00:00Sur Europe 1, 10h-11h30 avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin Thomas.
00:05Oui, la chanteuse rose qui va nous rejoindre dans un instant, mais d'abord j'ai le bonheur de rencontrer pour la première fois
00:10un écrivain à succès, prix Goncourt 1994 pour un aller simple et qui m'a complètement embarqué ce week-end dans la lecture de son nouveau roman
00:22L'impasse des rêves. Bonjour Didier Van Kovlart.
00:25Bonjour Thomas.
00:25Et merci d'être avec nous, vous avez entendu comment ma fille a écorché votre nom tout à l'heure.
00:31Elle a tenté, mais c'est vrai que c'est difficile.
00:32C'est bien, ça fait du neuf.
00:34Puis j'en ai connu d'autres en grandissant à Nice avec un nom pareil.
00:38Caole verte, ça veut dire chou verte.
00:40C'est à son début quand tu es en cours de récréation.
00:42En tout cas, il est beau ce titre L'impasse des rêves.
00:45On va en parler de ce livre, mais avant de se plonger dedans,
00:48on va apprendre quelques petites choses d'abord sur vous grâce à notre portrait sonore et on commence en chanson.
00:52Dans son vieux, par-dessus râpé,
00:55Il s'en allait l'hiver ou l'été
00:57Dans le petit matin frileux
01:00Mon vieux
01:02Tu vois un jour, Thelma, peut-être tu chanteras ça à ton père.
01:05Mon vieux, Didier von Koglart, la personne qui a éveillé en vous l'envie, le besoin même d'écrire, c'est votre père.
01:13Oui.
01:14Qui était avocat.
01:14C'est une merveilleuse chanson évidemment qui...
01:16Voilà, je suis...
01:19Moi j'étais pas passé par toutes les étapes de Daniel Guichard.
01:23Moi j'avais une admiration et puis une émulation et puis mon père m'a appris une chose absolument marquante, c'est que le rire et le pouvoir faire rire les autres, c'est plus fort que la souffrance.
01:37Il a vu un grave accident de ma naissance et le seul moment où il souffrait pas, c'est quand il faisait rire les autres.
01:43Et ça c'est...
01:45On s'en remet pas quoi.
01:47C'était un accident de voiture qui l'a rendu de plus en plus invalide, c'est ça ?
01:51Et voilà, c'était difficile pour lui et donc vous, vous lui avez promis de devenir le plus jeune écrivain du monde.
01:57Vous lui avez dit à 8 ans c'est ça ?
01:59Non, non, je me le suis promis à moi-même, je lui ai pas dit, je voulais faire la surprise.
02:02J'avais entendu dire à ma mère, il y avait 20 cm de différence entre les deux jambes, il marchait presque plus et un jour au retour de l'école, à 8 ans, j'entends dire à ma mère, de toute façon le jour où je suis dans un fauteuil roulant, je me tire une balle dans la tête, je veux pas vous imposer ça.
02:16Et alors ce qui aurait pu être un coup terrible qui brise un enfant, en fait m'a donné des ailes.
02:21Parce que je me suis dit, ok je vais faire un truc tellement extraordinaire, ça lui donnera envie de vivre même en fauteuil roulant.
02:26Et comme j'écrivais déjà des histoires, je faisais l'équivalent, j'essayais de faire l'équivalent de ce qui réussissait à l'oral, c'est à l'écrit, donc je me suis dit, je vais envoyer à des éditeurs.
02:37Alors je vais détourner sa secrétaire au cabinet d'avocats qui tapait mes manuscrits et puis j'envoyais comme ça.
02:42À quel âge vous avez envoyé ?
02:43Ah, 8 ans et demi ?
02:44Vous envoyez déjà à Gallimard ?
02:45Oui, oui, cher monsieur Gallimard.
02:48Bonjour monsieur Gallimard.
02:49J'ai l'honneur d'avoir 8 ans et de vous envoyer mon manuscrit, je pensais que c'était un argument publicitaire.
02:54Mais bon, c'est pas moi qui ai sauvé mon père, c'est la chirurgie.
02:58Mais le virus était là.
03:00Et donc vous êtes refusé pendant 12 ans, mais votre père il marchera à nouveau, c'est quand même ça la belle fin de l'histoire.
03:07Et puis alors à côté de l'écriture, Didier Van Kovlart, il y a le théâtre.
03:10Et à 17 ans, avec votre troupe amateur au lycée, vous mettez en scène ce classique.
03:14Alors c'est ça l'enfer ?
03:16Vous n'aurais jamais cru que c'était si simple.
03:20Vous vous rappelez ?
03:21Le soufre, le bûcher, le grill.
03:25Oh, quelle plaisanterie.
03:27Quelle bonne blague.
03:29Pas besoin de grill.
03:31L'enfer, c'est les autres.
03:34L'enfer, c'est les autres.
03:36Michel Auclair ?
03:37Exactement.
03:38Huitlots, l'enfer.
03:39Et quelques jours après votre représentation, vous étiez tout jeune, vous avez 17 ans.
03:44Oui, je m'étais en scène et je jouais.
03:46Voilà.
03:46C'est ça.
03:47Et vous recevez une lettre, vous avez reçu une lettre signée de la main de Jean-Paul Sartre ?
03:52Oui.
03:52D'abord, première chose, un télégramme.
03:54Parce qu'on avait joué dans le cadre du lycée.
03:56Et puis après, au flanc, on avait présenté la pièce au Théâtre National de Nice,
04:01où Jean-Pierre Bisson, qui le dirigeait à l'époque,
04:04offrait les jours de relâche, sa salle à des troupes amateurs dont il aimait le spectacle.
04:08Et donc, on y va.
04:10Et il arrête au bout de 20 minutes et il dit, super, vous avez la salle de date.
04:15Alors aussitôt, l'annonce, la pub d'Annie ce matin,
04:19on refait la mise en scène, bien pour le volume de la scène nationale.
04:22Et puis arrive l'être recommandée de la Société des auteurs, la SACD,
04:27interdisant la présentation, parce que je ne savais pas qu'il fallait demander les droits.
04:30Et là, mon père, avocat, me dit, la seule solution, écrit à l'auteur.
04:35Bon, j'y vais au flanc, à M. Jean-Paul Sartre, édition Gallimard.
04:39Et j'explique qu'on est une troupe amateur, on s'est emballé pour cette pièce,
04:42et on a l'opportunité géniale de la jouer sur la scène nationale.
04:45Mais on ne savait pas qu'il fallait demander les droits.
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