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  • il y a 17 heures
Mercredi 8 octobre 2025, retrouvez Philippe Villien (Co-directeur du RSPA ENSAECO, docteur en architecture - enseignant à l'ENSAPB) dans MATERIALS & LIGHT, une émission présentée par Fabrice Cousté.

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Transcription
00:00Bonjour, bienvenue à tous, bienvenue sur le salon Materials and Light édition 2025.
00:10On est ravi d'accueillir Philippe Villien. Philippe, bonjour.
00:13Enchanté.
00:14Vous êtes co-directeur du RSPA EnsaEco, RSPA comme réseau scientifique et pédagogique d'architecture.
00:21Et on vous pose cette question, Philippe, à laquelle vous avez répondu dans cette excellente conférence.
00:26Comment on adapte la formation aujourd'hui aux défis climatiques, aux défis écologiques ?
00:31Alors peut-être qu'on peut tout de suite introduire la question de l'urgence.
00:39Parce que, en tout cas, comme on le pose dans les écoles d'architecture, en tout cas dans ce réseau,
00:45qui est un peu celui des écolos, des écoles d'architecture, des 21 écoles, des 20 000 étudiants et des à peu près, mettons, 1500 enseignants.
00:54On va dire, c'est à peu près ça la population qu'elle en a à faire dans cette sphère de la formation qui conduit au diplôme des architectes.
01:04Moi, j'aime bien l'idée du triple galop qui a été, qui est notamment développé par Laurent Hélois,
01:11qui est un économiste de la confiance et de la collaboration.
01:15Oui.
01:15Et qui parle de ce triple galop qui est à la fois le premier galop le plus emblématique, le plus connu du grand public, peut-être,
01:21qui est celui du dérèglement climatique.
01:25C'est celui qu'on voit tous les jours.
01:26Voilà, de plus en plus.
01:27Qui va effectivement avec de plus en plus de gaz à effet de serre, notamment émis par les cadres bâtis,
01:33aussi bien neuf qu'en fonctionnement.
01:3540% des gaz à effet de serre attribuables au domaine qui nous concerne,
01:40en tout cas qui implique des architectes.
01:42Donc, on a ce dérèglement climatique qui est un premier galop qui va de plus en plus vite.
01:47On a le deuxième dérèglement qui, enfin, il y en a le deuxième galop qui est celui de l'extinction massive des espèces,
01:53dans lequel l'architecture qui est très extractiviste, qui a besoin de matières premières,
02:02contribue énormément à cette extinction massive de la biodiversité.
02:07Donc, c'est ce deuxième galop qui nous préoccupe aussi beaucoup.
02:11Et puis, le troisième galop qui est celui de la fin de beaucoup de ressources.
02:15Le pétrole, bientôt, la question du cuivre, des métaux, de beaucoup de ressources qui sont non renouvelables
02:20et qui vont impacter complètement la manière de penser notre cadres bâtis et son renouvellement.
02:26Donc, ce triple galop, nettement, triple, c'est-à-dire vraiment la question de la vitesse du changement,
02:33fait partie de l'équation de la situation.
02:35Dans les écoles d'architecture, il y a cette conscience d'une accélération qui vient essentiellement des étudiants
02:41et qui interpelle l'ensemble du corps enseignant.
02:44Oui, Philippe, il est même un petit peu anxiogène, ce triple galop.
02:48Comment on fait par rapport aux élèves pour leur enseigner tout ça sans les désespérer ?
02:53Alors, ça, c'est un très bon angle d'attaque.
02:58C'est vrai que quand on regarde, quand on écoute la science, quand on regarde l'évolution des choses,
03:05il y a de quoi effectivement constater qu'on va droit dans le mur et qu'on y va de plus en plus vite.
03:10Mais il y a énormément de situations où des bonnes pratiques se mettent en place,
03:15des solutions sont déjà en train de s'esquisser.
03:20Et donc, dans ce réseau, notamment, il y a l'idée de montrer effectivement tout un univers de choses qui ont déjà basculé,
03:26de gens qui ont fait sécession, qui ont pu mettre en œuvre des situations de projets différentes,
03:32des situations où l'architecture n'est pas uniquement prédatrice, mais régénératrice.
03:38Et donc, on a ce souci, déjà, de bien identifier le peu de situations, mais qui sont néanmoins réelles,
03:46qui ont déjà basculé, on va dire, vers autre chose, un monde beaucoup plus soutenable
03:51et qui fera le moins de dégâts possibles, on va dire.
03:55Donc, la solastalgie aussi, on l'appelle, cette question de la nostalgie d'un milieu qui disparaît,
04:02qui est forcément sur notre route, à un moment donné, il est à prendre pas du tout à la légère.
04:09Et c'est l'objet, notamment des conditions pédagogiques, que de prendre en compte cette difficulté
04:17à envisager les choses de manière à la fois lucide, comme le GIEC peut le faire dans ses rapports,
04:22sans être dans des dénis, et en même temps, de garder une sorte de dynamisme, de potentiel
04:29dans l'acte de projet et l'éco-conception.
04:32Donc, c'est cette équation-là, ce qui est très compliqué à mettre en œuvre.
04:35Une dernière question, c'est justement comment vous voyez les choses dans quelques années,
04:41alors bien sûr, basé sur la formation, mais si on se projette, on parle beaucoup de la ville
04:44de demain, qui serait déjà construite à 80-90%, puisqu'on ne peut plus artificialiser plus,
04:50enfin, il faudrait essayer de le faire en dessous de la moins.
04:52Comment on concilie justement la geste architecturale avec ces contraintes ?
04:57Alors, ça c'est une question extrêmement importante, c'est est-ce qu'actuellement,
05:02on a déjà le germe d'une vision globale, projetable, on va dire, dans l'escalier
05:11qui nous attend, on connaît assez bien les premières marches, mais on n'imagine absolument
05:15pas les 4 ou 5e marches, 2050, 2100, c'est des horizons qu'on théorise, dans lesquels
05:22on a des objectifs, mais il est clair que la question du biorégionalisme, par exemple,
05:28qui réorganiserait la France entre ses différents climats, entre un climat extrêmement aride,
05:34sec, chaud, qui serait celui du sud, et un climat beaucoup plus tempéré, mais soumis
05:38à des épisodes extrêmes en Normandie ou dans le nord, et toute la façade atlantique,
05:42plutôt océanique, il est clair que la France va s'éclater en différentes biorégions
05:46qui vont prendre en compte leur milieu naturel et leurs conditions climatiques évoluées,
05:51dans la mesure où elles deviennent plus extrêmes. Les architectes et l'ensemble des filières,
05:55l'ensemble du cadre bâti va être repris dans un prisme qui sera beaucoup plus près des
06:00milieux dans lesquels les conditions extrêmes vont agir. Et donc, ça c'est ce qui sera vraiment
06:06nouveau, et chaque école d'architecture pourra à partir de ça s'inscrire dans des milieux
06:10très différents et apporter sa contribution. Et les architectes, au lieu d'avoir une formation
06:14généraliste nationale, pourraient avoir beaucoup plus cet utile à des situations très contrastées
06:20sur notre territoire national. Je ne parle même pas de l'outre-mer, où là, les conditions
06:24sont encore autres.
06:25On aura des architectes à Lille et d'autres à Marseille, ils construirent différemment.
06:29Exactement, et qui vivront des choses extrêmement différentes. Et on voit bien qu'un salon comme
06:33ça, qui est extrêmement intéressant, pour le moment ne pense pas les choses comme ça.
06:36Ils pensent les choses à coup de transport et d'extraction. Et finalement, ils ne spécialisent
06:41pas forcément leurs produits ou leur manière de les propulser dans la vraie vie, par rapport
06:46à cette question du fractionnement climatique.
06:50Et bien voilà, on en reparlera en tout cas de ce biorégionalisme très prochainement.
06:53Merci Philippe Vinin, je rappelle que vous êtes co-directeur du RSPA N5 Co. Et à très
06:58bientôt sur notre antenne.
06:59Merci beaucoup de nous avoir accueilli.
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