- il y a 2 jours
"Avant j'étais une femme" : La transition de Morgan
Catégorie
🥇
SportTranscription
00:00Je préférerais mourir que de revenir en arrière.
00:02Je ne trouvais pas ma place, je me sentais différente.
00:05Les garçons ne voulaient pas de moi parce que pour eux j'étais une fille
00:07et les filles ne voulaient pas de moi parce que pour elles j'étais un garçon.
00:11Par rapport à ce harcèlement, tu as voulu aussi mettre fin à tes jours, c'est ça ?
00:13Je me disais que ça serait mieux pour moi.
00:15Les médecins à l'époque m'ont dit que c'est soit l'école, soit l'hôpital.
00:18J'ai fait quelque chose à une vidéo Instagram.
00:20J'ai mal pris aussi la vidéo.
00:22Morgane, comment ça va ?
00:23Ça va super.
00:24La forme ?
00:24La forme.
00:25Très bien, merci d'être présent ici.
00:26Merci à toi.
00:27On est en Suisse, à Genève et je n'ai plus de voix parce qu'on a fait le salon, du coup, le royaume du web.
00:31Donc ne vous inquiétez pas à la caméra si je n'ai pas trop de voix.
00:34C'est normal, on va quand même passer un bon moment ensemble.
00:36C'est plus Morgane qui va parler aujourd'hui, je vous avoue.
00:38Moi, je vais poser la question et c'est Morgane qui va parler.
00:40Morgane, à quel moment as-tu su que tu voulais devenir un homme alors ?
00:43C'est une question qui est compliquée à tourner dans le sens où je n'ai pas voulu devenir un homme.
00:48C'est comme une femme transgenre ne souhaite pas devenir une femme.
00:51C'est pas du jour au lendemain qu'on se dit je veux être un homme ou je veux être une femme.
00:55C'est au fond de nous. Avant de passer ce choix, on a un moment de réflexion.
01:01Mais ce n'est pas un choix qu'on fait d'un coup, c'est une lubie et puis je veux.
01:06On l'est, sauf qu'on n'est pas dans le corps qu'on aurait dû être à la naissance.
01:10Incroyable. Donc toi, tu es née dans le corps d'une femme.
01:13Voilà.
01:14Pourquoi tu as hésité ? Parce que ce n'est pas le bon terme à employer ?
01:16Le corps d'une femme, ça veut dire beaucoup de choses.
01:19On ne peut pas dire un mauvais corps parce qu'il n'y a pas de mauvais corps.
01:21Moi, je peux très bien me le dire pour moi, c'était un mauvais corps dans le sens qu'il m'a fait beaucoup souffrir ce corps.
01:27Mais d'autres personnes, ce n'est pas un mauvais corps.
01:29C'était le temps d'expérimenter certaines choses et de se trouver.
01:32Maintenant, le corps d'une femme, qu'est-ce que ça veut dire pour certaines personnes ?
01:36Oui, avec un sexe biologique de femme, on peut dire comme ça.
01:39Mais pour moi, ça reste, j'ai été une femme.
01:42Pas tout le monde peut le voir comme ça, mais jusqu'à mes 26 ans, j'ai été une femme.
01:46La vidéo qu'on fait aujourd'hui, elle est importante.
01:48Je voulais vraiment, pour traiter cette thématique-là, avoir une personne qui s'exprime très bien comme tu le fais aujourd'hui.
01:53C'est très gentil.
01:53Pour vraiment clarifier certaines choses et les expliquer au grand public.
01:57Moi le premier, le chemin que tu as parcouru, les expériences, les opérations, toute cette transition que tu as fait.
02:02Et permettre d'éduquer des gens sur les différents sujets.
02:04Morgane, est-ce que tu peux nous raconter ton enfance ?
02:06Alors à l'école, comment ça se passait un petit peu ?
02:08Alors mon enfance, ça a été très très compliqué honnêtement.
02:10J'ai beaucoup de souvenirs, mais c'est vrai que j'ai eu tellement de traumatismes que mon cerveau a préféré se mettre en veille sur certaines choses.
02:17Mais c'est vrai que dès mon plus jeune âge, dès mon premier jour d'école, ça n'a pas été facile.
02:21Niveau du harcèlement, c'est ça ?
02:22Du harcèlement et puis simplement que je ne trouvais pas ma place.
02:25Je me sentais différente.
02:27Je parle de moi au féminin parce que certaines personnes ne veulent pas aussi.
02:30Ils parlent d'elle ou d'il.
02:32Mais moi, c'est une partie de moi où je ne savais pas que j'étais transgenre.
02:36Donc à l'époque, c'était elle et c'est comme ça.
02:38Et puis ça ne me dérange pas de parler de moi comme ça.
02:40Donc je ne trouvais pas ma place.
02:42Que ce soit parmi les garçons ou parmi les filles.
02:44Les garçons ne voulaient pas de moi parce que pour eux, j'étais une fille.
02:47Et les filles ne voulaient pas de moi parce que pour elles, j'étais un garçon.
02:49Donc vraiment, une solitude, mais du début à la fin.
02:52Il commençait à y avoir des petits couples, filles avec garçons, etc.
02:55Et puis moi, je regardais les garçons.
02:57Non, c'était la même à cet âge-là.
02:59Je veux dire, on est quand même très innocents sur l'orientation sexuelle.
03:03Mais moi, je n'arrivais pas à me projeter.
03:04Et puis c'est vrai que j'étais seul.
03:06Tu étais plus attiré par les hommes ou par les femmes à ce moment-là ?
03:08Je regardais les filles.
03:10Je me rappelle, oui, je regardais les filles.
03:12Et je me sentais coupable.
03:13Et je me disais, mais t'es complètement cinglé.
03:16Il y a un truc qui ne va pas chez toi.
03:17Parce que les autres filles de mon âge, c'est regarder les garçons.
03:20Une grande majorité.
03:21Et puis je me disais, mais qu'est-ce qui se passe pour que moi, je regarde les filles ?
03:24Et puis je ne disais rien en fait.
03:25Je regardais pour moi.
03:26Je veux dire, je suis 95, 95 du coup.
03:2995, oui.
03:30L'homophobie était encore assez très présente.
03:33Et puis à ce stage-là, on ne se pose pas de questions forcément sur l'orientation.
03:36Même s'il y a des petits signes quand même.
03:38Je veux dire à ce stage-là, en tout cas pour moi.
03:39J'ai un petit copain que ça...
03:40Non, moi, je ne connaisse pas ça.
03:41Je n'ai pas connu ça.
03:42Donc tu devais mentir des fois ?
03:44Même pas.
03:45En fait, j'étais tellement isolé que je ne mentais même pas.
03:48Parce qu'en fait, je ne parlais pas.
03:50Tu as converti à fond.
03:51Ah ouais, à fond, à fond.
03:52Vraiment, vraiment.
03:53Le genre de personnes isolées à la récré que personne ne voulait voir.
03:57D'accord.
03:57Qu'on regardait un peu mal.
03:58Tu n'avais pas beaucoup d'amis ?
03:59Pas beaucoup.
04:00Et ça s'est prolongé sur des années.
04:03J'avais un visage déjà à l'époque d'androgyne.
04:05On pouvait dire, tu es un garçon ou tu es une fille.
04:07D'accord.
04:08En fait, je n'ai jamais voulu avoir les cheveux longs.
04:09J'avais une coupe au carré.
04:11Et puis même les parents, il y a le garçon manqué.
04:13Les parents, les enfants qui...
04:15Vraiment une image du garçon manqué.
04:17Même les parents.
04:18La lesbienne, je veux dire, à cet âge-là,
04:21à quel moment on me dit qu'il y a la lesbienne ?
04:23Surtout des parents, ils avaient 30 ans.
04:25Et c'est vrai que pour moi, je ne savais même pas ce que ça voulait dire.
04:28Et puis j'ai été vers ma mère, je me disais, mais lesbienne, ça veut dire...
04:30Moi, je l'ai pris comme une insulte à ce moment-là.
04:32Alors que ce n'est pas du tout censé être une insulte, au contraire.
04:35Mais ce n'était pas ce que j'étais.
04:36Mais garçon manqué, ça me faisait en moi un effet terrible.
04:41Parce qu'au fond de moi, je savais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
04:43Je n'étais pas à l'aise avec cette identité.
04:45J'avais bien envie qu'on m'appelle monsieur ou garçon.
04:47Sauf que je n'en parlais pas.
04:49Et de dire garçon manqué, ça veut dire que tu devais être un garçon,
04:52mais on t'a manqué.
04:53Et pour moi, c'était un échec total.
04:56C'est injuste.
04:57Le monde s'écroulait sur moi.
04:59Genre, mais pourquoi moi, ça m'arrive ?
05:00Les autres, ils ont l'air tout à fait heureux.
05:02Les autres garçons, ils étaient là, en pleine forme, etc.
05:04Puis moi, j'étais là dans mon coin.
05:06Mais pourquoi moi ?
05:06Et je me suis dit, je vais devoir subir toute ma vie.
05:08Par rapport à ce harcèlement,
05:09tu as voulu aussi mettre fin à tes jours, c'est ça ?
05:11Oui.
05:12Je me disais que ça serait mieux pour moi,
05:14en fait, pas d'arrêter de vivre, mais d'arrêter de souffrir.
05:16Souvent, quand on pense à ça,
05:17c'est pas on veut arrêter de vivre,
05:19mais on veut arrêter de souffrir.
05:20Et j'ai pensé à cet âge-là,
05:21sans savoir pourquoi exactement.
05:23Mais je souffrais tellement que je me disais
05:25que ça serait plus simple comme ça.
05:26Tes parents, qu'est-ce qu'ils en pensaient à ce moment-là ?
05:28En fait, ça a été délicat parce que je n'en parlais pas.
05:30En fait, ils ont commencé à comprendre
05:31qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas
05:33quand j'ai eu une phobie scolaire totale.
05:35Dix ans, du jour au lendemain,
05:36je n'arrivais plus à aller à l'école.
05:37On m'a commencé à me dire
05:38« Mais quelqu'un t'a fait du mal, etc. »
05:40Non.
05:40En fait, il y avait un camp scolaire.
05:42Et moi, de m'éloigner, d'aller dans une chambre
05:44où il y avait d'autres filles avec moi, etc.
05:46Rien que de me changer dans les vestiaires, etc.
05:49C'était atroce.
05:50Même à la piscine, en fait,
05:51je me changeais dans la cabine.
05:53Et je me rappellerais toujours,
05:53je me changeais avec mon maillot de bain une pièce
05:55alors que les nanas, j'avais deux pièces.
05:57Et on regardait par-dessus la cabine
05:58et on balançait de l'eau.
05:59À toi ?
06:00À moi, de l'eau froide.
06:01Putain.
06:02Ça t'a été comme ça.
06:03Et ça a été comme ça, toute ma scolarité.
06:05Alors que j'adore le sport.
06:06J'ai commencé le foot avec les gars à 6 ans.
06:09Mais à chaque fois que j'allais au sport,
06:12j'étais angoissé.
06:13On me faisait des crises d'angoisse.
06:14Et alors, pour aller à l'école, c'était pareil.
06:16C'était...
06:16Bien sûr, ouais.
06:17Et donc, j'ai fait cette phobie scolaire à mes 10 ans.
06:20Et en fait, on m'a hospitalisé.
06:22Les médecins, à l'époque, m'ont dit
06:23« C'est soit l'école, soit l'hôpital. »
06:24Et tous les parents étaient inquiets à ce moment-là ?
06:26Ben, ils pensaient faire bien.
06:27C'est vrai, je me suis retrouvé avec des personnes
06:28qui n'avaient pas du tout les mêmes pathologies que moi.
06:30Des personnes qui avaient jusqu'à 18 ans, en plus.
06:31J'ai vu des personnes qui étaient schizophrènes,
06:34des personnes atteintes d'anorexie,
06:35des personnes attachées.
06:36J'ai vu une personne démonter un plafond
06:38avec une pièce de monnaie.
06:39Qui démonter un plafond pour s'évader.
06:41S'évader, ouais, ouais.
06:42Donc, tu te dis, en fait, t'es à l'hôpital,
06:43mais c'est pas mon souci.
06:44C'est pas ça, le problème.
06:45C'était quelque chose qu'on n'avait pas encore trouvé.
06:48OK.
06:48Il n'y avait pas de diagnostic posé.
06:50Et en fin de compte, c'était pas une maladie, surtout.
06:51Donc, je suis resté pendant une semaine.
06:53La semaine la plus longue de ma vie.
06:54Ouais, bien sûr.
06:55Parce qu'en fait, je voyais l'extérieur.
06:57Mais l'extérieur, on ne me voyait pas.
06:58C'était genre de vide teinté.
06:59OK.
06:59Et pas de contact avec l'extérieur.
07:01J'ai pas appelé mes parents pendant...
07:03Il y a 48 heures où on peut pas appeler l'extérieur.
07:05Cette unité n'existe plus.
07:06OK.
07:07Merci.
07:07J'ai supplié ma mère.
07:09Je dis, maman, s'il te plaît,
07:10je vais retourner à l'école, tout ce que tu veux.
07:11Pas à l'hôpital.
07:18Je faisais du mal parce que j'avais peur.
07:19De l'hôpital.
07:20Effectivement, de par le harcèlement,
07:21de par l'hôpital,
07:23et de par ta recherche un petit peu de ta propre identité.
07:25Voilà, c'était compliqué niveau enfant, scolarité.
07:27Ah ouais.
07:28Quand j'ai fini ma scolarité obligatoire,
07:30c'est vrai que je voulais travailler.
07:32Je voulais quelque chose de concret.
07:34Parce que je me voyais pas encore faire des longues études.
07:37Télément, j'arrivais pas à me projeter, en fait.
07:38Tu voulais en finir là-dessus sur les études.
07:40Et puis me dire, voilà, parce que c'était...
07:41Chaque jour était entre guillemets
07:43un jour de survie en plus avec tout ça.
07:45Et du coup, je me suis dit,
07:48un manuel parce que j'adorais ça.
07:50J'ai fait un test
07:51où ça combinait en fait deux diplômes
07:53en trois ans sur concours
07:54pour devenir électronicienne à l'époque.
07:57Soudure, électronique, informatique.
07:59Je me suis dit, c'est bon, c'est tout combiné.
08:00C'est parti.
08:01Première semaine, je suis allé.
08:02Déjà, dans ma classe, il n'y avait que des mecs.
08:03Je sors de l'école.
08:04J'étais pas loin de chez moi.
08:05Un groupe de mecs,
08:06« Mais t'es une nana ou t'es un mec ? »
08:08Et ça recommence le harcèlement.
08:10Je me suis dit, mais en fait,
08:11tout importe où je veux aller,
08:12ça va continuer.
08:13Du coup, moi, dégoûté comme jamais,
08:18je ne pouvais pas tenir trois ans comme ça.
08:20Intensité, c'était un concours.
08:21Il y avait une centaine de personnes.
08:22J'ai été rendu dans une classe de vie.
08:24Plus le stress et tout.
08:25Je dis, je laisse tomber.
08:26Je suis parti, du coup,
08:28dans le même cours que mes amis
08:30pour ensuite avoir un diplôme
08:32pour aller à l'université.
08:33Je tiens deux mois.
08:34J'ai mes notes, tout ça.
08:35Je ne suis pas à ma place.
08:36Et j'arrête.
08:37En fait, tout ce que j'entreprenais,
08:38je n'arrivais pas à continuer.
08:40Alors, j'avais beau réussir, exceller, etc.,
08:42j'ai fini mon cycle d'orientation
08:44avec 5,6 sur 6 de moyenne générale.
08:47Les matières, je survolais,
08:48mais je n'arrivais tellement, pas tellement.
08:49Il y avait une souffrance.
08:50Et je prenais quelque chose, j'arrivais,
08:52puis après, allez, c'est bon.
08:53Parce que je n'arrivais pas à me projeter.
08:54À te projeter, ok.
08:55Je n'arrivais pas du tout.
08:56Et ça a continué jusqu'à que
08:57j'arrête l'école obligatoire
08:59et je me retrouve sans rien.
09:00Et puis, je me suis dit, je dois travailler.
09:02Comment se sont passées
09:02tes premières relations amoureuses
09:04avant ta transition, alors ?
09:06Est-ce que tu en as eu déjà ?
09:06Alors, j'en ai eu, mais tardivement.
09:08Ma première relation,
09:09je l'ai eu à mes 20 ans.
09:10Mon premier bisou, je l'ai eu à 20 ans.
09:13À la période où les copains, copines,
09:15justement, vers 15, 16 ans,
09:16moi, je n'ai pas connu ça.
09:17Ça a été assez chaotique.
09:19Je tombais sur une personne.
09:20Au début, elle m'acceptait.
09:22Et puis, au final,
09:22ça ne s'est pas passé comme prévu.
09:24J'ai vécu de la violence physique
09:25de sa part, ainsi que ses proches.
09:28C'était une femme ou un homme ?
09:29Ça a toujours été des femmes.
09:31Des femmes, ok.
09:31Je suis sorti uniquement avec des femmes.
09:33D'accord.
09:34Donc, de la violence physique
09:35de la part d'une femme.
09:36Voilà, femme.
09:36C'est qu'on n'y pense pas forcément.
09:37Pourtant, ça arrive.
09:38Et je pense qu'à l'époque,
09:40c'était en tant que femme.
09:41Mais plus tard,
09:42ça a été en tant qu'homme aussi
09:43que j'ai vécu de la violence physique.
09:45On n'ose pas en parler.
09:47Et pourtant, c'est réel.
09:48Il y a des hommes
09:49qui se font maltraiter par leurs femmes.
09:51Sauf que je pense que les hommes
09:53ont une certaine fierté de ce côté-là.
09:54Bien sûr.
09:55De se dire, non, je ne vais pas en parler, etc.
09:57Mais ça arrive aussi.
09:58Et après, les autres relations qui ont suivi,
10:00il y en a eu deux autres
10:01qui étaient un peu, on va dire, des flirt.
10:04Mais la dernière, avant ma transition,
10:06a été plus que chaotique.
10:08C'est vraiment une relation
10:09qui m'a détruit psychologiquement
10:11comme physiquement.
10:12D'accord, c'est-à-dire ?
10:14Cette personne, clairement,
10:15a été violente envers moi.
10:17J'ai voulu tout faire
10:18et je m'assumais en tant qu'homme,
10:20mais elle ne le respectait pas.
10:21D'accord.
10:22Elle m'a violenté à plusieurs reprises.
10:24C'était vraiment très, très loin
10:25dans le sens où elle m'a encouragé.
10:27« Vas-y, jette-toi dans le Rhône,
10:29prends tes trucs,
10:31ça sera mieux sans toi. »
10:32Elle m'a violenté au point
10:34de briser, en fait, la main.
10:35Quoi, t'es une cicatrice, là ?
10:37Elle t'a brisé la main ?
10:39Voilà, avec une porte,
10:40quand j'ai voulu aller récupérer mes affaires.
10:41Elle a claqué la porte ?
10:42Avec son poids.
10:43Ah, son poids ?
10:43Son poids sur la porte.
10:44Du coup, j'avais déjà la main fracturée
10:46et elle m'a déplacé les plaques.
10:47Waouh !
10:47Donc, je me suis retrouvé
10:48avec une main comme ça
10:49et j'ai mis du temps à récupérer.
10:52Et c'est vrai que c'est là
10:52que ça m'a donné vraiment un déclic
10:54de couper courant avec cette personne.
10:56C'était une relation totalement toxique.
10:57Et moi, j'étais tellement mal
10:58qu'en fait, le peu d'amour
10:59qu'on pouvait m'apporter,
11:01c'était 1%, je le prenais.
11:03Parce qu'on m'avait acclimaté
11:04à me dire que personne
11:05ne pourrait m'aimer comme je suis.
11:06Donc, la première personne
11:08qui venait et qui me donnait
11:09un peu d'attention,
11:10je me disais, c'est bon,
11:10c'est l'amour de ma vie.
11:11C'est la seule qui pourra m'aimer.
11:12Exactement.
11:13Parce que je n'avais aucune confiance en moi.
11:15J'imagine qu'elle devait dire pareil
11:16de son côté en disant
11:17il n'y a que moi qui peut t'aimer.
11:18Exactement.
11:19C'était totalement toxique.
11:20Et puis, quand on est une personne
11:21qui a souffert
11:22et qu'on a vécu des choses
11:23qui ne sont pas similaires,
11:25on va se dire,
11:26la pauvre, etc.
11:27Je vais l'aider.
11:28Puis en faisant ça,
11:29on s'oublie totalement.
11:30J'étais arrivé à un stade de nos retours.
11:32Et c'est vrai qu'une de mes tentatives
11:34est liée à cette relation.
11:36Est-ce que tu avais réussi
11:36à avoir des relations intimes
11:38avec cette personne ?
11:39Oui.
11:39Tout à fait, oui.
11:40J'ai eu des relations intimes.
11:42Ça, le plus déroutant,
11:43c'est dans le sens où
11:44c'est comme si ce corps,
11:45avant ma transition,
11:46n'était pas vraiment le mien.
11:47On faisait comprendre
11:48à quel point ça pouvait être dégoûtant.
11:50On m'a tellement reproché
11:51que j'avais un physique disgracieux.
11:54Oui, t'es trop musclé pour une femme.
11:55T'es trop ça, trop ça.
11:56Alors que moi,
11:57j'aurais bien voulu me dire
11:58« Ah, t'es bien musclé pour un mec »
11:59ou des choses comme ça.
12:00C'était totalement l'inverse.
12:01Mais en fait,
12:02c'était un déni tellement total de ma part
12:04que tout ce qu'on pouvait me reprocher,
12:05je le prenais comme une insulte
12:07alors qu'au fond de moi,
12:08c'est ce que je voulais entendre.
12:09C'était vraiment totalement paradoxal
12:10d'entendre tout ça.
12:11À quel moment tu te dis
12:13« Je décide de faire une transition
12:14et de devenir un homme. »
12:16À quel moment tu comprends
12:17que c'est possible de faire ça ?
12:18Tu te dis « Bon, allez,
12:19c'est ce qu'il faut,
12:19c'est ce qu'il me faut. »
12:20En fait, ça a été un long parcours.
12:22Au fond de moi,
12:23j'ai toujours su que j'étais un...
12:24Je n'ai pas souhaité devenir
12:25mais que je l'étais
12:26sauf qu'on m'avait donné un corps
12:27qui n'était pas attribué
12:29à qui j'étais.
12:30C'est vrai que ça a commencé très jeune.
12:32Mais je veux dire,
12:33à mes 20 ans,
12:34c'est là que j'ai voulu entamer.
12:35À ma première relation,
12:36j'étais persuadé que c'était ça.
12:37Mais c'est vrai que mes proches,
12:38etc.
12:38« Oui, mais tu sais,
12:39les hormones, c'est pas rien.
12:41Il y a ça. »
12:41Bien sûr, les opérations.
12:43Et puis, on n'en parlait pas
12:44comme maintenant.
12:44Quand je regardais sur Internet,
12:45à l'époque,
12:46c'était encore écrit
12:47« Transsexuel. »
12:48Oui.
12:48Et quand je lisais ça,
12:50je dis « Mais puis,
12:51on ne représentait ça
12:52que de manière pour nous,
12:54des choses vraiment de... »
12:55Bien sûr.
12:55On ne dit plus
12:55le mot « transsexuel »
12:56aujourd'hui.
12:57Non, on dit « transgenre »
12:58depuis 2019.
12:59Parce que le terme « transsexuel »
13:00était utilisé
13:01pour qualifier
13:02une maladie mentale.
13:03D'accord.
13:04Et seulement en 2019
13:05que l'OMS l'a retirée.
13:07D'accord.
13:07Et du coup,
13:08ça a été un long cheminement
13:09et à quel moment
13:10tu t'es dit
13:11« C'est ce qu'il me faut,
13:12je vais lancer dans le processus
13:13des hormones et tout. »
13:14Il m'a fallu
13:15cette relation...
13:16Toxique, la dernière.
13:17Toxique, la dernière.
13:18Où vraiment,
13:18je me suis dit
13:18« Mais Morgane,
13:19ça fait 26 ans
13:20que tu subis,
13:21que tu vis pour les autres.
13:22À quel moment
13:23tu vas penser un peu à toi ? »
13:24Je me suis dit
13:24« Bon,
13:25qui même me suit ? »
13:26C'était un peu ça.
13:27« Allez, let's go ! »
13:28J'y vais.
13:29Et puis,
13:29même par rapport
13:30à mes proches,
13:30je me suis dit
13:31« Bah... »
13:31Et t'as encouragé
13:31tes proches
13:32ou il y a eu deux camps ?
13:33En fait,
13:33je ne voulais pas
13:33entendre trop
13:34ce qu'on me disait
13:35parce que je me disais
13:36que si j'écoutais,
13:37ça allait induire,
13:38faire changer
13:39mon opinion,
13:41ma décision.
13:42Comme on dit,
13:42« Fais des trucs
13:43de ton côté,
13:43tu ne parles pas,
13:44les gens y verront,
13:45c'est tout. »
13:46Bien sûr.
13:46Toujours rester dans le silence
13:48et préserver ça.
13:49J'en ai parlé à ma mère.
13:50Maintenant,
13:50j'ai 28 ans,
13:57« Je vais enlever
13:58cette poitrine. »
13:59Elle me fait trop souffrir.
14:00Puis elle m'a dit
14:00« T'es sûre de toi ? »
14:01Je dis « Est-ce que
14:02tu m'as déjà vu
14:03à l'aise avec ça ? »
14:05« Non. »
14:05« Si tu penses
14:06que c'est bien pour toi,
14:07bah... »
14:08« Vas-y. »
14:09Elle m'a dit ça
14:09sur le moment
14:10et c'est vrai que...
14:11Au début,
14:11je fais que ça.
14:11Je n'ai pas pensé
14:12à l'acte de stosterone.
14:13Je me suis dit
14:14« C'est vraiment ça
14:14qui me fait souffrir. »
14:15Mamectomie.
14:16Mamectomie.
14:17Ou plus précisément
14:18torsoplastie.
14:19Une reconstruction du torse.
14:27plat, plat, plat.
14:29Du coup,
14:29c'est toi qui l'as financé,
14:30c'est ça ?
14:30Une partie.
14:31En Suisse,
14:31on n'a pas le même système
14:32qu'en France.
14:33On a une assurance de base
14:34qu'on paye tous les mois.
14:35Ça dépend du montant.
14:36Ça reste entre 500 et 600 francs.
14:39Donc, à peu près
14:40le même change en euros.
14:41Et on paye le 10%.
14:43Que ce soit opération,
14:44médicament, consultation.
14:46Mais on doit payer ce 10%.
14:47En payant en plus
14:49notre assurance.
14:50Pour moi,
14:50c'était l'investissement
14:51de toute une vie.
14:51Donc, je me suis dit
14:52« Je veux un truc vraiment
14:53qui soit nickel
14:54où je vais me réveiller.
14:56Je sais que c'est fait.
14:57Je suis heureux,
14:58j'ai mon torse, etc. »
14:59Donc, j'ai dû financer
15:00la liposuction
15:01parce que c'est de goût esthétique.
15:03Et du coup,
15:04je me permets une question
15:05plus intime.
15:06Est-ce que tu as fait
15:07toutes les opérations,
15:07même les opérations génitales ?
15:09Alors moi,
15:09j'y réponds sans aucun souci
15:10sur ma chaîne.
15:11Je pense que tu as pu voir.
15:12Après, il faut savoir
15:13que certaines personnes
15:14peuvent le prendre mal.
15:15Qu'on pose la question ?
15:16Qu'on pose la question.
15:17Voilà.
15:17Non, moi,
15:18je n'ai pas été opéré
15:19de mes parties intimes.
15:20C'est un choix
15:21dans le sens où
15:22pour l'instant,
15:22je me suis acclimaté
15:24avec mon entrejambe
15:25et c'est vrai
15:26que la testostérone
15:27opère pas mal
15:28de changements
15:28à ce niveau-là.
15:29La phalloplastie,
15:29donc la création d'un phallus,
15:31c'est une opération
15:31qui est longue
15:32avec beaucoup de risques
15:34et honnêtement,
15:35d'arrêter le sport.
15:36Pour moi,
15:36je me sens...
15:37Tu n'en ressens pas
15:37le besoin du moins
15:38pour l'instant ?
15:38Non, et puis j'ai ma femme
15:39et puis on est heureux
15:40comme ça.
15:41Voilà.
15:41J'ai ma petite.
15:42C'est le plus important.
15:43J'ai accompli
15:44ce que j'avais à accomplir.
15:45Maintenant,
15:46l'avenir nous le dira.
15:47Trop bien, trop bien.
15:48Est-ce que tu as eu rendez-vous
15:49avec un psychologue avant ?
15:51Alors oui.
15:51Maintenant,
15:51je sais qu'en France,
15:53je ne sais pas honnêtement...
15:53Je crois que c'est conseillé,
15:55il me semble,
15:56ou c'est obligatoire même,
15:57il me semble.
15:57A confirmer dans les commentaires,
15:58peut-être ?
15:59Je crois que c'est
15:59même plus obligatoire.
16:01Certains spécialistes
16:02n'ont plus besoin
16:02du certificat dysphorie de genre.
16:04Moi, j'ai eu ce besoin
16:05d'avoir un certificat,
16:06en tout cas,
16:07il y a deux ans en arrière.
16:08Je l'ai eu assez rapidement.
16:09Ça m'a sauvé la vie.
16:10Certains viennent vers moi
16:11« Oui, en combien de temps
16:11t'as eu tant de certificat ? »
16:12J'essaie de répondre au maximum.
16:15Il y a beaucoup de questions,
16:16mais ça dépend.
16:17Ça dépend de plein de choses.
16:18Je ne peux pas dire
16:19« Oui, dans deux semaines,
16:19tu vas l'avoir
16:20et puis ça met plus de temps. »
16:21Mais j'avais ce besoin.
16:23Tu devais avoir ce certificat
16:24pour ensuite faire les opérations ?
16:26Et accéder
16:26à l'hormonothérapie.
16:28En fait,
16:29j'ai commencé les hormones avant,
16:30étonnamment,
16:30parce qu'en fait,
16:31le délai était plus loin
16:32pour la torsoplastie.
16:34Il y avait un délai d'attente
16:34et puis je me suis dit
16:35« Bon, bah, on va essayer. »
16:36Bien sûr.
16:36Mais tu as été conseillé
16:37par des médecins ?
16:38Bien sûr.
16:38Des endocrinologues ?
16:39Des endocrinologues
16:40qui étaient en lien
16:41avec le psychiatre.
16:42Et c'est vrai que moi,
16:43j'avais peur
16:44d'avoir une dose de testo
16:46d'un coup énorme dans le corps.
16:48Déjà que je n'étais pas
16:48très stable au niveau
16:49de l'humeur,
16:50de tout ce que je venais de vivre,
16:51etc.
16:52Je me suis dit
16:52« Écoutez, j'aimerais bien
16:53quelque chose
16:54qui soit contrôlé. »
16:55En plus,
16:55je n'aime pas trop les injections.
16:56Sur un mois,
16:57il y a une montée.
16:58Et puis après,
16:59il y a une descente dans le sang.
17:01Et puis on doit se refaire
17:01une injection.
17:02Et moi,
17:03je voulais vraiment
17:03cette constance
17:04au niveau des humeurs,
17:06au niveau des performances
17:06aussi sportives.
17:07C'était important pour moi.
17:08Bien sûr.
17:09Et moi,
17:09j'ai commencé avec du gel,
17:10en fait.
17:11Ok, du gel.
17:11Du gel de testostérone.
17:13C'est sur quelle ?
17:13Sur les zones ?
17:14Sur le ventre,
17:15l'abdomen
17:16et l'intérieur des cuisses.
17:17C'est du testo en gel.
17:18Et en fait,
17:18c'est des micro-doses
17:19et mon traitement,
17:20je l'applique au quotidien.
17:21Encore aujourd'hui ?
17:21Encore aujourd'hui.
17:22En fait,
17:22je n'ai jamais pris
17:23d'injection.
17:24J'ai toujours été
17:24avec du gel.
17:25Waouh !
17:25Je n'ai même pas
17:26que ça marchait aussi bien.
17:27Moi,
17:27on me disait aussi
17:28« oui,
17:28ça prend plus de temps,
17:29etc. »
17:29Et puis,
17:30en fin de compte...
17:31C'est dingue du gel,
17:31tu te dis,
17:32c'est de la testo,
17:33c'est incroyable.
17:33Ouais,
17:33c'est incroyable.
17:34Et puis,
17:34j'ai été très réceptif.
17:35Au début,
17:36je n'arrivais pas à dormir.
17:37J'étais un peu plus nerveux.
17:38Mais ça a duré quoi ?
17:39Deux semaines,
17:39le temps que ça se stabilise.
17:40Mais ce n'était pas
17:41des colères ou autre.
17:43Et au contraire,
17:44ça m'a plus stabilisé
17:45sur l'humeur.
17:46Avant ma transition,
17:47je me trouvais même
17:47plus nerveux,
17:48à plus à chercher
17:49la petite bête
17:50que maintenant.
17:51Je veux dire,
17:51maintenant,
17:51j'ai tellement,
17:52en fait,
17:52ce recul
17:53et cette confiance en moi
17:54que je pense que c'est lié à ça.
17:55Je laisse passer les choses.
17:57Et puis,
17:57je me défoule à la salle de sport.
17:58Après,
17:59c'est comme la puberté.
18:00Les hormones,
18:01ça se chamboule,
18:02il ne faut pas oublier.
18:03Mais je m'attendais
18:04quand même à pire.
18:05J'avais peur.
18:06C'est pour ça que j'ai mis du temps
18:06à me mettre aux hormones.
18:09Mais plus de bien
18:10que de négatif.
18:11Nickel.
18:11Et j'ai trouvé
18:13le bon équilibre.
18:14Au niveau de la pilosité,
18:15c'est venu au fur et à mesure
18:16de la testostérone ?
18:17Oui,
18:17après,
18:18c'est la génétique.
18:20On ne peut pas tout avoir.
18:22Malheureusement.
18:23Il faut savoir que dans ma famille,
18:25tous mes frères,
18:25ils ont tous des grosses barres.
18:27Mon père est barbu.
18:28C'est la génétique.
18:28C'est la génétique.
18:30Mais c'était une conséquence ?
18:31Tu n'as pas fait des implants ?
18:32Non.
18:32C'était une conséquence ?
18:33C'était une conséquence
18:35et je ne m'attendais pas à ça.
18:36Je me suis dit
18:37que je commençais un testo,
18:37j'avais une petite moustache.
18:38J'étais déjà heureux
18:39avec ma petite moustache
18:40et puis après,
18:40c'est arrivé.
18:41J'étais super heureux.
18:42Et au niveau de la voix,
18:43est-ce que tu as fait un travail ?
18:45Comment ça s'est passé ?
18:45J'ai toujours eu une voix basse,
18:47mais c'est vrai qu'après,
18:48ça dépend de l'intonation,
18:49comment on parle à n'importe qui.
18:51C'est vrai que,
18:51par exemple,
18:52avec mes parents,
18:52aussi étonnant
18:53que ça puisse paraître,
18:54je vais prendre une voix
18:55plutôt aiguë.
18:55Ah, marrant, ok.
18:56Comme si je me culpabilisais
18:58d'une part.
18:59Par contre,
18:59quand je suis au quotidien,
19:00j'ai cette voix,
19:02même avec mes petits frères,
19:03une voix un peu aiguë,
19:04comme si j'avais peur
19:05de leur infliger
19:07un changement trop brusque.
19:08D'accord, ça se passe.
19:09Même s'ils y sont faits.
19:10C'est assez récent,
19:11au final,
19:11tout ça,
19:12ça a pris deux dernières années.
19:13En deux ans.
19:14En deux ans.
19:15Impressionnant.
19:15Ça va très vite.
19:16Après, j'ai été très réceptible.
19:18Il y en a des qui prennent
19:19plus de temps.
19:19Bien sûr.
19:20Il y a des effets
19:20qui peuvent faire jusqu'à cinq ans
19:22ce que j'ai pu lire.
19:23Après, on est tous différents.
19:24Moi, il y a encore une année,
19:25j'avais encore des trous
19:26dans la barre.
19:27Je me suis dit,
19:27ça va s'arrêter là.
19:28Et même ma voix,
19:29je me suis dit,
19:29c'est bon,
19:29ça ne va plus descendre.
19:30Et puis, ça descendait,
19:31ça descendait.
19:32Puis, je me suis dit,
19:32mais ça va descendre jusqu'à...
19:33Incroyable.
19:34Et au niveau du physique
19:35et de la corpulence,
19:36on voit quand même
19:37que tu es plutôt bien bâti
19:38et plutôt bien musclé, quand même.
19:40Je te heurts tant.
19:41Et tu fais de la muscu, toi, c'est ça ?
19:43Oui.
19:43Tu avais commencé avant la transition ?
19:45Oui.
19:45J'ai toujours été un passionné
19:46de musculation par mon père.
19:48Dans les années 80,
19:49il en faisait beaucoup.
19:50J'ai fait du foot avant,
19:52le sport d'équipe.
19:57Quand tu étais au foot
19:58et que tu affrontais d'autres filles,
20:00est-ce que tu avais
20:01une supériorité physique de base ?
20:03Tu sentais que tu étais plus forte ?
20:04Oui, je me sentais comme ça
20:05et justement,
20:06je me sentais que c'était injuste.
20:08J'avais peur de faire mal aux autres.
20:09Surtout que j'arrivais sur un stade,
20:10on me disait,
20:11il y a un garçon dans l'équipe adverse.
20:13Le premier jour que j'ai commencé du foot,
20:14je me rappelle,
20:15c'était le président du club
20:16et il m'a dit,
20:17oui, les garçons,
20:17c'est de l'autre côté.
20:18Puis moi, devant ma mère,
20:19je prends une voix très aiguë.
20:20Oui, maman, je vais...
20:21Il m'a fait quoi ça ?
20:22Il m'a dit,
20:22Morgane, tu ne vas pas changer pour les gens.
20:24Elle m'avait dit ça,
20:25tu ne vas pas changer pour les gens.
20:26Et puis après, il a compris,
20:27il s'est senti mal,
20:28c'était le président du club
20:28et mon entraîneur en plus.
20:30Du coup, Morgane,
20:30quelle a été l'étape
20:31la plus difficile dans ta transition ?
20:34Aussi étonnant que ça puisse paraître,
20:35je suis en plein dedans.
20:36C'est au niveau de mes papiers, en fait.
20:38Tes papilles ?
20:38Mes papiers.
20:39Tes papilles, Morgane ?
20:40Tes papilles du sacit,
20:41des cas-ci,
20:42ça ne change pas à ce niveau-là encore.
20:44Ma situation fait que c'est compliqué
20:45parce que je suis né en Suisse,
20:46mais je suis d'origine italienne.
20:47Donc, je peux passer par l'Italie,
20:49sauf que l'Italie ne reconnaît pas
20:50la loi de la Suisse.
20:51Donc, je suis en train de faire
20:52tout un chamboulement
20:54pour pouvoir être reconnu
20:55en tant qu'homme en Italie
20:56ou me faire redevenir Suisse
20:58officiellement
20:59et avoir mon M
21:01sur ma pièce d'identité.
21:02Parce qu'actuellement,
21:03j'ai ma pièce d'identité
21:04avec un F,
21:05mon ancien prénom
21:06avec ta tête là.
21:08Waouh !
21:08Et du coup,
21:08ça apporte des fois préjudice
21:10à l'aéroport ?
21:10C'est ça.
21:11C'est pour ça que chaque contrôle
21:13est source d'angoisse.
21:15de devoir expliquer.
21:16Tu m'entendras la vidéo maintenant.
21:18Voilà, là,
21:19c'est bon,
21:19t'es mon alibi.
21:20Après,
21:21il y a certaines personnes,
21:22la plupart,
21:23je pense,
21:23c'est le coming out,
21:24le coming out personnel.
21:25Parce qu'avant de se dire
21:28transgenre,
21:28il y a toute une phase
21:29où on doit se découvrir.
21:30Il y a le déni.
21:31C'est une phase d'acceptation.
21:33Après, il y a aussi
21:33le coming out social.
21:35On parlait aux proches,
21:36on parlait
21:37au reste du monde.
21:39Après, il y a aussi
21:39l'hormonothérapie,
21:41si on en vit ou pas,
21:42parce que ce n'est pas une obligation.
21:43Il y a des personnes transgenres
21:44qui ne désirent pas
21:45entamer
21:45juste les hormones.
21:48Chaque transition est unique.
21:50Chaque personne est unique.
21:51Il y a autant de transitions
21:52que de personnes transgenres.
21:53Mais c'est vrai que pour moi,
21:54c'est ça.
21:55J'ai eu assez de facilité
21:56pour tout ce qui était médical.
21:58Mais les papiers,
21:59c'est une vraie galère.
22:00Ça aurait pu être l'inverse.
22:01On ne peut pas tout avoir.
22:03Mais pour moi, c'est ça.
22:04Ça vient doucement.
22:05On te souhaite
22:06que tout se fasse bien.
22:07Merci, c'est gentil.
22:08Avec plaisir.
22:08Comment tes proches ont réagi
22:10quand ils ont vu
22:10ta transformation physique ?
22:12Tes parents d'abord,
22:13ta famille,
22:13tes frères ?
22:14Mes frères,
22:14pour eux,
22:15c'est allé de soi.
22:15Parce que déjà,
22:16en fait,
22:16ils m'ont toujours vu
22:17un peu comme un grand frère.
22:18J'avais toujours un peu
22:18ce rôle protecteur
22:20de grand frère, etc.
22:21Donc ça n'a pas été
22:21un shot pour eux.
22:23Je pense que le plus dur
22:23a été quand même pour ma mère.
22:24J'étais la seule fille.
22:25Je veux dire,
22:26on n'est pas la même génération.
22:27On n'a pas les mêmes croyances,
22:28les mêmes convictions.
22:29Je lui ai fait comprendre.
22:30D'abord,
22:30on met au monde un enfant.
22:31Peu importe son genre,
22:32c'est un enfant avant tout.
22:34Quand on met au monde un enfant,
22:35on veut qu'il soit heureux.
22:43il est et tu l'aimes comme il est.
22:44C'est vrai.
22:45Et je lui ai fait comprendre ça.
22:46Il a fallu du temps
22:46parce que jusqu'à il n'y a pas longtemps,
22:48elle me le disait en choré,
22:49même avec ma barbe.
22:51Mais c'était plus dans l'habitude.
22:53Bien sûr, je comprends.
22:53Après, je me fais la part des choses.
22:56Dans le sens,
22:56il y a des gens
22:56où c'est clairement maladroit,
22:58ils ne font pas exprès.
22:59Puis il y en a d'autres,
22:59c'est vraiment pour...
23:00Pour appuyer, quoi.
23:01Ouais, ouais, ouais.
23:02Non, clairement.
23:02Après, j'arrive à jauger un peu tout ça.
23:04Mais mon père...
23:05Faut ton père.
23:06Rien à foutre.
23:07En fait,
23:07tu étais tellement dans le mal avant.
23:10Et puis surtout,
23:10il me voyait déjà comme son...
23:12Toujours vu comme un garçon.
23:13On partageait...
23:14Il me montrait des photos
23:16de Schwarzenegger,
23:17de Coleman à l'époque.
23:18Bien sûr.
23:19Ouais, puis il me disait
23:20regarde Bob Dylan,
23:21les années...
23:21Je dis là, ouais, tout ça.
23:23Ah ouais, on parlait déjà de ça.
23:24Donc en fait, ça coulait de source.
23:25C'est vrai que personne,
23:26à l'époque,
23:27t'aurait dit fait une transition.
23:28Mais le fait que tu l'aies fait de toi-même,
23:30tout le monde,
23:30ça fait du bien à tout le monde.
23:31Ah oui, oui.
23:31Même des amis d'enfance,
23:33pour eux, ça allait de soi.
23:34Ils n'ont jamais été choqués.
23:36Après, ils ont dû juste réajuster
23:37au niveau du pronom.
23:38Bien sûr.
23:39Il y a pris un peu plus de temps,
23:40forcément.
23:40Exactement.
23:41Mais les vrais amis que j'ai,
23:43j'en ai pas beaucoup.
23:44Ouais, ça suffit.
23:45Il en faut pas beaucoup.
23:47Mais j'ai gardé un super approche.
23:48Et puis on me respecte comme je suis.
23:50On m'adore comme je suis.
23:51Et puis même,
23:51on me voit mieux
23:53et plus épanoui.
23:54Donc, même eux,
23:55ils s'entourent beaucoup plus de moi.
23:56Il y a comme une bienveillance
23:58qui se fait.
23:59Même, c'est tout bête,
24:00mais regarde aujourd'hui,
24:01tu me disais qu'à l'époque,
24:02tu étais introverti,
24:03mais là, tu vois,
24:04derrière la caméra,
24:04il y a trois, quatre personnes.
24:06Il y a trois caméras
24:06et la lumière.
24:07Ce que tu fais aujourd'hui,
24:08il y a beaucoup de gens
24:09qui ne sont pas capables
24:10de le faire.
24:10En fait, je ne sais pas
24:11d'où c'est bien ça.
24:12Ouais, mais va peut-être.
24:12Tu me sens plus à ta place aujourd'hui.
24:14Je me sens plus à ma place
24:15et surtout, je dirais
24:16que ça fait partie de moi
24:17et que j'ai besoin d'extérioriser ça.
24:19C'est une sorte de thérapie.
24:20Parce que quand je suis là,
24:21en fait,
24:21tout ce qui est autour,
24:22ça n'existe pas.
24:23T'es concentré dans ton truc.
24:23Concentré, c'est mon truc.
24:25Ça fait partie de moi.
24:25Ton histoire.
24:25C'est mon histoire.
24:26Bien sûr.
24:27Et c'est important
24:27de partager pour n'importe qui.
24:29Aujourd'hui, du coup,
24:30tu as une chérie ?
24:30Une femme.
24:31Une femme ?
24:31Magnifique.
24:33Ma future femme.
24:34Combien ?
24:34Bien t'ont marié ?
24:35C'est en négociation.
24:37C'est en négociation.
24:38C'est en économie.
24:39Exactement.
24:39Comment elle vit, elle,
24:40du coup, ça, au quotidien
24:41avec toi ?
24:42Alors, comment ça s'est passé ?
24:43Elle m'a connu
24:43avant ma transition hormonale.
24:45Même si je lui ai dit
24:45écoute, en fait,
24:46je suis un homme transgéant,
24:47je n'ai pas commencé
24:48les hormones.
24:49Elle m'a dit
24:50pour moi, t'es un homme.
24:51Ça ne change rien.
24:52Moi, je vais rester comme ça.
24:53Ok, c'est parti.
24:54On a gagné du temps comme ça.
24:55C'est simple.
24:56Et puis, elle s'était déjà renseigné.
24:57Ça, c'était une énorme chance.
24:59Donc, je n'avais pas besoin
25:00de lui expliquer quoi que ce soit.
25:02C'était trop beau pour être vrai.
25:03Et bien sûr,
25:04quand on a vécu
25:05des choses comme j'ai pu vivre,
25:06on se dit
25:07c'est tellement trop beau
25:08pour être vrai
25:09qu'on a tendance
25:10à l'auto-sabotage.
25:11Non, ce n'est pas possible
25:12qu'elle m'aime
25:13pour qui je suis.
25:17Non, c'est possible.
25:18On a le droit d'être aimé
25:19et il existe des personnes
25:20sur Terre
25:21qui vont nous aimer
25:22comme on est.
25:22Et on n'a pas besoin
25:23de changer pour les autres.
25:24Il faut juste la trouver.
25:25La patience.
25:26On espère que chacune des personnes
25:27qui verra la vidéo
25:28arrivera à trouver son âme-sœur aussi.
25:30Est-ce que tu as l'impression
25:30qu'aujourd'hui,
25:31la transidentité
25:32et changer de genre,
25:34c'est quelque chose
25:34qui est à la mode
25:35sur les réseaux ?
25:36Alors, c'est une question
25:37qu'on nous pose souvent.
25:38Je ne peux pas dire
25:39qu'il n'y a pas
25:40un faible pourcentage
25:41qui n'est pas dans cet esprit
25:42de mode
25:43de se dire
25:44oui, je me mets à la page,
25:45etc.
25:45Je me suis mal dans ma peau
25:46donc je suis transgenre.
25:48On ne peut pas exclure.
25:49Mais ça reste
25:49un très faible pourcentage.
25:51La majorité,
25:52pour s'engager
25:53dans une transition
25:54que ce soit hormonale,
25:55sociale,
25:56on sait qu'il y a
25:56des lourdes conséquences derrière.
25:58Oui, le retour en arrière
25:59est possible plus ou moins,
26:01mais on s'engage
26:02dans quelque chose,
26:02un processus
26:03qui n'est pas anodin.
26:04Le regard des autres
26:05osent de se faire agresser.
26:06Je veux dire,
26:07moi, ça ne m'abuse pas.
26:08Est-ce que tu penses
26:09qu'à l'adolescence,
26:09l'âge un petit peu
26:10à laquelle on se cherche,
26:11il faudrait,
26:12pour attaquer
26:12une transition hormonale,
26:14parce que c'est peut-être
26:14que tu vas me contredire,
26:15peut-être que c'est dur
26:16de revenir en arrière après,
26:17peut-être un âge limite,
26:18par exemple,
26:18se dire,
26:19personne ne commence
26:19une transition avant 20 ans
26:20parce que ça va induire
26:22des changements chimiques
26:24sur le corps
26:25de par les hormones.
26:26Est-ce que tu penses
26:26qu'il faudrait laisser
26:27passer l'adolescence
26:28aux jeunes ?
26:29Comme ça,
26:29ils ont le temps
26:29de mûrir un petit peu
26:30et à 20 ans,
26:31quand ils sont prêts
26:32ou à 18 ans,
26:33à la majorité,
26:33autoriser ce changement
26:34si la personne a besoin,
26:36qu'est-ce que t'en penses ?
26:37C'est une bonne question.
26:38Je peux parler déjà pour moi.
26:39Moi, par exemple,
26:40à 12 ans,
26:41j'étais persuadé
26:42que c'était ça
26:42qu'il me fallait.
26:43Mais je ne peux pas faire
26:44de mon cas une généralité.
26:45Ça, c'est hors de question.
26:46Maintenant,
26:47je pense qu'on ne peut pas
26:48laisser des jeunes
26:49en souffrance extrême
26:51sans soin.
26:52Ça ne veut pas dire
26:52comment se dire
26:53que les hormones,
26:54mais il existe
26:54des bloqueurs d'hormones.
26:55C'est-à-dire que
26:56juste le temps de la puberté,
26:57on bloque les hormones,
26:58le temps de la réflexion,
26:59etc.
26:59Mais surtout,
27:00que ces jeunes
27:04sont hormonales.
27:06D'avoir un accompagnement
27:07maintenant avec tout
27:08ce qu'on a sur Internet,
27:09les professionnels.
27:10Il n'y a pas de spécialistes
27:10en transidentité,
27:11ça n'existe pas,
27:12on est d'accord.
27:12Mais juste un accompagnement
27:13pour soutenir ces jeunes
27:14dans des périodes
27:15où il y a des crises
27:16et pas qu'ils se sentent seuls.
27:18Moi, je n'ai pas connu ça
27:19et j'ai survécu
27:20jusqu'à mes 26 ans.
27:22Mais honnêtement,
27:23combien de fois
27:23j'aurais pu partir
27:25parce que je n'ai pas
27:25pu transitionner ?
27:26Est-ce qu'on peut
27:27se dire
27:28que ce faible pourcentage
27:30qui est sûr,
27:31on le laisse passer de côté
27:32quitte à
27:33qui se foutent en l'air ?
27:34Non ?
27:35Donc oui, c'est plus long.
27:36Ça prend énormément
27:36de ressources pour tout le monde
27:37mais je pense que c'est
27:38du cas par cas.
27:39Maintenant, de dire
27:40à 6 ans,
27:41oui, je veux commencer
27:42une transition,
27:42dire ah oui, c'est ça,
27:43vas-y ma fille,
27:44vas-y mon fils,
27:45j'ai une fille.
27:46Je pense qu'en étant parent,
27:47on a un peu plus de recul
27:48là-dessus.
27:49Je vais la laisser se découvrir.
27:50Si elle a la moindre question,
27:51elle sait qu'elle pourra
27:52venir vers moi.
27:52Et peu importe son choix,
27:53peu importe ce qu'elle veut faire,
27:55elle sait qu'elle aura toujours
27:55papa et maman derrière elle.
27:57Et si elle veut entamer
27:58une transition de genre
27:58et que ça devient il,
28:00il y aura toujours nous deux
28:01qui seront derrière elle
28:02pour la soutenir.
28:03Tu sauras effectivement
28:04lui poser les bonnes questions
28:05et le bon diagnostic
28:07pour être entre guillemets
28:08peut-être sûr et certain
28:09que c'est la bonne voie
28:10qu'elle veut suivre.
28:11Exactement.
28:12Sans faire d'erreur,
28:12mais c'est vrai que c'est
28:12un sujet pas facile
28:13parce qu'on sait qu'à l'adolescence,
28:15comme vous disiez tout à l'heure,
28:15on se cherche.
28:16Est-ce que tu penses que
28:17c'est quelque chose
28:18qui est propre au 21e siècle,
28:20le fait de vouloir changer d'identité
28:21ou ça a toujours existé ?
28:22Ça a toujours existé.
28:23La civilisation mésopotamienne,
28:25il y a 7000 ans en arrière,
28:27il y a déjà des textes
28:28qui parlent de ça.
28:29Peut-être qu'on n'arrivait pas
28:30à les nommer ?
28:30Bien sûr, parce que maintenant,
28:32c'est comme il y a un terme pour tout,
28:33les syndromes ou peu importe,
28:35il faut un temps pour tout
28:36pour nommer quelque chose,
28:38mais ça a toujours existé.
28:39C'est comme il y a toujours eu
28:39des personnes, même à l'époque,
28:41qui étaient homosexuelles
28:41mais qui n'osaient pas se l'avouer.
28:42Parce que sinon,
28:43ils se faisaient tuer.
28:44Ouais, ouais.
28:44Peu importe.
28:45Et peu importe où.
28:46Jeanne d'Arc,
28:46on s'est même posé la question
28:48par rapport à...
28:49C'est une réalité.
28:50Après, j'étais pas là.
28:52Non plus.
28:53On lui poserait la question
28:54si il y a pas la vidéo.
28:55Et là, c'est un commentaire.
28:57C'est intéressant ce que tu dis
28:58parce que moi,
28:58j'ai un côté un peu plus traditionnel,
29:01go muscu, etc.
29:02Toi, tu as le côté musculation aussi
29:04et le côté transidentité.
29:06Donc, je pense qu'à tous les deux,
29:07ce qu'on fait,
29:07c'est un petit cocktail explosif.
29:09Et je pense que les gens,
29:10dans les commentaires,
29:10ils vont pouvoir donner aussi leur avis
29:12à notre échelle,
29:13faire avancer un petit peu le truc.
29:15Et dans tous les cas,
29:15on n'arrêtera pas de le dire,
29:16mais chacun est libre de faire ce qu'il veut.
29:18Le but, c'est pas de l'imposer aux autres.
29:20Si les gens, ils veulent changer d'identité,
29:21chacun doit...
29:21Ça cache au chemin de vie.
29:22Du moment que personne fait de mal à personne,
29:25je veux dire,
29:25chacun est libre de faire ce qu'il veut.
29:27C'est pas moi qui...
29:27C'est quand même la finalité de tout ça.
29:28C'est quand même ça.
29:29Est-ce que tu connais des gens, peut-être,
29:30qui ont voulu faire une transition
29:31et finalement, qui l'ont pas faite ?
29:33Honnêtement, jamais.
29:34Ok.
29:35Tous mes amis qui ont entamé une transition,
29:37il y en a pas mal.
29:38À aucun moment,
29:40ils ont regretté
29:40et ils ne l'ont pas fait.
29:41Est-ce qu'il y a un moyen de revenir en arrière ?
29:43Ça existe, c'est la détransition.
29:45En ce moment, on en parle énormément
29:46parce que c'est pas extraordinaire.
29:48C'est rare.
29:48Donc, on va le mettre en avance.
29:50C'est comme dans les faits divers,
29:50on va pas parler de la mamie
29:52qui s'est bêtiré à un chariot,
29:54on va parler de la maison
29:55qui a explosé à côté.
29:56Bien sûr.
29:56C'est une réalité.
29:57Maintenant, c'est un pourcentage
29:58qui est de moins de 1%
30:00des détransitions
30:01sur les personnes transgenres.
30:02Sachant que la population transgenres
30:04est de 1 à 2%
30:06de la population totale.
30:07Sur ce 1%,
30:08il faut savoir qu'il y a encore des sous-catégories.
30:10La première cause des détransitions,
30:12c'est la pression des parents.
30:13La deuxième,
30:14c'est la pression sociale.
30:15La troisième,
30:16c'est la précarité du travail.
30:17Et seulement la dernière,
30:19c'est que la personne
30:19s'est trompée dans son choix.
30:22Donc, de ce que tu m'expliques,
30:23ça reste un choix assez faible ?
30:25C'est très très faible.
30:26Il y a plus de personnes
30:27qui regrettent un mariage
30:28pour dire que c'est une réalité.
30:31Mais bien sûr que
30:32c'est pas la même chose.
30:33C'est de l'identité.
30:35On va pas toucher la même chose,
30:36on va pas comparer.
30:37C'est un choix d'identité.
30:38Le genre.
30:39On vient vraiment
30:40au fondement de la vie.
30:43Quels sont les clichés
30:43qui t'énervent le plus
30:45sur les personnes transgenres ?
30:46Je pense qu'un des plus gros clichés,
30:48c'est toutes ces personnes
30:49qui disent que c'est un caprice.
30:51Une transition,
30:51c'est pas du jour au lendemain.
30:52On va pas s'infliger
30:53la transphobie,
30:54des opérations.
30:55Moi, ça m'a pas fait plaisir
30:57d'aller me faire opérer.
30:58Ça m'a pas fait plaisir
30:59de passer toutes ces étapes.
31:00Je dis après,
31:00chacun son truc.
31:01Même moi, personnellement,
31:02ça m'a pas plu.
31:03Donc,
31:04ce n'est pas un caprice.
31:05On a ce besoin
31:06d'être en harmonie
31:07entre notre corps
31:08et notre esprit.
31:09Souvent, on me dit
31:09« Ouais, mais si tu t'établis
31:10en tant qu'homme,
31:11tu dis qu'un homme
31:12n'a pas besoin d'une barbe
31:13pour être un homme,
31:13pourquoi t'as une barbe ? »
31:14Parce que j'aime ça.
31:15Le physique que j'ai actuellement,
31:16quand j'étais petit,
31:17je me voyais comme ça.
31:18Donc, j'étais préparé à ça
31:19et ça n'a pas été une surprise.
31:21Je voyais mes frères
31:21se couper la barre.
31:23J'étais jaloux.
31:23Et moi aussi, je suis.
31:24Moi aussi, figure-toi.
31:27Moi, je peux être jaloux
31:27pour autre chose.
31:28Mais j'étais jaloux.
31:29J'en voulais aux hommes
31:31de la terre entière.
31:32Je veux dire,
31:32ce n'est pas un caprice
31:33ou c'est l'effet de mode.
31:35Je pense que pour une mode,
31:36c'est quand même
31:36beaucoup de risques à courir.
31:38Puis, c'est une maladie mentale.
31:39Ce n'est pas la transidentité
31:41qui est une maladie.
31:42C'est tous les facteurs environnants
31:43qui peuvent nous rendre malades
31:44et nous faire souffrir
31:45sur de long terme,
31:46la dépression.
31:47Mais ce n'est pas la transidentité
31:49qui est une maladie.
31:50On voit bien
31:50que tu es quelqu'un de sain.
31:51En fait, c'est tout con.
31:52Mais tu vois,
31:52c'est deux heures qu'on discute.
31:53Tu vois, je n'ai même pas
31:54de te rencontrer pour le savoir.
31:55À mon avis, au fond,
31:56tu t'en fous.
31:57Non, je ne m'en fous pas.
31:58Mais on sent que tu es
31:59quelqu'un de posé
32:00qui est beaucoup plus épanoui
32:01aujourd'hui, tu vois.
32:01Et encore une fois,
32:02l'exercice qu'on fait aujourd'hui,
32:03ce n'est pas facile.
32:04Et tu arrives parfaitement bien.
32:05Donc, franchement, bravo.
32:06que tu es posé,
32:07que tu as confiance en toi.
32:08Enfin.
32:09Tu es à ta place ?
32:10Je suis à ma place.
32:10Du coup, question.
32:11Tu vas dans les toilettes d'hommes
32:12ou toilettes pour femmes ?
32:13C'est une question
32:14qui revient souvent
32:15et j'ai souvent la même réponse.
32:17Je dis,
32:17est-ce que tu me vois
32:18dans les toilettes des femmes ?
32:19Pas du tout.
32:20Pas du tout.
32:21Je pense que tu aurais
32:22plus de problèmes
32:22en sortant les toilettes des femmes.
32:24Même avant ma transition,
32:25j'ai eu des problèmes.
32:26Ok, à vous ?
32:26Oui, oui, oui.
32:27Une fois, je suis arrivé
32:28dans les toilettes des femmes
32:28et puis on m'a clairement dit
32:30mais monsieur, vous faites quoi ici ?
32:31Non, je n'avais pas de barbe ou quoi.
32:33Waouh.
32:33Je lui appellais la police.
32:34Je me dis,
32:35mais je suis une femme.
32:37Non, non, non.
32:38Et je suis parti
32:38limite en courant.
32:39Après, j'allais dans les toilettes
32:40des hommes en fait
32:41parce que...
32:42C'est plus simple
32:42et moins embrouilleux.
32:43Ils mettaient moins de temps.
32:45Bah oui.
32:45Mais la queue aux toilettes des femmes.
32:46C'est incroyable.
32:47Moi, je profite du truc
32:48et j'ai autant exploité.
32:50T'as raison, exactement.
32:51Puis je me dis,
32:52les toilettes hommes-femmes
32:53ou après, c'est un autre débat.
32:54Au fond, ça change quoi ?
32:55Moi, c'est clair
32:56je ne peux pas aller aux urinoirs.
32:57C'est le seul problème.
32:57Voilà, c'est clair.
32:59Après, c'est possible d'y aller
33:01mais je ne me sens pas
33:02de sortir tout l'attirail.
33:04Alors, pour rebondir là-dessus,
33:05est-ce que tu penses
33:06qu'il faudrait en reste
33:07les toilettes hommes-femmes
33:08ou alors des fois,
33:08il faudrait inventer
33:10d'autres toilettes
33:11pour les personnes en transition ?
33:12On me dit oui.
33:14Si il y a une personne
33:14malheureusement tensionnée,
33:15elle dit qu'elle est transgenre,
33:16elle va venir,
33:17elle aussi a les femmes,
33:17elle va agresser les femmes.
33:19La plupart des agressions,
33:20il n'y a pas besoin
33:20de rentrer dans les toilettes
33:21pour qu'une personne
33:22se fasse agresser.
33:23C'est une réalité.
33:24Après, moi, je suis perçu
33:25pour dire quoi que ce soit.
33:27On veut être intégré
33:27comme tout le monde.
33:28Pourquoi créer encore
33:29des cases dans des cases ?
33:30Pour aller aux toilettes,
33:31je veux dire,
33:31on s'en fout du moment
33:32qu'on fait notre truc.
33:33Voilà, c'est tout.
33:34On va faire dans la nature
33:35et voilà, vous êtes tout.
33:35On va être chez vous
33:36et puis restez.
33:38J'ai fait une vidéo Instagram,
33:40TikTok même,
33:41sur les sportifs transgenres
33:43dans le sport de haut niveau
33:44en MMA et en natation
33:45des hommes
33:46qui étaient devenus des femmes
33:47et qui, dans leur discipline,
33:49explosaient tous les records.
33:51Et ça a fait beaucoup débat.
33:52J'avais pris cher pas mal
33:53de par la communauté GBT.
33:55Je comprends,
33:56il n'y a pas de souci.
33:56On est là pour discuter
33:57et échanger.
33:58Qu'est-ce que tu en penses, toi,
33:59des personnes transgenres
34:01dans le sport de haut niveau ?
34:02Déjà, c'est important pour moi
34:04de...
34:04Si tu ne le mettais pas
34:05sur le tas, le sujet,
34:06je pense que j'allais en venir
34:07parce que c'est vrai
34:08que moi, le premier,
34:09je n'ai pas été hypocrite
34:10et j'ai mal pris aussi la vidéo.
34:12Je pense que c'était
34:13plus des termes maladroits.
34:14Mais une grande partie
34:15des personnes transgenres
34:17l'ont pris vraiment
34:18comme une attaque transphobe
34:20en pensant que c'était
34:21vraiment visé.
34:22Mais non, si on s'est contacté,
34:23je vois tes propos, etc.
34:25Je sais que ce n'était pas
34:25du tout dans cette intention.
34:27Non, je pense en fait...
34:28C'était plus maladroit.
34:29Non, mais même de faire réagir
34:31aussi, de faire réagir
34:32et de peut-être proposer
34:33des solutions.
34:34Mais du coup, je te laisse
34:34peut-être répondre
34:35qu'est-ce que tu en penses, toi.
34:36En fait, c'est très intéressant,
34:39oui et non.
34:39La femme transgenre
34:40que tu as montré,
34:41donc biologiquement,
34:43cette femme est née homme
34:45et elle a transitionné
34:46pour la femme
34:47qu'elle a toujours été.
34:47Il faut savoir que
34:48cette personne a entamé
34:49une transition hormonale
34:50qui est un bloqueur
34:51de testostérone
34:52et des oestrogènes
34:53que cette femme-là
34:53a un taux de testostérone
34:55similaire à une femme
34:57qui est née femme.
34:57C'est pour ça qu'il y a
34:58des contrôles
34:58comme n'importe quelle
35:00compétition sportive.
35:01Donc la testostérone,
35:02elle est égale.
35:03Après, on peut parler
35:04physiologiquement.
35:05On peut venir
35:05à l'exemple des basketteuses.
35:07Une basketteuse
35:08qui fait 1m80
35:09sera toujours
35:11dans la facilité
35:12comparée à une basketteuse
35:13d'1m60.
35:14Et pourtant, il y en a une
35:15qui a l'avantage sur l'autre.
35:16Pourtant, c'est tous les deux les...
35:17comme toi à l'époque.
35:19Exactement.
35:19Quand tu faisais du foot,
35:20tu avais l'avantage naturel.
35:22Voilà, je n'ai rien fait.
35:23Je ne me topais pas.
35:24Le problème, c'est que
35:25par exemple, si cette femme
35:26qui fait 1m80
35:27était une femme transgenre
35:28et qu'elle écrasait
35:29une femme cisgenre
35:31qui est une femme
35:32qui est née femme,
35:33donc là, ça crée au scandale.
35:34Ok.
35:35Parce que c'est nouveau aussi.
35:36C'est nouveau,
35:36mais parce que c'est tellement...
35:38C'est 0,01%
35:40de personnes transgenres
35:41dans les compétitions sportives.
35:42Ok.
35:43Et puis moi, en fait,
35:43je me mets à la place
35:44quand on dit
35:44de créer une nouvelle catégorie.
35:47chez les hommes
35:48parce que je ne veux pas
35:48les concourir chez les femmes.
35:49Pourtant, j'ai un F
35:50sur ma place d'identité.
35:51Ok.
35:51Et j'ai un taux de testo
35:52dernièrement, il est de 2.
35:54C'est-à-dire que je pourrais
35:54concourir chez les femmes.
35:55Même dans la boxe.
35:56Ça veut dire que peut-être
35:5790%, 90% des femmes
35:59que je vais combattre,
36:00je peux les écraser.
36:01Je peux dire,
36:01il y a quoi qui m'empêche ?
36:02Ça peut être injuste d'un côté,
36:03mais de mon côté aussi,
36:04c'est injuste.
36:05Par contre, peut-être
36:06qu'il y a 1% de femmes
36:07qui sont des femmes
36:08qui peuvent me mettre une raclée.
36:09Et moi,
36:17que je suis un homme.
36:18C'est vrai que c'est un sacré sujet.
36:20C'est complexe
36:21parce que le dopage,
36:22ça arrive dans tous les niveaux sportifs.
36:23Il y a toujours des injustices.
36:25Mais je me doute
36:26qu'une personne
36:27puisse transitionner,
36:28s'infliger tout ça
36:29dans le seul but
36:30d'exceller dans des compétitions.
36:33Au vu de tout le parcours
36:34et toute la transition,
36:36le coût financier,
36:37la chirurgie,
36:38les opérations qu'il faut faire
36:39pour changer de sexe,
36:40c'est vrai que ce serait dommage
36:41qu'un athlète fasse tout ça
36:43juste pour exceller
36:44dans des compétitions.
36:45Alors à ce moment-là,
36:46moi, je n'aurais pas transitionné.
36:48Je serais resté à ma place
36:50dans le foot
36:50ou dans un sport de combat.
36:52Où tu aurais excellé.
36:53Voilà,
36:53où j'aurais excellé
36:54et puis peut-être
36:54qu'à l'heure actuelle,
36:55je serais en train
36:56de faire des combats
36:56ou autre.
36:57Dans un sens
36:57ou dans un autre,
36:58il y aura toujours des injustices.
37:00Surtout au niveau du sport,
37:01quand on voit le dopage,
37:02quand on voit le niveau du foot,
37:03du tennis.
37:04Ça existera toujours.
37:05C'est une réalité.
37:06La muscu,
37:07c'est beaucoup plus,
37:07on va dire,
37:08on en parle beaucoup plus facilement
37:09parce qu'on sait
37:10qu'on va avoir des résultats,
37:11certains résultats physiques,
37:12on est obligé de passer
37:13par ce stade-là.
37:15Mais ça reste quand même
37:16tabou le dopage.
37:16Est-ce que toi,
37:17tu le prendrais mal
37:18qu'on crée des catégories
37:19pour les personnes transgenres ?
37:20Moi, personnellement,
37:21je le prendrais mal.
37:22Je veux dire,
37:22je vais à la salle,
37:23la plupart des mecs
37:25que je côtoie
37:25qui sont des go muscus,
37:26ils ne savent pas
37:27que je suis trans.
37:27Peut-être qu'il y en a
37:28qui m'ont vu sur les réseaux,
37:29mais je m'entraîne,
37:29je suis en débardeur,
37:30on ne voit pas mes cicatrices.
37:31Tu as l'impression
37:31que c'est un retour en arrière en fait ?
37:33Non, même pas dans le sens
37:34pour moi,
37:34on est des hommes et des femmes
37:36et puis moi,
37:36j'ai besoin d'être intégré
37:38en tant qu'homme
37:39et pour rien au monde,
37:40j'aimerais qu'on nous sépare.
37:41Je veux dire,
37:41je vais être intégré,
37:42même si je me fais écraser
37:43dans les classements,
37:44je m'en fous,
37:44je vais aller.
37:45On a tous des prédispositions génétiques.
37:48C'est ça.
37:48Moi qui suis un homme
37:49face à un autre homme,
37:50peut-être qu'il aura juste
37:51une meilleure récupération,
37:52des os plus solides.
37:53Tu vois,
37:53moi j'ai des petites mains,
37:54donc je suis désavantagé
37:55par rapport à...
37:55C'est ça.
37:56On ne peut pas tout avoir.
37:57Dans tous les cas,
37:58tu auras un avantage
37:59d'un côté
37:59et l'autre a un avantage sur toi.
38:01Polyvalence surtout,
38:02c'est un peu c'est...
38:03Bien sûr.
38:03Sinon,
38:03on ne serait pas des humains,
38:04on est tous différents.
38:05Mais comme on dit,
38:06c'est vrai que c'est le sujet chaud du moment,
38:07la transidentité dans le sport de haut niveau.
38:09Donc c'est normal qu'on en parle,
38:11c'est normal que ça suit des réactions
38:12et ensuite avec les années,
38:13ça va s'épurer,
38:14il y aura d'autres combats,
38:16il y aura d'autres questions.
38:17Mais surtout,
38:17c'est tellement une minorité
38:18quand on voit que c'est 0,01%.
38:21Ça ne représente que ça.
38:22Mais on va le mettre en avant.
38:23La découverte fait peur
38:24et puis c'est seulement en en parlant
38:26et puis en expliquant aussi,
38:28en étant là,
38:28en échangeant
38:29qu'on pourra faire comprendre les choses.
38:30On est là pour discuter,
38:31échanger,
38:32trouver des solutions
38:32et avancer.
38:34Un débat.
38:34La question est peut-être bête,
38:36mais est-ce que tu es plus heureux aujourd'hui ?
38:38Pour rien au monde,
38:38je reviendrai en arrière.
38:39Et ça va être assez rude,
38:41ce que je vais dire.
38:42Je préférerais mourir
38:44que de revenir en arrière.
38:45Vraiment.
38:45Pour de vrai.
38:46Et ce n'est pas des paroles en l'air.
38:47C'est la plus belle décision
38:49que j'ai prise dans ma vie.
38:50Bravo en tout cas.
38:50Bravo.
38:51Merci beaucoup.
38:52Je veux dire,
38:52déjà de m'accueillir
38:53et puis d'en parler,
38:54ça prouve aussi
38:54que tu es dans cette recherche
38:56de te renseigner
38:58et puis de blesser personne.
39:01Je pense que c'est aussi important
39:02pour n'importe quelle communauté
39:03de mettre ça au point
39:04et de voir que c'est en toute bienveillance.
39:07Exactement.
39:08Comme on dit encore une fois,
39:09chacun fait les choix qu'il veut.
39:11On est juste là
39:12pour que chacun se sente à sa place,
39:13se sente bien.
39:14Face à la nouveauté,
39:15c'est normal d'être un peu craintif,
39:16d'avoir peur,
39:17de ne pas comprendre.
39:18Et aujourd'hui,
39:19si on fait cette vidéo ensemble,
39:20c'est justement pour expliquer
39:21avec chacun ses a priori,
39:23ses avis,
39:24son expérience,
39:25mettre tout ça à plat.
39:26Tout à fait.
39:26Éduquer les gens
39:27qui vont voir la vidéo YouTube,
39:29leur donner pourquoi pas
39:29une autre vision du processus
39:31de la transidentité.
39:33Voilà.
39:33Plein de bonheur à toi en tout cas.
39:34Merci beaucoup Thibaut.
39:35Plein de bonnes choses
39:35et surtout,
39:36une très bonne séance de muscu à toi.
39:38A toi aussi.
39:38Merci beaucoup.
Recommandations
0:40
|
À suivre
0:16
1:12:06
0:33
1:28:02
4:54
0:30
5:08
4:46
0:31
0:41
1:23
0:19
19:14
0:38
0:39
0:08
0:19
Écris le tout premier commentaire