otages
35:32sanglantes se déroule
35:33dans un hyper-Kacher
35:34de l'est de Paris.
35:36Une manifestation
35:37pour la liberté d'expression
35:38et contre l'antisémitisme
35:40s'organise spontanément.
35:42Programmée le 11 janvier,
35:43elle devient
35:43un événement international
35:45de soutien à la France
35:46à la suite
35:46d'un coup de téléphone
35:47entre François Hollande
35:48et Angela Merkel.
35:51Une manifestation
35:52est prévue
35:53des partis politiques
35:54français
35:55pour réagir,
35:58donner notre soutien
35:59à Charlie
36:00et à la liberté
36:02d'expression.
36:03Puis ensuite,
36:05compte tenu
36:05de ce qui s'est passé
36:06avec l'acte
36:07d'agression
36:08de l'hyper-Kacher
36:09contre l'antisémitisme.
36:11Mais ça reste
36:13franco-français.
36:16Jusqu'au moment
36:17où Mme Merkel
36:18me téléphone,
36:20elle me dit
36:21« Mais moi,
36:21je peux passer
36:22à la manifestation. »
36:23Et c'est elle
36:24qui, de cette façon,
36:26déclenche
36:27ce qui va se produire.
36:28Je lui dis
36:28« Bien sûr,
36:29ça nous ferait
36:30grand bonheur
36:31que vous soyez là,
36:33pour montrer l'amitié
36:34entre la France
36:35et l'Allemagne.
36:36Mais si vous venez,
36:37je dois inviter
36:38aussi tous nos collègues
36:40européens.
36:42Et immanquablement,
36:44ils se sont tous
36:45manifestés,
36:46sachant que Mme Merkel
36:47venait. »
36:48Un geste affectueux
36:49de la chancelière allemande
36:50devient le symbole
36:51de cette journée.
36:52Quand elle arrive,
36:53elle fait ce geste
36:54de mettre sa tête
36:55sur mon épaule,
36:57qui est un geste
36:57familier,
36:59affectueux,
36:59dont elle n'est pas
37:00coutumière.
37:01Elle est plutôt réservée.
37:04Elle est plutôt sympathique,
37:06Mme Merkel,
37:06contrairement à ce qu'elle
37:07peut donner comme image.
37:09Et là, ce geste,
37:10il a été spontané
37:11et il a été inattendu.
37:14Elle a pris cette initiative,
37:15qui est une initiative
37:16de tendresse,
37:17qui n'est pas à mon égard,
37:19qui est à l'égard
37:20du peuple français.
37:22Sujet sensible,
37:23la présence concomitante
37:24du chef du gouvernement
37:26israélien,
37:27Binyamin Netanyahou,
37:28et du président
37:29de l'autorité palestinienne,
37:30Mahmoud Abbas,
37:31qui ne se parle plus
37:32depuis des années.
37:33De surcroît,
37:34l'israélien a des exigences
37:36particulières
37:37en matière de sécurité.
37:38J'avais souhaité que tous
37:40les premiers ministres,
37:42présidents, éventuellement monarques,
37:45se retrouvent à l'Élysée.
37:46Je les ai tous accueillis
37:47et après, nous sommes partis
37:48en quart.
37:50Et pour prendre le quart,
37:51ils sont sortis
37:52Faubourg-Saint-Honoré.
37:54Le quart ne pouvait pas entrer
37:55dans la cour de l'Élysée.
37:56Donc, tout le monde
37:57était sur le trottoir
37:59devant le 55.
38:01Il y avait bien sûr
38:02des tireurs d'élite
38:03sur les toits,
38:05des immeubles en face,
38:06mais la sécurité
38:08de Netanyahou
38:09était sur les dents.
38:11Ils avaient posé
38:12leurs mains
38:13sur ses épaules
38:15pour être prêts
38:16à le précipiter à terre
38:18au moindre mouvement
38:20inquiétant.
38:21Quand Benjamin Netanyahou
38:23est rentré dans le quart,
38:24il avait déjà
38:25ce qui était
38:26tout à fait nécessaire.
38:29J'ai les pare-balles.
38:30D'autres l'avaient sans doute.
38:33Il me pose cette question
38:35à laquelle je n'étais pas
38:36forcément préparé.
38:36Il m'a dit
38:37« Le quart est blindé. »
38:41Et je lui réponds
38:42« Mais bien sûr
38:42qu'il est blindé. »
38:44Forcément,
38:44il est blindé.
38:46Alors que c'était un quart,
38:47j'allais dire,
38:49comme on en voit beaucoup.
38:50Si je lui avais dit
38:51« Non, vous savez,
38:52le quart n'est pas blindé,
38:54peut-être qu'il serait descendu
38:55et qu'il n'aurait pas défilé. »
38:56Et oui,
38:57l'art du mensonge
38:58fait quelquefois partie
38:59de la diplomatie présidentielle.
39:01« Au-delà de l'anecdote,
39:02c'est une immense réussite.
39:03C'est l'image du quinquennat
39:04de François Hollande
39:05sur le plan diplomatique
39:06avec tous ces chefs d'État
39:07qui défilent.
39:08Ce premier rang
39:09assez hallucinant,
39:10on a l'impression
39:11que c'est l'Assemblée générale
39:12de l'ONU
39:12qui est en train
39:13de marcher
39:14et de défiler
39:14entre la République
39:15et la Nation. »
39:17Pour François Hollande,
39:192015 est l'année
39:20de toutes les émotions,
39:21de l'horreur terroriste
39:22à l'espoir pour le climat.
39:24Un mois après
39:25le terrible attentat
39:26du Bataclan,
39:27le monde entier
39:27se réunit de nouveau
39:28à Paris,
39:29mais cette fois
39:30pour lutter
39:30contre le réchauffement
39:31de la planète.
39:32C'est une conférence
39:33qui se réunissait aussi
39:34alors que les rapports
39:35du GIEC,
39:36dont j'avais l'honneur
39:36d'être vice-président
39:38jusque peu avant la COP,
39:40avaient montré
39:41avec de plus en plus
39:42de force
39:42que les impacts
39:44des changements climatiques
39:46devenaient de plus en plus
39:47importants,
39:48que les projections
39:48climatiques devenaient
39:50de plus en plus inquiétantes
39:51et que l'action
39:52climatique internationale
39:54jusqu'à ce moment-là
39:55était tout à fait
39:56insuffisante.
39:58Pour en arriver là,
39:59François Hollande
40:00déploie son talent
40:01de diplomate
40:01à l'intérieur
40:02de son propre gouvernement.
40:04Voici comment les choses
40:05se sont passées
40:06deux ans auparavant
40:07dans le secret
40:08du bureau présidentiel.
40:10En 2013,
40:11la question de savoir
40:12quel serait le pays
40:14qui allait organiser
40:15la COP 21
40:16est posée.
40:17Delphine Bateau
40:18est ministre de l'Écologie
40:19à ce moment-là
40:19et Laurent Fabius
40:21est ministre
40:22des Affaires étrangères.
40:23Nous posons la question
40:24est-ce que la France
40:25doit présenter
40:27sa candidature
40:28et donc organiser
40:29cette COP 21
40:30prévue en 2015
40:31alors même
40:33que la conférence
40:34de Copenhague
40:34a été un échec
40:35très lourd,
40:37Laurent Fabius
40:38a juste raison
40:39d'écouter
40:39moi j'ai deux réserves.
40:41La première,
40:42c'est pourquoi
40:43prendre le risque
40:44d'organiser
40:45une conférence
40:46dont on peut penser
40:47qu'elle
40:47va échouer
40:50et puis j'ai une réserve
40:51comme ministre
40:52des Affaires étrangères
40:53parce que
40:54ça va nous coûter
40:55quand même
40:55un peu d'argent
40:56et pendant qu'on fait ça
40:58on ne fait pas autre chose.
40:58Delphine Bateau
41:00dit non,
41:01il faut absolument
41:02que ce soit la France
41:03qui organise
41:04cette conférence
41:05parce qu'on va mettre
41:06toute notre énergie
41:08dans cette affaire.
41:10Le premier,
41:11ce Jean-Marc Ayrault
41:12est dans la même direction
41:14donc je décide
41:15qu'il y aurait
41:17donc la cognature
41:18de la France.
41:19La décision prise,
41:20la diplomatie
41:21bat son plan.
41:21La France a très bien
41:23préparé la COP21
41:25en allant voir
41:25tous les acteurs
41:26en écoutant de près
41:27quelles étaient
41:28leurs préoccupations,
41:30leurs espoirs,
41:31leurs attentes,
41:32leurs besoins,
41:33leurs lignes rouges
41:34à ne pas dépasser.
41:35Certains se mettent
41:36à hésiter
41:36et disent
41:37on ne veut pas
41:38Erdogan hésiter,
41:41trouver qu'il n'était pas
41:42dans le bon groupe
41:42de nations,
41:43qu'il ne devait pas
41:44être contributeur.
41:45Appel de François Hollande
41:47vraiment aux dernières minutes.
41:48Il l'attrape,
41:49si je me souviens bien,
41:50il allait monter
41:50dans un avion
41:51et on arrache
41:52comme ça
41:52les derniers accords
41:53pour arriver
41:54à l'unanimité.
41:56Les voies
41:56les plus impénétrables
41:58sont sollicitées
41:58puisque François Hollande
42:00appelle même
42:00le pape François.
42:02Il a fallu
42:02passer par
42:03des conclaves,
42:05c'est le cas de le dire,
42:06des conciliabules.
42:08Et à un moment même,
42:08j'ai pensé
42:09que le pape
42:09pouvait intervenir
42:10pour convaincre
42:11certains pays
42:12qui étaient encore
42:13récalcitrants,
42:14qui demandaient
42:14sans doute
42:15une voix céleste
42:15pour savoir
42:16comment sauver la planète.
42:18Et finalement,
42:19l'accord s'est fait.
42:20Et cet excellent
42:21de préparation diplomatique
42:22qui a été fait
42:23et par Laurent Fabius
42:25et par Laurence Toubianna,
42:26qui était l'ambassadrice
42:27climat de François Hollande
42:29et de la France
42:30à l'époque,
42:31a permis
42:31ce succès
42:33incontestable
42:34de la COP 21
42:35qui a abouti
42:37à l'accord de Paris,
42:38qui est toujours
42:39aujourd'hui
42:39le cadre principal
42:40de l'action climatique
42:42internationale.
42:43Il me semble
42:44que l'accord de Paris
42:45c'est probablement
42:46la chose
42:47la plus concrète
42:47et la plus incontestable
42:49que l'on a vu
42:50ces 15 dernières années,
42:52disons,
42:53de la part
42:54de présidents
42:58de la République française.
42:59J'invite maintenant
43:00la COP
43:01à adopter
43:01le projet de décision
43:02intitulé
43:03Accord de Paris
43:04qui figure dans le document.
43:06Je regarde
43:07la salle,
43:08je vois que la réaction
43:09est positive,
43:10je n'entends pas
43:11d'objection.
43:12L'accord de Paris
43:13pour le climat
43:14est accepté.
43:15Je n'ai pas vécu
43:17dans la salle
43:18ce moment-là,
43:19mais je l'ai vécu
43:20en direct
43:20devant une caméra
43:21de télévision
43:22dans le journal télévisé
43:24et je savais
43:25que c'était l'accord.
43:26Je portais
43:26pas cette cravate-ci
43:27mais ma cravate
43:28avec tous mes smileys optimistes.
43:30Je savais que c'était fait
43:31et j'étais vraiment
43:31hyper content.
43:33En coulisses,
43:34on est extrêmement heureux,
43:35c'est très émouvant,
43:36on est très contents.
43:38Laurent Fabius
43:39est au bord des larmes,
43:40chacun avait pu
43:41voir ça.
43:43François Hollande,
43:43très heureux,
43:44mais on s'est
43:45choisi cette occasion
43:46d'avoir sous la main
43:47tous ces chefs d'État
43:48et de gouvernement
43:49pour organiser
43:50des réunions bilatérales
43:51pour traiter déjà
43:52les sujets
43:52du lendemain
43:53et du surlendemain
43:54donc on n'a pas eu
43:55beaucoup le temps
43:55de se réjouir.
43:57Le ministre Fabius
43:58est incroyable.
44:01C'est à peu
44:01l'extérieur de mon français.
44:03Je suis désolé.
44:06Laurent Fabius
44:07a été la figure
44:07prédominante
44:08de la diplomatie française
44:09entre 2012 et 2016
44:11tant sur la COP21
44:12que sur d'autres dossiers chauds.
44:14Ça compte pour les Russes,
44:17ça compte pour les Américains
44:18de savoir
44:18qui est le ministre
44:19d'affaires étrangères
44:20et s'il est
44:21un dispositif important
44:23dans la décision
44:26que peut prendre la France.
44:28Et deuxièmement,
44:28parce que le rôle
44:29du ministre d'affaires étrangères,
44:30c'est d'aller là
44:30où le président
44:31n'a pas le temps d'aller
44:33ou ne peut pas aller
44:34à un certain moment.
44:36Et c'est la raison
44:37pour laquelle
44:37j'avais voulu
44:38que Laurent Fabius,
44:40qui avait été
44:40premier ministre,
44:41qui avait une expérience
44:42internationale,
44:44puisse être
44:45justement
44:46au Quai d'Orsay.
44:48L'entente cordiale
44:49entre les deux anciens rivaux
44:50Hollande et Fabius
44:51permet notamment
44:52de peser sur l'accord
44:53sur le nucléaire iranien
44:54de 2015
44:55piloté par Barack Obama.
44:57Monsieur Fabius,
44:58dans la négociation
44:59sur le nucléaire iranien,
45:02est apparu clairement,
45:03publiquement,
45:04comme étant le plus ferme
45:05sur les questions
45:06justement de sécurité,
45:08de vérification, etc.
45:09Laurent Fabius,
45:10qui menait les négociations
45:11à Genève,
45:12qui a passé
45:12des nuits et des nuits
45:14et des nuits blanches
45:15à en fait durcir,
45:17à négocier sans fin
45:20avec les Iraniens
45:21qui sont un peu
45:21comme Vladimir Poutine,
45:23c'est-à-dire
45:23qui manient à la fois
45:24le mensonge,
45:25qui ne fonctionne que
45:26sur le rapport de force,
45:28avec duplicité,
45:30qui ne respectent pas
45:31leurs engagements,
45:33qui dissimulent
45:33absolument
45:34tout ce qu'ils font.
45:35Donc c'était
45:35des négociations
45:36extrêmement,
45:38extrêmement difficiles.
45:41Cette politique
45:42initiée par François Hollande
45:44s'inscrit dans une stratégie
45:45régionale plus large
45:46où la France joue
45:47la carte de l'Arabie Saoudite,
45:49rivale endémique de l'Iran.
45:52Clairement,
45:52nous sommes apparus
45:53comme étant le pays
45:54qui était le plus proche
45:56de la politique séoudienne.
45:57Sur les deux dossiers
45:59qui étaient les plus importants
46:01pour les séoudiens,
46:02l'attitude à l'égard de l'Iran,
46:04l'attitude à l'égard de la Syrie.
46:05Et c'est vrai que
46:06durant cette période-là,
46:08nous avons été récompensés
46:09par un certain nombre
46:10de gros contrats,
46:11notamment des contrats Airbus
46:12et autres.
46:14J'ai juste reçu
46:15un appel
46:17de la secrétaire Clinton.
46:24Elle nous congratulait.
46:26C'est ce qui concerne nous.
46:28Sur notre victoire.
46:29Le 4 novembre 2016,
46:32l'arrivée de Donald Trump
46:33à la Maison-Blanche
46:34bouleverse les équilibres mondiaux.
46:36Une semaine plus tard,
46:38élu mais pas encore investi,
46:40il a un entretien
46:40avec François Hollande.
46:42Ce dernier révèle
46:42le contenu de cette conversation
46:44qui préfigure
46:45ce que sera
46:45la première présidence Trump.
46:49Le premier échange téléphonique,
46:51j'ai un Donald Trump
46:51qui me fait l'article
46:53sur la France.
46:54Le déroulé d'un exposé
46:57presque caricatural
47:00sur la France
47:00comme si on était
47:01le pays
47:02simplement de la gastronomie
47:04et du champagne.
47:05Mais au-delà
47:06de ces formules
47:07qui pour lui étaient
47:08sans doute
47:08des formules de politesse,
47:09il m'annonce
47:10qu'il va sortir
47:12de l'accord sur le climat
47:13et qu'il va déchirer
47:15l'accord sur le nucléaire iranien
47:16que son prédécesseur
47:18Barack Obama
47:19et nous,
47:20les Européens,
47:22nous avons conclu
47:22avec l'Iran.
47:23Il me le dit
47:45avec des arguments
47:46qui me surprennent.
47:48Ce n'est pas simplement
47:48des arguments climatiques
47:49pour dire
47:50je ne crois pas
47:50au réchauffement.
47:52Il n'y croit pas.
47:52ce qui est quand même
47:54un problème.
47:55Non,
47:56il m'en parle
47:57uniquement
47:58en termes financiers.
47:59Ça va coûter
48:00très cher
48:00aux Etats-Unis
48:01de faire
48:01la transition écologique
48:03et ça va permettre
48:04à la Chine
48:05d'avoir un avantage
48:06compétitif
48:07sur les Etats-Unis.
48:09Sur l'Iran.
48:11Je lui dis
48:11mais écoutez,
48:13ce n'est pas
48:13parce que c'est
48:13votre prédécesseur
48:14qui a fait l'accord
48:16avec nous
48:16qu'il faut déchirer.
48:18Nous avons intérêt
48:19à ce que l'Iran
48:20ne dispose pas
48:21de l'arme nucléaire.
48:22Et là,
48:24il déchire cet accord
48:24par volonté
48:26d'effacer
48:27son prédécesseur.
48:30Au cours de cette discussion,
48:31Donald Trump
48:32formule une demande
48:33pour le moins baroque.
48:34Il me dit
48:35je ne sais pas exactement
48:36comment m'entourer.
48:37Est-ce que vous auriez
48:37des conseils
48:38à me donner ?
48:39Je vois ça
48:40comme une forme
48:41d'élégance peut-être.
48:42Chez Donald Trump,
48:43l'élégance,
48:44ce n'est pas forcément
48:44la qualité première.
48:45enfin une forme
48:47d'amabilité
48:49mais aussi
48:50avec une part
48:52de ridicule
48:53comme si
48:54un président français
48:55quel qu'il soit
48:56pouvait donner
48:56des conseils.
48:58Mais au-delà
48:59de la forfanterie
49:00ou de la plaisanterie,
49:03il y a l'aveu
49:03de la part
49:04de Donald Trump
49:04qui n'a quand même
49:06pas grand monde
49:07autour de lui
49:07et qui cherche
49:09des conseillers.
49:11Je lui dis
49:11vous pouvez toujours
49:12aller consulter
49:13Kissinger,
49:14il vient de sortir
49:14de mon bureau,
49:15il est très âgé
49:16mais enfin
49:16il vous donnera
49:16des bons conseils.
49:18François Hollande
49:18n'aura jamais l'occasion
49:19de rencontrer
49:20son homologue
49:21en tête à tête.
49:25Affaibli
49:25sur le front intérieur,
49:27très critiqué
49:27sur son bilan
49:28économique et social,
49:29François Hollande
49:30renonce à postuler
49:31à sa succession
49:32en 2017.
49:34Que retiendra-t-on
49:34du bilan
49:35de ce président
49:36qui n'aimait pas
49:36les voyages
49:37et ne connaissait pas
49:38les dirigeants étrangers ?
49:39C'est évident
49:41que la bonhomie
49:42l'humilité
49:44joue beaucoup
49:46dans la relation
49:47personnelle
49:48qu'il arrive
49:48à tisser
49:48avec des présidents
49:49qui conduit
49:50à la ceinture
49:51de contrat.
49:52La politique étrangère
49:54et le fait
49:55d'utiliser
49:56comme il l'a fait
49:57l'armée française
49:58et l'action militaire
49:59à l'étranger
50:00lui a permis
50:01d'acquérir
50:02une popularité
50:03qu'il n'avait pas
50:04et qui était
50:05beaucoup plus difficile
50:06à obtenir
50:07en fait
50:08au niveau national.
50:09Il y a une dimension
50:10chez François Hollande
50:11de politique intérieure
50:12où il est très embêté
50:14il a
50:14les oppositions
50:16il a les syndicats
50:17il a ses frondeurs
50:19ses oppositions intérieures
50:21il a les lourdeurs
50:22de l'État
50:22les difficultés
50:23à gouverner
50:24alors qu'à l'international
50:26sur la diplomatie
50:28sur le militaire
50:28vous appuyez sur un bouton
50:29et c'est fait
50:30pas d'opposition
50:31pas de syndicats
50:31pas de frondeurs.
50:34Dans ce monde
50:34secoué par des bouleversements
50:35géopolitiques
50:36la France devra
50:37se doter
50:38d'une diplomatie
50:39présidentielle
50:39à la hauteur
50:40de ses ambitions.
50:42C'était déjà vrai
50:42en 2012
50:43mais c'est encore
50:43plus vrai
50:44aujourd'hui
50:45le prochain président
50:46de la République
50:47ou la prochaine
50:47présidente de la République
50:48en 2027
50:50dans quel monde
50:50va-t-il arriver
50:52va-t-elle arriver
50:53il y aura toujours
50:55Vladimir Poutine
50:55je suppose
50:56il y aura toujours
50:57Donald Trump
50:58il y aura un monde
50:59dont on ne sait pas
50:59exactement ce qu'il va être
51:01mais on sent bien
51:01que les tensions
51:02sont extrêmes
51:03elles sont à la fois
51:04politiques, militaires
51:05économiques
51:06c'est le président
51:07de la République
51:08qui est le chef des armées
51:08c'est lui qui peut
51:09déclencher le feu
51:10c'est lui qui dispose
51:11de la force de dissuasion
51:13c'est lui
51:14qui siège au Conseil européen
51:16c'est lui
51:16qui
51:17parce que la France
51:19est membre permanente
51:19du Conseil de sécurité
51:20a une responsabilité mondiale
51:22et ça
51:23peut-être que les Français
51:24n'en avaient pas
51:25conscience en 2012
51:26quand ils me confient
51:27la présence de la République
51:28mais ils doivent le savoir
51:29aujourd'hui.
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