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  • il y a 23 heures
Dans cette séquence diffusée sur Clique (Canal+), les invités reviennent sur la rencontre marquante entre Johnny Hallyday, Philippe Labro et Yarol Poupaud. Un moment d’émotion et de complicité autour d’un artiste légendaire et de ceux qui ont partagé son univers musical et humain.

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Musique
Transcription
00:00Philippe Labroux, vous étiez un proche de Johnny, un de ses paroliers.
00:03Vous avez été le premier auteur à écrire tout un album pour Johnny.
00:06Et votre histoire d'amitié a commencé dans une boîte de nuit, Battle de Santiago.
00:09À l'époque, il y avait très peu de gens qui portaient des Santiago.
00:12On nous prenait pour des ploucs.
00:14Et donc, je suis dans une boîte de nuit rue Saint-Benoît,
00:16et je vois ce garçon que je n'avais jamais vu de ma vie.
00:18Avec les bottes, il voit les miennes.
00:20Il me dit, d'où elles viennent les tiennes ?
00:22Je lui dis, c'en t'as fait.
00:25Et toi ? Mexico City.
00:27Donc, vous étiez pote de bottes ?
00:29Pote de bottes, ça c'est...
00:30Pas mal, pas mal.
00:32Plus tard, je fais un film dont la musique est faite par Edi Vartan,
00:37qui était son beau-frère à l'époque.
00:39Il dit, écoute, on va montrer le film,
00:41on fait une projection privée,
00:42si ton beau-frère peut venir, il vient.
00:45Il vient, il voit le film,
00:47il sert des louches à la sortie,
00:50et puis je sors dans la rue des Dames Augustines,
00:52je m'en souviens encore, à Neuilly.
00:54Et là, il est là, debout, contre un réverbère,
00:56et il m'attend.
00:57Il me dit, voilà, j'adore le cinéma,
01:00j'adore l'Amérique, est-ce qu'on peut parler ?
01:03Et on est restés debout, tous les deux,
01:05pendant 50 minutes,
01:07à parler d'Elia Cazan,
01:09James Dean, Marlon Brando,
01:11tous les films qui, à l'époque, le passionnaient,
01:13et le cinéma le passionnait.
01:14D'ailleurs, d'une certaine manière,
01:16même s'il est devenu le rocker que tu sais,
01:19je crois qu'il aurait aimé avoir une carrière cinématographique
01:22encore plus large et plus importante.
01:25Et surtout, je tiens à dire que Johnny,
01:25c'était un cinéphile actuel.
01:27C'est-à-dire que moi, j'ai eu la chance de le côtoyer.
01:29Il me parlait de films de Hong Kong extrêmement pointus.
01:33Il faut savoir qu'il a tourné avec Johnny Tho,
01:35qui est une des stars du cinéma de Hong Kong.
01:37Il l'a fait venir ici.
01:39Il avait une admiration pour les nouveaux cinéastes,
01:41pour John Woo, pour tous les gens comme ça.
01:43Et c'était les mêmes conversations.
01:44Moi, il me parlait de films
01:45qu'on appelait de sous-culture,
01:47mais qui sont en fait des films majeurs,
01:49de réalisateurs majeurs.
01:50Et lui, il était à la pointe du cinéma.
01:53Mais comme Johnny,
01:53il était également très aimé par les intellectuels, Pauline.
01:56Alors, c'est à double tranchant.
01:58Il y avait toute une partie de la population des intellectuels
02:00qui, au contraire, en faisait un individu
02:02plutôt très mésestimé, pas très intelligent, assez imbécile.
02:05Je pense notamment à Marguerite Duras,
02:07qui avait fait une interview catastrophique de lui en 1964,
02:11où vraiment, elle le faisait passer pour un demeuré,
02:14pour ainsi dire.
02:14Mais ça, comme savait l'être Duras,
02:16parfois très méchante.
02:17Et il y avait aussi, évidemment,
02:18ceux qui l'adoraient.
02:20Et je pense en tête à François Sagan,
02:22qui lui a même écrit des chansons,
02:24dont une qui s'appelle « Quelques cris »,
02:26qui était dans l'album 100%,
02:28produit ensuite par David Hallyday,
02:30qui l'avait arrangé,
02:32et qui a été un de ses plus grands succès commercial.
02:33Et je vous propose qu'on écoute François Sagan
02:35parler de cette chanson.
02:36La difficulté à l'idée, c'est qu'il a...
02:39Moi, il y a quelques fois, j'ai fait des chansons,
02:41par conséquent, c'était sur des musiques qu'on m'avait données
02:43et que je n'avais plus qu'à remplir.
02:46Parce que faire des paroles de chansons comme ça,
02:49sans rien, c'est difficile,
02:50puisque un poème, c'est pas...
02:51C'est trop littéraire pour être une chanson.
02:54Et entre-temps, pourquoi écrire,
02:56si c'est pas un problème, je veux dire ?
02:57C'est difficile quand on écrit.
02:58Il y en a une qui s'appelle
03:00Quelques cris,
03:02qui l'a beaucoup plu, je crois,
03:04qui va chanter.
03:06C'est une histoire des cris
03:07que peut jeter un homme au cours de sa vie,
03:09quand il naît,
03:10quand il découvre l'amour,
03:11quand il découvre le succès,
03:13quand il découvre la solitude.
03:16Est-ce que vous, il vous a déjà fait part
03:17de ce mépris ?
03:19Est-ce que ça le blessait ?
03:20Certains intellectuels disent de lui
03:21qu'il était bête, en fait.
03:23Non, mais d'abord, moi, je sais,
03:24et on le savait,
03:24que c'était un homme très intelligent.
03:27Il y a toute forme d'intelligence.
03:28La sienne ne repose pas forcément
03:29sur la culture,
03:30puisqu'il a quitté l'école très, très tôt.
03:33Il m'a d'ailleurs raconté un jour
03:34comment son père l'enfermait
03:35dans un placard
03:36pour l'empêcher d'aller à l'école.
03:38Moi, j'ai tout su avec lui.
03:39On a eu une amitié formidable.
03:41Mais je pense qu'il en souffrait,
03:44mais il n'en parlait jamais.
03:47En revanche, moi, j'ai toujours dit
03:48à tout le monde,
03:50vous êtes des cons.
03:51Le type est très intelligent.
03:53Arrêtez.
03:54Et peu à peu,
03:55et vous le savez bien,
03:55vous venez de le dire,
03:56les intellectuels,
03:58comme on dit,
03:58les intelligents,
03:59comme disait Michel Piccoli,
04:02ont compris
04:02en voyant son parcours
04:04et en lisant en particulier
04:06un très grand entretien
04:07qu'il a eu un jour
04:07pour le monde.
04:09Alors, d'un seul coup,
04:09quand il est dans le monde,
04:10ça va,
04:11signé Daniel Rondeau.
04:12Et d'un seul coup,
04:13ah, quand même,
04:14ah oui.
04:14et puis ils ont découvert
04:16non seulement son répertoire,
04:19mais sa puissance,
04:20son énergie,
04:22sa voix,
04:23son talent inouï.
04:24Et d'un seul coup,
04:26dans les années 70 à peu près,
04:2870-80,
04:30Johnny Hallyday est devenu
04:31l'idole de tout le monde,
04:33pas seulement du grand public,
04:35ce qu'il aimait,
04:36c'est pour lui la seule chose
04:38qui comptait,
04:38on l'a vu dans les images,
04:39c'était le plus grand public,
04:41mais aussi de ce qu'on peut appeler
04:43bêtement l'élite.
04:45Yarole,
04:46quand on se retrouve
04:46dans le tourbillon
04:47de Johnny Hallyday,
04:48comment on arrive là-dedans ?
04:49Comment on survit ?
04:51Comment est-ce qu'on résiste ?
04:52Parce que finalement,
04:53t'es resté très longtemps avec lui.
04:55Qu'est-ce qu'on vit
04:56que tu n'aurais jamais imaginé
04:57vivre dans la musique ?
04:58Alors, je ne suis pas assez
05:00si longtemps que ça avec lui.
05:01Six ans.
05:01Ça a duré six ans.
05:02Ouais, mais c'est avec le nombre,
05:03je pense au nombre de concerts
05:05qu'on a fait,
05:05le nombre de trucs qu'on a vécu,
05:07j'ai l'impression
05:07que ça a duré 15 ans.
05:08Donc, franchement,
05:12moi, ce que j'ai vécu
05:13grâce à lui sur scène,
05:14c'était hallucinant.
05:15C'est-à-dire que moi,
05:16ce qui m'a donné envie
05:17de faire de la musique
05:17quand j'étais enfant,
05:18c'est Elvis Presley,
05:19c'est Chuck Berry,
05:20c'est Jimi Hendrix,
05:21c'est Led Zeppelin.
05:22Et grâce à lui,
05:23je me suis retrouvé
05:23à jouer des chansons
05:25de Jimi Hendrix,
05:26de Chuck Berry,
05:28dans des stades.
05:29Ça n'existe pas.
05:30Non.
05:31Il y a quoi ?
05:32Il y a les Stones, peut-être,
05:33qui font encore
05:33du Chuck Berry dans des stades.
05:35C'est-à-dire que moi,
05:35tout d'un coup...
05:36Rappelons que Jimi Hendrix
05:37a fait la première partie
05:38de Johnny.
05:38Voilà, exactement.
05:39Oui, oui, grave.
05:40Elle a la pièce,
05:41puis même toute une tournée
05:42en France
05:42au début de la carrière
05:44de Jimi Hendrix.
05:45Donc, franchement,
05:46jouer des chansons
05:47comme Hey Joe,
05:48des standards,
05:50des adaptations en français
05:51en plus,
05:51qui sont toujours très malines,
05:53réussir grâce à lui
05:54à jouer ça
05:55devant 80 000 personnes
05:56au stade de France
05:57ou dans d'autres stades,
05:57moi, j'étais là,
05:58mais je me réveillais,
05:58je me pinçais.
06:00C'est-à-dire que ce truc
06:01que j'ai appris à jouer
06:02avec la guitare
06:02quand j'avais 12 ans,
06:03tu vois par exemple
06:04une chanson
06:04qui s'appelle
06:05Ocarole,
06:05tu vois que c'est
06:05le premier riff de guitare
06:07que j'ai appris à jouer.
06:08Donc, j'ai joué ça
06:08dans la stade,
06:09j'étais à la maison.
06:09Ça va pas,
06:10il y a un truc,
06:10un bug.
06:12Donc, moi,
06:12effectivement,
06:12moi, il y a eu un bug.
06:14Il y a eu un truc
06:14grâce à lui
06:15que j'ai vécu
06:15qui s'était pas...
06:16C'était là,
06:17je ne sais pas.
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