Passer au playerPasser au contenu principal
  • il y a 3 mois

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour Anissa. Bonjour à tous.
00:07François Bayrou était donc interviewé sur les quatre chaînes info, dans ses news, ainsi qu'Europe 1.
00:11Seule radio à avoir diffusé l'entretien.
00:14Le Premier ministre ne semblait plus croire que la situation puisse s'inverser favorablement pour lui.
00:20La question de sa succession donc se pose, elle est simple mais la réponse elle est plus complexe que jamais.
00:24Il faut dire que François Bayrou a bien savonné la planche.
00:27En répondant aux questions des journalistes, et on notera que celles de Sonia Mabrouk étaient les plus percutantes,
00:33le Premier ministre a en gros expliqué que les députés étaient des êtres mesquins,
00:37hantés par les stratégies de court terme, et les Français des irresponsables
00:40qui ont obligé les politiques à endetter le pays depuis 50 ans.
00:44A l'entendre, il est le seul à surnager au milieu d'un océan de médiocrité et de bassesse.
00:49Il avance la tête haute sans se soucier du regard des autres.
00:52Il laissera derrière lui un paysage déprimant et désolé.
00:55En revêtant pour son départ programmé la tunique de la rupture du courage et de l'intérêt général,
01:00François Bayrou trace déjà le portrait d'un successeur n'ayant aucune de ses qualités.
01:05Alors vous me direz que ce tableau est un peu avantageux à son endroit, c'est normal, c'est lui qui l'a peint.
01:09Mais sur le faible niveau du personnel politique, il faut reconnaître qu'il n'a pas complètement tort.
01:14Si les députés risquent de ne pas voter la confiance à François Bayrou,
01:18les Français refuseraient à une majorité gigantesque de donner leur confiance à une bulle politique
01:23qui n'inspire plus qu'indifférence, exaspération quand ce n'est pas de la rage.
01:28Autrefois fascinés par la dimension cynique des jeux de pouvoir,
01:31nos concitoyens ne comprennent plus comment, quand les heures sont aussi graves,
01:34les petits intérêts particuliers peuvent l'importer sur l'intérêt du pays.
01:38Les plus tempérés des Français changent de chaîne quand la politique apparaît,
01:41les plus énervés semblent prêts à balancer le poste par la fenêtre.
01:45Nicolas qui paye, les gueux, les bloqueurs.
01:47La nébuleuse est aussi hétéroclite que l'été les gilets jaunes,
01:50mais elle témoigne de la consolidation d'une défiance tout à fait préoccupante.
01:54Alors c'est sûr qu'avec cette description, la place de Premier ministre n'est pas très enviable.
01:58Dans l'entretien qu'il a donné hier aux Parisiens,
02:00Sébastien Lecornu dit qu'il n'est pas candidat à Matignon
02:02et qu'elle se lui irait très bien de ne pas être nommé.
02:05Alors c'est évidemment une précaution d'usage dans les mots du ministre
02:08de la Défense, mais ils disent une vérité évidente.
02:11Vouloir Matignon aujourd'hui, c'est s'offrir un destin de kamikaze.
02:15Cela consiste à partir sur le champ de bataille avec des troupes dégarnies,
02:18des alliés prêts à vous planter au premier sous-bois,
02:20des adversaires plus nombreux et déchaînés que jamais,
02:22et à la clé, avant Noël, la quasi-certitude d'une censure humiliante.
02:26Pourtant Vincent, des noms circulent, il y a certainement pléthore de candidats pour Matignon.
02:31Vous savez Dimitri, au matin du 9 novembre 1989,
02:34quand la première brèche s'est ouverte dans le mur de Berlin,
02:37il y avait une réunion du parti communiste dans la capitale allemande.
02:41Les dignitaires ont appris que le mur s'ouvrait,
02:43mais ils ont continué, comme si de rien n'était,
02:46à se partager les places et les postes.
02:49Jusqu'à la dernière minute, il y aura des candidats au ministère
02:52pour la ligne sur le CV, pour les gyrophares,
02:54et avec parfois même l'illusion d'une action féconde.
02:57Mais si l'on interroge les politiques ou les membres de la société civile
03:00qui ont été approchés par Emmanuel Macron depuis deux ans,
03:02et qui ont réfléchi rationnellement à la question,
03:05ils vous diront qu'aucune des conditions n'est réunie
03:07pour exercer une action utile au bien commun.
03:10La seule perspective est de stabiliser le déclin,
03:13de faire gagner du temps au président de la République
03:15pour repousser une dissolution qui paraît de plus en plus inévitable.
03:19Pour le reste, il y a dans ces remaniements de fin de règne
03:21quelque chose d'un peu pathétique,
03:23ce que François Sureau résume en une formule cruelle,
03:26dernier raid sur le minibar.
03:27L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers-Bruns.
Écris le tout premier commentaire
Ajoute ton commentaire

Recommandations