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  • il y a 2 mois

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Transcription
00:00Et à 7h20 sur Europe, Dimitri Pavlenko, place à l'édito éco.
00:04Bonjour Olivier Babaud.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Olivier, ce matin vous vous lamentez d'un drame français que vous avez appelé le syndrome de la révocation de l'édit de Nantes.
00:14C'est de vous une mauvaise habitude, dites-vous Olivier, qui nous poursuivrait depuis des siècles.
00:18Oui Dimitri, vous connaissez l'anecdote historique.
00:20L'ambassadeur de Louis XIV va voir le roi de Prusse et lui demande ce qu'il peut faire pour lui être agréable.
00:25Le roi de Prusse répond que le roi de France révoque encore l'édit de Nantes.
00:29L'ironie était cruelle, c'était reconnaître que l'exil de 30 000 protestants français
00:33avait formidablement profité aux autres royaumes et à la Prusse en particulier
00:37qui avait vu un afflux de talents et de cadeaux.
00:40On se souvient par exemple que Denis Papin, inventeur de la machine à vapeur, était parti en Grande-Bretagne
00:44ce qui a pu y favoriser l'éclosion de la révolution industrielle.
00:47Vous nous dites Olivier que la France de 2025, elle continue à faire ce genre d'erreur.
00:52Exactement, nous avons le génie de former, d'accompagner, de financer, puis de laisser partir les talents.
00:57Nous inondons le monde de nos richesses à nos dépens.
01:00La fiscalité, notamment l'ISF, aurait ainsi fait fuir nos entrepreneurs.
01:04Oui, de 2011 à 2016, on comptait en moyenne 950 départs de contribuables à l'ISF
01:09contre 370 retours.
01:11Ça fait donc un solde migratoire d'environ 600 foyers qui étaient perdus chaque année.
01:15Ça a l'air peu, 600 foyers, mais l'impact est puissant.
01:18Imaginez ce que cela représente au bout du compte d'investissement, de dynamisme, d'emplois perdus.
01:23Depuis le remplacement de l'ISF par l'impôt sur la fortune immobilière, l'IFI, en 2018,
01:27on a observé un renversement dont on pouvait se féliciter.
01:30Entre 2018 et 2021, les retours ont dépassé les départs assez largement.
01:35Puisqu'on parle d'impôt, on pense aussi à la taxe Zuckman,
01:37qui serait une nouvelle forme, Olivier, de ce syndrome de la révocation de l'édit de Nantes.
01:42Oui, la proposition de Gabriel Zuckman est une invitation à l'exil.
01:45Si on tend à taxer ce qu'il y a de plus mobile, les capitaux, les participations, les actifs financiers,
01:50on pousse les détenteurs à choisir des juridictions plus clémentes.
01:53Le fondateur de Ledger, Éric Larchevêque, conseillait tout récemment aux jeunes entrepreneurs
01:57s'ils en ont la possibilité de partir.
01:59Pourtant, certains disent que l'exil fiscal serait marginal en France.
02:02L'étude du Conseil d'analyse économique, souvent citée pour expliquer qu'il n'y a pas de départ
02:06face à une taxation des plus riches, a beaucoup de limites.
02:08Elle se fonde en particulier sur des précédents qui n'avaient absolument pas la radicalité de la taxe Zuckman.
02:13De plus, les études ne prennent pas en compte quelque chose de très difficile à comptabiliser,
02:17mais de bien réel.
02:18Les entreprises qui, dès le départ, se montent à l'étranger
02:21parce que notre cadre fiscal est instable et punitif.
02:24Un entrepreneur, un chercheur qui choisit un autre endroit que la France pour ses idées,
02:27ses réseaux, ses capitaux, c'est une pertinence pour le pays.
02:30Alors, quel serait le remède ?
02:31Repenser la fiscalité, non comme une machine à punir la réussite et à prélever sans limite,
02:35mais comme un instrument d'incitation.
02:37Créer des cadres attractifs pour l'investissement en France,
02:40comme savent le faire d'autres pays, chez eux.
02:42Sinon, la France continuera d'enrichir le monde de ses talents tout en s'appauvrissant elle-même.
02:46Signature Europe 1, Olivier Babaud.
02:48Merci beaucoup, Olivier.
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