Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l’invité de BFM Politique de ce dimanche 31 août. Il a été interrogé notamment sur les relations du PS et de la gauche avec La France insoumise.
00:00En cas de blocage, s'il y avait des législatives anticipées, vous souhaitez un accord de candidature commune, notamment avec la France Insoumise, dès le premier tour ?
00:11J'ai pas dit notamment avec la France Insoumise, j'ai dit avec la gauche et les écologistes, et à chaque fois qu'il y a une menace de victoire de l'extrême droite,
00:19faire en sorte qu'il y ait peut-être effectivement un candidat commun.
00:23Mais tout ça est de la politique fiction, parce qu'il n'y a pas de dissolution, parce que nous n'avons pas engagé de négociation,
00:28et parce que pour l'instant, la seule chose que je vous dis à ce micro ce matin, c'est que moi je souhaite des solutions immédiates pour les Françaises et les Français.
00:35Votre position néanmoins ne fait pas l'unanimité au sein de votre parti, du parti socialiste, certains de vos camarades considèrent que le LFI ne peut plus être un partenaire électoral.
00:45Oui, c'est vrai.
00:46Vous assumez cette différence ?
00:48J'assume le fait qu'il y ait parfois des désaccords entre nous, y compris parmi des gens qui me sont très proches.
00:53Mais je vous dis, les choses telles qu'elles sont, moi je n'assumerai jamais, je ne pourrai plus jamais me regarder dans un miroir
00:59si j'ai moi-même indirectement participé à l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.
01:05Parce que je vois ce qui se passe non seulement en France, mais dans le monde, et d'abord en Europe.
01:10Aujourd'hui, vous avez la Hongrie, vous avez l'Italie, mais qui est arrivé en tête aux élections présidentielles en Autriche ?
01:16C'est l'extrême droite. Je vois ce qui se passe en Allemagne. Il y a quelques jours, il y a eu un sondage qui a été réalisé.
01:21Vous avez en Allemagne l'AFD, qui est l'extrême droite, qui est le partenaire de Marine Le Pen,
01:28qui est arrivé au même niveau que le parti qui est au pouvoir actuellement, la CDU, CSO.
01:33Et donc, vous avez là, aujourd'hui, une menace qui existe. Elle existe en Espagne, elle existe au Portugal, elle existe partout.
01:39Et donc, vous voulez que la France, qui est le pays qui s'enorgueillit d'être le pays des droits humains,
01:45qui a jeté à la face du monde des droits universels, vous voulez que ce pays-là, il bascule à l'extrême droite ?
01:50Vous voulez vraiment ça ? Vous voulez vraiment qu'on puisse dire que demain, l'Europe est en train de basculer toute entière ?
01:56Mais qu'est-ce qui se passe si toute l'Europe bascule à l'extrême droite ?
01:59Est-ce que vous en savez vous-même l'issue ? Moi, je n'en sais rien. Ce que je vois, c'est qu'évidemment, on nous dira,
02:04ils ne vont pas rétablir des camps. Mais enfin, je vois bien qui sont les partenaires de Marine Le Pen partout en Europe.
02:10Je vois ce qu'ils disent. Je vois Matteo Salvini. Je vois ce que dit l'AFD.
02:13Mais le RN dit que c'est ce type d'arrangements électoraux qui, précisément, les fait progresser
02:18parce que les Français perdent foi en la politique.
02:20D'ailleurs, Amandine, je vous interromps juste Olivier Faure.
02:22Regardez justement ce résultat aussi de ce sondage, toujours élable, publié par la Tribune dimanche
02:27et pour BFM TV ce matin, justement, sur cette question du front républicain,
02:30où on voit qu'une majorité de Français, désormais, ne veut plus de front républicain.
02:3656% des Français interrogés dans cette étude réalisée par notre partenaire Elab
02:41expliquent qu'ils ne souhaitent plus qu'on fasse barrage à un candidat du Rassemblement national au second tour.
02:4846% le souhaitent toujours. 53% non, 46% oui.
02:53Quelle serait l'attitude ? On l'a entendu.
02:55Ça vous inquiète quand vous voyez ça ?
02:56Bien sûr. C'est pour ça que la menace, elle est réelle aujourd'hui.
02:58Parce qu'on voit bien qu'il y a une baisse, en fait, de ce qu'on a appelé le front républicain.
03:03Mais pourquoi il y a une baisse du front républicain ?
03:06Interrogeons-nous. Pourquoi il y a une baisse du front républicain ?
03:09Parce que quand les électeurs, électrices de gauche,
03:14qui sont venus supporter, en fait, à plusieurs reprises,
03:17qui sont venus voter pour Emmanuel Macron contre Marine Le Pen,
03:19qui sont venus porter leur voix dans un second tour,
03:23souvent pour aller sauver un candidat de renaissance,
03:26même parfois de LR, qui n'avaient même pas appelé au front républicain ?
03:29Qu'est-ce qu'ils ont vu ?
03:31Ils ont vu qu'au lendemain du vote qu'avait porté en tête la gauche,
03:35c'est la droite qui a gouverné.
03:37Et que la droite, elle a continué à faire comme si c'était un majoritaire absolu.
03:40Alors comment voulez-vous qu'on puisse dire aux gens,
03:42mais venez à chaque fois, venez porter vos voix sur la droite,
03:46et vous éviterez l'extrême droite.
03:47Et ils voient ensuite qu'il y a Bruno Rutaillot au gouvernement,
03:50que Bruno Rutaillot a un discours qui est tellement proche de celui de l'extrême droite,
03:53qui se demande parfois s'ils ne se confondent pas.
03:55Alors évidemment que c'est compliqué ensuite pour tous ces gens-là de voter.
03:58Et c'est pour ça que je vous dis aussi que la menace, elle est très réelle.
04:02Et c'est la raison pour laquelle, moi, je ne ferai tout ce que je peux
04:05tout au long de mon existence politique et toute ma vie comme citoyen.
04:10Je ferai tout ce que je peux pour que l'extrême droite ne soit jamais au pouvoir.
04:13Point barre.
04:14Et donc la France insoumise reste un partenaire électoral.
04:17Ça peut être dans un certain nombre de circonscriptions, un partenaire électoral, évidemment.
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