- il y a 3 heures
Dans cette interview diffusée sur TV5 Monde le 4 mars 2020, le célèbre photographe Jean-Marie Périer revient avec émotion sur ses souvenirs personnels et professionnels aux côtés de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Françoise Hardy et d'autres icônes de la chanson française. À travers ses clichés emblématiques, il raconte les coulisses d’une époque marquée par la liberté, la jeunesse et le talent. Un témoignage rare, entre nostalgie et regard d’artiste.
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Art et designTranscription
00:00– Le temps s'était arrêté, il suffisait de vivre un présent éternel,
00:09c'est ce qu'a écrit Patrick Modiano en préface du livre de Jean-Marie Perrier.
00:13Fabuleux bouquin Jean-Marie, les photos des années 60, 70 publiées ici,
00:19c'est nos souvenirs, c'est vos souvenirs, et quelque part c'est un temps,
00:23comme le dit Modiano, qui s'est arrêté.
00:24– Oui, à ma grande surprise, parce que si on avait dit à l'époque
00:28qu'on regarderait les photos 50 ans plus tard, je ne l'aurais pas cru.
00:32Parce qu'en fait, ça n'avait pas la prétention de faire de l'art,
00:36c'était fait pour être sur les murs des chambres des adolescents,
00:39pour les faire rêver.
00:41Parce qu'il ne faut quand même pas oublier qu'à l'époque,
00:43quand on fait celui des copains, au départ il y a une chaîne de télé
00:47et trois chaînes de radio.
00:49Donc on est le seul lien entre tous les gens, les gosses en France,
00:55qui rêvent de ces chanteurs qu'ils ne peuvent pas approcher.
00:57Le lien c'est nous.
00:58– C'était très important, il ne fallait pas les prendre pour des comptes,
01:03ces gens-là.
01:04– Cette photo-là qu'on voit en ce moment, c'est la photo du siècle,
01:07elle est dans le bouquin évidemment, le 12 avril 1966, il est 15h.
01:11– C'est une question prétentieuse quand même, la photo du siècle,
01:13pour exagérer.
01:14– Ils sont tous là.
01:15Et alors, l'anecdote c'est que Johnny, il fallait lui donner quand même
01:19une place un peu plus importante que les autres,
01:20mais il ne fallait pas les vexer tous.
01:21– Oui, ça c'est un peu ma faute, mais je ne regrette pas,
01:25parce que finalement j'ai eu raison, mais vraiment,
01:27comme tout a commencé par lui, les années 60,
01:31et salut les copains, et toute cette vague, c'est d'abord Johnny.
01:35Ça a commencé avec lui, d'ailleurs ça a fini avec lui pour moi.
01:38Mais je voulais qu'il soit au-dessus, mais je ne voulais pas vexer tout,
01:41parce qu'il y avait plein de gens dans cette assemblée
01:44qui vendaient autant de disques que lui.
01:46Alors j'avais laissé traîner cette échelle,
01:48et puis au dernier moment, je lui ai dit, attends, je ne te vois pas bien.
01:51Il dépassait tout le monde déjà, mais monte d'un cran,
01:53et puis voilà, et comme ça, en fait il était à sa place.
01:58Et franchement, bon, je suis assez fier, parce que c'était vrai.
02:01– Oui, c'est vrai.
02:02– Il est resté.
02:03– Parce que cette photo, moi je voyais, il y avait les sœurs,
02:05Catherine Ribeiro, il y a des gens absolument incroyants,
02:08parfois c'est les sœurs, il y a des gens qui ont disparu,
02:11Annie Philippe, et puis des stars qui sont venues mortelles.
02:13Écoutez cette musique-là, Jean-Marie Perrier.
02:15– Évidemment, c'est oncle Dan au départ.
02:25– C'est Daniel Philippe Acky, c'est lui le responsable.
02:27C'est lui qui a eu l'intelligence, en fait,
02:29d'aller aux États-Unis avant tout le monde,
02:31et de comprendre que ce qui se passait là-bas
02:33allait arriver chez nous, à l'époque, comme toujours.
02:37Bon, maintenant c'est en train de changer.
02:39Mais c'est vrai qu'à l'époque, tout ce qui était en Amérique,
02:41il faut comprendre que nos parents,
02:43ils avaient vécu deux guerres, parents, grands-parents,
02:45ils s'étaient battus par la vie, tous ces gens,
02:47ils voulaient la paix, ils voulaient le peinard.
02:49Mais nous, nous, nous on voyait en cinémascope,
02:52on voyait James Dean, Marlon Brando, on voulait être là nous.
02:56L'Amérique, ça faisait rêver à l'époque.
02:57Donc, on était obsédés par cette espèce de rêve
03:01que représentait l'Amérique.
03:03Et au fond, c'est la première fois,
03:05dans l'histoire de l'humanité peut-être,
03:07que d'abord, l'adolescence est reconnue comme telle.
03:12Parce qu'avant, dans les années 50,
03:14on passe de la culotte courte au mariage direct.
03:16Ça n'existe pas.
03:17Un adolescent, c'est un mec qui a des boutons, c'est tout.
03:19Là, tout à coup, on avait notre argent de poche,
03:23notre façon de danser, notre musique et tout.
03:25Et donc, on prend le pouvoir.
03:27C'est ça que Daniel a compris avant tout le monde.
03:29Oui.
03:30Et il nous a donné le pouvoir.
03:31Et ce sont des rencontres incroyables.
03:32On va entendre une chanson,
03:33on va écouter quelques chansons comme ça
03:35qui rappellent tellement de souvenirs.
03:37Alors là, c'est l'époque où on les appelait par leur prénom.
03:41Celle qu'on entend là, évidemment, c'est Sylvie.
03:46Magnifique, regardez la beauté.
03:49Elle, c'est très important parce que
03:50c'est la deuxième que j'ai rencontrée.
03:53J'ai rencontré Johnny d'abord et ensuite elle.
03:55Mais ce qui est fascinant dans l'histoire de ces gens-là,
03:59c'est moi qui, c'est ça qui me fascinait le plus, moi.
04:03Parce que moi, j'ai eu une chance folle dans ma vie au départ.
04:05Je suis né dans un endroit extraordinaire,
04:07avec des parents extraordinaires.
04:09Dans ma maison à Neuilly, le monde entier passait
04:11parce que mon père, François Perrier,
04:12était un acteur extraordinaire.
04:14Donc, moi, j'avais eu tout déjà.
04:17Mais eux, ils partaient de rien.
04:20Sylvie, c'est la valise en carton.
04:21Elle débarque gamine à la gare,
04:23sa Bulgarie.
04:25Avec son père qui travaille au hall et tout.
04:27Bon, Johnny, il était déjà un peu plus dans le coup,
04:30mais c'est quand même un môme qui part de rien.
04:34Eddie, Michel, Sheila,
04:35c'est des gens qui partent de rien.
04:38Les Beatles, pareil.
04:39Donc, moi, ça me fascinait de voir
04:41que ces mômes partaient de rien
04:42et arrivaient là où ils étaient.
04:45Voilà, donc, j'étais très touché
04:49par tous ces jeunes gens.
04:50On avait le même âge, pratiquement.
04:52Mais, bon, moi, je me souviens,
04:54je revenais de la guerre en Algérie.
04:56J'avais fait un an là-bas, à Oran.
04:58J'avais vu des horreurs.
04:58Et tout à coup, je me retrouve à Paris
05:00devant Johnny Hallyday.
05:02Vous avez entendu pour la première fois
05:04la radio à Oran.
05:06Oui, oui.
05:07Johnny.
05:07Oui, oui, je montais la gare à la télé.
05:11J'étais détaché à la télé.
05:12Et c'était la nuit de Noël, putain.
05:15Et j'entends ce môme qui chantait
05:17la chanson d'Aznavour, là,
05:18« Retiens la nuit ».
05:20Vous ne pouvez pas savoir,
05:20ça m'avait filé les larmes.
05:22Je ne fais aucune idée
05:23de qui c'était le mec.
05:24Jamais j'aurais pensé
05:25qu'il se représenterait
05:26toute ma vie, presque.
05:28Et vous allez être au mariage,
05:30évidemment, de Johnny et Sylvie.
05:32Oh, mais c'est mieux.
05:33Ils me choisissent.
05:34Ils me choisissent comme témoin,
05:36ce qui est déjà extrêmement gentil.
05:38Mais le plus drôle,
05:38c'est que non seulement
05:39ils me prennent comme témoin,
05:40mais en plus,
05:41ils vont en voyage de noces
05:41et ils m'emmènent.
05:42On était tous les trois.
05:44Non, mais c'est incroyable.
05:45Alors, vous vous rendez compte
05:45la qualité et la simplicité des rapports.
05:49Regardez ça, c'est formidable.
05:50On était tous les trois
05:51en voyage de noces.
05:52Oui, c'est incroyable.
05:52Alors que, bon,
05:54il n'y avait pas de distance.
05:56C'est vrai, on avait le même âge.
05:57Ce n'était pas sérieux.
05:58On était là pour rigoler.
06:00Et on pensait tous
06:01qu'on serait mort avant 30 ans.
06:02Donc, si vous voulez,
06:03quand vous pensez vraiment ça,
06:05vous mettez le turbo.
06:06Parce que si,
06:07ça ne va pas être long.
06:08C'est ça.
06:09Et alors, avant que Johnny rencontre Sylvie,
06:12vous, vous étiez allé passer,
06:14quoi, une semaine ?
06:15Philippe Aki vous envoie une semaine
06:16en vacances avec Sylvie.
06:18Vous racontez qu'il ne s'est rien passé
06:20entre vous,
06:20mais parce que vous étiez déjà amoureux
06:22de François Zardy.
06:24Ben, vous avez tout raconté,
06:25la suite, alors.
06:26Non, mais c'est ça.
06:27Non, mais Daniel,
06:28il voyait qu'elle était malheureuse.
06:29Elle avait une histoire
06:30d'amour triste.
06:32Donc, voilà, il s'était dit,
06:33tiens, ben, ils ont le même âge.
06:34Peut-être que ça marchera.
06:35Il nous avait envoyé
06:35à Méribel tous les deux.
06:37Mais alors, à la seconde,
06:38elle est arrivée, Sylvie,
06:39on s'est tombé dans les bras
06:40de rire, quoi.
06:41Parce qu'on est devenus
06:42des amis tout de suite.
06:44Vraiment, c'est quelqu'un
06:44de formidable
06:45parce qu'elle m'a énormément aidé,
06:46en plus, elle.
06:48D'abord, c'est elle
06:48que j'ai le plus photographié,
06:50Sylvie.
06:51Et puis, elle m'a aidé.
06:52Elle m'a aidé
06:53parce que, bon,
06:53elle était en tournée
06:54au Japon, partout où ils travaillaient.
06:55Ils étaient exploités,
06:56les mômes, c'était monstrueux.
06:58Mais elle était toujours d'accord
06:59pour se donner du mal,
07:00pour m'aider,
07:01pour qu'on fasse les photos
07:01n'importe où dans le monde.
07:03Ça, je lui suis très, très reconnaissante.
07:05Il faut dire qu'elle était
07:06d'une beauté, bon.
07:07– Et alors, un jour,
07:07Philippe Aki vous dit,
07:08il faut que tu rencontres quelqu'un.
07:11Et c'est une nouvelle chanteuse.
07:13Et vous vous retrouvez année à année.
07:14– Oui, c'est Wolfson.
07:15C'est Wolfson.
07:16– Oui, c'est Wolfson, oui.
07:17– C'est Wolfson, oui.
07:17– Disque Vogue.
07:18– Le directeur artistique
07:19des disques Vogue
07:20qui, en fait,
07:21est le seul vrai découvreur
07:23de talent des années 60.
07:25Car à lui, tout seul,
07:25il découvre et sort
07:26Johnny Hallyday,
07:27François Zardy,
07:28Jacques Dutronc.
07:28Tout seul.
07:29– Et alors, donc, là,
07:30il vous dit,
07:30il y a quelqu'un, là,
07:31une fille qui chante,
07:32c'est pas mal ?
07:33– Vas-y, bon.
07:34En plus, je revenais.
07:36C'était vraiment deux mois
07:37après que je revenais d'Algérie.
07:39Et j'arrive,
07:40et boum, rude au mal,
07:41la porte s'ouvre,
07:41il y a sa mère qui ouvre,
07:42il y a Françoise derrière.
07:43Une beauté incroyable
07:45qu'il n'en avait aucune idée.
07:47Mais ce moment,
07:47il m'a marqué,
07:48vous ne pouvez pas savoir.
07:49C'est tellement émouvant
07:51de rencontrer quelqu'un
07:52qui a autant de qualité
07:54et qui ne le sait pas.
07:56Ça n'a pas de prix, ça.
07:57Moi, c'est toute ma vie
07:58que j'ai couru après ça.
07:59C'est-à-dire,
08:00c'est les stars,
08:01je m'en fous des stars.
08:02Ce qui m'intéresse,
08:03c'est les gens
08:03dont je vois
08:04qui a un talent fou là-dedans
08:06et qui ne le savent pas.
08:08En plus,
08:08elle, elle ne savait même pas
08:09qu'elle était belle.
08:10Vous vous rendez compte ?
08:11Vous l'avez vue tout de suite
08:11qu'elle était belle.
08:12Pour un photographe,
08:12un photographe,
08:13il voit tout de suite.
08:14Mais pour le bonhomme,
08:15je peux vous dire
08:15qu'alors là,
08:16on plonge Esther Williams.
08:18Donc vous donnez
08:18Amoureux, écoutez ça.
08:20Ah oui.
08:24Ça, elle déteste
08:25cette chanson joue aussi.
08:27C'est celle qui l'a révélée.
08:28Oui, mais bon,
08:29elle a écrit tellement de choses.
08:30Vous devenez quand même amoureux
08:32puis de temps en temps,
08:32vous vous faites piquer
08:33vos petites copines.
08:35Parce que là,
08:35Dutronc,
08:35il va vous l'apprendre.
08:36C'est longtemps après.
08:38On a passé 4 ans,
08:40on s'est séparés,
08:41mais gentiment.
08:42Parce qu'en fait,
08:42on passait notre temps
08:43à travailler ensemble
08:44et puis de toute façon,
08:45elle est même encore aujourd'hui
08:46ma meilleure amie.
08:47Donc ça,
08:47c'est pas grave.
08:49Vivre ensemble ou pas,
08:50c'était pas très grave.
08:51Mais on a passé 4 ans merveilleux
08:53et puis à un moment donné,
08:54bon,
08:55un jour,
08:55elle m'a dit
08:56voilà,
08:56j'ai rencontré quelqu'un.
08:58Donc moi,
08:59comment est-ce que vous voulez
08:59que je ne rencontre pas,
09:02je veux dire,
09:02le mec qu'elle aime,
09:03forcément je l'aime.
09:04Puisque je l'aime elle.
09:06Donc,
09:06je voulais le rencontrer.
09:08Et vraiment,
09:08je suis tombé fou de lui
09:09autant que d'elle.
09:11C'est magnifique.
09:12Et j'ai passé beaucoup plus de temps
09:13dans ma vie avec lui
09:14qu'avec elle d'ailleurs.
09:15Dans ce bouquin,
09:16il y a plein de photos
09:16pour avoir toutes les broutées.
09:18Marianne fait de foule.
09:19Vous avez un vrai amour
09:21avec Marianne.
09:22Oui, oui,
09:22mais bon,
09:23ça j'en parlais pas.
09:23Là, c'est Mick Jagger
09:24qui va vous la piquer.
09:25Oui,
09:25mais ça c'est pas grave.
09:26Je n'en parlais pas de ça
09:28parce que,
09:29bon,
09:30on l'a passé un an
09:32et puis elle a disparu.
09:33Bon, je me dis,
09:33elle a peut-être,
09:34je ne sais pas,
09:34elle n'a peut-être pas envie
09:35d'en parler.
09:36Et puis un jour,
09:36je l'ai eue dans un journal.
09:37Je me dis,
09:37ah bon ?
09:38Et puis je l'ai retrouvée,
09:39figurez-vous,
09:40il y a 7-8 ans.
09:41Par hasard,
09:42à Paris.
09:42On est tombés
09:43l'un en face de l'autre.
09:44Putain,
09:44on a rougi tous les deux.
09:47Et c'était une vraie histoire.
09:48J'aimais beaucoup cette fille.
09:49Elle était formidable
09:50parce qu'elle était
09:51beaucoup plus cultivée
09:52que la plupart des types
09:53qui faisaient de la musique
09:53à cette époque-là.
09:55Mais bon,
09:55voilà,
09:56elle ne s'est pas...
09:56Quand je l'ai retrouvée
09:58dans un journal
09:59avec Mick Jagger,
10:00je me dis,
10:00bon,
10:00tant mieux pour elle
10:01parce qu'elle va vivre des trucs.
10:02Ça, c'est le truc
10:03que le mec,
10:03il était génial.
10:04Ça, c'est sûr.
10:05Alors, évidemment,
10:07il y a les Beatles
10:07dans ce bouquin.
10:09Quelle rencontre !
10:10Vous entendez
10:11les hurlements des filles
10:12dès qu'ils volaient
10:13et tant trouvèrent
10:14à l'hôtel Georges V ?
10:17Oui, mais ça,
10:17c'est plus tard
10:18parce que quand je les rencontre,
10:19pour moi,
10:20ce n'est pas les Beatles
10:21avec un grand B,
10:21c'est juste un groupe de mecs
10:22qui font de la musique sympa.
10:24Il faut bien comprendre ça
10:25parce que les mecs me disent,
10:26mais pourquoi tu rencontres
10:27les Beatles ?
10:27Mais quoi,
10:27les Beatles,
10:28c'était juste des jeunes mecs
10:29qui faisaient de la musique
10:30comme les Stones, ça.
10:31Bon,
10:32mais je ne pouvais pas imaginer
10:34non plus que ça deviendrait ça
10:35et eux non plus d'ailleurs.
10:37Donc,
10:38ce qui était merveilleux,
10:39c'est que j'ai pu
10:40tout de suite leur dire,
10:42bon, non,
10:42vous faites ça plutôt.
10:43Enfin, remarquez,
10:44j'avais beaucoup de mal avec eux
10:45parce que je parlais
10:45très, très mal l'anglais.
10:47Oui.
10:47Et c'est compliqué
10:48avec un groupe
10:48quand on parle mal l'anglais.
10:50Mais bon,
10:50j'y suis arrivé quand même
10:51et j'ai passé des moments
10:52formuleux.
10:53Mais le groupe
10:54avec lequel j'ai plus
10:55vécu de choses,
10:56c'est les Rolling Stones.
10:57Alors,
10:57les Stones,
10:58ça,
10:59vous racontez des choses
10:59absolument...
11:00L'anniversaire de Mick Jagger,
11:02vous racontez dans ce bouquin,
11:03c'est complètement dingue.
11:04Vous vous trouvez
11:05avec Andy Warhol
11:06à la même table.
11:09Ça encore,
11:11non,
11:11mais ce qui était fou,
11:12c'était l'agressivité,
11:14la violence qu'il y avait
11:15dans ces concerts.
11:16J'ai fait quand même
11:18cinq tournées avec eux
11:19et en fait,
11:20ça a commencé
11:22à être un peu organisé
11:23en 1972.
11:24Avant,
11:24c'est un bordel noir.
11:26C'était extrêmement dangereux.
11:28Mais ce qui faisait
11:28l'agressivité qu'il y avait
11:30sur scène
11:30et la violence
11:31que renvoyaient
11:31les spectateurs
11:33en retour
11:33était incroyable.
11:35Et puis Mick Jagger,
11:36bon,
11:37il était quand même
11:38absolument magnifique.
11:39Je suis passé
11:40à côté de lui là,
11:41Keith Richards,
11:42parce que je ne comprenais
11:43pas ce qu'il disait.
11:43Ça, c'est dommage.
11:44Par contre,
11:45Brian Jones,
11:46vous dites un ange déchu,
11:48bien sûr,
11:48mais absolument incroyable.
11:50Non, mais Mick,
11:50il se donnait du mal.
11:51Mick,
11:51il se donnait du mal
11:52pour parler.
11:53Brian aussi.
11:54Tandis que lui,
11:55non.
11:56Lui,
11:56c'est comme Bob Dylan.
11:57Bob Dylan,
11:58je suis passé à côté
11:58parce que je ne comprenais
11:59pas un mot
11:59de ce qu'il me disait,
12:00ce mec.
12:01J'en vais raconter
12:01dans le jet privé.
12:04Vous voyez les fesses
12:05du médecin du groupe
12:07avec un autocollant
12:08Rolling Stone collé dessus.
12:10Mais il était en train
12:11de faire quelque chose
12:11où on peut difficilement parler.
12:12– Il y a des enfants
12:13qui regardent, là.
12:14Non, mais écoutez…
12:15– Non, mais il se passait
12:16des trucs, quand même.
12:17– L'intérieur de l'avion
12:19d'Orlingstons,
12:20vous ne voulez quand même
12:20pas que ce soit
12:21la fête de Sainte-Thérèse
12:23de l'enfant Jésus.
12:24Forcément,
12:25il se passait des trucs, oui.
12:26Mais surtout,
12:27il y avait une liberté
12:28incroyable.
12:30et il fallait quand même
12:30être très fort
12:31de leur part
12:33pour assumer ça
12:35et le driver intelligemment.
12:37Mick, il a compris
12:38les choses très tôt.
12:39Très, très, très tôt.
12:40Je me souviens
12:41quand en France,
12:43quand ils étaient à Marseille,
12:45ils avaient fait un concert,
12:46ils avaient pris un truc
12:47dans la tronche
12:47et ils m'avaient demandé
12:48de trouver une voiture
12:49pour rentrer à Paris,
12:51de Lyon.
12:53Et je me souviens toujours
12:53que quand on est partis la nuit,
12:55ils étaient tous dans la voiture.
12:57Je conduisais la nuit
12:58et je les ai entendus derrière.
12:59La première conversation
13:00qu'ils ont eue pendant une heure,
13:01c'est de parler de pognon.
13:02Mais attention,
13:03de comment on fait
13:04pour placer avant d'en avoir.
13:05Parce qu'ils se faisaient avoir
13:06comme les autres.
13:07Mais ils avaient les pieds sur terre.
13:10C'était quand même
13:11très extraordinaire.
13:12Pour les mots,
13:12ils avaient 19 ans.
13:13Oui.
13:14Un qui parlait de pognon
13:15tout le temps,
13:15c'était James Brown alors.
13:16Parce que vous dites
13:17que dans la bagnole,
13:17il discutait des cours de la bourse.
13:19Oui, mais James Brown,
13:20il y a une revanche à prendre.
13:21Vous vous rendez compte,
13:22quand j'ai été le voir,
13:22il était en couverture
13:23de Life Magazine
13:24où il y avait marqué
13:25« Est-ce que James Brown
13:27est le noir
13:27le plus important d'Amérique ? »
13:29Enfin, vous dites
13:29que ces conversations,
13:30c'était pognon.
13:31Normal, avant…
13:32Attendez,
13:33c'est encore une époque
13:34où les noirs,
13:34ils sont à l'arrière du bus.
13:36Bon, la ségrégation
13:37était énorme.
13:38Donc, lui,
13:38il arrive au premier plan.
13:40Donc, évidemment,
13:40il y avait une revanche
13:41extraordinaire à prendre.
13:42Oui.
13:43Mais au fond,
13:44il parlait peut-être de pognon,
13:45mais ce à quoi il pensait,
13:46c'est surtout
13:46ce qu'il faisait sur scène.
13:47C'était hallucinant.
13:48Et Chuck Berry
13:50ne voulait pas monter sur scène
13:51tant qu'il ne touchait pas
13:52l'argent en liquide.
13:52En cash, oui, absolument.
13:54Ah ben oui,
13:54il l'a aussi.
13:55Il y avait une revanche.
13:56Oui.
13:56Bon, il ne voulait pas
13:57de musicien non plus
13:58parce qu'il ne voulait
13:59ni manager ni musicien.
14:00Il arrivait dans un village
14:01où il allait jouer,
14:02il n'avait pas de musicien,
14:03il cherchait les musiciens
14:03autour de l'endroit où il allait jouer.
14:05Dans les bars,
14:06dans l'université,
14:07j'ai fait toute la tournée.
14:08Enfin, non,
14:08j'ai fait huit jours
14:09de tournée avec lui,
14:10seul avec lui dans la bagnole.
14:12Il n'y avait personne d'autre.
14:13Non, mais il était incroyable.
14:14Mais alors, sur scène,
14:15ça a dégagé dur.
14:16Oui, avec un incroyable souvenir.
14:18Tout ce qui vous est arrivé,
14:19Jean-Marie Carrier.
14:19Oui, j'ai eu beaucoup de chance.
14:20J'ai eu vraiment
14:21beaucoup de chance,
14:22je le sais.
14:23Je le sais,
14:23je ne me prends pas
14:24pour autre chose.
14:25On va entendre
14:26une autre chanson, là.
14:27Évidemment,
14:27si toujours on a choisi
14:28les premiers titres,
14:29évidemment de celui-là
14:30qui a tellement compté,
14:31vous l'avez dit,
14:31dans votre vie.
14:32On ne peut pas ne pas,
14:33évidemment.
14:34Écoutez.
14:34Sous-vénir, souvenir
14:38Je veux me retrouver
14:40en mon cœur
14:41Et vous faites
14:43un fleurir
14:44Tous mes rêves
14:45de bonheur
14:46Ce qui est extraordinaire,
14:47c'est de voir
14:49ce qu'il en a fait.
14:50Parce qu'au départ,
14:51quand il chante,
14:53il y a une énergie magnifique.
14:54Bon, il ne chante pas
14:55très, très bien au départ.
14:56Mais vous avez vu
14:56comment il chante à la fin ?
14:58Dans les 20 dernières années
14:59de sa vie,
14:59c'est incroyable.
15:01Incroyable les progrès
15:02qu'il avait fait tout seul.
15:03Oui.
15:04Bon, bien sûr,
15:05moi, je vois arriver
15:06ce môme-là.
15:07Mais c'était tellement...
15:11Enfin, si vous voulez,
15:11ça nous ressemblait
15:12dans un certain sens,
15:13ça nous ressemblait
15:14à tous.
15:15C'est pour ça
15:16que ça marchait.
15:17Mais en plus,
15:17les adultes,
15:18les gens des médias,
15:19les journalistes,
15:20ils l'ont tellement pris
15:21pour un con
15:22pendant des années.
15:23Mais ils ont eu tort.
15:24Oui.
15:24Ils ont eu tort.
15:25Ils ont eu tort.
15:26Même s'ils disaient tout le temps
15:27« On m'a dit que tu avais dit ».
15:28Vous le dites, ça,
15:29dans le bouquin.
15:30Oui, mais ça, c'était...
15:30C'est des rumeurs,
15:31l'entourage.
15:32Vous dites qu'il avait toujours
15:32une cour, des courtisans.
15:33Oui, oui, ça, oui.
15:34Les courtisans,
15:35j'en ai vu toute ma vie.
15:36Mais quand j'étais petit,
15:37je vais alléger les courtisans
15:38de mon père.
15:38Alors, je connais la musique.
15:39Non, non, mais qui racontait
15:40des bêtises sur vous.
15:41Toujours.
15:41Vous aviez dit ceci, cela.
15:43Après, il vous demandait
15:43des comptes.
15:44Qu'est-ce que tu as dit ?
15:44Le courtisan veut pas,
15:46essence même,
15:47être important.
15:48Le courtisan est capable
15:49d'inventer des problèmes
15:50pour revenir vers l'artiste
15:52en lui disant
15:52« Tu as vu, j'ai réglé le problème. »
15:53Bon, on connaît ça.
15:55Mais ce qui était extraordinaire,
15:57c'est qu'en réalité,
15:58lui, il avait tout compris.
16:01Vraiment.
16:02Il pouvait être dans un restaurant
16:03où il y avait 150 personnes.
16:04Un type rentrait dans la pièce
16:06au bout qu'il connaît pas,
16:07il savait ce qu'il voulait,
16:07il savait qui c'était.
16:08Non, il était loin d'être con.
16:10Il avait beaucoup d'humour.
16:12Personne ne m'a fait rire
16:13à propos de Johnny Hallyday
16:14comme Johnny Hallyday lui-même.
16:16Les guignols,
16:16ils pouvaient se rhabiller.
16:17C'est vrai.
16:18Il était formidable.
16:19Un jour, il vous dit
16:20« J'ai une nouvelle bagnole.
16:21Vous allez le photographier
16:22au bois de Bologne.
16:23Vous roulez à fond à côté.
16:24La photo est dans le bouquin. »
16:25Oui, mais attends.
16:26Et puis pas longtemps après,
16:27il arrive un truc.
16:28C'est-à-dire que,
16:29« Oui, il avait une Ferrari.
16:31Bon, je l'ai touchée ce matin
16:33et hop, il faut qu'on aille
16:35faire des photos. »
16:35On l'a fait au bois de Bologne
16:37et puis il dit
16:37« On se retrouve tout à l'heure
16:38au Fouquet,
16:40je ne sais pas où. »
16:40Bon, et hop, il part.
16:41Et boum, la Ferrari,
16:42il l'explose au prochain croisement.
16:45Mais ce qui est intéressant là-dedans,
16:46ce n'est pas ça
16:47ce qui est intéressant là-dedans,
16:48c'est que c'est la première fois
16:49dans l'histoire de l'humanité aussi
16:51que des enfants gagnent plus d'argent
16:53que leurs parents.
16:54Ce n'était jamais arrivé.
16:54Quand il bousille cette Ferrari,
16:57il dépense plus de pognon
16:58que n'importe quel père
16:59en un an là.
17:01C'était ça qui était très agressif
17:02et c'était ça
17:03que les adultes détestaient.
17:05C'est pour ça
17:06qu'il leur en voulait tellement
17:07à ces moums
17:07qu'ils voulaient faire quoi ?
17:08Chanter et danser,
17:09c'est tout.
17:10Incroyable des photos
17:11dans ce bouquin.
17:12Claude François,
17:13vous le connaissez,
17:14il habite quoi ?
17:14Une chambre de bonne
17:15au-dessus d'une maison de passe
17:16rue Troyon ?
17:17C'est ça ?
17:18Oui, c'était un hôtel
17:20pour femmes légères.
17:22Il y avait du bruit
17:23à gauche et à droite,
17:23ça valsait bien,
17:24je peux vous dire.
17:25Il avait deux vestes
17:27dans le placard ?
17:28Oui, il n'avait rien
17:28et je voulais lui faire
17:29faire des photos
17:30et je lui dis
17:31bon alors,
17:32qu'est-ce que t'as
17:33pour t'habiller ?
17:35Il ouvre le placard
17:35et il avait deux vestes
17:36de pantalon.
17:38Alors il lui a dit
17:39je lui prends celle-là,
17:40d'accord.
17:40Et puis je l'ai vu,
17:41il a retiré son pantalon
17:42et il l'a plié.
17:43Je n'ai jamais vu de ma vie
17:44un mec plier un pantalon
17:45pendant aussi longtemps.
17:47C'était un travail
17:48à temps complet
17:49et moi ça m'a vachement ému
17:51parce que ça veut dire
17:53que lui,
17:53c'était son pantalon
17:54qui s'était acheté.
17:55Lui,
17:56moi,
17:56mes affaires,
17:57je les balançais
17:58sur le fauteuil
17:59parce que c'était ça
18:00la différence.
18:01Lui était parti de rien.
18:03Donc moi,
18:03j'avais beaucoup d'estime
18:04et j'ai toujours
18:05beaucoup d'estime
18:06pour ces mômes
18:06qui partent de rien.
18:07Paul Narev,
18:08tout gamin
18:09qui joue de la musique
18:10sur les bords de scène.
18:11Michel Berger,
18:1215 ans,
18:13un gosse.
18:15Mais Michel,
18:16oui,
18:16Michel,
18:17je l'ai connu
18:18bien surtout
18:18au moment
18:19où Véronique est partie,
18:22où Véronique Samson
18:23l'a quitté.
18:24Là,
18:24il était dans un état
18:24de désespoir
18:25mais c'était affreux.
18:28C'était un type formidable.
18:29J'aimais beaucoup
18:29ce type-là.
18:30Beaucoup.
18:32Mais de toute façon,
18:32j'aimais bien en général
18:33les gens que je photographiais.
18:35Parce que les gens
18:36que je n'aime pas,
18:37je ne les photographie pas moi.
18:39Pourquoi faire ?
18:40Par exemple,
18:40Steve McQueen
18:41vous a envoyé balader.
18:42Oui,
18:42d'ailleurs,
18:42j'ai fait une photo.
18:43Ça a pris une minute trente.
18:45Quand j'ai vu
18:45comment il me traitait,
18:46j'ai dit salut,
18:46je me suis cassé.
18:47Ce n'est pas très sympa.
18:48C'est ce qu'il vous a dit.
18:49Vous avez dit
18:49voilà,
18:50t'as un coco,
18:50t'as deux minutes
18:50pour faire tes trucs.
18:51Oui,
18:51non,
18:51mais c'était peut-être
18:52un mauvais jour.
18:53Bon,
18:53je ne peux pas lui en vouloir.
18:56Je ne le connaissais pas.
18:56J'avais un rendez-vous
18:57d'un quart d'heure
18:57et il me donne deux minutes.
18:58Bon,
18:59ben,
18:59j'ai fait clic,
19:00clac,
19:00merci Kodak
19:00et je me suis tiré.
19:01Et Michel Sardou
19:02avec un drapeau
19:03des États-Unis
19:04au milieu d'une avenue
19:05aux États-Unis
19:07et puis ensuite,
19:08c'est les Los Angeles
19:08qui ont failli lui faire la peau.
19:10Oui,
19:10parce que nous,
19:11on pensait que c'était un hommage
19:13parce qu'on était,
19:14tout lui comme moi,
19:15on était fous d'amour
19:16pour les États-Unis.
19:17Donc,
19:17on était à Los Angeles
19:18qui se drape
19:19dans un drapeau américain
19:20et je fais la photo
19:21mais j'étais loin moi
19:22avec le téléobjectif
19:23et je n'ai pas vu arriver
19:24les motards.
19:26Mais pour eux,
19:26c'était la guerre du Vietnam
19:27donc ils croyaient
19:27qu'on se foutait
19:28de la gueule du drapeau.
19:30Pour un peu,
19:31c'était fini.
19:31Il aurait pu se faire
19:32casser la gueule grave.
19:34Oui,
19:34mais ce qui est génial,
19:35c'est vos mises en scène.
19:36Alors,
19:37parfois,
19:37vous les faites dormir,
19:39vous les mettez
19:39dans des situations
19:40incroyables,
19:42des reconstructions historiques.
19:44Vous jouez beaucoup
19:45pour saluer les copains.
19:46Oui,
19:46parce que c'est ça.
19:47On ne se prend pas au sérieux.
19:48Non,
19:49mais ces photos-là
19:49n'étaient pas faites
19:50pour montrer la réalité.
19:52Ces photos-là
19:53étaient faites
19:54pour être mis
19:55au mur
19:55des chambrettes
19:56des adolescents.
19:57Elles étaient faites
19:57pour les faire rêver.
19:59Donc,
19:59c'est du spectacle.
20:00Moi,
20:00la réalité,
20:01je m'en fous.
20:01La vérité,
20:02ça ne m'intéresse pas.
20:02Il y a des mecs
20:03très forts pour ça.
20:04Moi,
20:04je mens.
20:05Ce que je fais,
20:06c'est des photos
20:06qui sont des mensonges
20:08pour faire rêver
20:09les jeunes gens.
20:10C'était ça mon truc.
20:10Vous faites une photo
20:11avec Dutron,
20:12avec quatre filles
20:13très sexy allongées
20:14autour de lui
20:15dans une superbe bagnole
20:16et puis vous dites
20:17après la séance,
20:17vous trouvez tous les deux
20:18comme des idiots
20:19dans un petit restaurant
20:20indien.
20:21Non,
20:21mais là,
20:21écoutez,
20:21ne soyez pas peint.
20:22Elles n'étaient pas quatre,
20:23elles étaient au moins huit
20:24d'abord et ensuite de ça.
20:27Alors,
20:27les gens,
20:27aujourd'hui,
20:28parce que je l'ai remis
20:29sur Instagram.
20:29Vous savez,
20:30moi,
20:30je fais beaucoup d'Instagram.
20:32Tous les jours,
20:32je raconte une histoire
20:33sur une photo.
20:35Vraiment.
20:36Et c'est très intéressant,
20:38ce truc-là.
20:39Et bon,
20:40je la mets sur Instagram.
20:41Oh la vache,
20:42je me suis fait insulter
20:43aujourd'hui.
20:44Quoi,
20:44c'est sexiste
20:45et quoi qu'est sexiste ?
20:46Vous rigolez quoi ?
20:47Les filles,
20:47elles étaient contentes
20:47d'être là.
20:48On ne les a pas touchées.
20:49Elles étaient payées
20:51pour faire ça.
20:52Elles se sont marrées.
20:53Et voilà,
20:54elles se sont tirées
20:55et nous,
20:55on a dîné
20:55tous les deux tout seuls.
20:57Alors,
20:57arrêtez de m'emmerder.
20:59Non,
20:59mais quand vous montrez,
21:00par exemple,
21:00Sheila dans l'enfer,
21:02vous l'imaginez en enfer
21:03avec des intellectuels autour
21:05et elle toute seule.
21:06Non,
21:06avec des grands musiciens.
21:07Oui,
21:08mais c'est là
21:09où elle est formidable.
21:10parce que vous voyez
21:10cette môme-là aussi
21:11qui est partie de rien.
21:12Bon,
21:13moi,
21:13je ne la voyais pas beaucoup
21:14parce qu'elle était
21:14en main par un mec
21:16qui l'habillait
21:16avec des couettes
21:17et tout ça,
21:17j'aimais pas beaucoup moi.
21:19Je n'étais pas fou
21:19de tout ça
21:20alors qu'elle était formidable.
21:21Elle avait beaucoup d'humour.
21:22Elle était prête
21:23à toutes les conneries.
21:24Elle était absolument formidable.
21:26Mais là,
21:26je lui avais dit,
21:27écoute,
21:27on va faire une photo
21:27mais c'était pour énerver Carrère.
21:29Je lui avais dit,
21:29écoute,
21:30on va faire une photo.
21:31C'est ce qui t'arrivera
21:32quand t'iras en enfer.
21:33Donc,
21:40et elle avec un verre vide
21:41et la légende c'était
21:43jusqu'à la fin des temps,
21:45ils refuseront de boire
21:46avec Sheila
21:47parce qu'ils n'aiment pas
21:48sa musique.
21:48Elle,
21:49elle se marre encore.
21:51Elle était tout de suite d'accord.
21:53C'est là où elle était formidable.
21:54Oui.
21:55Il y a une phrase de vous,
21:56Jean-Marie.
21:57Vous avez dit exactement,
21:59hier ne compte plus
22:01et demain n'existait pas.
22:04C'est-à-dire qu'au fond,
22:04cette période des années 60,
22:06c'était le temps arrêté comme ça.
22:08Oui, c'est vrai
22:09mais ça l'est pour beaucoup de gens.
22:10Je me rends compte
22:11parce qu'au fond,
22:11ces photos,
22:13comme les expositions que je fais
22:14ou le spectacle ou le livre,
22:16ce sont,
22:17c'est les souvenirs
22:18de beaucoup de gens.
22:20Et au fond,
22:21en faisant ce livre,
22:22j'ai donc mis des photos nouvelles
22:24parce que j'avais complètement oublié.
22:25150 photos nouvelles.
22:27Un peu incroyable.
22:27Car je n'ai pas de mémoire
22:29et c'est pour ça
22:29que je voulais vous dire
22:30cette phrase magnifique
22:31dont je ne sais pas
22:32si c'est Robin Williams
22:34ou Pete Townsend
22:35qui l'a dit.
22:35Je ne sais pas
22:36mais la phrase est formidable.
22:37C'est si vous vous souvenez
22:38des années 60,
22:39c'est que vous ne les avez pas vécues.
22:41Oui.
22:42C'est pour ça,
22:42je ne m'en souviens pas.
22:43Ben non,
22:44ça allait trop vite
22:44puis il y avait des fumées.
22:46Et Baudiano,
22:46il a dit
22:46que ces années-là
22:47n'ont pas existé.
22:48La preuve,
22:48vous y étiez.
22:49Voilà,
22:49c'est pareil,
22:49c'est la même chose.
22:51C'est ça.
22:52Mais elles restent éternelles,
22:54ces années-là.
22:56Ben écoutez,
22:56apparemment,
22:57oui.
22:58Je ne vais pas regretter.
22:59Moi,
22:59dans n'importe quel petit village
23:01au fin fond de la France
23:02où que j'aille,
23:03les gens,
23:04ils me sourient dans la rue
23:08et on va tous s'accrocher
23:10une photo de Jean-Marie Perrier
23:11dans la chambre.
23:12On va revivre tout ça.
23:12Ça ne va pas vous rajeunir.
23:15Faites gaffe.
23:17Et on se quitte
23:17avec Salut les Copas,
23:19évidemment.
23:19Merci Jean-Marie Perrier.
23:20Merci à vous.
23:21Salut les Copas.
23:24C'est super,
23:26merci Jean-Marie.
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