13 % des enfants des élèves en situation de handicap et qui sont en établissements spécialisés n’avaient aucune heure de scolarisation par semaine en 2025. Ce sont les résultats d’une enquête de l’UNAPEI d’août 2025. Une situation qui entraîne une précarisation des familles et une perte de valeur économique.
00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Sonia Haïhéinou. Bonjour, bienvenue.
00:12Vous êtes la vice-présidente de l'UNAPI, c'est 550 associations, 1300 établissements et services médico-sociaux,
00:18près de 100 000 professionnels employés et une mission. C'est quoi la mission principale de l'UNAPI ?
00:24La mission principale de l'UNAPI, c'est la défense des droits et l'accompagnement des familles et des personnes
00:29en situation de handicap, notamment sur les troubles du développement intellectuel, polyhandicap,
00:34troubles du step de l'autisme et troubles psychiques.
00:38Pas seulement à l'école ou uniquement à l'école ?
00:40Non, pas seulement à l'école, pas seulement pour les enfants scolarisés, c'est vraiment de zéro jusqu'à l'âge des personnes vieillissantes.
00:47Et on va parler d'école parce que c'est évidemment un thème central de cette rentrée qui révèle des chiffres qui ne sont pas bons.
00:5413% des enfants qui sont en établissement spécialisé n'avaient aucune heure, aucune heure de scolarisation par semaine.
01:0138% ont entre zéro et six heures de scolarisation par semaine à la rentrée.
01:06Alors moi, je vois ces chiffres, je ne suis pas un spécialiste comme vous.
01:09Est-ce que la situation, c'est la même depuis plusieurs années ? Est-ce qu'elle s'aggrave ? Qu'est-ce qu'on peut en dire ?
01:14Alors c'est une situation qui perdure parce que ça fait sept ans maintenant qu'on est à la campagne J'ai pas école.
01:20Et chaque année, on essaye d'avoir des chiffres parce qu'il n'y a pas d'observatoire à ce jour pour déterminer la bonne scolarisation des enfants.
01:28Du coup, on fait des échantillonnages au niveau de nos établissements qui accompagnent les enfants.
01:32Et on leur demande où en est la scolarisation par rapport à ces enfants entre 3 et 16 ans.
01:38Et donc, vous faites ça depuis sept ans, les chiffres sont stables, c'est ça ?
01:42Les chiffres sont stables. Alors il faut savoir que les chiffres sont stables, ça veut dire que dans les associations, au sein des associations,
01:48on constate que plus de la moitié n'ont pas accès à une scolarisation, aux apprentissages de base, à une scolarisation comme n'importe quel autre enfant.
01:57Alors dans les scolarisations, on entend aussi les enfants qui sont scolarisés dans l'école ordinaire, dans l'école de tous les autres enfants.
02:03Mais il y a aussi des dispositifs de scolarisation au sein des établissements médico-sociaux.
02:08Qu'est-ce que ça signifie pour les familles ? Je pense qu'il faut qu'on soit très concret quand son enfant qui souffre d'un handicap n'a pas d'heure de scolarisation.
02:18Alors un enfant ne souffre pas de handicap, il présente un handicap, il est dans une situation de handicap.
02:23Le fait d'être éloigné de la scolarisation les éloigne de l'apprentissage.
02:27On sait bien que pour les enfants en âge de développement, les apprentissages de savoir de base peuvent leur permettre aussi de développer leur autonomie,
02:35développer leur communication, les liens sociaux avec les autres, vraiment tous les pans de la société pour leur développement et grandir correctement comme tous les autres enfants.
02:44Et pour les familles, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut renoncer parfois à du travail, aménager ses horaires de travail ?
02:53Alors pour les familles, on l'a vu pendant le Covid, n'importe quelle famille, une fois que l'enfant ne va pas à l'école, il faut s'occuper de l'enfant.
02:59Donc là, à partir du moment où l'enfant est scolarisé ou scolarisé très peu de temps ou pas du tout, l'enfant se retrouve à domicile.
03:06Donc il faut que l'un des deux parents ou le parent, parce que parfois il y a des familles monoparentales, s'occupent de l'enfant.
03:12Donc il y a forcément un impact sur la vie professionnelle et un impact aussi sur la vie financière, les liens sociaux, la communication avec les autres, mais tous les pans de la vie en fait.
03:21Est-ce que vous avez, parce que c'est difficile, j'imagine, de répondre à la question, mais évalué l'impact économique ?
03:27Parce que ça veut dire quoi ? Ce qu'on est en train de dire, ça veut dire des gens qui ont des compétences, des talents, qui ne vont pas les exercer en entreprise ou en administration.
03:36C'est de la valeur économique perdue ?
03:39C'est de la valeur économique perdue, c'est de la précarisation des familles, c'est vraiment une société qui se transforme vers une société en difficulté,
03:49parce que c'est vrai que vous perdez des expertises, vous perdez des parents qui vont travailler, vous perdez des expériences de vie,
03:56et vous avez des familles qui sont en grande difficulté, parfois dépression, parfois, alors il peut malheureusement arriver le suicide,
04:04donc il y a un impact aussi sur les frères et sœurs et sur la famille élargie, vous avez des familles recomposées qui du coup se décomposent,
04:11donc ça a vraiment un impact aussi pour les sociétés parce que vous avez des problèmes de recrutement aujourd'hui
04:16et des problèmes budgétaires avec un contexte politique qu'on connaît, donc ça a forcément un impact aussi sur la vie toute entière de la société.
04:24Donc, je rappelle le chiffre, 13% des enfants en établissement spécialisé, aucune heure de scolarisation par semaine,
04:29et pourtant, le droit à l'éducation, c'est un droit garanti par la Convention internationale des droits de l'enfant,
04:34par la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
04:37En France, que dit la loi ?
04:39En France, ce que dit la loi, c'est que chaque enfant, quel qu'il soit, est en droit d'avoir accès à l'éducation.
04:44C'est inscrit dans les textes, c'est inscrit dans la loi, et aujourd'hui, force est de constater qu'avoir des droits n'est pas suffisant
04:53puisqu'on voit que les enfants n'ont pas accès à l'école, que les adultes n'ont pas accès au travail,
04:58que les personnes vieillissantes n'ont pas accès à un habitat digne de ce nom,
05:02donc la loi ne rend pas les droits effectifs aujourd'hui.
05:06Quelle solution vous proposez ? Parce qu'on va essayer, et dans cette émission on le fait quotidiennement,
05:10de aussi proposer des solutions, il faut faire les constats, mais il faut trouver des solutions.
05:14Pour améliorer, sortir de cette spirale des mauvais chiffres.
05:19Alors c'est vrai que cette spirale de chiffres, elle représente un état de fait.
05:24Pour améliorer tout ça, ce que les associations demandent, c'est déjà un observatoire.
05:28L'observatoire va permettre de voir, est-ce que chaque enfant, chaque personne,
05:33bénéficie des accompagnements auxquels il a le droit,
05:36qui a été prescrit par la maison départementale du handicap.
05:38Donc vous avez déjà des enfants qui ne sont pas scolarisés au bon endroit,
05:42parce que vous avez des accès à des modalités de scolarisation.
05:46Par exemple, rentrer dans un institut médico-éducatif,
05:49vous avez des listes d'attente qui sont de plus de 4000 enfants.
05:53Donc ces enfants-là, qu'est-ce qu'on en fait ?
05:55Soit ils sont à domicile, soit ils sont scolarisés dans un milieu dit ordinaire,
05:59avec des accompagnements qui vont essayer, malgré tout,
06:03ou de les maintenir dans le milieu scolaire.
06:05Donc ces enfants-là apparaissent dans les chiffres,
06:08mais ne sont pas au bon endroit.
06:09Donc l'observatoire va permettre de mettre en adéquation
06:12le besoin réel en accompagnement et en modalité de scolarisation,
06:17les budgets et l'organisation structurelle, matérielle, en moyens humains, etc.,
06:22autour de tous ces besoins-là, sur la scolarisation,
06:25mais au-delà aussi, sur la vie d'adulte, etc.
06:28Donc ce serait un observatoire de l'école, de l'école inclusive,
06:31ou un observatoire plus général ?
06:32Oui, c'est un observatoire plus général,
06:34vraiment un observatoire des situations de handicap,
06:38pour voir toute l'organisation et la coordination de l'écosystème.
06:43Faire le constat pour ensuite pouvoir prendre les bonnes décisions.
06:46Exactement.
06:46J'imagine que vous plaidez ça auprès des ministères depuis des années.
06:50Qu'est-ce qu'on vous répond ?
06:52Alors, le ministère répond par des actions.
06:55On est bien évidemment face à des actions et des prises de conscience.
06:59Mais les prises de conscience et les actions,
07:00on voit qu'elles ne sont pas en adéquation avec le réel besoin,
07:03puisqu'il n'y a pas d'observatoire.
07:05Donc tous les dispositifs, tous les moyens qui sont conséquents,
07:08qui sont mis en place, ont forcément un décalage avec ce qu'on attend.
07:12Et puis la France est en retard aussi pour la mise en œuvre de tout ça.
07:15Si on revient sur l'école, est-ce qu'il faut mieux former les enseignants ?
07:19Il faut mieux former les enseignants, il faut mieux former les agents des collectivités,
07:23parce qu'ils interviennent aussi dans l'école.
07:25Il faut former en fait tout l'écosystème pour qu'il soit à même d'accueillir,
07:30d'accompagner et de soutenir les élèves en situation de handicap,
07:33et même au-delà de tous les élèves en fait.
07:36Il y a des accompagnants qui sont spécialisés, les AESH, c'est ça ?
07:41Oui.
07:42Il n'y en a évidemment pas suffisamment.
07:44À quel point il n'y en a pas suffisamment ?
07:45Alors, à quel point il n'y en a pas suffisamment ?
07:47Alors, je retournerai un peu votre question,
07:49parce que je vais faire un parallèle.
07:51Si vous êtes dans une entreprise qui a besoin de dématérialiser,
07:54un petit peu d'innover, et que ça ne fonctionne pas,
07:58l'entreprise décide d'acheter un million d'ordinateurs.
08:02Est-ce que le fait d'acheter un million d'ordinateurs
08:04va suffire à développer l'entreprise
08:06et à la rendre un peu plus performante et technologique ?
08:09Non.
08:09Le handicap et puis les situations un petit peu particulières
08:13de la société aujourd'hui
08:14doivent pouvoir être suffisamment dynamiques et agiles
08:17pour répondre à tout le monde.
08:19Donc, ce n'est pas le fait d'augmenter le monde.
08:21Ce n'est pas simplement le nombre d'accompagnants ?
08:23Non, l'AESH, c'est un des outils, une des ressources
08:26qui va accompagner les élèves,
08:28mais ce n'est pas forcément la ressource
08:29qui correspond à tous les élèves.
08:31Donc, en fait, c'est tout un écosystème
08:33qu'il faut organiser dans cette prise en compte de handicap
08:36pour étudier, pour mener à bien
08:38le projet d'inclusivité de l'école.
08:40Ça suppose des infrastructures aussi, des travaux à faire ?
08:43Des infrastructures, des travaux.
08:44Il faut que ce soit structurel,
08:45que les bâtiments soient capables d'accueillir tous les élèves,
08:48qu'il y ait des espaces d'échange entre professionnels,
08:50entre parents et professionnels,
08:52entre les accompagnants et les équipes éducatives.
08:56Il faut aussi des budgets.
08:57Ça nécessite évidemment des budgets.
08:59Il faut aussi des moyens humains.
09:00Et oui, la formation est très, très importante pour tous.
09:04Et en entreprise, est-ce que vous voyez...
09:07Alors, évidemment, il y a tellement d'entreprises en France
09:09de taille, de secteur, etc.
09:12Mais est-ce que quand même, vous sentez une prise de conscience
09:14du milieu de l'entreprise ?
09:17Le milieu de l'entreprise, prise de conscience, évidemment,
09:19puisque aujourd'hui, vous avez quand même des entreprises
09:22qui remplissent leur obligation d'emploi des personnes
09:26en situation de handicap.
09:27D'autres ont fait d'autres choix, mais il faut aussi accompagner
09:31les entreprises dans cette prise en compte pour de l'aménagement raisonnable,
09:35pour aider aussi les collaborateurs à pouvoir travailler les uns
09:38avec les autres en fonction des difficultés ou de la complexité
09:42d'aménagement des postes.
09:43Donc, les entreprises ont des consciences, mais il y a encore beaucoup de travail,
09:46même au niveau de la médecine du travail aussi.
09:49Est-ce que les médecins du travail sont suffisamment formés
09:52pour détecter aussi les besoins des familles aidantes
09:54ou des personnes en situation de handicap pour pouvoir les accompagner sur leur poste ?
09:59Est-ce que vous avez ressenti un effet Jeux olympiques et paralympiques
10:02ou pas du tout ?
10:04Ou un effet de courte durée ?
10:07C'était un petit peu épisodique et très euphorique.
10:11Moi-même, j'ai assisté à des épreuves des Jeux olympiques
10:14et j'ai été vraiment très satisfaite, en tout cas, de la prise en compte
10:18et de l'organisation qui a été faite autour des personnes en situation de handicap,
10:23y compris des sportifs, mais aussi du citoyen lambda.
10:28Et puis, on s'est dit quand même que quand on peut, quand on veut
10:32et qu'on met les moyens, c'est possible de le faire.
10:35Et ça, ça nécessite vraiment l'engagement de chacun
10:38parce que les personnes aussi, enfin, tous les spectateurs aussi
10:43étaient impliqués dans cette démarche inclusive.
10:47Donc, c'est possible, c'est possible avec les moyens.
10:50Merci beaucoup Sonia et Inoui et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:55C'est l'heure du Zoom de ce Smart Impact.
10:57On parle de l'affichage environnemental pour le secteur du tourisme.
11:00On parle de l'affichage environnemental pour le secteur du tourisme.
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