- il y a 3 mois
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00:00Bon, l'attaque au couteau hier à Marseille, 5 personnes ont été blessées, les informations arrivent sur le profil de l'assaillant, armé de deux couteaux et d'une matraque.
00:06C'est un Tunisien de 35 ans, en situation régulière, qui avait une carte de séjour jusqu'en 2032, mais il était déjà connu défavorablement des services de police et de justice.
00:14Il avait tenu des propos antisémites, selon son ex-femme, il était entré illégalement en France, j'avais peur qu'il me tue, dit son ex-compagne, figurez-vous qu'elle est avec nous, son ex-compagne.
00:25Et je la salue. Bonjour madame.
00:28Bonjour monsieur Proulx.
00:29Bonjour à tous.
00:30Et merci d'être avec nous. Je peux décliner votre identité, si j'ose dire. Vous vous appelez Sophie, vous avez 51 ans, et vous êtes originaire de Charente-Maritime, et vous avez épousé en 2020 l'homme qui est décédé hier.
00:45C'est un Tunisien qui est né en 1990. Et je vous ai écouté hier déjà, et c'est vrai que je vais vous dire exactement ce que j'ai pensé.
00:52Et quand j'ai entendu votre témoignage, j'ai dit, voilà, une femme qui me paraît équilibrée, qui me paraît être insérée dans la société comme on doit l'être.
01:03Et je me dis, mais comment a-t-elle pu être mariée, rencontrer l'amour, aimer un homme qui me paraissait aussi déséquilibré, et disons-le aussi dangereux.
01:15Et c'est ça qui m'a surpris.
01:18Je peux le comprendre, je suis moi-même choquée, en fait, de ce que j'ai vu. En fait, j'ai découvert son vrai visage petit à petit, et notamment après le mariage.
01:34En fait, je l'ai connu, moi, en octobre 2019.
01:36Donc vous aviez 45 ans, à peu près ?
01:40Oui, c'est ça. Donc en octobre 2019, il faut savoir qu'il vivait à ce moment-là chez une femme, et qu'elle avait souhaité qu'il parte.
01:50Donc, comme il n'avait pas souhaité partir, elle a prévenu des forces de police qui sont intervenues, qui sont venus le chercher, en fait.
02:05Et il est allé au cras de Bordeaux à ce moment-là, puis au cras de Handaï.
02:13Et donc, pour la petite histoire, en mars 2020, au moment du confinement, le cras d'Handaï les a laissés tous sortir.
02:26Et donc, à ma connaissance, en tout cas, lui n'est pas ressorti avec une OQTF.
02:31C'est déjà la première chose.
02:34Mais vous étiez au courant de cette difficulté qu'avait eu cette femme à se séparer de lui, lorsque vous le rencontrez ?
02:42Alors, difficulté, oui et non, en fait, bon, elle le logeait.
02:48Et je l'ai appris parce que j'avais été contactée par la police, qui, en fait, à ce moment-là, ils m'ont interrogée à savoir si je le connaissais bien.
02:58Mais là, déjà, vous aviez entamé une relation avec lui.
03:01Oui, mais en l'occurrence, je ne le connaissais que depuis à peine un mois, trois semaines.
03:06Et dans ces cas-là, est-ce que ça vous a l'airté ?
03:09Alors, à ce moment-là, non, absolument pas.
03:12Qu'est-ce qui vous a... Pardonnez-moi de vous poser une question si simple, mais qu'est-ce qui vous a séduit chez lui ?
03:17Qu'est-ce qui m'a séduit ?
03:19Écoutez, moi, j'ai connu quelqu'un de plutôt agréable, de gentil, de souriant.
03:26Et ça, c'était avant le mariage.
03:29Et qu'est-ce qui s'est passé après le mariage ?
03:32Après le mariage, il a commencé à être violent.
03:35Tout de suite après ?
03:37Donc, pratiquement tout de suite après.
03:39Alors qu'il ne l'avait jamais été avant ?
03:41Non, jamais avant.
03:42Et ça vous a surpris, cette violence ?
03:44Oui, bien sûr.
03:46Immédiatement, je me suis dit que peut-être j'avais fait une grosse erreur.
03:54Vous avez des enfants, Sophie ?
03:57J'ai un fils.
03:58Et votre fils, il avait quel âge ? Il était témoin de cette relation ?
04:02Alors, il était témoin de cette relation, oui et non, puisque je lui avais plus ou moins caché que j'allais me marier.
04:13Parce qu'en fait, je lui avais un jour parlé de ça.
04:17Et puis, il a évidemment mal réagi, ce qui était tout à fait normal.
04:21Mais comment on peut cacher qu'on va se marier, il ne vivait pas ?
04:24Quel âge il a, votre fils, Sophie ?
04:26Alors, il a 24 ans.
04:28Donc, en 2019, il avait encore 18-19 ans.
04:30Lorsque vous rencontrez, quand vous vous mariez en 2020, il a donc 5 ans de moins, c'est-à-dire 19 ans.
04:35Absolument.
04:36Mais il ne vivait pas avec vous, à ce moment-là ?
04:38Si, si.
04:39On vivait ensemble.
04:40Mais comment vous avez pu lui cacher que vous alliez vous marier ?
04:44Ah ben, ça s'est fait comme ça.
04:47Vous n'avez pas fait de cérémonie ?
04:48C'est-à-dire que vous avez fait un mariage qui était juste un mariage administratif, sans doute ?
04:52Oui, bon, après...
04:54Mais c'est un mariage, pardonnez-moi aussi de poser toutes les questions, c'est un mariage blanc ?
04:57Oui.
04:59Alors, absolument pas.
05:01En tous les cas, pour ma part, c'était un véritable mariage d'amour.
05:06Même si je savais qu'il avait besoin des papiers.
05:11Donc, j'étais tout à fait consciente de ça.
05:16Et voilà.
05:17Cet homme était platrier, il était plaquiste, donc il est avec vous violent ?
05:23Il est devenu.
05:23Il est devenu.
05:24Et à partir de quand vous décidez de vous séparer ?
05:28Alors, en fait, par rapport à ce qui s'est passé ensuite, en mars 2023,
05:34il fait une tentative de meurtre sur la personne de son neveu.
05:41Et donc là, forcément, à partir de là, j'ai décidé que c'était terminé.
05:47Et est-ce que, pardon, quand vous avez tous ces actes de violence, est-ce que vous avez porté plainte une fois, deux fois, plusieurs fois ?
05:54Ou vous vous êtes toujours dit, bon, ben non, je vais laisser passer pour cette fois ?
05:57Non, moi, je n'ai jamais déposé plainte.
06:00Pourquoi ?
06:01Parce que j'avais peur.
06:02Je me suis aperçue très tôt, finalement, qu'il risquait, peut-être, de vouloir attenter à ma vie.
06:13Et donc, je me disais que, surtout, il ne fallait pas que je fasse,
06:17que c'est une plainte qui ferait que, malheureusement, il y aurait peut-être l'idée de venir devant mon domicile.
06:27Mais en 2023, lorsqu'il y a cette tentative de meurtre, par définition, n'est entendu par les policiers ?
06:33Alors, pour vous expliquer, donc, il a, bien sûr, été en garde à vue.
06:39Et ce qui m'a, moi, énormément choquée, c'est qu'il est ressorti, totalement libre, de cette garde à vue,
06:48qui aura duré, je crois, 48 heures.
06:51Elle s'est matérialisée comment, cette tentative de meurtre ?
06:54Elle était avec une arme blanche ?
06:55Absolument, son neveu, donc, a pris plusieurs coups de bouteau.
07:04Il a été blessé, il a été à l'hôpital, son neveu ?
07:06Absolument, blessé.
07:07Et il n'est jamais passé devant un tribunal pour cela ?
07:11Alors, si.
07:13Il est ressorti libre de la garde à vue, mais mis en examen.
07:18Absolument, avec un contrôle judiciaire.
07:19Mais mis en examen.
07:20Un contrôle judiciaire, tout à fait.
07:22Et il a été condamné pour cela ?
07:25Alors, j'ai appris hier, puisque je n'étais pas du tout informée, que le 6 mai, le jugement serait passé.
07:33Et il n'a donc pas été condamné véritablement, puisque, alors, a priori, ça sera à vérifier.
07:40Il y aurait 4 ans de prison avec sursis, dont une année ferme.
07:46C'est ce que le neveu me rapporte.
07:48Mais il n'a pas été amené en prison, puisque un an, ce n'était pas suffisant.
07:55Pour tentative de meurtre.
07:56Donc, est-ce qu'il est parti avec un bracelet ? Je ne le sais pas.
08:00Bon, Sophie, vous restez avec nous.
08:02Oui.
08:02Je répète un peu toujours la même chose.
08:04Mais c'est vrai que j'utilise souvent l'expression « ouvrir le capot ».
08:07Et lorsqu'il y a un drame, comme celui-là, on ouvre le capot et on découvre une situation.
08:13Et on se dit, mais en fait, il y en a des centaines, peut-être des milliers de Abdelkader.
08:18Il est possible qu'en France, vous ayez des milliers de gens qui sont étrangers.
08:24Qui, pourquoi pas, ont fait des tentatives ou des tentatives d'homicide sur des individus.
08:29Il y avait des signaux.
08:30Qui ont été condamnés par la France et qui sont toujours sur le territoire.
08:34En fait, ce qu'on découvre...
08:35Et qui obtiennent des titres de séjour en se mariant souvent.
08:38Mais ce qu'on découvre dans cette affaire, pardonnez-moi, c'est invraisemblable.
08:43C'est juste invraisemblable.
08:44C'est un état qui ne fonctionne plus.
08:45Il est 16h16.
08:47Nous sommes avec Sophie.
08:47Et si vous nous rejoignez à l'instant, Sophie était l'épouse de l'homme hier qui a été abattue par la police.
08:57Était, oui.
08:57Était, j'ai dit.
08:58Était l'épouse, oui.
08:59Elle était l'épouse.
08:59Elle était l'épouse d'Abdelkader D.
09:03Qui, hier, s'en est pris à l'avis de cinq personnes qui sont blessées à l'heure à laquelle je vous parle.
09:09Il est 16h16.
09:09A tout de suite.
09:10Pascal Proué-Vous, c'est votre nouveau rendez-vous sur Europe 1 entre 16h et 18h.
09:14Europe 1.
09:16Pascal Proué-Vous.
09:19Merci d'être avec nous avec un témoignage très fort sur Europe 1 depuis un petit quart d'heure.
09:23Nous sommes avec Sophie qui est l'ancienne compagne de l'homme qui a gravement blessé au couteau hier plusieurs personnes à Marseille.
09:31Deux choses, Sophie.
09:32D'abord, je vous remercie d'être avec nous.
09:35Vous avez parlé tout à l'heure du CRA, que celui qui s'appelle Abdelkader D. était dans le CRA.
09:43On rappelle que c'est le centre de rétention administrative, bien évidemment.
09:48Et votre témoignage nous intéresse parce que vous avez été marié avec lui, parce que vous avez divorcé en 2023.
09:56Vous rapportez aussi des événements qui nous sidèrent, notamment cette tentative d'homicide sur son neveu.
10:04Pour une raison que vous n'avez pas dite, mais qui est une raison très précise, Sophie, que je vous demande peut-être de préciser.
10:11Oui, oui, je vais vous expliquer en tout cas ce qu'il, lui, me disait.
10:17Alors d'abord, il faut savoir que j'ai découvert qu'il prenait de la cocaïne à grosse dose.
10:23Après, peut-être qu'il prenait également d'autres drogues dures, mais voilà, il ne faisait pas devant moi.
10:28Je l'ai découvert véritablement.
10:31Mais il faut de l'argent pour avoir de la cocaïne, il faut de l'argent.
10:34Écoutez, je pense qu'il dépensait tout ce qu'il gagnait là-dedans.
10:43En fait, ce qui me surprenait beaucoup, c'était ces changements d'humeur.
10:49Il passait de quelqu'un d'adorable à quelqu'un de nerveux.
10:54Et puis, il fallait sans cesse qu'il parte.
10:56Donc, il était très souvent parti.
11:00Enfin, une fois, vous racontez quand même qu'il vous a tiré par les cheveux et qu'il vous a craché.
11:04Au visage, pendant que vous conduisiez.
11:06Oui, absolument.
11:08Ça a été la fois trop.
11:09C'est là que je l'ai mis dehors.
11:12Mais votre fils, il est présent durant ces années ?
11:14Il vous donne son sentiment ?
11:18Alors, mon fils, à ce moment-là, vivait une période relativement difficile au niveau de sa santé.
11:26Donc, en fait, c'est vrai que même s'il était là, il n'était pas témoin de ce qu'il se passait.
11:33Et je lui cachais réellement parce que je voulais protéger mon fils.
11:39Ce qu'évidemment, on comprend aisément.
11:41Mais la tentative d'homicide sur son neveu, elle a eu un mobile, si j'ose dire.
11:46Alors, d'après lui, ce qu'il me disait, un jour, il me dit, voilà, je pense que mon neveu est homosexuel.
11:59Puis parce que, je ne sais pas, il avait vu des conversations, soi-disant, avec des hommes.
12:05Bon, il faut savoir qu'il était extrêmement paranoïaque et dû à cette prise excessive de cocaïne.
12:15Puisque moi, tous les jours, j'avais le droit à des accusations de tromperie.
12:20Donc, voilà, je ne l'ai pas forcément pris au sérieux.
12:25Je lui ai simplement dit d'arrêter que, quoi qu'il arrive, son neveu faisait ce qu'il voulait,
12:29que nous étions en France et qu'il n'avait pas à s'en prendre à son neveu à ce propos-là.
12:34Mais, par ailleurs, il a commencé ensuite à m'accuser, à nous accuser d'avoir des relations ensemble.
12:43Et d'ailleurs, c'est ce qu'il a dit à la gendarmerie.
12:45Voilà, donc il était convaincu que nous avions des relations ensemble.
12:51Votre témoignage est vraiment, votre témoignage est à la fois fort, émouvant et extrêmement intéressant.
12:58Et courageux.
12:59Et il suscite beaucoup de questions, Sophie.
13:01Si, par exemple, vous avez des amis, sans doute, vous avez une famille.
13:05Il y a des gens qui sont témoins de cette relation que vous avez.
13:09Que vous disent ces gens-là ?
13:11Alors, d'abord, si je parle de la famille, du côté de ma maman,
13:17pour la plupart, ils n'ont pas été mis au courant,
13:20puisque je ne les avais même pas informés que j'allais me marier.
13:25J'en avais un peu parlé en disant qu'il avait besoin de papier,
13:29que j'avais envie de l'aider aussi.
13:32Voilà.
13:33Mais voilà, ça s'est arrêté là.
13:36Et ensuite, je ne me confie absolument à personne sur les violences.
13:41Je veux garder tout pour moi.
13:42Il y a quelque chose qu'on retrouve souvent, qu'on entend parler souvent chez les femmes,
13:48et dans le rapport, parfois, qu'elles peuvent avoir avec certains hommes,
13:52c'est cette volonté de sauver des hommes.
13:55C'est souvent quelque chose que j'ai entendu, Caroline Iturbide,
13:58ce syndrome de vouloir, quoi qu'il arrive,
14:02quelqu'un qui est en difficulté, quelqu'un qui est désespéré.
14:05Oui, c'est un peu mon cas.
14:06C'est vrai que sans que ça aille forcément jusque-là,
14:08on a toujours un peu l'impression qu'on peut sauver,
14:13surtout quand c'est dans le domaine psychologique,
14:15on se dit, à force de parler,
14:16on va vraiment réussir à créer des déclics dans le cerveau de l'autre.
14:20Et vous diriez, Sophie, que c'est ce qui vous est arrivé dans cette relation,
14:24lorsque, cinq ans plus tard, vous jugez peut-être vous-même,
14:28vous vous regardez et vous dites,
14:29voilà, j'ai été prisonnière de ce syndrome-là, peut-être ?
14:35Alors, en fait, quand je le rencontre,
14:39il me parle de son périple entre son pays
14:44et, à ce moment-là, c'était l'Italie.
14:47D'abord, il faut savoir qu'il vivait vraiment dans une famille très pauvre,
14:53avec beaucoup de violence.
14:55Ils étaient très près de la frontière algérienne
14:59et il me racontait que des djihadistes qui vivaient dans la montagne
15:04descendait et que, très jeunes, il les voyait égorger des gens.
15:11Et donc, mineur, il a quitté son pays, il a quitté sa famille.
15:17Il avait à peu près 14 ans pour rejoindre l'Italie.
15:21Donc, je sais que l'Italie l'a pris en charge en tant que mineur isolé,
15:25comme nous, ici, les MNA, mineurs m'en accompagnent.
15:31Et puis, bon, déjà, il s'est passé aussi des événements en Italie,
15:35d'après ce que lui me racontait.
15:38Donc, il a eu affaire aussi à la justice.
15:40Des événements, pardon, mais des événements de quel ordre, est-ce qu'on sait,
15:43en 30 secondes ?
15:44De la violence.
15:47Je sais qu'il y a eu une grosse bagarre avec des gens.
15:54Bon, Sophie, ce que je vous propose, c'est qu'on marque une pause
15:56et je vous demande de rester encore avec nous.
15:58Parce que c'est vrai, quand je dis que votre témoignage suicide beaucoup d'interrogations,
16:03d'abord, la qualité de votre témoignage, ce que vous nous racontez,
16:06avec la précision que vous apportez à cela.
16:10Donc, je vous propose de rester encore quelques minutes avec nous.
16:12Émilie Dès arrive dans un instant, il est 16h27.
16:16Si vous arrivez sur l'antenne, sachez-le, c'est Sophie,
16:19l'ex-compagne de l'homme hier qui a été abattue par la police.
16:25Et c'est l'homme qui a gravement blessé au couteau plusieurs fois.
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