00:00On est mardi aujourd'hui, le 2 septembre, c'est le jour d'après finalement pour les quelques 110 000 élèves de Côte d'Or et de Saône-et-Loire de retour en classe après les grandes vacances.
00:08Un moment important pour les enseignants, les enfants, mais aussi pour les parents dans un contexte d'incertitude sociale et politique.
00:15On ne sait pas par exemple si la ministre de l'éducation nationale, Elisabeth Borne, sera toujours à son poste la semaine prochaine.
00:20Le vice-président bourguignon de la FCPE, Grégoire Ancel, vient nous donner son sentiment ce matin, Anne-Laure Labalette.
00:26Bonjour Grégoire Ancel.
00:27Bonjour.
00:27Alors chaque année, c'est toujours un petit peu la hantise qu'il y ait un enseignant devant chaque élève.
00:32Est-ce que c'était le cas cette année pour la rentrée hier en Bourgogne ?
00:36A priori oui, même si on peut avoir ici ou là peut-être des interrogations et des remplacements,
00:41mais on n'a pas pour l'instant d'alerte noire sur des établissements particuliers.
00:45On sait aussi que les collégiens et lycéens font leur rentrée échelonnée cette semaine.
00:49Donc les sixièmes sont rentrés hier, les cinquièmes, secondes, etc.
00:54On est encore en train de faire le point.
00:55Voilà, c'est en train de se mettre en place, les emplois du temps sont encore provisoires,
00:59donc on aura plus de visibilité dans quelques semaines.
01:01Mais on sait d'ores et déjà qu'au regard du nombre de postes recrutés ou des nombres de postes vacants,
01:07il y aura des absences d'enseignants devant les classes, c'est une évidence.
01:11Oui, il n'y aura pas assez de profs remplaçant.
01:14Comment est-ce que c'est récurrent cette thématique-là ?
01:16C'est structurel.
01:18Il y a des matières comme les lettres classiques, par exemple, comme l'allemand,
01:21où on n'arrive pas à recruter, également au lycée professionnel, en hôtellerie,
01:26on n'arrive pas à avoir suffisamment d'enseignants.
01:29Donc il y a des matières où on a du mal.
01:30Et puis on voit donc arriver des remplaçants.
01:33Alors quand ils sont formés et titulaires de leur poste,
01:36on est tout à fait content de voir des remplaçants.
01:39Des fois, il n'y a pas de remplaçants du tout.
01:41Et puis des fois, il y a des personnels contractuels qui font ce qu'ils peuvent.
01:45Mais avoir vécu en Allemagne six mois et avoir un niveau suffisant pour enseigner,
01:50ne fait pas de vous forcément un bon professeur.
01:51On peut ressentir le manque de formation et le manque d'expérience, en effet.
01:55Grégoire Ancel, c'est toujours aussi l'angoisse que le programme aussi,
01:59change en cours de route, on ne sait jamais à quel sens où on est, si on peut dire.
02:04Tout à fait.
02:05Le programme, par exemple, c'est la réforme du contrôle continu au lycée
02:09qui a été lancée il y a quelques jours par la ministre
02:12lors de sa conférence de presse de rentrée.
02:15Ministre dont on ne sait pas si elle sera toujours en poste la semaine prochaine.
02:18Tout à fait.
02:18Et donc le fait de changer les curseurs,
02:21on est satisfait parce que ça va desserrer les taux de la pression sur les élèves
02:24qui étaient maximum pour beaucoup d'élèves intenables.
02:28Pour autant, c'est quelque chose qui va être calé d'ici les vacances d'automne.
02:31Vous voyez bien que pour les élèves qui sont en cours de contrôle
02:35et qui vont passer le bac à la fin de l'année,
02:37c'est là un nouveau changement qu'il va falloir appréhender,
02:39les enseignants également.
02:40Donc c'est vrai que c'est un nouveau défi.
02:42On a besoin maintenant de pauses dans les réformes.
02:44On a besoin de réformer le système éducatif.
02:47Et on a besoin d'avoir des interlocuteurs qui restent.
02:50Parce que tous les 9-10 mois changés d'interlocuteurs,
02:53pour nous au quotidien, c'est très compliqué.
02:55Alors à Dijon, la rectrice Mathilde Golti promet d'amplifier l'expérimentation
02:59de la pause numérique.
03:00On le rappelle, chaque enfant pose son portable
03:02avant de démarrer le cours,
03:05tout en laissant le soin à chaque chef d'établissement
03:07de mettre les moyens qu'il peut dans ce système-là.
03:09Vous en dites quoi ?
03:10C'est une bonne ou une mauvaise idée ?
03:12Tout d'abord, ça existe depuis 2018.
03:15Dans les règlements intérieurs,
03:16le téléphone portable est interdit au collège et au lycée.
03:19Mais on voit que ce n'est pas forcément facile de l'appliquer.
03:23La nécessité, et on entend d'amplifier cela,
03:25mais pour autant, ça s'assuret à des moyens matériels évidents.
03:28Les personnes de vie scolaire sont bien mieux dans la cour
03:31qu'à en sachant des téléphones portables pour empêcher qu'ils sonnent.
03:35Et encore faut-il qu'ils soient assez nombreux.
03:37C'est aussi là un de nos combats importants,
03:39c'est d'avoir des adultes face aux élèves qui soient en classe,
03:42ou dans la cour, ou à la vie scolaire,
03:44ou comme des personnes de direction.
03:46Et aujourd'hui, on a de moins en moins d'adultes.
03:48Et ce qu'on conteste, c'est qu'il faut de plus en plus d'adultes
03:52face aux élèves qui en ont bien besoin aujourd'hui.
03:54Un adulte, c'est modélisant, ça donne du repère,
03:56ça permet de recadrer les adolescents qui contestent le cadre.
03:59C'est le principe de l'adolescence, c'est de se confronter au cadre
04:02et d'être appelé à l'ordre.
04:03Donc vous voyez, aujourd'hui, on manque de personnel,
04:06et donc notre combat, il est là.
04:08Il est sur des personnes, des adultes face aux enfants.
04:11Des adultes pour encadrer les enfants,
04:13des enfants à qui on dit, vous allez poser votre portable,
04:15mais à côté de ça, on leur met des cours d'intelligence artificielle.
04:19On va leur dire, prenez votre téléphone portable, prenez votre tablette.
04:22C'est un peu paradoxal, ça, non ?
04:24On est plein d'injonctions de contradictoires sur le téléphone portable.
04:26Comme le soir, on leur demande de regarder Pronote très très longtemps
04:29pour pouvoir être policier.
04:30Le logiciel qui leur permet d'avoir les devoirs, les notes et tout ce qui s'en suit.
04:33Alors, sur l'apprentissage Julia, nous, on est beaucoup,
04:36on est très favorables à ce qu'on puisse aujourd'hui donner les clés
04:39aux élèves pour l'utiliser, la comprendre,
04:42et surtout critiquer les résultats qu'elle donne.
04:44Parce qu'aujourd'hui, c'est dans les téléphones, c'est au travail.
04:47Et poser la bonne question pour avoir la bonne réponse
04:49et être capable de la mettre en doute, c'est tout l'intérêt de l'école.
04:53C'est le fait d'éduquer à l'esprit critique
04:55et à regarder l'information, à la comparer, à la mettre en doute
04:59et avant de pouvoir l'utiliser.
05:02J'ai une dernière anecdote.
05:03Un professeur qui demande un exposé sur l'atome à un collégien
05:06qui rend un devoir digne d'un éducation de licence.
05:10Voilà.
05:10Ça pose question.
05:11Donc, il n'a pas su remettre en question ce que lui donnait l'IA.
05:13Donc, il faudrait être très vigilant.
05:15En tout cas, pas forcément une mauvaise idée,
05:17mais vigilance toujours, avoir un adulte pour poser le cadre.
05:19Merci beaucoup, Grégoire Ancel, d'avoir été avec nous ce matin.
05:22On rappelle que vous êtes vice-président bourguignon de la FCPE.
05:26Bonne journée.
05:26Ici Bourgogne, premier sur l'actu local en Bourgogne.
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