00:00Une actualité en chassu, une autre, vous le savez bien, et forcément on a tendance à oublier ces justes, ces courageux qui ont la volonté de parler pour que ce qui leur est arrivé n'arrive pas à d'autres.
00:13Et c'est très important, et vraiment ma boussole pendant toute la saison, ce sera ça, c'est de donner la parole à ces Français qui se mobilisent pour justement sauver les autres.
00:23Je suis ravi d'être en direct avec vous, chère Isabelle Miskam-Allénaud. Est-ce que vous m'entendez ? Bonjour Isabelle.
00:30Bonjour, je vous entends très très bien. Merci beaucoup de me donner la parole ce matin, en tout cas dans votre émission.
00:36Vous êtes la maman d'Antoine Allénaud, vous êtes vice-présidente de l'association Antoine Allénaud.
00:42Pour les auditeurs qui nous écoutent, je rappelle qu'en mai 2022, Antoine a été tué à l'âge de 24 ans,
00:50percuté à scooter à Paris par un conducteur ivre-volant dans une voiture volée.
00:55Le chauffard est un multirécidiviste, il avait déjà plusieurs condamnations pour conduite sous l'emprise de l'alcool et sans permis.
01:02L'affaire a bouleversé la France, mais l'affaire date d'il y a trois ans.
01:05Et malheureusement, trop souvent, je le disais, ces actualités dramatiques se succèdent et parfois on oublie.
01:13On oublie la mémoire de Français dont la vie a basculé.
01:16Si vous êtes en direct avec nous, c'est que le 13 septembre prochain,
01:211500 portraits de proches de victimes de la route seront collés à même la chaussée sur le pont de Viena à Paris,
01:27puis arrachés en fin de journée pour symboliser justement l'abandon des familles éco-victimes de la route,
01:33trop souvent oubliées par notre société.
01:35Chère Isabelle, avant de revenir sur votre combat, la première question qui me vient à l'esprit, c'est bien sûr de savoir comment vous allez.
01:42Comment je vais ? C'est une vaste question et un petit peu difficile de répondre.
01:48Je vais comme je peux. On essaye de se raccrocher à ce qu'on peut.
01:53Avec Annick, nous avons un fils aîné, donc Thomas reste une de mes raisons de vivre.
01:59Et puis on a eu la chance d'être grands-parents il y a bientôt un an,
02:02et donc je m'accroche à cette petite main qui est dans la mienne et donc ça m'aide à tenir debout.
02:10Et l'association également, depuis presque trois ans, date à laquelle nous l'avons lancée,
02:16du coup au mois de septembre 2022, parce que ça fera trois ans pour nous qu'elle existe.
02:21L'association Antoine Alénaud qui porte le nom de votre fils.
02:26Pourquoi se réunir à Paris le 13 septembre prochain, Isabelle ?
02:30Alors déjà, si je peux me permettre, je vais juste rectifier une petite chose.
02:34Ce n'est pas les victimes qui seront en photo sur le pont,
02:37c'est ceux qui restent, c'est-à-dire que c'est les parents, les grands-parents, les proches de victimes.
02:43Voilà, ce n'est pas les victimes.
02:44Les victimes, ceux qui ne sont malheureusement plus là aujourd'hui,
02:49apparaîtront sur un cube qui sera présent au milieu du pont,
02:52et donc qui sera symbolisé, en tout cas qui sera au milieu du pont.
02:57Et donc les photos, ce sont vraiment les proches, ceux qui restent.
03:05tous les proches qui malheureusement sont directement impactés quand un drame pareil survient.
03:11Et c'était essentiel de le préciser, c'est justement ce qu'on disait,
03:15c'est que les drames se succèdent, on les oublie parfois,
03:19et puis dans cet oubli, il y a un autre oubli, peut-être manque d'accompagnement,
03:24ce sont les proches des victimes.
03:26Et c'est votre combat aujourd'hui, j'imagine.
03:28Ah oui, tout à fait, mais en fait, c'est quelque chose qui...
03:32Déjà, nous, c'est le but, un premier de cette journée du 13 septembre sur le pont de Viena,
03:38donc à Paris, c'est vraiment pour mettre en avant toute cette solitude,
03:44cet abandon dans l'accompagnement des familles qui vivent un tel drame.
03:48Elles sont toutes seules, on se débat toutes seules,
03:50elles sont confrontées à des procédures judiciaires auxquelles on n'est pas préparé.
03:55Donc, on a plein d'informations qu'on n'a pas.
03:59Je sais que nous, personnellement, on ne savait pas où était le corps d'Antoine.
04:03Il a fallu, heureusement, par le biais de Yannick, on a réussi à avoir l'information.
04:08Mais comment font toutes ces familles qui n'ont pas forcément un contact à appeler pour avoir un renseignement ?
04:15Comment font les familles qui n'ont pas forcément un avocat dans leur contact ?
04:22C'est toute une procédure, tout un chemin qu'il faut arriver à parcourir et dans lequel on est bien seul.
04:29Je sais que nous, quand on a lancé l'association en septembre 2022, on a reçu énormément de témoignages.
04:35C'est vrai que le mot « solitude » revenait énormément.
04:38Enfin, pratiquement à chaque témoignage, ce mot était abordé.
04:43Et vous vous retrouvez devant un chaos total puisque vous perdez votre enfant.
04:49Puisque pour nous, l'association, on prend en charge les familles qui ont perdu un jeune de moins de 25 ans suite à des homicides routiers.
04:57Voilà, vous vous retrouvez dans le pire que vous pouvez, que chaque parent peut vivre.
05:03Mais en plus de ça, vous vous retrouvez confronté à des difficultés financières puisqu'il faut assumer certains frais auxquels vous n'avez pas forcément pensé.
05:11Il faut prendre contact, il faut porter plainte, il faut aller voir un avocat et surtout un avocat spécialisé.
05:17C'est super important.
05:19Il faut faire face à la procédure, il faut arriver à se retrouver face à celui qui a causé le pire dans votre domicile.
05:27Dans votre vie, c'est une succession de violences auxquelles on est malheureusement, d'ailleurs pas préparé, mais auxquelles on est malheureusement confronté très très rapidement.
05:38Et malheureusement aussi peu à accompagner.
05:41Vous avez parlé de Yannick, Yannick Alenaud, qui est l'un des plus grands chefs cuisiniers français.
05:47Et d'ailleurs, dans ce drame, la médiatisation a fait qu'aussi, aujourd'hui, il y a eu la lumière il y a trois ans sur cet homicide routier.
06:00Vous parlez d'ailleurs d'homicide routier.
06:02Je sais que vous vous battez pour qu'on arrête de parler d'homicide involontaire lorsqu'il y a ces drames qui se produisent.
06:09Chère Isabelle Mescam Alenaud, je rappelle que vous êtes la vice-présidente de l'association Antoine Alenaud.
06:15On est en direct sur Europe 1 pour Eliott de Valais-Vous.
06:18Georges Fenech est présent dans les studios.
06:21Je sais que vous avez envie de réagir.
06:22Vous restez avec nous, bien sûr, Isabelle.
06:24Oui, d'abord, faire part de toute notre sympathie, de toute notre émotion.
06:27Avoir Isabelle au téléphone.
06:30Lui adresser tous nos encouragements pour les opérations qu'elle va mener.
06:33Et qui me rappelle, moi, qui suis un peu un boomer, vous le savez, l'opération...
06:37Ce mot est interdit dans l'esprit de l'Europe.
06:39Oui, c'est bien.
06:40Éric aussi, ça me rappelle en 1973.
06:45En 1973, il y avait eu l'opération Mazame, qui est la ville du Tarn, qui avait 16 000 habitants, et que tous les habitants se sont couchés.
06:54Ça a été quelque chose qui a frappé toute la France et le Pignon.
06:58C'est-à-dire, voilà le nombre de victimes qu'il y avait à cette époque-là des accidents de la route, 16 000.
07:02Il y a eu cette prise de conscience, et à la suite de cela, il y a eu toute une politique de sécurité routière.
07:08Ce qui fait qu'aujourd'hui, vous voyez, on a divisé quand même par 5, à peu près, le nombre de victimes.
07:14Je crois que l'opération qui aura lieu prochainement...
07:17Le 13 septembre prochain.
07:18Le 13 septembre, vraiment, vous avez, je crois, compris qu'il fallait frapper le Pignon.
07:25Vous félicitez aussi pour le combat que vous avez amené avec votre mari, Yannick, pour obtenir ce changement sémantique.
07:31Parce que vous savez bien que sur le plan, malheureusement, pénal et procédural, ça ne change pas grand-chose.
07:37Pour tous ceux qui ont commis des homicides routiers en état alcoolique, en état de récidive.
07:43Et moi, je vais vous dire franchement ce que je pense.
07:45Je pense que tôt ou tard, il faudra criminaliser ce genre de comportement.
07:50C'est-à-dire qu'il soit jugé par une cour d'assise.
07:52Parce que le comportement au volant d'un véhicule, quand on abuse, quand on est sous produit stupéfiant,
07:57c'est tout simplement criminel. Voilà ce que je souhaitais vous dire.
08:01C'est gentil. Par contre, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous sur juste la question sémantique.
08:08Pour tout vous dire, avant la discussion à l'Assemblée nationale,
08:13la première fois de la création de l'infraction autonome de l'homicide routier,
08:19la moyenne des peines n'était que de 22 mois quand un certain nombre de circonstances étaient rassemblées.
08:26Là, depuis qu'on parle de l'homicide routier et qu'il a été accepté, la moyenne est passée à 5 ans.
08:31Donc, ça n'est pas forcément qu'une question de sémantique.
08:34Et c'est vrai que pour les familles, c'était insupportable d'entendre le mot involontaire.
08:38Donc, pour nous, ce n'est pas qu'une question de sémantique.
08:41C'est très, très important.
08:42Et c'est pour ça qu'on s'est battus.
08:43Et c'est pour ça que votre témoignage est essentiel, chère Isabelle.
08:47Et c'est pour ça aussi qu'à travers votre témoignage, on comprend une chose.
08:51C'est que chaque pas où vous avancez, même lorsque certains peuvent penser que c'est un symbole,
08:57c'est tout sauf un symbole.
08:58C'est essentiel d'entendre homicide routier plutôt que d'homicide involontaire.
09:03Et là aussi, vous vous êtes mobilisés.
09:05Une dernière question, Isabelle Mescam à Lénaud.
09:08Comment aujourd'hui peut-on, nous, qui sommes loin de vous, peut-être près du cœur,
09:14mais loin de vous, comment on peut rendre hommage à Antoine ?
09:17Et à travers Antoine, tous ceux qui ont été victimes de cette criminalité routière ?
09:22Alors, après, ceux qui sont parisiens et ceux qui sont proches de Paris
09:26ou qui ont le souhait pourront venir à notre rencontre le 13 septembre
09:29puisque le pont d'Yéna sera ouvert au public à partir de 8 heures.
09:35Donc, tout le monde peut venir nous voir.
09:36Après, au quotidien, on ne vous cache pas que pour accompagner les familles,
09:43on a besoin d'argent, puisque l'argent, c'est le séminaire de la guerre.
09:47Donc, on a beaucoup de personnes autour de nous qui nous aident au quotidien bénévolement.
09:52Et je voudrais aussi en profiter pour remercier Maria Grécona, Carato et Nicolas Lobestel,
09:57qui sont nos photographes de talent et qui nous ont aidés pendant un an et demi
10:02à recueillir ces portraits.
10:04Donc, après, voilà, on a malheureusement, l'argent, c'est le nerf de la guerre.
10:11Donc, il n'y a pas de petite somme.
10:15À travers des dons.
10:15À travers des dons.
10:16À travers des dons.
10:18À travers des témoignages.
10:19Bien sûr.
10:19D'en parler aussi, de parler de l'association,
10:21parce que je pense que plus de gens auront connaissance de l'existence de l'association.
10:26Et quand, malheureusement, un drame survient, au moins, les familles sauront qu'ils pourront s'adresser à nous.
10:34Donc, aussi, en parler autour d'eux.
10:37Voilà.
10:37Le bouche à oreille, ça fait beaucoup.
10:39Et c'est important qu'on connaisse l'existence de l'association Antoine Alenaud.
10:42L'association Antoine Alenaud que vous avez créée depuis 2022.
10:49Un grand merci.
10:50Vraiment, merci d'être venue témoigner.
10:52Isabelle Mescam Alenaud, vice-présidente de l'association Antoine Alenaud.
10:57On a une pensée pour votre ex-époux, Yannick Alenaud.
11:01Vous êtes tous les deux les bienvenus dans les studios d'Europe 1 le week-end du 13 septembre.
11:06pour parler de votre combat, pour parler d'Antoine.
11:10Et à travers Antoine, pour parler de toutes les familles des victimes de ces homicides routiers.
11:17Un grand, grand merci d'être venue parler avec nous en direct sur Europe 1 pour Eliott de Valevo.
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