Placé en garde à vue mardi, le psychanalyste Gérard Miller va être présenté dans la journée à un juge d'instruction en vue d'être mis en examen pour des viols, dont quatre sur des mineures, entre 2000 et 2019, a indiqué le parquet de Paris. Aude, a dénoncé dans un courrier envoyé au parquet de Paris un viol qui aurait eu lieu en 2001 au domicile parisien de Gérard Miller. Elle avait 17 ans, était en terminale et l'avait sollicité pour un article pour le journal de son lycée. Elle est l'invitée d'Anne-Sophie Lapix dans RTL Soir. Regardez L'invité d'Anne-Sophie Lapix du 02 octobre 2025.
00:04Notre invité a porté plainte contre Gérard Miller, le psy médiatique qui est actuellement présenté devant un juge en vue d'une mise en examen pour viol et agression sexuelle sur 7 jeunes femmes entre 2000 et 2020, dont 4 viols sur mineurs.
00:19Bonsoir Aude.
00:20Bonsoir.
00:21Vous êtes l'une de ces plaignantes. Ce qui a déclenché votre plainte, c'est la lecture d'un article du magazine Elle en février l'an dernier.
00:29Le magazine publie le témoignage de femmes qui disaient avoir été violées par Gérard Miller sous hypnose.
00:35Ça a été un choc de voir ces mots sur ce magazine.
00:40Oui, c'est partie de la capture d'écran juste du titre de l'article que j'ai d'ailleurs jamais lu.
00:46Et une levée d'amnésie en fait, tout m'est arrivé en plein visage.
00:52Des flashs, des mots, des images, tout est apparu là.
00:57Alors, cette amnésie qui remonte à 2001, à votre rencontre avec Gérard Miller, vous pouvez nous raconter dans quelles circonstances vous l'avez rencontrée ?
01:08Je n'ai pas envie.
01:11Non ?
01:11C'est dur.
01:12Est-ce que je peux vous aider ?
01:16Vous l'avez rencontrée ?
01:20Quand j'étais lycéenne.
01:21Lycéenne. Vous aviez 17 ans.
01:24Quand on lui a écrit avec ma meilleure amie, je n'avais même pas 17 ans.
01:28Il m'a appelée le jour de mai, 17 ans. Le hasard fait que mon téléphone a sonné le jour de mon anniversaire.
01:33Vous l'aviez sollicité pour une interview ?
01:37Pour une interview pour le journal du lycée.
01:39Donc, il vous a rappelé pour vous inviter, vous et votre amie ?
01:43Oui.
01:44A le rencontrer ?
01:45Oui. Dans son hôtel particulier.
01:48Donc, vous y êtes allées toutes les deux ?
01:49Toutes les deux, plus mon meilleur ami. On était trois. La première fois, on était trois.
01:56Et là, il vous a juste fait visiter ?
02:00Oui. Cette phrase aussi, elle est restée.
02:05Vous êtes venu avec votre garde du corps.
02:07C'est ça qu'il nous a dit quand on est arrivé sur le perron de son hôtel particulier, qui était assez impressionnant.
02:13Il nous a dit, vous êtes venu avec votre garde du corps.
02:15Et ça a été une visite vide, simple. Il ne s'est rien passé de particulier.
02:26Et il vous a recontacté ensuite ?
02:27Oui.
02:28Pour vous proposer de revenir ?
02:29Oui, avec ma meilleure amie.
02:30Et vous y êtes retournée ? Et c'est là qu'il a proposé une séance d'hypnose ?
02:35D'hypnose.
02:37Une séance d'hypnose ? Moi, j'ai dit oui.
02:39Parce que j'étais intéressée par...
02:44J'étais déjà très... Parce que je suis actuellement psychologue.
02:46Vous êtes psychologue, oui, c'est ça.
02:48J'étais attirée par... On avait un prof de philo qui nous avait beaucoup ouvert à la psycho.
02:53Et j'étais... Voilà, j'étais attirée par la psycho.
02:57Et donc, moi, je me suis dit, bah, oui, pourquoi pas ?
03:00Et ma meilleure amie a dit non.
03:02Elle lui a dit, vous pouvez le faire sur Aude, mais pas sur moi.
03:05Et là, il a dit les deux ou personne.
03:07Et là, vous êtes...
03:08Partie.
03:09Repartie une nouvelle fois.
03:10Et vous êtes retournée ensuite une nouvelle fois.
03:13En fait, il a continué à m'écrire par texto.
03:18Parfois, quand il était en plateau à la radio.
03:20Et il m'a proposé de le rejoindre à une conférence.
03:24Et après, il m'a emmenée à Bruncher avec Laurent Ruquier.
03:28Et après, on est retournée dans son hôtel particulier.
03:30Et c'est là que ça a eu lieu.
03:31Et c'est là qu'il y a eu la séance d'hypnose ?
03:32Alors, c'était pas de l'hypnose.
03:34D'accord.
03:35C'était pas de l'hypnose.
03:39Je...
03:39En fait, c'est très dur.
03:42C'est très douloureux.
03:43Ça a été violent parce que c'est arrivé comme ça.
03:51Il m'a emmenée visiter sa chambre japonaise.
03:53Et il m'a embrassée.
03:56Et après, j'ai pas...
03:57Voilà, c'est ce que je vous disais.
03:58C'est compliqué de vous le dire.
04:01Bien sûr.
04:01Et je vous demande pas de me dire les détails.
04:04Mais ce que je sais, c'est que vous avez ensuite oublié ce moment.
04:09Oui.
04:09Et aujourd'hui, je sais pas vous dire comment...
04:12Alors, comme je vous ai expliqué tout à l'heure,
04:14au moment de la levée d'amnésie,
04:15j'ai des flashs qui sont revenus.
04:17Je me vois tanguée.
04:20Tanguée sur les pavés.
04:22Devant chez lui.
04:23Mais je ne sais pas aujourd'hui.
04:24Il me manque encore des éléments.
04:27Le vase, vous voyez, le souvenir, c'est comme un vase brisé.
04:30J'ai des gros morceaux.
04:31Il me manque encore des petits bouts.
04:33Je sais pas encore aujourd'hui comment je suis rentrée chez moi.
04:35Et ça me hante.
04:37Et vous n'en avez pas parlé ensuite à vos proches ?
04:39Vous aviez 17 ans.
04:42Oui, je venais juste d'avoir 17 ans.
04:44Ben non.
04:46Parce que j'ai été sidérée.
04:49Et non, j'en ai parlé à personne.
04:54Et avec ma meilleure amie, on n'a jamais reparlé.
04:57Tout a ressurgi avec cet article en février 2024.
05:01Vous avez découvert que vous n'étiez pas seule
05:03et qu'il y avait même un mode opératoire en réalité ?
05:06Oui.
05:07Oui, il y a un mode opératoire.
05:08Parce que finalement,
05:10quand on écoute les récits,
05:14on a vécu la même chose.
05:16On ne se connaît pas.
05:18On devient d'horizons complètement différents.
05:20Et il y a ce mode opératoire.
05:22Moi, je pense que c'est effectivement un mode opératoire.
05:24C'est vraiment un prédateur.
05:27Et il savait très bien ce qu'il faisait.
05:28Il sait très bien asseoir une emprise.
05:30Et ça, c'est...
05:31Enfin, il fait, faisait...
05:34Pas n'importe quel métier.
05:35Il sait très bien ce qu'il faisait.
05:37Il savait très bien user de son aura, de son...
05:41Voilà.
05:42Et puis, il sait.
05:42Je suis désolée, je me répète.
05:44Il sait asseoir une emprise.
05:45Et de voir que d'autres personnes avaient vécu ça,
05:49ça vous a donné la force de porter plainte ?
05:52Oui.
05:54Déjà, on se dit...
05:56On n'est pas seul.
05:58En fait, une levée d'amnésie, c'est hyper violent.
06:01J'ai la chance aussi,
06:03parce qu'il faut le dire,
06:04dans un combat comme celui-ci,
06:06j'avais la chance, pardon,
06:08de connaître une avocate
06:10en qui j'avais confiance
06:12et à qui j'ai pu parler.
06:15et qui, je savais,
06:17pouvaient me représenter.
06:21Très objectivement,
06:23je ne sais pas si je serais là
06:24en train de vous parler,
06:25si je ne l'avais pas rencontré avant.
06:29Parce qu'il faut le savoir,
06:30c'est tout un...
06:31Enfin,
06:33quand je vous dis que c'est un combat,
06:35c'est...
06:36Là, ça représente 19 mois.
06:38Là, on est 19 mois après ma plainte.
06:40Oui, c'est un combat.
06:40Il faut être accompagné,
06:41alors aussi bien par une avocate
06:44que par le psy,
06:45que par notre famille.
06:46C'est un tsunami, en fait.
06:49Là, c'est un tsunami dans notre vie,
06:51ce qui arrive.
06:52Le fait d'être psychologue vous aide.
06:54Pas du tout.
06:55Mais là, vous n'avez pas la psychologue
06:56en face de vous.
06:57Vous avez la jeune fille de 17 ans.
07:01Il va y avoir une confrontation
07:01avec Gérard Miller.
07:03Vous l'appréhendez.
07:03Alors ?
07:06Ou au contraire,
07:07vous avez envie de le mettre face ?
07:09J'ai peur.
07:09J'ai peur.
07:10Je vais vous dire,
07:11j'ai peur de voir son regard.
07:13Ça, c'est quelque chose qui me hante.
07:15Et c'est son regard.
07:19C'est ça, j'ai peur.
07:22Oui.
07:23Vous avez rencontré d'autres victimes,
07:24présumées de Gérard Miller ?
07:26Il s'est avéré qu'au bout d'un moment,
07:31on a pris contact.
07:34Mais on se connaissait
07:35et on se rend compte
07:35qu'on ne se connaissait pas du tout.
07:38On n'a vraiment pas du tout
07:39les mêmes parcours.
07:41Alors aujourd'hui, oui,
07:43c'est mes sœurs de plantes.
07:45Et je pense fort à elles.
07:49Parce qu'au final,
07:50c'est une journée assez particulière aujourd'hui.
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