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  • il y a 2 mois
Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement ce jeudi 25 septembre dans l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007. Nicolas Sarkozy est condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé. La décision est assortie d'une exécution provisoire. Concrètement, cela signifie que l'ex-président sera incarcéré dans les prochaines semaines.

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Transcription
00:00Vous êtes donc l'avocat de Nicolas Sarkozy, qui vient d'être condamné à 5 ans de prison pour association de malfaiteurs,
00:05relaxé de tous les autres chefs d'accusation.
00:08On va en parler avec vous, on va prendre le temps nécessaire pour comprendre cette décision de justice,
00:13dans ce qu'on appelle l'affaire libyenne, c'est-à-dire des soupçons de financement par le dictateur libyen Muammar Kadhafi,
00:19de la campagne présidentielle de 2007.
00:20Là aussi, je pèse mes mots, car tout ça est extrêmement complexe.
00:23Mais surtout, Nicolas Sarkozy a été placé sous mandat de dépôt avec effets différés et exécution provisoire.
00:30C'est du langage juridique, technique, mais ça signifie que l'appel que vous allez peut-être déposer,
00:34qui est déjà déposé, c'est une première information,
00:37que cet appel ne suspend pas l'exécution de cette peine et que Nicolas Sarkozy va donc aller en prison,
00:43ne connaît pas encore la date précisément.
00:46Vous étiez à côté de lui à la mi-journée quand la présidente du tribunal a prononcé ce jugement.
00:51Quelle a été sa réaction ?
00:54Nicolas Sarkozy a été très surpris par la violence de cette condamnation de la peine imposée
01:02et l'humiliation qui lui est aussi imposée avec, comme vous le disiez, ce mandat de dépôt à effets différés.
01:09Il est innocent. Il se sait innocent. Nous en sommes convaincus.
01:15Il est innocent. Il se bat pour démontrer son innocence.
01:19Le tribunal correctionnel l'a relaxé sur trois des quatre délits.
01:24Trois des quatre chefs d'accusation.
01:25Trois des quatre délits. Pas n'importe lesquels.
01:27Le tribunal correctionnel dit qu'il n'y a pas eu de financement par l'alibi de la campagne de 2007.
01:32Le tribunal correctionnel dit qu'il n'y a pas eu de corruption.
01:36Et pourtant, en dépit de la disparition, de cet effondrement de ces piliers de l'enquête,
01:41ces piliers qui soutenaient l'enquête depuis près de 12 ans,
01:44le tribunal dit « mais vous auriez eu connaissance du fait que certains de vos collaborateurs pouvaient envisager un financement par l'alibi de la campagne ».
01:59Et ça, ça constitue le délit d'association de malfaiteurs.
02:04On va revenir sur tous ces points, Maitre, parce qu'au cœur du dossier, il y a notamment les voyages en Libye faits par Claude Guéant et Brice Hortefeux.
02:10Brice Hortefeux qui sera d'ailleurs l'un de nos invités tout à l'heure.
02:12Lui a été condamné aujourd'hui à deux ans de prison.
02:15Mais je sais que les discussions entre un client et son avocat sont secrètes par définition.
02:19Mais ce scénario, celui d'une condamnation et d'un renvoi à la case prison, renvoi immédiat,
02:25est-ce que vous l'aviez envisagé avec lui dans vos discussions pour préparer ce procès par exemple ?
02:29Nous avions envisagé tous les scénarios.
02:31Y compris celui-là.
02:32Tous les scénarios.
02:33Passés 14 semaines devant un tribunal correctionnel pour répondre de faits qui sont graves après 12 ans d'instruction,
02:41on sait, on sait que tout est sur la table, que toutes les peines et toutes les modalités d'exécution des peines sont sur la table.
02:48On espérait que le tribunal aurait le courage de désavouer le travail qui avait été fait préalablement par les juges d'instruction et par le PNF.
02:57On ne peut que regretter qu'il n'ait pas eu ce courage et qu'il est condamné au bénéfice du doute, Nicolas Sarkozy,
03:07en utilisant cette voiture balai du droit pénal qu'est l'association de malfaiteurs,
03:11qui est une sorte d'infraction fourre-tout qui permet, même si tout s'effondre, de trouver quand même un petit quelque chose pour condamner.
03:19Nicolas Sarkozy est donc condamné à 5 ans de prison ferme.
03:21D'après nos informations, il est convoqué dans trois semaines, le 13 octobre prochain, par le parquet national financier.
03:27D'abord, est-ce qu'il ira au rendez-vous ?
03:30Nicolas Sarkozy est allé à toutes les convocations.
03:33Il ne se dérobera pas à la justice.
03:34Jamais, jamais, jamais.
03:36Oui, ça c'est une discussion qu'il aurait pu avoir avec lui aujourd'hui.
03:38Jamais, jamais.
03:40C'est ce jour-là qu'il va le savoir, à quel moment il va être incarcéré ?
03:45C'est le 13 octobre ?
03:46Ou est-ce qu'il peut aller directement en prison le 13 octobre ?
03:48En tout cas, dans les semaines qui viennent, en effet, il aura un rendez-vous avec le parquet national financier,
03:56rendez-vous au cours duquel seront discutées les modalités de la mise à exécution de la décision du tribunal.
04:03Donc, je n'ai aucun détail, évidemment.
04:04On est très, très en amont de tout ce qui va se passer.
04:07Mais il y a quatre mois, entre le prononcer de la peine et la mise à exécution de la peine,
04:13je n'ai évidemment aucune date et aucune idée de comment ça va se dérouler.
04:16Vous avez entendu, il y a quelques minutes, vous étiez dans les coulisses de ce plateau,
04:19ce que dit Ségolène Royal, ancienne candidate à l'élection présidentielle,
04:22qui dit si Nicolas Sarkozy a du panache, du respect pour la fonction qu'il a exercée,
04:27il doit aujourd'hui respecter la décision de justice.
04:31C'est un pilier de la République.
04:32Vous, vous nous dites, c'est une décision violente et humiliante.
04:36Il y a eu une humiliation aujourd'hui.
04:37Très clairement, Nicolas Sarkozy n'accepte pas ce qui a été dit.
04:41Nicolas Sarkozy ne peut pas accepter cette condamnation dans la mesure où il est innocent.
04:45J'entendais en effet ce que disait Mme Royal.
04:49Il y a une valeur qui est plus forte que tout, qui est le respect de la présomption d'innocence.
04:54Et quand on est innocent, on n'accepte pas de baisser la tête
04:58pour quelle que soit la raison pour laquelle il serait invoquée.
05:01Quand on est innocent, on crie qu'on est innocent et on se bat pour voir son innocence reconnue.
05:06C'est ce qui se passera.
05:07Il en est absolument convaincu.
05:09Ça prendra le temps qu'il faut.
05:11On a eu 12 ans d'enquête.
05:12S'il y a 12 ans encore devant nous pour que son innocence soit reconnue,
05:15on les prendra et on les utilisera.
05:18En attendant ce possible procès en appel,
05:20puisque vous nous dites ce soir que l'appel a déjà été interjeté,
05:23est-ce qu'il y a des recours ?
05:25Est-ce que vous pensez encore que l'ancien chef de l'État peut échapper à la prison qui l'attend ?
05:30Alors, à l'heure qu'il est, on est quelques heures après le délibéré rendu par le tribunal.
05:35Je suppose que vous êtes en train d'examiner tout ça.
05:36On est en train de travailler exactement.
05:37Il y a peut-être des pistes ?
05:38On travaille sur ces éléments.
05:40Vous ne pouvez pas nous en dire plus pour l'instant.
05:41Je suppose qu'il y a eu des réunions toute la journée.
05:45Un recours contre l'incarcération ou une demande de libération conditionnelle au vu de son âge,
05:50puisqu'il a 70 ans.
05:51Je suppose que ça fait partie des pistes possibles.
05:53On regarde toutes les pistes.
05:55Est-ce que vous savez à quelle date il entrera en prison ?
05:57Si ces pistes ne fonctionnent pas.
05:59Ce qui semble très probable.
06:00J'en ai à l'heure qu'il est.
06:01D'abord, c'est très prématuré.
06:03Et évidemment, on n'est pas dans ce niveau de détail.
06:05Mais vous avez pu en parler avec lui ces dernières heures
06:07de l'hypothèse de vivre pendant des mois dans une cellule,
06:11sans doute à la prison de la Santé, Nosnette Carré.
06:14Non, la seule chose dont on parle avec lui,
06:16dont on parle aujourd'hui encore avec lui,
06:18c'est qu'est-ce qu'on fait maintenant pour la suite de la procédure
06:22et faire reconnaître son innocence ?
06:24Le reste...
06:25Il ne veut pas y penser à la prison pour l'instant.
06:28On se bat.
06:29On se bat.
06:31La justice a relaxé, vous l'avez rappelé, maître Nicolas Sarkozy,
06:34des accusations de corruption passive,
06:36recèle de détournement de fonds publics et financements illégals
06:39de sa campagne de 2007.
06:41Mais elle l'a jugé coupable d'association de malfaiteurs
06:43pour avoir laissé ses proches, Claude Guéant, Brice Hortefeux,
06:47démarcher le pouvoir libyen pour aller y chercher de l'argent.
06:50Si je résume, il savait, mais il n'a rien fait.
06:53Alors, ça, c'est une théorie du tribunal.
06:56Ça repose sur rien.
06:58C'est la conclusion qui a été donnée ce matin par la présidente.
07:00Absolument, c'est ce qu'ils font de la condamnation.
07:02Ça ne repose sur rien.
07:03Ça ne repose sur rien.
07:04C'est-à-dire que la présidente, le tribunal, considère que lorsque Claude Guéant
07:09et Brice Hortefeux rencontrent des officiels libyens,
07:13c'est forcément, forcément, pour évoquer un possible financement
07:18de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy.
07:19Les officiels libyens, ce n'est pas n'importe qui.
07:21On parle d'un homme qui est le beau-frère de Mohamed Kadhafi
07:24qui a été condamné à la perpétuité en France
07:26pour avoir organisé un attentat qui a fait 170 morts.
07:30C'était l'attentat contre le DC-10 d'UTA,
07:32qui est chef des services secrets libyens.
07:35Ce n'est pas n'importe qui, cette rencontre.
07:38Ces rencontres de Claude Guéant et Brice Hortefeux.
07:41Nicolas Sarkozy ne savait pas que son bras droit, Claude Guéant,
07:44et son meilleur ami, Brice Hortefeux, allaient rencontrer cet homme.
07:47Je vous le confirme.
07:48Il ne le savait pas.
07:49Il ne leur a jamais posé la question.
07:51Par hypothèse, s'il ne le savait pas,
07:53il ne pouvait pas leur demander qui il avait rencontré
07:55et s'ils avaient rencontré cette personne.
07:57Il n'a jamais demandé, ni demandé préalablement,
08:01ni validé postérieurement une rencontre avec cette personne.
08:05Jamais.
08:06Et il n'y a rien dans le dossier qui vient établir le contraire.
08:08Rien.
08:09Vous parliez des relax.
08:11On nous dit, pas de financement, pas de corruption,
08:14mais peut-être quand même qu'on a discuté d'un financement.
08:19Et cette thèse, condamner quelqu'un sur une thèse,
08:23ce n'est normalement pas possible au tribunal de Paris.
08:25Dans l'affaire du Modem, François Bayrou est relaxé
08:29parce que le tribunal considère qu'une théorie fut-elle vraisemblable,
08:34une hypothèse fut-elle vraisemblable,
08:36ne permet pas d'établir la culpabilité de quelqu'un.
08:38Cette jurisprudence qui bénéficie à François Bayrou
08:41et j'espère à plein d'autres personnes à Paris et ailleurs,
08:45elle n'a pas bénéficié à Nicolas Sarkozy.
08:48Il n'y a pas eu d'enrichissement personnel.
08:49Jamais.
08:49Ça a été démontré par la justice.
08:51Mais ce que dit là encore précisément la présidente ce matin,
08:54c'est que nous avons constaté que des flux d'argent
08:56sont effectivement partis de Libye.
08:59Mais que les éléments de la procédure ne font pas la démonstration
09:02que ces fonds sont bien arrivés dans les caisses de la campagne Sarkozy.
09:05Mais en droit, vous savez que l'intention suffit pour condamner.
09:08Oui, alors c'est quand même un vrai problème,
09:10ce que vous nous explique, ce que vous rappelez.
09:12Ce n'est pas moi.
09:12Non, non, que le tribunal vous rappelez ce qu'a dit le tribunal ce matin.
09:17Que des flux soient partis de Libye, très bien.
09:21Ils vont où ils veulent.
09:22Le tribunal dit, il n'y a pas d'élément qui démontre
09:24que ces flux arrivent dans la campagne.
09:26Alors, j'ai du mal à comprendre pourquoi on condamne Nicolas Sarkozy.
09:29Si ces flux partent de Libye et arrivent ailleurs,
09:32qu'est-ce que la campagne de Nicolas Sarkozy
09:34et qu'est-ce que Nicolas Sarkozy vient faire au milieu de tout ça ?
09:36Il appartient quand même.
09:37On a eu 12 ans d'enquête.
09:39Il y avait le temps d'essayer de démontrer
09:42si ces flux étaient arrivés dans la campagne.
09:44Il n'y a rien.
09:46Alors, je ne sais pas où ils sont allés,
09:47mais moi, je ne suis pas ni juge ni enquêteur.
09:49Alors, je vous pose la question à vous.
09:50Que faisaient Claude Guéant et Brice Hortefeux
09:52avec le beau-frère de Mouammar Kadhafi ?
09:54Si ce n'était pas pour parler d'argent,
09:57qu'est-ce qu'ils allaient faire là-bas ?
09:58Qu'est-ce que le directeur de cabinet de l'Elysée
10:00va faire avec un homme recherché par la justice ?
10:01Ils s'en sont expliqués pendant l'audience.
10:03Ils ont expliqué qu'ils avaient été victimes de pièges.
10:07On ne les a pas emmenés de force.
10:09On les a emmenés en disant qu'ils avaient un rendez-vous.
10:12On ne leur a pas dit avec qui.
10:14Avec un dignitaire libyen, on ne leur a pas dit avec qui.
10:16Mais un secrétaire, un directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur
10:21ou un ministre comme était Brice Hortefeux.
10:25Ministre des collectivités territoriales,
10:27ce qui n'a pas de lien évident avec la Libye.
10:29Le tribunal a reconnu ce matin que l'accord qui avait été signé
10:32entre le ministère des collectivités territoriales
10:35et son homologue libyen était fondé et ne pouvait pas être remis en cause.
10:40Donc non, il y avait...
10:41Avec son homologue libyen, pas avec le chef du renseignement.
10:44Oui, mais le chef du renseignement,
10:46le fonctionnement de l'État libyen est assez peu similaire
10:49au fonctionnement de l'État français.
10:50Il n'y a pas une répartition des tâches aussi claires
10:52et des ministères aussi claires qu'on peut l'avoir en France.
10:55Par ailleurs, Brice Hortefeux, et il vous le confirmera, j'imagine, tout à l'heure,
11:00a expliqué lui aussi qu'on lui avait indiqué qu'il rencontrerait un dignitaire libyen,
11:03mais il ne savait pas qui.
11:04Ce sont des rencontres qui ont été très brèves.
11:06Il y a... Je n'étais pas présent.
11:08Personne n'est présent.
11:09On ne peut se reposer que sur ce que disent et Brice Hortefeux et Claude Guéant.
11:13Il y a, j'imagine, des sujets divers
11:15qui ne sont pas forcément le financement de la campagne de 2007.
11:19Le tribunal considère, c'est le financement ou rien.
11:23Mais je ne sais pas d'où il le sort.
11:23Si je résume, Claude Guéant s'est fait piéger.
11:25On a rencontré un homme banni de la communauté internationale.
11:28Brice Hortefeux s'est fait piéger par le même homme
11:30et Nicolas Sarkozy ne savait rien de ses déplacements,
11:34ni avant, ni après.
11:35Oui.
11:35Jamais. Il n'a rien su.
11:37Non, il n'a pas su.
11:38On peut le comprendre.
11:39Il n'y a rien de très glorieux pour Claude Guéant ou pour Brice Hortefeux
11:43d'avoir été piégé et d'avoir été mis en face de fait de cette personne.
11:50Moi, je peux comprendre que quand ils reviennent à Paris, ils n'aillent pas s'en vanter.
11:55Vous ne pensez pas que si Brice Hortefeux ou Claude Guéant, effectivement,
11:57se sont fait piéger par un homme, encore une fois,
12:00qui est recherché par la police française depuis des années et des années,
12:03il va en parler au chef de l'État pour lui dire
12:05« Je me suis fait piéger, peut-être que ça va te retomber dessus ».
12:07Je pense que les deux hommes se tutoient.
12:09Ils ne l'ont pas fait.
12:10C'est une faute de leur part ?
12:12Je n'ai aucun élément là-dessus.
12:14Ils ne l'ont pas fait et vous le confirmera, Brice Hortefeux vous le confirmera.
12:17Est-ce que vous dites, comme Nicolas Sarkozy ce matin,
12:20que ce jugement a été un scandale guidé par la haine ?
12:24La haine.
12:24Je comprends qu'il puisse se poser, qu'il puisse avoir ses doutes
12:29et qu'il puisse avoir cette réflexion dans la mesure où
12:32on ne lui a pas appliqué la jurisprudence habituelle du tribunal.
12:37Je comprends qu'on se pose des questions comme celles-là.
12:39Il y a quelque chose entre dire, pardon maître, je vous ai coupé,
12:42entre dire « Je ne reconnais pas cette décision, je suis innocent »
12:45et dire « Il y a eu de la haine, de la haine des magistrats contre moi ».
12:49On vous relaxe pour trois des quatre délits qui vous sont reprochés.
12:53On vous condamne avec un délit qui est une voiture balai.
12:56On vous condamne à une peine extrêmement lourde,
12:59avec un mandat de dépôt à effet différé
13:01qui prive l'appel d'une partie de son intérêt.
13:03Le mandat de dépôt à effet différé, ça veut dire qu'en effet,
13:08ce qu'on espère, c'est que quand vous serez jugé en appel par la cour d'appel,
13:12vous aurez déjà accompli une grande partie de la peine.
13:15Et que si la cour d'appel vous relaxe,
13:18eh bien, vous avez quand même fait de la prison.
13:20Et ce temps passé en prison, on ne peut pas revenir dessus.
13:22Alors je peux comprendre qu'il est ce type de réflexion.
13:25Il y a une autre personnalité politique, Marine Le Pen,
13:27qui a été condamnée, elle, à une peine d'inéligibilité
13:31et qui a vu également ce même procédé de la peine
13:35qui doit s'appliquer immédiatement.
13:37L'exécution provisoire, elle a d'ailleurs dit aujourd'hui
13:39que le cas de Nicolas Sarkozy, comme le sien,
13:41c'était une atteinte à la présomption d'innocence.
13:43Vous diriez la même chose dans les mêmes termes.
13:45L'exécution provisoire, c'est une atteinte à la présomption d'innocence
13:48puisqu'on doit purger sa peine avant de pouvoir aller en appel.
13:51On n'arrive pas avec le même bénéfice de la présomption d'innocence
13:56devant la cour d'appel quand on a des menottes aux mains
13:58ou quand on n'a pas de menottes aux mains.
14:00Les magistrats qui ont prononcé cette mesure le savent
14:03et en effet, la présomption d'innocence n'est pas tout à fait la même.
14:07Et la présomption d'innocence, elle est atteinte
14:09lorsqu'on prive une personne de l'effet de l'appel.
14:12Vous considérez que les juges ont voulu, pardon pour l'expression,
14:15le scalp d'un ancien président ?
14:18La présidente a voulu...
14:21C'est le tribunal, ce n'est pas la présidente, il ne faut pas personnaliser.
14:25Moi, je n'imagine pas les choses comme ça.
14:30Je suis très choqué et j'ai du mal à comprendre.
14:34Je ne comprends pas...
14:36Ma réflexion après coup, c'est de me dire que s'appeler Nicolas Sarkozy,
14:40c'est une infraction. C'est ça le sujet.
14:43C'est-à-dire qu'il ne bénéficie pas de ce dont les autres prévenus
14:47peuvent bénéficier. Il ne bénéficie pas des jurisprudences
14:51dont je vous parlais, du fait qu'on ne peut pas condamner quelqu'un
14:53sur une hypothèse.
14:56Vous êtes à deux doigts de nous dire qu'il y a une justice d'exception
14:58contre lui, s'il n'est pas protégé comme les autres Français.
15:01En tout cas, je comprends qu'on puisse s'interroger.
15:03Vous contestez donc tout. J'essaie de bien résumer.
15:07Le principe de la condamnation, la peine, les cinq ans et l'exécution provisoire,
15:11pour vous, il n'y a rien qui va dans ce jugement ?
15:13Il n'y a rien qui va parce qu'il n'y a pas de financement.
15:15De toute façon, il n'y a pas eu de financement.
15:17Il n'y a pas de corruption. Le tribunal le reconnaît.
15:20Le tribunal dit « mais malgré tout, il y a quand même quelque chose ».
15:23Et ce petit quelque chose qui reste, qui est arrivé dans le dossier d'instruction,
15:27en toute fin d'instruction, c'est vraiment un délit qui est arrivé
15:30dans les derniers mois de l'enquête, des douze ans d'enquête.
15:33On utilise ça pour le condamner et pour lui imposer une peine extrêmement lourde
15:37avec une mise en œuvre extrêmement rapide.
15:41On croyait quoi ? Qu'il allait se sauver Nicolas Sarkozy ?
15:44Qu'il allait repartir essayer de financer une campagne avec un autre État ?
15:48Il ne l'a jamais fait. Il a répondu à toutes les convocations.
15:51Il n'a pas financé sa campagne avec de l'argent étranger.
15:54C'est quoi l'intérêt d'ordonner la mise en œuvre de cette peine d'emprisonnement ?
15:59C'est quoi l'objectif, si ce n'est pas l'humilier ?
16:01Je sais que vous êtes avocat.
16:03Maître, je sais que votre rôle est de défendre les citoyens,
16:05quels qu'ils soient, les présidents ou les anonymes.
16:10Est-ce qu'au-delà du cas de Nicolas Sarkozy,
16:12oublions-le quelques instants,
16:14est-ce que le risque aujourd'hui, ce n'est pas celui du « tous pourris » ?
16:16C'est-à-dire que ce jugement éloigne encore un peu plus les Français
16:19de leur classe politique à partir du moment où un ancien président
16:21sera dans quelques semaines en prison ?
16:24Je crois que le risque, il est autre.
16:27Le risque, il est qu'on ne comprend pas cette décision.
16:30Qu'on ne comprend pas pourquoi, lui,
16:32on lui demande d'aller en détention très rapidement,
16:36alors que dans d'autres dossiers,
16:39dans lesquels le mandat de dépôt est beaucoup plus logique,
16:42des violences, des choses comme ça,
16:44c'est beaucoup moins...
16:46Ça n'est pas prononcé.
16:48Je crois que c'est ça le sujet.
16:49La présidente a donné une justification à l'exécution provisoire.
16:51Elle dit, c'est une décision justifiée par la préparation,
16:53je cite, d'une corruption au plus haut niveau possible
16:56des faits d'une gravité exceptionnelle de nature
16:58à altérer la confiance des citoyens.
17:01C'est là aussi qu'on rentre dans quelque chose
17:04qui n'est plus de la justice mais qui est de la morale.
17:06On ne condamne pas des gens sur la morale.
17:08Mon appréciation de la morale n'est peut-être pas la vôtre
17:11et n'est probablement pas celle du tribunal.
17:13Mais quand on est président ou candidat à l'élection présidentielle,
17:16c'était le cas de Nicolas Sarkozy à l'époque,
17:17on doit peut-être être plus exemplaire et plus vigilant.
17:20Mais il l'a été exemplaire puisque le tribunal a reconnu
17:23qu'il n'y avait pas eu de financement de la campagne par la Libye.
17:26Vous voyez, il y a une contradiction qui est quand même incroyable.
17:29On lui dit...
17:29Plus exactement, elle dit qu'elle n'est pas sûre que les fonds soient arrivés.
17:32Elle n'est pas sûre que les fonds soient arrivés.
17:34Et qu'elle n'a pas pu le prouver.
17:35C'est quand même un vrai sujet sur un problème
17:37de financement de campagne électorale.
17:39Quand on n'est pas sûr, c'est qu'il n'y a pas...
17:40Vous savez, c'est quand même très étrange
17:42pour un tribunal correctionnel de dire
17:44qu'on n'a pas pu prouver qu'il y avait un financement,
17:46mais on n'a pas pu prouver le contraire non plus.
17:48Ça s'appelle une condamnation au bénéfice du doute.
17:50C'est insupportable.
17:51S'il n'y a pas de preuve, il n'y a pas de condamnation.
17:54Merci beaucoup, Maître Ingrain.
17:55Vous allez retrouver votre client, je suppose, ce soir,
17:57demain, dans les jours qui viennent,
17:58pour préparer cet appel que vous nous avez confirmé
18:01ce soir sur ce plateau.
18:02Merci beaucoup d'être venu ce soir sur BFM TV.
18:04C'est parti.
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