00:0313h20 sur Europe 1, Clélie Mathias, l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour pour décrypter l'actualité de ce jeudi 2 octobre.
00:08Avec vous aujourd'hui la journaliste des chroniqueurs sur CNews, Xenia Federova, et le journaliste politique au journal du dimanche, Jules Therès.
00:15Bonjour !
00:16Bonjour, bonjour, soyez les bienvenus.
00:18Aujourd'hui on va commencer avec cette histoire de visa, avec visiblement des différences de vues, des divergences même de vues,
00:24entre le ministère des affaires des étrangères et le ministère de l'Intérieur.
00:28Arthur Delabor nous en a parlé pendant le journal d'Europe 1 Info.
00:33Donc, si je recontextualise pour ceux qui nous rejoignent, 1000 visas supplémentaires délivrés cette année aux étudiants algériens,
00:39alors qu'on est en pleine crise diplomatique, que Christophe Glaze et Boilem Sansal, bien sûr, sont toujours dans les jôles algériennes.
00:47Bruno Ratailleux demande à ce que cette compétence d'attribution des visas soit rapatriée au ministère de l'Intérieur,
00:55parce que c'est une compétence visiblement qui appartient en ce moment au ministère des affaires étrangères.
01:00On va en parler, mais j'aimerais comprendre, Jules Therès, au-delà du nombre de visas,
01:05au-delà de ce que l'on sait entre le ministère des affaires étrangères et du ministère de l'Intérieur, de cette compétence,
01:13on sait tous que Boilem Sansal et Christophe Glaze sont détenus par les autorités algériennes.
01:19On sait tous qu'il y a eu différentes actions qui ont été entreprises avec plus ou moins de succès,
01:23plutôt moins de succès d'ailleurs que plus, par la France.
01:28Le Quai d'Orsay n'ignore pas la brouille diplomatique.
01:30Alors, comment expliquer cette délivrance de visas ?
01:33C'est toujours cette grande bataille entre la diplomatie des bons sentiments et la diplomatie du ressentiment.
01:38Ce sont les mots qu'avait utilisé Jean-Noël Barraud pour justifier sa technique diplomatique
01:43face à l'Algérie. Il s'opposait évidemment à celle de Bruno Rotaillot,
01:46qui est plus pour engager un bras de fer avec l'Algérie.
01:50Jean-Noël Barraud, le ministre des Affaires étrangères, lui dit
01:52« Attention, la diplomatie c'est quelque chose de sérieux, c'est les diplomates qui la font,
01:55et surtout ça ne se fait pas dans l'espace public, ça se fait dans les bureaux et au téléphone,
02:01mais on ne met surtout pas ça dans l'espace public. »
02:03Moi, je pense l'inverse, je suis plutôt sur le volet Rotaillot,
02:07c'est-à-dire qu'on voit bien que rien ne fonctionne face à l'Algérie,
02:10et que la riposte graduée qu'a voulu le président de la République ne fonctionne pas,
02:14qu'on n'a quasiment rien fait aujourd'hui, à part geler quelques visas pour les hiérarches algériens,
02:19on n'a rien fait pour récupérer nos deux otages.
02:22Donc encore une fois, les Français, et j'ai l'impression que l'opinion publique veut ça,
02:27veulent une riposte qui est beaucoup plus claire,
02:29et qu'on engage un bras de fer parce qu'un régime comme l'Algérie ne comprend que le rapport de force.
02:32Donc il faut aller sur les transferts de fonds, il faut aller sur les draps de douane,
02:36il faut aller sur le gel des avoirs algériens.
02:41On l'a fait avec les Russes, je ne vois pas pourquoi on pourrait ne pas le faire avec les Algériens.
02:45Il y a beaucoup de moyens de rétention qu'on peut utiliser contre l'Algérie,
02:51mais on n'en a obéré aucun.
02:53Et cet été, le Président de la République, vous savez, au mois d'août, avait dit à François Bayrou
02:58« Bon, c'est maintenant que vous devez y aller, vous devez activer cette riposte avec le 8 septembre
03:03et le vote de confiance de François Bayrou n'a pas pu opérer cela. »
03:06Mais on attend du Président de la République qui tranche enfin dans cette politique.
03:11Parce qu'en réalité, si Boilem Sansal meurt en prison, ce sera terrible.
03:15Et je peux vous dire que la famille de Boilem Sansal, elle pourra pointer les responsables,
03:20et ce ne sera pas Bruno Rotaillot, ce sera peut-être M. Barraud en revanche.
03:22Oui, mais justement, est-ce que c'est normal, ces divergences de vues ?
03:25Est-ce que ça a été vu dans d'autres crises, à d'autres moments ?
03:29Est-ce que ça a toujours été un peu comme ça ?
03:30Ou est-ce que là, c'est d'autant plus révélateur de quelque chose qui se joue entre l'Élysée
03:35et justement le gouvernement, peut-être ?
03:36Non, mais c'est extrêmement révélateur de la diplomatie, parfois de la soumission,
03:40de la diplomatie de la carpette que porte aujourd'hui le Quai d'Orsay,
03:44depuis maintenant plusieurs mois.
03:46Je vous rappelle que Boilem Sansal est enfermé.
03:48Diplomatie de la carpette ?
03:48Oui, diplomatie de la carpette.
03:50Ce n'est pas un demi-mot, comme on dit.
03:52Je maintiens, ce n'est pas un demi-mot, mais Boilem Sansal est enfermé depuis novembre dernier.
03:57Je vous rappelle que le régime algérien n'a pas voulu au départ que son avocat aille en Algérie
04:01parce qu'il était juif, qu'on n'a quasiment aucune nouvelle alors que c'est un homme qui a un cancer,
04:06qu'il est baladé d'hôpital en hôpital et de prison en prison,
04:09sans même savoir exactement où il est,
04:12que M. Gleize est enfermé depuis quasiment deux ans maintenant,
04:16et que le Quai d'Orsay, au départ, a demandé à sa famille de ne rien dire, de se taire,
04:20parce que justement, c'est la diplomatie qui se fait en back-office, enfin derrière,
04:24et pas dans l'espace public.
04:26Bon, de fait, Christophe Gleize est depuis deux ans dans les geôles algériennes,
04:30Boilem Sansal est depuis novembre dernier,
04:31et on n'a toujours pas de nouvelles,
04:33et on n'a toujours pas de Boilem Sansal et de Christophe Gleize qui reviennent en France.
04:36Xenia Federova, un mot ?
04:38Moi, je pense que, peut-être, il y a aussi des intérêts commerciaux derrière,
04:42parce que si on regarde la France et l'Algérie,
04:44ils ont toujours les contrats pour la livraison des gaz,
04:47si je ne me trompe pas, c'est le troisième pays,
04:50après Norvège et les Etats-Unis,
04:52encore quand même la livraison des gaz.
04:56Après, il y a toujours ces intérêts commerciaux,
05:00il y a aussi un grand diaspora algérien en France,
05:04qui peut-être les raisons pourquoi ça reste finalement que la communication,
05:10et pas les grandes parts.
05:13Si je regarde, par exemple, comment c'est fait entre Algérie et Italie,
05:17il ne faut pas oublier aussi le Sahara occidental,
05:20c'est quelque chose que la France a reconnu comme qui s'appartient au Maroc.
05:26Exactement, donc il y a une tension entre les deux pays,
05:29mais si on regarde, par exemple, comment ça se passe avec l'Italie,
05:32il y a un énorme échange commercial,
05:34et Mélanie, elle a quand même réussi à trouver un équilibre avec Algérie,
05:39et aujourd'hui, c'est la première pays pour la livraison des gaz.
05:41Donc je pense qu'il y a plus...
05:42Mais il n'y a pas le même passé, effectivement,
05:44entre l'Italie et la France vis-à-vis de l'Algérie ?
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