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  • il y a 1 semaine
Emmanuel Macron a réitéré jeudi 18 septembre à l'antenne de la télévision israélienne sa volonté de reconnaître l'Etat de Palestine lundi 22 septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies. Quelles conséquences cette stratégie politique peut-elle avoir sur la communauté juive de France ainsi que sur les relations diplomatiques France-Israël, à un moment ou l'antisémitisme et les actes antisémites battent des records en France ? Écoutez l'interview de Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
Regardez RTL Soir avec Vincent Parizot du 19 septembre 2025.

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Transcription
00:00Vincent Parizeau, RTL Soir
00:03Et l'invité d'RTL Soir et le président du CRIF, le conseil représentatif des institutions juives de France
00:09Bonsoir Yonatan Arfi, merci d'être avec nous
00:12A trois jours de la reconnaissance probable, en tout cas annoncée par la France de la Palestine
00:19par Emmanuel Macron à la tribune de l'ONU, on va bien sûr évoquer cette échéance
00:23Un sondage que vous avez fait réaliser auprès des Français
00:26C'est cet appel de 20 personnalités à Emmanuel Macron, j'allais dire pour qu'il change d'avis
00:32Et puis la polémique sur les drapeaux palestiniens sur les mairies lundi prochain
00:37Mais tout d'abord cette actualité immédiate avec l'annonce ce matin
00:40de l'arrestation par les autorités palestiniennes d'un des suspects de l'attentat de la rue des Rosiers
00:44On rappelle 1982 chez Joe Goldenberg, 6 morts, 22 blessés
00:48Quel est votre sentiment 43 ans après ?
00:52Que la justice est longue à être rendue pour les victimes de la rue des Rosiers
00:56Que pour les familles il y a besoin de cette arrestation
01:00Il y a besoin surtout demain de cette extradition en France
01:03Parce que l'arrestation est une chose, l'extradition en est une autre
01:06En revanche, permettez-moi d'être quand même dubitatif
01:10sur la date choisie par l'autorité palestinienne
01:14pour accéder enfin à une demande française
01:17Le mandat d'arrêt émis par notre pays, il a été émis je crois en 2015
01:21En tout cas il y a longtemps
01:22Et ce que ça dit c'est que l'autorité palestinienne, elle est cynique
01:26Elle joue avec cette arrestation, avec la mémoire des victimes de l'attentat de la rue des Rosiers
01:31Pour essayer d'obtenir un gain diplomatique
01:33C'est quelque chose qui je dois dire me révulse un peu
01:37Ça tombe j'allais dire à pic au moment ou en tout cas trois jours avant la probable reconnaissance
01:43Oui, il y a un engagement de la France pour évidemment obtenir cette arrestation
01:46Et tant mieux, il est continu
01:49Néanmoins, je ne suis pas dupe sur les intentions de l'autorité palestinienne
01:52Alors vous avez été reçu, Jonathan Arfi, avec d'autres personnalités
01:57Notamment le grand rabbin de France par Emmanuel Macron il y a quelques jours
02:00C'était mardi soir je crois
02:01Mardi, oui
02:02Vous lui avez dit que vous considériez que reconnaître la Palestine aujourd'hui
02:08Sans contrepartie, c'est une faute morale
02:11Oui, c'est quelque chose qu'on a dit depuis des mois
02:14Et que nous avons porté aussi dans ce rendez-vous
02:18Important c'est d'abord l'inquiétude et la colère qui traversent la communauté juive de France
02:23Face à la fois au contexte d'antisémitisme dans notre pays
02:26On y reviendra j'imagine
02:27Mais aussi à la perspective de cette reconnaissance
02:30Pourquoi il y a quelque chose qui nous dérange fondamentalement
02:34Dans cette reconnaissance telle qu'elle s'annonce aujourd'hui
02:37C'est bien parce qu'elle vient avant la libération des otages
02:41Avant le démantèlement du Hamas
02:44Et pour nous la question des otages c'est une question d'ordre prioritaire
02:48Sur le plan moral, sur le plan humanitaire
02:49Elle devrait d'abord être réglée
02:51Avant qu'on puisse ensuite passer aux autres perspectives
02:54Vous savez moi je suis historiquement très favorable à la solution à deux états
02:58Et il y a un temps pour tout et je suis cire peut-être qu'à un moment elle viendra
03:01Et nous accompagnerons tous la paix au Proche-Orient de nos voeux
03:05Néanmoins aujourd'hui c'est une manière symbolique malheureusement pour le Hamas
03:10D'instrumentaliser cette démarche pour brandir une victoire symbolique
03:13Il vous a bien confirmé qu'il allait le faire lundi soir à la tribune de lundi
03:17C'est au Président de la République qu'il faut poser cette question
03:20Ce qui est certain c'est qu'il va visiblement à New York
03:22Et qu'il reconnaîtra la question
03:24C'est je crois de dire est-ce qu'il peut y avoir
03:28Il doit y avoir des conditions suspensives
03:30Il doit y avoir une expression qui vient dire qu'il y a ce chemin fixé par la France
03:34Mais que c'est un processus
03:36Et qu'au fond ce processus ne peut s'activer
03:39Ne peut prendre effet qu'après la libération des otages et la réduction du Hamas
03:42Ces conditions suspensives que vous évoquez
03:45Donc libération des otages, démantèlement du Hamas
03:47Elles avaient été évoquées dans un premier temps par Emmanuel Macron
03:51Au moment de sa première annonce de son intention de reconnaître l'État palestinien
03:54Qu'est-ce qui a changé ?
03:56C'est une question qu'il faut évidemment adresser au Président
03:59A nos yeux la situation est assez simple
04:02Il y a des conditions qui avaient été énoncées il y a quelques mois par le Président de la République
04:05Ce qui se passe à Gaza malheureusement c'est une guerre qui dure depuis longtemps
04:10Trop longtemps dans l'absolu évidemment
04:12Surtout quand on voit les souffrances pour les populations civiles
04:16Palestiniens aujourd'hui, israéliennes le 7 octobre
04:18On voit qu'il y a évidemment toujours une guerre avec ce qu'il y a de plus dur sous nos yeux
04:23Il n'empêche qu'il y a des conditions qui avaient été énoncées qui étaient très claires
04:29Il y en avait quatre et en l'occurrence pour moi les deux plus importantes
04:31C'est la question des otages et la question du démantèlement du Hamas
04:34Je ne vois aucune raison qu'aujourd'hui nous renoncions à ces conditions
04:37Parce que ce serait offrir symboliquement une victoire à ceux qui utiliseront
04:43Instrumentaliseront notre démarche
04:45Mais la situation humanitaire à Gaza
04:47Ça ne peut pas être l'explication de cette accélération du calendrier du Président
04:54Parce qu'il y a urgence à agir, à faire quelque chose ?
04:57Moi je comprends l'urgence à agir pour des populations civiles
05:00Et je la respecte
05:02Quand je vois les largages d'aide humanitaire
05:04Je me dis que c'est évidemment une bonne chose
05:06Et je suis fier que notre pays, la France, le fasse
05:09En revanche, ceux qui pensent que cette reconnaissance à l'ONU
05:13Va permettre d'aider les civils palestiniens d'un côté
05:16Va permettre d'obtenir la libération des otages de l'autre
05:19Se trompe
05:19On est là dans un autre registre
05:21Moi ce qui m'importe c'est ce qui se passe là-bas sur le terrain
05:24Parce qu'Emmanuel Macron il dit
05:25Reconnaître l'état palestinien c'est la meilleure manière d'isoler le Hamas
05:28Mais le Hamas est une organisation cynique
05:33Parce que c'est une organisation terroriste
05:35Elle prendra ce qu'elle a à prendre d'abord
05:36C'est-à-dire cette reconnaissance
05:37Pour ensuite continuer à réclamer ce qu'elle souhaite au fond
05:40C'est-à-dire l'annihilation, la disparition de l'état d'Israël
05:43Vous savez on n'a pas affaire à un interlocuteur politique ordinaire
05:47C'est pas des dirigeants d'une démocratie
05:50Qui sont raisonnables et avec qui il y a une discussion possible
05:53Donc je crois que c'est méconnaître la nature du Hamas
05:56Que de considérer qu'ils ne vont pas se satisfaire
05:58Et qu'ils ne vont pas tirer profit de cette démarche
06:01Je le disais, il y a une tribune qui est publiée dans le Figaro
06:05Lettre ouverte à Emmanuel Macron
06:06Une vingtaine de personnalités
06:08On peut citer Philippe Torreton, Charlotte Gainsbourg
06:11Arthur, Johan Sfar
06:14Il y en a d'autres
06:15Qui demandent à Emmanuel Macron
06:17De ne pas reconnaître l'état palestinien
06:20Sans condition préalable
06:21Vous croyez qu'à trois jours
06:23Il est encore possible de le faire changer d'avis ?
06:26Mais vous savez, les décisions diplomatiques
06:27Elles se prennent dans ces moments-là
06:29Nous sommes dans un moment où je crois que
06:31C'est engagé devant, j'allais dire, toute la communauté internationale à le faire
06:35Il s'est engagé aussi avec des conditions au départ
06:39Dans ce qu'il avait énoncé les démarches
06:40Donc je crois qu'il ne serait pas en train de se dédire
06:44En annonçant lundi que cette reconnaissance ne pourra prendre effet
06:47Qu'après une libération d'otages et la reddition du Hamas
06:50Au contraire, je crois que ce serait être fidèle à la parole qu'il avait lui-même énoncée
06:53Je suis sûr qu'il est attaché à cette parole
06:55Et d'autre part, être fidèle aussi à l'intérêt de la France
06:58C'est-à-dire celui de ne pas être instrumentalisé dans le jeu aujourd'hui au Proche-Orient
07:02C'est en phase avec le sondage que vous avez, vous-même, commandé à l'IFOP
07:09Qui montre que 71% des Français rejettent cette reconnaissance
07:13Avant, justement, libération d'otages et la reddition
07:16Ce qui est rassurant dans ce sondage, c'est que le ressenti que je partageais avec vous
07:19N'est pas que celui des Français juifs
07:21C'est celui, au fond, de la société française
07:23Qui est pleine de bon sens
07:25Qui considère que la question des otages, c'est une question humaine
07:28Qui est d'un autre ordre que les questions diplomatiques ou que les questions politiques
07:31Pour les Français, seuls 29% d'entre eux, aujourd'hui, considèrent qu'il faut reconnaître
07:36Avant la libération des otages et la fin du Hamas
07:39Pour l'essentiel, 71%, on doit regarder ces questions-là uniquement ensuite
07:45Et je crois qu'il y a une forme d'intelligence collective
07:48Ou de bon sens humain dans ces résultats
07:52Mais qu'est-ce que ça va changer pour le quotidien de la communauté juive de France, finalement, cette reconnaissance ?
07:57Vous savez, l'antisémitisme d'aujourd'hui
07:59Celui qui vient cibler les Français juifs
08:01Il prend un prétexte
08:03Qui est la question de Gaza
08:04Il dévoie la cause palestinienne
08:08Il dévoie la sincérité de l'émotion de certains
08:10Pour cibler les Français juifs
08:12Ma crainte, c'est que demain
08:14Les agitateurs d'extrême-gauche
08:16Des agitateurs pro-palestiniens radicaux
08:18Instrumentalisent la décision française de reconnaissance
08:21Pour galvaniser encore plus
08:22Histériser encore plus le débat public autour de la question de Gaza
08:25Et ça se fera malheureusement sur le dos de la sécurité des juifs
08:28Un dernier mot, Yonatan Arfi
08:29Qu'est-ce que vous dites aujourd'hui à ces maires de France
08:32Qui ont envie de, j'allais dire, braver la demande qui a été faite par le ministère de l'Intérieur
08:37Au préfet de s'opposer à ces drapeaux palestiniens
08:39Qui seraient hissés sur les frontons des mairies
08:41Le 22 septembre
08:42Qui sera aussi le jour de Rochechana
08:44Vous savez, moi, d'un maire
08:46J'attends d'abord qu'il soit républicain
08:48Et qu'il respecte la loi
08:49Et l'esprit républicain
08:50C'est d'abord qu'il n'y ait qu'un seul drapeau
08:53Le drapeau français
08:53Ou éventuellement le drapeau européen
08:54Évidemment en plus
08:55Importer en France des conflits étrangers
08:58En utilisant, en instrumentalisant les façades de nos mairies
09:01Je crois que c'est pas rendre service à la République
09:03J'appelle à la responsabilité
09:05Les maires qui sont tentés d'afficher ces drapeaux
09:07Pour qu'il y ait un geste d'apaisement
09:10Et non pas un geste de division
09:12Merci Yonatan Arfi d'être venu ce soir sur RTL
09:15Président du CRIF
09:16Le conseil représentatif des institutions juives de France
09:19On va marquer une petite pause
09:20Et puis dans un instant
09:21Vous parler des tentations du week-end
09:23Il y a du foot et des marionnettes
09:24A tout de suite
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