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La France n’est pas divisée en "trois blocs" mais en deux mondes - En toute subjectivité, Anne Rosencher
France Inter
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il y a 8 minutes
Anne Rosencher a une question simple au milieu d’une crise chaotique : la France est-elle divisée en trois blocs ?
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite
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Transcription
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00:00
7h43, c'est signé Rosanchère.
00:03
Le 6-9.
00:05
Et donc c'est l'heure de votre chronique Anne Rosanchère, bonjour.
00:07
Bonjour.
00:08
Et ce matin vous tentez une question simple au milieu d'une crise chaotique,
00:12
la France est-elle donc divisée en trois blocs ?
00:14
Et écoutez, la conversation publique, en tout cas l'affaire est entendue,
00:18
la France est divisée en trois blocs
00:19
et c'est ce qui explique le casse-tête chinois dans lequel nous sommes enfermés.
00:24
Cette idée ne sort pas de nulle part.
00:26
Quand on regarde le schéma de l'Assemblée nationale avec ses grands aplats de couleurs,
00:31
on voit en effet trois blocs, trois masses distinguées.
00:34
Mais cette composition de l'Assemblée n'est pas forcément le reflet de la réalité du pays
00:39
et peut conduire à de mauvais diagnostics.
00:42
La dernière enquête de l'IFOB qui date du 29 septembre dernier
00:45
peut nous fournir déjà un premier correctif.
00:48
Questionnés sur leur vote au premier tour de la présidentielle,
00:51
si ce dernier devait avoir lieu aujourd'hui,
00:53
les Français interrogés ont placé dans toutes les hypothèses
00:57
le Rassemblement national en tête des intentions de vote entre 33 et 35%.
01:02
Et dans toutes les hypothèses, le premier challenger fait moitié moins que ce score.
01:09
Face au bloc de plus en plus massif du RN,
01:12
le reste de l'offre politique paraît morcelé par le faisceau des ambitions
01:15
et des détestations personnelles.
01:17
Chacun s'emploie à mobiliser et à galvaniser un segment électoral
01:22
sur une base de plus en plus étroite,
01:25
espérant être celui qui se qualifie de justesse au second tour
01:29
pour l'emporter grâce à la mobilisation anti-RN.
01:32
Disons-le, cette utilisation cynique et flémarde
01:36
du Front républicain par les partis traditionnels
01:39
qui se sont contentés pendant des années
01:41
d'escamoter la démarche politique pour le barrage moral
01:45
est de moins en moins efficace
01:47
et il est hasardeux désormais de continuer de miser dessus.
01:51
Alors, on comprend l'offre électorale face au RN est dispersée, Anne,
01:55
mais je repose la question.
01:56
Le pays est-il, lui, divisé en trois blocs ?
01:58
Eh bien, je ne le crois pas non plus.
02:00
Quand on dézoome encore pour tenter de comprendre ce qui nous arrive,
02:04
on voit que la France vit avec son folklore et ses spécificités
02:07
ce que beaucoup de nations occidentales traversent également.
02:12
Partout, un schisme a lieu entre, disons,
02:16
des métropoles tertiarisées, diplômées,
02:18
concentrant l'essentiel des richesses d'une part
02:20
et le reste de la population
02:22
qui se sent reléguée géographiquement, culturellement,
02:26
méprisée dans ses aspirations et insultée dans ses modes de vie.
02:31
En cela, la carte des dernières élections européennes était criante
02:35
à part sept ou huit métropoles, où la gauche et le centre arrivaient en tête.
02:39
C'était partout ailleurs le RN qui prenait la pôle position.
02:43
Dans le détail, ce sont même parfois des bulles entières qui se créent
02:47
où l'on ne croise jamais le profil sociologique de celui
02:51
qui a voté pour le bloc adverse.
02:54
C'est cette tectonique-là qui sous-tend la crise que nous traversons
02:58
et à laquelle on cherche en vain des remèdes institutionnels.
03:01
Les institutions ne peuvent pas tout, surtout quand les questions posées
03:06
et les fractures creusées nécessitent des réponses politiques.
03:10
Signé Anne Rosanchère.
03:11
Merci Anne, directrice déléguée de la rédaction à l'Express.
03:15
Et à la semaine prochaine, tout de suite le débat éco.
03:17
Merci.
03:18
Merci.
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