- il y a 2 mois
Bernard Marc, médecin-légiste renommé, a réalisé un très grand nombre d'autopsies. Il est intervenu dans plusieurs dossiers célèbres. Parmi ceux-ci, le meurtre de Maud Maréchal, brûlée vive dans une rue de Lagny-sur-Marne, qui a inspiré le film "La Nuit du 12", ou encore le meurtre abominable d'Angélique Dumetz. Entretien choc.
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00:00:00C'est la même chose qui va beaucoup nous toucher dans les agressions et dans les agressions sexuelles sur des mineurs,
00:00:06qui sont des choses qui sont du domaine de l'intolérable.
00:00:08On ne peut pas les imaginer, pourtant elles sont là et elles sont nombreuses.
00:00:12Et on entend un peu de bruit, on s'étonne un peu parce qu'on a demandé que le pavillon entier soit une scène de crime,
00:00:17donc que personne n'entre en dehors de l'enquêteur, de celui qui a fait les photos, et de moi-même.
00:00:23Il y a des gouttes de sang qui sont surajoutées,
00:00:27donc il y a bien quelqu'un qui est passé du sous-sol au rez-de-chaussée, et c'est le tueur.
00:00:33Le tueur revenu chercher des armes, en tout cas très équipé, comme nous sommes en tenue quasiment de scaphandrier,
00:00:39on n'est pas dans des facilités de se défendre devant quelqu'un qui arrive avec une machette.
00:00:44Donc je suis là pour raconter qu'il est revenu.
00:00:47C'est une chance, et surtout qu'il n'ait pas monté plus les marches de cet escalier.
00:00:52Comme quoi, la distance entre la vie et la mort, parfois, c'est un escalier.
00:00:57Bonjour Docteur Marc.
00:01:10Bonjour.
00:01:11Merci d'être là pour le nouveau détective.
00:01:14C'est moi.
00:01:15Vous êtes médecin légiste pour les morts et pour les vivants, comme vous l'avez indiqué dans votre livre,
00:01:21où vous racontez un peu sur les affaires dans lesquelles vous avez travaillé.
00:01:25Et médecin légiste, c'est un métier qui n'est pas fait pour tout le monde, qui sort quand même de l'ordinaire.
00:01:33Et ma première question, c'est de savoir comment vous est venue l'envie de devenir médecin légiste.
00:01:40Alors l'envie est devenue par le fait de pouvoir rajouter des compétences médicales à mon parcours de jeune interne,
00:01:50puisque je m'intéressais à l'expertise, aux dommages corporels.
00:01:56Et puis j'ai eu la chance d'être au moment où s'ouvrait la première unité médico-judiciaire à l'Hôtel-Dieu,
00:02:03avec les enseignants de ce diplôme qui ont recruté un peu les jeunes pousses, ce que j'étais à l'époque.
00:02:09Et j'ai découvert là un milieu extrêmement intéressant et une médecine tout à fait extraordinaire.
00:02:16Moi, je m'adressais plutôt à la réanimation, à la toxicologie,
00:02:22la réanimation toxicologique, c'était un petit peu l'orientation.
00:02:26Ça a été l'orientation de ma thèse.
00:02:28Et là, j'ai trouvé d'autres éléments et je me suis lancé un petit peu à corps perdu dans cette nouvelle spécialité,
00:02:36puisque à l'époque, elle revenait à l'hôpital et elle est maintenant une spécialité hospitalière.
00:02:41Et est-ce que vos débuts en tant que médecin légiste, ou je dirais plus interne dans la médecine légale,
00:02:47est-ce que ça vous a plu ? Comment ça s'est passé ?
00:02:50Alors la médecine légale, elle est très séduisante parce qu'elle est variée.
00:02:54Quand on s'apprête à faire un internat, on va faire un internat de spécialité.
00:02:59Et on pense qu'on va avoir quelque chose qu'on va véritablement bien maîtriser,
00:03:02mais dans un domaine assez étroit.
00:03:04J'avais la chance d'avoir été nommé à l'internat,
00:03:06donc de faire partie de ces gens qui avaient passé le concours, qui l'avaient réussi.
00:03:10Et puis, c'était une médecine qui à la fois me donnait cette spécialité
00:03:14et quelque chose qui était très large,
00:03:17dont j'ai appris après l'existence extrêmement importante, encyclopédique.
00:03:22C'est une médecine qui est extrêmement intéressante parce qu'elle touche un peu à tout
00:03:25et elle nous ouvre tout le temps des horizons nouveaux.
00:03:29Et c'est assez passionnant.
00:03:31Vous n'avez pas eu d'appréhension ?
00:03:34Alors peut-on avoir des appréhensions quand on est un jeune interne
00:03:38qui commence dans une spécialité, qui se lance ?
00:03:41Non, parce que c'est passionnant et on a la passion.
00:03:44Et puis, des appréhensions après ou des chocs ?
00:03:47Oui, j'en ai eu tout au long de ma carrière.
00:03:50J'ai souvenir, par exemple, de la première autopsie que j'ai dû réaliser,
00:03:54qui était sur une jeune fille noyée, une jeune fille qui pouvait avoir mon âge.
00:04:01Et on imagine bien que le premier coup de scalpel, là, il n'est pas très commode à donner.
00:04:06Donc, ces appréhensions, ces chocs-là, j'en ai eu tout le long de ma carrière.
00:04:10J'en ai encore, mais il y a aussi un intérêt, une passion et une spécialité
00:04:19qui ouvrent toujours de nouvelles portes et qui passionnent toujours autant.
00:04:23Est-ce que vous pouvez nous expliquer la différence entre la médecine légale sur un mort et sur un vivant ?
00:04:31Alors la médecine légale, c'est une médecine qui va s'occuper de tous les constats médico-légaux
00:04:36à faire à la demande du judiciaire, qui peut être un judiciaire très large.
00:04:40Ça peut être aussi de la réparation du dommage corporel, donc de l'expertise.
00:04:45Ça peut être des procédures civiles.
00:04:49C'est majoritairement des procédures pénales.
00:04:51Des procédures où il y a des agressions, des violences, des délits et puis des crimes.
00:05:00Et dans les crimes, il y a les crimes de sang et les crimes sexuels
00:05:03et qui sont maintenant très majoritairement la majeure partie des crimes qui sont jugés en France.
00:05:10Donc on a cet abord de déterminer les lésions, de pouvoir aider judiciairement.
00:05:15Et puis des accompagnements qui sont différents parce que pour l'un,
00:05:20si la victime est décédée, on va avoir à essayer de comprendre ces derniers instants,
00:05:25faire en sorte que notre science, notre technique puisse révéler les derniers instants
00:05:30pour apporter des éléments judiciaires, pour porter aussi la parole de la victime
00:05:37qui ne peut plus s'exprimer parce que, bien évidemment, une fois décédée,
00:05:41ce n'est pas elle qui va pouvoir s'exprimer.
00:05:43Et puis sur le vivant, il y a aussi à retenir, à entendre les récits des victimes,
00:05:48à les comprendre, à être là, à être un soutien.
00:05:51Et je dis toujours que dans le titre, c'est important de dire que c'est médecin-légiste,
00:05:56avec d'abord médecin, ensuite légiste, parce que ce rôle-là, il est extrêmement important.
00:06:01Et plus on va dans la carrière, plus on s'aperçoit que le premier mot du terme,
00:06:05il a toute son importance, tout son poids.
00:06:08Vous avez une approche différente avec les personnes que vous auscultez,
00:06:12qu'elles soient mortes ou vivantes ?
00:06:13Alors, avec les personnes qu'on examine, bien évidemment, il y a une approche différente,
00:06:18mais il y a toujours la nécessité d'une curiosité,
00:06:22c'est-à-dire d'être capable de comprendre, d'expliquer, d'ouvrir,
00:06:26la nécessité d'une rigueur, parce qu'on est dans des constats médico-légaux,
00:06:30parce que derrière, il y a des sanctions qui peuvent être prises,
00:06:34parce que c'est moi, ou à cause de mes certificats, de mes rapports,
00:06:38que quelqu'un va avoir 10, 15 ans, 20 ans, voire une peine encore plus importante.
00:06:45Donc il y a cette nécessité de rigueur,
00:06:47et la nécessité toujours d'un humanisme et d'une humanité,
00:06:50quand on le prend en considération.
00:06:52Mais la même humanité aussi, quand on prend en considération un corps,
00:06:55il ne faut pas imaginer que le légiste, il arrive en mangeant des bonbons
00:06:59au-dessus du calabre et en racontant des grosses âneries.
00:07:03Il a toujours la notion que c'est un être vivant qui est là,
00:07:07et puis le fait d'intervenir, par exemple, sur les scènes de crime,
00:07:10il y a une scène qu'on ne voit jamais dans les séries,
00:07:12c'est que quand la scène est terminée, on ressort,
00:07:14et qu'est-ce qui nous attend ?
00:07:16Eh bien, la famille, les proches qui sont là, affolés,
00:07:20auxquels il va falloir donner des mots de compassion,
00:07:25les premiers mots qui peuvent un peu rassurer,
00:07:30et ils sont terribles ces premiers mots,
00:07:32y compris dans leur expression.
00:07:34Je dis toujours que quand on va conduire quelqu'un à l'hôpital décédé,
00:07:40qui décède d'une mort naturelle, il va aller dans une chambre mortuaire.
00:07:45C'est sa dénomination.
00:07:47Ça n'a pas du tout le même goût qu'une morgue.
00:07:51Imaginez que pour un proche décédé, un de vos proches décédés,
00:07:57je vous dise d'aller à la morgue.
00:07:59C'est un mot terrible.
00:08:01Je vous vois grimacer.
00:08:02Oui, oui, ben oui, c'est pas agréable à entendre,
00:08:04et ça fait froid dans le dos quand même.
00:08:06Ça fait froid dans le dos.
00:08:08C'est le même endroit.
00:08:09Mais cette idée de dire, d'aller à la chambre mortuaire,
00:08:13c'est un respect, c'est un endroit où on va se reposer pour l'éternité,
00:08:17ou pour un certain temps, quelle que soit votre croyance.
00:08:19En tout cas, c'est un moment de repos.
00:08:21Et la famille a besoin d'un repos.
00:08:24Ça, c'est pour une mort qui est prévue, attendue.
00:08:27Les morts à l'hôpital, ce sont des gens malades, principalement,
00:08:31qui vont décéder de leur maladie.
00:08:33Et d'une certaine façon, on s'y fait, on l'accepte, on le comprend.
00:08:39Vous imaginez qu'une mort brutale, c'est terrible,
00:08:41et qu'une mort brutale criminelle, c'est encore plus terrible.
00:08:44Alors, vous imaginez les premiers mots à porter.
00:08:47C'est pour ça que sur les scènes de crime,
00:08:49c'est moi qui demande toujours à intervenir auprès des familles,
00:08:52à les voir, parce que beaucoup mieux que l'enquêteur,
00:08:56qui va être un petit peu embêté par ces termes ou brusque,
00:09:02il faut quelqu'un qui ait plus de rondeur dans la façon de dire les choses.
00:09:07Ça ne veut pas dire que je n'aurai pas un constat très objectif
00:09:11et que devant une cour d'assises, je décrirai au détail près
00:09:15la nature de la mort de la personne que je viens d'examiner.
00:09:18C'est autre chose.
00:09:19Là, c'est un moment où il faut comprendre aussi une certaine forme d'apaisement
00:09:23qui nous permet aussi d'être sereins sur nos exploitations,
00:09:28des traces et indices, c'est-à-dire sur le terrain,
00:09:30et d'apporter tous les éléments, de rechercher de l'ADN,
00:09:33de rechercher des traces, de rechercher avec les techniciens
00:09:37de police, technique et scientifique, une marque de pas,
00:09:40un élément qui peut être intéressant.
00:09:43Donc, on est très objectif et on n'oublie pas qu'il faut savoir aussi
00:09:47dire les choses sans brutalité.
00:09:51Vous me parlez de l'approche avec les familles des victimes.
00:09:55Est-ce que vous avez une formation à suivre ?
00:09:58Est-ce que vous avez en tête un protocole pour pouvoir expliquer
00:10:01qu'est-ce qui est arrivé à une personne ?
00:10:03Alors, ces protocoles-là, ça existe un peu peu.
00:10:07Ça s'appelle l'annonce d'une mauvaise nouvelle.
00:10:11Donc, dans un guide infirmier des urgences,
00:10:13dont je suis l'auteur et qu'on republie régulièrement,
00:10:17on aborde cet élément-là.
00:10:20C'est quelque chose qu'on connaît, qui est important,
00:10:23parce que l'annonce de la mauvaise nouvelle,
00:10:25eh bien, c'est important que la médecine légale,
00:10:26qui est une médecine hospitalière, elle sache le faire,
00:10:29mais on sait le faire plus ou moins.
00:10:31Et évidemment, nous qui sommes confrontés à la mort quotidiennement
00:10:35pour des constats de décès, pour des morts accidentelles
00:10:41et puis des morts criminelles,
00:10:42eh bien, cette confrontation à la mort et à son environnement
00:10:45fait qu'on a une façon de dire les choses.
00:10:48Donc, progressivement, s'il y a un protocole
00:10:51où, effectivement, on va éviter de dire des mots violents,
00:10:54d'amener des choses difficiles,
00:10:58on a aussi cette approche.
00:10:59Et puis, on a l'approche de la discrétion,
00:11:01parce que n'oubliez pas qu'à partir du moment
00:11:03où on amène le médecin légiste,
00:11:05on est dans une enquête judiciaire,
00:11:07et donc, je ne vais pas avoir à communiquer
00:11:09à la famille ou aux proches
00:11:11les causes du décès.
00:11:13C'est du domaine du rapport qui est destiné
00:11:16à l'enquête, au procureur, à la justice.
00:11:19Donc, ce sont des éléments où, effectivement,
00:11:21il y a une communication qui est une communication
00:11:23d'humanité,
00:11:25et puis, il y a un rapport
00:11:27et des éléments très techniques,
00:11:28parce qu'on est là pour faire la deuxième partie
00:11:30du mot, du terme.
00:11:32On est le légiste,
00:11:33on est véritablement celui qui va permettre
00:11:37d'avancer dans les premiers temps
00:11:38et de distinguer le coup de hache
00:11:41d'un coup de couteau
00:11:42ou la plaie par verre
00:11:44ou la plaie par un bris d'assiette
00:11:46avec une plaie par céramique.
00:11:48Et selon vous,
00:11:50qu'est-ce qui est le plus difficile à autopier,
00:11:52à un mort ou à un vivant ?
00:11:54Alors,
00:11:57quel est l'abord le plus difficile ?
00:12:00La parole, parfois,
00:12:03elle peut être extrêmement rude.
00:12:06J'en fais état dans
00:12:06« Médecin légiste pour les morts et les vivants ».
00:12:08Il y a un récit qui est un récit
00:12:10qui commence par
00:12:12les mots d'une petite fille
00:12:14qui annonce et qui raconte
00:12:15des abominations
00:12:18de nature sexuelle
00:12:20que lui ont fait subir trois frères.
00:12:22Et ces mots-mêmes,
00:12:24ces mots d'enfant,
00:12:25ils sont d'une puissance terrible.
00:12:27D'une puissance terrible.
00:12:29Et entendre ça,
00:12:32c'est extrêmement difficile.
00:12:33C'est extrêmement délicat aussi
00:12:35de pouvoir examiner
00:12:36et d'examiner complètement,
00:12:38correctement,
00:12:39en recherchant des preuves,
00:12:41en allant faire des prélèvements.
00:12:43On est sur la scène de crime
00:12:44qui est aussi le corps de la victime
00:12:46et le corps intime de la victime.
00:12:48Vous imaginez que là,
00:12:50on doit être précautionné.
00:12:53Et puis, il y a des difficultés
00:12:54sur l'autopsie
00:12:55et parfois,
00:12:56des choses qui sont
00:12:58difficilement soutenables.
00:13:00On supporte mal
00:13:01la mort de quelqu'un de jeune,
00:13:03la mort brutale
00:13:04de quelqu'un de jeune,
00:13:05la mort brutale
00:13:06de quelqu'un de très jeune
00:13:07où on espérait
00:13:09qu'il ait la plus longue,
00:13:10la plus belle vie
00:13:11avec un corps
00:13:13qui, en plus,
00:13:15souvent,
00:13:15sont des images choquantes
00:13:17parce que
00:13:18les corps sont beaux,
00:13:20parfois.
00:13:22Et vous dites,
00:13:23non, c'est pas possible.
00:13:25Vous imaginez que
00:13:26inerte,
00:13:28la beauté inerte,
00:13:29c'est une statue.
00:13:31Mais la beauté inerte,
00:13:32ça ne peut pas être un corps.
00:13:33Et quelquefois,
00:13:34il y a cette beauté inerte
00:13:35et vous voudriez
00:13:36lui redonner vie.
00:13:37Et on ne peut pas.
00:13:38On ne peut pas.
00:13:39Donc, c'est d'abord,
00:13:40il est parfois difficile.
00:13:42Il y a des considérations éthiques,
00:13:43il y a des considérations
00:13:44philosophiques derrière ça.
00:13:46On est aussi,
00:13:48on fait partie,
00:13:48des médecins
00:13:49qui vont au-delà
00:13:50de la médecine.
00:13:53Les médecins
00:13:54légisent
00:13:55pour les morts
00:13:56et les vivants.
00:13:56C'est-à-dire qu'on va
00:13:58plus loin que les autres médecins
00:13:59puisqu'on va
00:13:59post-mortem.
00:14:01Les autres médecins
00:14:02s'arrêtent
00:14:03à cette limite.
00:14:05Une fois que le patient
00:14:05est décédé,
00:14:06il n'y a plus d'action
00:14:07de la médecine.
00:14:07Eh bien, nous,
00:14:08notre médecine
00:14:08va encore plus loin.
00:14:10Elle va encore plus loin
00:14:11et donc nous apporte
00:14:13des connaissances
00:14:13qui sont des connaissances
00:14:15très particulières,
00:14:16y compris la connaissance
00:14:17du corps.
00:14:19Et à l'heure actuelle,
00:14:20même les jeunes étudiants
00:14:22en médecine
00:14:23sont peu habitués
00:14:24à l'autopsie.
00:14:24L'autopsie,
00:14:25le fait de connaître
00:14:26en interne un corps
00:14:28est quelque chose
00:14:29qui redevient
00:14:30un savoir très particulier.
00:14:32et on peut très bien
00:14:34à l'heure actuelle
00:14:35le chirurgien
00:14:35ne faire que
00:14:36des cellioscopies,
00:14:37c'est-à-dire juste
00:14:38voir de son patient
00:14:39un petit trou
00:14:39sur la paroi
00:14:41et rentrer
00:14:43un cellioscope.
00:14:45Nous,
00:14:45on a accès
00:14:46à la totalité
00:14:47des entrailles
00:14:48de l'intérieur
00:14:49du corps.
00:14:51Vous voyez
00:14:51que cette médecine-là,
00:14:52elle nous amène
00:14:53plus loin.
00:14:54Elle doit être
00:14:55source de connaissances,
00:14:58mais des connaissances
00:14:59à maîtriser
00:14:59parce que plus on a
00:15:00de connaissances,
00:15:01plus on a une sorte
00:15:01de pouvoir
00:15:02ou du moins
00:15:03une connaissance
00:15:04particulière
00:15:04et plus il faut
00:15:05savoir la maîtriser.
00:15:08Et comment ça se passe
00:15:10une autopsie
00:15:10en général ?
00:15:12Alors,
00:15:13aujourd'hui,
00:15:14les techniques
00:15:16pour la médecine légale
00:15:20thanatologique
00:15:21post-mortem,
00:15:22elles sont multiples.
00:15:24D'abord,
00:15:24il y a des techniques
00:15:25d'examen externe.
00:15:26Ça commence par là,
00:15:27sur un corps,
00:15:28parce qu'on va essayer
00:15:29de relever
00:15:30toutes les effractions,
00:15:31toutes les lésions.
00:15:33C'est très important
00:15:34à l'heure actuelle
00:15:34parce que c'est là
00:15:37qu'on va pouvoir
00:15:37gratter des ongles
00:15:38pour essayer
00:15:39d'avoir l'ADN
00:15:40d'un éventuel hauteur,
00:15:42relever des traces
00:15:44qui sont des traces
00:15:44cutanées.
00:15:45Donc,
00:15:45vous voyez que
00:15:46toute cette partie-là,
00:15:46qui n'était pas
00:15:47une partie classique
00:15:48de l'autopsie
00:15:49avant l'ADN,
00:15:50avant la possibilité
00:15:51de faire des empreintes
00:15:53digitales performantes,
00:15:56aujourd'hui,
00:15:57c'est une première part
00:15:58assez importante.
00:15:59Et puis,
00:16:00de photographier,
00:16:00éventuellement,
00:16:01de photographier
00:16:02suffisamment bien
00:16:03pour pouvoir
00:16:03reproduire en 3D
00:16:05l'objet qui a
00:16:06occasionné les lésions.
00:16:09Aujourd'hui,
00:16:09en faisant des photos
00:16:10à bord rasant
00:16:11et avec des éclairages
00:16:12spécifiques,
00:16:13on peut reproduire
00:16:14la taille,
00:16:15la forme de l'objet,
00:16:16comme si on moulait
00:16:17un petit peu
00:16:18sur un endroit.
00:16:20Le deuxième temps,
00:16:21c'est aujourd'hui
00:16:22ce qu'on appelle
00:16:22la virtopsie.
00:16:23L'autopsie virtuelle,
00:16:25c'est quoi
00:16:25l'autopsie virtuelle ?
00:16:26C'est la réalisation
00:16:27de scanners 3D
00:16:29sur des corps
00:16:32pour pouvoir analyser
00:16:34toutes les lésions du corps
00:16:34avant la moindre
00:16:36réfraction,
00:16:36avant d'abîmer le corps.
00:16:38Quand on va inciser,
00:16:39on va forcément
00:16:39l'abîmer,
00:16:40changer.
00:16:41Donc,
00:16:42repérer tous les éléments,
00:16:43repérer de l'air
00:16:44à l'intérieur du corps.
00:16:46Par exemple,
00:16:47un coup de couteau
00:16:47va pousser
00:16:48une petite bulle d'air
00:16:49jusqu'à l'extrémité
00:16:51de la pointe
00:16:52qui est ensuite retirée.
00:16:54Et nous,
00:16:54on va pouvoir dire
00:16:55jusqu'où le couteau
00:16:56a été mis
00:16:57simplement en regardant
00:16:59la position exacte
00:17:00de la petite bulle d'air.
00:17:01Tout ça étant
00:17:02mesurable en millimètres
00:17:04sans toucher le corps.
00:17:06Merveille de la science.
00:17:08Le corps pouvant être
00:17:09totalement modélisé,
00:17:10bougé, remué.
00:17:12C'est une des grandes
00:17:12importance
00:17:13parce qu'un corps
00:17:14de 100 kg
00:17:16sur une table
00:17:16d'autopsie,
00:17:17pour le retourner,
00:17:17ce n'est pas forcément
00:17:18très commode.
00:17:19Eh bien là,
00:17:20on va pouvoir le tourner,
00:17:21le bouger,
00:17:21regarder à l'intérieur,
00:17:23virtuellement enlever
00:17:24un élément.
00:17:25Tiens,
00:17:26il y a l'os du bassin
00:17:27qui nous gêne
00:17:27dans un projectile
00:17:28qui a traversé
00:17:29tout le pelvis.
00:17:31Eh bien,
00:17:32on va virtuellement
00:17:33retirer le bassin.
00:17:35Si on doit le faire
00:17:36véritablement sur une autopsie,
00:17:37c'est un travail
00:17:38de plusieurs jours.
00:17:40Il va falloir l'enlever,
00:17:41disséquer complètement,
00:17:42enlever,
00:17:43c'est quelque chose
00:17:43de très compliqué.
00:17:47À la suite de quoi,
00:17:48si on a tous ces éléments-là,
00:17:51on peut reconstituer
00:17:52totalement le corps,
00:17:53le reconstituer en 3D,
00:17:54avoir les images,
00:17:55regarder la peau,
00:17:56regarder le muscle,
00:17:57regarder l'os,
00:17:58regarder les lésions
00:17:59pulmonaires,
00:18:01passer dans les vaisseaux,
00:18:02faire des tas de choses
00:18:03très compliquées.
00:18:04Et il ne nous reste plus
00:18:05qu'à faire l'autopsie
00:18:06si besoin.
00:18:07Je dis bien si besoin
00:18:08parce que beaucoup
00:18:09d'indications
00:18:10de l'autopsie classique,
00:18:12ancienne,
00:18:12tombent
00:18:13avec cette
00:18:14virtopsie.
00:18:15Quand vous avez
00:18:15quelqu'un qui est
00:18:16écrasé par un véhicule,
00:18:19on a le véhicule,
00:18:20on a le conducteur
00:18:21du véhicule
00:18:22et on a toutes les lésions
00:18:23qui sont parfaitement faites.
00:18:24Ça veut donc dire
00:18:25qu'on peut donner
00:18:26une réponse judiciaire
00:18:27dans le temps
00:18:29de la flagrance,
00:18:29dans les 48 premières heures,
00:18:31apporter tous ces éléments
00:18:33et conserver le corps
00:18:35parce qu'on est
00:18:37à l'heure
00:18:37de la conservation
00:18:38des traces et indices.
00:18:39Et donc,
00:18:40on va conserver le corps
00:18:41dans son meilleur état possible,
00:18:43virtuel certes,
00:18:45mais totalement conservé.
00:18:47Et si dans
00:18:48six mois,
00:18:49un an,
00:18:50il y a une question
00:18:50d'expertise
00:18:51qui se pose,
00:18:53le piéton
00:18:55n'était pas debout
00:18:56quand le camion
00:18:57l'a heurté,
00:18:57il était déjà au sol.
00:18:59C'est donc pas moi,
00:19:00chauffeur,
00:19:00qui l'ai écrasé,
00:19:01il était déjà heurté,
00:19:03donc il y a un autre tiers.
00:19:04Et bien,
00:19:05on va pouvoir ressortir
00:19:06le corps,
00:19:07virtuel,
00:19:08mais ressorti.
00:19:10le mesurer exactement,
00:19:11regarder les points d'impact
00:19:12et éventuellement
00:19:13modéliser la scène
00:19:15parce que maintenant
00:19:16les scènes de crime
00:19:16sont modélisées,
00:19:18il y a une possibilité.
00:19:19Il y a même la possibilité
00:19:20avec le système Janus
00:19:21qu'a la Gendarmerie nationale
00:19:23de transférer
00:19:24la scène de crime
00:19:25à des enquêteurs
00:19:26qui sont à l'IRCGN,
00:19:27c'est-à-dire que sur place,
00:19:29au fond de la lausère,
00:19:30il y a une équipe
00:19:31de gendarmes
00:19:31qui va modéliser
00:19:33en 3D
00:19:33la pièce
00:19:35où s'est passé le crime.
00:19:36On va en faire autant
00:19:37avec le corps
00:19:38et on va pouvoir transmettre
00:19:39aux enquêteurs
00:19:40plus chevronnés
00:19:42les images numériques
00:19:43et on va pouvoir
00:19:44analyser
00:19:45les positions du corps.
00:19:47Et par exemple,
00:19:48en termes de balistique,
00:19:49c'est ultra utile,
00:19:50c'est-à-dire qu'on va pouvoir
00:19:51déterminer exactement
00:19:52un angle de tir.
00:19:53Donc on est passé dans le 3D
00:19:56et pour revenir à la question
00:19:59que vous me posiez avant,
00:20:01en disant pourquoi c'est passionnant,
00:20:02vous voyez qu'on a commencé
00:20:04avec de l'imagerie tout à fait classique
00:20:06et de l'autopsie
00:20:07et puis quelques années après,
00:20:09on en est à faire de la 3D,
00:20:10de la virtualité,
00:20:12de travailler tout à fait différemment,
00:20:14correspondant à une médecine légale
00:20:16qui a toujours été
00:20:17très en avant sur les sciences.
00:20:19C'est la première à utiliser
00:20:21les groupes sanguins
00:20:22quand ils sont créés,
00:20:23quand ils commencent
00:20:24à les connaître
00:20:25au début du XXe siècle,
00:20:27et bien les premières
00:20:27pour l'identification.
00:20:29La médecine légale
00:20:30va prendre ça.
00:20:31C'est la première
00:20:31à utiliser la photographie.
00:20:33La photographie arrive,
00:20:34on s'aperçoit
00:20:35que c'est extrêmement intéressant
00:20:36et Bertillon commence
00:20:38à faire de l'anthropométrie
00:20:39et des photos
00:20:41sur un espèce de photo érigide
00:20:43qui est encore au musée
00:20:43de la police
00:20:44et on voit les gens
00:20:45qui sont comme ça
00:20:46et qu'on va photographier.
00:20:49Donc toutes les techniques
00:20:50ont été successivement utilisées.
00:20:52Moi je suis entré
00:20:53avec les empreintes génétiques.
00:20:55Les empreintes génétiques,
00:20:561985,
00:20:58il y a Jeffreys
00:20:58qui les utilise,
00:20:59on commence à les utiliser
00:21:00et vous n'êtes pas
00:21:03sans savoir
00:21:04le tueur de l'Est parisien,
00:21:06Guy Georges,
00:21:06toutes les grandes affaires
00:21:07qui ont eu lieu
00:21:08et qui ont été
00:21:08autour des empreintes génétiques.
00:21:12Je raconte d'ailleurs
00:21:12dans l'ouvrage
00:21:14en médecin légiste
00:21:14une histoire extraordinaire
00:21:16d'empreintes génétiques
00:21:17puisque c'est celle
00:21:19d'Angélique Dumetz,
00:21:20un suivi de meurtre.
00:21:23On a l'ADN de l'auteur,
00:21:24on n'a pas son nom
00:21:26puisqu'il n'existe pas
00:21:27le fichier national
00:21:28des empreintes génétiques.
00:21:29La famille va se battre
00:21:31pour ce fichier national
00:21:32des empreintes génétiques.
00:21:33L'avocate,
00:21:34Maître Bélier,
00:21:35va se battre.
00:21:35Le fichier national
00:21:36des empreintes génétiques
00:21:37va naître,
00:21:38va être utilisé.
00:21:39et dix ans après,
00:21:41je retrouverai cet auteur
00:21:42coupable du meurtre
00:21:44de sa femme,
00:21:45coupable de se suicider
00:21:47et qui aura non seulement,
00:21:50qui donnera la réponse
00:21:51à l'affaire Angélique,
00:21:53malheureusement pas jugeable
00:21:54puisqu'il s'est donné la mort,
00:21:57et avec une clé supplémentaire
00:21:58que je révèle dans l'ouvrage
00:22:00parce qu'il a même conservé
00:22:01la même arme,
00:22:04donc une volonté criminologique.
00:22:05Vous voyez que notre monde
00:22:07il est essentiel,
00:22:09il est dans le judiciaire,
00:22:10il est au contact
00:22:10des uns et des autres,
00:22:11et plus je réponds
00:22:14à vos questions,
00:22:15plus je vois que
00:22:16j'aborde des techniques.
00:22:17Vous voyez qu'on est
00:22:17avec le laboratoire,
00:22:18la police technique
00:22:19et scientifique,
00:22:20et puis les analyses
00:22:22des empreintes génétiques,
00:22:23donc c'est les grands
00:22:23laboratoires de police
00:22:24qui sont progressivement
00:22:26organisés en France,
00:22:27l'imagerie,
00:22:28les progrès de l'imagerie,
00:22:30la définition,
00:22:31plus tout ça avance
00:22:32et tout ça bénéficie
00:22:34à la recherche de la vérité
00:22:35qui est en fait
00:22:35l'idée de la médecine légale.
00:22:39Et quelle est l'erreur
00:22:40à ne surtout pas commettre
00:22:42lors d'une autopsie
00:22:45ou de manière plus générale
00:22:47dans la médecine légale ?
00:22:49L'erreur à ne pas commettre,
00:22:52alors la première,
00:22:52c'est négliger les éléments,
00:22:55c'est-à-dire qu'une scène
00:22:57de crime maltraitée
00:22:59ne pourra plus jamais
00:23:00être bien traitée,
00:23:01on s'acharnera,
00:23:03on fera des tas de choses.
00:23:03C'est irréversible ?
00:23:05Quasiment irréversible
00:23:06ou extrêmement compliqué.
00:23:07On va prendre le petit Grégory.
00:23:10Le petit Grégory,
00:23:11aujourd'hui,
00:23:11l'affaire sort en 48 heures.
00:23:14On fait des empreintes génétiques
00:23:16sur les liens,
00:23:17on prélève les 100 habitants
00:23:21pouvant être concernés
00:23:22et on a l'auteur.
00:23:23Ça s'est passé très différemment.
00:23:27Et la deuxième erreur,
00:23:28c'est de croire,
00:23:30de prendre une hypothèse au départ.
00:23:33Cet homme est triste,
00:23:35il a un fusil à côté de lui,
00:23:37c'est donc un suicide.
00:23:39Cet homme était triste,
00:23:41il a un fusil,
00:23:42on n'est pas sûr que ce soit lui
00:23:43qui l'ait tenu.
00:23:44Est-ce que l'angle de tir est le bon ?
00:23:46Est-ce que ce n'est pas un joli mobile
00:23:50pour pouvoir l'assassiner ?
00:23:52Donc tout le temps,
00:23:53il faut avoir la curiosité.
00:23:54Le défaut de curiosité
00:23:55et le défaut d'ouverture d'esprit,
00:23:58c'est fondamental.
00:23:59Les grandes erreurs médico-légales
00:24:00se voient là.
00:24:02On peut en prendre des anciens.
00:24:04On va prendre, allez,
00:24:05au 19e siècle,
00:24:09Vaché,
00:24:10le célèbre tueur en série,
00:24:12le tueur de bergers et de bergères
00:24:14qui va voler, tuer,
00:24:16et éventrer en partie,
00:24:19est une pathologie psychiatrique,
00:24:23puant.
00:24:24La Cassagne a l'idée,
00:24:26la Cassagne,
00:24:27grand professeur de médecine légale de Lyon,
00:24:30a l'idée à l'époque
00:24:31de faire des criminels nés,
00:24:33une espèce de personnage
00:24:34qui n'est pas fou,
00:24:36mais qui peut être uniquement
00:24:38mu par le crime.
00:24:39Et il va l'utiliser comme ça.
00:24:42Vaché va aller jusqu'à la guillotine
00:24:44en imaginant qu'il est saint d'esprit,
00:24:48alors qu'il est totalement fou.
00:24:49Donc, le côté « je crois à mes idées,
00:24:52je suis expert,
00:24:53donc je sais »,
00:24:54c'est la pire des erreurs.
00:24:55On doit toujours admettre le doute,
00:24:57on doit toujours avoir une démarche
00:24:58très scientifique.
00:25:00On a, par exemple,
00:25:01dans des déterminations d'âge,
00:25:03des marges.
00:25:05On a dans des déterminations,
00:25:06des datations de la mort,
00:25:08des marges aussi.
00:25:10Et je crois qu'à l'heure actuelle,
00:25:12l'arrêt de la montre connectée,
00:25:15ou le dernier SMS
00:25:17ou l'utilisation par la personne
00:25:19de son téléphone portable,
00:25:21est plus intéressante
00:25:22pour la datation du décès
00:25:23que l'estimation médico-légale,
00:25:25qui va forcément être très large,
00:25:28si on veut être scientifique.
00:25:31Il n'y a que dans les séries « Il est mauvaise »,
00:25:32où le légiste dit « Il est mort à 18h47 ».
00:25:36D'accord.
00:25:36Les premières avec Sherlock Holmes,
00:25:38la montre se casser et donner l'heure.
00:25:40Mais ce n'est pas le cas.
00:25:43Et donc, il faut avoir cette curiosité,
00:25:44cette rigueur.
00:25:46Le fait d'avoir une idée préconçue
00:25:49dès le départ
00:25:49ou de vouloir faire de quelqu'un un coupable,
00:25:52eh bien, c'est une idée fausse.
00:25:56Dans votre livre, vous racontez
00:25:57qu'il y a un bébé
00:25:58qui a été secoué par son père.
00:26:02Il a été sauvé in extremis
00:26:03par un neurochirurgien.
00:26:06Et c'est ce que vous disiez tout à l'heure,
00:26:08je suppose que c'est plus difficile
00:26:09les autopsies sur des enfants
00:26:11que sur des adultes.
00:26:13Alors, comment l'appréhendez-vous, en fait ?
00:26:16Alors, heureusement,
00:26:18celui que je décris
00:26:19a été sauvé par le neurochirurgien.
00:26:21Je dis heureusement,
00:26:22mais il y a toujours les séquelles.
00:26:25Et bien évidemment,
00:26:26chez les enfants,
00:26:27c'est quelque chose de très difficile.
00:26:29Très difficile.
00:26:29Ça nous ramène à notre enfance,
00:26:33ça nous ramène à nos enfants,
00:26:34ça nous ramène à nos petits-enfants,
00:26:37si la carrière s'avance.
00:26:40Cette confrontation-là,
00:26:42avec quelque chose d'impossible,
00:26:43la mort, elle ne doit pas toucher,
00:26:45dans nos esprits,
00:26:46elle ne doit pas toucher
00:26:47quelqu'un de jeune en bonne santé,
00:26:49encore moins quelqu'un de très jeune.
00:26:51C'est très difficile.
00:26:51Donc, on a besoin d'une distance.
00:26:56C'est la même chose
00:26:56qui va beaucoup nous toucher
00:26:58dans les agressions
00:26:59et dans les agressions sexuelles
00:27:00sur des mineurs,
00:27:02qui sont des choses
00:27:02qui sont du domaine de l'intolérable.
00:27:04On ne peut pas les imaginer,
00:27:06pourtant, elles sont là
00:27:07et elles sont nombreuses.
00:27:10Et vous racontez avoir autopsié
00:27:13une femme qui subissait
00:27:13des violences conjugales
00:27:15par son mari,
00:27:17avec qui elle avait déjà,
00:27:18avec qui elle avait quatre enfants.
00:27:20Et un peu plus tard,
00:27:23on vous appelle
00:27:24parce qu'il y a un corps
00:27:25qui a été retrouvé,
00:27:26un corps calciné.
00:27:29Et c'est exactement la même femme
00:27:31que vous avez autopsié
00:27:31beaucoup plus tôt
00:27:32parce qu'elle subissait
00:27:33des violences conjugales.
00:27:36Comment vous avez réagi
00:27:38quand vous avez compris
00:27:39qu'il s'agissait de cette femme-là ?
00:27:43Alors, on est toujours très...
00:27:44très gênés
00:27:47lorsqu'on a examiné,
00:27:49pas autopsié,
00:27:50mais examiné
00:27:50une personne de son vivant,
00:27:53qu'on a vu le danger,
00:27:54qu'on a essayé de prévenir,
00:27:56de déclencher des éléments
00:27:58et qu'on va avoir malheureusement
00:28:01la preuve
00:28:03qu'on avait raison
00:28:04sur la dangerosité de l'auteur.
00:28:05C'est toujours très difficile.
00:28:08C'est une sensation d'échec.
00:28:10C'est une sensation d'échec.
00:28:12J'ai quelques sensations d'échec.
00:28:13C'est des sensations d'échec,
00:28:15notamment,
00:28:16une qui me revient,
00:28:17sur un infanticide
00:28:18absolument avéré
00:28:20qui est passé autrement
00:28:22pour la justice
00:28:24parce qu'on a cru
00:28:24que c'était éventuellement
00:28:27une grossesse ignorée
00:28:30par la mère.
00:28:31Ce n'était pas le cas.
00:28:32Ce n'était pas la modalité.
00:28:34Donc, ces éléments-là
00:28:35sont difficiles.
00:28:37Mais on n'est pas juge.
00:28:40On n'est pas celui
00:28:42qui va donner des peines
00:28:43et les avoir.
00:28:45Par contre,
00:28:45ce qui est terrible,
00:28:46c'est qu'effectivement,
00:28:47quelqu'un qu'on aurait voulu protéger,
00:28:48on ne puisse pas le faire.
00:28:49Ça implique que derrière,
00:28:52on fasse beaucoup de choses
00:28:53sur la prévention,
00:28:54sur des phénomènes,
00:28:56puisque la violence,
00:28:57elle s'est beaucoup déplacée
00:28:58à l'intérieur des maisons.
00:29:0160 % à l'heure actuelle
00:29:02des violences faites aux personnes
00:29:04sont au domicile,
00:29:06sont intrafamiliales.
00:29:08Ça veut donc dire aussi
00:29:09que l'auteur de ces violences,
00:29:11ce n'est pas forcément
00:29:13un affreux qui traîne
00:29:14junkie avec des antécédents
00:29:18longs comme ça.
00:29:18Ça peut être n'importe qui.
00:29:21Une des pires histoires
00:29:22que je connaisse
00:29:23d'un homme soumettant sa femme
00:29:27à des multiples
00:29:28par d'autres hommes
00:29:29qu'il fait venir
00:29:30et qui lui imposent ça,
00:29:32est un militaire,
00:29:35un officier.
00:29:39Donc, quelqu'un d'irréprochable,
00:29:41le brave monsieur,
00:29:42qui, au contraire,
00:29:43apparaît tous les 11 novembre
00:29:46dans sa tenue rutilante.
00:29:48Et avec la difficulté
00:29:50de faire malmettre.
00:29:52Et ce que l'on entend,
00:29:53ce que l'on voit,
00:29:54la nature des violences
00:29:55auxquelles on est confronté,
00:29:57qui sont des violences modernes aussi.
00:29:59Les violences,
00:29:59elles sont celles du temps.
00:30:02Quand il y avait,
00:30:03au début du XIXe siècle,
00:30:06ce qu'on appelait
00:30:06les chauffeurs,
00:30:07c'est-à-dire des gens
00:30:08qui venaient dans les fermes
00:30:10et qui chauffaient les pieds
00:30:12des paysans
00:30:13avec les tisons du foyer,
00:30:15pour leur faire avouer,
00:30:16vous avez caché leur argent,
00:30:18leur or,
00:30:19qui avait terrorisé
00:30:20à un moment les campagnes.
00:30:22Il fallait qu'il y ait
00:30:22des fermes isolées,
00:30:24des foyers,
00:30:25qu'on ait tout le temps
00:30:27une marmite dans le feu
00:30:29du foyer de la maison.
00:30:31Aujourd'hui,
00:30:32on a évolué,
00:30:34ça ne se fera pas,
00:30:36mais on va voir des gamins
00:30:37qui sont battus.
00:30:38Celui d'hier,
00:30:39il est battu en disant
00:30:40« Il m'a fouetté
00:30:42avec le câble HDMI
00:30:43des consoles. »
00:30:45On a changé.
00:30:46On n'est plus à sortir la ceinture.
00:30:49On est à faire du harcèlement
00:30:50et du cyberharcèlement
00:30:52parce qu'on en a tous
00:30:53les moyens techniques.
00:30:55Si on veut être dans le mal,
00:30:57on peut utiliser ces moyens-là,
00:30:59donc on va utiliser
00:31:00nos moyens modernes.
00:31:01On va être énormément
00:31:02dans les violences
00:31:03que l'on voit
00:31:04sur des schémas
00:31:05qui sont calqués
00:31:06sur les schémas
00:31:08de la pornographie
00:31:09et les schémas
00:31:10de la pornographie
00:31:11qui sont violents.
00:31:12Les affaires,
00:31:13elles sont là.
00:31:14Il y a des affaires
00:31:15qui sont jugées.
00:31:16Il y a des actrices
00:31:18qui disent
00:31:19« On n'était pas actrice,
00:31:21on était vusés
00:31:23par des groupes. »
00:31:24Il y a eu l'affaire Pellicot.
00:31:26Donc,
00:31:27toutes ces histoires-là,
00:31:28elles nous mettent bien
00:31:29en face d'une réalité
00:31:30qui est la réalité
00:31:30d'aujourd'hui
00:31:31du XXIe siècle,
00:31:32qui est choquante,
00:31:34qui est dérangeante,
00:31:35mais qui est celle
00:31:36qu'il faut prendre
00:31:38aujourd'hui.
00:31:39Et notre violence
00:31:40et la nature de sa violence,
00:31:42elle évolue.
00:31:44Le médecin légiste
00:31:44du XIXe
00:31:45ne voit pas
00:31:46exactement
00:31:47les mêmes choses
00:31:48qu'au XXIe siècle.
00:31:51qu'on ne tape plus
00:31:53les enfants
00:31:53régulièrement
00:31:55un coup de règle,
00:31:56mais on va avoir
00:31:58des violences psychologiques,
00:32:00on va avoir des choses
00:32:01du domaine du harcèlement,
00:32:03et des gamins
00:32:04qui vont être
00:32:05tout aussi mal.
00:32:05donc le problème
00:32:07n'est pas
00:32:08comment on va exercer
00:32:09une violence,
00:32:11c'est plutôt
00:32:12quelle est la nature
00:32:13de la violence
00:32:13et comment on va faire
00:32:14pour éviter
00:32:15qu'elle se reproduise.
00:32:16Et on voit bien
00:32:17l'évolution aussi pénale.
00:32:18le code pénal
00:32:19est un code
00:32:19en permanence
00:32:21changé,
00:32:23en permanente évolution
00:32:24parce que
00:32:25de nouveaux délits,
00:32:26de nouvelles façons
00:32:27d'exister
00:32:28arrivent.
00:32:31La définition du juge
00:32:32aujourd'hui
00:32:32est encore changée.
00:32:34Le consentement
00:32:35vient d'entrer.
00:32:36Mais avant,
00:32:36il y avait aussi
00:32:37le fait
00:32:37qu'était considéré
00:32:39comme un viol,
00:32:40le fait
00:32:40d'être pénétré
00:32:43par un
00:32:45mineur
00:32:46qu'on avait
00:32:47conditionné
00:32:48pour faire ça
00:32:49sur soi-même.
00:32:50Ça a été détourné.
00:32:52Les définitions
00:32:52qui correspondent
00:32:53à des schémas
00:32:54qu'on n'imaginait pas.
00:32:57Et l'agresseur
00:32:59n'est plus
00:33:00un agresseur
00:33:01sauvage.
00:33:02Ça existe
00:33:03toujours,
00:33:03toujours ces éléments-là.
00:33:05Mais la violence
00:33:07elle est souvent
00:33:08à l'intérieur
00:33:08des maisons
00:33:09et terrible
00:33:10avec quelqu'un
00:33:10sur lequel
00:33:11d'apparence
00:33:14à l'extérieur
00:33:15va ressembler
00:33:15irréprochable
00:33:16et qui a des liens
00:33:18avec la victime
00:33:19d'où la difficulté
00:33:20des victimes
00:33:21de parler
00:33:21suffisamment tôt
00:33:23avant que ce soit
00:33:24l'irréparable.
00:33:25On a l'illustration
00:33:25tout le temps
00:33:26avec les féminicides.
00:33:27Malheureusement,
00:33:28chaque jour
00:33:29ou presque,
00:33:30en tout cas,
00:33:30tous les trois jours,
00:33:31on ajoute un nom
00:33:32sur une liste
00:33:33que je vois défiler.
00:33:33Le mari qui a tué
00:33:35sa femme
00:33:36qui l'avait violentée
00:33:38avant
00:33:38va se suicider
00:33:39et vous devez
00:33:41aussi
00:33:41l'autopsier.
00:33:44Et comment
00:33:44vous pouvez,
00:33:45est-ce que
00:33:46dans votre esprit
00:33:47vous faites une différence
00:33:48entre le meurtrier
00:33:50et la victime ?
00:33:51Parce que là,
00:33:51par exemple,
00:33:52dans ce cas-là,
00:33:52vous étiez amené
00:33:53à autopsier les deux.
00:33:55Alors,
00:33:56lors de l'acte technique,
00:33:57on a vraiment besoin
00:33:58de se concentrer
00:33:59sur des constatations.
00:34:02D'abord,
00:34:03parce qu'on est là
00:34:04pour apporter
00:34:04des éléments judiciaires
00:34:06extrêmement solides.
00:34:08Deuxièmement,
00:34:09parce que mentalement,
00:34:10c'est vraiment
00:34:10très important
00:34:11de savoir
00:34:13dans quel cadre
00:34:13on va agir.
00:34:15Si on agit
00:34:15avec un parti pris,
00:34:17en disant
00:34:18lui est le vilain,
00:34:19elle est la gentille,
00:34:21ou ça doit être
00:34:23lui qui a commencé,
00:34:24si ce sont deux personnes
00:34:25qui se sont battues
00:34:26et qui sont encore violentes,
00:34:27on a l'a priori
00:34:29et on laisse
00:34:30la part à l'erreur.
00:34:32Donc,
00:34:33c'est important
00:34:33d'avoir cette partie-là.
00:34:34C'est important
00:34:35pour chasser l'erreur,
00:34:36c'est important aussi
00:34:37parce que
00:34:38quand on a des situations
00:34:39difficiles à vivre
00:34:40humainement,
00:34:42on a besoin
00:34:42de se dire
00:34:43je suis un professionnel
00:34:44confronté
00:34:46à des choses
00:34:46très difficiles,
00:34:47donc je vais travailler
00:34:48comme un professionnel.
00:34:51On est à
00:34:53quelques jours
00:34:54du 25e anniversaire
00:34:55du Concorde,
00:34:56j'ai fait le relevage,
00:34:57et j'ai fait l'identification
00:34:59des victimes
00:34:59avec sur place
00:35:0178% des victimes
00:35:03qui avaient pu
00:35:04être identifiées
00:35:05parce que c'était
00:35:06un décollage,
00:35:07parce que c'est
00:35:08un petit appareil,
00:35:09parce qu'il y avait
00:35:09une liste des passagers,
00:35:11parce qu'il y avait
00:35:11plein d'éléments.
00:35:14Mais si on n'a pas,
00:35:16si on prend ça
00:35:17en plus un phénomène
00:35:18international,
00:35:21international,
00:35:23parce qu'en plus
00:35:24les passagers
00:35:24étaient allemands
00:35:26pour la très grande partie,
00:35:29si on se laisse
00:35:30absorber par ça,
00:35:31on n'est plus
00:35:32dans son constat,
00:35:33on n'est plus
00:35:33dans ses éléments,
00:35:33on est désorienté.
00:35:34Donc on a besoin
00:35:35de ça.
00:35:37Lorsque j'interviens
00:35:38sur la mort
00:35:38des frères Kouachi,
00:35:39on est dans plein
00:35:40Charlie Hebdo,
00:35:40la France entière
00:35:41est en train
00:35:42de bouger.
00:35:43la France entière
00:35:44va se lever
00:35:45quelques jours après
00:35:46et avoir cette immense
00:35:47manifestation
00:35:48en est Charlie.
00:35:52Sur ce moment-là,
00:35:53c'est parce qu'on me demande,
00:35:54on ne me demande pas
00:35:55d'être,
00:35:57on me demande
00:35:57d'apporter
00:35:58des éléments techniques,
00:35:59de faire en sorte
00:36:00que le parquet national
00:36:01antiterroriste,
00:36:02parce que là,
00:36:02on est monté d'un niveau,
00:36:04puisse avoir des éléments
00:36:05qui sont fiables
00:36:06pour son enquête
00:36:06de parquet national
00:36:07antiterroriste.
00:36:09Donc ces éléments-là,
00:36:10ils sont très importants.
00:36:11et si on les prend
00:36:12en direct
00:36:13et qu'on se laisse
00:36:14imbiber
00:36:15comme des gens externes,
00:36:18c'est très difficile.
00:36:19C'est pour ça
00:36:19que tous les professionnels
00:36:20qui interviennent
00:36:21sur des scènes de crime,
00:36:22qui interviennent
00:36:22avec moi,
00:36:24ont un rôle à jouer.
00:36:26Je dis,
00:36:26on n'entre pas
00:36:27sur une scène de crime
00:36:28si on n'a pas
00:36:28quelque chose à y faire.
00:36:30Vous avez à prendre
00:36:30des notes,
00:36:31vous pouvez entrer.
00:36:32Vous avez à prendre
00:36:33des photos,
00:36:34vous pouvez entrer.
00:36:35Habillé,
00:36:36mis en tenue blanche,
00:36:38en ayant mis un masque,
00:36:39des gants,
00:36:40tout ce qu'il faut,
00:36:41pour intervenir
00:36:42sur cette scène.
00:36:44Et ça veut dire
00:36:45que vous êtes donc
00:36:46professionnels
00:36:46sur cette scène-là
00:36:47et que même si les choses
00:36:49sont difficiles à voir,
00:36:50voire intenables,
00:36:51vous êtes intervenus
00:36:52comme professionnels,
00:36:54vous avez vu des choses
00:36:55difficiles
00:36:56comme professionnels,
00:36:57pas comme témoins.
00:36:59Et ces choses-là
00:36:59comme témoins
00:37:00sont insoutenables.
00:37:01et donc celui
00:37:03qui regarderaient
00:37:04ou qui viendraient
00:37:05voir pour voir
00:37:06va prendre
00:37:07des images
00:37:07qui sont extrêmement
00:37:08difficiles
00:37:09et ne va pas
00:37:10avoir
00:37:11d'utilité,
00:37:14donc perturber
00:37:15et polluer
00:37:16la scène
00:37:16et les traces
00:37:17et indices.
00:37:18Ça,
00:37:18c'est le côté
00:37:19très médico-légal.
00:37:20Au point de vue
00:37:21psychologique,
00:37:21il va se charger
00:37:22d'images
00:37:22extrêmement difficiles,
00:37:24toujours plus difficiles
00:37:25pour un témoin
00:37:28qui va être
00:37:30totalement inactif
00:37:30sur un accident
00:37:31de la voie publique,
00:37:33de regarder
00:37:34la personne
00:37:34en train de gémir.
00:37:36Par contre,
00:37:37s'il prend un téléphone
00:37:38et qu'il appelle
00:37:38les secours
00:37:39ou s'il fait des signes
00:37:41pour qu'il n'y ait pas
00:37:42un sur-accident
00:37:43avec d'autres véhicules,
00:37:45il va avoir vu
00:37:45les mêmes choses
00:37:46mais il va les avoir
00:37:47agis.
00:37:49Il va s'être situé.
00:37:50Et donc mentalement,
00:37:51c'est beaucoup plus facile.
00:37:52Il a eu un rôle
00:37:54à tenir.
00:37:54Le rôle de celui
00:37:57qui va regarder
00:37:58va être très difficile.
00:37:59Donc,
00:38:00on est toujours
00:38:02dans les choses
00:38:03délicates.
00:38:05Notre médecine,
00:38:06c'est une médecine
00:38:07de l'excès,
00:38:08de l'excès de la violence,
00:38:09de l'excès...
00:38:11On est dans des choses
00:38:12où l'humain nous heurte,
00:38:15l'humain nous heurte
00:38:16parce qu'il va faire
00:38:18exactement tout ce
00:38:19qu'on ne voudrait pas
00:38:20qu'il fasse.
00:38:23Et ça nous amène
00:38:24à des choses
00:38:24qui sont parfois
00:38:25du domaine
00:38:26de l'indicible.
00:38:28Là, en l'occurrence,
00:38:29vous parlez de choc.
00:38:31Vous, comment vous gérez
00:38:32vos émotions
00:38:33quand vous assistez
00:38:35à des scènes
00:38:35qui peuvent être
00:38:36très très choquantes ?
00:38:39Alors, il y a toujours
00:38:40un temps où, effectivement,
00:38:42la conduite professionnelle
00:38:43doit être très très forte,
00:38:46nécessaire.
00:38:46Et plus la scène est choquante,
00:38:48plus on doit se situer
00:38:49et se resituer
00:38:50et se reconditionner
00:38:51en tant que professionnel.
00:38:52Je fais quelque chose.
00:38:54Et puis,
00:38:55il y a toujours
00:38:55dans les scènes
00:38:56où, lorsqu'on voit
00:38:57des victimes
00:38:58avec des choses
00:38:58très difficiles
00:38:59à entendre,
00:39:01il y a toujours
00:39:02la nécessité
00:39:02de parfois un temps
00:39:03avant la rédaction.
00:39:04de l'élection
00:39:05de nos rapports
00:39:06autour de nos éléments.
00:39:08On va prendre un peu
00:39:09ce temps de réflexion
00:39:10pour pouvoir
00:39:10ne pas écrire un show
00:39:13et ne pas écrire
00:39:13dans ce qui peut être
00:39:15l'émotion.
00:39:16Et puis après,
00:39:17on a besoin
00:39:17de beaucoup d'équilibre.
00:39:18Beaucoup d'équilibre.
00:39:20Donc, le fait de le trouver,
00:39:21d'avoir, voilà,
00:39:22heureusement,
00:39:24une campagne comprensive
00:39:26et des moments
00:39:28de tranquillité,
00:39:29c'est absolument nécessaire.
00:39:30C'est un métier
00:39:31où
00:39:31le déséquilibre
00:39:34peut guetter.
00:39:35Ce sont des métiers
00:39:36difficiles.
00:39:37C'est l'exposition
00:39:38que peuvent avoir
00:39:39des policiers
00:39:40qui vont faire des choses.
00:39:42Et il y a des choses
00:39:42que je ne ferai pas.
00:39:44Je ne voudrais pas,
00:39:45par exemple,
00:39:46être
00:39:46un des policiers
00:39:49ou des gendarmes
00:39:50qui visionnent
00:39:52des scènes
00:39:54dans les
00:39:55violences
00:39:56biographiques.
00:39:58Ils sont obligés
00:39:59de regarder
00:39:59le contenu
00:40:00d'un ordinateur
00:40:00qui, pour moi,
00:40:03est l'abomination
00:40:04des abominations.
00:40:06Déjà,
00:40:06entendre les enfants
00:40:07raconter ça,
00:40:09c'est extrêmement difficile.
00:40:12Être confronté
00:40:13avec le réel
00:40:15et en permanence.
00:40:17D'ailleurs,
00:40:18ils le savent,
00:40:19ils ont un soutien
00:40:19psychologique
00:40:20et plein de choses.
00:40:21Donc, nos métiers
00:40:22nous exposent
00:40:22à avoir des choses
00:40:23très difficiles
00:40:24qui sont
00:40:25du premier rang.
00:40:29On est les soldats
00:40:31au front
00:40:31de la première ligne.
00:40:33Donc,
00:40:33rien ne nous est épargné.
00:40:34On est là.
00:40:36On est véritablement
00:40:37sur place.
00:40:38Est-ce que vous,
00:40:38en tant que médecin légiste,
00:40:40vous pouvez avoir besoin
00:40:42d'un soutien psychologique ?
00:40:44Alors,
00:40:45le soutien psychologique,
00:40:47oui,
00:40:47c'est intéressant.
00:40:48Heureusement,
00:40:48dans nos équipes
00:40:49aux unités médico-judiciaires,
00:40:51il y a des psychologues
00:40:51et on débriefe
00:40:52des cas
00:40:53un peu plus difficiles.
00:40:55Et on voit
00:40:56que,
00:40:56d'ailleurs,
00:40:57le soutien,
00:40:59dans les histoires
00:41:00qu'on a eues,
00:41:01des histoires importantes,
00:41:03difficiles,
00:41:05d'incendie dans des maisons
00:41:08avec une partie
00:41:09de la famille
00:41:09rescapée ou non,
00:41:10enfin,
00:41:11des choses vraiment
00:41:11tout à fait dramatiques,
00:41:15eh bien,
00:41:15on s'aperçoit
00:41:15que les gens
00:41:16qui sont un petit peu
00:41:16plus loin dans le service
00:41:18et qui ne font qu'accueillir
00:41:19ou qui prennent
00:41:21beaucoup des histoires
00:41:22que les gens vont en parler
00:41:23et ceux qui ont
00:41:25un rôle professionnel
00:41:26ont besoin de ça.
00:41:28Le jour,
00:41:29ça me débordera
00:41:30psychologiquement,
00:41:32je pense que
00:41:33j'arrêterai.
00:41:36Par contre,
00:41:36j'utilise beaucoup
00:41:37tout ce qui est
00:41:39le fait d'écrire
00:41:40à faire des ouvrages,
00:41:48des conférences
00:41:49pour des professionnels
00:41:50de la formation
00:41:51nous permet de dire
00:41:52j'ai vécu,
00:41:53j'ai vu des choses
00:41:54qui sont intolérables,
00:41:56mais c'est utile
00:41:57parce que
00:41:57je vais l'enseigner
00:41:59à de futurs médecins légistes,
00:42:00je vais l'enseigner
00:42:01à de futurs orientistes,
00:42:02je vais l'enseigner
00:42:03à de futurs officiers
00:42:04de police judiciaire
00:42:05et leur apporter
00:42:07des éléments
00:42:08qui vont être utiles.
00:42:09Là encore,
00:42:10le côté
00:42:11je me place
00:42:12en professionnel
00:42:13fait que
00:42:13ce que j'ai vu
00:42:14me permet
00:42:15de tenir
00:42:18un petit peu
00:42:19de façon stable.
00:42:22Oui,
00:42:23plus je parle,
00:42:24plus je pense
00:42:25que la stabilité
00:42:26dans ce métier
00:42:26est importante.
00:42:29Vous intervenez
00:42:30dans une maison
00:42:31de retraite
00:42:31où les pensionnaires
00:42:33sont maltraités
00:42:34et pour certains
00:42:35vont potentiellement
00:42:37en mourir
00:42:38de ces maltraitances.
00:42:40Vous le dites
00:42:41dans votre livre
00:42:42que ce sont
00:42:43potentiellement
00:42:44des confrères
00:42:45qui en sont responsables.
00:42:47Vous,
00:42:50qu'est-ce qu'on peut
00:42:51ressentir ?
00:42:52Comment vous acceptez
00:42:54cette chose
00:42:55du fait que
00:42:55ce sont des confrères
00:42:57qui peuvent
00:42:58commettre
00:42:59ces abominations ?
00:43:01Là,
00:43:02c'est très difficile.
00:43:05Effectivement,
00:43:06quand on est
00:43:07confronté
00:43:08comme médecin légiste
00:43:09aux morts
00:43:10et aux vivants,
00:43:10là,
00:43:11on a cette découverte-là
00:43:13qui est sur
00:43:13la dénonciation,
00:43:16le signalement
00:43:16en tout cas
00:43:17par un
00:43:19des aides-soignants.
00:43:21C'est intolérable
00:43:21ce qui se passe
00:43:22et on va découvrir
00:43:23une maison de l'horreur
00:43:24avec des personnes
00:43:25véritablement
00:43:26laissées
00:43:27à l'abandon,
00:43:28dégradées,
00:43:29abandonnées.
00:43:30Et cette grande
00:43:32indifférence,
00:43:33alors des familles
00:43:34qui ne viennent pas
00:43:34les voir
00:43:35et qui les laissent là,
00:43:36des soignants
00:43:39qui acceptent ça,
00:43:42elles nous interrogent
00:43:43beaucoup,
00:43:44elles nous interrogent
00:43:45beaucoup,
00:43:45elles nous interrogent
00:43:45beaucoup sur
00:43:46ce qu'on peut
00:43:47admettre
00:43:48sur nos devoirs
00:43:50éthiques.
00:43:54Ce qui est important
00:43:55à ce moment-là
00:43:56pour le médecin légiste,
00:43:57c'est de dire
00:43:57que la personne
00:43:58n'a pas eu
00:43:59les traitements
00:44:00adéquats,
00:44:01n'a pas eu
00:44:02ces éléments.
00:44:03Il faut bien rester aussi
00:44:04dans notre position,
00:44:05je ne suis pas juge,
00:44:06je ne suis pas
00:44:07le conseil ordinal,
00:44:08donc je n'ai pas
00:44:09à me prononcer,
00:44:10même si j'ai un avis,
00:44:11mais qui est un avis
00:44:12en dehors
00:44:13de ce qui m'est demandé,
00:44:15mais ça ne peut
00:44:18que me renforcer
00:44:19en disant
00:44:20je vais essayer
00:44:21de dégager
00:44:22un peu plus
00:44:22d'humanité
00:44:23dans mon exercice
00:44:25parce que ce que j'ai vu
00:44:27m'a choqué
00:44:28sur ce que je croyais
00:44:31être la médecine
00:44:32et son engagement
00:44:33et c'est véritablement
00:44:35des choses très importantes.
00:44:36mais l'histoire
00:44:38recèle
00:44:39de médecins
00:44:40pas terribles,
00:44:42voire même
00:44:43de médecins
00:44:43abominables,
00:44:44n'oublions pas
00:44:44qu'un des procès
00:44:45de Nuremberg
00:44:46n'a concerné
00:44:47que des médecins
00:44:48avec encore des choses
00:44:51qui ont été
00:44:51longtemps gardées,
00:44:53il y a assez peu de temps,
00:44:55la faculté de médecine
00:44:56de Strasbourg
00:44:57s'est défait
00:44:58d'un lot
00:44:59de pièces anatomiques
00:45:00précieusement conservées
00:45:01qui étaient simplement
00:45:02des pièces anatomiques
00:45:07des déportés
00:45:08qui avaient été
00:45:09victimes
00:45:10d'expériences
00:45:11monstrueuses
00:45:12au temps du Struthoff,
00:45:13dans le camp du Struthoff
00:45:14qui n'est pas loin
00:45:15de Strasbourg.
00:45:17Et est-ce que
00:45:19vous pouvez nous...
00:45:21Est-ce qu'aujourd'hui
00:45:21vous savez pourquoi
00:45:22vos confrères
00:45:25agissaient ainsi
00:45:26envers ?
00:45:26C'est parce qu'il y avait
00:45:27un manque de temps,
00:45:28un manque de matériel,
00:45:30on sait que bon,
00:45:31dans les maisons de retraite
00:45:31souvent le personnel
00:45:33est très très débordé,
00:45:34là est-ce que vous saviez
00:45:35enfin est-ce que vous savez
00:45:36quelle est la raison de...
00:45:38Alors,
00:45:39il y a toujours
00:45:40des enchaînements,
00:45:41il y a toujours
00:45:42des enchaînements,
00:45:43là on descendait
00:45:45peu à peu
00:45:46de niveau
00:45:47de maisons de retraite,
00:45:48c'était des gens
00:45:49dont...
00:45:50qu'il était
00:45:51compliqué de garder
00:45:53parce qu'ils nécessitaient
00:45:54beaucoup de soins,
00:45:56mais qui n'avaient pas
00:45:56en même temps
00:45:57de prise en charge
00:45:59sociale suffisante,
00:46:01ou des familles
00:46:02avec les moyens
00:46:03pour leur accorder
00:46:04une prise en charge
00:46:06adéquate,
00:46:07et on finissait
00:46:09par les accepter,
00:46:10tout le monde
00:46:10fermait un peu
00:46:11les yeux sur le fait
00:46:12que c'était un peu
00:46:13moins bien,
00:46:13mais que sinon
00:46:15ils devaient être
00:46:15au domicile,
00:46:16enfin les institutions
00:46:17aussi,
00:46:18les institutions
00:46:19de contrôle,
00:46:20elles existent,
00:46:21il y a des agences
00:46:22régionales de la santé,
00:46:23donc tout le monde
00:46:26a un peu fermé
00:46:27les yeux
00:46:27sur ces histoires,
00:46:28c'est toujours
00:46:29des petits glissements
00:46:29qui amènent,
00:46:31vous savez,
00:46:31dans l'histoire
00:46:32on voit toujours
00:46:33des petits glissements,
00:46:34des petits glissements
00:46:35de disparition,
00:46:37d'une liberté,
00:46:38puis d'une deuxième,
00:46:38puis d'une troisième,
00:46:39les petits glissements
00:46:40d'une...
00:46:43d'un mauvais comportement éthique
00:46:47et qui en génère
00:46:49un autre,
00:46:49puis un troisième,
00:46:50tout doucement,
00:46:51il n'y a pas brusquement,
00:46:53on ne passe pas
00:46:53du blanc au noir,
00:46:54il y a toujours
00:46:56un espace,
00:46:57un espace de gris.
00:46:58Donc ça,
00:46:59ça nous interroge beaucoup,
00:47:00la médecine légale,
00:47:01elle nous interroge franchement,
00:47:02mais je vais me retrancher
00:47:05derrière un petit peu
00:47:06mon droit de réserve
00:47:07puisque je suis toujours
00:47:08en exercice
00:47:08et très activement,
00:47:10mais j'aurais sans doute
00:47:11beaucoup de choses
00:47:12à dire sur le plan éthique,
00:47:14mais ce sera l'objet
00:47:14d'un autre livre
00:47:16parce que,
00:47:17effectivement,
00:47:18ce qu'on voit là,
00:47:20notre approche,
00:47:20l'approche du médecin légiste,
00:47:21il approche,
00:47:22il n'est pas loin
00:47:22d'approcher l'âme humaine
00:47:24d'une certaine façon
00:47:24sur des côtés de noirceurs
00:47:26et c'est cela
00:47:27qui nous intéresse finalement.
00:47:29Est-ce qu'on réussit
00:47:30à s'habituer aux morts
00:47:31ou à l'odeur ?
00:47:33Alors,
00:47:34tout ce qui est
00:47:35l'odeur de la mort,
00:47:40l'aspect,
00:47:42la violence,
00:47:43on finit par s'y habituer,
00:47:45on finit par s'y habituer
00:47:46en tant que professionnel.
00:47:48On est toujours choqué
00:47:49par la différence,
00:47:51je le raconte,
00:47:52par la différence
00:47:53entre ce corps
00:47:58qui devrait être
00:47:59un corps en pleine vie
00:48:00et la mort
00:48:03qui l'a frappée.
00:48:03C'est toujours très difficile.
00:48:05Je pense que c'est
00:48:06en tout cas plus difficile
00:48:07pour un professionnel
00:48:09que de voir un corps
00:48:11qui est désarticulé.
00:48:12alors c'est une image
00:48:13absolument odieuse
00:48:14d'un corps désarticulé
00:48:15pour quelqu'un
00:48:16qui n'a jamais vu ça,
00:48:18mais c'est aussi
00:48:20quelque chose
00:48:20qui est loin
00:48:21de la réalité,
00:48:24d'une figure humaine,
00:48:25on va dire.
00:48:26Et le fait
00:48:26de ne plus avoir
00:48:27cette figure,
00:48:28de ne plus avoir
00:48:28le regard de l'autre,
00:48:30les vidas disaient
00:48:31que l'autre
00:48:32était dans le regard,
00:48:33et bien le fait
00:48:34de ne plus avoir
00:48:35ce regard-là
00:48:35fait qu'on peut
00:48:38prendre une distance,
00:48:39même si c'est très choquant,
00:48:40même si tous les gens
00:48:42nous disent
00:48:42qu'ils sont admiratifs
00:48:44de nous voir travailler,
00:48:46on est simplement
00:48:47très professionnels
00:48:48à ce moment-là,
00:48:50et on prend
00:48:51la distance nécessaire.
00:48:53Mais ce qui va être difficile,
00:48:55c'est la confrontation
00:48:56avec une mort impossible,
00:48:58théoriquement impossible,
00:48:59et puis cette mort
00:49:00qui est là,
00:49:00qui est bien réelle.
00:49:02Donc ça,
00:49:02c'est un choc,
00:49:03c'est un choc important,
00:49:04mais qui est beaucoup plus
00:49:05un choc psychique.
00:49:07Et puis,
00:49:07tout ce qui est
00:49:08effectivement
00:49:09de cette odeur
00:49:11acre de la mort,
00:49:12ces aspects-là,
00:49:16eh bien,
00:49:17on finit par s'y habituer,
00:49:20éventuellement utiliser
00:49:21un petit peu
00:49:21des substances
00:49:24pour se boucher
00:49:25un peu le nez,
00:49:26parce qu'on a des choses
00:49:28qui ne sont pas forcément
00:49:28très sympathiques.
00:49:30Vous êtes intervenu
00:49:31en tant que médecin légiste
00:49:33dans un massacre familial
00:49:35et la mère
00:49:39est totalement défigurée,
00:49:41elle est méconnaissable
00:49:42et vous dites
00:49:44que vous êtes
00:49:45sur les lieux
00:49:46du crime
00:49:47et vous entendez
00:49:48du bruit
00:49:49et un peu plus tard,
00:49:50vous apprenez
00:49:51qu'il s'agissait
00:49:51du meurtrier.
00:49:52Est-ce que vous pouvez
00:49:53nous raconter
00:49:54cette histoire
00:49:55et comment vous avez
00:49:58réagi ?
00:49:59Est-ce que vous avez eu peur
00:50:00quand vous avez entendu
00:50:01qu'il était revenu
00:50:02sur les lieux du crime
00:50:03alors que vous étiez
00:50:03en train de travailler ?
00:50:05Alors, on est sur une scène
00:50:06d'abomination,
00:50:08c'est un crime familial
00:50:11par un jeune adolescent,
00:50:17un presque adulte,
00:50:21avec un des derniers
00:50:23crime cannibale en France,
00:50:25puisqu'il y aura même
00:50:26des actes de cannibalisme
00:50:27et de destruction,
00:50:29donc quelque chose
00:50:29d'absolument monstrueux.
00:50:32On est complètement concentré
00:50:33sur une des victimes,
00:50:34elles sont toutes défigurées,
00:50:36c'est vraiment
00:50:36tout à fait dramatique,
00:50:38et on est dans
00:50:39un grand pavillon,
00:50:40très beau,
00:50:41de grandes pièces,
00:50:45tout propre,
00:50:46sauf les scènes de crime
00:50:47qui maculent ça de sang,
00:50:50et on entend
00:50:51un peu de bruit,
00:50:52on s'étonne un peu
00:50:53parce qu'on a demandé
00:50:57que le pavillon entier
00:50:58soit une scène de crime,
00:50:59donc que personne n'entre
00:51:00en dehors
00:51:02de l'enquêteur,
00:51:03qui fait les photos,
00:51:05et de moi-même.
00:51:06Donc on est vraiment
00:51:06trois complètement habillés,
00:51:08faisant les scènes
00:51:09avec une rigueur
00:51:11de gendarmerie technique
00:51:13et scientifique,
00:51:13puisque c'est une zone
00:51:15de gendarmerie.
00:51:17Et on va se préoccuper
00:51:20un petit peu de ce bruit,
00:51:21qu'est-ce que c'est que ça,
00:51:21mais on ne connaît pas
00:51:22la maison,
00:51:23et on fait un peu plus
00:51:25de bruit,
00:51:26on signale vocalement,
00:51:29on s'aperçoit
00:51:30qu'on est au premier étage,
00:51:32puis plus de bruit,
00:51:34et ça va être
00:51:35dans un temps second
00:51:36que les enquêteurs,
00:51:40ayant fait déjà
00:51:41un premier jeu de photos,
00:51:43quand on va intervenir,
00:51:46reprenant le lendemain
00:51:47le même jeu de photos,
00:51:49on s'aperçoit,
00:51:50on s'aperçoit
00:51:50qu'il y a des gouttes,
00:51:52des gouttes de sang
00:51:53qui sont surajoutées,
00:51:54donc il y a bien quelqu'un
00:51:55qui est passé
00:51:55du sous-sol
00:51:56au rez-de-chaussée,
00:51:58ou presque au rez-de-chaussée,
00:51:59on a commencé
00:52:01l'escalier du sous-sol,
00:52:03et c'est le tueur,
00:52:05le tueur revenu
00:52:06chercher des armes,
00:52:06il pense qu'il y a encore
00:52:07une machette
00:52:08et des machettes cachées
00:52:09dans une chambre,
00:52:11il va revenir pour ça,
00:52:13entendant du bruit,
00:52:13il va repartir,
00:52:15mais on a failli
00:52:15se trouver des années,
00:52:17et on apprend ça,
00:52:19et dans le contexte,
00:52:21et dans cette volonté
00:52:22de tuer,
00:52:23rétrospectivement,
00:52:24ça fait un petit peu
00:52:25froid dans le dos.
00:52:27Sur le coup,
00:52:27l'inquiétude n'était pas là,
00:52:28mais en tout cas,
00:52:30très équipé,
00:52:30comme nous sommes
00:52:31en tenue
00:52:32quasiment de scaphandrier,
00:52:35on n'est pas dans des facilités
00:52:37de se défendre
00:52:38devant quelqu'un
00:52:39qui arrive avec une machette,
00:52:40donc je suis là
00:52:41pour raconter
00:52:42qu'il est revenu,
00:52:44c'est une chance,
00:52:45et surtout
00:52:45qu'il n'ait pas monté plus
00:52:47les marches
00:52:48de cet escalier,
00:52:49comme quoi,
00:52:50la distance entre la vie
00:52:51et la mort,
00:52:51parfois,
00:52:52c'est un escalier,
00:52:54un seul étage.
00:52:54Maude a été victime
00:52:59d'un meurtre prémédité
00:53:00qui n'a jamais été
00:53:02élucidé
00:53:03malgré une grande enquête,
00:53:05est-ce que vous avez,
00:53:07lorsque vous êtes confronté
00:53:08malheureusement
00:53:08à des affaires un peu
00:53:09cold case,
00:53:10est-ce qu'il y a
00:53:10une forme de déception,
00:53:12une forme d'échec,
00:53:14comment,
00:53:16qu'est-ce que vous pouvez faire,
00:53:17vous,
00:53:17en tant que médecin légiste ?
00:53:18Alors,
00:53:20on fait totalement partie
00:53:20de l'enquête,
00:53:21on fait totalement partie
00:53:24de l'enquête
00:53:24et tous les éléments
00:53:25qu'on va essayer de donner
00:53:26vont être des éléments
00:53:29où on espère
00:53:30qu'il y aura,
00:53:31avec les laboratoires
00:53:31de police scientifique
00:53:32qui vont les exploiter,
00:53:34une solution,
00:53:36une réponse.
00:53:37Et on est affreusement déçus
00:53:39quand il n'y a rien,
00:53:41surtout quand cette mort,
00:53:42elle est d'une violence,
00:53:44d'une brutalité,
00:53:45d'une horreur totale.
00:53:46Une horreur totale
00:53:48que je raconte
00:53:50et qui a été racontée
00:53:51après aussi
00:53:53par Dominique Molle
00:53:54quand il s'en est emparé
00:53:55pour faire le film
00:53:56La nuit du 12.
00:53:57Eh bien,
00:53:57c'est cette histoire-là
00:53:58changée de lieu
00:54:00qu'on raconte
00:54:02et puis moi,
00:54:04dans le médecin légiste,
00:54:04ce que je raconte
00:54:05sur place,
00:54:07sur les lieux.
00:54:09Et donc,
00:54:11c'est des moments
00:54:11où on va véritablement
00:54:12essayer de tout avoir fait,
00:54:15les meilleurs repérages,
00:54:16de donner ces photos
00:54:17plus détaillées
00:54:18aux enquêteurs,
00:54:19de faire un rapport
00:54:20qui va être plus solide,
00:54:22plus axé,
00:54:25de s'enquérir aussi
00:54:26des résultats
00:54:27de police scientifique.
00:54:29Est-ce qu'on a identifié
00:54:30le comburant utilisé ?
00:54:32Est-ce qu'on a des éléments
00:54:33sur le jerrycan
00:54:34qu'on a retrouvés ?
00:54:35Donc là,
00:54:36dès le départ,
00:54:36on est dans une totale concentration
00:54:38pour essayer
00:54:39de ressortir quelque chose.
00:54:41Et comme eux,
00:54:42eh bien,
00:54:42on a cette terrible déception.
00:54:43et terrible déception
00:54:45qui,
00:54:47quand on y réfléchit,
00:54:48est encore plus forte
00:54:49parce que
00:54:49qui peut attendre
00:54:51cette jeune femme
00:54:52dans un endroit
00:54:53aussi tranquille,
00:54:55en plein milieu de la nuit,
00:54:57en ayant pensé
00:54:58à prendre
00:54:58de quoi jeter
00:55:00un liquide inflammable
00:55:01et un briquet
00:55:02pour l'allumer ?
00:55:04Donc,
00:55:05c'est bien une préméditation.
00:55:06Eh bien,
00:55:06quelqu'un qui attend.
00:55:08Et si on l'attend,
00:55:09elle,
00:55:10parce que personne
00:55:11ne passe dans cette rue,
00:55:12on y est retourné
00:55:13plusieurs fois,
00:55:14c'est une rue
00:55:14d'un calme total.
00:55:15Il doit passer une personne
00:55:16toutes les demi-heures.
00:55:19Donc,
00:55:19c'est évident
00:55:19qu'il n'y a pas quelqu'un
00:55:20qui attend une heure
00:55:21le passage d'une personne.
00:55:24Donc,
00:55:24il est là
00:55:24pour attendre
00:55:25spécifiquement.
00:55:27Donc,
00:55:28c'est un proche.
00:55:30Ce n'est pas un hasard.
00:55:32Elle n'est pas agressée
00:55:33en sortant d'une fête
00:55:35où il y a beaucoup de gens
00:55:36qui peuvent se brasser,
00:55:37se mélanger.
00:55:38Elle est toute seule.
00:55:40Donc,
00:55:41ce proche,
00:55:41qui est-il ?
00:55:43Et là,
00:55:44ça laisse effectivement
00:55:45des interrogations.
00:55:47On n'est pas loin
00:55:47dans cette histoire
00:55:48d'avoir la même chose.
00:55:49C'est un proche
00:55:50qui a fait quelque chose
00:55:53d'absolument abominable,
00:55:55mais dont on ne connaît pas
00:55:56l'identité.
00:55:57On parlait du petit Grégory
00:55:58tout à l'heure.
00:55:59On est un peu
00:55:59dans ce même cadre-là.
00:56:00Vous imaginez l'envie
00:56:02qu'on peut avoir
00:56:04de connaître le nom,
00:56:07d'avoir cet auteur-là.
00:56:09Et qui peut-il être ?
00:56:11Et qui peut-il être
00:56:12pour vivre encore avec ça ?
00:56:14Ce sont des questions
00:56:15au-delà de notre entretien.
00:56:19Est-ce que, parfois,
00:56:20vous êtes amené
00:56:21à témoigner au tribunal ?
00:56:24Alors,
00:56:24le médecin légiste
00:56:25est un pilier des assises.
00:56:27Le médecin légiste
00:56:28est un pilier des assises
00:56:29pour les affaires
00:56:30criminels.
00:56:31On est aussi cité
00:56:32quelques fois
00:56:34devant des chambres correctionnelles
00:56:36pour des lésions
00:56:37un petit peu moins importantes.
00:56:39On est massivement utilisé
00:56:41pour toutes les expertises.
00:56:42Le dommage corporel,
00:56:43parce que quand la victime,
00:56:45l'auteur a été jugé,
00:56:48la victime peut avoir
00:56:49une réparation.
00:56:51Cette réparation
00:56:52de dommage corporel,
00:56:54ça revient au début
00:56:55de mon histoire
00:56:56dans la médecine légale,
00:56:57pourquoi elle avait commencé.
00:56:59Eh bien,
00:56:59c'est de donner cet élément.
00:57:01Et puis,
00:57:01devant les assises,
00:57:02on va reporter,
00:57:03rapporter
00:57:04tout ce qu'on a constaté
00:57:07au départ
00:57:08et être véritablement
00:57:10la pierre d'achoppement
00:57:11sur les constats,
00:57:14notamment devant,
00:57:15maintenant,
00:57:15les chambres criminelles aussi,
00:57:17puisque les chambres
00:57:18sont jugées
00:57:19devant des chambres criminelles.
00:57:20et aussi devant des courbes d'assises
00:57:23à huis clos,
00:57:25où on pénètre
00:57:26et on est véritablement
00:57:27le point parfois unique,
00:57:30central des lésions,
00:57:32confrontées aux questions
00:57:33des avocats,
00:57:36confrontées aux questions
00:57:37de la défense,
00:57:38confrontées aux précisions
00:57:40demandées par l'avocat général,
00:57:42et puis aux précisions
00:57:44pour le jury
00:57:44ou pour les magistrats professionnels
00:57:48si c'est une cour criminelle.
00:57:50Et de plus en plus,
00:57:51on est sollicité aussi,
00:57:53très techniquement,
00:57:54parce qu'il y a maintenant
00:57:55un appel d'assises,
00:57:57et dans ces appels d'assises,
00:57:58on voit arriver
00:57:58les ténors du barreau
00:57:59qui font la défense,
00:58:02et on voit arriver
00:58:02ces ténors du barreau
00:58:03qui vont poser
00:58:04des questions très techniques,
00:58:06parce que s'il y a eu des assises
00:58:08et un appel d'assises
00:58:09et déjà une condamnation,
00:58:10la culpabilité de l'auteur
00:58:12est reconnue,
00:58:12plus ou moins,
00:58:14et on va être en train
00:58:15de poser des questions
00:58:17très pratiques,
00:58:18en disant,
00:58:19est-ce que le coup porté
00:58:20a été la seule raison
00:58:23de la mort ?
00:58:24Est-ce que la personne
00:58:25était malade
00:58:27et que le coup
00:58:29a précipité un petit peu,
00:58:31ou que sa maladie
00:58:33a facilité
00:58:34l'évolution vers la mort ?
00:58:37Donc on va avoir
00:58:37des éléments techniques,
00:58:39et puis on va avoir
00:58:39des éléments sur lesquels
00:58:40les avocats
00:58:41s'entourent aussi
00:58:42de conseils
00:58:42en disant,
00:58:44c'est pas possible,
00:58:45l'ordre de la détation
00:58:47de la mort
00:58:47n'est pas la bonne,
00:58:49sur quoi vous reposez
00:58:50vous,
00:58:50sur tout un tas
00:58:51de choses.
00:58:52Et ces discussions-là
00:58:53nous obligent
00:58:55à avoir,
00:58:56là encore,
00:58:56une solidité scientifique.
00:58:59Si on ne l'a pas eu
00:59:00au départ,
00:59:01devant la cour d'assises,
00:59:03on est aussi jugé,
00:59:05et on est aussi jugé
00:59:05pour montrer
00:59:06qu'on a cru
00:59:08à quelque chose,
00:59:08mais qu'on n'a pas apporté
00:59:10d'éléments de vérité
00:59:11scientifique.
00:59:12Et la démarche
00:59:14que j'indiquais,
00:59:16avec, dès le départ,
00:59:17cette nécessité de rigueur,
00:59:19eh bien,
00:59:20si on ne l'a pas eu,
00:59:21quelque temps après,
00:59:23devant une cour d'assises,
00:59:24on va apprendre
00:59:25qu'il faut l'avoir.
00:59:25parce que là,
00:59:28véritablement,
00:59:29on est aussi potentiellement
00:59:31l'échec
00:59:32de ce procès.
00:59:36Si on n'a pas pensé
00:59:37à faire les prélèvements,
00:59:39s'ils ont mal été conditionnés,
00:59:41si on n'a pas ces éléments,
00:59:42on va se retrouver avec,
00:59:45oui,
00:59:45une victime qui déclare
00:59:46avoir été victime d'un...
00:59:48mais pas l'ADN
00:59:49parce que
00:59:50on ne l'a pas pris,
00:59:51on ne l'a pas bien prélévé,
00:59:53on n'a pas eu
00:59:54les bonnes conditions
00:59:55de conservation,
00:59:56on n'a pas pensé
00:59:57en termes de chaînes
00:59:59de laboratoire.
01:00:01Et tout ce qu'on peut imaginer
01:00:04est perdu.
01:00:05Tout ce qu'on peut imaginer
01:00:06est perdu.
01:00:06Donc, ça veut dire
01:00:07que notre rigueur scientifique,
01:00:09elle est aussi,
01:00:10après notre examen,
01:00:11sur comment on va
01:00:12conserver,
01:00:13garder les traitements,
01:00:14les prélèvements, pardon,
01:00:15garder les prélèvements
01:00:17pour pouvoir
01:00:18le mieux les analyser
01:00:20et les apporter
01:00:21devant des laboratoires
01:00:22qui vont être
01:00:23à ce moment-là performants.
01:00:25Et si on y pense
01:00:25trois jours après,
01:00:26c'est trop tard.
01:00:29Donc, il faut tout penser
01:00:31tout de suite
01:00:32sans rien oublier.
01:00:33Alors, on a des éléments
01:00:35très protocolisés,
01:00:36très protocolisés,
01:00:38à la fois sur des scènes
01:00:38de décès,
01:00:40mais aussi sur des examens
01:00:41de victimes,
01:00:42et notamment des victimes
01:00:43d'agressions sexuelles
01:00:44où, alors là,
01:00:44l'ensemble des éléments
01:00:47sont extrêmement importants.
01:00:48On est le seul
01:00:49sur la scène de crime
01:00:51parce qu'à l'examen
01:00:53de la victime,
01:00:54il ne va pas y avoir
01:00:54la police technique
01:00:55et scientifique,
01:00:5615 photographes,
01:00:57etc.
01:00:59Mais quand même,
01:01:00derrière,
01:01:00c'est bien un crime
01:01:01qui est jugé.
01:01:02Il y a bien des peines
01:01:03qui peuvent être
01:01:04des peines extrêmement lourdes.
01:01:05Donc, tous nos constats
01:01:06doivent être absolument
01:01:07irréprochables.
01:01:09Il y va
01:01:09de la vérité
01:01:11judiciaire,
01:01:12il y va aussi
01:01:13de la parole
01:01:14qui va pouvoir être portée
01:01:16et c'est parfois
01:01:17absolument indispensable.
01:01:19Quand c'est un enfant
01:01:19de 5 ans,
01:01:20il ne va pas porter
01:01:21sa parole
01:01:21devant une cour d'assises.
01:01:24Il n'en est pas capable.
01:01:26Donc, il faut qu'on puisse
01:01:27porter sa parole.
01:01:30Je prends exprès
01:01:32le cas d'enfants
01:01:33très jeunes
01:01:33parce que la moyenne,
01:01:35par exemple,
01:01:35la moyenne d'âge
01:01:36des mineurs
01:01:36qu'on examine,
01:01:37c'est 8 ans.
01:01:39Je dis bien
01:01:39la moyenne d'âge.
01:01:40C'est très jeune.
01:01:43C'est abominablement
01:01:44jeune.
01:01:46Est-ce que
01:01:47vous avez déjà été contesté
01:01:48lors d'un procès ?
01:01:50Vous amenez
01:01:51votre rapport
01:01:54et un avocat
01:01:57conteste
01:01:59votre travail ?
01:02:00Alors, bien sûr,
01:02:01il y a des avocats
01:02:01qui posent des questions
01:02:02et des questions
01:02:03qui sont parfois
01:02:04tout à fait
01:02:07tout à fait valides.
01:02:09Heureusement,
01:02:10heureusement,
01:02:12je n'ai pas encore
01:02:14eu ce genre de choses,
01:02:16mais il y a eu
01:02:18des questions
01:02:18qui parfois
01:02:19étaient tout à fait
01:02:20valides,
01:02:21bien étudiées,
01:02:22importantes.
01:02:23C'est-à-dire
01:02:23de questions posées
01:02:24sur des lésions
01:02:25dans des vœurs
01:02:27et des pénétrations
01:02:28qui étaient
01:02:29vraiment très solides.
01:02:31on sentait
01:02:33qu'il y avait eu
01:02:34des conseils
01:02:35pour l'avocat.
01:02:37Ça s'est heureusement
01:02:38résolu
01:02:38parce que les questions
01:02:39pouvaient être difficiles
01:02:40par le fait
01:02:41qu'on arrive aussi
01:02:42en ayant lu
01:02:43et en ayant des éléments.
01:02:45Donc, je me souviens
01:02:46que la discussion
01:02:47qui avait été
01:02:48une discussion ardue,
01:02:49c'était soldé
01:02:50par quelques bibliographies
01:02:53données aux avocats,
01:02:55bibliographies scientifiques,
01:02:56pour pouvoir
01:02:57comprendre mieux
01:02:58pourquoi on avait dit
01:02:59telle ou telle chose.
01:03:00Et c'est normal
01:03:01et c'est normal
01:03:02et c'est intéressant.
01:03:04J'ai eu la grande chance
01:03:06d'intervenir
01:03:07dans des affaires
01:03:08internationales
01:03:09comme c'était
01:03:10des Français
01:03:10morts à l'étranger.
01:03:11Il y avait
01:03:11l'avis du médecin
01:03:12légiste français
01:03:13et des experts
01:03:16de l'autre côté
01:03:17dans des juridictions
01:03:19qui sont des juridictions
01:03:20où on a
01:03:22la défense
01:03:25et comme l'accusation
01:03:27peuvent amener
01:03:27leurs experts,
01:03:28on est dans
01:03:29le contradictoire,
01:03:30que ce soit
01:03:31en Amérique du Sud
01:03:32ou aux États-Unis
01:03:33et c'est extrêmement important
01:03:35et on a pu discuter
01:03:36d'avoir ces éléments-là
01:03:37et échanger ces éléments.
01:03:39Moi, je crois beaucoup
01:03:39à l'existence
01:03:40du contradictoire.
01:03:41On a quitté
01:03:42l'aveu
01:03:43pour aller vers la preuve.
01:03:45Il faut donc
01:03:45qu'on puisse
01:03:45avoir ces éléments-là
01:03:47et ne pas être
01:03:49défaillant
01:03:50dans nos constatations.
01:03:50est-ce que vous pouvez
01:03:52nous expliquer
01:03:53la responsabilité
01:03:55d'un médecin légiste
01:03:56surtout dans une affaire
01:03:57criminelle ?
01:03:59Le médecin légiste,
01:04:00il va se trouver
01:04:03à être celui
01:04:03qui va apporter
01:04:04les éléments
01:04:05et répondre
01:04:07à toute une série
01:04:08de questions.
01:04:09Il va répondre
01:04:09à qui est-ce ?
01:04:10Qui est la victime ?
01:04:14C'est simple
01:04:15si elle vient d'être tuée
01:04:16et si on retrouve
01:04:17des ossements,
01:04:18eh bien,
01:04:19ça devient difficile
01:04:20et donc,
01:04:21il y a la nécessité
01:04:21de pouvoir identifier.
01:04:24Il va répondre
01:04:25correctement
01:04:26à où est-elle morte ?
01:04:28Est-ce que le corps
01:04:28a été bougé ?
01:04:29Est-ce que la personne
01:04:31noyée est morte ici
01:04:32ou est-ce qu'elle a été charriée
01:04:34et donc,
01:04:36il faut chercher
01:04:36la scène de crime
01:04:37où elle a reçu les coups
01:04:38et a été jetée dans l'eau
01:04:39un peu plus loin,
01:04:41par exemple ?
01:04:42Ou est-ce qu'elle a été
01:04:43mise dans un coffre
01:04:44et transportée ?
01:04:45Est-ce qu'elle a été gardée ?
01:04:46Alors,
01:04:46je prends des exemples connus
01:04:48que j'ai vécu,
01:04:50gardée à un moment
01:04:50dans un congélateur
01:04:51puis transportée
01:04:52un peu plus loin.
01:04:54Tous ces éléments-là,
01:04:55on va pouvoir répondre.
01:04:56Donc,
01:04:56le qui,
01:04:56le où,
01:04:58le quand,
01:05:00quand est-ce que ça s'est passé,
01:05:01les éléments de datation
01:05:02et véritablement
01:05:04d'essayer d'apporter
01:05:05tous les éléments possibles
01:05:07et dans le quand,
01:05:09quand a-t-elle reçu
01:05:11tel ou tel coût ?
01:05:12Est-ce que ce coût
01:05:13a été reçu après la mort ?
01:05:14Est-ce que l'auteur
01:05:16s'acharne sur sa victime
01:05:17qui est morte ?
01:05:18Ou est-ce que les coûts
01:05:20ont été portés
01:05:20avant qu'elle ne décède ?
01:05:22Est-ce qu'il y a eu une lutte ?
01:05:23Est-ce qu'il y a des éléments ?
01:05:25Et,
01:05:25par exemple,
01:05:26les plaies des mains,
01:05:28les plaies de défense
01:05:28vont pouvoir nous apporter
01:05:29ces éléments
01:05:30et nous retracer
01:05:31les minutes avant la mort.
01:05:34Ce n'est pas la mort
01:05:34qui nous importe,
01:05:35c'est au point de vue
01:05:35de l'enquête judiciaire,
01:05:36c'est comment aller.
01:05:38Et donc,
01:05:39quand on a dit le quand,
01:05:39on a aussi le comment.
01:05:41Comment est-elle mort ?
01:05:42En se défendant,
01:05:43surprise,
01:05:44avec une intoxication
01:05:45qui a aboli
01:05:46ses réflexes,
01:05:49ça a duré longtemps,
01:05:51il y a eu une phase d'agonie,
01:05:52pas de phase d'agonie,
01:05:53etc.
01:05:56Et puis,
01:05:57tout cela étant porté,
01:06:01on va pouvoir donner des éléments
01:06:02sur qui est l'auteur.
01:06:04Quelques éléments.
01:06:06Est-ce que c'est un homme
01:06:07ou une femme ?
01:06:08Est-ce qu'il est grand
01:06:09ou petit ?
01:06:10Est-ce qu'il a une nécessité
01:06:11d'une force ?
01:06:13Ça ne peut pas être commis.
01:06:14Le bébé secoué
01:06:15ne peut pas avoir été secoué
01:06:17par son frère
01:06:18de 6 ans ou de 7 ans.
01:06:19La force n'est pas suffisante
01:06:21pour occasionner ça.
01:06:22C'est bien un adulte.
01:06:24Les coups étant portés,
01:06:26étant plutôt sur la région
01:06:27gauche du corps,
01:06:28il va falloir qu'on cherche
01:06:29plutôt un droitier
01:06:30qu'un gaucher.
01:06:31Ces éléments-là
01:06:34qui peuvent nous donner
01:06:34des premiers éléments
01:06:35d'indication
01:06:36sans pouvoir donner
01:06:37le qui.
01:06:40Je ne sais pas
01:06:41qui a tenu l'arme.
01:06:43Et ça aide ?
01:06:44Ça aide énormément.
01:06:45Ça veut dire
01:06:46qu'il était tout près.
01:06:47Ça veut dire que
01:06:48comme il n'y a pas
01:06:48de lésion de défense,
01:06:49il a laissé venir la personne.
01:06:52La victime a laissé
01:06:52venir la personne.
01:06:54Tous ces éléments-là
01:06:55vont se rajouter.
01:06:57Et puis reste une dernière question,
01:06:58c'est celle des assises.
01:06:59C'est pourquoi ?
01:07:00Pourquoi a-t-on le tué ?
01:07:01Quel est le mobile ?
01:07:03Ça, on le laisse de côté,
01:07:04mais c'est une question
01:07:05extrêmement intéressante
01:07:06et qui laisse le champ libre
01:07:08à tous les romanciers,
01:07:09par exemple.
01:07:10Est-ce qu'il y a une affaire
01:07:12qui vous a le plus marquée ?
01:07:15Parmi toutes celles
01:07:15dont vous avez traité,
01:07:16est-ce qu'il y en a une
01:07:17qui se démarque ?
01:07:19Toutes les histoires
01:07:20que j'ai retracées
01:07:21dans Médecins et légistes
01:07:22pour les morts et les vivants,
01:07:24elles sont des histoires
01:07:25qui sont vraiment importantes.
01:07:27Je crois qu'elles sont
01:07:29revenues un petit peu
01:07:31à la mémoire
01:07:31à partir du moment
01:07:33où j'ai pris la plume
01:07:34ou en tout cas le clavier
01:07:35et je me suis décidé
01:07:37à écrire des histoires.
01:07:39Je retiens
01:07:39l'affaire
01:07:41du meurtre familial,
01:07:44le claveau,
01:07:45par sa violence,
01:07:47par cette détermination folle.
01:07:49Je retiens
01:07:51cette histoire
01:07:56d'Angélique Dumets
01:07:58qui finit
01:07:59par trouver sa solution
01:08:00dans quelque chose
01:08:01de terrible.
01:08:04Je retiens énormément
01:08:05de victimes
01:08:06de violences sexuelles
01:08:09dans le couple
01:08:10ou de violences sexuelles
01:08:13sur des mineurs
01:08:13par leur dire
01:08:14et par la force
01:08:15qu'ils peuvent avoir
01:08:17qui sont des choses
01:08:18qui restent définitivement
01:08:22ancrées en mémoire.
01:08:23Est-ce que vous avez
01:08:24déjà songé
01:08:25à arrêter ?
01:08:28Pour l'instant,
01:08:30grâce à notre ministre,
01:08:32nous avons
01:08:33un temps d'exercice
01:08:34qui se rallonge
01:08:35d'année en année.
01:08:38Mais en dehors
01:08:39des remerciements
01:08:39que je dois
01:08:40à mon ministre de tutelle,
01:08:41je n'ai pas encore
01:08:44rencontré
01:08:46soit le débordement
01:08:47émotionnel,
01:08:49soit la fatigue
01:08:50et le désintérêt.
01:08:52Et je pense
01:08:53que j'ai pu avoir
01:08:55des phases
01:08:55et j'ai eu
01:08:56des phases
01:08:56de travail
01:08:57différentes
01:08:58et des implications
01:09:02différentes.
01:09:03Les prochaines
01:09:04se renseignent
01:09:04beaucoup autour
01:09:05des violences
01:09:06intrafamiliales.
01:09:06mais les sujets
01:09:09d'intérêt,
01:09:10l'ouverture
01:09:11de cette discipline
01:09:12fait que non.
01:09:14Franchement,
01:09:15je n'ai pas envie
01:09:15d'arrêter.
01:09:17Et si la santé
01:09:18me porte encore,
01:09:20j'espère pouvoir
01:09:21apporter
01:09:21quelques éléments
01:09:22utiles
01:09:23et former derrière moi
01:09:24des générations
01:09:25de médecins légistes
01:09:26qui seront
01:09:27des éléments utiles
01:09:28parce qu'on est aussi
01:09:29des éléments sociaux
01:09:31importants
01:09:32et des éléments
01:09:33qui peuvent
01:09:34aider à la vérité
01:09:35auxquels on aspire
01:09:37tous,
01:09:37cette vérité judiciaire,
01:09:39cette résolution
01:09:40des affaires
01:09:40qui nous percute
01:09:44tant quand on a
01:09:44affaire à des colquaises.
01:09:45Selon vous,
01:09:46dans votre métier
01:09:47de médecin légiste,
01:09:49qu'est-ce qui est
01:09:49le plus dur
01:09:49à supporter ?
01:09:53Peut-être que
01:09:53la parole
01:09:55des victimes
01:09:56est difficile,
01:09:59très difficile
01:09:59à supporter.
01:10:01On s'aperçoit
01:10:01que le récit
01:10:04et le récit
01:10:06de violences
01:10:07et le vécu
01:10:07de ces violences-là
01:10:08est parfois
01:10:11plus difficile
01:10:13d'abord
01:10:14parce qu'il nous donne
01:10:15une idée
01:10:15de la longueur,
01:10:17de la persistance.
01:10:18On a souvent
01:10:18des victimes
01:10:19de maltraitance,
01:10:21c'est-à-dire
01:10:21que ce sont des violences
01:10:22qui se sont accumulées,
01:10:24qui sont longues.
01:10:25Et les mots propres
01:10:26disent beaucoup
01:10:27de la souffrance
01:10:27de l'autre.
01:10:28On le voit souffrir
01:10:29devant soi,
01:10:31chose qu'on ne voit plus
01:10:32avec la personne décédée
01:10:33puisque la mort
01:10:35a mis fin
01:10:35à ces souffrances
01:10:36même si elles ont été
01:10:37vraiment importantes
01:10:38et on a cette possibilité.
01:10:41Donc je pense parfois
01:10:42que le vécu,
01:10:45les mots,
01:10:47la violence
01:10:49de situations
01:10:51que racontent
01:10:52les personnes
01:10:52et leur ressenti
01:10:53est une chose
01:10:54assez difficile
01:10:56parce que là,
01:10:57notre dimension d'aide
01:10:58est parfois insuffisante.
01:11:01c'est peut-être
01:11:02ça le plus dur,
01:11:03je pense.
01:11:05Qu'est-ce qui vous passionne
01:11:06encore après
01:11:06toutes ces années ?
01:11:08Qu'est-ce qui vous retient
01:11:09encore ?
01:11:11La possibilité
01:11:12par cette médecine légale
01:11:15d'avoir une connaissance
01:11:16encyclopédique.
01:11:18Pourquoi ?
01:11:18Parce que
01:11:19nos connaissances médicales
01:11:21sont maintenant,
01:11:21en tout cas pour les spécialistes
01:11:23comme nous,
01:11:24très réduites.
01:11:25Le cardiologue
01:11:27va faire de la rythmologie,
01:11:28va s'occuper
01:11:28du rythme cardiaque
01:11:29et va lire des électrocardiogrammes
01:11:31toute sa vie.
01:11:32Le chirurgien
01:11:33va faire de la chirurgie
01:11:34du foie
01:11:35ou du pancréas,
01:11:37mais pas les deux.
01:11:39Je grossis un peu le trait.
01:11:41En tout cas,
01:11:41ils sont restreints.
01:11:42Nous,
01:11:43on a la chance
01:11:43d'avoir une spécialité
01:11:44qui nous permet
01:11:45de connaître
01:11:47des partenaires
01:11:49très différents
01:11:50qui,
01:11:51en médecin hospitalier,
01:11:53va sortir de l'hôpital.
01:11:55Déjà,
01:11:56on n'est pas que dans l'hôpital,
01:11:57on en sort
01:11:57pour nos scènes de crime,
01:11:59pour nos victimes,
01:12:00pour nos assises.
01:12:01Nous nous confrontons
01:12:02à un autre monde
01:12:03qu'est le monde judiciaire
01:12:04ou de la police,
01:12:05de la gendarmerie,
01:12:06de la justice,
01:12:07au sens large,
01:12:09du social,
01:12:10de l'éducatif,
01:12:11avec nos histoires
01:12:12de mineurs.
01:12:15Donc,
01:12:15on a
01:12:16des intervenants
01:12:18et des partenaires
01:12:19de travail
01:12:20qui sont des partenaires
01:12:21différents
01:12:22que le monde médical
01:12:23et on travaille
01:12:24énormément
01:12:25avec le monde médical
01:12:26et le monde médical
01:12:27hospitalier.
01:12:28On a cette diversité
01:12:30qui nous permet
01:12:30d'avoir des techniques nouvelles.
01:12:32C'est d'empreinte génétique,
01:12:33révolution,
01:12:35à la toxicologie analytique
01:12:37moderne,
01:12:38révolution,
01:12:39à l'imagerie 3D,
01:12:41révolution,
01:12:42et encore,
01:12:43que va-t-on avoir ?
01:12:44Et maintenant,
01:12:45sans doute,
01:12:45de plus en plus
01:12:46d'images de synthèse
01:12:48et ce travail-là
01:12:49qui va être véritablement
01:12:50l'apport
01:12:51des années futures.
01:12:52Donc,
01:12:53beaucoup de choses.
01:12:54Et puis,
01:12:55une médecine
01:12:55qui nous permet
01:12:56d'avoir des patients
01:12:56du plus jeune
01:12:58au plus âgé.
01:12:59Nous avons parlé
01:13:00du bébé secoué
01:13:01aux personnes âgées
01:13:03qui se retrouvent
01:13:05dans ce mouroir.
01:13:06Et une médecine
01:13:07qui dépasse aussi
01:13:08les limites de la médecine
01:13:09puisqu'on va
01:13:10s'occupe des vivants
01:13:12mais aussi
01:13:13on s'occupe des morts
01:13:14et on passe
01:13:15cette barrière
01:13:16infranchissable
01:13:16qui est celle de la mort.
01:13:18Comment,
01:13:18avec un tel champ
01:13:19de connaissances,
01:13:21possible,
01:13:21possible,
01:13:22pas qu'on ne les a toutes,
01:13:24ne pas s'intéresser,
01:13:26ne pas avoir
01:13:26des éléments
01:13:27qui, chaque jour,
01:13:28nous apportent quelque chose.
01:13:29Elle peut être riche
01:13:30en psychologie légale,
01:13:32elle peut être riche
01:13:32en criminologie,
01:13:33elle peut être riche
01:13:34en sciences pures.
01:13:38Voilà,
01:13:38c'est une spécialité
01:13:40éblouissante.
01:13:42Je ne peux qu'encourager,
01:13:43je suis toujours
01:13:43aussi enthousiaste
01:13:44quand je reçois
01:13:45des futurs médecins
01:13:46en leur disant
01:13:47prenez cette carrière,
01:13:48vous n'en serez jamais déçus.
01:13:49Eh bien,
01:13:50justement,
01:13:50c'est ma prochaine question.
01:13:53Qu'est-ce que vous aimeriez
01:13:55transmettre
01:13:55à un étudiant
01:13:56qui voudrait
01:13:58devenir légiste ?
01:14:00L'enthousiasme.
01:14:01L'enthousiasme
01:14:03et de lui dire
01:14:03que
01:14:04s'il veut faire
01:14:08une médecine
01:14:08qui est à la fois
01:14:10une médecine exigeante,
01:14:11technique,
01:14:12et une médecine
01:14:13de l'humain,
01:14:14il a trouvé,
01:14:15ça s'appelle
01:14:15la médecine légale.
01:14:16Est-ce que vous auriez
01:14:18un dernier mot
01:14:19à nous dire
01:14:19ou un message
01:14:20à faire passer ?
01:14:22Eh bien,
01:14:23je crois qu'aujourd'hui,
01:14:25il faut véritablement
01:14:27s'engager
01:14:28pour la prévention
01:14:32de ces violences
01:14:33intrafamiliales
01:14:34qui sont véritablement
01:14:35un problème,
01:14:36un problème majeur.
01:14:38Et les affaires
01:14:40qui sortent,
01:14:41que l'on connaît,
01:14:42que l'on voit,
01:14:43que l'on entend,
01:14:44même parfois
01:14:45chez des personnes
01:14:45très connues,
01:14:49eh bien,
01:14:49sont importantes
01:14:50pour qu'on voit
01:14:51notre société
01:14:51sous ses angles.
01:14:53Alors,
01:14:53pas sans jugement,
01:14:57mais en disant
01:14:58que notre éducation,
01:15:00notre travail
01:15:01sur nous,
01:15:02fait qu'on espère
01:15:03que la médecine légale
01:15:04sera de moins en moins
01:15:06concernée
01:15:07par ces violences
01:15:09pour les morts
01:15:11et les vivants
01:15:12dans le futur.
01:15:13c'est un vœu pieux.
01:15:15Écoutez,
01:15:15je vous remercie
01:15:16d'être là.
01:15:17C'est moi qui vous remercie
01:15:18pour cet entretien,
01:15:19ça a été un plaisir.
01:15:20Un plaisir partagé.
01:15:22On peut retrouver
01:15:22votre livre
01:15:23Médecins de l'Église
01:15:23pour les morts
01:15:24et les vivants
01:15:24aux éditions Mareuil.
01:15:26Merci infiniment
01:15:27de votre accueil.
01:15:27Sous-titrage Société Radio-Canada
01:15:30Sous-titrage Société Radio-Canada
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