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"Ceci est mon corps" de Jérôme Clément-Wilz : Le chemin de croix d’un enfant abusé
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il y a 2 jours
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Je suis seulement en train de découvrir une étendue immense de crimes
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qui ont duré des dizaines d'années.
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Et de l'autre côté, il y a mes avocats et avocates qui sont dans un temps de la procédure judiciaire
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et qui disent « mais si vous ne parlez pas maintenant, demain ce sera trop tard ».
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Et il y a un mot que vous n'arrivez pas à dire.
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Vous n'arrivez pas à prononcer le mot « viol » pour vous.
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Je me souviens, du fond de la cantine, depuis la table de direction,
00:26
Olivier me regarde, me fait venir.
00:30
Et me serre contre lui.
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Vingt ans plus tard, je porte plainte contre Olivier de Citivaud.
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Je raconte les attouchements chez lui et au cathé.
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Les couloirs où il me coinçait à la colo.
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Il est mis en examen.
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Puis en prison.
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Je pose une question cruciale qui est celle de l'amnésie traumatique.
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Et que beaucoup de victimes osent peu parler de manière publique.
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Et moi, j'ai la chance, d'une certaine manière, un peu étrange,
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que l'accusé ait fait des aveux entiers, circonstanciés, détaillés,
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qu'il a été condamné, qu'il ne fait pas appel.
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C'était une problématique que moi, j'ai traversée de manière vraiment à plate couture.
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Mais donc, j'avais peur.
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Parce que déjà qu'on nous remet en question dans nos témoignages, tout le temps, les victimes.
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Alors en plus, quand il y a cette problématique-là, c'est la honte totale.
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C'est-à-dire que les oreilles se ferment partout.
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Et donc moi, c'est une problématique qui me brûlait, vraiment.
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Les mains, en me disant, je ne peux pas parler d'amnésie traumatique
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parce qu'on va me renvoyer, j'exagère, j'invente, ou des choses comme ça.
01:48
Et donc forcément, il y a ce changement, moi que je dirais même ontologique,
01:52
existentiel, qui s'est passé pendant le procès.
01:54
C'est-à-dire qu'effectivement, ce dont mon corps se souvenait était vrai.
01:58
Et ça a été corroboré de manière très détaillée par l'accusé.
02:03
Et j'ai dit quelque chose pendant le procès.
02:05
J'ai dit cette phrase, peut-être un peu kitsch, mais j'ai dit,
02:08
ce qui est horrible, c'est que c'est comme si toutes nos vies étaient dans un tiroir
02:12
et la seule personne qui a la clé, c'est lui.
02:17
Et là, pour la première fois dans le procès, il a dit, je suis prêt à ouvrir le tiroir.
02:21
À ce moment-là de ma vie, mais toute mon enfance, toute mon adolescence sont genre un nuage.
02:28
Tout est flou, les visages ressortent à peine, mon corps encore moins.
02:34
Et tout mon travail pendant ces six années d'enquête, ça a été de reconnecter avec ce qui s'est passé.
02:41
Juste me voir, en fait, juste m'appréhender, a été mais crucial.
02:46
J'ai trié peut-être vraiment des dizaines de milliers de photos,
02:51
parce qu'elles étaient toutes en bazar dans un grenier.
02:53
Je cherchais des choses concrètes.
02:54
C'était vraiment, est-ce qu'il m'a fait ma première communion ? Est-ce qu'il m'a emmené à tel week-end ?
02:58
Est-ce que non, non, non, non ?
02:59
Et en même temps, j'avais besoin de, tout simplement, de comprendre qui était ce Jérôme.
03:04
Olivier a été vicaire de Saint-Paterne, donc ce n'était pas choquant que tu ailles le voir pour préparer une messe pour je ne sais pas quoi.
03:11
Mais là, je te demande quelque chose juste de factuel, pas juste.
03:14
Est-ce que tu te souviens de moi allant chez lui ? Combien de fois ?
03:18
Je ne te demande pas de te justifier, je te demande juste de savoir,
03:20
est-ce que tu te souviens si ça arrivait plusieurs fois, une fois, à quel âge ?
03:25
Parce que si, imaginons, si c'est pendant que j'étais enfant de cœur, ça veut dire que j'étais petit, papa.
03:29
Enfant de cœur, j'ai arrêté les enfants de cœur vers...
03:31
Oui.
03:32
Voilà.
03:32
C'est-à-dire que moi, je suis encore à un moment où je me rends compte des choses,
03:44
où j'ai besoin de mettre des dates très précises sur à la fois les événements,
03:50
les aveux éventuels, les retours sur aveux éventuels.
03:53
Et donc, je suis seulement en train de découvrir une étendue immense, en fait, de crimes
04:00
qui ont duré des dizaines d'années.
04:03
Et de l'autre côté, il y a mes avocats et avocates qui sont dans un temps de la procédure judiciaire
04:08
et qui disent, mais si vous ne parlez pas maintenant, et bien demain, ce sera trop tard.
04:12
Donc là, c'est bien, M. Clément Ville, c'est bien de faire ses recherches,
04:16
mais il y a un moment, c'est oui ou c'est non.
04:18
Et il y a un mot que vous n'arrivez pas à dire.
04:20
Vous n'arrivez pas à prononcer le mot viol pour vous.
04:23
Et effectivement, c'est comme si j'avais peur de mon nom,
04:28
c'est comme si j'avais peur de ce mot-là.
04:29
C'est comme si moi-même, j'étais dans le déni de ce qui m'était arrivé.
04:33
Et en fait, ce que j'ai découvert pendant ces six ans de procédure que j'ai filmé,
04:36
c'est qu'en fait, les avocats et les avocates ont un rôle essentiel.
04:39
Ce rôle, c'est de mettre des limites, de dire en fait, il y a une procédure.
04:43
Cette procédure, elle a un certain rythme et elle utilise certains mots.
04:47
Ce mot-là, si vous ne le dites pas aujourd'hui, demain, il sera trop tard.
04:50
Une affaire judiciaire, c'est complexe, c'est précis.
04:53
Et si en plus, je rajoute, là, je suis en train de voir si je vais faire requalifier les faits, tu vois.
04:59
Et tu vois dans quel état tu es, déjà ?
05:01
Parce que tu risques d'augmenter la gravité de ton cas sans le savoir,
05:06
juste gratuitement, pour faire davantage de voix à tes paroles.
05:09
Ce risque-là, même pour toi, que tu ne sois pas complètement sincère.
05:14
De quoi ? Que je ne sois pas sincère ?
05:15
Mais non, mais là, en l'occurrence...
05:17
Je ne sais pas, je te pose la question.
05:19
Non, mais maman, comment tu peux penser ça ?
05:21
Pardon ?
05:24
Comment tu peux penser ça ?
05:26
Non, non, je ne sais pas.
05:29
Elle t'en aille le rêve ou quoi ?
05:30
Elle a dit que j'étais en train de bidonner ?
05:32
Ce que j'essaie de raconter dans le film, c'est que le passé peut soigner le présent.
05:39
C'est-à-dire qu'à partir du moment où on est clair sur ce qui s'est passé,
05:43
on est capable de mettre des mots, on est capable de le dire, là, on peut avancer.
05:47
La conquétination du passé et du présent par le biais du montage, ça raconte ça, en fait.
05:54
Ça raconte que moi, j'ai été capable de me réconcilier avec ce petit Jérôme
05:58
qui s'est fait quand même éclater la gueule pendant 8 ans de sa vie.
06:02
J'ai été capable de me réconcilier aussi avec les relations qu'il pouvait avoir avec ses parents,
06:07
avec ses frères et soeurs qu'on voit dans ses VHS.
06:09
Et ce film, il opère ce pendule de regarder en face ce passé, de le sentir.
06:14
On entend des voix, on voit ce petit gamin et de voir comment ça peut avoir des échos dans le présent.
06:20
Et d'une certaine manière, il y a un changement un peu générationnel.
06:22
J'ai l'impression que les générations du dessus ont plutôt tendance à dire
06:26
non, mais c'est bon, c'est le passé, arrête de ressasser le passé.
06:30
Le passé est passé, il faut le dépasser.
06:32
Là où l'argument, il ne tient pas, c'est que nous, le passé, il nous revient.
06:35
Et on n'y peut rien.
06:37
Et quoi qu'il arrive, il va nous éclater la gueule jour après jour.
06:42
Les images nous reviennent, les odeurs nous reviennent, les sensations nous reviennent,
06:45
les fragilités, les peurs, les angoisses.
06:49
Donc ce n'est pas comme si on pouvait avancer comme ça, comme si de rien n'était.
06:53
Les autres, ils peuvent avancer comme si de rien n'était, mais nous, non.
06:56
Je trouve que l'acte de montage qui est d'insérer ces morceaux de passé dans le présent du film,
07:05
il raconte ça.
07:07
Il raconte, bah ouais, en fait, il faut regarder.
07:09
Et c'est seulement si on regarde qu'on va pouvoir avancer.
07:15
Malheureusement, les personnes autour de nous, ça les arrange bien, en fait, qu'on n'en parle pas.
07:20
Parce que c'est sortir du confort, en fait, c'est sortir de la léthargie.
07:27
On dit libérer la parole, mais je pense, moi j'ai envie de répondre, bah, surtout écouter.
07:33
Parce qu'en fait, les victimes, elles parlent depuis toujours.
07:36
Elles parlent depuis toujours, elles parlaient déjà dans les années 60, en fait.
07:38
C'est juste qu'on leur disait ferme ta gueule.
07:43
Écoute.
07:44
Alors, peut-être dans des termes...
07:49
J'ai souvenir, mais de rien.
07:52
On a ou alors, on n'a pas voulu entendre.
07:55
C'est possible aussi.
07:57
On a sûrement été en dessous de tout à ce moment-là.
07:59
Moi, j'ai complètement fautive à cet égard.
08:01
Mais ça n'a pas été une volonté de cacher, si tu veux.
08:07
Bon, merci, maman.
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