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  • il y a 6 jours
La Solitaire du Figaro Paprec 2025 / À fleur de pontons - Étape 1 Hervé Aubry

Catégorie

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Sport
Transcription
00:00...
00:00Habituellement, les micros se tendent à chaud au moment des arrivées.
00:05Quelques phrases, quelques sourires, l'écume d'une émotion saisie dans la hâte.
00:10...
00:10A fleur de ponton, c'est un instant suspendu,
00:17donné aux marins l'espace de raconter ce qu'on ne voit pas depuis la ligne d'arrivée.
00:21Les doutes, la fatigue, les souvenirs qui s'accrochent comme des embruns.
00:25Ici, plus que le classement, c'est le ressenti qui compte,
00:28et plus que la performance, c'est l'humain.
00:40Hervé Aubry, le bateau s'appelle 12 et Hervé Aubry, il a 64 ans.
00:45Hervé, tu vis un rêve éveillé, j'ai cru comprendre
00:47que tu souhaitais faire la solitaire du Figaro avant de mourir.
00:53Et en l'occurrence, ça fait depuis l'âge de 20 ans que tu pensais faire cette course-là.
00:56Alors, ça y est, on y est.
00:59Oui, c'est un peu ça, tu as résumé.
01:01Ça fait 34 ans à peu près que je pense à ça.
01:05Et comme on en avait déjà parlé, pour plein de raisons,
01:09de budget, de calendrier et autres, ça n'avait pas pu se faire.
01:12Et là, j'étais fou heureux quand j'ai réussi à aligner toutes les planètes très vite.
01:18Il a fait que ça se fasse très vite, j'ai eu le bateau au mois de mars.
01:20Donc, ça s'est fait vraiment très vite.
01:24Et un rêve de gosse, oui, un rêve de gosse.
01:26Et j'avais fait plein d'autres courses avant, mais pas celle-là.
01:30Et là, celle-là, j'y tenais, quoi.
01:32Alors, pour quelles raisons ?
01:33Toi qui as navigué en 6,5 ans, toi qui as créé un centre d'entraînement à la Turbale, je crois bien.
01:39Toi qui as fait 2 mini, pourquoi la solitaire du Figaro, pas vrai ?
01:42Parce que ce qui est beau, c'est que c'est monotypie strict.
01:46C'est-à-dire, on a tous les mêmes bateaux.
01:49Ça, ça me plaît, parce que c'est du large, parce que c'est en solo.
01:53C'est les 3 ingrédients qui me plaisaient.
01:56Et puis surtout, le niveau est énorme.
02:00Si on veut se confronter, si on veut se battre, c'est là qu'il faut venir.
02:04Et moi, ça ne me dérangeait pas.
02:06Dès le départ, je lui ai dit, tu vas peut-être te prendre une raclée, mais au moins...
02:11Ce n'est pas le cas, d'ailleurs.
02:11Ce n'est pas une raclée, c'est tout.
02:12Ce n'est pas le cas, non, mais voilà.
02:14Un peu déçu de la manche, mais très déçu de la manche.
02:18Mais non, non, je suis dans le match.
02:20Et sur les autres courses, j'ai prouvé que j'étais dans le match.
02:23Donc, je compte sur les deux manches à venir.
02:25On voit que tu es heureux, Hervé.
02:26Et je crois que c'est un plaisir partagé.
02:28Parce que j'ai longuement parlé avec ton épouse,
02:30qui était véritablement heureuse de ce rêve qui se concrétise tout à l'heure.
02:34C'est un vrai plaisir partagé avec ta compagne, ton épouse ?
02:36Oui, évidemment que...
02:40Je vais dire, là, c'est moi l'acteur.
02:42Ce n'est pas prétentieux, ce que je dis.
02:44Mais évidemment que si on veut que le projet soit une réussite,
02:50il faut qu'il soit partagé avec la femme avec qui tu vis.
02:56Sans ça, on ne peut pas aller sur l'eau.
02:58C'est trop exigeant.
03:00Donc, elle a fait beaucoup de sacrifices.
03:04Beaucoup.
03:08Désolée.
03:09C'est la fatigue aussi.
03:11Elle a fait beaucoup de sacrifices pour mener à bien avec moi ce projet.
03:17Et elle est encore là sur le...
03:19Donc, elle est là.
03:19C'est elle qui m'accompagne aux étapes et qui fait la voiture assistance.
03:24Parce qu'il n'est pas rien.
03:25Mais oui, c'est quand même une vraie réussite.
03:29Alors, c'est un projet qui n'est pas...
03:31Voilà, c'est petit budget, pas de préparateur, pas de...
03:34Mais tes fonds personnels, hein ?
03:35Les fonds personnels.
03:36J'ai un bateau, là, que j'ai loué.
03:39Et c'est cette location qui me permet de m'offrir une saison Figaro.
03:44Pour vivre ses rêves, quoi.
03:47Ah ben ouais, non, mais moi, je ne me suis jamais rien refusé dans la vie.
03:51J'ai fait plein de trucs de dingue.
03:53Et j'ai toujours été au bout.
03:55Dans tout ce que tu as fait, dans le ski, partout ?
03:57Ouais.
03:58J'ai été au plus haut niveau, là, dans le ski.
04:02Et je suis parti de très, très bas.
04:04J'ai été beaucoup, beaucoup accidenté.
04:06Mais à chaque fois que j'étais accidenté, je revenais plus fort.
04:12Et j'aime me battre.
04:14J'aime aller au combat, comme là, c'était un peu le combat à la fin.
04:18C'était un peu...
04:19Mais ouais, c'est là qu'on se rend compte, qu'on vit, quoi.
04:23Toujours beaucoup d'émotions.
04:24J'assistais au départ depuis le Havre.
04:27C'est au revoir.
04:28Toujours très compliqué.
04:31Et en fait, tu n'as pas vu ta compagne.
04:32Elle est partie, je ne sais où.
04:33Non, je n'ai pas vu.
04:34Oui, oui.
04:34Mais elle a donné un coup de main, quand même, à...
04:37Ah, mais, ouais, ouais, les départs de course sont toujours très, très émouvants.
04:44Et pour une solitaire, et peut-être encore plus sur une transat, parce que le chemin est encore plus long.
04:49Et puis, c'est pas sans risque.
04:50Et puis, c'est pas sans risque.
04:51On est tous, voilà, voilà, on est tous la conscience des risques que l'on prend en équipage, en double, et en particulier en solitaire.
05:00Donc, c'est sous-entendu, évidemment.
05:04Ça ne s'exprime pas.
05:06Mais quand on dit au revoir, là, sur le ponton, c'est sous-entendu.
05:11Est-ce que je vais le revoir ?
05:12On n'en parle jamais.
05:17Mais c'est ça, sous-entendu.
05:19Là, c'est pour ça que les émotions, elles sont fortes.
05:21Sur les six transats, là, que j'ai faits en course, à chaque fois, le moment du départ, et là, pour nos proches, et puis aussi, là, pour le skipper, c'est aussi lourd, c'est aussi chargé.
05:36C'est pas pénible, hein, parce qu'on passe par là, mais on ne peut pas faire abstraction de ça, c'est pas possible.
05:43Des moments difficiles sur cette première étape, et on pense à quoi dans ces cas-là ?
05:48Est-ce qu'on se dit, qu'est-ce que je fais là, finalement, ou jamais ?
05:51Non, je ne me suis pas dit.
05:53Alors, c'est assez souvent que je me pose la question.
05:55Là, non.
05:56Des moments difficiles, non.
06:01Des moments où j'ai eu plein de galères, parce que j'ai chopé très vite deux casiers à Barfleur.
06:11Je me suis mis une fois en marche arrière, une deuxième fois, la deuxième fois, il ne voulait vraiment pas partir.
06:18Donc, on avait le courant contre, donc forcément, je suis parti avec le courant.
06:24Après, je n'avançais pas, je n'avais pas ma vitesse habituelle.
06:30J'ai fait des marches arrière, il n'y avait rien qui sortait.
06:35On a une petite caméra qui permet de voir la quille.
06:41Et la manque de bol, elle ne marchait pas, alors qu'il y a deux jours, elle marchait.
06:45Bon, enfin, il y a quatre jours, elle marchait.
06:47Donc, je ne savais pas trop, je faisais des marches arrières, rien.
06:50Et puis, je suis arrivé, mais vraiment, je n'avançais pas.
06:53Et je suis arrivé, donc j'ai essayé la canne à algues, je sortais des petits trucs gros comme ça.
06:58Et je suis arrivé à Dieppe, je me suis dit, allez, je tente une dernière fois en marche arrière en faisant des zigzags.
07:03Voilà, parce que j'en prenais un coup sur le moral, quoi.
07:06Je n'avançais pas.
07:07Et puis, je me suis dit, après, je plonge.
07:10Si vraiment, il y a un truc, je plonge.
07:12Mais pour plonger, je voulais être sûr qu'il y ait un truc en dessous, quoi.
07:15Parce que plonger, ce n'est pas des trucs qu'on aime.
07:18Et finalement, en insistant, en faisant des haies, en allant vite, etc.,
07:23il y a un gros sac plastique avec plein d'algues accrochées autour
07:27qui étaient dans la quille depuis deux jours, pratiquement, je pense.
07:31Donc ça, ça ne m'a pas aidé.
07:35Avant, on a eu un gros nuage.
07:37Là aussi, je me suis dit, mais pourquoi, pourquoi ça s'acharne ?
07:39On a eu sur 6-7 mecs un gros nuage avec très, très peu de vent en dessous, avec de la grêle.
07:47Et puis, on est resté collé, tanké, 3-4 heures en dessous.
07:51Et on a vu les autres partir.
07:53Donc voilà, il n'y a pas eu de moment vraiment pénible.
07:55Comme j'ai pu en connaître en course, on se dit, ouais, là, c'est chaud.
07:57Enfin, je me suis attaché deux, trois fois.
07:59C'est pas mon... Enfin, je m'attache très, très peu souvent.
08:03Mais là, je me suis attaché deux, trois fois parce que c'était chaud.
08:06Mais ce n'est pas des moments pénibles.
08:08Voilà, ça fait partie du truc.
08:10Je n'ai pas eu de galère.
08:11Je n'ai pas eu de grosse galère.
08:13La seule chose que j'ai cassée, c'est une petite poulie.
08:15Bon, alors le rêve d'Hervé Aubry, c'est d'aller au bout de la mission,
08:18de la deuxième, de la troisième étape, de boucler la 56e édition de la solitaire des filles Europe à Frec.
08:23Et après, est-ce qu'Hervé Aubry a d'autres rêves ?
08:27Des rêves, j'ai plein d'envie, j'ai plein de...
08:32J'aime aussi voler.
08:35Enfin, je ne suis pas...
08:35Je n'ai jamais passé de pilotage et autres,
08:40mais j'ai beaucoup volé avec un copain qui est pilote professionnel.
08:46Et ça, ça m'attire.
08:47Là, pourquoi pas ?
08:48Un grand regret de ma vie, c'est de ne pas jouer de la musique,
08:51de ne pas savoir jouer de la musique,
08:53alors que j'adore la musique.
08:54Et là, je n'ai jamais trop tard, exactement.
08:56J'adore la musique et je suis incapable de sortir une note de n'importe quel instrument.
09:02Donc, voilà.
09:03Donc, voilà, j'ai plein, plein, plein de centres d'intérêt.
09:06Et puis de la voile, évidemment.
09:08J'ai des potes qui ont des beaux bateaux de course.
09:11Et si il m'en met d'abord, je serais heureux d'y aller.
09:15Pour conclure l'entretien, Hervé, quel message t'as envie de délivrer et à qui ?
09:23Le message, c'est aux jeunes.
09:28Aux jeunes qui ont envie de faire quelque chose.
09:31Banzai.
09:33Il faut y aller.
09:36Il faut y aller.
09:37Il ne faut pas attendre.
09:38Il faut relever des défis ambitieux.
09:45Parce que si ce n'est pas ambitieux, on s'emmerde.
09:48Il faut relever des défis à sa portée, mais ambitieux.
09:54Et quand on a un défi, on y va, tête baissée.
09:57Et surtout, se mettre tous les moyens, tous les moyens possibles pour y arriver.
10:03Il n'y a rien à voir à se gréter.
10:04Merci, Hervé.
10:05Un grand plaisir, Serge.
10:06Merci.
10:08Merci.
10:09Merci.
10:10Merci.
10:11Merci.
10:12Merci.
10:13Merci.
10:14Merci.

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