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  • il y a 2 jours
La fast fashion, ce modèle de consommation de vêtements à bas prix et à rotation rapide continue de séduire. Derrière les prix attractifs se cachent des conséquences environnementales et sociales qui touchent aussi notre territoire.

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00:00Consommer toujours plus pour moins cher. La fast fashion sature aujourd'hui les filières de tritextiles
00:06et les conséquences ne sont ni anodines ni rares. On en parle tout de suite dans la rubrique société.
00:15Elisa Vitiche, journaliste à la rédaction de Moselle Info, est avec nous pour parler de cette fast fashion
00:21et de ses conséquences, notamment pour le marché de la seconde main. Elisa ?
00:25Tout à fait. Alors tout démarre de cette étude qui m'a interrogée. C'est vrai, le classement des marques de mode
00:30les plus plébiscitées des Français. Alors en tête de classement, il y a Kiabi, vous connaissez le slogan,
00:35la mode à petit prix, une enseigne appartenant à la famille Mullier. Puis le géant irlandais de la fast fashion
00:40qu'on ne présente plus, c'est Primark. En troisième position, on retrouve l'enseigne spécialisée dans l'équipement sportif
00:47d'Hécathlon qui appartient également à la famille Mullier. Trois enseignes qui mettent en avant des articles à prix bas,
00:54ce qui peut traduire une baisse du pouvoir d'achat de la classe moyenne. Alors quelques chiffres pour étayer un petit peu
01:00ces différents classements. La part de marché de Chine sur le marché français totalise 3% des dépenses d'habillement
01:08et de chaussures en 2024, contre moins de 2% en 2021. C'est ce que déclare Gildas Mainviel, directeur de l'observatoire économique
01:17l'IFM. Le prix moyen d'achat également baisse de 2,3 points. Chine d'ailleurs, qui a fait son grand retour aujourd'hui,
01:26qui passe un nouveau cap et qui souhaite s'installer. Ils l'ont annoncé aujourd'hui dans des grandes enseignes
01:31comme Galerie Lafayette. Ça sera le cas notamment à Dijon et à Reims. Dans le paysage, vous le connaissez évidemment,
01:37la plateforme lituanienne Vinted occupe une part importante, 9,1% de part de marché en valeur.
01:47Alors tous ces vêtements vont et viennent. À un moment, les particuliers veulent s'en débarrasser.
01:52Alors à Metz, il y avait les bennes Le Relais. Vous vous souvenez, elles ont été suspendues par manque de solutions
01:57adaptées pour trier et écouler les stocks textiles. Alors une des solutions, c'est le don.
02:03Justement, Emmaüs collecte, trie et revend ses vêtements. Regardez.
02:09À Peltre, Emmaüs est une institution depuis 1957. Dans ses bennes, 275 tonnes de vêtements passent chaque année.
02:20Un chiffre en légère augmentation.
02:22Nous sommes au premier tri. On appelle le premier tri des vêtements, c'est-à-dire qu'ils remontent du quai,
02:28sont versés dans ses bennes derrière et les salariés en insertion chez nous trient, ainsi que les bénévoles d'ailleurs,
02:37trient tous les sacs.
02:3920% des vêtements sont revendus dans la friperie du site et le reste est acheminé vers l'association tri d'union
02:46à Béren-les-Fortbac, affilié à Emmaüs.
02:51Dans cette économie circulaire, la fast fashion remet en question l'achat de seconde main,
02:57tant les prix sont bas.
02:58On peut acheter sur Internet des t-shirts et des pantalons à tellement bon marché
03:05qu'effectivement, est-ce que ça vaut encore le coup de venir chez nous ?
03:09On peut se poser la question.
03:10Emmaüs fonctionne exclusivement grâce aux donateurs.
03:13En moyenne, 6 000 clients transitent chaque mois au magasin.
03:19Vous l'avez vu, 80% du textile ne peut pas être revendu, cartaché ou troué.
03:24Donc c'est 15 tonnes de vêtements qui partent vers une plateforme tri d'union à Béren-les-Fortbac.
03:30Tous les mois, créés par l'association Emmaüs Grand Est en 2011,
03:33la plateforme récupère les textiles indésirables de toute la région Grand Est.
03:38Ça représente, accrochez-vous bien, 2 500 tonnes de textiles contre 275 tonnes
03:43qui arrivent dans les bennes d'Emmaüs tous les ans.
03:46C'est aussi un chiffre en légère augmentation.
03:49Sauf que les filières pour écouler ces vêtements sont de plus en plus bouchées.
03:53Hélène Dengost, directrice de la plateforme, témoigne de ce qu'elle vit tous les jours.
03:57Donc les filières de recyclage se sont complètement effondrées.
04:02Déjà, il n'existe pas ou très peu de recyclage en France et en Europe.
04:08Il n'y a pas du tout les capacités pour absorber l'ensemble de ces gisements.
04:12Le problème, c'est qu'il n'y a pas que les filières de recyclage qui se sont effondrées.
04:16Les filières de réemploi ont aussi des problèmes de débouchés.
04:19Donc dans les pays d'Afrique, il y a un marché vraiment de la seconde main qui est très, très développé.
04:25Donc les vêtements qu'on envoie là-bas sont retriés et vont être revendus à des revendeurs
04:31sur les marchés locaux, reconditionnés en petites balles, etc.
04:35Sauf qu'il y a un problème de pouvoir d'achat.
04:38Les gens n'ont plus l'argent.
04:40Ils ont besoin de volume, mais ne peuvent plus payer cette qualité.
04:45Donc les prix se sont aussi effondrés pour qu'on puisse continuer d'évacuer.
04:50Et on est en concurrence directe avec du textile chinois.
04:53Donc soit du neuf chinois de mauvaise qualité ou à très bas prix,
04:58soit de la seconde main chinoise aussi qui arrive sur le marché africain.
05:03Nos clients, en fait, à l'export, ont du mal à financer l'achat de marchandises.
05:09Ce qui fait que les prix se sont complètement effondrés.
05:13Donc nous, on vend tout notre recyclage en prix négatif.
05:17Un écosystème complexe et fragile, donc malmené par la société de consommation qu'on connaît tous
05:24et inondé par des vêtements qu'on a peut-être portés une à deux fois, voire pas du tout.
05:29Donc si je récapitule, les Français consomment de la fast fashion,
05:33mais les centres de tri sont sous l'eau.
05:35C'est quoi la solution, en fin de compte, à notre niveau, au niveau individuel ?
05:39Qu'est-ce qu'on peut faire pour aider à améliorer la situation ?
05:42C'est vrai, on a tous été dans cette situation.
05:45On veut faire du tri et un petit peu écumer notre dressing.
05:47Alors que faire ?
05:48Une fois que vous avez fait le tri dans votre dressing, vous avez deux options.
05:51Soit revendre sur des plateformes vintage, des plateformes en ligne,
05:55ou faire des dons de vos plus belles pièces à des associations, comme c'est le cas pour Emmaüs.
05:59Attention, le meilleur tri pour un déchet, c'est un déchet qui n'existe pas.
06:03J'ai contacté pour vous Claire Decaille, qui est home organizer, avec sa société Cocon, Claire et Serein.
06:09Alors, elle nous a donné quelques astuces pour pouvoir trier, ne plus être dans l'achat compulsif.
06:15Il faut répondre à quelques questions avant d'acheter.
06:17Par exemple, est-ce que cet article me va parfaitement ?
06:20Est-ce qu'il est confortable ?
06:21Est-ce que j'ai déjà un article ressemblant à la maison ?
06:24La solution, vous l'aurez compris, c'est consommer moins, mais mieux.
06:28On pourrait parler également du dressing capsule, de la méthode Marie Kondo,
06:31mais ça sera peut-être pour une prochaine conique.
06:34Merci beaucoup Elisa.
06:35Donc, en fin de compte, il faut se poser les bonnes questions avant d'acheter
06:38et consommer mieux et moins.
06:42Voilà. Merci beaucoup.
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