Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 7 semaines

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le commissaire de police Frédéric Lose.
00:08Bonjour Frédéric Lose. Bonjour. Bienvenue sur Europe 1, vous êtes aussi le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale,
00:14vous avez aussi dirigé les renseignements généraux pour l'arc anti-Guyane, et vous publiez chez Fayard avec le grand reporter Frédéric Ploquin ce livre
00:21que je montre sur Europe 1.fr, Insécurité, stop aller à la descente aux enfers, c'est un état des lieux, ce livre sans concession,
00:30est chiffré sur l'insécurité en France, dont on dit qu'elle explose depuis des années Frédéric Lose, malheureusement vous confirmez dans ce livre.
00:38Oui, je confirme et surtout je prends avec ce livre le recul du temps long, parce qu'évidemment si on est dans des analyses conjoncturelles,
00:47d'une année sur l'autre, ou même sur 5 ans, 10 ans, ce qui est très intéressant en France c'est de montrer, allez, sur 40-50 ans,
00:54en termes de politique publique, que l'insécurité a augmenté, donc la qualité de vie des Français a baissé.
01:02Donnez-nous les grands chiffres là, qu'on se fasse une idée.
01:04Au-delà des grands chiffres, je vais vous donner une comparaison qui est encore plus parlante.
01:08Si on vous disait que l'espérance de vie avait baissé de 20 ans sur 40 ans dans un pays comme la France,
01:15qu'on passerait de 85 ans d'espérance de vie à 70 ans, ou...
01:20On pourrait trouver ça choquant. Si on vous disait que le taux de mortalité infantile qui est de 5 pour 1000,
01:26passé à 50 pour 1000, ou si on vous disait, vous voyez un petit peu que par exemple le taux d'alphabétisation...
01:33Allons-y, allons-y sur l'insécurité, c'est votre sujet. Donnez-nous les chiffres parce qu'ils sont spectaculaires.
01:37Les chiffres sont spectaculaires, c'est-à-dire sur, on va dire, 50-60 ans, la criminalité, même si l'outil statistique s'est amélioré,
01:47n'était pas parfait, mais dans un sens comme dans l'autre, probablement qu'on est sur 400% d'augmentation.
01:53Les atteintes aux biens, aux personnes ont explosé. Alors évidemment, il y a des chiffres...
01:56Je vais les donner parce que les homicides, par exemple, ont augmenté, mais...
02:00Vous dites 15 actes délectueux pour 1000 habitants en 1960, on est à 65 pour 1000, donc c'est multiplié par 5.
02:07Taux de délucidation des affaires, on était à 1 pour 2, 50%, on est aujourd'hui à 24%.
02:12Il y a un croisement des courbes, il y a de plus en plus de délits, de crimes, et la police, face à ça, elle est de moins en moins efficace, Frédéric Lowe.
02:19C'est ça l'insécurité, en fait ?
02:21Oui, mais c'est pas le... La police peut toujours s'améliorer, mais ce croisement des courbes et cet effet ciseau,
02:28c'est au moment où on a une massification de la délinquance, où les cadres civiques, éducatifs, commençaient à exploser,
02:35et bien on a fait le contraire. C'est-à-dire qu'on a désarmé la police, on a désarmé la justice,
02:42puisque la responsabilité numéro 1, avant de dire c'est les magistrats ou je ne sais quoi,
02:48c'est avant tout le législatif, le législateur de droite et de gauche,
02:52qui a rendu kafkaïenne ultra-formaliste la procédure pénale,
02:56à tel point qu'un grand nombre de policiers ne veulent plus faire de la procédure pénale,
03:01alors qu'ils étaient rentrés, nourris par les rêves, par les films policiers, par les romans policiers.
03:09Aujourd'hui, ils ne veulent plus faire de la procédure pénale, parce qu'on l'a rendu formaliste, kafkaïenne,
03:14on a réduit l'autonomie des enquêteurs.
03:16L'insécurité augmente au détriment des victimes.
03:19Est-ce qu'on a fait ça, cette procédure pénale alourdie, pour contrarier, pour embêter les policiers,
03:24rendre leur travail impossible, ou est-ce qu'on a cru bien faire, Frédéric Lowe ?
03:27Je pense que c'est les deux. Il y a une défiance vis-à-vis de la police,
03:31qui n'est pas justifiée, et on a déplacé bien trop loin le curseur des droits individuels.
03:37On a exalté les droits individuels, et aussi le droit du gardé à vue, les droits des prisonniers.
03:43Mais on ne s'est pas posé la question de l'efficacité,
03:46notamment pour traiter de la délinquance, pour entraver la délinquance.
03:50Et finalement, on a abouti à des policiers qui, tels Gulliver, sont enchaînés,
03:55et se retrouvent avec des stocks et des stocks de procédure, avec une perte de sens du métier,
04:01et puis au même moment, vous le savez, les frontières s'ouvrent.
04:05C'est la libre circulation des capitaux, des marchandises et des hommes.
04:08On a technocratisé la police et la justice, avec une addition de règles, de feuilles,
04:16un tsunami qui rende illisible tout ça.
04:18Et surtout, on a flingué la dissuasion judiciaire.
04:20Quand vous n'avez plus de dissuasion judiciaire, et que les peines deviennent notamment illisibles,
04:26et bien qu'est-ce qui se passe ? Vous n'avez plus de dissuasion policière.
04:28Si vous me permettez, par exemple, prenons le cas d'un contrevenant,
04:31parce qu'il y a des choses qui marquent, qu'on pourrait transposer, tout n'est pas transposable.
04:35Vous, si vous grillez un stop, ou si vous commettez un excès de vitesse de 20...
04:39Par exemple, de 140 au lieu de 110, on ne va pas vous dire sursis, rappel à la loi.
04:47Je vais perdre mon permis, je vais payer.
04:49Vous allez perdre votre permis, vous allez payer.
04:51Donc, cette dissuasion marche, parce qu'on vous fait payer,
04:54et parce qu'il y a une rapidité, une certitude de la sanction.
04:56Mais pourquoi ? Parce que je suis solvable et on sait que je vais respecter la loi ?
04:59Pas que, mais parce qu'on a dessiné une stratégie dans les années 70,
05:02pour lutter contre l'insécurité routière, faire baisser le nombre de morts.
05:05Et cette stratégie n'existe pas.
05:08On est dans la culture de l'urgence, dans la com, la com, la com.
05:11Le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Justice ne se parlent pas.
05:14Alors, c'est des débats trop formels, au nom de l'indépendance de la Justice.
05:18Alors là, vous me faites la liste des problèmes.
05:20On en connaît certains, mais c'est vrai que vous les détaillez de manière affligeante,
05:25il faut dire, dans le livre.
05:26Il y a tout un chapitre qui est consacré aux solutions.
05:29Et vous dites, en fait, que ça commencerait par traiter la question de la sécurité nationale
05:34comme la défense, comme la défense nationale.
05:36et, en fait, de tout passer au moulinet de la sécurité.
05:39Par exemple, l'école, par exemple, la prévention, etc.
05:44Toujours avoir en tête les conséquences que pourrait avoir un échec dans tel ou tel domaine
05:48sur le plan de la sécurité, Frédéric Lowe.
05:50Oui, déjà, je vous remercie de dire que ce n'est pas que l'addition de constats déprimants,
05:54c'est une méthode et des propositions.
05:57Et vous avez raison, il faut agir sur tous les leviers.
05:59La prévention, qui est très importante, qui est complètement éclatée en France,
06:04qui, surtout, n'est pas pensée, il n'y a pas de véritable stratégie dans tous les acceptions du mot prévention.
06:10Empêcher le passage à l'acte.
06:11La prévention, c'est bien positionner les patrouilles de police et de gendarmerie.
06:15C'est aussi la prévention juvénile des mineurs délinquants.
06:17C'est savoir comment on sort de la délinquance.
06:20Pour mieux éviter l'entrée dans la délinquance.
06:23C'est mesurer le coût de la délinquance.
06:25On ne connaît pas, on ne s'est jamais intéressé au coût de la délinquance.
06:28L'INSEE et la Cour des Comptes devraient faire connaître le coût de la délinquance.
06:32Pour les émeutes, on a les chiffres des assureurs, par exemple.
06:34Mais vous dites, le coût de la délinquance, entre guillemets, normale,
06:36celle dont on ne parle pas forcément,
06:38eh bien, celle-là, on ne connaît pas.
06:39On ne la connaît pas,
06:40et ça se traduit par une irresponsabilité financière des délinquants.
06:45C'est pour ça que je suis favorable.
06:47Par exemple, même un cambrioleur qui reçoit une peine avec sursis
06:50doit payer.
06:51Comme un automobiliste qui a une bien moindre dangerosité sociale
06:55et qui se gare mal,
06:57ou qui, tout simplement, ne respecte pas un stop,
07:00eh bien, il paye.
07:01On ne lui dit pas, coucou, c'est un sursis.
07:03Et par contre, un cambrioleur, un voleur
07:05ou quelqu'un qui vous agresse physiquement,
07:07en dehors de la constitution de partie civile,
07:10il ne paye pas.
07:10Il doit payer.
07:11Il doit y avoir un système de recouvrement dédié.
07:13C'est ce qui rendra la dissuasion judiciaire et policière
07:17à nouveau dissuasive.
07:19Il faut payer.
07:20Il faut faire payer les délinquants.
07:21Tout est dans le livre du commissaire Frédéric Lowe,
07:23écrit avec Frédéric Ploquin,
07:24« Insécurité, stop à la descente aux enfers ».
07:26Merci d'être venu nous en parler ce matin, commissaire.
07:29Et vous serez d'ailleurs à 16h18h l'invité de Pascal Praud
07:31cet après-midi, je vous crois bien.
07:32Je crois que ça a été reporté.
07:33On en reparlera.
07:35En tout cas, merci d'être venu ce matin dans Europe 1.
07:37Bonne journée.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations