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  • il y a 4 semaines
L’écrivain Didier Van Cauwelaert présente son roman «L’impasse des rêves». 

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Transcription
00:00Oui, enfin, je ne cite pas mon nom, mais je cite les titres de mes livres.
00:04C'est de l'autofiction, c'est de l'autofiction inventée.
00:07Ça m'est arrivé, ça. L'erreur de manuscrit.
00:11J'ai 20 ans, je suis habitué depuis une dizaine d'années à recevoir des lettres type de refus de la part des éditeurs,
00:17en disant, cher monsieur, nous avons lu à grand intérêt votre manuscrit, mais il n'entre pas dans notre ligne éditoriale.
00:22Et puis un jour, le manuscrit arrive avec la même lettre, sauf qu'elle commence par chère madame.
00:26Et elle accompagne le manuscrit signé Anaïs Forges, qui s'appelle « Je te tuerai dimanche prochain ».
00:34Alors, il y a en plus quelque chose qui me touche particulièrement, c'est que j'ai la curiosité.
00:40Et je vois qu'il y a autour du livre un cheveu collé.
00:45Et ça, c'est un conseil de Jean Dormesson, un jour dans Apostrophe, qui conseille aux jeunes auteurs,
00:49disant, vous savez, on ne lit pas toujours les manuscrits chez les éditeurs.
00:53Si vous voulez savoir si vous avez été lu, vous collez un cheveu. On verra si on a ouvert ou pas.
00:56Et là, le cheveu est là. J'ouvre, je lis et je tombe amoureux de qui ? De l'héroïne, de la romancière.
01:05Je suis... J'ai deux passions dans ma vie. C'est l'écriture et la recherche de l'âme sœur.
01:10Et là, je trouve mon alter ego féminin. Je me mets à fantasmer comme on imagine.
01:15Et puis je me dis, en toute logique, si je reçois son manuscrit refusé, elle a reçu le mien.
01:20Donc elle est en train de me lire aussi. Vous imaginez, elle est à l'esprit.
01:23Sur son manuscrit, il n'y a pas de téléphone. Il y a juste une adresse.
01:27Sur le mien, il n'y a pas d'adresse, il y a un téléphone.
01:30Et c'est l'époque. On est en 80. C'est l'époque des répondeurs.
01:36J'ose plus sortir de chez moi quand même.
01:38Mais bon, à un moment, je vais faire les courses. Je reviens.
01:40Et un message, mes messages raccrochés.
01:42Je me dis, si c'est elle, évidemment, il n'y avait pas les numéros.
01:46Si c'est elle, qu'elle n'ose pas me parler sur un répondeur, je ne vais pas envoyer le manuscrit par la poste.
01:55Donc je vais à l'adresse et je prends ma vieille coccinelle et je me rends dans cette petite ville de Haute-Savoie.
02:03rencontrer une femme qui ne m'attend pas et pour procéder à l'échange.
02:09Et là, j'arrive évidemment tout le temps de la lecture.
02:11Je me suis dit, est-ce que c'est vrai ou pas ?
02:13Cette femme sous emprise qui, pour protéger ses deux jumelles,
02:19travaille dans sa tête sur la manière dont elle peut assassiner son mari.
02:24L'ouvre la porte. D'abord, c'est...
02:26La romancière, c'est le portrait de son héroïne.
02:29Et surtout, le décor de la maison, je le connais par cœur.
02:32C'est celui que j'ai dans le roman.
02:34Et puis, échange de regard, elle voit l'enveloppe.
02:37Tout de suite, évidemment, elle a compris.
02:40Et il y a une voix dans la cuisine qui dit,
02:42« Chéri, c'est qui ? »
02:42« Non, c'est pour moi. »
02:44Ok. Elle est mariée comme dans le roman.
02:46Et puis, entend des enfants.
02:48Et les deux jumelles, ok, sont autobiographiques aussi.
02:51Alors, est-ce que le projet de meurtre,
02:55dont apparemment, il est sérieux ou pas,
02:58mais parfaitement décrit, apparemment, je suis le seul informé.
03:01Mais vous imaginez la situation.
03:05Et puis, on procède à l'échange.
03:07Et je lui apporte surtout cette nouvelle formidable pour elle.
03:11C'est que si elle a été refusée,
03:12ce n'est pas qu'elle n'a pas été aimée,
03:14c'est qu'elle n'a pas été lue.
03:15Et à partir de là, le mari arrive.
03:19Il dit, mais restez dîner quand ils vont prendre la situation.
03:21Il n'était pas au courant qu'elle avait envoyé le livre,
03:23et pour cause.
03:24Parce que dans le livre, en plus,
03:26cet homme qui est le maire de la commune,
03:28elle l'accuse de collusion avec le casino, la mafia,
03:31tout ça.
03:32Donc, voilà, cet auteur se retrouve le dépositaire
03:35face à cet homme qui n'en sait rien,
03:37des tas de secrets, sont-ils inventés ou non ?
03:41Et quelles vont être les conséquences
03:43de cette intrusion à l'improviste
03:45dans la vie de cette femme,
03:47dans son décor réel ?
03:49Est-ce qu'elle a imaginé
03:51toutes les horreurs qu'elle raconte sur lui ?
03:54Comme on s'invente des drames
03:55quand tout va trop bien au grand jour
03:58et pour sauvegarder sa part d'ombre.
04:00Est-ce que vraiment, c'est une femme battue
04:03qui a peur pour ses enfants aussi ?
04:06C'est l'apparence d'une famille idyllique.
04:08Et ce dîner à trois,
04:11ce mélange de tensions, de sensualité,
04:15parce que, voilà, tout ce que j'ai éprouvé pour elle,
04:18sans la connaître dans son livre,
04:19remonte évidemment à ce moment-là,
04:22sous les yeux de Marie.
04:22Si je ne vous interromps pas,
04:23vous parlez jusqu'à un ouvert.
04:25C'est un très bon compteur.
04:26D'habitude, vous vous interrompez.
04:28Non, non, moi, je dis,
04:30non, non, moi, je n'ai rien à faire.
04:33Non, mais c'est le pic.
04:34C'est les dix premières pages.
04:36Oui, mais vous avez donné envie.
04:37Oui, bon, je crois que c'est un drôle de drame.
04:40Michel Simon dit à force d'écrire des choses pas horribles.
04:44Des choses pas horribles.
04:45C'est un drôle de drame.
04:49Ça colle au livre aussi.
04:50Bon, c'est votre quantième livre.
04:52Bon, c'est votre quantième livre.
05:04Sous-titrage Société Radio-Canada
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