00:01La grande interview sur CNews et Europe 1, mon invité est au cœur de la situation politique inédite et inquiétante à laquelle nous assistons.
00:08Ces explications sont attendues. Les critiques aussi sont nombreuses, l'accusant d'avoir provoqué le chaos.
00:15Bonjour et bienvenue Bruno Retailleau.
00:16Bonjour Sonia Mabrouk.
00:17Merci de votre présence. Vous êtes le ministre de l'Intérieur, démissionnaire et patron des Républicains.
00:22Depuis plus de 24 heures, les Français assistent ébahis.
00:25C'est un balai, un vaudeville complètement fou dans lequel ça remue dans tous les sens.
00:30Dernier épisode en date, Emmanuel Macron a donc demandé à Sébastien Lecornu, pré-ministre démissionnaire, de mener d'ultimes négociations d'ici à demain soir.
00:39Tout d'abord, et dans un souci de clarification, Bruno Retailleau, qui est en face de moi ce matin,
00:44est-ce que vous actez définitivement de la rupture de confiance avec Sébastien Lecornu, avec Emmanuel Macron, avec cet exécutif,
00:51ou alors, sous certaines conditions, êtes-vous toujours prêts à travailler avec eux ?
00:56Moi j'ai une seule boussole. C'est l'intérêt supérieur de mon pays, de la France, que j'aime.
01:01Je suis un patriote, mais j'ai aussi des principes.
01:05Je pense que si la politique a été autant abaissée, c'est parce que les valeurs de la politique n'en sont plus,
01:11et c'est parce qu'il y a eu une déconnexion entre les valeurs de la vraie vie,
01:16celles que connaissent toutes les Françaises, tous les Français, et celles de la politique.
01:20Il faut revenir à un certain nombre de principes, une clarté,
01:25et c'est la raison pour laquelle j'ai pris un certain nombre de décisions depuis dimanche soir.
01:29Et pour répondre à ma question ?
01:31La question précisée là ?
01:34C'est-à-dire, est-ce que vous êtes toujours prêt à travailler sous certaines conditions avec cet exécutif,
01:38ou alors, puisque vous êtes attaché à ces principes et à l'intérêt général,
01:41vous dites, je ne participerai sous aucune condition à un gouvernement Lecornu 2, par exemple ?
01:46Les choses sont très claires, il y a deux options.
01:48Quel est le problème de dimanche soir ?
01:51Pourquoi ai-je fait ce tweet ?
01:53Parce qu'il y a une rupture de confiance, puisque je vois pendant une heure et demie,
01:57dans son bureau à Matignon, je n'étais pas invité.
01:59On va en parler.
02:00Je n'étais pas invité.
02:01Je me suis rendu avec ma voiture, sans rendez-vous, pour avoir des explications.
02:06Et on me cache l'essentiel du remaniement.
02:08Bien.
02:08Donc, il y a une sorte de rupture de confiance.
02:12Mais surtout, ce que j'ai constaté, c'est qu'il y a une tentative du président de la République
02:16d'essujettir le nouveau gouvernement, de faire une sorte de gouvernement macroniste,
02:23en ne tenant pas compte des leçons du suffrage universel.
02:25Je vous comprends bien.
02:26Donc, vous actez d'une rupture définitive ce matin.
02:29Mais, il y a deux choses.
02:31Il y a deux choses.
02:32Il faut que les choses soient très, très claires.
02:34Pourquoi vous ne voulez pas me répondre ?
02:35Je vais vous répondre directement.
02:37Vous avez une majorité présidentielle, des partis qui ont soutenu Emmanuel Macron.
02:42C'est le bloc central.
02:44Il y en a quatre.
02:45Quatre ou cinq.
02:46Et puis, il y a LR.
02:49Michel Barnier avait acté cette formule du socle commun, en incluant LR dans le socle commun.
02:56Aujourd'hui, je dis, il y a deux choses différentes.
02:59Il y a un bloc central et il y a LR.
03:01Nous sommes prêts, nous, pour le bien du pays, à voter un certain nombre de textes, à effectivement essayer de stabiliser le pays.
03:08Mais la tentative du gouvernement de dimanche soir, c'était une tentative de dissoudre LR dans une sorte de majorité présidentielle.
03:17Est-ce que les LR, deux retours dans un gouvernement, le Cornu 2 ou un gouvernement Borloo, un gouvernement Larcher ou un gouvernement tout autre, est-ce que c'est totalement exclu ?
03:25Ce qui est exclu, ce qui est exclu, c'est que LR se fonde, se dissolve dans une majorité macroniste.
03:32En revanche, en revanche, là encore, la boussole, c'est les Français.
03:35Mais pardonnez-moi, donc ce matin, vous ne fermez pas la porte à une éventuelle participation ?
03:40À une condition, à une condition, c'est que ce soit un gouvernement que j'appellerais de cohabitation.
03:45Qu'est-ce qui s'est passé depuis un an ?
03:49Emmanuel Macron a d'abord désigné un Premier ministre qui était son opposant, Michel Barnier.
03:54C'était une sorte, une forme de cohabitation, avec l'application de l'article 20 de la Constitution.
04:00Vous le connaissez, je le rappelle aux auditeurs.
04:02L'article 20, c'est le gouvernement qui gouverne et donc le président qui préside.
04:09Ensuite, il a choisi un allié, parfois peu commode, assez indépendant, François Béroud.
04:15Et enfin, Sébastien Lecornu, pour lequel j'avais confiance, mais je pensais qu'il s'émanciperait du président de la République.
04:21En réalité, j'ai vu à la formation du gouvernement qu'il s'agissait, là encore, d'une hyper-présidence.
04:27Mais ça, ce n'est pas possible, parce que c'est contraire aux résultats des élections législatives.
04:34Mais ce matin, certains se demandent, et je vous pose la question directement, vous parlez d'une rupture de confiance,
04:39certains se demandent combien de couleuvres êtes-vous prêt à avaler pour conserver un poste ?
04:43Attendez, comment pouvez-vous me poser cette question ?
04:45Elle ne se pose pas, elle n'est pas légitime ?
04:47Nommé ministre d'État, dimanche.
04:49Citez-moi le nombre d'exemples, depuis 1958, depuis le début de la Ve République, allez-y.
04:55Citez-moi le nombre de personnalités qui, nommé ministre d'État, ministre d'Intérieur, ont refusé.
05:01Nous sommes d'accord.
05:02Si je l'ai fait, c'est pour des principes.
05:04Nous reviendrons sur la cause.
05:04Attendez, si je l'ai fait, c'est des principes.
05:07Question de confiance, question de connexion, d'incohérence.
05:11Parce que ce gouvernement, quand j'ai vu, notamment, ce n'était pas pour sa personne, c'est pour ce qu'il représentait,
05:16au lieu de le maire, qu'on m'avait caché.
05:18Parce que si Sébastien Lecornu me l'avait dit dans son bureau, pourquoi d'ailleurs me l'a-t-il caché ?
05:23Vous voulez dire que l'homme censé être le plus informé de France, à quelques heures de l'annonce du gouvernement,
05:28ne sait pas qui occupe un poste stratégique comme celui des armées ?
05:30Bien sûr que non !
05:32C'est-à-dire qu'on a traité LR, on nous a traité, nous, partenaires, de ce fameux socle commun,
05:39comme on disait à l'époque, comme si on était prêts à avaler toutes les couleuvres.
05:44Et si Sébastien Lecornu, d'ailleurs, me l'avait indiqué, j'aurais, je pense, évité cette crise.
05:50Parce qu'immédiatement, je lui aurais dit, ça n'est pas possible.
05:53J'aurais repris ma voiture et je serais allé dans la cour de l'Elysée,
05:57et 4 à 4, je serais allé voir le président Emmanuel Macron en disant, vous ne pouvez pas faire ça.
06:02Ce n'est pas pour l'homme, c'est pour que...
06:04C'est pour le symbole politique.
06:06Mais bien sûr, on reprenait toujours les mêmes, on recyclait les mêmes.
06:10Une autre version circulée sur la manière dont s'est passé cet épisode,
06:13affirmant que sûrement vous ne vous êtes pas rendu compte du symbole politique que cela représentait,
06:19que c'est la colère de votre base au sein des LR, et si je puis dire, les boucles WhatsApp qui ont chauffé,
06:25qui vous auraient contraint de réagir avec cette réaction sur...
06:28C'est absolument faux. D'abord, je ne regarde pas les boucles, j'ai autre chose à faire.
06:32Et ensuite, l'enchaînement, c'est que dès que j'ai suivi que Bruno Le Maire était nommé,
06:37je l'ai appris comme tout le monde, comme tous les Français, par la télévision,
06:41en écoutant le secrétaire général de l'Elysée.
06:43Je me suis jeté sur mon téléphone, j'ai appelé le Premier ministre,
06:47et je lui ai dit ce que j'en pensais.
06:49Voilà. Encore une fois, pour moi, c'était une question de confiance,
06:53et moi j'ai des principes, pardon, je suis comme ça,
06:56on va peut-être me trouver un peu trop raide,
06:58mais les principes de la vie devraient être les principes de la politique.
07:01Qui n'en a pas ? C'est Emmanuel Macron qui n'a pas eu de principes dans cet épisode ?
07:03C'est pas ça. Et deuxième chose, la déconnexion.
07:05Attendez, comment voulez-vous...
07:07Je vais vous répondre.
07:09J'ai dit d'abord, rupture de confiance,
07:11on me cache un élément essentiel,
07:13et j'aurais pu éviter cette crise
07:15si on ne me l'avait révélée à temps,
07:17et ensuite, je me retrouve dans un gouvernement
07:19rétréci, recroquevillé
07:21sur le macronisme originel,
07:23et en faisant appel
07:24à un homme, pas pour ce qu'il est,
07:26il est sans doute estimable,
07:28et on a une relation apaisée,
07:30mais qui porte une part de responsabilité
07:32dans les plus de 1000 milliards d'euros,
07:34et on fait appel à lui, alors qu'on va devoir,
07:37pour le budget, demander aux Français,
07:39notamment à travers de l'année blanche,
07:41de se serrer la ceinture,
07:42et on ne fait rien de...
07:43Mais monsieur Rotailleau,
07:44alors c'est une provocation
07:45pour vous pousser à la sortie ?
07:47Non, je dis...
07:48Expliquez-nous le plan d'Emmanuel Macron dans ce cas-là.
07:49Je ne le comprends pas.
07:51Je ne le comprends pas.
07:52En tout cas, ce que je veux dire,
07:53c'est que ce gouvernement,
07:55c'était pour moi le symbole
07:56de ce qu'ils n'ont rien compris,
07:58d'une déconnexion totale,
08:00et en entendant les noms
08:02égrenés par le secrétaire général de l'Élysée,
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